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L’idolâtrie, une relation faussée avec Dieu. Les remèdes ?

Avertissement contre l’idolâtrie dans la première lettre de Jean

La première lettre de Jean frappe le lecteur par le ton d’affection de l’auteur envers ses correspondants. Il s’adresse à eux par des expressions comme « mes petits enfants, mes bien-aimés, mes chers enfants ».

Sa conclusion revêt une force particulière. Il répète trois fois « nous savons » pour rappeler quelques fondements de l’assurance chrétienne en Jésus. Et puis tout à la fin vient un avertissement surprenant contre l’idolâtrie qui a l’air de n’être pas du tout à sa place là.

1 Jean 5 : 17-21

Toute désobéissance à la Loi est un péché, certes, mais tous les péchés ne mènent pas à la mort. Nous savons que celui qui est né de Dieu ne commet pas le péché qui mène à la mort, car le Fils de Dieu le protège. Aussi le diable ne peut-il rien contre lui.  

Nous savons que nous appartenons à Dieu, alors que le monde entier est sous la coupe du diable. Mais nous savons aussi que le Fils de Dieu est venu et qu’il nous a donné l’intelligence pour que nous connaissions le Dieu véritable.

Ainsi, nous appartenons au Dieu véritable par notre union à son Fils Jésus-Christ. Ce Fils est lui-même le Dieu véritable et la vie éternelle. Mes chers enfants, gardez-vous des idoles

1. Adam dans la création

Dans le vaste domaine d’Eden, avant l’irruption du péché, les deux êtres humains jouissaient d’une double relation bienfaisante :

–  envers la création : Dieu les a bénis comme gérants de tout ce qu’il a créé ; ils en reçoivent la maîtrise, la gestion sous l’autorité du Créateur ;
–  envers le Créateur : il entreprend avec eux une relation directe spontanée d’affection et de confiance réciproques. Ils regardent à lui comme celui qui les aime, qui soutient et maintient tout le créé. Et ils lui rendent naturellement compte de leur gestion.

Cette gestion est leur occupation quotidienne, leur métier. Elle donne pratiquement un sens à leur vie, parce que c’est une activité intéressante dont ils voient l’utilité. Et la relation régulière, habituelle avec leur Créateur donne un sens spirituel, moral à leur vie, une raison d’être, une motivation, une joie de vivre et d’agir.

Cette activité est un moyen d’exprimer au Créateur leur attachement, leur joie de travailler sous son autorité. Elle est source d’épanouissement pour les trois dimensions de leur personne :

– matérielle : ils font un travail intéressant, varié. Ils en voient le résultat et en profitent.
– morale : ça a un sens d’entretenir toute cette création que Dieu leur a confiée. Elle en devient plus belle, plus productive. C’est gratifiant et ça donne envie de continuer encore mieux.
– spirituelle : se voir confier par le Créateur lui-même une si belle et grande responsabilité donne un riche sens à la vie. Cela inspire l’adoration et la consécration.

Ce statut épanouissant comporte deux aspects majeurs.

Leur position d’autorité de gérants de la création et leur relation de confiance dans le Créateur donne un sens à leur vie. Mais tout cela n’est pas seulement un beau souvenir d’un paradis perdu qui remplit de nostalgie, de douleur de ne pas pouvoir y revenir.

C’est notre avenir, lorsque le Seigneur nous prendra avec lui. En fonction du service accompli sur terre, chacun se verra alors confier une responsabilité dans la nouvelle création, une tâche qui aura les trois caractéristiques vues à l’instant.

2. La perturbation par le péché

Le péché, ce n’est pas d’abord faire tel acte interdit par Dieu. L’homme fait des choses qui déplaisent à Dieu parce qu’il a une relation inexistante / faussée avec Dieu.

Le péché, c’est d’abord la manifestation pratique d’une relation faussée, tordue par la rébellion envers lui, le refus de lui faire confiance et de lui donner la place centrale qui revient logiquement au Créateur dans la vie d’une créature.

Cette distorsion introduite par le péché frappe les deux relations de l’homme : avec la création et avec le Créateur :

La position de maîtrise, de responsabilité donnée par le Créateur, l’homme rebelle à Dieu la coupe de Dieu ; il se l’accapare par une volonté d’indépendance qui ne rend de comptes à personne. Ainsi la maîtrise est dégénérée en domination, la gestion s’avilit en exploitation à outrance de la création.

Sur le plan matériel le travail devient pénible, fatigant et même inutile, d’où la frustration, la déception morales dans une activité qui n’est plus épanouissante mais devient une charge qui perd son sens.

Sur le plan spirituel le travail n’a plus le noble but de glorifier le Créateur et l’homme détourne la recherche de sens vers lui-même. Il se met au centre de son activité et son autorité devient contrôle oppresseur et tyrannique. Les relations interpersonnelles sont avilies, même entre l’homme et son vis-à-vis le plus proche, sa femme : ton mari dominera sur toi (Genèse 3.16).

