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Revendication, non, repentance – Ézéchiel 33.21

Revendication, Non, plutôt repentance

Ézéchiel 33. 21-29

Terrible nouvelle : la chute de Jérusalem

Le 8 ou le 19 janvier 585 av. J.-C. , six mois après l’événement, un survivant du siège de Jérusalem arrive à Babylone.

Terrible nouvelle : Le temple est détruit, la ville est tombée aux mains de Nabuchodonosor le roi de Babylone.

Un tournant important dans la carrière prophétique d’Ézéchiel

La chute de Jérusalem marque un tournant important dans la carrière prophétique d’Ézéchiel.

Il a d’abord été le guetteur qui avertit, menace, condamne (jusqu’à 33.20). A partir de maintenant (v. 21) il inaugure une nouvelle période où un message d’espérance nationale est possible.

Mais les conditions pour comprendre, pour saisir ce message d’espoir, pour se l’approprier, sont-elles réunies ?

Au moment où la nouvelle de la prise de Jérusalem lui parvient, Ézéchiel, qui avait été muet pendant environ deux ans, est à nouveau capable de parler.

Son mutisme lui avait été annoncé au début de son appel

26 Je collerai ta langue à ton palais, pour que tu sois muet et que tu ne puisses pas les reprendre – car c’est une maison rebelle. 27 Mais quand je te parlerai, j’ouvrirai ta bouche, pour que tu leur dises : Ainsi parle le Seigneur DIEU. Que celui qui écoute, écoute, et que celui qui ne prend pas garde, ne prenne pas garde – car c’est une maison rebelle. 3.26-27.

Ce mutisme correspond aux deux années du siège de Jérusalem. Il empêchait Ézéchiel de communiquer avec les Juifs déjà déportés à Babylone. Pendant ce temps, ses prophéties sont dirigées contre les nations étrangères

Le prophète est enfin justifié : il avait raison. Ses messages de malheur se révèlent vrais. Il aurait pu s’attendre à la repentance de ceux qui sont restés en Juda et à l’obéissance parmi les Juifs en exil en Babylonie

21 Le cinquième jour du dixième mois de la onzième année de notre captivité, un rescapé de Jérusalem arriva vers moi pour m’annoncer que la ville était tombée.

22 Or, le soir précédant son arrivée, la main de l’Éternel s’était posée sur moi et le Seigneur m’avait rendu la parole avant que ce fugitif vienne vers moi le matin. Il m’avait ouvert la bouche de sorte que mon mutisme avait cessé.

23 Et l’Éternel m’adressa la parole en ces termes :
24 – Fils d’homme, ceux qui habitent au milieu de ces ruines amoncelées sur la terre d’Israël parlent ainsi : « Abraham était tout seul lorsqu’il a reçu la possession du pays, mais nous, nous sommes nombreux, et le pays nous a été donné en possession. »

25 Réponds-leur donc : « Voici ce que le Seigneur, l’Éternel, déclare : Vous mangez de la viande avec le sang vous levez les yeux vers vos idoles, vous versez le sang, et vous posséderiez le pays ! 26 Vous vous fiez à votre épée, vous avez commis des actes abominables, chacun de vous déshonore la femme de son prochain, et vous posséderiez le pays ?

27 Voici ce que tu leur diras : Le Seigneur, l’Éternel, déclare : Aussi vrai que je suis vivant, ceux qui sont parmi les ruines périront par l’épée, et ceux qui sont dans la campagne seront livrés en pâture aux bêtes sauvages, et ceux qui se seront réfugiés dans les rochers et dans les cavernes mourront de la peste.

28 Je transformerai le pays en une terre dévastée et déserte. Je mettrai fin à sa puissance dont il s’enorgueillit, et les montagnes d’Israël seront si dévastées que personne n’y passera plus. 29 Alors ils reconnaîtront que je suis l’Éternel, quand j’aurai réduit le pays en une terre dévastée et déserte, à cause de tous les actes abominables qu’ils ont commis. »

Vous revendiquez ! Vous auriez mieux fait de vous repentir

L’arrivée du messager annonçant la chute de Jérusalem soulève la question de la possession de la terre d’Israël.

L’armée babylonienne avait détruit des villes et des villages importants dans tout le pays. Le pouvoir de Babylone avait aussi déporté en Babylonie des milliers de Judéens, plusieurs années déjà avant la chute définitive de la ville en 587 ou 586.

Alors pour les juifs restés sur place, dans une situation désespérée, se pose la question de la propriété de la terre, cette terre que Dieu avait donnée à son peuple en faisant alliance avec Abraham (Genèse 12.2, 7)

Après la chute de Jérusalem, les survivants juifs qui sont encore là supposent que leur présence est le signe que Dieu les approuve.

La loi du nombre

Et ils font le parallèle avec Abraham : puisque Dieu a donné la terre à Abraham, à une seule personne, il va certainement la leur donner à eux qui sont nombreux.

Abraham était tout seul lorsqu’il a reçu la possession du pays, mais nous, nous sommes nombreux, et le pays nous a été donné en possession. v. 24

Bien sûr, ils ont été vaincus, disent-ils. Bien sûr, les combats les ont décimés. Mais ils sont plus nombreux qu’Abraham. Lui, il était seul, quand il habitait dans le pays. Eux, ils pourraient rassembler 1000 ou même 2000 hommes pour reprendre la conquête du pays.

Nous, nous sommes nombreux, et le pays nous a été donné en possession

A la base de leur revendication, deux motifs :

– L’un est juste et reconnu dans la Loi de Moïse : les enfants héritent naturellement des biens de leur père.
– L’autre n’est qu’un calcul humain : le nombre multiplie les droits.
Plus on est nombreux, plus on peut prétendre à exiger quelque chose, à réclamer un avantage. Si Abraham avait un droit sur la terre, une nation entière de ses descendants devrait avoir d’autant plus ce droit.

Une erreur évidente. Il manque un élément essentiel, Dieu

C’est Dieu qui valide ou non le droit d’obtenir ou non quelque chose, un avantage, une bénédiction par exemple. Et cela ne dépend pas du nombre mais de la relation de chacun avec Dieu, du comportement qu’on choisit de suivre.

Abraham a montré sa confiance à Dieu en obéissant à son appel.

Abraham à qui Dieu dit :

Va-t’en de ton pays, du lieu de tes origines et de la maison de ton père, vers le pays que je te montrerai. 2Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une bénédiction (Genèse 12.2)

Abram partit, comme le SEIGNEUR le lui avait dit (v.4)

Alors Dieu et toutes ses bénédictions l’ont accompagné pendant toute sa vie.

