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Vivre la foi au quotidien (Hébreux 11)

La foi vécue chaque jour par un paysan chrétien

La foi au quotidien, ce n’est pas un exercice théorique quand on gère une ferme d’élevage en moyenne montagne.

Le Seigneur bénit

Depuis quelque temps une génisse s’arrondissait, elle était prête à avoir son veau.

Il m’arrivait de prononcer cette prière : «Seigneur prend soin d’elle et de son bébé à naître. » Un premier vêlage est toujours un peu risqué. De plus cette génisse était particulièrement gentille.

Un matin je constate que son veau est né. Elle est affectueuse et prévenante avec lui. Merci Seigneur pour ta bonté. Je les isole pendant quelques jours, l’entente est bonne et le petit tète correctement sa maman.

Quelle reconnaissance pour la bonne main du Seigneur sur cette nouvelle vie.

Le Seigneur retranche. Pourquoi ?

Après quelques jours je joins la génisse au reste du troupeau.

Le lendemain, confiant, j’arrive à l’étable. Catastrophe ! Cette génisse belle et prometteuse, pour qui j’avais de l’affection est étendue sans vie. Bousculade, bagarre violente ? Je ne sais pas la raison. Mais il y a maintenant un orphelin qui a faim.

La première question que je me pose avec colère c’est : « Mais pourquoi Seigneur ? Tu as béni, mais c’est pour reprendre maintenant ? Je ne comprends rien à ta manière d’agir et je suis triste, vraiment »

Plus récemment s’est produit un autre événement curieusement un peu similaire.
Une vache âgée est aussi sur le point de vêler. Mais problème : elle n’est pas en forme, elle est amaigrie et elle a de la peine à marcher.

De plus le veau semble mal positionné. Un vêlage laborieux se confirme. Le veau vient par le siège. «Seigneur, à l’aide, j’ai besoin de toi, de ton assistance. »

Finalement le veau est né sans trop de difficultés. Quel sentiment de reconnaissance : «Merci Seigneur pour ton aide .

Le lendemain le nouveau-né manque de tonus, il n’arrive pas à se tenir debout. Le soir, il est étendu, mort.

«Pourquoi, Seigneur ? Tu bénis, puis tu retranches. Je ne comprends pas ta manière d’agir, toi pour qui tout est possible ».

Quelle leçon spirituelle en tirer ?

J’ai médité sur ces événements qui m’ont meurtri. Je me suis efforcé de discerner quelle leçon spirituelle je pourrais en tirer dans ma relation avec Dieu. De quelle nature est ma foi ? Sur quoi repose-t-elle ?

Une définition de la foi en Dieu

L’auteur de la lettre aux Hébreux propose une définition de ce qu’est la foi en Dieu

La foi est une façon de posséder ce qu’on espère, c’est un moyen d’être sûr des réalités qu’on ne voit pas. C’est parce qu’ils ont eu cette foi que les hommes des temps passés ont été approuvés par Dieu.

Par la foi, nous comprenons que l’univers a été harmonieusement organisé par la parole de Dieu, et qu’ainsi le monde visible tire son origine de l’invisible.

Par la foi, Abel a offert à Dieu un sacrifice meilleur que celui de Caïn. Grâce à elle, il a été déclaré juste par Dieu qui a témoigné lui-même qu’il approuvait ses dons, et grâce à elle Abel parle encore, bien que mort.

Par la foi, Hénoc a été enlevé auprès de Dieu pour échapper à la mort et on ne le trouva plus, parce que Dieu l’avait enlevé. En effet, avant de nous parler de son enlèvement, l’Écriture lui rend ce témoignage : il était agréable à Dieu. Hébreux 11.1-5

La foi saisit les réalités spirituelles

Une façon de posséder ce qu’on espère, un moyen d’être sûr des réalités qu’on ne voit pas (Bible du Semeur)

Pour un chrétien, la foi c’est la faculté qui perçoit l’invisible, qui saisit les réalités spirituelles. Nos sens nous mettent en relation avec le monde physique, la foi nous met en relation avec le monde spirituel. Une lumière, un bruit quelconque alertent nos sens et nous mettent en relation avec le monde physique.

Lorsque nous rencontrons les réalités spirituelles, la foi devient cette substance des choses espérées, une puissance de conviction qui nous ouvre l’espérance. C’est Dieu qui prend l’initiative d’éveiller notre foi, de la stimuler. La foi fait alors écho et s’efforce de pénétrer plus avant dans l’invisible.

La foi est la confiance dans la parole de Dieu et dans ses promesses. Mais c’est plus que cela : un état de constante relation spirituelle avec le monde invisible qui nous environne. J’aspire à être rempli d’un contenu invisible donné par Dieu.

Approuvés par Dieu à cause de leur foi

C’est à cause de leur foi que les grands personnages bibliques du passé ont été approuvés par Dieu.

L’approbation de Dieu  n’est pas motivée par l’intensité de nos efforts mais par la réponse de notre foi au juste moment.

