Catégorie : Approfondir

Comprendre, vivre et approfondir la foi chrétienne

Au centre de la foi chrétienne

Au centre de la foi chrétienne : croix, résurrection, justification

La croix du Christ : Jésus livré à la mort sur la croix pour nos péchés
La résurrection du Christ : une victoire qui permet à Dieu de nous déclarer justes
La justification par la foi dans la perspective protestante, en particulier anabaptiste

Romains 4.23-25
Mais ces mots « Dieu l’a considéré comme juste » n’ont pas été écrits pour lui seul (Abraham). Ils ont été écrits aussi pour nous qui devons être considérés comme justes, nous qui croyons en Dieu qui a ramené d’entre les morts Jésus notre Seigneur. Dieu l’a livré à la mort à cause de nos péchés et il l’a ramené à la vie pour nous rendre justes devant lui. BFC

Car la foi sera aussi portée à notre crédit, à nous qui plaçons notre confiance en celui qui a ressuscité des morts Jésus notre Seigneur il a été livré pour nos fautes, et Dieu l’a ressuscité pour que nous soyons déclarés justes. Semeur

I. La croix du Christ : Jésus livré à la mort sur la croix pour nos péchés

Un crime, mais plus encore une preuve d’amour

La crucifixion de Jésus est d’abord un crime contre un innocent.
C’est plus encore une preuve de l’amour de Dieu qui donne son fils unique et une manifestation de l’amour de Jésus qui donne sa vie pour ses brebis (Jean 10.11)

Un sacrifice d’expiation

l’agneau de Dieu, photo d’un fronton d’église à Jérusalem mars 2019

Expier, c’est payer une faute par un châtiment considéré comme équivalent à la faute.
La justice de Dieu réclame la mort comme salaire du péché, dès la désobéissance d’Adam et Eve.

Genèse 2.17 : le jour où tu en mangeras, tu mourras et Romains 6.23 le salaire du péché c’est la mort

Jésus-Christ s’est offert lui-même en sacrifice. Il est mort sur la croix pour expier/ payer à la place des hommes le péché qui les conduisait à la mort

Éphésiens 5.2 : il nous a aimés et il a donné sa vie pour nous, comme une offrande et un sacrifice agréable à Dieu.

Un châtiment pénal

Jésus-Christ a subi une exécution judiciaire, la peine de mort.
Son procès était une parodie de justice. Mais sa mort sur la croix a satisfaisait la justice divine. Jésus le juste s‘est substitué aux pécheurs, il a choisi d’être puni à leur place.

Dieu a accompli ce qui était impossible pour la loi de Moïse, parce que la faiblesse humaine la rendait impuissante : pour enlever le péché, il l’a condamné dans la nature humaine en envoyant son propre Fils vivre dans une condition semblable à celle de l’homme pécheur. Romains  8.3

Le Christ lui-même a souffert la mort pour les péchés, une fois pour toutes. Lui l’innocent, il est mort pour des coupables, afin de les conduire à Dieu. Il a été mis à mort dans son corps mais il a été ramené à la vie par l’Esprit. 1 Pierre 3.18

Châtiment et/ou amour

Dieu seul est capable de garder un équilibre parfait entre amour/pardon et justice/punition. Pas nous. Et dans son amour, il a pris le châtiment sur lui pour respecter sa justice

Châtiment du Fils de Dieu, comme représentant de l’humanité

Le Christ n’est pas frappé pour des péchés à lui mais pour les nôtres, à notre place

Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu. 2 Corinthiens 5:21

Selon le principe de substitution/ prendre la place d’un autre

Dans le système des sacrifices de l’Ancien Testament, le coupable d’un péché posait ses mains sur l’animal qui recevait par transfert la culpabilité.

Celui qui offre un animal posera sa main sur la tête de l’animal et celui-ci sera accepté comme victime expiatoire pour lui  Lévitique  1.4

Jésus-Christ prend la place des pécheurs en toute liberté

– car il est saint, « l’agneau sans défauts et sans taches » ».
– car c’est un être humain. Comme le dit Hébreux 2.14 « il a participé à la chair et au sang ».
– en tant que chef, berger pour ses brebis, représentant de la nouvelle humanité.

Une rançon pour racheter de la malédiction de la Loi

le jardin de la tombe à Jérusalem mars 2019

Sous le règne de la loi, chacun subit la malédiction, personne ne pratique l’obéissance parfaite exigée.

Le Christ, juste et parfait, ne méritait pas cette malédiction. Mais Il l’a soufferte à notre place. Sa mort nous a rachetés de la malédiction. (Galates 3.10-13)

Une rançon est un rachat. Rédemption a le même sens. Quand elle est payée, la personne retrouve la liberté.
La dette a été payée 1Tim 2:6 Le Christ  a offert sa vie en rançon pour tous

La croix comme châtiment pénal montre la colère de Dieu contre le péché. Elle nous libère de la punition méritée selon la Loi.
Nous recevons le pardon des péchés et sommes déclarés justes devant Dieu.

II. La résurrection du Christ : une victoire qui permet à Dieu de nous déclarer justes

La croix, l’aboutissement d’un combat victorieux contre le diable.

Le Fils de Dieu est précisément apparu pour détruire les œuvres du diable. 1 Jean 3:8

Par la faiblesse et la mort du Christ, Dieu est vainqueur de l’adversaire:

Me voici, moi et les enfants que Dieu m’a donnés.

Puisque ces enfants ont en commun la condition humaine, lui-même l’a aussi partagée, de façon similaire. Ainsi, par sa mort, il a pu rendre impuissant celui qui exerçait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et libérer tous ceux que la peur de la mort retenait leur vie durant dans l’esclavage. Hébreux 2:13b-15

La croix, c’est la victoire définitive de Dieu. A la fin des temps elle se manifestera totalement. Jésus sera reconnu publiquement comme Seigneur, à la gloire de Dieu le Père

C’est pourquoi Dieu l’a élevé à la plus haute place et il lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, pour qu’au nom de Jésus tout être s’agenouille dans les cieux, sur la terre et jusque sous la terre, et que chacun déclare : Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père  Philippiens 2.9-11

Libérés du péché pour la vie éternelle

Jésus-Christ nous a libérés par son pardon du pouvoir de nos péché. Et il nous donne la vie éternelle

Mais maintenant que vous avez été libérés du péché et devenus esclaves de Dieu, le bénéfice que vous récoltez conduit à la sainteté et le résultat est la vie éternelle»  Romains 6.22

Le Christ vainqueur des puissances du mal

Le Christ est le nouvel Adam, le représentant parfait de l’être humain. A ce titre, il combat les puissances du mal, il expulse les démons, il résiste aux tentations du diable jusqu’à la mort.. . .

Par le Christ, Dieu nous délivre de l’esclavage des principautés et des puissances, c’est à dire des systèmes de pouvoir de ce monde. Il nous adopte comme ses enfants. Il nous donne une nouvelle vie dans la communion éternelle avec Dieu.

