Catégorie : Découvrir

Pour se familiariser avec la foi biblique protestante

Le pharisien et le percepteur : Luc 18.9-14

Le pharisien de Luc 18 sous l’éclairage de l’Ancien Testament

Le texte de Luc sur le pharisien et le publicain, – aujourd’hui on dirait le percepteur puisqu’il récolte les impôts – est une parabole. C’est une courte histoire qui utilise des événements quotidiens pour illustrer un enseignement moral ou religieux.

9 Pour certains, qui étaient persuadés d’être des justes et qui méprisaient les autres, il dit encore cette parabole :

10 Deux hommes montèrent au temple pour prier ; l’un était pharisien, et l’autre collecteur des taxes. 11 Le pharisien, debout, priait ainsi en lui-même :

« O Dieu, je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou encore comme ce collecteur des taxes : 12 je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous mes revenus. »

13 Le collecteur des taxes, lui, se tenait à distance ; il n’osait même pas lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine et disait :

« O Dieu, prends en pitié le pécheur que je suis ! »

14 Eh bien, je vous le dis, c’est celui-ci qui redescendit chez lui justifié, plutôt que celui-là. Car quiconque s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé.

Dans son introduction, Luc annonce la couleur.

Jésus a dit cette parabole à ceux qui se croient justes et regardent les autres avec mépris (18.9). Ceci pour préparer le lecteur à interpréter correctement la parabole.

Celle-ci pourrait d’ailleurs concerner aussi bien le pharisien du temps de Jésus que toute personne, chrétienne ou non, qui se comporterait de manière analogue.

L’opinion que ce pharisien a de lui-même est en porte à faux avec l’évaluation que Dieu fait de lui. Lui s’imagine être juste. Mais c’est chez le collecteur d’impôts repentant que Dieu trouve l’attitude juste.

C’est un thème familier, souvent surprenant dans l’enseignement de Jésus.

Ceux qui sont au dernier rang sont appelés à l’avant (Matt. 19:30) ; les humbles reçoivent la reconnaissance que les orgueilleux cherchent en vain. « quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé. (Luc 14:11)

Le pharisien : « Je, Je, Je »

Il est sûr de lui. Si sûr qu’il trouve tout à fait normal de dénigrer à haute voix les autres et surtout le percepteur, cette personne méprisable qui se tient à proximité.
Alors que moi, « Je jeûne deux fois par semaine, je donne la dîme de tout ce que je reçois.

Les paroles du collecteur d’impôts sont celles de quelqu’un qui ressent profondément le mal qu’il a fait. Les sommes trop perçues, malhonnêtement extorquées, l’étouffent en quelque sorte. Il se jette sur la grâce de Dieu et prie : « Que Dieu soit miséricordieux envers moi, un pécheur » (18.13).

Jésus conclut la parabole en déclarant que le publicain est justifié devant Dieu, plutôt que le pharisien. Et il répète la parole de sagesse bien connue : « Car tous ceux qui s’élèvent seront humiliés, et ceux qui s’abaissent seront élevés ». Aussi dans Luc 14:11

Les deux personnages n’ont pas forcément existé dans tous les aspects de leur description, même si la situation racontée dans la parabole a pu se produire un jour ou l’autre.

En effet leurs traits de caractère sont forcés, et leurs attitudes exagérées. Ni ce pharisien, ni ce percepteur ne sont des personnages normaux de la vie quotidienne.
Ce sont les caricatures des deux manières opposées dont les gens peuvent s’adresser à Dieu.

Pour l’un, la fierté dans l’accomplissement de ses obligations religieuses, combiné au mépris des autres.
Pour l’autre, l’humilité mais aussi une lamentation sur ses péchés qui risque de rester stérile si elle ne débouche pas sur du concret.

Qu’on pense à Zachée : aussitôt descendu de son arbre pour accueillir jésus, il réfléchit immédiatement à ce qu’il va faire pour corriger les effets de sa malhonnêteté.
« Je rendrai 4 fois »

Dans la vie réelle, on se situe entre ces deux extrêmes

Le pharisien et son enracinement dans l’histoire et dans la Loi

Le portrait du pharisien dans la parabole est forcé. Sa prière « Je » est une caricature de prière. Cette caricature a pourtant des aspects réels.
L’auditoire du temps de Jésus ne pouvait manquer de reconnaître qu’il s’agissait d’un instantané sur certains traits de la piété pharisienne.

En fait, qui étaient les pharisiens ?

A l’origine, c’était un groupe de Juifs fidèles à Loi. Au 2e s avant J.-C. ils s’étaient opposés à la tendance d’un bon nombre de Juifs à suivre les coutumes grecques païennes.

En effet, après le retour d’exil, Israël avait toujours été soumise à des puissances étrangères, à ce moment-là la Grèce avec Alexandre le Grand puis ses successeurs. L’un d’eux, Antiochus Épiphane (175-163) persécutait à mort les Juifs qui ne voulaient pas abandonner leur foi pour la religion grecque.

Les pharisiens de ce temps là, sous la persécution, se distinguaient par leur droiture et leur courage. Ils attachaient beaucoup d’importance à l’étude et à la pratique des commandements de Dieu– avec en plus des traditions orales – pour mener une vie conforme à la loi divine.

Au temps de Jésus, leur niveau spirituel avait baissé. Leur piété était devenue formaliste. On attachait plus d’importance aux gestes extérieurs qu’à la disposition du cœur.

Une base biblique légitime puis fossilisée et même dévoyée

En elle-même la démarche du pharisien n’est pas illégitime.
En allant au Temple, il montre simplement son respect pour un cérémonial de reconnaissance que le peuple de Dieu devait pratiquer depuis son entrée dans la terre promise.

