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Une partie du Retable d'Issenheim par Matthias Grünewald

Ne cherchez pas le Vivant parmi les morts – Souvenez-vous…

La mort du Christ, un vide immense

Au petit matin du premier jour de la semaine, quelques femmes juives parcourent en silence les rues de Jérusalem, un panier à la main, rempli de flacons d’huiles parfumées et d’aromates.

Non, elles n’ont pas le cœur à deviser ensemble, elles se hâtent pour rendre à un mort les devoirs requis par la coutume.

Et quel mort ?

  • Celui qui avait été annoncé par les prophètes comme le puissant Sauveur qui délivre des ennemis (Luc 1:69-71)
  • Celui qui vient au nom du Seigneur selon le Psaume 118.35 (Luc 13.35)
  • Celui qui guérissait les malades et ressuscitait les morts…
  • Celui que certains espéraient même ouvertement ou secrètement voir chasser l’occupant romain et prendre place sur le trône des anciens rois d’Israël

Rien de tout cela, mais un vide immense, accablant. Tous les espoirs se sont écroulés : Jésus est mort sur une croix depuis l’avant-veille, le vendredi après midi.
Un vide immense que rien ne peut combler, certainement pas la coutume, l’obligation de finir les soins dus au corps, à peine commencés l’avant-veille.

Les femmes qui étaient venues de la Galilée avec Jésus accompagnèrent Joseph, virent le sépulcre et la manière dont le corps de Jésus y fut déposé, et, s’en étant retournées, elles préparèrent des aromates et des parfums. Puis elles se reposèrent le jour du sabbat, selon la loi. 

Le premier jour de la semaine, elles se rendirent au sépulcre de grand matin, portant les aromates qu’elles avaient préparés. Elles trouvèrent que la pierre avait été roulée de devant le sépulcre; et, étant entrées, elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus. Luc 23.55-24.3

Le tombeau vide

Après la crucifixion, le corps de Jésus a été mis au tombeau situé dans un rocher creusé, prêté par Joseph d’Arimathée, un sympathisant. Les femmes sont là aussi ; elles observent pour savoir comment s’y prendre ensuite. Habituellement, ce sont elles qui s’occupent de la toilette funéraire.On roule une grosse pierre ronde pour fermer l’entrée. (Matthieu 19.60) Cela va certainement compliquer les choses

Les voilà arrivées dans le jardin, devant la grotte.
Plus de pierre devant l’entrée, cela règle la question, mais … le choc ! : plus de corps non plus!
Ce que les femmes trouvent, ne correspond en rien à ce qu’elles attendaient : le tombeau est vide

Comme elles ne savaient que penser de cela, voici, deux hommes leur apparurent, en habits resplendissants. Saisies de frayeur, elles baissèrent le visage contre terre ; mais ils leur dirent :

Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il n’est point ici, mais il est ressuscité. Souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé, lorsqu’il était encore en Galilée, et qu’il disait : Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour. 

Et elles se souvinrent des paroles de Jésus.A leur retour du sépulcre, elles annoncèrent toutes ces choses aux onze, et à tous les autres. Celles qui dirent ces choses aux apôtres étaient Marie de Magdala, Jeanne, Marie, mère de Jacques, et les autres qui étaient avec elles. Luc 24.4-10

La proclamation des anges

A la place du mort, des personnages étranges, en vêtements étincelants, deux anges, comme le répéteront plus tard les disciples d’Emmaüs (Luc 24.23)
Ces hommes aux vêtements brillants prononcent deux affirmations contradictoires :

Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui vit ?
Il fallait que le Fils de l’Homme soit crucifié, et qu’il meure.

Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? (Bible de Jérusalem et Traduction Œcuménique de la Bible ). Le vivant plutôt que‚ « celui qui est vivant. » (Segond, Nouvelle Edition de Genève, Semeur, Bible en Français Courant)

Or le fait est : il est ressuscité = il vit !

Le Vivant, c’est le caractère principal de Dieu.

Dieu est le Dieu vivant, cité plusieurs fois dans l’Ancien Testament, en particulier dans les Psaumes 18, 42, 84.
Il est l’Eternel Dieu, Celui qui vit éternellement YHVH, Adonaï,
« Je suis qui je suis » (Exode 3.14)

Jésus a revendiqué cette identité avec Dieu.

Il a revendiqué l’éternité :

Avant qu’Abraham fût, je suis (Jn 8.58) ; je suis la résurrection et la vie (Jn 11.25)

  • l’égalité : Moi et le père, nous sommes un (Jean 10.30) ;
  • l’autorité sur la création : la tempête apaisée ;
    • sur les démons : la guérison du démoniaque ;
    • sur la mort : la résurrection de la  fille de Jaïrus, celle de Lazare.

Le Vivant qui doit mourir pour ressusciter

Le Vivant : un beau titre pour le ressuscité (Apocalypse 1.18)
Pourtant ce Vivant doit mourir, pour renaître et porter du fruit, comme le grain de blé tombé en terre (Jean 12.24).