Rahab, citée dans la liste des héros de la foi a accueilli avec bienveillance les espions de passage dans Jericho. Cette païenne a bénéficié des promesses faites au peuple d’Israël grâce à sa foi à ce moment précis de l’histoire.

Reconnaître la signature du Créateur dans le monde visible et invisible

Le monde visible nous incite souvent à oublier Dieu.

Pourtant Paul dit :Car, depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité se voient dans ses oeuvres quand on y réfléchit. Romains 1.20 (Bible du Semeur)

La foi qui réfléchit perçoit partout la signature du Créateur, celui dont découle la vie. Le monde visible, les choses créées révèlent le Dieu d’éternité.

La foi n’est pas simplement une faculté du bon sens pour saisir les réalités célestes mais un fondement posé en nous par et pour les choses divines. Notre foi, si faible soit-elle, est la preuve que le monde invisible est à l’œuvre en nous et la promesse d’une révélation plus complète.

Considérons maintenant la fois sous deux aspects : ce que la foi peut accomplir, ce que la foi peut endurer.

Ce que la foi peut accomplir

Par la foi, Rahab la prostituée n’est pas morte avec ceux qui avaient refusé d’obéir à Dieu, parce qu’elle avait accueilli avec bienveillance les Israélites envoyés en éclaireurs.

Que dirai-je encore ? Le temps me manquerait si je voulais parler en détail de Gédéon, de Barak, de Samson, de Jephté, de David, de Samuel et des prophètes. 

Grâce à la foi, ils ont conquis des royaumes, exercé la justice, obtenu la réalisation de promesses, fermé la gueule des lions. Ils ont éteint des feux violents, échappé au tranchant de l’épée.

Alors qu’ils étaient faibles ils ont été remplis de force. Ils se sont montrés vaillants dans les batailles, ils ont mis en fuite des armées ennemies ; des femmes ont vu leurs morts ressusciter pour leur être rendus.Hébreux 11.31-35

Ces quelques versets parlent de combats, de glorieuses délivrances, d’encouragement puissant, d’actions surnaturelles et spectaculaire de la part de Dieu. La puissance de la foi, c’est la puissance de Dieu agissant à travers nous et en nous.

Pas de vie de foi sans épreuve

Mais un premier constat s’impose : Dieu n’a nullement promis que la foi mettrait à l’abri des difficultés et des dangers.

Toute épreuve a un double but : nous donner l’occasion de glorifier Dieu par notre confiance en lui, permettre à Dieu de montrer sa sollicitude à notre égard par son intervention. C’est dans l’épreuve que le cœur du Père se révèle à son enfant. L’épreuve participe à notre formation et à notre croissance spirituelle.

Une deuxième leçon qui ressort de ces séries d’exploits de la foi, c’est l’impact de la foi individuelle sur le bien commun. Les héros de la foi vivaient pour la cause de Dieu et pratiquaient la justice pour le bien de tous. L’égoïsme tue la foi.

La foi s’exerce dans le cadre de l’Eglise avec des défis à relever, donc des objectifs qui concernent toute la communauté.

Ce que la foi peut endurer

D’autres, en revanche, ont été torturés; ils ont refusé d’être délivrés, afin d’obtenir ce qui est meilleur : la résurrection. D’autres encore ont enduré les moqueries, le fouet, ainsi que les chaînes et la prison.

Certains ont été tués à coups de pierres, d’autres ont été torturés, sciés en deux ou mis à mort par l’épée. D’autres ont mené une vie errante, vêtus de peaux de moutons ou de chèvres, dénués de tout, persécutés et maltraités, eux dont le monde n’était pas digne.

Ils ont erré dans les déserts et sur les montagnes, vivant dans les cavernes et les antres de la terre. Hébreux 11.35-38

Voilà un tableau bien différent du précédent : des hommes et des femmes livrés à la torture et au supplice, animés d’une foi tout aussi triomphante que les héros de la foi du premier tableau. N’a-t-on à faire là à une contradiction ou même à une défaite ?

Deux sortes de victoires de la foi

Les victoires de la foi sont de deux sortes. La foi triomphe de l’ennemi ou de l’obstacle tantôt en le supprimant, tantôt en obtenant la patience nécessaire pour accepter la souffrance.

Nous pouvons affirmer que ces victoires sans délivrance ne sont pas moins admirables que les autres. Le triomphe de la foi se manifeste aussi bien dans l’acceptation d’un défaite temporaire d’un non exaucement que dans l’obtention d’une victoire.
Dieu aimait son Fils Jésus, pourtant il n’a pas épargné sa vie.

Réflexions

Dieu ne fait pas d’erreur. Sa pensée et ses voies échappent à notre compréhension et à notre perception de ce qu’il est : sagesse, amour, sainteté…

Dieu ne se laisse pas manipuler : une prière juste, une attitude de foi n’obtiennent pas automatiquement ce que nous estimons devoir recevoir.

