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Servir l’autre pour glorifier Dieu

Servir l’autre pour glorifier Dieu : chacun au bénéfice de tous

Nos bâtiments, nos salles nous permettent de nous  réunir en Eglise dans les meilleures conditions. De nous retrouver en communauté chrétienne de frères et sœurs unis dans la même adoration du Seigneur.

Unis aussi pour le service mutuel de chacun au bénéfice de tous, grâce aux dons accordés à chacun, pour un approfondissement dans la communion fraternelle qui ouvre encore mieux la voie au témoignage vers l’extérieur.

Les lettres de Paul décrivent en détail son enseignement sur les dons

Pierre, dans sa 2e lettre, encourage les chrétiens de son époque.

Ils souffrent des moqueries et des persécutions de leur famille, de leurs voisins et des autorités politiques locales.

Conseils sur le comportement

Alors il les conseille dans la conduite à tenir envers ces concitoyens parfois hostiles (2 Pierre 2.11 à 4.6). Mais il précise, il explique aussi à ces chrétiens… comment se comporter les uns envers les autres.

L’exercice des dons

En quelques versets (chapitre 4.7 à 11), l’apôtre situe l’exercice des dons dans le contexte de l’approche de la fin des temps.

Le véritable but de tout service chrétien : glorifier Dieu.

La fin de tout s’est approchée ; soyez donc pondérés / équilibrés et sobres en vue de la prière. 8 Avant tout, ayez les uns pour les autres un amour fervent, car l’amour couvre une multitude de péchés. 9 Exercez l’hospitalité les uns envers les autres, sans maugréer. 10 Que chacun mette au service des autres le don qu’il a reçu de la grâce ; vous serez ainsi de bons intendants de la grâce si diverse de Dieu. 11 Si quelqu’un parle, qu’il parle de façon à communiquer les paroles de Dieu ; si quelqu’un sert, qu’il serve par la force que Dieu lui accorde, afin qu’en tout Dieu soit glorifié par Jésus-Christ, à qui sont la gloire et le pouvoir à tout jamais. Amen !

2 Pierre 2. 4.7-11

Le mot d’ordre du passage, c’est « les uns les autres ».

C’est l’intérêt de chacun pour l’autre, l’aide, le soutien, le secours qu’on lui donne.

Cette responsabilité mutuelle des uns envers les autres est au centre de l’amour et du pardon (v. 8), l’amour et le pardon exercés dans l’hospitalité (v.9) … dans la pratique des dons (v. 10-11a), sous la direction souveraine de Dieu, …pour glorifier Dieu. (v. 11b)

En tout temps, surtout dans des moments difficiles, garder le cap

V. 7 La fin s’est approchée ; soyez donc équilibrés et sobres en vue de la prière

Les correspondants de Pierre souffraient. Ils avaient hâte que le Seigneur revienne vite pour les délivrer de leurs souffrances.

Pierre le sait bien, lui aussi. Les temps de la fin ont commencé avec le ministère, la mort et la résurrection du Christ

nous sur qui la fin des temps est arrivée  1 Corinthiens 10.11b

Le N.T. ne donne aucune date précise, aucun jour connu d’avance pour le retour du Chris. Jésus lui même ne le connaît pas. Matthieu 24.36.

Alors l’apôtre recadre ces chrétiens. Il leur donne des pistes qui les ramènent à l’essentiel : une manière de se conduire qui honore Dieu et tient compte des autres pour le bien de tous.

Quelques consignes valables aujourd’hui

Mettre en pratique la parabole sur le serviteur fidèle qui attend son maître en faisant le travail demandé (Matthieu 24.45-51) = être prêt en tout temps et de toute façon

Une application pratique: Luther.

On lui a demandé ce qu’il ferait si la fin des temps arrivait aujourd’hui.

« Je planterai un arbre et je paierai mes impôts ».
Luther vivait chaque jour à la lumière de la fin. Même ce jour là il accomplirait la tâche qui lui avait été assignée.

Garder l’équilibre

Pierre insiste sur la nécessité d’être équilibré dans la conduite.

  • Mettre les événements à leur juste place.
  • Ne pas laisser partir l’imagination dans des idées embrouillées sur l’avenir.
  • Se contrôler pour éviter des réactions malsaines en face de situation inattendues ou déstabilisantes

Quand des catastrophes, quand des guerres arrivent quelque part dans le monde, même à des milliers de kilomètres, certains perdent la tête.

« C’est l’Apocalypse, c’est la catastrophe, c’est la fin du monde« .

Cachons – nous sous les rochers . (Apocalypse 6.15-16).

Il se voient déjà morts, oubliant la promesse de l’éternité du croyant avec Dieu. En 1967, certains renonçaient à se marier ou à avoir des enfants.

L’Apocalypse, la Révélation de la gloire de Dieu

L’Apocalypse, les anglo saxons l’appellent Révélation. C’est la traduction du mot grec Apocalypse. C’est la révélation de la gloire de Dieu, c’est la gloire de Dieu que verra le croyant. La peur panique, la fuite sous les rochers, c’est pour les incroyants.

Elucubrations sur la fin des temps

Aujourd’hui, toutes sortes d’élucubrations farfelues sur la fin des temps se répandent sur Internet. Elle ne sont pas venues toutes seules. Quelqu’un les y a mises. …Mais rien n’est plus éloigné du message de l’Evangile, du plan de salut de Dieu pour l’humanité.

Rester au contrôle

Pierre nous appelle donc à rester attentifs à notre conduite, à contrôler nos réactions, à distinguer les véritables enjeux pour que notre prière soit lucide en face des épreuves.

La prière, indispensable

La prière est une composante essentielle dans les épreuves associées à la fin des temps. Donc celles d’aujourd’hui et celles de demain. Un élément indispensable dans le combat spirituel.

Manifester un amour véritable mis en pratique

V. 8 Ayez les uns pour les autres un amour fervent

Aimer est déjà répété plusieurs fois 1:8, 22 ; 2:17 ; 3:8

La qualification essentielle pour le ministère, pour le service chrétien, c’est l’amour, un amour fervent. Mais aussi un amour constant, durable et solide car  comme le dit Jésus, « l’amour se refroidira à la fin des temps » (Matthieu 24.12)

Un amour qui couvre une multitude de péchés

Les paroles sont citées de Proverbes 10:12

La haine attise les dissensions, mais l’amour couvre tous les maux.