En résumé : Pour comprendre l’ampleur de l’œuvre du Christ à la croix on peut relier entre elles les notions

– de sacrifice expiatoire : il est mort sur la croix, se sacrifiant lui-même pour expier nos péchés
– de substitution : il a payé à notre place le prix de nos péchés, c’est à dire la mort.
– de victoire sur le péché, la mort et le mal qui annonce notre délivrance future et la réalisation des projets de Dieu

III. La justification par la foi dans la perspective protestante, en particulier dans l’anabaptisme

Être justifié c’est être déclaré juste par Dieu comme juge.

Pour Paul, la justification, c’est ce que Dieu a fait pour le croyant par la mort et la résurrection du Christ. Un don gratuit par la grâce seule, sans les œuvres de la loi

La croix, à la base de la justification

Par sa mort en croix, Christ obtient le pardon des péchés en faveur des humains. Cette mort obéit à la justice de Dieu dans deux directions : le salaire du péché et le salut

C’est lui, Jésus), que Dieu a offert comme une victime destinée à expier les péchés, pour ceux qui croient en son sacrifice. Ce sacrifice montre la justice de Dieu qui a pu laisser impunis les péchés commis autrefois au temps de sa patience. Ce sacrifice montre aussi la justice de Dieu dans le temps présent, car il lui permet d’être juste tout en déclarant juste celui qui croit en Jésus. Romains 3.25-26

Les exigences de la loi de Dieu sont satisfaites. Aux croyants est accordée la position d’être justes aux yeux de Dieu.
La justification donne une nouvelle relation avec Dieu, un espoir ferme pour l’avenir éternel. Elle doit se traduire par un changement de comportement.

Une justification pas seulement intérieure mais manifestée aussi dans les relations avec les autres

Dans l’Ancien Testament, la notion de justice s’applique aussi aux relations. Être juste, c’est agir conformément aux accords, aux obligations avec Dieu et avec les autres. C’est démontrer la fidélité à l’alliance établie entre Dieu et Israël.

Le verbe justifier (dikaioun) veut dire aussi restaurer des relations brisées. Le système de sacrifices était institué pour restaurer les relations entre Dieu et son peuple.

Dans le système de lois occidental, le juge rend la justice, quand il punit ou acquitte selon la loi. Dans l’Israël ancien, la punition infligée consistait aussi à corriger une situation faussée, à rétablir les relations.

Dans la perspective chrétienne, la relation est rétablie grâce à Jésus. Ceux (celles) qui ont été justifiés, sont inclus dans le peuple de Dieu. Ils font partie de la communauté de l’Église. Ils veillent à maintenir ou à rétablir des bonnes relations avec Dieu et les autres.

La justification par la foi, une doctrine centrale de la Réforme

La «Justification par la foi» est une doctrine centrale pour la théologie protestante. Elle reprend l’image du tribunal. Paul l’a utilisée pour expliquer que notre culpabilité a été effacée, et que nous sommes déclarés justes.

C’était l’expérience de Luther. Son image du Christ reçue de la piété médiévale n’était pas celle du Sauveur mais celle d’un juge sévère qui condamne

« Au cours de la Semaine sainte, Christ ne se substitue pas au pécheur devant la Gloire de Dieu, Christ se substitue à Dieu, au jour du Jugement, puisque c’est Sa parole qui juge »…

Les efforts de Luther ne diminuaient pas sa culpabilité et ne lui apportaient pas la paix avec Dieu
Il a trouvé la paix lorsque l’Esprit lui a fait comprendre que le Christ n’est pas venu pour juger mais pour sauver. (Jean 12.47).

Tous pécheurs et justifiés par la grâce

Nous avons tous péché. Nous n’avons pas été justes dans nos relations avec Dieu et avec les autres (Romains 3:23).
Jésus, lui, était obéissant, fidèle là où nous avons échoué, même jusqu’à la mort.

Nous ne sommes pas justifiés par nos efforts. Mais par la grâce de Dieu car Jésus a payé le prix du péché à la croix (Galates 2:16, Romains 3: 24-26).

Le sens de la justification par la foi précisé par 4 principes de la Réforme

1. Les pécheurs sont incapables d’effectuer leur propre justification, de coopérer avec la grâce de Dieu par une action méritoire.

2. La justification est accomplie sur la base de la justice du Christ seul. Elle est extérieure à la personne. En réponse à la foi, Dieu compte ou crédite au croyant la justice appartenant au Christ.

3. La foi c’est faire confiance au Christ seul pour être justifié. C’est l’assurance confiante que Dieu a réglé la question du péché par le Christ et pour l’amour du Christ seul. Le pécheur fait confiance à l’œuvre expiatoire du Christ et Dieu le justifie.

4. Pour les Réformateurs du 16e s la justification doit être suivie de la sanctification.

L’anabaptisme en accord avec la doctrine de la justification

Dès l’origine du mouvement de la réforme radicale, les théologiens anabaptistes du 16e s, Conrad Grebel, Michael Sattler, Hans Denck, et Balthasar Hubmaier ont adhéré à la doctrine de la justification par la foi seule, redécouverte et explicitée par les Réformateurs protestants.

Cependant, quelques différences importantes dans la manière anabaptiste de comprendre la justification

– L’anabaptisme insiste sur le fait que la volonté humaine reste libre. Pour les autres réformateurs comme Luther, la volonté est liée, captive du péché.
– L’anabaptisme demande de vivre une vie selon la morale, comme preuve du salut
– Les écrits anabaptistes insistent sur la nature transformée du croyant. C’est un changement profond de la personne. Pas un simple changement de statut comme dans la compréhension légale de la justification.

Balthasar Hubmaier (1480-1528) théologien anabaptiste et son application de la justification par la foi

Balthasar Hubmaier

Hubmaier est en accord avec la position protestante de son temps sur la justification par la foi.
Il met l’accent sur la nouvelle naissance.
Pour lui, la foi qui sauve, c’est celle qui apporte la justification. Mais le premier mouvement de cette foi vers Dieu est facilité parce que la volonté reste libre.

Il précise sa compréhension de la justification à partir de 3 mots-clés de son traité « Sur le baptême chrétien des croyants » : « erkeenet /on reconnaît ; ergibt/on s’abandonne ; verphlicht / on s’engage »

« Par conséquence, puisqu’il (le croyant) a reconnu cette grâce et cette bonté, il se donne/s’abandonne à Dieu et s’engage intérieurement dans son cœur à mener une vie nouvelle selon la règle du Christ. »

1. il reconnaît /Erkeenet

Le pécheur doit reconnaître son état de péché devant Dieu

Dans la Somme de la vie chrétienne entière, il écrit:
Il est nécessaire pour « un changement de vie que nous regardions dans nos cœurs, et que nous nous souvenions de nos actes et nos omissions. Oui, il n’y a rien de sain en nous, mais plutôt du poison, des plaies et toutes les impuretés qui s’accrochent à nous dès le commencement, parce que nous sommes conçus et nés dans le péché …»

La personne ne trouve aucune aide et perd courage… « comme l’homme …tombé parmi les brigands. » Alors elle « réfléchit et reconnait qu’elle est une misérable petite chose. »

Cette pensée est au centre de la justification par la foi dans les écrits de Hubmaier.

Le pécheur devant Dieu doit d’abord reconnaître sa corruption totale et son incapacité à tenir devant Dieu.