Dieu donne et il reprend et nous continuons à bénir son nom car rien ne peut nous séparer de son amour.

La foi est avant tout soumission à la volonté du Père. Ainsi, selon les circonstances, elle est en même temps un combat ou l’acceptation de ce qui est, un lâcher prise.

W.Kreis, paysan et prédicateur

La chute d’Adam et Eve, à l’arrière-plan du premier péché

La chute d’Adam et Eve et la notion de péché

Le péché ! Une notion passée de mode en dehors des milieux religieux. Elle est rejetée, raillée, sauf bien sûr quand celui qui s’en moque en est la victime : « on m’a volé, on a profité de moi, mon… ma… m’a trompé… »

Voici comment la chute d’Adam et Eve a commencé

L’entrée du premier péché, le péché originel dans le monde

La chute de l’homme et de la femme, c’est l’entrée du péché dans le monde par la désobéissance des premiers humains. Cet acte raconté dans Genèse 3 a eu des conséquences universelles : la mort des humains bien sûr mais aussi leur défection (ou trahison) leur déviation (ou écart dans la conduite), leurs transgressions (le fait de ne pas respecter une obligation)

L’apôtre Paul parle de sa conséquence la plus évidente dans Romains 5.12 s
C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché,...

Comment cela s’est-il passé ?

Le jardin d’Eden ! tous les arbres, tous les fruits sont permis ! …

L’Éternel Dieu fit pousser du sol toutes sortes d’arbres d’aspect agréable portant des fruits délicieux, et il mit l’arbre de la vie au milieu du jardin. Il y plaça aussi l’arbre du choix entre le bien et le mal. Genèse 2.9

…à part un seul !

L’arbre de la connaissance du bien et du mal

Et l’Éternel Dieu ordonna à l’homme : – Mange librement des fruits de tous les arbres du jardin, sauf du fruit de l’arbre du choix entre le bien et le mal. De celui-là, n’en mange pas, car le jour où tu en mangeras, tu mourras. Genèse 2.16-17.

(v. 16)

Dieu accorde une grande liberté à l’homme et à la femme qu’il a créés.
L’interdiction d’un seul des arbres n’est pas si répressive. Elle laisse ouverte toutes les autres possibilités qu’il est peut-être difficile de toutes utiliser. Le respect des limites est nécessaire pour que la création se développe comme Dieu le veut.

L’arbre de la vie

Il était à la disposition des premiers humains. Il offrait la possibilité de la vie éternelle. C’est seulement après et à cause de la chute qu’il a été interdit.
Adam et Eve ne sont plus autorisés à manger du fruit de l’arbre de vie après avoir mangé celui de la connaissance du bien et du mal.

Voici que l’homme est devenu comme l’un de nous pour le choix entre le bien et le mal. Maintenant il ne faut pas qu’il tende la main pour cueillir aussi du fruit de l’arbre de la vie, qu’il en mange et qu’il vive éternellement. (Genèse 3.22)

Dieu voulait ainsi éviter que la descendance des premiers humains ne soit éternellement figée dans le péché et ouvrir la possibilité du salut

La connaissance du bien et du mal

Il ne s’agit pas de la sexualité

Contrairement à ce qu’ont pensé certains, à travers les siècles et les religions

La différenciation sexuelle fait partie du bon plan de création de Dieu

Dieu créa les hommes pour qu’ils soient son image, oui, il les créa pour qu’ils soient l’image de Dieu. Il les créa homme et femme. Dieu les bénit en disant :– Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre, rendez-vous en maîtres, et dominez les poissons des mers, les oiseaux du ciel et tous les reptiles et les insectes.

Et Dieu dit :– Voici, je vous donne, pour vous en nourrir, toute plante portant sa semence partout sur la terre, et tous les arbres fruitiers portant leur semence. Je donne aussi à tout animal vivant sur la terre, aux oiseaux du ciel, à tout animal qui se meut à ras de terre, et à tout être vivant, toute plante verte pour qu’ils s’en nourrissent. Et ce fut ainsi. Dieu considéra tout ce qu’il avait créé, et trouva cela très bon. Il y eut un soir, puis un matin : ce fut le sixième jour. Genèse 1.27-31

Le mariage a été institué par Dieu

C’est pourquoi un homme se séparera de son père et de sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux ne feront plus qu’un. Genèse 2.24.

La première faute n’est pas sexuelle, mais ses conséquences se manifestent dans la honte ressentie par rapport à la pudeur du sexe.

Les yeux de l’un et de l’autre s’ouvrirent, ils connurent qu’ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s’en firent des ceintures. Alors ils entendirent la voix de l’Eternel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l’homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l’Eternel Dieu, au milieu des arbres du jardin. Mais l’Eternel Dieu appela l’homme, et lui dit : Où es-tu ? Il répondit : J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. Genèse 3.7-10

Il ne s’agit pas non plus de l’omniscience, le fait de tout connaître, de tout savoir

C’est ce que le serpent a voulu faire gober à Adam et Eve. Il leur a dit que manger le fruit de la connaissance du bien et du mal les rendrait semblables à Dieu.
Absolument pas. Mais plutôt la déception et la honte de se voir nus

L’autonomie morale, « la prétention de décider seul ce qui est bon ou mauvais » est une exclusivité divine.