Il ne s’agit pas ici des péchés envers Dieu. Lui seul peut les pardonner.

Luther disait : « Rien ne peut couvrir ton péché devant Dieu sauf la foi. … Mais mon amour couvre le péché de mon prochain. Et tout comme Dieu couvre mon péché, si je crois, je dois aussi couvrir le péché de mon prochain. »

Il s’agit donc ici des péchés et des échecs dans les relations humaines.

Le péché se manifeste aussi dans les relations sociales, dans et entre les différentes communautés chrétiennes. En tant que phénomène social, il peut être couvert, effacé par l’amour que le Christ a commandé et démontré.

L’amour couvre les torts des autres. Il n’en tient plus compte.

Quand nous aimons vraiment les autres, il ne s’agit pas d’avoir raison.
Mais d’aider les autres à grandir dans la foi en utilisant nos dons.

Couvrir les péchés des uns vis à vis des autres ?

  • par la patience et le pardon mutuels
  • en avertissant contre le péché : Jc 5,20 celui qui restaure le pécheur de sa voie errante couvre les péchés de celui qui s’est égaré
  • par la prière pour celui qui a péché

Quand on aime, on n’expose pas les péchés qu’on rencontre au regard de tous. On préfère s’abstenir et décourager tout discours inutile à leur sujet.

Le véritable amour favorise la paix et l’harmonie de la fraternité.

C’est tout le contraire de la haine qui expose délibérément le péché dans le but d’humilier et de blesser.
Quand les croyants montrent de l’amour aux autres, les péchés et les offenses des autres sont oubliés.

Choisir d’aimer met souvent tous les motifs à la bonne place.

L’hospitalité, une expression concrète de l’amour entre chrétiens

Même si ça dure et que ça devient difficile à supporter.

Il ne s’agit pas ici d’une invitation à un repas. Cette convivialité reste dans le domaine de l’échange de bons procédés. En général, on rend la pareille.

v. 9 Soyez hospitaliers les uns envers les autres sans vous plaindre

Dans les premiers temps de l’Eglise, l’hospitalité était particulièrement importante, cruciale même.
Il fallait accueillir, et parfois sans savoir pour combien de temps,  les missionnaires comme Paul, les croyants en voyage, mais aussi ceux qui fuyaient la persécution.
Pendant les deux premiers siècles, il n’y avait pas non plus de bâtiments d’Eglise. Chaque communauté locale se réunissait dans la maison d’un de ses membres. (Romains 16.5, 1 Corinthiens  16.19)

Sans se plaindre, sans grogner

La pratique de l’hospitalité peut devenir coûteuse, pénible et irritante. Ceux qui ouvrent leur maison peuvent se lasser de ce service. Surtout si cela dure trop longtemps. Surtout si l’accueillant a l’impression que les gens s’inscrustent et qu’il se fait exploiter.

les conseils de la Didachè

Ainsi, la Didachè, le premier catéchisme des communautés chrétiennes de Syrie donne quelques conseils qui paraissent un peu raides mais sont sans doute bien avisés

A l’égard des apôtres et des prophètes, agissez selon le précepte de l’Evangile, de la manière suivante. … Que tout apôtre arrivant chez vous soit reçu comme le Seigneur… Mais il ne restera qu’un seul jour ou un deuxième en cas de besoin… S’il reste trois jours, … c’est un faux prophète . A son départ que l’apôtre ne reçoive rien, sinon du pain pour gagner un gîte ; …s’il demande de l’argent, c’est un faux prophète.

L’hospitalité n’est pas en elle-même un ministère. Mais elle donne aux ministères chrétiens le cadre indispensable pour fonctionner.

Aujourd’hui, sauf exception, on ne vit pas les uns chez les autres. Mais on se retrouve assez souvent en Eglise ou les uns chez les autres pour que les principes de l’hospitalité puissent être appliqués.

On peut rencontrer des personnes et des situations difficiles. On peut faire face à des conflits qui doivent être résolus avec sagesse et amour. Patience, amour et prière seront indispensables pour que Dieu renouvelle nos forces et notre capacité de servir

Lorsque nous aimons les autres, quand nous utilisons nos dons pour leur bien, nos actions font plus que servir les autres.

Puisque nos dons trouvent leur origine dans l’amour du Christ, ils servent à honorer et glorifier le Christ

Pour qui le don que Dieu m’a donné ? Pas pour moi… pour toi… parce que je t’aime

V. 10 Que chacun mette au service des autres le don qu’il a reçu de la grâce…comme de bons intendants

Chaque chrétien a reçu au moins un don, … parfois plusieurs. Dire qu’on n’en a pas, comme on me l’a dit, c’est de la fausse humilité. Une manière facile de se défausser.

Un don, des dons à utiliser au profit de tous dans l’Eglise, pour se servir les uns les autres, pour se faire du bien les uns les autres. Ce qui profite aux autres profite aussi à celui qui exerce le don.

Le don : pas ma propriété, celle de Dieu

Je ne suis pas propriétaire mais seulement dépositaire du don que Dieu m’a accordé.
C’est comme l’intendant qui gère le domaine d’un propriétaire ou le responsable financier d’un entreprise moderne. Le carnet de chèques ou la carte bancaire sont au nom de l’entreprise, pas au sien.

Je suis responsable dans la manière d’utiliser les capacités que Dieu m’a accordées. Dons miraculeux, mais aussi moyens financiers et dons naturels revus et corrigés parfois et sanctifiés par l’Esprit. Et même mon temps …

Le Nouveau Testament  donne quelques exemples :

  • fournir des repas (Actes 6:2),
  • visiter les prisonniers (Mt 25:44 ; 2 Tim 1:18),
  • apporter un soutien financier (Rom 15:25 ; 2 Cor 8:19, 20

Actualisation

On peut actualiser et trouver bien des façons de servir les autres avec les moyens actuels,

  • gestion administrative,
  • transport
  • informatique
  • prêt de matériel divers,
  • propositions de compétences

Surtout le désir de servir

Utiliser mes capacités pour servir, pour aider les autres, pour les fortifier dans la foi. Pas pour me faire plaisir et me trouver super spirituel.