Deutéronome 26.1-15 précise le rituel à accomplir pour ce cérémonial de reconnaissance, lors de la fête des moissons en Israël

L’agriculteur prend une partie de la première récolte de blé. Il l’apporte au sanctuaire et la présente au prêtre, qui la dépose devant l’autel.
L’agriculteur témoigne d’abord de ce que Dieu a fait en faveur de son peuple

Un Araméen errant était mon père, et il descendit en Égypte. Et les Égyptiens nous ont traités durement. et l’Éternel nous a fait sortir d’Égypte d’une main puissante Il nous a fait entrer dans ce lieu et nous a donné ce pays (26.5-9).

Puis il exprime sa gratitude pour ce que Dieu lui a donné.
Et voici, j’apporte les prémices du fruit de la terre que tu m’as donné, ô Éternel (26.10)

L’agriculteur doit ensuite dire en public ce qu’il a fait ou n’a pas fait en tant que membre responsable de la communauté de l’alliance :

J’ai enlevé de ma maison ce qui est consacré, et je l’ai donnée au Lévite, à l’étranger, à l’orphelin et à la veuve, selon tous les commandements que tu m’as donnés ; je n’ai transgressé aucun de tes commandements, je ne les ai pas oubliés. J’ai obéi à la voix de l’Éternel, mon Dieu, j’ai fait selon tout ce que tu as commandé (26.12-15 )

C’est là qu’on retrouve le « j’ai, je n’ai pas » qui nous dérange tellement dans la bouche du pharisien de la parabole.
Pourtant ces affirmations arrogantes, ces paroles qui glorifient le pharisien ont à l’origine leur place, leur raison d’être dans la parole même de Dieu.

Quand l’agriculteur parle devant le prêtre et devant ses voisins, ce ne sont pas les paroles d’une personne satisfaite d’elle-même. C’est le témoignage public de sa reconnaissance, devant le prêtre et devant ses voisins dans le cadre de la fête de la moisson.

Il parle de lui-même en tant que membre responsable de la communauté. Il confesse qu’il fait ce que Dieu attend de lui. Il a respecté les commandements, il a pris soin des moins favorisés. Il a été sincère et responsable.

Le texte biblique met l’accent sur ce que le donateur a fait ou n’a pas fait. Il souligne ainsi que le donateur doit être identifié devant tous comme membre du peuple, responsable de ses actes devant Dieu et devant les autres.
Son témoignage en paroles l’engage à traduire ces paroles dans des actions qui doivent tout normalement suivre.

Par la suite, il y a certainement eu des gens qui récitaient cette confession par cœur. Un acte mécanique, la chose à faire, comme tout le monde. Mais sans s’arrêter à son sens, sans la mettre en pratique

Quoi donc ? Tu énumères mes prescriptions, et tu as mon alliance à la bouche, toi qui détestes l’instruction, et qui rejettes mes paroles derrière toi ! Psaume 50.16-17

Alors où se trouvent les différences entre l’agriculteur reconnaissant et le pharisien orgueilleux ?

L’autopromotion

Quand le pharisien dit « je jeûne deux fois par semaine, je donne la dîme de tous mes revenus », c’est exact. Les pharisiens mettaient cela vraiment en pratique. Mais ça sonne faux et artificiel. Ce n’est plus un témoignage de reconnaissance. C’est un moyen d’auto promotion.

D’autant plus que le pharisien « oublie » totalement une partie essentielle de la confession de foi demandée par le Deutéronome. Celle qui rappelle l’origine nomade et étrangère du peuple, (un araméen nomade, à cause de Laban le beau-père du patriarche Jacob, Israël qui a donné son nom au peuple) son esclavage en Égypte, la délivrance par Dieu, l’errance dans le désert et l’entrée dans la terre promise. Bref, ce pharisien s’est fait tout seul, a tout réussi tout seul, sans personne d’autre.

La cérémonie publique de reconnaissance du Deutéronome est détournée pour devenir un moyen de se glorifier soi-même. Il est possible que, suite à cet abus, Jésus ait recommandé la discrétion dans la prière et la pratique de la charité

Quand donc tu fais un acte de compassion, ne sonne pas de la trompette devant toi Matthieu 6.2
Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment prier debout dans les synagogues et aux coins des grandes rues, pour se montrer aux gens Matthieu 6.5

Il est tout à fait acceptable d’être heureux de ses succès, si on est reconnaissant à Dieu et surtout si on en fait profiter les autres.
Pas « moi, je ». Mais merci

La comparaison négative pour les autres

Je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou encore comme ce collecteur des taxes 

L’agriculteur juif se contentait d’amener les produits de sa récolte. Il manifestait sa reconnaissance à Dieu, mais sans se comparer aux autres. C’est là toute la différence

Quand on voit le mépris du pharisien pour les autres et pour le percepteur, on a de forts soupçons à propos des sentiments qu’il pourrait avoir pour l’immigré, l’orphelin et la veuve.

La confession de foi de Deutéronome 26, devient pour lui un moyen de s’exalter soi-même et de rabaisser les autres. Il ne se contente pas de témoigner en public de ce qu’il a fait ou pas fait pour respecter la Loi de Dieu. Il se compare aux autres et cherche à se grandir en les rabaissant : je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou encore comme ce collecteur des taxes

Encore une fois cette attitude de rejet, ces paroles méprisantes sont le dévoiement des principes de conduite indiqués par la Parole de Dieu pour diriger son peuple

Le pharisien appartient à la communauté d’Israël. Comme ses ancêtres, il est membre du peuple que Dieu a créé et organisé au Sinaï pendant l’Exode. Le Seigneur a appelé les membres de ce peuple à vivre ensemble, sous la direction de sa Loi, la Torah.