Poser les normes absolues du bien et du mal est du domaine exclusif de Dieu.
Le couple humain s’est arrogé la capacité de déterminer le bien et le mal, sans référence à Dieu. Il s’imagine décider lui-même ce qui est bien et ce qui est mal. Cette autonomie est illusoire.

Une sagesse, une intelligence indépendante de Dieu.

L’arbre de la connaissance du bien et du mal a donné une certaine intelligence aux premiers humains, mais celle-ci fonctionnait en dehors de Dieu, contre Dieu.
La vraie sagesse, elle, commence par « la crainte du Seigneur » c’est à dire le respect de ce qu’il a ordonné, le fait de rester sous son autorité.

L’homme et la femme savaient déjà ce qui était bien ou mal avant de manger car le commandement de ne pas manger d’un arbre précis le leur montrait déjà. Leur type de connaissance du bien et du mal était fondée sur leur expérience et découlait de l’ autonomie qu’ils avait prise par rapport à Dieu et contre Dieu

Discernement moral et interdiction

Il est complètement faux et aberrant de dire que l’expérience du mal donne plus de discernement. Faire du mal tend toujours à corrompre: un voleur n’augmente pas son discernement moral en volant. Jésus-Christ n’a pas eu moins de discernement en refusant la tentation de Satan. …

Jeu de mots sur deux innocents nus et un serpent rusé

Avant leur désobéissance, Adam, Eve étaient nus (arummim en hébreu) c’est à dire innocents

L’homme et sa femme étaient tous deux nus sans en éprouver aucune honte. Genèse 2.25

Le serpent est rusé, tortueux (arum)

Le Serpent était le plus tortueux de tous les animaux des champs que l’Éternel Dieu avait faits Genèse 3.1

Le jeu de mots sur « arummim » (homme et femme) et « arum » (serpent rusé) avertit qu’il faut être prudent avant d’accepter ce que le serpent dit

Serpent d’Eden identifié au diable. Même mot pour divination, sortilège

Le serpent dans le jardin d’Eden est identifié au diable, à Satan. Même s’il n’est qu’une créature ordinaire, le serpent représente ici le Malin.

Le serpent était l’objet d’un symbolisme très fort dans le Proche-Orient ancien. Il représentait la séduction des puissances nocturnes, des mystères d’en bas. Sa puissance est maintenant à l’œuvre dans le paganisme. Pour le Nouveau Testament, c’est le diable.

Le comportement d’Adam et Eve, un prototype de la tentation et du péché

En réalité, il y a seulement deux types de tentations dans la Bible: celle du premier couple et celle du Christ. …

(1) … Une circonstance mise à profit par un tentateur, ou une tentation

Il demanda à la femme :– Vraiment, Dieu vous a dit : « Ne mangez du fruit d’aucun des arbres du jardin ! » ? Genèse 3.1.

Le serpent installe son idée en posant une question « religieuse » . Il insinue que Dieu garde pour lui seul quelque chose qui pourrait être bonne pour les autres.
La tentation peut venir de l’extérieur ou de l’intérieur de la personne

(2) Le désir est éveillé, (Genèse 3.4-5) ; la rationalisation (la justification d’une attitude ou d’un acte) s’ensuit. (Genèse 3.6a)

Alors le Serpent dit à la femme :– Mais pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Seulement Dieu sait bien que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu, choisissant vous-mêmes entre le bien et le mal. Genèse 3.4-5.

Le serpent contredit directement, mais sans preuves, la Parole de Dieu qui a averti des conséquences de la désobéissance : « Dieu a t-il vraiment dit ? »

Il ne nie pas seulement les conséquences néfastes de l’action illicite, mais il suggère qu’il y a quelque chose à gagner en faisant ce qui est interdit.

Seulement Dieu sait bien que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu, choisissant vous-mêmes entre le bien et le mal. Genèse 3.5.

(3) une réaction à courte vue

Alors la femme vit que le fruit de l’arbre était bon à manger, agréable aux yeux, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence. Genèse 3.6a.

Leurs yeux se sont ouverts, mais ils découvrent qu’ils sont nus, et pas plus « intelligents », perspicaces pour autant.

Eve envisage de transgresser l’ordre de Dieu. Elle considère ce qui pourrait être bénéfique à court terme, sans penser aux conséquences à plus long terme.

Aussitôt, les yeux de tous deux s’ouvrirent et ils se rendirent compte qu’ils étaient nus. Alors ils se firent des pagnes en cousant ensemble des feuilles de figuier. Genèse 3.7

4) La désobéissance au commandement est préparée par la rationalisation (la justification d’une attitude ou d’un acte)

Elle prit donc de son fruit et en mangea. Elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea. Genèse 3.6b.