Abraham a ainsi rendu possible la réalisation de la promesse. Et tout au long de sa vie, il a continué à faire confiance à Dieu, comme le montrent les exemples cités dans Genèse (17, 4-8 ; 18, 19 ; 22, 15-19)

Une autre erreur : oubli complet des exigences de l’alliance de Dieu avec Abraham et ses descendants

Dieu leur donne la terre

Ce jour-là, le Seigneur conclut une alliance avec Abram. Il lui dit : « A tes descendants je donne ce pays, Genèse 15.18

Ils doivent respecter l’alliance

Dieu dit à Abraham : Toi, tu garderas mon alliance, toi et ta descendance après toi, dans toutes ses générations. Genèse 17.9

En fait c’est Dieu le propriétaire et eux les gérants. Ils auront à rendre des comptes. Ils ont le droit de vivre dans le pays sous condition d’obéissance et de fidélité, sinon

Mais si vous contrariez le SEIGNEUR, ton Dieu, en faisant ce qui lui déplaît 26 – j’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre – vous disparaîtrez bien vite du pays dont vous allez prendre possession après avoir passé le Jourdain ; vous n’y prolongerez pas vos jours : vous serez détruits.

27 Le SEIGNEUR vous dispersera parmi les peuples, et vous ne resterez qu’un petit nombre d’hommes parmi les nations où le SEIGNEUR vous emmènera. Deutéronome 4.26-27

Et encore

Le SEIGNEUR te dispersera parmi tous les peuples, d’une extrémité de la terre à l’autre Dt 28.64

Qu’en est-il de ces survivants restés en Judée ?

Ils ont pu rester dans leur pays.  Alors ils revendiquent la propriété d’une terre, d’un pays en train de leur échapper.

Leur arrogance, leur certitude d’avoir raison les empêche de se repentir.

Et ils ne se posent même pas la question de savoir pourquoi la terre qu’ils réclament leur a été arrachée ? Pas un mot, pas un rappel des paroles de l’alliance. On préfère ne plus se souvenir de ce que Dieu a dit à propos de la terre et des conditions pour y vivre.

Alors le prophète leur répond par un acte d’accusation

Une accusation d’idolâtrie – manger la viande avec le sang, une manière de s’approprier la force de l’animal, une pratique païenne.

Une accusation d’immoralité et d’adultère. Une conduite qui les rabaisse au niveau des nations païennes que Dieu avait chassées pour qu’ils puissent posséder la terre promise

Vous obéirez à toutes mes ordonnances et à toutes mes lois et vous les appliquerez. Ainsi le pays où je vous mène pour que vous vous y installiez ne vous vomira pas.

23 Vous ne suivrez pas les coutumes des nations que je vais chasser devant vous ; car c’est parce qu’elles ont commis toutes ces actions que je les ai prises en aversion. Lévitique 20.22-23

L’obéissance aux commandements de Dieu (44 fois dans le Deutéronome), c’est la condition indispensable pour posséder et pour garder le pays

L’accusation la plus surprenante : se confier dans leurs épées, dans la force des armes (26)

Ézéchiel fait probablement allusion à l’insurrection contre le gouvernement mis en place par Babylone, en particulier à l’assassinat du gouverneur Guedalia (Jérémie 41). D’où la condamnation par le prophète.

Pour Ézéchiel comme aussi pour Jérémie, son contemporain,  Babylone est le bras armé, l’épée du Seigneur. Dieu a désigné Babylone pour détruire et soumettre Juda. Résister à Babylone, c’est donc résister à Dieu. (21. 1-17).

Un raisonnement difficile à admettre. Même après de nombreuses explications et avertissements, Jérémie s’est fait traiter de traître et de collabo à cause de cela.

Ensuite Ézéchiel prononce le verdict

Ce n’est pas parce qu’ils ont été laissés dans le pays qu’ils échapperont au jugement.
Par le prophète, Dieu les avertit. Eux aussi seront attaqués, détruits par l’épée, les bêtes sauvages et la peste v. 27-28).

Ces instruments du jugement divin rappellent Lévitique 26.22, 25 et la destruction de 28a évoque Lévitique 26.19a, 33b

Je vous disséminerai parmi les nations et je tirerai l’épée derrière vous.
Votre pays sera dévasté, et vos villes seront en ruine.

Contre leur orgueil le pays nous a été donné en possession Dieu annonce son jugement : « les montagnes d’Israël seront dévastées, personne n’y passera ».

Si les gens ne cherchent pas à « connaître » Dieu par la repentance et la foi, ils finiront par le « connaître » dans le jugement (v. 29 ; Ap 6, 13-17).

Dieu n’a pas de petits enfants

Pas de bénédiction automatique par ancêtre interposé, serait-ce Abraham lui-même ou tout aïeul prestigieux.

Pas de droit automatique à être propriétaire du pays. Dieu l’a accordé par grâce à son peuple, à la condition qu’il soit et reste fidèle.

Si la condition n’est plus remplie, ce droit est retiré. Alors s’ensuivent invasions, destructions, exil.

Pas de filiation spirituelle automatique

Dieu est capable de faire naître des enfants à Abraham à partir des pierres du désert (Matthieu 3.9)

Tous ceux qui sont de la descendance d’Israël ne peuvent être considérés comme le véritable Israël de Dieu (Paul dans Romains 9.6)

Et le plus terrible : la filiation diabolique qui rend aveugle

Les Juifs se vantaient devant Jésus de descendre d’Abraham (Jean 8.33 et 39) et, comble de l’inconscience, de n’être esclaves de personne. Justement dans les années où l’Empire romain occupait le pays et faisait sentir son oppression.

Jésus leur répond : vous avez pour père le diable  Jean 8.44

Vous prétendez avoir Abraham pour père Et vous en êtes assez fiers. Mais tout dans votre comportement montre qui, en fait, tire les ficelles.

Ils sont incapables de comprendre la vérité de Dieu enseignée par le Christ. C’est directement lié au fait qu’ils appartiennent à l’ennemi.

Encore plus terrible : c’est la condition naturelle des non croyants

En fait, les disciples de Jésus,  les chrétiens à travers les siècles,  nous aussi avant la conversion,  tous ont fait partie du monde déchu et rebelle. Jusqu’à ce que Jésus les choisisse du milieu du monde Jean 15.19.

Quelques pistes de réflexion

La justification, le salut, c’est personnel. Ni héréditaire ni automatique du fait de la tradition.

On peut hériter des biens de ses parents, on ne peut hériter de leur foi.