En pratiquant des actes justes et des gestes de compassion en faveur des autres, (rappelé par Deutéronome 26) Israël formait une communauté dans laquelle chaque personne pouvait vivre. La Torah, la Loi était un don de Dieu à préserver pour ne pas perdre la bénédiction de Dieu.

Pour cette raison Israël était prudent dans ses relations avec les autres peuples voisins. Et il se séparait de tous ceux qui ne suivaient pas la Loi. Ceci après l’exil, car avant, il avait une fâcheuse tendance à imiter l’idolâtrie des autres peuples. Voir à ce sujet tous les avertissements de la Loi et des prophètes.

Le Psaume 1 le montre bien :

Heureux l’homme qui ne suit pas les projets des méchants, qui ne s’arrête pas sur le chemin des pécheurs, et qui ne s’assied pas parmi les insolents, mais qui trouve son plaisir dans la loi du SEIGNEUR, et qui redit sa loi jour et nuit !

Ceux qui aiment la Torah, ceux qui respectent la Loi de Dieu doivent montrer la différence avec ceux qui ne se soucient pas du bien des autres, qui sont indifférents à l’impact de leur comportement sur l’avenir de la communauté.
Il faut être prudent dans ses relations avec ceux dont le comportement nuit à la vie dans la communauté de peur qu’elle ne soit menacée, mise en danger.

D’où le changement complet d’optique après l’exil.
Tout étranger suscitait la méfiance et le rejet, pas à cause de sa religion idolâtre mais tout simplement parce qu’il n’était pas juif.

On avait oublié les ancêtres non juifs du roi David comme Rahab la cananéenne et Ruth la moabite. Et aussi que la Loi de Moïse donnait des directives en faveur des étrangers, en particulier ceux qui voulaient s’intégrer dans le peuple juif.

Cette mise à distance de l’étranger allait si loin qu’elle s’appliquait même aux gens simples du peuple juif , sans instruction.

Cette foule qui ne connaît pas la loi, ce sont des maudits. Jean 7.46

Tout simplement les gens qui ne pouvaient respecter tous les détails de loi orale, les 613 commandements supplémentaires ajoutés par les pharisiens. Des travailleurs juifs que leur profession même rendait rituellement impurs.

Par exemple les bergers, les tanneurs pourtant indispensables pour tanner les nombreuses peaux des animaux sacrifiés au Temple. On mettait donc au même niveau l’impureté rituelle et le péché.

Quant au percepteur, il se situait au croisement : impur parce qu’en contact avec l’occupant romain étranger et païen auquel il remettait les impôts, pécheur parce que pas souvent honnête dans sa manière de percevoir cet impôt en remplissant d’abord largement ses propres poches.

C’est là qu’intervient le confit entre Jésus et les pharisiens sur la manière de se comporter avec les pécheurs.

Les pharisiens supportaient très mal la liberté que Jésus prenait dans ses relations envers eux.
Pourquoi votre maître mange-t-il avec les collecteurs des taxes et les pécheurs ? Matthieu 9.11

Pour eux, la liberté de Jésus, ses actions en faveur des pécheurs, en dehors de la tradition, étaient une approche risquée qui pouvait mettre la communauté au danger.

La tradition juive accordait de l’importance à la repentance. Mais habituellement, on tenait les pécheurs à distance, comme présentant un danger pour la communauté (Psaume 1).
Seul Jésus ne tenait pas compte de cette crainte. Il fréquentait directement et naturellement des pécheurs et il les appelait à venir à lui.

Le pharisien de la Parabole subit la désapprobation de Dieu à cause de son utilisation abusive de la tradition religieuse. Le maintien de la tradition devient le moyen par lequel il s’élève au-dessus des autres.

Une réflexion à base de discernement et d’équilibre

Soyons attentifs à faire la distinction entre les destructeurs, les moqueurs du Psaume 1 et les visiteurs de nos Églises qui ne partagent pas (pas encore) nos valeurs chrétiennes

Ces destructeurs, ces moqueurs existent bien. Certains ont détruit des Églises en introduisant des fausses doctrines, des divisions, des querelles. Des exemples actuels existent et pas seulement dans des revues chrétiennes.

Et pour nos visiteurs non chrétiens, si nous voulons qu’ils partagent un jour nos valeurs chrétiennes, alors rendons les accueillantes sans transiger sur le fond du message biblique : la repentance, la foi, la conversion, l’engagement dans la vie de disciple.

Mais en veillant, par l’enseignement de la Parole et par l’exemple, à les accompagner d’un monde sans Dieu, qui court à sa perte, à la communion des chrétiens, qui met au centre la relation vivante avec le Christ.

C.Streng

Connaître Dieu mais quel Dieu ?

Connaître Dieu mais quel Dieu choisit-on de connaître  ?

Pour certaines personnes, Dieu, c’est l’horloger…

Il a mis en place la mécanique du monde depuis un ciel lointain où il demeure depuis, indifférent.

Pour d’autres, c’est une sorte de despote mais sans véritable consistance.

Il fait peur sans jamais vraiment intervenir… – « Si tu n’es pas sage, le bon Dieu te punira ». Menace de ceux qui sont incapables de prendre leurs responsabilités, éducatives ou autres.

Dans certaines circonstances, c’est un égoïste ou un irresponsable…

Il ne répond pas ou intervient en dépit du bon sens humain… « Qu’est ce que j’ai fait au bon Dieu pour qu’il m’arrive ceci ou cela ».

Remarquons le bien : ce genre de Dieu est dit « bon » mais on ne voit pas trop pourquoi ni comment.

Enfin dans d’autres circonstances, c’est le Père Noël, le « bon Dieu ».

