La chute d’Adam et Eve, à l’arrière-plan du premier péché

La chute d’Adam et Eve et la notion de péché

Le péché ! Une notion passée de mode en dehors des milieux religieux. Elle est rejetée, raillée, sauf bien sûr quand celui qui s’en moque en est la victime : « on m’a volé, on a profité de moi, mon… ma… m’a trompé… »

Voici comment la chute d’Adam et Eve a commencé

L’entrée du premier péché, le péché originel dans le monde

La chute de l’homme et de la femme, c’est l’entrée du péché dans le monde par la désobéissance des premiers humains. Cet acte raconté dans Genèse 3 a eu des conséquences universelles : la mort des humains bien sûr mais aussi leur défection (ou trahison) leur déviation (ou écart dans la conduite), leurs transgressions (le fait de ne pas respecter une obligation)

L’apôtre Paul parle de sa conséquence la plus évidente dans Romains 5.12 s
C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché,...

Comment cela s’est-il passé ?

Le jardin d’Eden ! tous les arbres, tous les fruits sont permis ! …

L’Éternel Dieu fit pousser du sol toutes sortes d’arbres d’aspect agréable portant des fruits délicieux, et il mit l’arbre de la vie au milieu du jardin. Il y plaça aussi l’arbre du choix entre le bien et le mal. Genèse 2.9

…à part un seul !

L’arbre de la connaissance du bien et du mal

Et l’Éternel Dieu ordonna à l’homme : – Mange librement des fruits de tous les arbres du jardin, sauf du fruit de l’arbre du choix entre le bien et le mal. De celui-là, n’en mange pas, car le jour où tu en mangeras, tu mourras. Genèse 2.16-17.

(v. 16)

Dieu accorde une grande liberté à l’homme et à la femme qu’il a créés.
L’interdiction d’un seul des arbres n’est pas si répressive. Elle laisse ouverte toutes les autres possibilités qu’il est peut-être difficile de toutes utiliser. Le respect des limites est nécessaire pour que la création se développe comme Dieu le veut.

L’arbre de la vie

Il était à la disposition des premiers humains. Il offrait la possibilité de la vie éternelle. C’est seulement après et à cause de la chute qu’il a été interdit.
Adam et Eve ne sont plus autorisés à manger du fruit de l’arbre de vie après avoir mangé celui de la connaissance du bien et du mal.

Voici que l’homme est devenu comme l’un de nous pour le choix entre le bien et le mal. Maintenant il ne faut pas qu’il tende la main pour cueillir aussi du fruit de l’arbre de la vie, qu’il en mange et qu’il vive éternellement. (Genèse 3.22)

Dieu voulait ainsi éviter que la descendance des premiers humains ne soit éternellement figée dans le péché et ouvrir la possibilité du salut

La connaissance du bien et du mal

Il ne s’agit pas de la sexualité

Contrairement à ce qu’ont pensé certains, à travers les siècles et les religions

La différenciation sexuelle fait partie du bon plan de création de Dieu

Dieu créa les hommes pour qu’ils soient son image, oui, il les créa pour qu’ils soient l’image de Dieu. Il les créa homme et femme. Dieu les bénit en disant :– Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre, rendez-vous en maîtres, et dominez les poissons des mers, les oiseaux du ciel et tous les reptiles et les insectes.

Et Dieu dit :– Voici, je vous donne, pour vous en nourrir, toute plante portant sa semence partout sur la terre, et tous les arbres fruitiers portant leur semence. Je donne aussi à tout animal vivant sur la terre, aux oiseaux du ciel, à tout animal qui se meut à ras de terre, et à tout être vivant, toute plante verte pour qu’ils s’en nourrissent. Et ce fut ainsi. Dieu considéra tout ce qu’il avait créé, et trouva cela très bon. Il y eut un soir, puis un matin : ce fut le sixième jour. Genèse 1.27-31

Le mariage a été institué par Dieu

C’est pourquoi un homme se séparera de son père et de sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux ne feront plus qu’un. Genèse 2.24.

La première faute n’est pas sexuelle, mais ses conséquences se manifestent dans la honte ressentie par rapport à la pudeur du sexe.