Hubmaier l’explique dans son traité sur la liberté de la volonté :
L’homme « en mangeant de l’arbre interdit a perdu la connaissance du bien et du mal, comme Dieu les conçoit. Il ignore sa position devant Dieu et se complait dans sa propre justice, l’auto justification. Il préfère être sage intelligent et juste dans ses propres œuvres et il méprise la règle (de vie) simple et peu attrayante du Christ
« Il n’y a rien que la grâce de Dieu puisse moins tolérer que nos propres mérites présomptueux »

Justification sans mérites

Selon Luther, la foi glorifie correctement Dieu parce qu’elle le reconnaît comme véridique. Alors le pécheur est justifié.

Pour Hubmaier la nature corrompue du pécheur le conduit à l’ignorance. Il s’illusionne sur son propre mérite. Dieu déteste cette auto-dépendance. Rien que la tentative d’avoir du mérite est déjà du péché.

L’homme ignorant sa condition réelle est totalement incapable d’effectuer sa justification.

A la chute, l’image de Dieu dans l’homme «  a été capturée et liée par la désobéissance d’Adam». Le pécheur est englué dans l’impuissance. La seule aide vient du Christ. Il peut le réveiller en lui faisant connaître sa condition «par la Parole de Dieu».

Reconnaître alors sa propre corruption et son incapacité à en sortir conduit au désespoir. Le pécheur ne peut trouver de justice en lui-même.

Seul espoir en Christ

Son seul espoir est extérieur à lui-même. Il est en Christ.

Hubmaier décrit la conversion au Christ comme un homme gravement blessé qui se confie au médecin.

«Dieu répond en miséricorde pour l’amour du Christ et« lui accorde sa demande et ainsi pardonne [son] péché par Jésus-Christ notre Seigneur. »

Salut par la valeur substitutive de la mort du Christ

La guérison offerte au croyant par le Christ provient de la mort de Christ à la place du pécheur. La justification dépend de la nature substitutive (de remplacement) de la mort du Christ. Le pécheur est justifié parce que le Christ est mort à sa place.

L’Évangile guérit parce que «la Loi est maintenant accomplie en Christ. Il a payé la dette du péché pour nous et il a déjà vaincu la mort, le diable et l’enfer. Il a été livré par Dieu « à la mort pour notre salut, pour que le péché puisse être payé».

Le pécheur trouve le pardon dans le Christ seul, sans aucun mérite personnel devant Dieu, sans aucune possibilité de se justifier lui-même. Toute tentative dans ce sens serait un péché.
C’est en se soumettant dans son état misérable au Christ qu’il trouvera la justification

2. il abandonne / Ergebet

Abandon au Christ

Hubmaier associe l’abandon au Christ avec la foi dans son illustration du blessé.
«Toute sa maladie, il la soumet et la confie [au médecin]».

La foi, c’est avoir confiance que Dieu traitera le pécheur avec miséricorde parce qu’il s’est soumis aux soins du médecin. C’est se confier en Dieu qui pardonne à cause de l’œuvre du Christ sur la croix

La foi comme confiance

Pour Hubmaier, la foi croit ce que la Parole de Dieu a démontré. La Parole confronte le pécheur avec sa propre condition et le dirige vers le Christ
« Si la personne reconnaît son péché et en appelle à Dieu le Père pour le pardon de son péché par l’amour du Christ, si elle le fait dans la foi sans douter, alors Dieu purifie son cœur dans cette foi et cette confiance et lui pardonne tout son péché »

« La foi est la réalisation de l’indescriptible miséricorde de Dieu, de sa gracieuse faveur et de la bonne volonté, qu’il nous accorde par son Fils bien-aimé Jésus-Christ. Il ne l’a pas épargné et l’a livré à mort pour notre salut, pour que le péché puisse être payé , Et nous pouvons être réconciliés avec lui avec l’assurance de nos cœurs qui crient vers lui Abba, Père, notre Père qui est dans le ciel. »

3. Il s’engage /Verpflichtet

Une nouvelle vie selon la Règle du Christ

Quand le croyant s’engage envers le Christ, il s’engage aussi dans son cœur pour une vie nouvelle selon la Règle du Christ… ».
La vie nouvelle est le résultat direct et immédiat de la justification. Le pécheur malade se soumet à la volonté du médecin et vit une nouvelle naissance immédiate.

« La nouvelle naissance a lieu en réponse à la foi de l’homme qui s’engage envers Jésus-Christ. C’est l’œuvre de l’Esprit Saint au moyen de la Parole »

Comme Paul dans Romains 4.25, Hubmaier lie directement la justification à la résurrection du Christ.

«Mais en même temps, [le croyant] croit pleinement que le Christ, par sa mort, lui a pardonné ses péchés et par sa résurrection l’a rendu juste devant Dieu».

Le lien entre la résurrection du Christ et la justification du croyant s’exprime dans une nouvelle vie. Le Christ est ressuscité pour une vie après la mort. Cette résurrection du Christ garantit la nouvelle vie du croyant

Le croyant né de nouveau doit vivre une nouvelle vie

Puisque la résurrection fait partie de l’œuvre du Christ, Hubmaier peut insister :

Quand on est né de nouveau, on doit nécessairement vivre une vie nouvelle, changée et juste. La résurrection du Christ lui permet d’accorder la vie éternelle à tous ceux qui se confient en lui.

Cependant, le croyant n’est pas abandonné dans sa faiblesse. Le Christ le fait progresser dans la nouvelle vie. Alors il peut s’identifier à la confession de foi de Paul

Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. Ma vie en tant qu’homme, je la vis maintenant dans la foi au Fils de Dieu qui, par amour pour moi, s’est livré à la mort à ma place. Galates 2.20

Et en dehors du Christ, il sait qu’il est vide, sans valeur, mort, un pécheur perdu. »

Conclusion : Suivre Jésus dans la vie quotidienne

La justification par la foi est un présupposé indispensable et suffisant pour établir des relations justes entre Dieu et le pécheur.

Elle devient insuffisante quand elle se limite à l’adhésion à un principe, si juste soit-il, quand elle tourne autour d’elle-même sans provoquer de changement dans la vie.

C’est le risque couru avec une explication incomplète du plan du salut.
Dans les années 70 on présentait souvent les 4 lois spirituelles pour expliquer le plan du salut
Les 3 premières propositions sont pertinentes : amour de Dieu, péché de l’homme, Jésus-Christ délivre du péché.

Mais la dernière proposition présente une carence énorme. Il s’agit d’  « accepter Jésus comme sauveur ». D’accord. On est sauvé de la colère de Dieu. On est assuré d’aller au ciel. Et après ?

Il manque un élément essentiel pour la suite de la vie chrétienne, Jésus est aussi Seigneur.
Et il s’agit d’être son disciple, de le suivre dans la vie quotidienne.

Hans Denck : « Personne ne peut vraiment connaître le Christ à moins de le suivre dans la vie quotidienne, et personne ne peut suivre le Christ dans la vie quotidienne à moins de le connaître vraiment. »

Vivre en chrétien, c’est un changement dans nos comportements et nos actions envers Dieu, envers les autres et envers le monde. Cela se fait par la présence intérieure du Saint-Esprit qui en donne la force.