Son métier, c’est de pardonner, disait Voltaire qui se piquait d’agnosticisme, c’est à dire d’impossibilité de connaître Dieu, pour ne pas dire d’athéisme.

Mais dans la maison de Voltaire, à Ferney-Voltaire à la frontière suisse, il y a eu un dépôt de la société biblique de Londres. Dieu a le sens de l’humour.

Toutes ces manières de qualifier Dieu,… de parler de lui ont un point commun : se l’approprier, le réduire au rôle de serviteur.

Et si le domestique ne répond pas, ou pas assez vite, ou pas comme on veut, on le licencie et on en prend un autre, quitte à le réembaucher plus tard.

C’est ça l’idolâtrie dénoncée dans l’Ancien Testament

YHWH n’a pas envoyé la pluie. Demandons la à Baal. C’est aussi l’idolâtrie des temps actuels, qui mélange des spiritualités de tous bords. Selon les désirs et les envies, on puise dans l’une ou dans l’autre.

Remettons les choses en place :

Tous ces dieux là ne sont pas Dieu, le Dieu véritable. Ce sont des idoles, les calques mal dessinés des colères, des insuffisances, ou des désirs insatisfaits.

On ne peut jamais s’approprier l’Eternel. Si on s’imagine avoir réussi à le faire, ce n’est pas Dieu, mais un « autre », celui qui trompe, le menteur. Il manipule alors qu’on s’imagine être libre…

Connaître Dieu, le vrai Dieu  ?

Essayer d’approcher –au moins un peu- ce qu’il est justement impossible d’atteindre avec nos moyens humains limités…

Qui est Dieu en lui-même, infiniment grand, éternel, libre, puissant, absolu. Et tous les qualificatifs qu’on pourrait imaginer et qui resteraient en deçà …

Comment est-ce possible alors ? …

Pas par nos moyens. Mais par ceux que le Seigneur lui-même indique pour que nous le découvrions, tel qu’il veut se révéler

 Vous vous tournerez vers moi et vous me trouverez lorsque vous vous tournerez vers moi de tout votre cœur (Jérémie 29.13)

Connaître Dieu, le trouver, c’est se tourner vers lui de tout son cœur.

C’est se tourner vers le Dieu qui se rend accessible à notre faiblesse humaine. C’est se tourner vers la Parole incarnée, devenu homme en Jésus-Christ, le Fils de Dieu.

Se tourner vers Dieu, inaccessible, inatteignable à cause de la séparation provoquée par le péché ?

Oui par la foi dans le Christ médiateur, le Christ seul chemin entre Dieu et les hommes ?

Et l’étincelle qui déclenche cette foi, la flamme qui continue à la faire vivre, c’est le Saint-Esprit, la 3e personne de la Trinité.

C’est le Saint-Esprit qui déclenche la repentance, le regret profond et sincère des péchés. Il pousse à la conversion, à la confiance pour toute la vie dans le Christ.

Jésus est mort en croix à cause de nos fautes et il est ressuscité. Ainsi Dieu nous déclare justifiés devant lui.

C’est ce que les chrétiens ont expérimenté, ce qu’ils vivent en Eglise, en communauté de rachetés par Dieu, grâce au Christ, par l’Esprit.

Les chrétiens reconnaissent Jésus-Christ comme le Sauveur, leur Sauveur.

Et dans leurs prières ils le remercient pour tout ce qu’il a fait pour eux.

Le Christ Sauveur, c’est aussi le Seigneur, le Fils de Dieu, Dieu lui-même, en la 2e personne de la Trinité.

Il a participé à la création du monde, il est présent. Et surtout il préexiste, il existe de toute éternité.

Saisir un peu de cette éternité inaccessible à notre raison, à notre intelligence limitée au cadre de notre espace et de notre temps ?

C’est le Christ lui-même qui nous indique la voie :

Jésus-Christ : le JE SUIS  de l’absolu de Dieu

Avant qu’Abraham soit venu à l’existence, moi, je suis . Jean 8.58

JE SUIS sans attribut, sans qualificatif : c’est le JE SUIS absolu, le JE SUIS du buisson ardent dans le désert.

C’est Dieu lui-même qui se révèle à Moïse en lui dévoilant son nom dans Exode 3.14.

Je suis celui qui est,  celui qui est présent, qui existe et même qui préexiste à tout, de toute éternité

Dieu présent, préexistant, dans la Trinité, dès avant la création

Avant toute pensée de création, avant la création, avant l’histoire du monde, Dieu était là dans les trois personnes de sa Trinité :

Dieu (au singulier) créa (pluriel) le ciel et la terre

Pas seulement le ciel au dessus de nos têtes et la terre sur laquelle nous nous marchons, et faisons peut-être notre jardin, mais la matière de tous les corps célestes et le vide interstellaire. De quoi donner le vestige

Et ce JE SUIS,  je suis m’a envoyé vers vous  disait Moïse (Exode 3.14b), c’est Dieu lui-même : son nom propre,YHWH, signifie aussi JE SUIS.

Dieu rédempteur de son peuple et garant de son alliance

Ce Dieu créateur des cieux et de la terre est aussi rédempteur.

C’est lui qui choisit de racheter un peuple esclave pour établir une alliance avec ce peuple qu’il va libérer :

Je suis décidé à intervenir en votre faveur, de vous faire sortir d’Egypte Exode. 3.16-17

Dieu « plein de compassion et de grâce, lent à se mettre en colère, et riche en amour et en fidélité Exode 34.7

Il reste toujours fidèle à son alliance.

Même si on l’a trahi en lui préférant un veau d’or, même si on l’a accompagné, dans la pratique populaire et parfois même royale, de toutes sortes de divinités lamentablement parallèles, en fait, des idoles.