Eve s’engage totalement à l’étape de la rationalisation, de la justification de son acte, puis elle entraine son mari qui n’attache pas plus d’autorité aux paroles de Dieu qu’elle-même.

Moment précis où le péché a été commis : l’action commune d’Adam et Eve de manger le fruit

La tentation au désert est la contrepartie de celle d’Éden.

Jésus, le nouvel Adam ne se laisse pas tromper par les suggestions de Satan. Il les rejette chacune et triomphe de la situation. Il refuse de sortir de la dépendance vitale de Dieu son Père.

Conséquences gravissimes de la chute

Culpabilité, peur de Dieu

Leur nouvelle connaissance du bien et du mal leur donne pas plus de liberté mais les sépare de Dieu, la source de la vie. Ils se rendent compte de leur culpabilité, illustrée concrètement pat leur nudité. Ils tentent de la cacher et de se cacher de Dieu.

Au moment de la brise du soir, ils entendirent l’Éternel Dieu parcourant le jardin. Alors l’homme et sa femme se cachèrent de l’Éternel Dieu parmi les arbres du jardin. Genèse 3.7.

Accusations et mesquinerie

Adam répondit :– C’est la femme que tu as placée auprès de moi qui m’a donné du fruit de cet arbre, et j’en ai mangé. Genèse 3.12.

Le premier homme accuse la femme, puis il reproche à Dieu de la lui avoir donnée. ..Auparavant, il y prenait plaisir. Le péché sépare du créateur mais aussi des semblables

Alors l’homme s’écria :Voici bien cette fois celle qui est os de mes os, chair de ma chair. Elle sera appelée « femme »car elle a été prise de l’homme. Genèse 2.2.

Egocentrisme

Luther :

« la chute a rendu l’humanité égocentrique (tournée vers elle-même ). Cela affecte toutes les relations : de l’homme à Dieu, de l’homme à la femme, de l’homme à l’homme, de l’homme à l’environnement … »

Jonathan Edwards :

«  A la chute, l’esprit de l’homme a diminué de sa grandeur et de sa largeur d’esprit primitive à une petitesse et à une étroitesse d’esprit extrêmes.
… Avant, son âme, gouvernée par le noble principe de l’amour divin, … était assez large pour comprendre et accepter tous ses semblables et leur bien-être. … [Mais] le péché a contracté son âme aux dimensions très réduites de l’égoïsme. Dieu a été abandonné, et l’homme s’est retiré en lui-même, totalement dirigé par des principes et des sentiments étroits et égoïstes »

Division entre les hommes, séparation d’avec Dieu

«Le péché produit la division entre l’homme et la femme (cf. Genèse 2.23) et sépare du créateur »
« Quand quelqu’un n’a pas le courage de s’accuser, de reconnaître ses torts, il ne se gêne pas pour accuser Dieu lui-même … »

Le ressort du péché originel : être comme Dieu donc le remplacer.

Les maux qui affligent l’humanité procèdent de la folle volonté, partagée par l’homme et la femme, de devenir « comme des dieux, connaissant (maîtrisant ?) le bien et le mal … »

C.Streng

La croix de Jésus-Christ – John Stott

La croix de Jésus-Christ

Le livre de John Stott (1921-2011), la Croix de Jésus-Christ, a été publié en anglais sous le titre The Cross of Christ par l’Inter-Varsity Press, la maison d’édition des Groupes Bibliques Universitaires anglais. Il s’adresse à un lecteur qui réfléchit et désire approfondir sa connaissance d’une vérité fondamentale de la foi chrétienne sans en rester à une approche superficielle ou limitée.
L’auteur, théologien, pasteur et homme d’État chrétien a présenté la doctrine de la croix d’une manière particulièrement claire et complète, dans un style agréable à lire, même en traduction. Il a traité le sujet à partir de l’ensemble de l’Écriture et en relation avec la théologie historique et la théologie systématique, sans oublier des applications claires pour la vie chrétienne, soit au cours des chapitres, soit dans la dernière partie du livre.

La croix de Jésus-Christ, dira-t-on, c’est tout simple, il suffit d’en accepter la réalité, de croire à son efficacité, d’en recevoir pour soi les bienfaits spirituels, d’en tirer les conséquences pratiques dans sa vie chrétienne. Mais restreindre la compréhension de la croix à quelques principes même exacts sans les développer ni les approfondir par un enseignement solide, n’est-ce pas risquer une foi et une pratique superficielles, avec même le risque de déviations, plus ou moins subtiles de sa signification et de ses implications exactes.

L’ouvrage se divise en quatre grandes parties :

Une approche de la croix approfondit la recherche sur les causes de la mort de Jésus

Au cœur même de la croix pose le problème du péché et de la sainteté de Dieu : besoin de pardon pour l’homme, de satisfaction pour Dieu avec la solution de l’auto-substitution par Dieu lui-même.

L’œuvre accomplie à la croix, avec l’explication et le développement des concepts de propitiation, rédemption, justification, réconciliation… gloire justice et amour de Dieu… triomphe sur le mal et victoire du Christ.