C. Streng

Servir l’autre pour glorifier Dieu

Servir l’autre pour glorifier Dieu : chacun au bénéfice de tous

Nos bâtiments, nos salles nous permettent de nous  réunir en Eglise dans les meilleures conditions. De nous retrouver en communauté chrétienne de frères et sœurs unis dans la même adoration du Seigneur.

Unis aussi pour le service mutuel de chacun au bénéfice de tous, grâce aux dons accordés à chacun, pour un approfondissement dans la communion fraternelle qui ouvre encore mieux la voie au témoignage vers l’extérieur.

Les lettres de Paul décrivent en détail son enseignement sur les dons

Pierre, dans sa 2e lettre, encourage les chrétiens de son époque.

Ils souffrent des moqueries et des persécutions de leur famille, de leurs voisins et des autorités politiques locales.

Conseils sur le comportement

Alors il les conseille dans la conduite à tenir envers ces concitoyens parfois hostiles (2 Pierre 2.11 à 4.6). Mais il précise, il explique aussi à ces chrétiens… comment se comporter les uns envers les autres.

L’exercice des dons

En quelques versets (chapitre 4.7 à 11), l’apôtre situe l’exercice des dons dans le contexte de l’approche de la fin des temps.

Le véritable but de tout service chrétien : glorifier Dieu.

La fin de tout s’est approchée ; soyez donc pondérés / équilibrés et sobres en vue de la prière. 8 Avant tout, ayez les uns pour les autres un amour fervent, car l’amour couvre une multitude de péchés. 9 Exercez l’hospitalité les uns envers les autres, sans maugréer. 10 Que chacun mette au service des autres le don qu’il a reçu de la grâce ; vous serez ainsi de bons intendants de la grâce si diverse de Dieu. 11 Si quelqu’un parle, qu’il parle de façon à communiquer les paroles de Dieu ; si quelqu’un sert, qu’il serve par la force que Dieu lui accorde, afin qu’en tout Dieu soit glorifié par Jésus-Christ, à qui sont la gloire et le pouvoir à tout jamais. Amen !

2 Pierre 2. 4.7-11

Le mot d’ordre du passage, c’est « les uns les autres ».

C’est l’intérêt de chacun pour l’autre, l’aide, le soutien, le secours qu’on lui donne.

Cette responsabilité mutuelle des uns envers les autres est au centre de l’amour et du pardon (v. 8), l’amour et le pardon exercés dans l’hospitalité (v.9) … dans la pratique des dons (v. 10-11a), sous la direction souveraine de Dieu, …pour glorifier Dieu. (v. 11b)

En tout temps, surtout dans des moments difficiles, garder le cap

V. 7 La fin s’est approchée ; soyez donc équilibrés et sobres en vue de la prière

Les correspondants de Pierre souffraient. Ils avaient hâte que le Seigneur revienne vite pour les délivrer de leurs souffrances.

Pierre le sait bien, lui aussi. Les temps de la fin ont commencé avec le ministère, la mort et la résurrection du Christ

nous sur qui la fin des temps est arrivée  1 Corinthiens 10.11b

Le N.T. ne donne aucune date précise, aucun jour connu d’avance pour le retour du Chris. Jésus lui même ne le connaît pas. Matthieu 24.36.

Alors l’apôtre recadre ces chrétiens. Il leur donne des pistes qui les ramènent à l’essentiel : une manière de se conduire qui honore Dieu et tient compte des autres pour le bien de tous.

Quelques consignes valables aujourd’hui

Mettre en pratique la parabole sur le serviteur fidèle qui attend son maître en faisant le travail demandé (Matthieu 24.45-51) = être prêt en tout temps et de toute façon

Une application pratique: Luther.

On lui a demandé ce qu’il ferait si la fin des temps arrivait aujourd’hui.

« Je planterai un arbre et je paierai mes impôts ».
Luther vivait chaque jour à la lumière de la fin. Même ce jour là il accomplirait la tâche qui lui avait été assignée.

Garder l’équilibre

Pierre insiste sur la nécessité d’être équilibré dans la conduite.

  • Mettre les événements à leur juste place.
  • Ne pas laisser partir l’imagination dans des idées embrouillées sur l’avenir.
  • Se contrôler pour éviter des réactions malsaines en face de situation inattendues ou déstabilisantes

Quand des catastrophes, quand des guerres arrivent quelque part dans le monde, même à des milliers de kilomètres, certains perdent la tête.

« C’est l’Apocalypse, c’est la catastrophe, c’est la fin du monde« .

Cachons – nous sous les rochers . (Apocalypse 6.15-16).

Il se voient déjà morts, oubliant la promesse de l’éternité du croyant avec Dieu. En 1967, certains renonçaient à se marier ou à avoir des enfants.

L’Apocalypse, la Révélation de la gloire de Dieu

L’Apocalypse, les anglo saxons l’appellent Révélation. C’est la traduction du mot grec Apocalypse. C’est la révélation de la gloire de Dieu, c’est la gloire de Dieu que verra le croyant. La peur panique, la fuite sous les rochers, c’est pour les incroyants.

Elucubrations sur la fin des temps

Aujourd’hui, toutes sortes d’élucubrations farfelues sur la fin des temps se répandent sur Internet. Elle ne sont pas venues toutes seules. Quelqu’un les y a mises. …Mais rien n’est plus éloigné du message de l’Evangile, du plan de salut de Dieu pour l’humanité.

Rester au contrôle

Pierre nous appelle donc à rester attentifs à notre conduite, à contrôler nos réactions, à distinguer les véritables enjeux pour que notre prière soit lucide en face des épreuves.

La prière, indispensable

La prière est une composante essentielle dans les épreuves associées à la fin des temps. Donc celles d’aujourd’hui et celles de demain. Un élément indispensable dans le combat spirituel.

Manifester un amour véritable mis en pratique

V. 8 Ayez les uns pour les autres un amour fervent

Aimer est déjà répété plusieurs fois 1:8, 22 ; 2:17 ; 3:8

La qualification essentielle pour le ministère, pour le service chrétien, c’est l’amour, un amour fervent. Mais aussi un amour constant, durable et solide car  comme le dit Jésus, « l’amour se refroidira à la fin des temps » (Matthieu 24.12)

Un amour qui couvre une multitude de péchés

Les paroles sont citées de Proverbes 10:12

La haine attise les dissensions, mais l’amour couvre tous les maux.

Il ne s’agit pas ici des péchés envers Dieu. Lui seul peut les pardonner.

Luther disait : « Rien ne peut couvrir ton péché devant Dieu sauf la foi. … Mais mon amour couvre le péché de mon prochain. Et tout comme Dieu couvre mon péché, si je crois, je dois aussi couvrir le péché de mon prochain. »

Il s’agit donc ici des péchés et des échecs dans les relations humaines.

Le péché se manifeste aussi dans les relations sociales, dans et entre les différentes communautés chrétiennes. En tant que phénomène social, il peut être couvert, effacé par l’amour que le Christ a commandé et démontré.

L’amour couvre les torts des autres. Il n’en tient plus compte.

Quand nous aimons vraiment les autres, il ne s’agit pas d’avoir raison.
Mais d’aider les autres à grandir dans la foi en utilisant nos dons.