Dieu parle librement à son peuple au moyen de sa relation d’alliance…

Il la rend visible par les rites du culte, -les rites d’expiation et de pardon. Il en donne le sens profond par les paroles de la prophétie.

Il la rendra cette alliance effective et efficace …car il établira une nouvelle alliance gravée dans le coeur (Jérémie 31.31,33)

Cette nouvelle alliance est offerte à tous ceux et celles parmi les peuples qui la demandent.

C’est le Christ, le serviteur souffrant à la croix d’Esaïe 53 qui en sera le garant.

Et pour en faire comprendre le sens profond, Il donnera un cœur nouveau…

Pas un cœur de pierre incapable d’aller au delà de la surface mais un cœur de chair véritablement orienté vers Dieu (Ezéchiel 36.26).

Jésus, le charpentier de Nazareth, le JE SUIS, présent de toute éternité avec Dieu ?

Alors, le JE SUIS du buisson ardent, le JE SUIS de Dieu, le garant de la nouvelle alliance, est-il possible que ce soit ce Jésus qui discute là, avec quelques juifs dans la cour du Temple (Jean 8)

Ce Jésus prétend avoir été présent avec Dieu dès avant la création du monde, présent pour créer le monde, présent dans toute l’histoire du peuple d’Israël…

« Avant qu’Abraham fût, je suis »

Impossible à comprendre, à accepter pour ces Juifs, ….et même blasphématoire. Le conflit prend des proportions inextricables. Ce fils de charpentier ne peut être … le JE SUIS de l’absolu de Dieu.

Quelques Juifs semblent avoir compris, mais pourtant

C’est bien en entendant les paroles de Jésus lors de la fête des lumières, « je suis la lumière du monde » (Jean 8 .12) que quelques Juifs ont compris, semble-t-il, et ont cru en lui. (Jean 8.30).

Une opposition violente

Et pourtant, …quand Jésus veut aller plus loin dans ses explications, quand il veut faire avancer « ceux qui avaient mis leur foi en lui », les voilà qui se drapent dans leur dignité juive mal comprise pour s’opposer violemment à lui.

Ils ont probablement raté une étape mais laquelle ? A quel niveau ont-il perçu Jésus ?

Ils n’ont pas compris que, face à Jésus Christ, …ils sont face à Dieu lui-même.

Même s’ils ne comprennent pas, même s’ils ne veulent rien savoir au delà de leurs idées préconçues. Même s’ils n’ont rien compris aux 7 grandes paroles, aux 7 JE SUIS qui marquent toute la vie du Christ.

JE SUIS le pain de la vie (6:35, 48), JE SUIS la lumière du monde (8:12), Je SUIS la porte (10: 7, 9,  JE SUIS le bon berger (10: 11, 14),

JE SUIS la résurrection et la vie (11:25), JE SUIS le chemin, la vérité et la vie (14: 6), Je suis le vrai cep (15: 1, 5).

Jésus, le JE SUIS de la lumière, la lumière du monde qui donne la lumière de la vie (Jean 8.12)

Présent dès la création , quand la lumière créatrice explose et s’expand dans l’infinité des systèmes cosmiques de l’espace sidéral

Présent dans l’alliance entre l’Eternel et Israël et lumière pour les nations

Moi, l’Éternel, moi, je t’ai appelé dans un juste dessein
et je te tiendrai par la main ;

je te protégerai et je t’établirai
pour conclure une alliance avec le peuple, ….pour être la lumière des nations. Esaie 42.6

C’est Dieu lui-même, …lumière du monde, que les Juifs de Jérusalem auraient dû voir quand Jésus leur parlait.

Lumière du monde qui illumine les ténèbres … par ses paroles et ses actes de libération du péché et de la mort.

C’est ainsi Dieu se manifeste à son peuple, … à toutes les nations.

C’est ainsi que nous devons le voir, lui, Jésus, 2e personne de la Trinité, lui, Fils de Dieu le Père.

Dieu lui-même, lumière du monde, se révèle dans le Christ, serviteur souffrant de la croix. Dieu lui-même, lumière dans le Christ glorifié.

Connaître Dieu lui même, au delà de ce que nous comprenons… ou pas

Dieu lui-même dans ses trois personnes, Dieu lumière du monde dissipe les ténèbres du péché, éclaire le chrétien et le fait avancer dans la grâce et la vérité.

Vérité parfois dure à entendre. Mais aussi grâce de voir révélé ce que nous sommes au fond de nous, des pécheurs.

Vérité éclairante, mais aussi grâce illuminée par l’Esprit.

Vérité et grâce poussent à la repentance et à la confiance dans le Christ, indispensables pour une vie en présence de Dieu  ici et dans l’éternité.

Mais aussi vérité et grâce dans nos relations de chaque jour avec Dieu …et par conséquent avec les autres .

Attention à ne pas abîmer la relation juste avec lui , que Dieu nous a acquise par sa grâce. Les erreurs citées au début du message peuvent aussi être les nôtres…

Dieu est au ciel et toi sur la terre » (Ecclésiaste 5.1).

Il est libre et souverain.

Alors ne limitons pas Dieu à l’opinion que nous pouvons construire sur lui.

N’essayons de nous approprier Dieu, de le mettre à notre service, même avec des paroles pieuses et des versets bibliques sortis de leur contexte.

« Avec tout ce que je fais, avec tout ce dont je me prive, ça ne va pas mieux pour moi ». Ou alors « Dieu a bien dit ça ou ça dans tel verset et je ne le vois pas s’accomplir… »

Nous n’avons aucunement le droit de lui forcer la main. Il intervient quand il le veut  et pas quand nous sonnons.

Dieu EST … avant d’intervenir dans tout l’univers et aussi dans nos vies. Même si parfois sa liberté, donc sa manière de faire dans tel ou tel cas échappe à notre compréhension.