Il n’est plus ici, mais il est ressuscité. Rappelez–vous ce qu’il vous disait quand il était encore en Galilée :

 Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour.

Il est ressuscité : voilà l’explication du tombeau vide

Souvenez-vous, rappelez-vous !

Rappelez-vous : c’est un appel à la mémoire, au souvenir des paroles de Jésus, pas un retour au tombeau.

Se souvenir : faire revenir, faire intervenir dans son présent, le sens des paroles dites et des actions accomplies dans le passé de l’histoire du salut. Se souvenir des annonces que Jésus, de son vivant, avait faites à propos de sa mort et de sa résurrection.

Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour. 

Se souvenir des annonces de la passion de Jésus.

Pour Luc, c’est Jésus lui-même qui a donné à l‘avance le sens de sa résurrection. De manière répétée, il a annoncé la nécessité de ses souffrances et de sa mort. Il s’est revendiqué comme Fils de l’Homme souffrant.

Il ajouta qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite le troisième jour. Luc 9.22

Pour vous, écoutez bien ceci : Le Fils de l’homme doit être livré entre les mains des hommes. Mais les disciples ne comprenaient pas cette parole ; elle était voilée pour eux, afin qu’ils n’en aient pas le sens ; et ils craignaient de l’interroger à ce sujet. Luc 9:44-45

Jésus prit les douze auprès de lui, et leur dit :

Voici, nous montons à Jérusalem, et tout ce qui a été écrit par les prophètes au sujet du Fils de l’homme s’accomplira. Car il sera livré aux païens ; on se moquera de lui, on l’outragera, on crachera sur lui, et, après l’avoir battu de verges, on le fera mourir ; et le troisième jour il ressuscitera.

Mais ils ne comprirent rien à cela ; c’était pour eux un langage caché, des paroles dont ils ne saisissaient pas le sens. Luc 18.31-34

Personne n’a compris les annonces de la passion

Des explications, des justifications : il en fallait.

Et tout ce qui a été écrit s’accomplira .

Mais les disciples n’ont pas compris le sens de ces paroles de Jésus quand il annonçait sa passion. Ou alors, ils n’ont pas osé l’interroger.

Ils n’ont pas compris et n’ont pas osé poser de question. Sans doute parce que, en cas de contestation ( Cela ne t’arrivera pas ), ils craignaient d’avoir la même réponse que celle que le Seigneur donnée à Pierre : Arrière de moi, Satan !  (Matthieu 16.22-23)
La preuve : ils se sont disputés pour la première place, juste après l’annonce de la passion (Luc 9.46).

Personne n’a vraiment compris. Personne ne s’est souvenu, les femmes non plus. Elles auraient dû se souvenir, mais de quoi ?

Le souvenir revient

Il faut une intervention des anges pour comprendre, pour que le souvenir remonte à la mémoire.

Elles se souvinrent alors des paroles de Jésus.
Leur mémoire revient. Les femmes se souviennent : la tombe vide, les prédictions de Jésus, tout ce qu’il a annoncé de ses souffrances, de sa mort et de sa résurrection, la proclamation des anges …

Ne cherchez pas le Vivant parmi les morts !
Souvenez-vous de ce qu’il a annoncé !
Il fallait qu’il meure pour ressusciter.

Les femmes dans le respect de la tradition funéraire, se dirigent vers la tombe, les anges les redirigent vers la vie.
Elles sont déconcertées par la découverte d’un tombeau vide, elles reçoivent la bonne nouvelle de la résurrection de Jésus.

Les messagères de la résurrection

Maintenant, elles en sont sûres, ces femmes fidèles, dévouées, qui ont suivi Jésus sur les routes, (Luc 8.1-3) peuvent maintenant annoncer aux apôtres la bonne nouvelle de la résurrection. (Luc 24.9 -10

Et c’est seulement quand elles ont rempli leur fonction de messagères, d’apôtres des apôtres que Luc précise leur nom.

Ne cherchez pas le Vivant parmi les morts !
Ne cherchez pas le Vivant parmi les morts. Souvenez-vous… !

Chercher le Vivant parmi les morts !

N’est ce pas ce qu’on fait souvent sans s’en rendre compte.

On se souvient, on se tourne vers le passé, le nôtre ou celui des autres, on fait remonter les souvenirs et, curieusement, plutôt les mauvais !

On cherche des explications à ce qui s’est mal passé, et ce genre de remémoration pourrit la vie, la sienne et souvent celle des autres comme un cadavre dans un tombeau. Et ces ruminations, ces tentatives de justifications n’y changeront pas grand chose, au contraire.

On reste crispé sur le négatif, sur l’échec, sur le conflit qu’on n’arrive pas à dépasser, à pardonner : la preuve, on en reparle à toute occasion.

Il vaudrait mieux se rappeler ce que le Seigneur a dit, relier notre réalité à ses paroles pour comprendre, pour avancer.
Car le Vivant est là, parfois comme une lueur au bout du tunnel, mais il est là. Au moment où nous lâchons prise, il se manifeste et nous libère.

Souvenez -vous, non du tombeau mais du Vivant !

C.Streng

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