Tout cela concerne la création, les choses proches. Pour atténuer l’anxiété due à la frustration, à l’insécurité du lendemain, l’homme se rassure en dominant, contrôlant ce qu’il peut de la création : l’argent et les biens, les sources de plaisir. Il espère l’aide, la protection de certains objets (soleil, lune, astres, arbres, forces de la nature…).

Il se fait ainsi quantité d’idoles matérielles, tangibles, proches, chargées de lui fournir un bien-être physique et moral, substitut et contrefaçon de la paix avec Dieu. Ces idoles proches, matérielles s’accompagnent aussi de gestes symboliques (toucher du bois contre le malheur), d’actes religieux ou magiques pour forcer le destin (des rites pour obtenir la pluie, demander à un astrologue le meilleur jour pour une importante décision)

Le rapport au Créateur est inexistant ou refusé. Même l’homme qui se déclare athée a tout de même besoin de donner à sa vie une assise solide, fiable, une raison d’être et une légitimité à son activité. Il va donc rechercher ce que le chrétien reçoit de sa relation verticale de communion avec Dieu.

Là se profilent des idoles d’autre type, parallèles aux premières : beaucoup moins tangibles et contrôlables, mais immatérielles, lointaines, comme la politique, la science, l’économie, l’univers des psy, etc. Il leur confie le fondement même de sa vie, il leur accorde une confiance qu’elles ne méritent absolument pas et qu’elles trahiront inévitablement. C’est une dépendance imméritée, donc une sur-dépendance qui sera forcément déçue tôt ou tard.

A l’origine il y avait maîtrise et confiance, maîtrise de la création, confiance dépendante du Créateur. Maintenant c’est la domination, le souci de contrôler la création jusqu’à l’extrême et la sur-dépendance envers une idole de qui on attend infiniment plus qu’elle ne peut donner.

La domination cherche à compenser les frustrations et la peur du lendemain, la sur-dépendance veut masquer l’absurdité de ce genre d’existence, l’absence de sens d’une vie sans le Créateur.

3. L’idolâtrie

Et nous voilà tombés en pleine idolâtrie ! Celle-ci consiste à chercher, comme le chrétien, une vie pleine, épanouissante, heureuse, mais sous la condition expresse de n’avoir jamais à justifier ses choix devant une autorité comme Dieu, à lui rendre compte de ses actes, à affronter ses exigences morales absolues.

Et là ça fourmille de substituts de Dieu, de contrefaçons, de divinités faites à l’image de l’homme. Ces faux-dieux sont supportables. Ou bien on peut les contrôler, ou bien on peut en obtenir des compensations pour les sacrifices consentis. En tout cas ils me laissent au centre de ma vie, ils me laissent gérer ma vie et mon avenir selon mes idées et mes goûts à moi.

Mosaïque de l‘Eglise St Anne de Beaupré (Québec) symbolisant l’amour du pouvoir

L’erreur serait de croire que l’idolâtrie est quelque chose de marginal, la pratique de « peuplades primitives » lointaines.

Elle commence dès que ma loyauté envers quelqu’un ou quelque chose repousse Dieu au deuxième rang, m’amène à lui désobéir et peut-être même à le remplacer.

N’importe qui ou quoi peut devenir une idole. Celle-ci accepte même d’exister à côté du Dieu véritable (mais l’inverse n’est pas possible). On s’y attache trop, cette personne ou cette chose chose se met entre Dieu et nous. Dieu devient de plus en plus lointain et ses paroles nous semblent de moins en moins pertinentes, applicables à notre situation.

Pour nous pousser dans cette direction, notre société nous propose quantité de filtres pour aseptiser la Parole de Dieu, lui enlever son mordant, son intransigeance. Et de ces filtres sort alors un dieu inoffensif, plus ou moins religieux, domestiqué, peu exigeant, contrôlable et dont on fera sa référence (à défaut de raison de vivre). Et revoilà les deux types d’idolâtrie : quelque chose qu’on contrôle et quelque chose dont on dépend indûment.

Par comparaison souvenons-nous de la rigueur de la révélation biblique

–  Dieu nous demande d’être saints, car il est saint, d’aimer notre prochain, d’appliquer ses commandements.
–  Mais il nous avertit aussi qu’à cause de notre nature pervertie par le péché nous ne le ferons pas, parce que nous n’en sommes pas capables.
–  Or cela ne nous excuse pas, puisque nous avons orgueilleusement prétendu nous débrouiller tout seuls.

En fait nous n’avons qu’un espoir, mais un vrai. La grâce de Dieu pardonne celui qui se repent au lieu de se chercher des excuses. Et il désire une entière dépendance de Dieu. C’est ainsi qu’on retrouvera la position originelle de l’homme envers son Créateur.