Dons de parole, dons de service

V.11 : Si quelqu’un parle… si quelqu’un sert

Remarquons la suite : parler les paroles de Dieu, servir par la force de Dieu
Sinon, c’est du vent, des efforts inutiles

Parler les paroles de Dieu

Enseigner et prêcher mais aussi exercer la prophétie et l’exhortation (conseil, avertissement, consolation).
Pas seulement dans un service bien défini de l’Eglise, mais dans des occasions diverses, visites, rencontres organisées ou informelles

Dire le message de Dieu

se laisser conduire par l’Esprit, faire le tri entre la pensée de Dieu et nos idées sur la question. Dire le message de Dieu, fidèle, conforme à l’Evangile

Servir avec la force que Dieu donne

Le service pratique semble plus facile. On s’imagine qu’il y a moins d’engagement spirituel dans la préparation et la vaisselle des repas d’Eglise… que dans la prédication.
Mais à la longue et dans la durée du service, on a aussi besoin de demander à Dieu, dans la prière, de renouveler nos forces, notre motivation et notre consécration.

Des dons et des services qui s’entrecroisent

Pierre ne donne pas toutes les précisions de Paul. Mais il définit bien le principe de fonctionnement. Tout don appartient à Dieu, à son autorité et à sa grâce. Il est donné à chacun pour le service des autres.

Cela ne veut pas dire que le ministère, le service de chacun soit dans un boite avec un couvercle et qu’il ne puisse pas en sortir.

Ainsi Philippe, au service aux tables à Jérusalem, puis évangéliste à Samarie. Et au retour à Jérusalem ? service, évangélisation, service ?

Un “grand” don spirituel n’empêche pas un petit service. Et le petit service peut être l’occasion d’exercer un grand don spirituel.

Dans les camps d’évangélisation des Groupes Bibliques Universitaires auprès des étudiants, le lieu stratégique était souvent la cuisine.  On y venait pour se confier, pour dire des choses qu’on n’osait pas dire en public. Et la cuisinière chrétienne avait un ministère tout trouvé….

Le don, dans quel but ? Glorifier Dieu par Jésus-Christ

V. 11 afin qu’en tout Dieu soit glorifié par Jésus-Christ

Le service des chrétiens les uns envers les autres, les dons exercés dans l’intérêt de l’autre ont la valeur d’un culte véritable envers Dieu. Si c’est fait “avec les paroles de Dieu” et avec “la force que Dieu donne”

Quand on dit les paroles de Dieu plutôt que les siennes, quand on sert avec les paroles de Dieu et pas les siennes, Dieu par Jésus-Christ reçoit la gloire. C’est lui qui a donné la sagesse et la force pour le ministère.

Pierre n’entre pas dans les détails des dons spirituels. Son souci, c’est simplement que tous les ministères, tous les services soient respectés et que Dieu soit glorifié dans la vie des chrétiens. Alors il seront prêts pour la fin de toutes choses » au delà des épreuves.

Le monde actuel perd sa sensibilité face au malheur, aux catastrophes. Il craint ceux qui pourraient déranger sa tranquillité,

Alors ces versets de Pierre ont un message percutant à apporter.

Toute relation dans l’Eglise et aussi en dehors peut être transformée si elle est vécue dans l’obéissance à Dieu. Il nous a donné tous les moyens de vivre notre foi et de l’exercer au service des autres. Pour leur donner envie de connaître Dieu, pour les conduire dans

Exerçons nos dons avec sérieux, mais sans nous prendre trop au sérieux, sans nous imaginer que nous sommes tous seuls à pouvoir réussir ceci ou cela.
Faisons notre service avec humilité, en tenant compte aussi des autres. Souvent ils nous apportent plus que ce que nous, nous pouvons leur donner.

C. Streng

L’anti-promotion de soi

 

L’anti-promotion de soi : l’exemple du Christ

Philippiens 2. 6-11 est un hymne en l’honneur du Christ. Il met en relation, on pourrait dire en tension plusieurs vérités essentielles sur sa personne et son œuvre :

la suprématie, la supériorité divine absolue du Christ : sa préexistence, sa divinité, son égalité avec Dieu
– le choix de se dépouiller : son incarnation, sa vie humaine dans l’humilité, sa mort volontaire sur la croix
– l’exaltation, l’élévation par Dieu le Père, l’autorité du Christ sur toute la création.

Ces paroles s’adressent à des chrétiens égoïstes, trop préoccupés d’eux-mêmes et de leurs droits et donc tentés d’être désagréables avec les autres.

En effet, l’Église de Philippes était en danger. Une tendance malsaine à la compétition s’infiltrait parmi ses membres avec un fort risque de division.

D’où la recommandation du v. 3 :

Ne faites rien par ambition personnelle ni par vanité » et celle du chapitre 4.2 : J’encourage Evodie et j’encourage Syntyque, deux femmes en service dans l’Église à être bien d’accord dans le Seigneur.

Paul demande donc de pratiquer le service chrétien dans une attitude humble, qui s’intéresse au bien de l’autre, qui se dévoue pour les autres.
Et surtout avec une mentalité et une pratique de la vie chrétienne sur le modèle du Christ

Philippiens 2.5-11

5. Cultivez cet état d’esprit [voir 2:1-4] dans votre communauté, qui est en fait une communauté dans le Christ Jésus
6 Bien que [x] étant sous la forme de Dieu,
Il n’a pas[y] considéré son égalité avec Dieu comme quelque chose à exploiter à son propre avantage,
7 mais[z1] il s’est vidé/dépouillé lui-même,
en prenant la forme d’un esclave, c’est-à-dire, en naissant à l’image de l’être humain.
Et étant trouvé sous forme humaine,
8 il[z2] s’est humilié lui-même en devenant obéissant à la mort,
même la mort sur une croix.
9 C’est pourquoi Dieu l’a souverainement exalté
Et lui a attribué le titre[ou le nom] qui se trouve au-dessus de chaque titre[ou nom],
10 Et ainsi au nom de Jésus chaque genou doit fléchir,
dans le ciel et sur terre
11 et toutes les langues doivent proclamer que Jésus Christ est Seigneur,
à la gloire de Dieu le Père.