La vie sous la croix développe les applications pratiques de la doctrine de la croix, soit dans la vie chrétienne personnelle, soit dans la communauté de l’Église.

Cette recension traitera les deux premières parties

La place centrale de la croix

Celui qui ignore la culture chrétienne et trouve la trace de la croix dans l’art, l’architecture religieuse, les cérémonies avec leurs symboles se demandera pourquoi tout converge …vers la croix.

John Stott explique la signification du choix de quelques symboles du christianisme.

Le symbole du poisson, IXTHUS, Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur,

  • I(I, Iota) : Ἰησοῦς / Iêsoûs (« Jésus »)
  • Χ(KH, Khi) : Χριστὸς / Khristòs (« Christ »
  • Θ(TH, Thêta) : Θεοῦ / Theoû (« de Dieu »)
  • Υ(U, Upsilon) : Υἱὸς / Huiòs (« fils »)
  • Σ(S, Sigma) : Σωτήρ / Sôtếr (« sauveur ») (d’après Wikipedia)

était le signe de ralliement des premiers chrétiens.

Pour les Pères de l’Église, théologiens qui ont élaboré la doctrine chrétienne face aux hérésies des premiers siècles, le signe de la croix, n’était pas une superstition. Il montrait que l’objet ou l’acte sur lequel il était invoqué était vraiment sanctifié comme appartenant à Christ.

La crucifixion était la peine … la plus abjecte dans l’Antiquité. Inventée par des barbares, elle avait été adoptée par les Grecs et les Romains,… qui en exemptaient habituellement leurs citoyens… Pour les Juifs, le criminel crucifié était sous la malédiction de Dieu
Le corps ne devra pas demeurer sur le bois de l’arbre pendant la nuit; il faudra l’enterrer le jour même, car un cadavre ainsi pendu attire la malédiction de Dieu sur le pays. Veillez donc à ne pas rendre impur le pays que le Seigneur votre Dieu vous donne en possession. (Deutéronome 21.23).
Les ennemis du christianisme tournaient en dérision, sous forme de caricature ou de graffiti l’idée d’adorer un homme crucifié.

La croix  au centre du plan de Jésus

Jésus a été investi par Dieu, son Père, d’une mission particulière, celle de réconcilier les pécheurs avec Dieu par sa mort sur la croix et sa résurrection. Il s’est donc engagé volontairement dans l’obéissance et la souffrance.
Après avoir entendu le témoignage que Pierre fait de sa messianité, Jésus va révéler à ses disciples le but de sa vie :
Et vous, leur demanda Jésus, qui dites-vous que je suis?» Pierre lui répondit: «Tu es le Messie.» Alors, Jésus leur ordonna sévèrement de n’en parler à personne. (Marc 8.29-30)
il annonce ouvertement ses souffrances, sa mort, sa résurrection :
Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup; les anciens, les chefs des prêtres et les maîtres de la loi le rejetteront; il sera mis à mort, et après trois jours, il se relèvera de la mort. (Marc 8.31)
Il le fera deux fois encore, en Galilée et à son arrivée à Jérusalem.

Une détermination étonnante

Le plus étonnant, dans cette triple annonce de la Passion n’est pas la trahison par son peuple … la mort puis la résurrection, ni le titre de Fils de l’Homme destiné à souffrir et à mourir. C’est la détermination, le choix volontaire de Jésus à accomplir tout ce qui avait été écrit à son sujet
Ils étaient en chemin pour monter à Jérusalem. Jésus marchait devant ses disciples, qui étaient inquiets, et ceux qui les suivaient avaient peur. Jésus prit de nouveau les douze disciples avec lui et se mit à leur parler de ce qui allait bientôt lui arriver. Il leur dit: «Écoutez, nous montons à Jérusalem, où le Fils de l’homme sera livré aux chefs des prêtres et aux maîtres de la loi. Ils le condamneront à mort et le livreront aux païens. Ceux-ci se moqueront de lui, cracheront sur lui, le frapperont à coups de fouet et le mettront à mort. Et, après trois jours, il se relèvera de la mort.(Marc 10.32-34, cf. Matthieu 20.17-19, Luc 18.31-34).

Une mort correspondant à un dessein précisJésus savait que sa mort violente, prématurée, répondait à un dessein précis. Il allait mourir à cause de l’hostilité des autorités juives de son époque,
Les Pharisiens sortirent de la synagogue et se réunirent aussitôt avec des membres du parti d’Hérode pour décider comment ils pourraient faire mourir Jésus Marc 3.6
mais pas avant le temps fixé par Dieu. Après sa prédication à la synagogue de Nazareth,
Ils se levèrent, entraînèrent Jésus hors de la ville et le menèrent au sommet de la colline sur laquelle Nazareth était bâtie, afin de le précipiter dans le vide. Mais il passa au milieu d’eux et s’en alla.(Luc 4.29-30)
Il allait mourir selon « le sort réservé au Messie d’après les Écritures« .