Une idée insensée des Juifs. La faveur, la bénédiction que Dieu leur accordait en tant que nation leur serait garantie pour toujours,  quoi qu’ils fassent

Leur devise : « jadis justes, toujours justes, malgré nos actions condamnées par Dieu »

Ce respect de la piété traditionnelle, en fait celle des autres, des parents ou grands-parents est profondément ancrée dans la pensée de certaines personnes.

La foi, ce n’est pas un ajout

Certaines personnes ajoutent la religion à leur liste de valeurs. C’est juste un plus, pas plus.
Des millions de personnes se prévalent d’appartenir à un système religieux. Un système qui leur promet un pardon collectif, à condition de rester dans le système, à condition de suivre certains rites.

Les vrais croyants sont attirés par le Père

Personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ; et moi, je le relèverai au dernier jour. Jean 6:44

Ils sont donnés au Fils

Tout ce que le Père me donne viendra à moi ; et celui qui vient à moi, je ne le chasserai jamais dehors. Jean 6:37

Ils sont enseignés par Dieu

Il est écrit dans les Prophètes : Ils seront tous instruits de Dieu. Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. Jean 6:45

Ils sont choisis par Jésus.

N’est-ce pas moi qui vous ai choisis Jean 6:70

La justification, le salut prend racine dans une repentance sincère

La repentance, ça commence quand on voit Dieu avec un cœur droit et honnête.

C’est un changement de cap, de direction. Alors nous nous voyons dans notre réalité

Non beaux et sympathiques,  comme nous aimerions l’être sans y parvenir

Mais pécheurs et souillés devant Dieu. Et mendiants de sa grâce et de sa compassion. Il nous accorde son salut grâce au sacrifice de Jésus, son fils unique à la croix

La foi, c’est un choix qui engage

Dieu pose devant chacun un choix déterminant, celui de la vie ou de la mort.
Moïse dans Deutéronome 30 : Choisis la vie !
La foi, c’est une relation qui me définit,  une relation de fidélité envers Dieu, une relation d’amour pour le Christ et pour les autres.

Un choix qui engage dans la durée

Et même la piété de la conversion Si la foi et l’amour sont par la suite inactifs, morts, elle ne sert plus à rien.

La seule foi que Dieu accepte,  c’est une foi vivante, une obéissance active du moment présent. Et si la foi et l’amour des débuts se sont évaporés,  il est évident que ce n’était pas du solide, de l’authentique.

La foi se prouve par la mise en pratique de la Parole

La foi, c’est beaucoup plus que l’adhésion à un système de valeurs,  même validé par des ancêtres qui ont souffert pour le défendre.

La foi dépasse infiniment la connaissance même des principes bibliques. La foi existe véritablement, seulement si elle est testée,  si elle est mise à l’épreuve par une mise en pratique de la Parole.

22 Mettez la Parole en pratique ; ne vous contentez pas de l’écouter, en vous abusant vous-mêmes.

23 En effet, si quelqu’un écoute la Parole et ne la met pas en pratique, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel 24 et qui, après s’être regardé, s’en va et oublie aussitôt comment il était. (Jacques 1.22-24)

La foi est un choix personnel.

On ne peut transformer en masse une foule d’incroyants en croyants
Chacun doit rechercher la grâce et le pardon de Dieu pour soi.

Si quelqu’un parmi nous veut demander à Dieu son pardon, s’il veut placer sa vie sous son autorité, il peut le faire tout simplement à sa place. Et s’il en éprouve le besoin, il peut parler à un des responsables.

C’est à chaque génération de refaire le choix de s’attacher à Dieu Et de continuer dans la foi et l’obéissance. C’est la condition indispensable pour espérer obtenir sa bénédiction. Et beaucoup parmi nous, nous l’avons recherchée Et Dieu nous l’a accordée à chacun.

Alors, c’est notre responsabilité, à chacun de nous de continuer à nous attacher à Dieu Donnons à nos enfants l’exemple pour que, le moment venu, Ils fassent aussi chacun le choix de la fidélité.

C. Streng

Le veilleur – Ézéchiel 33.1-21

Le veilleur : Introduction et bref survol historique

Ézéchiel est probablement né en 623 avt. J. C. Il a vécu pendant une des plus grandes crises de lhistoire d’Israël la destruction de Jérusalem et du Temple et l’exil à Babylone.

Le grand royaume de David/Salomon a été divisé vers 930. Le royaume du Nord a disparu en 722 absorbé par l’Assyrie. Une grande partie de sa population est déportée en Assyrie (Ninive).

Le royaume du sud, avec Jérusalem subsistera une centaine d’années sous influence assyrienne puis babylonienne

Ses trois derniers rois, des personnages catastrophiques, précipitent le pays dans la ruine : la chute de Jérusalem et la destruction du Temple en 587/586. (voir la fin du livre des Rois)

Avant cette chute finale, deux sièges successifs de Jérusalem, accompagnés de déportations, vers la Babylonie, la superpuissance qui a évincé l’Assyrie en 612.
Au 1e siège de Jérusalem en 605, Daniel le prophète fait partie des déportés… Au 2e siège, en 597, c’est Ézéchiel.

Les chapitres 1-32 du livre annoncent le jugement
Les chapitres 33-48 promettent la restauration

Jérémie prophétise aux Juifs qui habitent encore Jérusalem.
Dans le même temps, Ézéchiel adresse ses prophéties aux Juifs déjà exilés à Babylone.
Son message tourne autour de l’événement central, la prise de Jérusalem par le roi Nabuchodonosor qui aura lieu en 586.

Avant l’annonce de la chute de Jérusalem, le prophète Ezéchiel, à Babylone, a mis l’accent sur le jugement des péchés.

Ézéchiel 33. 1-21  Pour lire le texte, cliquez sur la Bible dans la colonne de droite : Lisez la Bible sur Internet 

1. Le veilleur et son message

La prophétie du chapitre 33 résume le message du prophète dans la première partie du livre.

Les v. 1-9 reprennent presque dans les mêmes termes la thématique du ch 3.16-21 : Dieu a donné à Ézéchiel l’ordre d’être un veilleur
Les v. 10-20 rappellent de même l’enseignement du ch 18:1- 32 : le sermon d’Ézéchiel sur la responsabilité et la repentance

Dieu ordonne à Ézéchiel de s’adresser à ses contemporains

Fils d’homme // homme, parle aux gens de ton peuple, à tes compatriotes.