On peut le comprendre. Les actions de telle personne ne sont pas le tout de cette personne. De même les actes de Dieu ne sont pas le tout de Dieu. C’est à partir de ce qu’il EST, à partir de son être, que Dieu agit.

Alors essayons de percevoir, au delà des actes, au delà de ce que nous comprenons et de ce que nous ne comprenons pas, la grandeur et la majesté de Dieu, éternel, …créateur et rédempteur.

Et soyons aussi vis à vis des autres, dans notre témoignage, respectueux de cet espace de liberté.

C. Streng

Psaume 73 – réussir sans Dieu mais après

Que vous inspire cet extrait des Proverbes ?

La maison des méchants sera détruite ;
la tente des gens droits sera florissante. 14.11

Il ne suffit pas de dire qu’elle est forcément vraie, puisqu’elle vient de la Bible.
Votre interlocuteur vous répondra qu’il y a tant d’exceptions !

Il connaît des personnes qui sont un démenti à cette affirmation,. Des incroyants arrivent à réussir sans Dieu, ils prospèrent à faire envie. Alors que des croyants, attentifs à leur comportement, n’ont vraiment pas de chance dans leur vie.

C’est là un vrai problème et un problème qui a de tout temps agité les gens qui réfléchissent.

Un homme qui a réfléchi : Asaph, chef de chorale au Temple

Or la Bible nous a aussi conservé le témoignage d’un homme qui a franchement empoigné cette question pour tenter d’y voir clair. C’est Asaph, le lévite que le roi David avait établi chef de chorale au Temple de Jérusalem.

1. Une réalité indéniable

Psaume 73.1-15

(Lisez la Bible sur internet)

Les observations d’Asaph

Déjà de son temps, il y a 3000 ans ? Asaph a observé ce qui était évoqué  plus haut :

4-9.

Rien ne les tourmente jusqu’à leur mort,
et leur corps est replet ;

5 ils n’ont aucune part à la peine des hommes,
ils ne sont pas frappés avec les humains.

6 C’est pourquoi l’orgueil leur est un collier
– la violence, un vêtement qui les enveloppe ;

7 ils sont luisants de graisse,
les imaginations de leur coeur dépassent la mesure.

8 Ils raillent, ils parlent de faire du mal et d’opprimer ;
ils parlent de haut,

9 ils élèvent leur bouche jusqu’au ciel,
et leur langue se promène sur la terre.

Rien ne manque au tableau

Et vous l’avez constaté, rien ne manque au tableau : les déclarations arrogantes, la moquerie hautaine, la violence et l’oppression… !

Et pour couronner ce palmarès :

et on dit : Comment Dieu saurait-il ?
Y a-t-il même de la connaissance chez le Très-Haut ? 11

Sûr de soi !

la certitude de si bien contrôler toute situation et son propre destin qu’on se place même au-dessus de Dieu…Enfin, de l’idole caricaturale qu’on prend pour le vrai Dieu.

Mais pas sans admirateurs

Mais pour vraiment exister, un tel personnage a besoin d’une cour d’admirateurs ou de flatteurs :

9-10:

ils élèvent leur bouche jusqu’au ciel,
et leur langue se promène sur la terre.

Voilà pourquoi le peuple se tourne vers eux.
On boit leurs paroles

des gens impressionnés par le succès du vantard, qui croient devoir l’imiter à leur tour. Pour cela ils avalent sans grand tri tout ce que débite l’autre, et aussi les couleuvres et autres saletés qui s’y trouvent…

Voilà le spectacle déroutant qu’offrent certains. Comme on dit, ils « ont réussi », malgré leur abandon de tout scrupule envers autrui. Il va sans dire que tant d’injustice blesse (in)directement beaucoup de gens.

Asaph outré et perturbé

Face à ce spectacle Asaph est non seulement outré, mais il a même failli vaciller moralement :

Quant à moi, pour un peu mes pieds allaient s’écarter du chemin,
il s’en est fallu d’un rien que mes pas ne glissent,

car j’étais jaloux de ceux qui font les fiers,
en voyant la prospérité des méchants. 2-3.

Croyants au coeur pur mais échecs

C’est d’autant plus compréhensible qu’il comparait tout cela à la situation de certains croyants, au cœur pur

Oui, Dieu est bon pour Israël,
pour ceux qui ont le coeur pur. 1

Ils sont soucieux d’honorer Dieu, mais ils subissent des revers et des échecs, alors qu’ils se sont confiés entre les mains de Dieu.

Le bilan n’est pas facile à admettre.

  • D’un côté la prospérité insouciante de l’impie qui va jusqu’à provoquer Dieu en face.
  • De l’autre des épreuves, des blocages incompréhensibles et longs à surmonter dans la vie de personnes attachées au Seigneur ou même engagées dans son service.

Ainsi va la vie, diront certains.

Oui, mais qu’en est-il de la providence, de la justice de Dieu ?

N’est-ce pas l’argument favori de l’incroyant : si Dieu existait, il ne permettrait…pas…

La prospérité de l’incroyant, les épreuves du croyant ! Voilà ce qui  sert de preuves : Dieu est indifférent aux injustices ou alors … il ne contrôle rien dans la société.
Sans justice la vie devient insupportable. Or Dieu déclare qu’il est saint, donc juste. Cela devrait se voir dans le quotidien.

Et si les choses fonctionnent ainsi à l’envers, cela vaut-il vraiment la peine d’être soi-même juste, respectueux des autres et de Dieu ?

Se laisser aller à la facilité naturelle est tellement moins fatigant et peut pourtant donner des résultats gratifiants.