Les yeux de l’un et de l’autre s’ouvrirent, ils connurent qu’ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s’en firent des ceintures. Alors ils entendirent la voix de l’Eternel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l’homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l’Eternel Dieu, au milieu des arbres du jardin. Mais l’Eternel Dieu appela l’homme, et lui dit : Où es-tu ? Il répondit : J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. Genèse 3.7-10

Il ne s’agit pas non plus de l’omniscience, le fait de tout connaître, de tout savoir

C’est ce que le serpent a voulu faire gober à Adam et Eve. Il leur a dit que manger le fruit de la connaissance du bien et du mal les rendrait semblables à Dieu.
Absolument pas. Mais plutôt la déception et la honte de se voir nus

L’autonomie morale, « la prétention de décider seul ce qui est bon ou mauvais » est une exclusivité divine.

Poser les normes absolues du bien et du mal est du domaine exclusif de Dieu.
Le couple humain s’est arrogé la capacité de déterminer le bien et le mal, sans référence à Dieu. Il s’imagine décider lui-même ce qui est bien et ce qui est mal. Cette autonomie est illusoire.

Une sagesse, une intelligence indépendante de Dieu.

L’arbre de la connaissance du bien et du mal a donné une certaine intelligence aux premiers humains, mais celle-ci fonctionnait en dehors de Dieu, contre Dieu.
La vraie sagesse, elle, commence par « la crainte du Seigneur » c’est à dire le respect de ce qu’il a ordonné, le fait de rester sous son autorité.

L’homme et la femme savaient déjà ce qui était bien ou mal avant de manger car le commandement de ne pas manger d’un arbre précis le leur montrait déjà. Leur type de connaissance du bien et du mal était fondée sur leur expérience et découlait de l’ autonomie qu’ils avait prise par rapport à Dieu et contre Dieu

Discernement moral et interdiction

Il est complètement faux et aberrant de dire que l’expérience du mal donne plus de discernement. Faire du mal tend toujours à corrompre: un voleur n’augmente pas son discernement moral en volant. Jésus-Christ n’a pas eu moins de discernement en refusant la tentation de Satan. …

Jeu de mots sur deux innocents nus et un serpent rusé

Avant leur désobéissance, Adam, Eve étaient nus (arummim en hébreu) c’est à dire innocents

L’homme et sa femme étaient tous deux nus sans en éprouver aucune honte. Genèse 2.25

Le serpent est rusé, tortueux (arum)

Le Serpent était le plus tortueux de tous les animaux des champs que l’Éternel Dieu avait faits Genèse 3.1

Le jeu de mots sur « arummim » (homme et femme) et « arum » (serpent rusé) avertit qu’il faut être prudent avant d’accepter ce que le serpent dit

Serpent d’Eden identifié au diable. Même mot pour divination, sortilège

Le serpent dans le jardin d’Eden est identifié au diable, à Satan. Même s’il n’est qu’une créature ordinaire, le serpent représente ici le Malin.

Le serpent était l’objet d’un symbolisme très fort dans le Proche-Orient ancien. Il représentait la séduction des puissances nocturnes, des mystères d’en bas. Sa puissance est maintenant à l’œuvre dans le paganisme. Pour le Nouveau Testament, c’est le diable.

Le comportement d’Adam et Eve, un prototype de la tentation et du péché

En réalité, il y a seulement deux types de tentations dans la Bible: celle du premier couple et celle du Christ. …

(1) … Une circonstance mise à profit par un tentateur, ou une tentation

Il demanda à la femme :– Vraiment, Dieu vous a dit : « Ne mangez du fruit d’aucun des arbres du jardin ! » ? Genèse 3.1.

Le serpent installe son idée en posant une question « religieuse » . Il insinue que Dieu garde pour lui seul quelque chose qui pourrait être bonne pour les autres.
La tentation peut venir de l’extérieur ou de l’intérieur de la personne

(2) Le désir est éveillé, (Genèse 3.4-5) ; la rationalisation (la justification d’une attitude ou d’un acte) s’ensuit. (Genèse 3.6a)

Alors le Serpent dit à la femme :– Mais pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Seulement Dieu sait bien que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu, choisissant vous-mêmes entre le bien et le mal. Genèse 3.4-5.