Il attire l’attention de l’auditeur, du lecteur, par un énoncé théorique sur les responsabilités d’un guetteur, d’une sentinelle avec les expressions « supposez, … si »

« Supposez, telle ou telle situation, une attaque ennemie par exemple
Si un homme donne l’alarme au son du cor. Le veilleur, le guetteur, la sentinelle fait son devoir.

Que ceux qui entendent l’alerte agissent en conséquence : se mettre à l’abri, fuir ou prendre toute décision qui sauve leur vie et celle des autres.
Si on ne fait rien, on ne pourra s’en prendre qu’à soi-même.

Mais si le veilleur ne donne pas l’alarme, ne sonne pas de la trompette, ne fait pas son devoir, c’est lui le responsable des malheurs qui suivront.

Si, en temps de guerre, la sentinelle désignée par les autorités de la ville voit l’ennemi s’approcher, s’il avertit les habitants par le son du cor, et que les habitants ne prennent pas les mesures appropriées, ils sont les seuls responsables des conséquences (probablement fatales).

Si, en revanche, la sentinelle n’avertit pas, elle est responsable des conséquences.

Un groupe d’experts en sismographie a détecté une activité inhabituelle dans des plaques sous marines. Il y a risque de tremblement de terre, de tsunami. Leur rôle est d’avertir les autorités des pays concernés pour qu’elles prennent les mesures indispensables et les transmettent. Le rôle des habitants, c’est de se conformer aux ordres communiqués pour sauver leur vie.

On a toutes sortes d’exemples de ce type, du plus spectaculaire au plus banal. On nous a appris des attitudes, des gestes parfois simples, habituels qui préservent la santé ou la vie. Le panneau stop, c’est le guetteur qui avertit : arrête-toi et regarde avant de traverser.

2. Le veilleur prophète et la prophétie

Le prophète avertit ses compatriotes pour qu’ils prennent conscience de leur responsabilité. Ici, c’est bien lui, Ézéchiel, la sentinelle, le veilleur que Dieu a posté pour avertir la communauté d’Israël

v. 7 Tu écouteras la parole qui sort de ma bouche et tu les avertiras de ma part .

C’est exactement ça le ministère de prophète : tu les avertiras de ma part : avertir de la part de Dieu.

A l’arrière-plan, à la base du ministère de prophète, il y a toujours un appel de Dieu, des directives précises de Dieu.

L’ordre de faire passer un message doit venir de Dieu, pas de son initiative  à soi … ou de son envie personnelle.
Le message communiqué doit venir de Dieu, de sa parole déjà connue dans la Bible, pas de son imagination ou de ses impressions ou des influences reçues ici et là sans contrôle.

C’est exactement ça le ministère de la prophétie : Tu écouteras la parole qui sort de ma bouche. Écouter la parole de Dieu et la faire passer plus loin.

Le ministère de la prophétie, n’est ce pas tout simplement annoncer la parole de Dieu en la rendant compréhensible, accessible à ceux qui écoutent.

Faisons bien attention en lisant les prophètes de l’Ancien Testament.

Les annonces prophétiques, y compris celles qui annoncent l’avenir sont simplement la conséquence évidente de paroles déjà connues  et plusieurs fois rappelées avec insistance selon le schéma qu’on peut tirer de Deutéronome 28.

« Si tu fais bien,  il t’arrivera ceci ou cela de bien. Si tu fais mal  (si tu t’éloignes de Dieu, si tu pratiques l’idolâtrie par exemple), il t‘arrivera ceci ou cela de mal. Et si tu changes d’attitude,  si tu regrettes le mal que tu as fait, il t’arrivera à nouveau ceci ou cela de bien.

a. La prophétie ? Pourvu qu’elle ne nous dérange pas !

Jérémie, contemporain d’Ezéchiel, donne dans ses prophéties un dernier avertissement au roi et à la population encore en sursis à Jérusalem  :
vous avez dépassé les limites, les freins ont lâché,  le dernier tournant avant le précipice est là,  tout juste devant vous.

Une synthèse dans les grandes lignes :

En ce temps de fin annoncée du Royaume du sud, après le siège de Jérusalem de 597 et ce qui vous attend,  vous, oui vous, qui êtes encore en sursis à Jérusalem,  regardez le roi Nabuchdonosor qui avance avec son armée.

Et ne vous étonnez pas.
La destruction du Temple, la ruine de la ville, l’exil à Babylone ne sont plus évitables.

Même si vous criez : le Temple nous protège,  le Temple nous protège (Jérémie 7)

Pourquoi ?
Vos rois n’ont aucun respect de la parole donnée et font de la magouille politique. Vos dirigeants politiques et religieux pratiquent l’idolâtrie sur le toit en terrasse du Temple. Et vous, gens du peuple, vous la pratiquez avec vos amulettes dans vos maisons, tout en prétendant servir Dieu.

Vos rois aiment les prophètes de cour qui les flattent. Et ils persécutent ceux qui osent leur dire la vérité. Et vous,  vous aimez bien crier avec les loups.

b. La prophétie ? Elle s’est réalisée, contre nous. Mais tout peut encore changer

Dans ce même temps, Ézéchiel est à Babylone avec les exilés,  ces exilés juifs qui vivent maintenant chaque jour les conséquences du jugement de Dieu sur leurs fautes.  Loin de leur patrie,  loin de leur Temple.

Aux v. 8 et 9, Ézéchiel explique. Le guetteur qui avertissait du danger, c’est lui, le prophète. …

Il prévient le méchant du risque de mort à cause de sa mauvaise conduite.

Il ne faut pas prendre méchant au sens moderne. Le méchant, au sens biblique, c’est la personne qui vit sa vie sans Dieu, sans s’occuper de Dieu.

Dieu lance au peuple d’Israël exilé à Babylone un appel fervent à la repentance. Pas à une communauté certaine de son innocence mais à une communauté plongée dans la culpabilité et le désespoir

Comment pourrions-nous vivre puisque nos rébellions et nos fautes pèsent sur nous et que nous dépérissons à cause d’elles ? v 10

Leur réaction aux paroles d’Ézéchiel est un tournant indispensable.

Contrairement aux Juifs encore à Jérusalem, eux, ils ne se font plus d’illusions. Ils sont en plein en train de vivre,  dans l’exil à Babylone, les conséquences de leur péché

Mais il faut aller plus loin, cesser de répéter,  de ressasser l’échec. Il faut sortir activement de la situation bloquée : abandonner, se détourner  pour avancer.