Plan
I. Bien que … Non pas .. Mais : une anti-promotion de soi surprenante, inattendue
II. Bien que …Non pas … Mais : une révélation inattendue de la divinité
III. C’est pourquoi : l’exaltation du Christ par Dieu

I. Bien que … Non pas … Mais : une contre-promotion de soi surprenante, inattendue

Bien que [x] étant sous la forme de Dieu, Il n’a pas[y] considéré son égalité avec Dieu comme quelque chose à exploiter à son propre avantage, 7 mais[z1] il s’est vidé/dépouillé lui-même, . il[z2] s’est humilié lui-même

Bien que …Non pas …Mais :

La puissance dans la faiblesse, quand on parle de Dieu,  c’est une notion contre intuitive, paradoxale. Si c’est puissance, ce n’est pas faiblesse.

Puissance dans la faiblesse, c’est contraire à ce qui se pense couramment à propos de la divinité. et du style de vie des puissants.

A l’époque, puissance seulement ! C’était ainsi que se comportaient les empereurs romains. Et aujourd’hui ? Qu’en est-il ?

Philippiens 2.5-11 tient compte de 3 réalités habituelles, admises dans la culture de l’époque :

  • l’idéologie et la réalité de l’esclavage,
  • l’idéologie et la poursuite de l’honneur chez les citoyens romains,
  • la théologie et les pratiques du culte impérial soutenu par l’élite locale.

Et en contraste avec cet arrière-plan, le texte dépeint le Christ préexistant, le Christ qui existait de toute éternité comme la « forme de Dieu ». Il décrit le Christ se dépouillant lui-même. Le Christ dans la faiblesse .

Le contraire d’Adam qui s’exalte lui-même et l’opposé des empereurs romains qui se glorifient eux-mêmes en se prétendant dieux

Bien qu’étant sous la forme de Dieu / divin

Le v. 6 affirme la préexistence du Christ et son égalité avec Dieu.
« Sous la forme de Dieu » fait référence à la 2e personne de la Trinité. Dans l’AT celle-ci se manifestait parfois sous la forme de l’ange de l’Éternel, une préfigure du Christ. Le Christ possédait donc le statut divin.

Égal avec Dieu

Il n’a pas[y] considéré son égalité avec Dieu comme quelque chose à exploiter à son propre avantage

La question s’est posée :

  • est-ce que pendant son incarnation sur terre, le Christ possédait déjà l’égalité avec Dieu
  • ou bien, est ce qu’il essayait de la saisir

L’expression « exploiter à son propre avantage « se réfère toujours à quelque chose qu’on possède déjà et qu’on a à sa disposition ».
Alors la question n’est pas de savoir si on possède quelque chose, mais si on choisit ou non de l’exploiter, d’en profiter.

En fait le Christ est égal à Dieu. Sa nature essentielle (la forme de Dieu, la divinité) est immuable. Il est et sera toujours Dieu.
Mais pour son mode d’existence (« égalité avec Dieu « ) il peut choisir et d’ailleurs il a choisi de l’échanger contre une autre manière de mener sa vie terrestre.

Bien que … non pas … Mais

Mais[z1] il s’est vidé/dépouillé lui-même,.il[z2] s’est humilié lui-même

Ces paroles soulignent la manière dont le Christ a géré sur terre son statut de Dieu, son égalité avec Dieu. Il n’a pas profité de sa position divine, de sa puissance à son avantage.

Au contraire, il s’est humilié, il s’est dépouillé lui-même. (2.7-8)

Il n’a pas exploité son égalité avec Dieu pour lui-même.
Pour lui, être égal à Dieu ne signifiait pas tout prendre pour Lui-même, mais juste l’opposé – tout donner.

7 mais[z1] il s’est vidé/dépouillé lui-même,
en prenant la forme d’un esclave, c’est-à-dire, en naissant à l’image de l’être humain.
Et étant trouvé sous forme humaine, 8 il[z2] s’est humilié lui-même
en devenant obéissant jusqu’à la mort., même la mort sur une croix.

Paul fait ici un résumé des trois étapes de la vie du Christ.

Selon les critères du monde romain, c’est une succession d’humiliations, de dégradations du statut social, un parcours de la honte, de l’humiliation.

C’est l’opposé du cursus honorum, le parcours aux honneurs du monde romain. Ce parcours des honneurs permettait aux citoyens déjà riches (évidemment) d’accéder aux niveaux de plus en plus élevés de la magistrature publique, l’idéal de la réussite à cette époque.

Pour le Christ, au contraire, c’est le parcours de la honte, le mouvement descendant.
Du plus haut, l’égalité avec Dieu au plus bas  l’acceptation de l’humanité et du statut d’esclave, l’humiliation publique, la mort sur une croix, la dégradation totale.

D’abord le Christ préexistant en forme de Dieu s’est abaissé et s’est dépouillé dans l’incarnation. Pas comme homme riche et puissant mais comme pauvre avec les pauvres.

Lui qui était riche, il s’est fait pauvre à cause de vous 2 Corinthiens 8:9

Ensuite, Jésus homme a continué dans l’obéissance cette humiliation, cet abaissement jusqu’à la mort par crucifixion, la mort des criminels et des esclaves.

Il s’est vidé, il s’est dépouillé

Contrairement à la doctrine de la kénose (du verbe grec du v. 7 ekenosen il s’est vidé )  le Christ ne s’est pas dépouillé de sa divinité, il ne s’est pas dessaisi de la divinité, il ne l’a pas abandonnée. Mais il l’a tenue voilée pour un temps.

Il a toujours gardé la capacité d’exercer les attributs divins, les capacités divines dans ses miracles : calmer la tempête, guérir les malades, ressusciter les morts.