Certes, le Fils de l’homme va mourir comme les Écritures l’annoncent à son sujet, en associant la mort à la résurrection, les souffrances à la gloire promise.
Alors Jésus leur dit: «Gens sans intelligence, que vous êtes lents à croire tout ce qu’ont annoncé les prophètes! Ne fallait-il pas que le Messie souffre ainsi avant d’entrer dans sa gloire?». Puis il leur expliqua ce qui était dit à son sujet dans l’ensemble des Écritures, en commençant par les livres de Moïse et en continuant par tous les livres des Prophètes (Luc 24.25-27)

Trois paroles de la croix sont reprises des Psaumes :

Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? Pourquoi restes-tu si loin, sans me secourir, sans écouter ma plainte? (Psaume 22.2),
Dans ma nourriture ils ont mis du poison, et quand j’ai soif ils m’offrent du vinaigre. (Psaume 69.22)
Je me remets entre tes mains, Seigneur, toi qui m’as pris en charge, Dieu fidèle. Psaume 31.6)
Elles décrivent la souffrance de la victime innocente qui met sa confiance en Dieu.

Les souffrances du Fils de l’homme et Esaïe 53

Les déclarations de Jésus sur les souffrances du Fils de l’homme (Marc 8.31), venu non pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup (Mc 10.45) dirigent vers Ésaïe 53.
Le Serviteur de l’Eternel y est décrit comme méprisé et abandonné des hommes, homme de douleur et habitué à la souffrance (Esaïe 53.3) blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités … (Esaïe 53.5)… qui justifiera beaucoup d’hommes (Esaïe 53.11).

Une mort librement choisie

Il allait mourir surtout parce qu’il avait librement choisi d’entrer dans le plan …de son Père pour le salut des pécheurs.
Car le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de beaucoup. (Mc 10:45)

qui accomplit le dessein de Dieu

D’après les apôtres qui avaient déjà une conscience claire de ce qu’elle impliquait, la mort de Jésus, due à la méchanceté des hommes, accomplit…le dessein de Dieu.
Cet homme, livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous l’avez crucifié, vous l’avez fait mourir par la main des impies. Dieu l ‘a ressuscité, en le délivrant des liens de la mort, parce qu’il n’était pas possible qu’il soit retenu par elle. (Actes 2.23-24)

 La prédication apostolique de la croix

La doctrine de la prédication de la croix par les apôtres repose sur des bases scripturaires solides, le message apostolique porte autant sur la mort que sur la résurrection.

Ainsi Paul prêche un Jésus crucifié

Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus -Christ, et Jésus-Christ crucifié. (1 Corinthiens 2.2 )

Pierre désigne le Seigneur comme celui qui a porté nos péchés et pris notre place

Lui qui a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois, afin que morts aux péchés nous vivions pour la justice; lui par les meurtrissures duquel vous avez été guéris. (1 Pierre 2.24)

La lettre aux Hébreux souligne sa suprématie absolue

Après avoir été élevé à la perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut éternel. (Hébreux 5.9 )

L’Apocalypse surtout le décrit comme le Seigneur de l’histoire, adoré par les êtres célestes

Tu es digne de prendre le livre, et d’en ouvrir les sceaux; car tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation (Apocalypse 5.9)

Maintenir la croix à sa place centrale en restant fidèlement attaché à Jésus-Christ.

Décentrer la foi de l’œuvre de la croix, c’est la mort de l’Église  (Forsyth, théologien anglais du début du 20e s. ; la croix est l’unique marque de la foi chrétienne (Emil Brunner, théologien allemand du début du 20e s)

La mort de Jésus-Christ, qui est coupable ?

Jésus a été accusé de blasphème par les Juifs et de rébellion politique par les Romains. Lors de son procès, les tribunaux ont respecté une certaine procédure légale, mais avec un prisonnier innocent, des faux témoins, une parodie de jugement par des hommes (Caïphe, Pilate) dirigés par leur passions.

Pilate

Les Evangiles retiennent plutôt la culpabilité de Pilate et moins la responsabilité des soldats romains dans la crucifixion de Jésus-Christ. Ils font du procurateur romain un portrait peu flatteur, confirmé par l’histoire profane.
Administrateur compétent, c’était un homme méprisant et provocateur, avec un caractère emporté, cruel et violent. Convaincu de l’innocence de Jésus, il fit plusieurs tentatives lamentables pour ne pas le condamner et en même temps ne pas l’acquitter à cause des Juifs, en se déchargeant de sa responsabilité sur ceux-ci.

Pilate, voyant qu’il ne gagnait rien, mais que le tumulte augmentait, prit de l’eau, se lava les mains en présence de la foule, et dit: Je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde.Matthieu 27.24

Mais n’agissons-nous pas, parfois, nous aussi, comme Pilate qui avait la conscience étouffée par les opinions, les exigences des autres, qui était compromis par sa lâcheté.