Le croyant qui se fait railler par les incroyants, a bien tort de se donner tant de mal et de se priver des plaisirs de la vie !

Conclusion :

J’ai donc réfléchi pour comprendre cela ;
ce fut pénible à mes yeux, 16

le point où s’arrêtent bien des gens, déconcertés, ne sachant plus que penser. Et là, naturellement, les attend le diable avec son raisonnement si logique :

C’est donc pour rien que j’ai purifié mon coeur,
et que j’ai lavé mes mains dans l’innocence :

 je suis sans cesse frappé,
tous les matins m’apportent mon châtiment.13-14.

2. Il faut changer de perspective

Psaume 73. 16-20

Lisez la Bible sur Internet

Réfléchir sous la direction de Dieu

Quand on mène une telle réflexion qui implique fortement Dieu, mieux vaut la faire sous sa direction et ne pas s’arrêter avant d’avoir obtenu sa réponse.

Sonder les Ecritures

Pour cela Asaph entre dans le Temple de Dieu. Il veut sonder les procédés de Dieu envers l’humanité, tels qu’on les trouve exposés dans les Écritures. Et celles-ci, à son époque, se trouvent au Temple, qui est le lieu où est enseignée la pensée de Dieu.

Et là, que lui dit Dieu, dans un langage du 21e s. ?

C’est vrai, ce que tu as compris du film, c’est bien ainsi que les choses se passent souvent entre les hommes. Mais tu juges avant la fin du film, tu n’en as vu qu’une partie, le film n’est pas terminé, attends de voir la suite et en particulier la fin…

Et la fin, ce n’est pas seulement ce qui arrive au terme du parcours terrestre, c’est aussi et surtout ce qui vient après le réveil

Comme un rêve au réveil,
Seigneur, à ton éveil, tu repousses leur image. 20.

Alors seulement ta vision des choses sera complète et tu pourras juger valablement.

Autrement dit : tes constats de 1-12 sont bien justes, mais la conclusion que tu en tires aux v. 12-13 ne l’est pas, parce que bien prématurée.
Ta perspective est celle de l’aujourd’hui, celle d’un point donné sur l’ensemble d’une trajectoire biographique. Elle n’est pas valable, parce que partielle, incomplète.
La Fontaine disait qu’en toute chose il faut considérer la fin, et un proverbe de mon village déclare qu’il n’a pas encore fait nuit tous les jours.

La perspective de Dieu est globale.

Elle prend tout en compte et ne prononce son verdict qu’à la fin, quand il ne peut plus rien venir s’ajouter. Le problème d’Asaph est donc une vision trop courte des choses.

La solution c’est allonger la perspective pour englober la totalité du parcours observé. Et là intervient la raison de l’apparent retard de Dieu, de ce que l’athée appelle injustice ou indifférence de Dieu envers le mal. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, l’espoir d’une repentance. C’est le mystère et la bénédiction de la patience de Dieu. Il ne veut pas qu’un seul périsse, mais… que tous parviennent à se convertir

Le Seigneur ne retarde pas l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le pensent. Il est patient envers vous : il ne souhaite pas que quelqu’un se perde, mais que tous accèdent à un changement radical
2 Pierre 3.9.

Ce n’est qu’en prenant en compte toutes les données d’une situation qu’on peut l’évaluer correctement.

Que penser alors des déclarations définitives et hautaines de certains philosophes ou  savants ?

Ils se vantent de ne considérer que ce qui est objectif, compatible avec la raison, en excluant tout ce qui est inaccessible aux cinq sens. Ils évacuent ainsi allègrement tout un pan des réalités humaines, en particulier le monde de la vie spirituelle.
L’homme est certes un être rationnel, mais aussi émotionnel et spirituel. Il y a aussi des gens très savants et très écoutés qui jugent tout le film en n’en prenant en compte que telle ou telle partie de ce film.

Or qu’en est-il de cette autre partie du film, de la fin de l’incroyant ?

Oui, tu les places sur des voies glissantes,
tu les fais tomber dans la tourmente.

Comment ! En un instant les voilà dévastés,
ils sont à bout, achevés par l’épouvante !

Comme un rêve au réveil,
Seigneur, à ton éveil, tu repousses leur image. 18-20.

Mais attention, ne nous contentons pas de noter qu’il y a quand même une justice réelle, même si elle ne vient qu’à la fin.

Imaginons le cataclysme qu’elle représente pour cet homme. Lui qui était si sûr et si fier de tout contrôler, d’un coup il ne contrôle plus rien du tout.

Lui qui était si certain de n’avoir jamais à rendre compte de rien, le voilà brusquement en face du Juge de l’univers, le vrai Dieu qui se moque bien de toutes les affirmations arrogantes lancées contre lui (Psaume 2).

Là il ne s’agit plus d’un dieu de fabrication humaine avec qui on peut négocier, s’arranger. Cette fois et désormais la situation est doublement épouvantable : l’homme est tout seul, il n’y a plus de cour autour de lui et il n’a absolument rien prévu, rien en main pour affronter cela !

Chaque fois qu’un assassin d’une certaine religion se fait tuer soi-disant comme « martyr de cette religion», imaginons les deux minutes qui suivent sa mort. On lui a certifié qu’il a une entrée prioritaire, c’est à dire sans vérification des péchés, au paradis de cette religion. Imaginons l’abîme entre ce qu’il espérait et ce qui l’y attend effectivement. C’est un bon indicateur de l’horrible mensonge de tout ce système.

3. Quelques conclusions

Psaume 73. 21-28
Lisez la Bible sur Internet

Juger d’une situation avec tous les éléments

Asaph s’était trompé et il le reconnaît avec une belle franchise.
C’est stupide de juger d’une situation en ne prenant en compte qu’une partie des faits qui la constituent, même quand c’est habillé d’un vocabulaire très savant.
Un opticien sait remédier à la myopie, sauf quand elle est volontaire.