Mais jamais aucun miracle à son profit

Bien que fils de Dieu, non pas « je change les pierres en pain »  mais je continue dans l’obéissance à Dieu mon Père

Et surtout pas de miracle pour forcer la main à Dieu ou pour épater la galerie

Non pas « je me jette du haut du Temple parce que Dieu a promis de me protéger et que ça fera un effet impressionnant «  mais je continue dans l’obéissance à Dieu mon Père.

Et toujours sous la dépendance de Dieu son Père.

Dépouillé en forme d’esclave, jusqu’à la condition d’un esclave

Le Christ divin s’est vidé, il s’est dépouillé en devenant humain, en prenant la forme d’un  esclave (μορφὴν δούλου λαβών), alors qu’il existait en forme de Dieu (le même mot au v. 6 ἐν μορφῇ θεοῦ ὑπάρχων)

Paul ne dit pas que le Christ avait l’apparence extérieure d’un esclave, ni qu’il se déguisait en esclave. Il dit plutôt que le Christ a adopté la nature ou les attributs caractéristiques d’un esclave.

Être esclave dans l’Empire romain signifiait être complètement privé de tout droit.
Un esclave était un bien à acheter et à vendre.
L’esclavage privait une personne même du droit de disposer de sa propre vie.

Le Christ était comme un esclave, c’est à dire il s’est dépouillé de tous ses droits et de toutes ses garanties.

II. Parce que … Non pas … Mais : une révélation inattendue de la divinité

Une citation de Calvin : « l’humilité de la chair a couvert la majesté divine comme un rideau »

En fait, l’humiliation de l’incarnation et de la croix révèle la majesté divine, comme un voile transparent « Regardez ici pour voir la vraie divinité« , dit Paul

Oui, l’humilité du Christ révèle plutôt qu’elle ne cache sa divinité.

Mais cette révélation n’est pas facile à accepter en tant que telle, car elle est totalement inattendue de la part du Messie, de l’envoyé de Dieu.

Le Christ est de condition divine, vraiment divin, en forme de Dieu. (selon les traductions). On attendrait donc de sa part un certain comportement, correspondant à ce statut divin.

Mais il a renversé et déconstruit cette attente en se dépouillant et en s’humiliant.

C’est un comportement contraire aux critères et aux attentes habituels

Selon les critères humains habituels, quelqu’un en forme de Dieu, quelqu’un de divin ne consentirait jamais à s’incarner et surtout pas à se laisser crucifier.

L’empereur romain qui se fait appeler dieu se conduit, pense-t-on couramment, comme devrait se conduire un dieu du pouvoir et de la puissance.

Et à toutes les époques, le dieu du pouvoir et de la puissance n’est pas le Seigneur Dieu révélé en Jésus-Christ que cite Philippiens 2:6-11. C’est une idole.

Le dieu « normal » de la religion civile, de la religion liée au pouvoir politique combine patriotisme et pouvoir. « Gott mit uns » disaient dans les années 30 le régime nazi et ses supporters.

De nombreux dirigeants à travers les âges et dans le monde et en particulier dans l’Amérique du Nord et du Sud actuelles, ont fait appel à ce dieu de la religion civile pour asseoir leur pouvoir. On a fait de ce dieu du pouvoir militaire le conducteur des croisades du Moyen Age et d’aujourd’hui.

Et la population les a suivis en reniant ce qui fait la beauté et la force de la foi biblique. Que reste-t-il en effet de la foi et de la conduite de vie évangélique dans une telle déviation.
Le dieu de la puissance civile ou militaire n’est pas le dieu qui se révèle dans la croix de Jésus Christ. Et ces conceptions fausses et trompeuses de « puissance divine » n’ont rien à voir avec la majesté ou la sainteté du Dieu trinitaire manifestées dans la faiblesse de la croix… Le dieu civil est tout simplement une idole.

L’histoire du Christ est contre-intuitive

Alors, selon l’idée courante qu’on se fait de la divinité, de la puissance et des avantages sans limite qu’elle pourrait procurer, l’histoire du Christ est contre intuitive, à l’inverse de toute attente, anormale et apparemment absurde.

Le Christ aurait pu profiter de sa position divine. Il ne l’a pas fait.

Mais il s’est dépouillé, humilié. Il a agi selon son caractère. Il a montré qu’il était Dieu

Alors on peut dire aussi « parce que[x] non pas[y] mais[z] ».

Parce que il était Dieu, Jésus n’a pas fait ceci mais il a « fait cela : un comportement paradoxal, contre intuitif contraire à la tendance naturelle à la volonté de puissance.

Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu vas rétablir le Royaume pour Israël ? (Actes 1.6)
Évidemment un royaume terrestre avec de postes à pourvoir

Ordonne, lui disait un peu plus tôt la mère de Jacques et Jean, Ordonne que mes deux fils que voici s’assoient l’un à ta droite et l’autre à ta gauche dans ton royaume (Mt 20.22)

J’ai longtemps pensé que la mère demandait pour ses fils une place privilégiée au ciel, dans le royaume céleste. D’ailleurs, dans Marc, les fils demandent eux-mêmes. Ou alors ils y tiennent tellement qu’ils s’y prennent en deux fois.

En fait, il s’agit plutôt d’un poste de premier ministre ou de dignitaire bien en vue – à l’avis de beaucoup – dans un royaume bien terrestre. Le royaume d’Israël que le Messie guerrier devrait bien rétablir par les armes en chassant les Romains. Le jour des Rameaux, on y a cru, la foule s’est imaginée que c’était gagné. Raté. Ce n’était pas dans l’optique du Christ.

Mais plutôt : et juste après la demande

Jésus les appela et dit : Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles en seigneurs, et que les grands leur font sentir leur autorité. Il n’en sera pas de même parmi vous. Au contraire, quiconque veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur et quiconque veut être le premier parmi vous sera votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude. (Mt 20. 25-28)

Et Jésus a mis en application ce modèle de comportement pendant le dernier repas avec ses disciples. Il s’est mis à la place d’un esclave et il a lavé les pieds des disciples. Il a mis de côté ses vêtements, tout comme il avait mis de côté sa splendeur royale.