Les dirigeants juifs

Les Juifs et leurs prêtres sont les responsables les plus directs de la mort de Jésus-Christ. Sans titre ni autorité reconnue, Jésus bousculait les traditions des pharisiens. Il leur reprochait de se soucier des prescriptions cérémonielles de la loi plutôt que de se préoccuper des personnes, de la pureté morale et de l’amour. Mais surtout il se déclarait l’égal de Dieu, ce qui était, à leurs yeux, une affirmation blasphématoire. Au delà des motifs invoqués pour justifier son arrestation, il y avait surtout la jalousie liée à l’orgueil, sentiments qui font regarder Jésus comme un rival qui dérange.

Judas, responsable de sa trahison

Instrument de la Providence pour accomplir les desseins de Dieu ou jouet complice de Satan, Judas reste responsable de son ignoble trahison. Zélote[1] selon certains, il aurait livré Jésus par désillusion politique ou pour lui forcer la main. Mais c’est plutôt son avarice qui explique le calcul sordide de la « vente » de Jésus au prix d’un esclave. Ce même péché est d’ailleurs à l’origine de bien des abus et des malhonnêtetés à toutes les époques.

Tous coupables

Il ne s’agit pas de décharger le peuple juif de sa responsabilité dans la mort de Jésus, même avec des circonstances atténuantes, mais d’être conscient que toutes les nations la partagent et que, nous aussi, nous sommes coupables. Cependant, Jésus n’est pas mort en martyr, victime involontaire du péché des hommes, mais il a choisi de donner sa vie, conformément à la volonté de son Père.

Au delà des apparences

En mourant pour nos péchés, Jésus-Christ a subi notre mort, non comme conséquence de ses péchés, mais comme sanction pénale pour les nôtres. N’ayant jamais péché, il aurait pu retourner au ciel sans mourir, mais il a choisi délibérément la mort que nous méritions.

John Stott propose une démarche théologique à partir des événements de la chambre haute, de Gethsémané et de Golgotha.

Trois leçons de la cène

Par les gestes et les paroles de la Cène dans la chambre haute, le Seigneur visualise pour ses apôtres le sort qui l’attendait, en leur enseignant trois leçons

  • Le caractère capital de sa mort, au centre de ses pensées et de sa mission
  • L’objectif de sa mort qui rend possibles la nouvelle alliance et sa promesse de pardon
  • La nécessité de s’approprier personnellement sa mort.

Jésus-Christ annonce ainsi le remplacement de la Pâque par la Cène en s’identifiant à l’agneau pascal lui-même, en se livrant à la mort en véritable sacrifice pascal.

L’agonie dans le jardin de Gethsémané

Jésus envisageait son épreuve avec une appréhension extrême, une souffrance morale aiguë[2].
La coupe amère est le symbole non seulement de la colère de Dieu pour son peuple désobéissant mais aussi du jugement universel destiné au pécheur. Elle n’est ni la mort ni les souffrances mais l’agonie spirituelle qui consiste à se charger des péchés du
monde et à subir le châtiment divin pour ces péchés. C’est avec cet objectif qu’i entre dans la mort en gardant envers Dieu une confiance sereine et résolue.

Quatre explications ont été proposées au cri d’abandon poussé à la croix

  • Un cri de colère, d’incrédulité et de désespoir de n’avoir pas été secouru au dernier moment. Selon cette interprétation inexacte, Jésus était dans l’erreur et avait manqué de confiance sur la croix
  • Un cri de solitude, « la nuit noire de l’âme » vécue par de nombreux croyants de l’ancienne et de la nouvelle alliance. Cette interprétation est possible, mais elle ne tient pas compte du Psaume 22 : l’expérience d’un homme vraiment abandonné de Dieu.
  • Un cri de victoire, selon le Psaume 22 qui s’achève sur une note de confiance, un cri de triomphe. Mais pourquoi Jésus aurait-il cité le début du Psaume, s’il voulait faire allusion à sa fin ?
  • Le cri de Jésus exprime un réel état d’abandon, un abandon authentique, volontairement accepté par le Père et le Fils, mais sans que l’unité de la Trinité ne soit brisée.

La croix souligne trois vérités fondamentales sur nous-mêmes, sur Dieu, sur Jésus-Christ

  • Le péché est une réalité horrible. Nous devons prendre conscience de sa gravité pour placer notre confiance en Jésus comme Sauveur.
  • La croix fait entrevoir un amour de Dieu dépassant l’imaginable, offert à ceux qui ne le méritent pas.
  • Le salut offert par Jésus-Christ est un don gratuit. C’est le plus puissant stimulant pour une vie de piété et de sainteté.

N.B. : les citations littérales ou approximatives de John Stott sont en italique

[1] Mouvement de rébellion contre le pouvoir romain en place
[2] B.B. Warfield dans On the Emotional Life of our Lord

C. Streng

Continuez la lecture avec la 2e partie du livre :

« Concilier pardon des péchés, sainteté et amour de Dieu »