Aussi vrai que je suis vivant, le Seigneur, l’Éternel, le déclare, je ne prends aucun plaisir à la mort du méchant, je désire qu’il abandonne sa conduite et qu’il vive. Détournez-vous, détournez-vous donc de votre mauvaise conduite ! Pourquoi devriez-vous mourir, gens d’Israël ? » v 11

Reconnaître ses fautes, se repentir de ses péchés, c’est un préalable au pardon de Dieu qui libère.

Avec comme conséquences un changement de situation, … de la mort à la vie, … de la perdition au salut, … de l’éloignement de Dieu à la proximité, à la communion avec Dieu

Ézéchiel le précise dans les v 12-20

Ni le caractère des parents, ni même un comportement qu’on a eu plus tôt dans sa vie ne détermine le destin. La personne qui pèche meurt, ce ne sont pas ses enfants ou ses parents. La personne qui se repent et obéit vit, ce ne sont pas ses parents ou ses enfants.

D’où des expressions inadmissibles parfois entendues dans des familles…
Celui-ci, c’est tout l’oncle X, un fainéant, un bon à rien.
Celle-là, c’est le sale caractère de la tante Y

La responsabilité morale ne s’entasse pas d’une génération à l’autre. La génération précédente n’a pas le droit d’accumuler la culpabilité sur les épaules de la génération actuelle.

Dieu insiste sur l’espérance. C’est la conséquence de la repentance avec son pouvoir de libérer, de rendre nouveau. Dieu veut que son peuple vive.

Le prophète met en évidence leurs péchés, pas pour enfermer dans la fatalité = ‘de toute façon il n’y a plus rien à faire pour moi ‘. Mais pour montrer qu’on peut se repentir et avancer selon la volonté de Dieu.

Pour motiver une repentance bien comprise, Ezéchiel clarifie les conséquences qui ne manqueront pas d’arriver.

Négatives pour celui qui rejette les indications de Dieu, s’obstine dans la mauvaise direction.

Quand bien même j’aurais dit au juste qu’il vivrait, si, fort de sa droiture, il se met à commettre le mal, on ne tiendra plus compte de toute sa droiture et il mourra à cause du mal qu’il aura commis. V. 13

Positives pour celui qui se repent, … change de comportement … et se tourne vers Dieu

Et quand bien même j’aurais dit au méchant : « Tu vas mourir », s’il abandonne ses fautes et fait ce qui est droit et juste, il vivra. V. 14

Repentance et vie nouvelle

Le passé et le présent ne vont pas automatiquement déterminer mon avenir, votre avenir. C’est ma décision, votre décision maintenant, dans un sens ou dans l’autre.

La repentance suivie d’une conduite nouvelle n’est pas un vœu pieux, une simple petite affaire entre Dieu et moi. Elle implique souvent des actes pratiques, en relation avec les autres, selon les exemples des v. 15 et 16.
Faire ce qui est droit et juste, restituer le gage exigé, rendre ce qu’on a volé, se conformer aux commandements.

S’il restitue le gage qu’il a exigé et rend ce qu’il a volé, s’il se conforme aux commandements qui font obtenir la vie et cesse de faire le mal, certainement, il vivra ; il ne mourra pas.On ne tiendra plus compte de tous les péchés qu’il a commis ; puisqu’il a fait ce qui est droit et juste, il vivra.

Restituer le gage exigé ? Cela ne nous dit sans doute pas grand-chose aujourd’hui.
Dans l’Israël d’autrefois, c’était une des bases du système économique. Et la loi l’encadrait pour éviter les abus.

Le gage, c’était l’objet que le pauvre mettait en dépôt chez le riche pour garantir que le pauvre lui rendrait l’argent ou l’objet emprunté.

Donc d’après la loi, le vêtement de dessus du pauvre qui servait de couverture,  un objet de première nécessité  devait être rendu le soir même.

Et il était interdit d’emporter les deux meules ou la meule de dessus qu’on frottait sur celle de dessous pour écraser le grain. Cela signifiait priver de la nourriture de base. On ne pouvait jamais dépouiller totalement quelqu’un, en principe.

Mais des abus ont eu lieu, tout simplement.
Et à la fin des deux royaumes, aussi bien du Nord que du Sud, d’immenses propriétés terriennes accumulées, des richesses, du luxe,  l’ivoire de Samarie par exemple.
Avec la misère grandissante des ouvriers agricoles pas ou mal payés.
Une situation qui se fixera pour des siècles…

Jacques dans le Nouveau Testament :

Il crie, le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont moissonné vos champs  Jacques 5.4

Des champs récupérés pour rien ou à bas prix sur des gens réduits à une subsistance minimale.

Alors Zachée  ? (Luc 19.1-10)

Il avait le droit de percevoir l’impôt pour le pouvoir romain occupant. Il avait le droit aussi de se verser à lui-même un salaire confortable et même plus.
Alors, quand il se sait accepté et aimé par Jésus, il modifie radicalement ses pratiques commerciales.

A partir de maintenant,  je donne la moitié de mes biens aux pauvres. Et je rembourse 4 fois ce que j’ai trop perçu.

Un cœur changé par la repentance, un monde économique transformé

Oui, mais moi, je ne vole pas !

Alors regarde bien si tu n’as pas laissé trainer au milieu du désordre un livre que tu aurais dû rendre depuis des semaines à la bibliothèque de la commune…

Et voici qu’arrive le rescapé de Jérusalem avec son message :

Jérusalem est tombée. (v . 21)

La boucle est bouclée.

Alors le message du prophète devient désormais une promesse d’espoir et de restauration.

Dieu lui-même sera le berger de son peuple et c’est lui qui le conduira (ch 34). Il donnera un nouveau cœur et un nouvel esprit qui rendront capable d’être fidèle et d’éviter le jugement. Le Christ de Jean 10, c’est ce bon berger qui donne sa vie pour que ses brebis puissent recevoir une vie nouvelle

Quelques remarques de conclusion

Pour être un veilleur, même occasionnel, il ne suffit pas de sonner de la trompette prophétique et d’annoncer comme Jonas « Encore 40 jours et Ninive sera détruite » Il faut l’art et la manière de susciter l’intérêt sans repousser.

Un contre exemple entendu un jour
Pendant un congrès annuel d’étudiants chrétiens, deux ou trois étudiants discutaient :

Tels ou tels étudiants chrétiens de notre connaissance ont vu passer une étudiante sur le campus
« Tu es une pécheresse, repens toi et tourne-toi vers le Christ »

Un travail de veilleur ? de l’évangélisation ? Non, une bourde monumentale.
Dans un contexte social français, d’origine catholique, « pécheresse » cela veut dire « prostituée ». C’est Marie Madeleine, la Marie de Magdala des Evangiles qu’on a affublée de ce rôle de prostituée.
Autant dire que le contact sera pratiquement impossible à rétablir après cette insulte

Donc d’abord faire connaissance, gagner la confiance, amener la personne à reconnaître sa situation, à l’évaluer à sa juste mesure. Expliquer ce qu’est en fait le péché, comment, en quoi il sépare de Dieu.