Paul applique ce modèle de comportement

Nous n’avons jamais cherché à être applaudis par les hommes, pas plus par vous que par d’autres, alors même qu’en tant qu’apôtres du Christ, nous aurions pu vous imposer notre autorité.
Au contraire, pendant que nous étions parmi vous, nous avons été pleins de tendresse. Comme une mère qui prend soin des enfants qu’elle nourrit, ainsi dans notre vive affection pour vous, nous aurions voulu, non seulement vous annoncer l’Évangile de Dieu, mais encore donner notre propre vie pour vous, tant vous nous étiez devenus chers. 1 Thessaloniciens 2, 6-8, Semeur

Paul donne d’autres exemples de sa liberté qu’il a choisi d’exprimer dans l’amour.

En tant qu’apôtre, il était libre, il avait le droit d’avoir une femme, le droit d’être payé pour son ministère, Mais il a librement choisi de ne pas exercer ces droits et pouvoirs mais plutôt de se donner et se dépenser librement pour le bien des autres. (D’après 1 Corinthiens 9)

Il a agi ainsi parce qu’il est un apôtre du Seigneur crucifié qui a aimé et s’est donné lui-même. Ainsi en renonçant à ses droits, Paul agit selon son caractère, et non en dehors de son caractère d’apôtre.

Une manière de suivre le Christ

Imitez-moi comme moi-même j’imite le Christ (1 Corinthiens 11,1).

Ce n’est pas une option, c’est un appel fait aux chrétiens à exercer leur véritable identité et leur véritable liberté de chrétien dans la conformité au Christ.

Il ne s’agit pas de nier son identité chrétienne ou son statut particulier dans la société ou dans l’Église, de les vider, de les mettre de côté. Il s’agit bien plutôt de les exercer comme un acte d’amour semblable à celui du Christ

Pour Paul, l’amour ne cherche pas son propre intérêt mais plutôt celui des autres (1 Corinthiens 13), C’est le sens principal de la conformité au Christ.

La liberté et l’identité chrétiennes se révèlent dans l’accomplissement du « non pas … mais »

La preuve qu’on possède vraiment le statut de chrétien, éventuellement de responsable, dans la société ou dans l’Église, c’est le refus de l’exploiter égoïstement, à son profit.

C’est une manière de l’exercer de manière si désintéressée qu’on semble avoir renoncé à ce statut, c’est à dire aux avantages qu’il pourrait procurer. Mais en fait, c’est une manière de l’exercer différente de l’habitude, de la normale,.

III. C’est pourquoi : l’exaltation du Christ par Dieu

9 C’est pourquoi Dieu l’a souverainement exalté et lui a attribué le titre[ou le nom] qui se trouve au-dessus de chaque titre[ou nom],
10 Et ainsi au nom de Jésus chaque genou doit fléchir, dans le ciel et sur terre
11 et toutes les langues doivent proclamer que Jésus Christ est Seigneur,
à la gloire de Dieu le Père.

La vraie divinité manifestée dans l’humilité et l’obéissance

Ce n’est pas à cause de son dépouillement et de son humiliation, volontairement choisis, que Dieu a justifié et exalté Jésus.

Plutôt Dieu a publiquement justifié et reconnu ce dépouillement, cette humiliation de Jésus comme la manifestation de la vraie divinité que Jésus avait déjà.

Ainsi le culte rendu par toutes les créatures à Jésus comme Seigneur (c’est-à-dire YHWH, le Dieu d’Israël) est parfaitement approprié.

La reconnaissance d’un comportement divin

L’exaltation, l’élévation de Jésus n’est pas la récompense divine pour son incarnation et sa mort en tant que serviteur de Dieu souffrant.

Mais Dieu reconnaît ainsi que le comportement de serviteur souffrant de Jésus est en fait un comportement vraiment « seigneurial », un comportement divin

L’humilité de Jésus : l’essence même de la divinité

Jésus ait fait preuve de l’humilité qui est l’essence même de la divinité. C’est la raison pour laquelle Dieu l’a tant élevé.

L’obéissance de Jésus démontre qu’il est vraiment le Fils de Dieu, l’image, le reflet et la gloire de Dieu. Contrairement à Adam, il n’exploite pas son statut de porteur de l’image de Dieu. Il ne se sert pas lui-même, mais il sert les autres, en accomplissant leur rachat du péché.

Dans sa conduite de serviteur souffrant et obéissant sur le modèle « bien que » ou « parce que » … «non pas » …. «mais » le Christ montre non seulement sa vraie divinité mais aussi sa vraie humanité.

Conclusion

Le Dieu contraire à toute imagination, hors de toute récupération, le Dieu qui s’est révélé en Christ dans le dépouillement, dans et par la croix, c’est l’Éternel qui se donne soi-même, c’est le Dieu du pouvoir dans la faiblesse. La croix, c’est la signature de l’Éternel.

Dans un monde comme le nôtre et celui de Paul, où le pouvoir se manifeste par l’affirmation de soi, la recherche du profit et la domination, le Christ révèle que la puissance de Dieu, en fait sa nature trinitaire est démontrée au monde par l’acte de se dépouiller soi-même. C’est la disposition fondamentale de la relation éternelle du Père, du Fils et de l’Esprit.

En tant que communauté chrétienne, notre but, notre manière d’être et d’agir devrait permettre à la vie et à l’Esprit de ce Dieu, d’affluer en nous et de demeurer en nous pour une vie conforme au projet de Dieu.
Mais jamais une recherche de puissance et d’avantages personnels selon une fausse conception de l’exercice du pouvoir.

C. Streng

Connaître Dieu mais quel Dieu ?

Connaître Dieu mais quel Dieu choisit-on de connaître  ?

Pour certaines personnes, Dieu, c’est l’horloger…

Il a mis en place la mécanique du monde depuis un ciel lointain où il demeure depuis, indifférent.

Pour d’autres, c’est une sorte de despote mais sans véritable consistance.

Il fait peur sans jamais vraiment intervenir… – « Si tu n’es pas sage, le bon Dieu te punira ». Menace de ceux qui sont incapables de prendre leurs responsabilités, éducatives ou autres.

Dans certaines circonstances, c’est un égoïste ou un irresponsable…

Il ne répond pas ou intervient en dépit du bon sens humain… « Qu’est ce que j’ai fait au bon Dieu pour qu’il m’arrive ceci ou cela ».