Couvrir les péchés des uns vis à vis des autres ?

  • par la patience et le pardon mutuels
  • en avertissant contre le péché : Jc 5,20 celui qui restaure le pécheur de sa voie errante couvre les péchés de celui qui s’est égaré
  • par la prière pour celui qui a péché

Quand on aime, on n’expose pas les péchés qu’on rencontre au regard de tous. On préfère s’abstenir et décourager tout discours inutile à leur sujet.

Le véritable amour favorise la paix et l’harmonie de la fraternité.

C’est tout le contraire de la haine qui expose délibérément le péché dans le but d’humilier et de blesser.
Quand les croyants montrent de l’amour aux autres, les péchés et les offenses des autres sont oubliés.

Choisir d’aimer met souvent tous les motifs à la bonne place.

L’hospitalité, une expression concrète de l’amour entre chrétiens

Même si ça dure et que ça devient difficile à supporter.

Il ne s’agit pas ici d’une invitation à un repas. Cette convivialité reste dans le domaine de l’échange de bons procédés. En général, on rend la pareille.

v. 9 Soyez hospitaliers les uns envers les autres sans vous plaindre

Dans les premiers temps de l’Eglise, l’hospitalité était particulièrement importante, cruciale même.
Il fallait accueillir, et parfois sans savoir pour combien de temps,  les missionnaires comme Paul, les croyants en voyage, mais aussi ceux qui fuyaient la persécution.
Pendant les deux premiers siècles, il n’y avait pas non plus de bâtiments d’Eglise. Chaque communauté locale se réunissait dans la maison d’un de ses membres. (Romains 16.5, 1 Corinthiens  16.19)

Sans se plaindre, sans grogner

La pratique de l’hospitalité peut devenir coûteuse, pénible et irritante. Ceux qui ouvrent leur maison peuvent se lasser de ce service. Surtout si cela dure trop longtemps. Surtout si l’accueillant a l’impression que les gens s’inscrustent et qu’il se fait exploiter.

les conseils de la Didachè

Ainsi, la Didachè, le premier catéchisme des communautés chrétiennes de Syrie donne quelques conseils qui paraissent un peu raides mais sont sans doute bien avisés

A l’égard des apôtres et des prophètes, agissez selon le précepte de l’Evangile, de la manière suivante. … Que tout apôtre arrivant chez vous soit reçu comme le Seigneur… Mais il ne restera qu’un seul jour ou un deuxième en cas de besoin… S’il reste trois jours, … c’est un faux prophète . A son départ que l’apôtre ne reçoive rien, sinon du pain pour gagner un gîte ; …s’il demande de l’argent, c’est un faux prophète.

L’hospitalité n’est pas en elle-même un ministère. Mais elle donne aux ministères chrétiens le cadre indispensable pour fonctionner.

Aujourd’hui, sauf exception, on ne vit pas les uns chez les autres. Mais on se retrouve assez souvent en Eglise ou les uns chez les autres pour que les principes de l’hospitalité puissent être appliqués.

On peut rencontrer des personnes et des situations difficiles. On peut faire face à des conflits qui doivent être résolus avec sagesse et amour. Patience, amour et prière seront indispensables pour que Dieu renouvelle nos forces et notre capacité de servir

Lorsque nous aimons les autres, quand nous utilisons nos dons pour leur bien, nos actions font plus que servir les autres.

Puisque nos dons trouvent leur origine dans l’amour du Christ, ils servent à honorer et glorifier le Christ

Pour qui le don que Dieu m’a donné ? Pas pour moi… pour toi… parce que je t’aime

V. 10 Que chacun mette au service des autres le don qu’il a reçu de la grâce…comme de bons intendants

Chaque chrétien a reçu au moins un don, … parfois plusieurs. Dire qu’on n’en a pas, comme on me l’a dit, c’est de la fausse humilité. Une manière facile de se défausser.

Un don, des dons à utiliser au profit de tous dans l’Eglise, pour se servir les uns les autres, pour se faire du bien les uns les autres. Ce qui profite aux autres profite aussi à celui qui exerce le don.

Le don : pas ma propriété, celle de Dieu

Je ne suis pas propriétaire mais seulement dépositaire du don que Dieu m’a accordé.
C’est comme l’intendant qui gère le domaine d’un propriétaire ou le responsable financier d’un entreprise moderne. Le carnet de chèques ou la carte bancaire sont au nom de l’entreprise, pas au sien.

Je suis responsable dans la manière d’utiliser les capacités que Dieu m’a accordées. Dons miraculeux, mais aussi moyens financiers et dons naturels revus et corrigés parfois et sanctifiés par l’Esprit. Et même mon temps …

Le Nouveau Testament  donne quelques exemples :

  • fournir des repas (Actes 6:2),
  • visiter les prisonniers (Mt 25:44 ; 2 Tim 1:18),
  • apporter un soutien financier (Rom 15:25 ; 2 Cor 8:19, 20

Actualisation

On peut actualiser et trouver bien des façons de servir les autres avec les moyens actuels,

  • gestion administrative,
  • transport
  • informatique
  • prêt de matériel divers,
  • propositions de compétences

Surtout le désir de servir

Utiliser mes capacités pour servir, pour aider les autres, pour les fortifier dans la foi. Pas pour me faire plaisir et me trouver super spirituel.

Dons de parole, dons de service

V.11 : Si quelqu’un parle… si quelqu’un sert

Remarquons la suite : parler les paroles de Dieu, servir par la force de Dieu
Sinon, c’est du vent, des efforts inutiles

Parler les paroles de Dieu

Enseigner et prêcher mais aussi exercer la prophétie et l’exhortation (conseil, avertissement, consolation).
Pas seulement dans un service bien défini de l’Eglise, mais dans des occasions diverses, visites, rencontres organisées ou informelles

Dire le message de Dieu

se laisser conduire par l’Esprit, faire le tri entre la pensée de Dieu et nos idées sur la question. Dire le message de Dieu, fidèle, conforme à l’Evangile

Servir avec la force que Dieu donne

Le service pratique semble plus facile. On s’imagine qu’il y a moins d’engagement spirituel dans la préparation et la vaisselle des repas d’Eglise… que dans la prédication.
Mais à la longue et dans la durée du service, on a aussi besoin de demander à Dieu, dans la prière, de renouveler nos forces, notre motivation et notre consécration.

Des dons et des services qui s’entrecroisent

Pierre ne donne pas toutes les précisions de Paul. Mais il définit bien le principe de fonctionnement. Tout don appartient à Dieu, à son autorité et à sa grâce. Il est donné à chacun pour le service des autres.

Cela ne veut pas dire que le ministère, le service de chacun soit dans un boite avec un couvercle et qu’il ne puisse pas en sortir.

Ainsi Philippe, au service aux tables à Jérusalem, puis évangéliste à Samarie. Et au retour à Jérusalem ? service, évangélisation, service ?

Un “grand” don spirituel n’empêche pas un petit service. Et le petit service peut être l’occasion d’exercer un grand don spirituel.

Dans les camps d’évangélisation des Groupes Bibliques Universitaires auprès des étudiants, le lieu stratégique était souvent la cuisine.  On y venait pour se confier, pour dire des choses qu’on n’osait pas dire en public. Et la cuisinière chrétienne avait un ministère tout trouvé….