S’il s’agit d’inconduite ou d’alcoolisme par exemple, cela se verra vite et probablement facilement. Plus que si on s’est imaginé que ça n’avait guère ou pas d’importance. Ou que personne ne le voyait. Ou que ça ne gênait pas grand monde

Les petites tricheries quotidiennes, … les approximations avec la vérité, … le mépris des autres dissimulé derrière une façade aimable. Bref, les péchés qu’on croit bénins, sans grande conséquence, les péchés qui ne nous gênent pas, bien dissimulés au fond du cœur

Il faudra sans doute du temps, pas mal de temps pour amener la personne à prendre conscience, par elle-même de sa situation réelle et exacte devant Dieu.

Cela ne se fera ni par formules toutes faites, ni par boutades  mais par l’accompagnement patient et la prière.

C’est Dieu qui débusque, par son Esprit, le péché caché et le confronte à la lumière de la vérité biblique et à l’amour du Christ rédempteur … pour qu’il y ait repentance et vie nouvelle.

C. Streng

Une vie qui honore Dieu – par le Saint Esprit

Il est impossible de vivre une vie qui honore Dieu, personnellement, dans la famille, la société ou l’Eglise, sans la présence et sans  l’action du Saint-Esprit

C’est une constante tout au long de la Bible. L’Esprit  donne aux héros de la foi,  et aussi à des personnages moins visibles, moins connus de  l’Ancien et  du  Nouveau Testament  une relation vivante, forte et personnelle avec Dieu. Cette relation se répercute dans toute leur existence. Il en est de même  tous ceux et celles qui, à toute époque, vivent une vie chrétienne véritable.

Quand des membres du peuple d’Israel, éloignés de Dieu, ont répondu à son appel à revenir à lui, c’est le Saint-Esprit qui est intervenu. 

Que le méchant abandonne sa voie, et l’homme d’iniquité ses pensées; qu’il retourne à l’Éternel, qui aura pitié de lui, à notre Dieu, qui ne se lasse pas de pardonner (Esaie 55.7)

C’est lui qui a écrit la loi de Dieu dans leur cœur (Jérémie 31.33). C’est lui qui leur a donné un esprit nouveau (Ezéchiel 11.19)

Quand quelqu’un se repent de son péché et se tourne vers le Seigneur pour lui confier sa vie, une vie qui honore Dieu, c’est parce que le Saint-Esprit agit.

Il fait de lui un personne renouvelée, il crée l’ homme  nouveau conforme à la pensée de Dieu et capable de mener la vie juste et sainte que produit la vérité. (Eph 4.24)

Pour être véritable, la conversion doit toujours coïncider avec une action du Saint-Esprit, qui s’exerce dans le domaine de la grâce, recréant une nouvelle vie dans une nature ancienne et dégradée. A Kuyper  dans son livre « l’oeuvre du St Esprit dans l’AT »

Nouvelle création, renouvellement des cœurs ? , pas seulement.

L’œuvre de l’Esprit ne commence pas avec la régénération de l’individu. Elle touche toute créature et commence à agir dès la création (Kuyper)

Le Saint-Esprit , la 3e personne de la Trinité, est intervenu dans la création du monde (Genèse 1). Il  reste toujours actif dans sa protection et son maintien en existence/ sa pérennité. (v)

C’est lui qui met dans le cœur d’Abraham une confiance ferme et inébranlable que Dieu lui accordera le fils promis. Ce fils sera l’ancêtre d’un peuple nombreux destiné à être en bénédiction  aux nations du monde (v)

C’est lui qui organise Israel en nation à  son service après l’avoir fait passer par les étapes de la mort puis de la délivrance : celle d’Isaac à Morijah, celle de Joseph en Égypte, celle des Hébreux en détresse avant leur sortie d’Egypte.

La présence de l’Esprit dans tout le peuple de Dieu, Moïse l’avait souhaitée dans sa prière prophétique de Nombres 11.29. Il demandait alors à Dieu des collaborateurs capables de le décharger d’une partie de sa tâche de conducteur du peuple à travers le désert, vers la terre promise

Les prophètes comme Ésaïe, Ezéchiel et Joël attendaient une effusion de l’Esprit qui accomplisse le salut dans toute sa plénitude[1].

Cette action de l’Esprit va se manifester en ouvrant  toutes les possibilités  Mais on est averti aussi  des dérives possibles.

Joel par la prophétie et les visions annonce un temps où  l’Esprit sera répandu sur tous les peuples

Mais Michée par l’esprit de puissance dénonce les contrefaçons dans l’exercice de la prophétie et il en appelle à la justice.

Dans le récit des Actes, l’esprit de mission rend témoignage à l’Evangile qui se répand et constitue l’Eglise

Cependant, dans la 1e lettre aux Corinthiens, Paul insiste sur l’unité et la  réconciliation, indispensables dans  le corps du Christ qui ne peut être divisé.

Joel 3.1-5 : l’Esprit répandu sur tous les peuples  (2.28-32)

« Après cela, moi, je répandrai mon Esprit sur tout le monde : vos fils, vos filles prophétiseront. Vos vieillards, par des songes, vos jeunes gens, par des visions, recevront des révélations. Et même sur les serviteurs, sur les servantes, moi, je répandrai mon Esprit  en ces jours-là.

Après cela

La sécheresse et une invasion de sauterelles viennent d’anéantir les récoltes (1.4, 2.25). C’est un « jour de l’Eternel », un jugement de Dieu contre l’infidélité de son peuple. (1.15). À cause de la punition divine, Joël appelle le peuple à revenir de tout son coeur à l’Éternel. Un jeûne national montrera sa décision de changer d’attitude (2.12-17 )

Revenez à moi, revenez de tout votre cœur (12), Publiez un jeune ( 15) Aie pitié de ton peuple ( 17).