Remarquons le bien : ce genre de Dieu est dit « bon » mais on ne voit pas trop pourquoi ni comment.

Enfin dans d’autres circonstances, c’est le Père Noël, le « bon Dieu ».

Son métier, c’est de pardonner, disait Voltaire qui se piquait d’agnosticisme, c’est à dire d’impossibilité de connaître Dieu, pour ne pas dire d’athéisme.

Mais dans la maison de Voltaire, à Ferney-Voltaire à la frontière suisse, il y a eu un dépôt de la société biblique de Londres. Dieu a le sens de l’humour.

Toutes ces manières de qualifier Dieu,… de parler de lui ont un point commun : se l’approprier, le réduire au rôle de serviteur.

Et si le domestique ne répond pas, ou pas assez vite, ou pas comme on veut, on le licencie et on en prend un autre, quitte à le réembaucher plus tard.

C’est ça l’idolâtrie dénoncée dans l’Ancien Testament

YHWH n’a pas envoyé la pluie. Demandons la à Baal. C’est aussi l’idolâtrie des temps actuels, qui mélange des spiritualités de tous bords. Selon les désirs et les envies, on puise dans l’une ou dans l’autre.

Remettons les choses en place :

Tous ces dieux là ne sont pas Dieu, le Dieu véritable. Ce sont des idoles, les calques mal dessinés des colères, des insuffisances, ou des désirs insatisfaits.

On ne peut jamais s’approprier l’Eternel. Si on s’imagine avoir réussi à le faire, ce n’est pas Dieu, mais un « autre », celui qui trompe, le menteur. Il manipule alors qu’on s’imagine être libre…

Connaître Dieu, le vrai Dieu  ?

Essayer d’approcher –au moins un peu- ce qu’il est justement impossible d’atteindre avec nos moyens humains limités…

Qui est Dieu en lui-même, infiniment grand, éternel, libre, puissant, absolu. Et tous les qualificatifs qu’on pourrait imaginer et qui resteraient en deçà …

Comment est-ce possible alors ? …

Pas par nos moyens. Mais par ceux que le Seigneur lui-même indique pour que nous le découvrions, tel qu’il veut se révéler

 Vous vous tournerez vers moi et vous me trouverez lorsque vous vous tournerez vers moi de tout votre cœur (Jérémie 29.13)

Connaître Dieu, le trouver, c’est se tourner vers lui de tout son cœur.

C’est se tourner vers le Dieu qui se rend accessible à notre faiblesse humaine. C’est se tourner vers la Parole incarnée, devenu homme en Jésus-Christ, le Fils de Dieu.

Se tourner vers Dieu, inaccessible, inatteignable à cause de la séparation provoquée par le péché ?

Oui par la foi dans le Christ médiateur, le Christ seul chemin entre Dieu et les hommes ?

Et l’étincelle qui déclenche cette foi, la flamme qui continue à la faire vivre, c’est le Saint-Esprit, la 3e personne de la Trinité.

C’est le Saint-Esprit qui déclenche la repentance, le regret profond et sincère des péchés. Il pousse à la conversion, à la confiance pour toute la vie dans le Christ.

Jésus est mort en croix à cause de nos fautes et il est ressuscité. Ainsi Dieu nous déclare justifiés devant lui.

C’est ce que les chrétiens ont expérimenté, ce qu’ils vivent en Eglise, en communauté de rachetés par Dieu, grâce au Christ, par l’Esprit.

Les chrétiens reconnaissent Jésus-Christ comme le Sauveur, leur Sauveur.

Et dans leurs prières ils le remercient pour tout ce qu’il a fait pour eux.

Le Christ Sauveur, c’est aussi le Seigneur, le Fils de Dieu, Dieu lui-même, en la 2e personne de la Trinité.

Il a participé à la création du monde, il est présent. Et surtout il préexiste, il existe de toute éternité.

Saisir un peu de cette éternité inaccessible à notre raison, à notre intelligence limitée au cadre de notre espace et de notre temps ?

C’est le Christ lui-même qui nous indique la voie :

Jésus-Christ : le JE SUIS  de l’absolu de Dieu

Avant qu’Abraham soit venu à l’existence, moi, je suis . Jean 8.58

JE SUIS sans attribut, sans qualificatif : c’est le JE SUIS absolu, le JE SUIS du buisson ardent dans le désert.

C’est Dieu lui-même qui se révèle à Moïse en lui dévoilant son nom dans Exode 3.14.

Je suis celui qui est,  celui qui est présent, qui existe et même qui préexiste à tout, de toute éternité

Dieu présent, préexistant, dans la Trinité, dès avant la création

Avant toute pensée de création, avant la création, avant l’histoire du monde, Dieu était là dans les trois personnes de sa Trinité :

Dieu (au singulier) créa (pluriel) le ciel et la terre

Pas seulement le ciel au dessus de nos têtes et la terre sur laquelle nous nous marchons, et faisons peut-être notre jardin, mais la matière de tous les corps célestes et le vide interstellaire. De quoi donner le vestige

Et ce JE SUIS,  je suis m’a envoyé vers vous  disait Moïse (Exode 3.14b), c’est Dieu lui-même : son nom propre,YHWH, signifie aussi JE SUIS.

Dieu rédempteur de son peuple et garant de son alliance

Ce Dieu créateur des cieux et de la terre est aussi rédempteur.

C’est lui qui choisit de racheter un peuple esclave pour établir une alliance avec ce peuple qu’il va libérer :

Je suis décidé à intervenir en votre faveur, de vous faire sortir d’Egypte Exode. 3.16-17

Dieu « plein de compassion et de grâce, lent à se mettre en colère, et riche en amour et en fidélité Exode 34.7

Il reste toujours fidèle à son alliance.

Même si on l’a trahi en lui préférant un veau d’or, même si on l’a accompagné, dans la pratique populaire et parfois même royale, de toutes sortes de divinités lamentablement parallèles, en fait, des idoles.

Dieu parle librement à son peuple au moyen de sa relation d’alliance…

Il la rend visible par les rites du culte, -les rites d’expiation et de pardon. Il en donne le sens profond par les paroles de la prophétie.