Le don, dans quel but ? Glorifier Dieu par Jésus-Christ

V. 11 afin qu’en tout Dieu soit glorifié par Jésus-Christ

Le service des chrétiens les uns envers les autres, les dons exercés dans l’intérêt de l’autre ont la valeur d’un culte véritable envers Dieu. Si c’est fait “avec les paroles de Dieu” et avec “la force que Dieu donne”

Quand on dit les paroles de Dieu plutôt que les siennes, quand on sert avec les paroles de Dieu et pas les siennes, Dieu par Jésus-Christ reçoit la gloire. C’est lui qui a donné la sagesse et la force pour le ministère.

Pierre n’entre pas dans les détails des dons spirituels. Son souci, c’est simplement que tous les ministères, tous les services soient respectés et que Dieu soit glorifié dans la vie des chrétiens. Alors il seront prêts pour la fin de toutes choses » au delà des épreuves.

Le monde actuel perd sa sensibilité face au malheur, aux catastrophes. Il craint ceux qui pourraient déranger sa tranquillité,

Alors ces versets de Pierre ont un message percutant à apporter.

Toute relation dans l’Eglise et aussi en dehors peut être transformée si elle est vécue dans l’obéissance à Dieu. Il nous a donné tous les moyens de vivre notre foi et de l’exercer au service des autres. Pour leur donner envie de connaître Dieu, pour les conduire dans

Exerçons nos dons avec sérieux, mais sans nous prendre trop au sérieux, sans nous imaginer que nous sommes tous seuls à pouvoir réussir ceci ou cela.
Faisons notre service avec humilité, en tenant compte aussi des autres. Souvent ils nous apportent plus que ce que nous, nous pouvons leur donner.

C. Streng

L’anti-promotion de soi

 

L’anti-promotion de soi : l’exemple du Christ

Philippiens 2. 6-11 est un hymne en l’honneur du Christ. Il met en relation, on pourrait dire en tension plusieurs vérités essentielles sur sa personne et son œuvre :

la suprématie, la supériorité divine absolue du Christ : sa préexistence, sa divinité, son égalité avec Dieu
– le choix de se dépouiller : son incarnation, sa vie humaine dans l’humilité, sa mort volontaire sur la croix
– l’exaltation, l’élévation par Dieu le Père, l’autorité du Christ sur toute la création.

Ces paroles s’adressent à des chrétiens égoïstes, trop préoccupés d’eux-mêmes et de leurs droits et donc tentés d’être désagréables avec les autres.

En effet, l’Église de Philippes était en danger. Une tendance malsaine à la compétition s’infiltrait parmi ses membres avec un fort risque de division.

D’où la recommandation du v. 3 :

Ne faites rien par ambition personnelle ni par vanité » et celle du chapitre 4.2 : J’encourage Evodie et j’encourage Syntyque, deux femmes en service dans l’Église à être bien d’accord dans le Seigneur.

Paul demande donc de pratiquer le service chrétien dans une attitude humble, qui s’intéresse au bien de l’autre, qui se dévoue pour les autres.
Et surtout avec une mentalité et une pratique de la vie chrétienne sur le modèle du Christ

Philippiens 2.5-11

5. Cultivez cet état d’esprit [voir 2:1-4] dans votre communauté, qui est en fait une communauté dans le Christ Jésus
6 Bien que [x] étant sous la forme de Dieu,
Il n’a pas[y] considéré son égalité avec Dieu comme quelque chose à exploiter à son propre avantage,
7 mais[z1] il s’est vidé/dépouillé lui-même,
en prenant la forme d’un esclave, c’est-à-dire, en naissant à l’image de l’être humain.
Et étant trouvé sous forme humaine,
8 il[z2] s’est humilié lui-même en devenant obéissant à la mort,
même la mort sur une croix.
9 C’est pourquoi Dieu l’a souverainement exalté
Et lui a attribué le titre[ou le nom] qui se trouve au-dessus de chaque titre[ou nom],
10 Et ainsi au nom de Jésus chaque genou doit fléchir,
dans le ciel et sur terre
11 et toutes les langues doivent proclamer que Jésus Christ est Seigneur,
à la gloire de Dieu le Père.

Plan
I. Bien que … Non pas .. Mais : une anti-promotion de soi surprenante, inattendue
II. Bien que …Non pas … Mais : une révélation inattendue de la divinité
III. C’est pourquoi : l’exaltation du Christ par Dieu

I. Bien que … Non pas … Mais : une contre-promotion de soi surprenante, inattendue

Bien que [x] étant sous la forme de Dieu, Il n’a pas[y] considéré son égalité avec Dieu comme quelque chose à exploiter à son propre avantage, 7 mais[z1] il s’est vidé/dépouillé lui-même, . il[z2] s’est humilié lui-même

Bien que …Non pas …Mais :

La puissance dans la faiblesse, quand on parle de Dieu,  c’est une notion contre intuitive, paradoxale. Si c’est puissance, ce n’est pas faiblesse.

Puissance dans la faiblesse, c’est contraire à ce qui se pense couramment à propos de la divinité. et du style de vie des puissants.

A l’époque, puissance seulement ! C’était ainsi que se comportaient les empereurs romains. Et aujourd’hui ? Qu’en est-il ?

Philippiens 2.5-11 tient compte de 3 réalités habituelles, admises dans la culture de l’époque :

  • l’idéologie et la réalité de l’esclavage,
  • l’idéologie et la poursuite de l’honneur chez les citoyens romains,
  • la théologie et les pratiques du culte impérial soutenu par l’élite locale.

Et en contraste avec cet arrière-plan, le texte dépeint le Christ préexistant, le Christ qui existait de toute éternité comme la « forme de Dieu ». Il décrit le Christ se dépouillant lui-même. Le Christ dans la faiblesse .

Le contraire d’Adam qui s’exalte lui-même et l’opposé des empereurs romains qui se glorifient eux-mêmes en se prétendant dieux

Bien qu’étant sous la forme de Dieu / divin

Le v. 6 affirme la préexistence du Christ et son égalité avec Dieu.
« Sous la forme de Dieu » fait référence à la 2e personne de la Trinité. Dans l’AT celle-ci se manifestait parfois sous la forme de l’ange de l’Éternel, une préfigure du Christ. Le Christ possédait donc le statut divin.

Égal avec Dieu

Il n’a pas[y] considéré son égalité avec Dieu comme quelque chose à exploiter à son propre avantage

La question s’est posée :

  • est-ce que pendant son incarnation sur terre, le Christ possédait déjà l’égalité avec Dieu
  • ou bien, est ce qu’il essayait de la saisir

L’expression « exploiter à son propre avantage « se réfère toujours à quelque chose qu’on possède déjà et qu’on a à sa disposition ».
Alors la question n’est pas de savoir si on possède quelque chose, mais si on choisit ou non de l’exploiter, d’en profiter.

En fait le Christ est égal à Dieu. Sa nature essentielle (la forme de Dieu, la divinité) est immuable. Il est et sera toujours Dieu.
Mais pour son mode d’existence (« égalité avec Dieu « ) il peut choisir et d’ailleurs il a choisi de l’échanger contre une autre manière de mener sa vie terrestre.