L’Éternel éprouve un amour passionné pour son peuple  2. 18. Il va détruire les sauterelles (2.25) et compenser les dégâts qu’elles ont provoqué. Une pluie abondante  (v 23) procurera la richesse en redonnant, en mieux, toutes les récoltes perdues

Tout au long de la Bible, ce processus des relations entre Dieu et son peuple se répète. Et dans le Nouveau Testaement il va se préciser au cours des étapes de la conversion. : reconnaissance du péché, repentance, foi en l’œuvre du Christ à la croix,  vie éternelle promise, vie chrétienne en Eglise …

 « Je répandrai mon Esprit »

C’est seulement quand le retour à Dieu, la repentance est  effective que la pluie sera accordée. La bénédiction, l’effusion de l’Esprit pourront alors intervenir.

Pas de conversion sans repentance. Dieu n’a pas agi en faveur de son peuple sans qu’il passe par une vraie repentance. Le Saint-Esprit ne peut être répandu  sans repentance, sans retour à Dieu.   Sinon c’est une contrefaçon.

 Le prophète Joël annonce des visions et des songes.

Le don de l’Esprit prophétique montre que Dieu  est bien présent dans son peuple. Il annonce  une nouvelle relation avec lui , une relation personnelle qui n’a pas besoin de sacrifices ni de l’intermédiaire des prêtres.

Hommes et femmes et même serviteurs, c’est à dire esclaves seront bénéficiaires de ce don. Le texte de Joel efface les principales distinctions sociales du monde antique: le sexe, l’âge, et le statut économique.

À une époque où les hommes (pas les femmes), les anciens (pas les jeunes) et les propriétaires fonciers (pas les esclaves) dirigeaient la société, Joël rejette toutes ces distinctions : elles ne sont pas des critères nécessaires pour recevoir le Saint-Esprit.

L’Esprit sera répandu sur toute l’humanité. Mais en commençant d’abord par Israël, le peuple de Dieu. Le texte parle de « vos fils, vos filles, … »  Ensuite sur l’Eglise, composée de Juifs convertis puis de païens qui se sont tournés vers Dieu.

Michée : attention aux contrefaçons

L’Esprit de puissance dénonce les péchés et appelle à la justice

5 Voici ce que dit l’Éternel des faux prophètes qui égarent mon peuple : « Ils prédisent la paix à qui met sous leurs dents  un bon morceau à mordre, et déclarent la guerre à qui ne remplit pas leur bouche.

6Vous serez dans la nuit sans avoir de visions, ce seront les ténèbres : finies les prédictions. Oui, le soleil se couchera | sur ces prophètes, le jour s’obscurcira pour eux.

7 Ceux qui ont des révélations seront couverts de honte, et les devins perdront la face. Ils se couvriront le visage, car Dieu ne leur répondra pas. »

8 Mais moi,  grâce à l’Esprit de l’Éternel, je suis rempli de force, d’équité, de courage pour dénoncer |sa révolte à Jacob et à Israël son péché.

Grâce à l’Esprit de l’Eternel, Michée dénonce la révolte contre Dieu, le péché (3.8). Il en appelle à la repentance et à la justice

On te l’a enseigné, ô homme,  ce qui est bien et ce que l’Éternel attend de toi : c’est que tu te conduises avec droiture, que tu prennes plaisir  à témoigner de la bonté et qu’avec vigilance  tu vives pour ton Dieu. (6.8)

Michée vivait au temps d’Ezéchias, après la chute du royaume d’israel en 722

Il dénonce les faux prophètes qui prêchent pour de l’argent. Ils n’ont ni  vision, ni message de Dieu.

Ils sont infectés par la cupidité : ils convoitent des champs :  ils s’en emparent, des maisons : ils les prennent. Ils oppriment les gens, les dépouillant de leurs habitations et de leurs terres.

Ce qu’ils annoncent dépend de la manière dont ils sont payés. Quand l’argent coule abondamment, ils parlent de paix et de prospérité. Quand il se fait plus rare, ils menacent de la guerre sainte (v. 5).

L’ influence néfaste de ces faux prophètes a infecté tous ceux qui détiennent le pouvoir. Chefs politiques, prêtre et prophètes ne font rien pour mettre fin à la violence et à l’oppression du faible. Ils sont obsédés par l’appât du gain.

Ses chefs rendent leurs jugements contre des pots-de-vin, et ses prêtres se font payer pour dispenser l’enseignement, et ses prophètes prédisent l’avenir pour de l’argent.

 

Ils s’imaginent que leur statut officiel les met à l’abri de toute mise en cause personnelle

Et ils s’appuient sur l’Éternel en disant : « L’Éternel,  n’est-il pas au milieu de nous ? Par conséquent, aucun malheur ne pourra nous atteindre. »

Pas de manifestation authentique du Saint-Esprit dans un contexte de tromperie, de cupidité.

Cela fait penser à des dérives déjà lues ou entendues.

« Pour que votre prière ait plus de chances d’être exaucée, mettez un gros billet ou mieux un chèque important dans l’enveloppe qui contient votre demande de prière »

Et après, le service de nettoyage retrouve à terre les sujets de prière mais pas l’argent, bien sûr.

Ou alors, vous serez tous riches vous serez tous guéris. Et si ça ne marche pas  vous manquez de foi…

Actes 1.8 l’Esprit de mission qui rend témoignage de l’Évangile

Comme ils étaient réunis autour de lui, ils lui demandèrent : – Seigneur, est-ce à ce moment-là que tu rendras le royaume  à Israël ?

Il leur répondit :– Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. 8 Mais le Saint-Esprit descendra sur vous : vous recevrez sa puissance et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde.

Les disciples demandent à Jésus le moment de son retour et de la restauration d’Israël dans la gloire qu’il avait au temps de David et de Salomon. Il refuse d’entrer dans une discussion au sujet des événements futurs.

Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés…(v.7)

Mais il les ramène vers un sujet beaucoup plus pertinent : la tâche du disciple, du chrétien dans le monde avant la venue du Seigneur.

La mission des disciples répond à l’appel d’Esaïe 49.6 : être une lumière pour les paiens afin que le salut de Dieu parvienne aux extrémités de la terre.  

C’est une mission qui concerne le monde entier, c’est à dire le monde habité. Elle s’exerce par le témoignage en paroles, le témoignage de vie et par la puissance de l’Esprit.

Dans les Actes, les apôtres donnent un modèle de témoignage. Ils parlent du ministère terrestre de Jésus et principalement de sa mort sur la croix et de sa résurrection. C’est dans un témoignage centré sur le Christ que le Saint-Esprit peut mettre sa marque.

Alors que penser de ces témoignages personnels où on raconte surtout  sa vie ?

Un auteur chrétien,  G. Pella explique :

«Rendre témoignage, ce n’est pas tant raconter ma vie que la vie de Jésus. On ne voit nulle part Pierre déclarant publiquement: ‘J’étais un pécheur et je me sentais malheureux … mais le Seigneur est venu et il m’a appelé à son service. Dès lors tout a changé’.