Sinon le jugement porté est contestable

L’homme est stupide lorsqu’il feint d’ignorer sa fragilité, la réalité de Dieu sauveur ou juge, le caractère éphémère de toute chose.
On ne peut pas non plus se contenter des apparences qui cachent parfois bien des aspects tristes ou gênants. Tant qu’on n’a pas accès aux données plus secrètes, le jugement porté est contestable :

Ne portez donc aucun jugement avant le temps fixé, avant la venue du Seigneur qui mettra en lumière les secrets des ténèbres et qui rendra manifestes les décisions des coeurs. Alors chacun recevra de Dieu sa louange.
1 Corinthiens  4.5.

Et bien souvent on n’a pas le moyen de les connaître et la sagesse élémentaire consiste à l’avouer et à se taire.

S’abstenir de juger

Dans le Temple de Dieu, dans sa présence, il y a la balance très fine du Saint Esprit. Il indique le vrai poids des choses quand on a besoin de le connaître ou il rappelle que là ce n’est pas à nous de juger.

Il y a encore une autre raison de s’abstenir de juger. Tout être humain veut profiter du cadeau qu’est la vie. Le tout, c’est de savoir ce qu’il entend par là.
L’incroyant le fait en se centrant sur lui-même, sur ses avantages et ses envies. Et pour cela il dispose peut-être de quelques décennies, après quoi c’est fini, sans appel.

Le croyant place le Seigneur au centre de son quotidien et son prochain aussitôt derrière.

Et dans la pratique il découvre qu’avec cette échelle des valeurs la vie vaut la peine d’être vécue et offre beaucoup de joies :

Oui, Dieu est bon pour Israël,
pour ceux qui ont le coeur pur.1.

Il y a aussi des tronçons moins faciles, plus obscurs.

Là on ne suit le Seigneur qu’à reculons et sans comprendre. Pourtant là aussi c’est Dieu qui garde le contrôle. Et on peut relire 23-25 avec l’assurance qu’il confirmera ces déclarations.

Cependant je suis constamment avec toi,
tu m’as saisi la main droite ;

 tu me conduis par ton conseil,
puis tu me prendras dans la gloire.

25 Qui d’autre ai-je au ciel ?
En dehors de toi, je ne désire rien sur la terre.

Et surtout, c’est là la différence énorme par rapport à celui qui veut se passer de Dieu : le croyant n’a pas juste quelques décennies devant lui, mais lui, il a le temps, tout le temps, l’éternité pour profiter de la vie.

L’éternité pour profiter de la vie

Une partie, il la connaîtra déjà sur terre ;

En dehors de toi, je ne désire rien sur la terre. 25b
Quant à moi, m’approcher de Dieu, c’est mon bien.
J’ai choisi pour abri le Seigneur DIEU
– afin de raconter toutes tes oeuvres. 28

L’autre, garantie par Dieu, vient ensuite et elle sera éternelle :

puis tu me prendras dans la gloire.

Qui d’autre ai-je au ciel ? 24b, 25a.

Et un tel choix n’est vraiment pas stupide :

Ma chair et mon coeur s’épuisent :
Dieu sera toujours le rocher de mon coeur et ma part .26

Amour et foi désintéressés : difficile aussi pour le croyant

Pour être honnête, notons que le croyant a du mal de concevoir un amour, une foi désintéressée :

C’est donc pour rien que j’ai purifié mon coeur,
et que j’ai lavé mes mains dans l’innocence :13.

Il a si facilement tendance à attendre une récompense pour ses efforts de sanctification, comme si ceux-ci le privaient de quelque chose qui aurait autant de valeur qu’une vie propre.

Le chrétien doit souvent lutter contre l’idée que sa différence de comportement l’autorise légitimement à attendre un privilège dans le traitement par Dieu.

C’est vrai que Dieu se plaît à bénir celui qui s’attache sincèrement à lui. Mais c’est à voir comme une grâce, une réponse d’amour et non comme un salaire pour un service rendu.

Dans les moments difficiles, patience et silence

Comme on l’a vu, le chrétien connaît des passes difficiles, déconcertantes. Mais en pensant à la dimension éternelle de sa vie, le bon conseil sera la patience et le silence.

Ce n’est pas notre réaction spontanée, mais c’est parfois la meilleure façon de glorifier Dieu : « Je ne sais pas pourquoi tu me fais passer par là, mais je sais que c’est toi qui conduis le trajet. Il se pourrait bien que la raison d’être d’une difficulté, soit justement de m’apprendre la confiance dans le silence. »

Nous autres, Français, Latins, croyons beaucoup trop à la nécessité de toujours parler. Or il n’est vraiment pas toujours nécessaire, ni même sage de parler, de tout exprimer :

Si je disais : Je vais parler comme eux,
je trahirais tes fils.15.

Eviter les débordements

Se répandre en vitupérations, surtout en l’absence du responsable de la difficulté, peut donner le sentiment d’être fort, alors que c’est l’étalage de mon impuissance en face du problème.

Il paraît que cela défoule, libère ; je n’en suis pas si sûr, mais ce qui est sûr, c’est que je devrai des comptes des paroles prononcées et qu’elles constituent souvent une lourde charge spirituelle.

Et si je me lâche ainsi en présence de frères et sœurs, je risque de les blesser, les troubler, les déstabiliser : « Ah, donc même lui, il ne fait pas plus confiance au Seigneur !…Mieux vaut se taire par solidarité, pour ne pas blesser, trahir un frère une sœur, l’Église :

Si je disais : Je vais parler comme eux,
je trahirais tes fils.15.

J-Jacques Streng