Il la rendra cette alliance effective et efficace …car il établira une nouvelle alliance gravée dans le coeur (Jérémie 31.31,33)

Cette nouvelle alliance est offerte à tous ceux et celles parmi les peuples qui la demandent.

C’est le Christ, le serviteur souffrant à la croix d’Esaïe 53 qui en sera le garant.

Et pour en faire comprendre le sens profond, Il donnera un cœur nouveau…

Pas un cœur de pierre incapable d’aller au delà de la surface mais un cœur de chair véritablement orienté vers Dieu (Ezéchiel 36.26).

Jésus, le charpentier de Nazareth, le JE SUIS, présent de toute éternité avec Dieu ?

Alors, le JE SUIS du buisson ardent, le JE SUIS de Dieu, le garant de la nouvelle alliance, est-il possible que ce soit ce Jésus qui discute là, avec quelques juifs dans la cour du Temple (Jean 8)

Ce Jésus prétend avoir été présent avec Dieu dès avant la création du monde, présent pour créer le monde, présent dans toute l’histoire du peuple d’Israël…

« Avant qu’Abraham fût, je suis »

Impossible à comprendre, à accepter pour ces Juifs, ….et même blasphématoire. Le conflit prend des proportions inextricables. Ce fils de charpentier ne peut être … le JE SUIS de l’absolu de Dieu.

Quelques Juifs semblent avoir compris, mais pourtant

C’est bien en entendant les paroles de Jésus lors de la fête des lumières, « je suis la lumière du monde » (Jean 8 .12) que quelques Juifs ont compris, semble-t-il, et ont cru en lui. (Jean 8.30).

Une opposition violente

Et pourtant, …quand Jésus veut aller plus loin dans ses explications, quand il veut faire avancer « ceux qui avaient mis leur foi en lui », les voilà qui se drapent dans leur dignité juive mal comprise pour s’opposer violemment à lui.

Ils ont probablement raté une étape mais laquelle ? A quel niveau ont-il perçu Jésus ?

Ils n’ont pas compris que, face à Jésus Christ, …ils sont face à Dieu lui-même.

Même s’ils ne comprennent pas, même s’ils ne veulent rien savoir au delà de leurs idées préconçues. Même s’ils n’ont rien compris aux 7 grandes paroles, aux 7 JE SUIS qui marquent toute la vie du Christ.

JE SUIS le pain de la vie (6:35, 48), JE SUIS la lumière du monde (8:12), Je SUIS la porte (10: 7, 9,  JE SUIS le bon berger (10: 11, 14),

JE SUIS la résurrection et la vie (11:25), JE SUIS le chemin, la vérité et la vie (14: 6), Je suis le vrai cep (15: 1, 5).

Jésus, le JE SUIS de la lumière, la lumière du monde qui donne la lumière de la vie (Jean 8.12)

Présent dès la création , quand la lumière créatrice explose et s’expand dans l’infinité des systèmes cosmiques de l’espace sidéral

Présent dans l’alliance entre l’Eternel et Israël et lumière pour les nations

Moi, l’Éternel, moi, je t’ai appelé dans un juste dessein
et je te tiendrai par la main ;

je te protégerai et je t’établirai
pour conclure une alliance avec le peuple, ….pour être la lumière des nations. Esaie 42.6

C’est Dieu lui-même, …lumière du monde, que les Juifs de Jérusalem auraient dû voir quand Jésus leur parlait.

Lumière du monde qui illumine les ténèbres … par ses paroles et ses actes de libération du péché et de la mort.

C’est ainsi Dieu se manifeste à son peuple, … à toutes les nations.

C’est ainsi que nous devons le voir, lui, Jésus, 2e personne de la Trinité, lui, Fils de Dieu le Père.

Dieu lui-même, lumière du monde, se révèle dans le Christ, serviteur souffrant de la croix. Dieu lui-même, lumière dans le Christ glorifié.

Connaître Dieu lui même, au delà de ce que nous comprenons… ou pas

Dieu lui-même dans ses trois personnes, Dieu lumière du monde dissipe les ténèbres du péché, éclaire le chrétien et le fait avancer dans la grâce et la vérité.

Vérité parfois dure à entendre. Mais aussi grâce de voir révélé ce que nous sommes au fond de nous, des pécheurs.

Vérité éclairante, mais aussi grâce illuminée par l’Esprit.

Vérité et grâce poussent à la repentance et à la confiance dans le Christ, indispensables pour une vie en présence de Dieu  ici et dans l’éternité.

Mais aussi vérité et grâce dans nos relations de chaque jour avec Dieu …et par conséquent avec les autres .

Attention à ne pas abîmer la relation juste avec lui , que Dieu nous a acquise par sa grâce. Les erreurs citées au début du message peuvent aussi être les nôtres…

Dieu est au ciel et toi sur la terre » (Ecclésiaste 5.1).

Il est libre et souverain.

Alors ne limitons pas Dieu à l’opinion que nous pouvons construire sur lui.

N’essayons de nous approprier Dieu, de le mettre à notre service, même avec des paroles pieuses et des versets bibliques sortis de leur contexte.

« Avec tout ce que je fais, avec tout ce dont je me prive, ça ne va pas mieux pour moi ». Ou alors « Dieu a bien dit ça ou ça dans tel verset et je ne le vois pas s’accomplir… »

Nous n’avons aucunement le droit de lui forcer la main. Il intervient quand il le veut  et pas quand nous sonnons.

Dieu EST … avant d’intervenir dans tout l’univers et aussi dans nos vies. Même si parfois sa liberté, donc sa manière de faire dans tel ou tel cas échappe à notre compréhension.

On peut le comprendre. Les actions de telle personne ne sont pas le tout de cette personne. De même les actes de Dieu ne sont pas le tout de Dieu. C’est à partir de ce qu’il EST, à partir de son être, que Dieu agit.

Alors essayons de percevoir, au delà des actes, au delà de ce que nous comprenons et de ce que nous ne comprenons pas, la grandeur et la majesté de Dieu, éternel, …créateur et rédempteur.

Et soyons aussi vis à vis des autres, dans notre témoignage, respectueux de cet espace de liberté.

C. Streng