Bien que … non pas … Mais

Mais[z1] il s’est vidé/dépouillé lui-même,.il[z2] s’est humilié lui-même

Ces paroles soulignent la manière dont le Christ a géré sur terre son statut de Dieu, son égalité avec Dieu. Il n’a pas profité de sa position divine, de sa puissance à son avantage.

Au contraire, il s’est humilié, il s’est dépouillé lui-même. (2.7-8)

Il n’a pas exploité son égalité avec Dieu pour lui-même.
Pour lui, être égal à Dieu ne signifiait pas tout prendre pour Lui-même, mais juste l’opposé – tout donner.

7 mais[z1] il s’est vidé/dépouillé lui-même,
en prenant la forme d’un esclave, c’est-à-dire, en naissant à l’image de l’être humain.
Et étant trouvé sous forme humaine, 8 il[z2] s’est humilié lui-même
en devenant obéissant jusqu’à la mort., même la mort sur une croix.

Paul fait ici un résumé des trois étapes de la vie du Christ.

Selon les critères du monde romain, c’est une succession d’humiliations, de dégradations du statut social, un parcours de la honte, de l’humiliation.

C’est l’opposé du cursus honorum, le parcours aux honneurs du monde romain. Ce parcours des honneurs permettait aux citoyens déjà riches (évidemment) d’accéder aux niveaux de plus en plus élevés de la magistrature publique, l’idéal de la réussite à cette époque.

Pour le Christ, au contraire, c’est le parcours de la honte, le mouvement descendant.
Du plus haut, l’égalité avec Dieu au plus bas  l’acceptation de l’humanité et du statut d’esclave, l’humiliation publique, la mort sur une croix, la dégradation totale.

D’abord le Christ préexistant en forme de Dieu s’est abaissé et s’est dépouillé dans l’incarnation. Pas comme homme riche et puissant mais comme pauvre avec les pauvres.

Lui qui était riche, il s’est fait pauvre à cause de vous 2 Corinthiens 8:9

Ensuite, Jésus homme a continué dans l’obéissance cette humiliation, cet abaissement jusqu’à la mort par crucifixion, la mort des criminels et des esclaves.

Il s’est vidé, il s’est dépouillé

Contrairement à la doctrine de la kénose (du verbe grec du v. 7 ekenosen il s’est vidé )  le Christ ne s’est pas dépouillé de sa divinité, il ne s’est pas dessaisi de la divinité, il ne l’a pas abandonnée. Mais il l’a tenue voilée pour un temps.

Il a toujours gardé la capacité d’exercer les attributs divins, les capacités divines dans ses miracles : calmer la tempête, guérir les malades, ressusciter les morts.

Mais jamais aucun miracle à son profit

Bien que fils de Dieu, non pas « je change les pierres en pain »  mais je continue dans l’obéissance à Dieu mon Père

Et surtout pas de miracle pour forcer la main à Dieu ou pour épater la galerie

Non pas « je me jette du haut du Temple parce que Dieu a promis de me protéger et que ça fera un effet impressionnant «  mais je continue dans l’obéissance à Dieu mon Père.

Et toujours sous la dépendance de Dieu son Père.

Dépouillé en forme d’esclave, jusqu’à la condition d’un esclave

Le Christ divin s’est vidé, il s’est dépouillé en devenant humain, en prenant la forme d’un  esclave (μορφὴν δούλου λαβών), alors qu’il existait en forme de Dieu (le même mot au v. 6 ἐν μορφῇ θεοῦ ὑπάρχων)

Paul ne dit pas que le Christ avait l’apparence extérieure d’un esclave, ni qu’il se déguisait en esclave. Il dit plutôt que le Christ a adopté la nature ou les attributs caractéristiques d’un esclave.

Être esclave dans l’Empire romain signifiait être complètement privé de tout droit.
Un esclave était un bien à acheter et à vendre.
L’esclavage privait une personne même du droit de disposer de sa propre vie.

Le Christ était comme un esclave, c’est à dire il s’est dépouillé de tous ses droits et de toutes ses garanties.

II. Parce que … Non pas … Mais : une révélation inattendue de la divinité

Une citation de Calvin : « l’humilité de la chair a couvert la majesté divine comme un rideau »

En fait, l’humiliation de l’incarnation et de la croix révèle la majesté divine, comme un voile transparent « Regardez ici pour voir la vraie divinité« , dit Paul

Oui, l’humilité du Christ révèle plutôt qu’elle ne cache sa divinité.

Mais cette révélation n’est pas facile à accepter en tant que telle, car elle est totalement inattendue de la part du Messie, de l’envoyé de Dieu.

Le Christ est de condition divine, vraiment divin, en forme de Dieu. (selon les traductions). On attendrait donc de sa part un certain comportement, correspondant à ce statut divin.

Mais il a renversé et déconstruit cette attente en se dépouillant et en s’humiliant.

C’est un comportement contraire aux critères et aux attentes habituels

Selon les critères humains habituels, quelqu’un en forme de Dieu, quelqu’un de divin ne consentirait jamais à s’incarner et surtout pas à se laisser crucifier.

L’empereur romain qui se fait appeler dieu se conduit, pense-t-on couramment, comme devrait se conduire un dieu du pouvoir et de la puissance.

Et à toutes les époques, le dieu du pouvoir et de la puissance n’est pas le Seigneur Dieu révélé en Jésus-Christ que cite Philippiens 2:6-11. C’est une idole.

Le dieu « normal » de la religion civile, de la religion liée au pouvoir politique combine patriotisme et pouvoir. « Gott mit uns » disaient dans les années 30 le régime nazi et ses supporters.

De nombreux dirigeants à travers les âges et dans le monde et en particulier dans l’Amérique du Nord et du Sud actuelles, ont fait appel à ce dieu de la religion civile pour asseoir leur pouvoir. On a fait de ce dieu du pouvoir militaire le conducteur des croisades du Moyen Age et d’aujourd’hui.

Et la population les a suivis en reniant ce qui fait la beauté et la force de la foi biblique. Que reste-t-il en effet de la foi et de la conduite de vie évangélique dans une telle déviation.
Le dieu de la puissance civile ou militaire n’est pas le dieu qui se révèle dans la croix de Jésus Christ. Et ces conceptions fausses et trompeuses de « puissance divine » n’ont rien à voir avec la majesté ou la sainteté du Dieu trinitaire manifestées dans la faiblesse de la croix… Le dieu civil est tout simplement une idole.

L’histoire du Christ est contre-intuitive

Alors, selon l’idée courante qu’on se fait de la divinité, de la puissance et des avantages sans limite qu’elle pourrait procurer, l’histoire du Christ est contre intuitive, à l’inverse de toute attente, anormale et apparemment absurde.

Le Christ aurait pu profiter de sa position divine. Il ne l’a pas fait.

Mais il s’est dépouillé, humilié. Il a agi selon son caractère. Il a montré qu’il était Dieu

Alors on peut dire aussi « parce que[x] non pas[y] mais[z] ».

Parce que il était Dieu, Jésus n’a pas fait ceci mais il a « fait cela : un comportement paradoxal, contre intuitif contraire à la tendance naturelle à la volonté de puissance.

Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu vas rétablir le Royaume pour Israël ? (Actes 1.6)
Évidemment un royaume terrestre avec de postes à pourvoir

Ordonne, lui disait un peu plus tôt la mère de Jacques et Jean, Ordonne que mes deux fils que voici s’assoient l’un à ta droite et l’autre à ta gauche dans ton royaume (Mt 20.22)

J’ai longtemps pensé que la mère demandait pour ses fils une place privilégiée au ciel, dans le royaume céleste. D’ailleurs, dans Marc, les fils demandent eux-mêmes. Ou alors ils y tiennent tellement qu’ils s’y prennent en deux fois.

En fait, il s’agit plutôt d’un poste de premier ministre ou de dignitaire bien en vue – à l’avis de beaucoup – dans un royaume bien terrestre. Le royaume d’Israël que le Messie guerrier devrait bien rétablir par les armes en chassant les Romains. Le jour des Rameaux, on y a cru, la foule s’est imaginée que c’était gagné. Raté. Ce n’était pas dans l’optique du Christ.

Mais plutôt : et juste après la demande

Jésus les appela et dit : Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles en seigneurs, et que les grands leur font sentir leur autorité. Il n’en sera pas de même parmi vous. Au contraire, quiconque veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur et quiconque veut être le premier parmi vous sera votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude. (Mt 20. 25-28)

Et Jésus a mis en application ce modèle de comportement pendant le dernier repas avec ses disciples. Il s’est mis à la place d’un esclave et il a lavé les pieds des disciples. Il a mis de côté ses vêtements, tout comme il avait mis de côté sa splendeur royale.

Paul applique ce modèle de comportement

Nous n’avons jamais cherché à être applaudis par les hommes, pas plus par vous que par d’autres, alors même qu’en tant qu’apôtres du Christ, nous aurions pu vous imposer notre autorité.
Au contraire, pendant que nous étions parmi vous, nous avons été pleins de tendresse. Comme une mère qui prend soin des enfants qu’elle nourrit, ainsi dans notre vive affection pour vous, nous aurions voulu, non seulement vous annoncer l’Évangile de Dieu, mais encore donner notre propre vie pour vous, tant vous nous étiez devenus chers. 1 Thessaloniciens 2, 6-8, Semeur

Paul donne d’autres exemples de sa liberté qu’il a choisi d’exprimer dans l’amour.

En tant qu’apôtre, il était libre, il avait le droit d’avoir une femme, le droit d’être payé pour son ministère, Mais il a librement choisi de ne pas exercer ces droits et pouvoirs mais plutôt de se donner et se dépenser librement pour le bien des autres. (D’après 1 Corinthiens 9)

Il a agi ainsi parce qu’il est un apôtre du Seigneur crucifié qui a aimé et s’est donné lui-même. Ainsi en renonçant à ses droits, Paul agit selon son caractère, et non en dehors de son caractère d’apôtre.

Une manière de suivre le Christ

Imitez-moi comme moi-même j’imite le Christ (1 Corinthiens 11,1).

Ce n’est pas une option, c’est un appel fait aux chrétiens à exercer leur véritable identité et leur véritable liberté de chrétien dans la conformité au Christ.

Il ne s’agit pas de nier son identité chrétienne ou son statut particulier dans la société ou dans l’Église, de les vider, de les mettre de côté. Il s’agit bien plutôt de les exercer comme un acte d’amour semblable à celui du Christ

Pour Paul, l’amour ne cherche pas son propre intérêt mais plutôt celui des autres (1 Corinthiens 13), C’est le sens principal de la conformité au Christ.

La liberté et l’identité chrétiennes se révèlent dans l’accomplissement du « non pas … mais »

La preuve qu’on possède vraiment le statut de chrétien, éventuellement de responsable, dans la société ou dans l’Église, c’est le refus de l’exploiter égoïstement, à son profit.

C’est une manière de l’exercer de manière si désintéressée qu’on semble avoir renoncé à ce statut, c’est à dire aux avantages qu’il pourrait procurer. Mais en fait, c’est une manière de l’exercer différente de l’habitude, de la normale,.

III. C’est pourquoi : l’exaltation du Christ par Dieu

9 C’est pourquoi Dieu l’a souverainement exalté et lui a attribué le titre[ou le nom] qui se trouve au-dessus de chaque titre[ou nom],
10 Et ainsi au nom de Jésus chaque genou doit fléchir, dans le ciel et sur terre
11 et toutes les langues doivent proclamer que Jésus Christ est Seigneur,
à la gloire de Dieu le Père.

La vraie divinité manifestée dans l’humilité et l’obéissance

Ce n’est pas à cause de son dépouillement et de son humiliation, volontairement choisis, que Dieu a justifié et exalté Jésus.

Plutôt Dieu a publiquement justifié et reconnu ce dépouillement, cette humiliation de Jésus comme la manifestation de la vraie divinité que Jésus avait déjà.

Ainsi le culte rendu par toutes les créatures à Jésus comme Seigneur (c’est-à-dire YHWH, le Dieu d’Israël) est parfaitement approprié.

La reconnaissance d’un comportement divin

L’exaltation, l’élévation de Jésus n’est pas la récompense divine pour son incarnation et sa mort en tant que serviteur de Dieu souffrant.

Mais Dieu reconnaît ainsi que le comportement de serviteur souffrant de Jésus est en fait un comportement vraiment « seigneurial », un comportement divin

L’humilité de Jésus : l’essence même de la divinité

Jésus ait fait preuve de l’humilité qui est l’essence même de la divinité. C’est la raison pour laquelle Dieu l’a tant élevé.

L’obéissance de Jésus démontre qu’il est vraiment le Fils de Dieu, l’image, le reflet et la gloire de Dieu. Contrairement à Adam, il n’exploite pas son statut de porteur de l’image de Dieu. Il ne se sert pas lui-même, mais il sert les autres, en accomplissant leur rachat du péché.

Dans sa conduite de serviteur souffrant et obéissant sur le modèle « bien que » ou « parce que » … «non pas » …. «mais » le Christ montre non seulement sa vraie divinité mais aussi sa vraie humanité.

Conclusion

Le Dieu contraire à toute imagination, hors de toute récupération, le Dieu qui s’est révélé en Christ dans le dépouillement, dans et par la croix, c’est l’Éternel qui se donne soi-même, c’est le Dieu du pouvoir dans la faiblesse. La croix, c’est la signature de l’Éternel.

Dans un monde comme le nôtre et celui de Paul, où le pouvoir se manifeste par l’affirmation de soi, la recherche du profit et la domination, le Christ révèle que la puissance de Dieu, en fait sa nature trinitaire est démontrée au monde par l’acte de se dépouiller soi-même. C’est la disposition fondamentale de la relation éternelle du Père, du Fils et de l’Esprit.

En tant que communauté chrétienne, notre but, notre manière d’être et d’agir devrait permettre à la vie et à l’Esprit de ce Dieu, d’affluer en nous et de demeurer en nous pour une vie conforme au projet de Dieu.
Mais jamais une recherche de puissance et d’avantages personnels selon une fausse conception de l’exercice du pouvoir.

C. Streng