Le serpent contredit directement, mais sans preuves, la Parole de Dieu qui a averti des conséquences de la désobéissance : « Dieu a t-il vraiment dit ? »

Il ne nie pas seulement les conséquences néfastes de l’action illicite, mais il suggère qu’il y a quelque chose à gagner en faisant ce qui est interdit.

Seulement Dieu sait bien que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu, choisissant vous-mêmes entre le bien et le mal. Genèse 3.5.

(3) une réaction à courte vue

Alors la femme vit que le fruit de l’arbre était bon à manger, agréable aux yeux, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence. Genèse 3.6a.

Leurs yeux se sont ouverts, mais ils découvrent qu’ils sont nus, et pas plus « intelligents », perspicaces pour autant.

Eve envisage de transgresser l’ordre de Dieu. Elle considère ce qui pourrait être bénéfique à court terme, sans penser aux conséquences à plus long terme.

Aussitôt, les yeux de tous deux s’ouvrirent et ils se rendirent compte qu’ils étaient nus. Alors ils se firent des pagnes en cousant ensemble des feuilles de figuier. Genèse 3.7

4) La désobéissance au commandement est préparée par la rationalisation (la justification d’une attitude ou d’un acte)

Elle prit donc de son fruit et en mangea. Elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea. Genèse 3.6b.

Eve s’engage totalement à l’étape de la rationalisation, de la justification de son acte, puis elle entraine son mari qui n’attache pas plus d’autorité aux paroles de Dieu qu’elle-même.

Moment précis où le péché a été commis : l’action commune d’Adam et Eve de manger le fruit

La tentation au désert est la contrepartie de celle d’Éden.

Jésus, le nouvel Adam ne se laisse pas tromper par les suggestions de Satan. Il les rejette chacune et triomphe de la situation. Il refuse de sortir de la dépendance vitale de Dieu son Père.

Conséquences gravissimes de la chute

Culpabilité, peur de Dieu

Leur nouvelle connaissance du bien et du mal leur donne pas plus de liberté mais les sépare de Dieu, la source de la vie. Ils se rendent compte de leur culpabilité, illustrée concrètement pat leur nudité. Ils tentent de la cacher et de se cacher de Dieu.

Au moment de la brise du soir, ils entendirent l’Éternel Dieu parcourant le jardin. Alors l’homme et sa femme se cachèrent de l’Éternel Dieu parmi les arbres du jardin. Genèse 3.7.

Accusations et mesquinerie

Adam répondit :– C’est la femme que tu as placée auprès de moi qui m’a donné du fruit de cet arbre, et j’en ai mangé. Genèse 3.12.

Le premier homme accuse la femme, puis il reproche à Dieu de la lui avoir donnée. ..Auparavant, il y prenait plaisir. Le péché sépare du créateur mais aussi des semblables

Alors l’homme s’écria :Voici bien cette fois celle qui est os de mes os, chair de ma chair. Elle sera appelée « femme »car elle a été prise de l’homme. Genèse 2.2.

Egocentrisme

Luther :

« la chute a rendu l’humanité égocentrique (tournée vers elle-même ). Cela affecte toutes les relations : de l’homme à Dieu, de l’homme à la femme, de l’homme à l’homme, de l’homme à l’environnement … »

Jonathan Edwards :

«  A la chute, l’esprit de l’homme a diminué de sa grandeur et de sa largeur d’esprit primitive à une petitesse et à une étroitesse d’esprit extrêmes.
… Avant, son âme, gouvernée par le noble principe de l’amour divin, … était assez large pour comprendre et accepter tous ses semblables et leur bien-être. … [Mais] le péché a contracté son âme aux dimensions très réduites de l’égoïsme. Dieu a été abandonné, et l’homme s’est retiré en lui-même, totalement dirigé par des principes et des sentiments étroits et égoïstes »

Division entre les hommes, séparation d’avec Dieu

«Le péché produit la division entre l’homme et la femme (cf. Genèse 2.23) et sépare du créateur »
« Quand quelqu’un n’a pas le courage de s’accuser, de reconnaître ses torts, il ne se gêne pas pour accuser Dieu lui-même … »

Le ressort du péché originel : être comme Dieu donc le remplacer.

Les maux qui affligent l’humanité procèdent de la folle volonté, partagée par l’homme et la femme, de devenir « comme des dieux, connaissant (maîtrisant ?) le bien et le mal … »

C.Streng