Rendre témoignage, c’est avant tout parler de Jésus et laisser le Saint-Esprit convaincre mon interlocuteur. »

Le jour de la Pentecôte, Pierre reprend la prophétie de Joël et la commente en l’adaptant à la situation.

La prophétie de Joël s’est-elle réalisée totalement ?

Elle s’est réalisée en partie. Le « souffle violent » et les « langues de feu » (Actes 2.2-3) correspondent aux phénomènes cosmiques de Joël 3.3-4

3 Je produirai  des signes prodigieux dans le ciel, sur la terre : du sang, du feu et des colonnes de fumée 4 Et le soleil s’obscurcira, la lune deviendra de sang avant que vienne le jour de l’Éternel, ce jour grand et terrible. 5 Alors tous ceux qui invoqueront l’Éternel seront sauvés :

Mais ces phénomènes célestes eux-mêmes ne se produisent pas. Ils sont réservés pour le « jour de l’Eternel », le jour du jugement, au retour du Seigneur.

Cette prophétie concerne en premier lieu le peuple de Dieu, Israël

Tous les Juifs et aussi ceux qui sont dispersés (la diaspora) dans les autres pays sont présents à Jérusalem le jour de la Pentecôte. En effet, la prophétie de Joël concerne toute la communauté d’Israël.

Mais elle s’étend aussi aux non juifs, aux païens;

On peut le remarquer :  les 3000 premiers convertis le jour de la Pentecôte sont des  juifs ou des prosélytes, c’est à dire des païens proches de la  foi au Dieu d’Israël.

C’est à partir d’eux que se formera le premier noyau de missionnaires qui annonceront l’Evangile  aux  Samaritains, demi Juifs (Philippe  Actes 8 ) puis aux  païens ( Pierre (Actes), puis Paul appelé apôtre des païens (Actes ).

Le don du Saint Esprit  promis dans Joel est  offert à tous ceux qui se repentent et sont baptisés au nom de Jésus-Christ pour le pardon des péchés. (Actes 2: 38-39).

C’est un don gratuit qui fait entrer dans une nouvelle relation avec  Dieu.

Nous le recevons sans mérite ni effort  de notre part. C’est bien l’Esprit de Dieu qui permet d’invoquer le nom du Seigneur (Joël 3.5). C’est à dire d’être sauvé et d’entrer dans la communion de l’Eglise pour être aussi des témoins dans notre famille, notre entourage et peut-être aussi au loin si Dieu nous y appelle.

L’Evangile s’est répandu dans de nombreux pays du globe et il continue encore à se répandre. Mais au cours de siècles, la manière utilisée pour convertir à la foi chrétienne, et la manière de se comporter avec les frères et sœurs chrétiens des pays lointains a souvent été déficiente.  On pense aux conversions forcées des Saxons au temps de Charlemagne  (le baptême ou la mort) ou à celle des populations d’Amérique latine par les conquistadors espagnols. L’arrivée des protestants chrétiens en Amérique  a permis l’extension de la foi chrétienne. Cependant, il ne faut pas oublier qu’elle s’est accompagnée  de  l’esclavage imposé aux noirs d’Afrique déportés aux Etat Unis.

Heureusement, l’évangélisation des peuples lointains a bien évolué dans certains domaines. En particulier, la mission Wycliffe de traduction de la Bible favorise le développement d’ethnies les plus restreintes en valorisant leur langue maternelle écrite et en mettant en oeuvre des projets culturels et médicaux.

1 Corinthiens 12. 12-13  : l’esprit de réconciliation qui unit le corps du Christ

12 Le corps humain forme un tout, et pourtant il a beaucoup d’organes. Et tous ces organes, dans leur multiplicité, ne constituent qu’un seul corps. Il en va de même pour ceux qui sont unis au Christ. 13 En effet, nous avons tous été baptisés par un seul et même Esprit pour former un seul corps, que nous soyons Juifs ou non-Juifs, esclaves ou hommes libres. C’est de ce seul et même Esprit que nous avons tous reçu à boire.

Paul compare le corps humain formé de membres différents à l’Eglise. L’Eglise, c’est un seul corps, le corps du Christ. Elle  est  composée  de chrétiens d’origines différentes, avec des dons différents, des chrétiens convertis  et baptisés dans  un seul et même Esprit Saint.

Ainsi, dans l’Eglise, personne ne peut penser ou se comporter de manière individualiste, sans tenir compte des autres, de l’ensemble du corps. Paul insiste fortement sur la mise en pratique de cette unité, parce que, malheureusement, à Corinthe, elle est absente.

Il avertit les Corinthiens à propos de leurs divisions: « moi je suis de Paul, moi d’Apollos » (1 Corinthiens 1.12). Il leur reproche leur égocentrisme, accompagné de sans-gêne quand ils célèbrent la cène au cours d’un repas pris en commun :

20 Ainsi, lorsque vous vous réunissez, on ne peut vraiment plus appeler cela « prendre le repas du Seigneur »,21 car, à peine êtes-vous à table, que chacun s’empresse de manger ses propres provisions, et l’on voit des gens manquer de nourriture pendant que d’autres s’enivrent. (1 Corinthiens 11. 20-21)

Enfin il souligne aussi de manière indirecte un problème de priorité. Qui passe en premier, l’Eglise de Dieu, corps de Christ ou la valorisation personnelle par des manifestations de l’Esprit ?

Quand il dit

Vous donc, puisque vous aspirez si ardemment aux manifestations de l’Esprit, recherchez avant tout à posséder en abondance celles qui contribuent à faire grandir l’Église dans la foi. (1 Corinthiens 14.12)

Ne serait- ce pas un avertissement à l’adresse de ceux qui recherchent les dons de l’Esprit surtout pour se faire valoir, pour montrer qu’ils ont quelque chose de mieux de plus spirituel que les autres ?

Les dons de l’Esprit ne sont pas des sortes de joujoux spirituels qu’on peut utiliser à sa guise en espérant en tirer des avantages personnels, la notoriété en particulier… ou alors pour montrer qu’on est différent des autres

En chacun, l’Esprit se manifeste d’une façon particulière, en vue du bien commun 1 Corinthiens 12.7

Alors, le don que Dieu nous a accordé, exerçons le, avec les autres, en faveur des autres, pour une vie qui honore Dieu, pour le bien de toute l’Eglise.

[1] Ésaïe 32.14-17, Ézéchiel 36.25, Joël 3.5

C. Streng