Nous revoilà face aux dures réalités de la nature humain que l’idolâtre tâche de contourner pour garder l’impression de contrôler les situations et de s’être donné une raison de vivre valable.

4.Les causes de l’idolâtrie et ses remèdes

Tout cela fait de l’idolâtrie une tentation ou même une réalité bien moins improbables qu’on le croirait à première vue. L’avertissement de Jean a bien sa raison d’être. Il nous oblige à prendre conscience qu’il y a des risques d’y tomber et à nous rappeler des fondamentaux qui nous éviteront de nous y égarer.

Qu’est-ce qui prépare le terrain à l’erreur et à l’idolâtrie ?

On voit aujourd’hui se développer un certain individualisme rampant.

« Moi, je ne veux pas toujours supporter les défauts des autres chrétiens, l’étroitesse de certains, les marottes d’autres encore.
« Moi, Internet me suffit. ». Oui, c’est vrai qu’il y a là une richesse colossale, précieuse particulièrement pour les isolés qui ne peuvent se joindre à une Église.
« Ce qui me plaît, je le prends, le reste j’y échappe ».

Et ça dispense aussi de certaines exigences incontournables pour le membre d’une Église locale. Se frotter aux autres, prendre conscience de ses propres défauts et avancer dans la sanctification, sans laquelle, nous dit Hébreux 12.14, nul ne verra le Seigneur.

Il y a le danger de se fabriquer son système individuel de spiritualité. On veut y trouver sa raison d’être et on pense parfaitement le contrôler ( !!) Mais qui tirera la sonnette d’alarme, s’il y a dérive ?

Une mauvaise compréhension de la liberté chrétienne

Un autre danger, c’est une fausse compréhension de la liberté en Christ qui conduit à la fragmentation. Pour l’un, la vraie interprétation des évènements de la fin, c’est le prémillénarisme, le prétribulationiste strict. Pour l’autre, la seule façon sérieuse d’être chrétien, c’est d’être baptiste…
C’est normal et nécessaire d’avoir des convictions et de les fonder sur la Bible.

Mais cela n’empêche pas d’avoir des frères et sœurs amillénaristes et de se sentir vraiment en communion avec eux sans les repousser, même si sur ce point on peut être d’avis différents. On peut aussi avoir des amis mennonites, libristes et même pentecôtistes même avec des opinions divergentes sur certains points.

Il serait grotesque de rejeter ici-bas des gens que l’on retrouvera auprès du Seigneur. Un attachement à un « isme » quelconque plus fort qu’à la Bible peut être idolâtre.
1 Corinthiens 1.12 n’a pas perdu de son actualité : « Moi, je suis de Paul, moi d’Apollos…»  Pour certains chrétiens il suffit de remplacer ces noms par d’autres plus actuels. La réponse de Paul est très simple et efface radicalement toutes ces distinctions. Celui qui compte réellement et uniquement, c’est le Christ et le Christ n’est sûrement pas divisé.

Quelques fondamentaux de la foi pour éviter les risques d’idolâtrie ou y remédier

Essayez de trouver quel est leur point commun. Comprenons le Royaume de Dieu comme l’autorité, la gouvernance de Dieu sur notre vie. Il met ou remet de l’ordre dans les priorités et les perspectives de notre vie.

– Concevons notre position de disciples comme un apprentissage de toute une vie sous la direction de Jésus. Il nous enseignera à vivre comme lui vivrait à notre place

–  Dieu adresse à chacun de nous un appel à le suivre, à le servir.
Cet appel doit déterminer notre vision de notre carrière et de notre position sur terre, de la discipline que nous nous fixons et de notre conscience de devoir des comptes dans tous les domaines de notre vie et à toute étape de notre existence.

– Développons une manière de penser et de réagir centrée sur le Christ. Et si nous voulons arriver à cela, le Seigneur nous l’accordera en transformant notre mentalité dans ce sens.

– Dans la ou les formes de témoignage qui nous sont le plus naturelles, demandons à Dieu une force de persuasion naturelle qui transmette à l’interlocuteur le message et la personnalité du Christ.

 

Peut-être avez-vous reconnu le trait commun à ces cinq caractéristiques d’une vie chrétienne conséquente. Ce que les Réformateurs au XVIe s. appelaient Sola Scriptura, l’Ecriture seule. C’est le fait de subordonner toute autorité humaine à celle de la Parole de Dieu. On accorde alors plus de poids et d’efficacité spirituels à la révélation biblique, plutôt qu’à un certain nombre d’idoles concurrentes.

Jean nous rappelle avec force trois certitudes de cette révélation

Nous savons que les gens nés de Dieu sont protégés par le Fils de Dieu contre le péché. Ils peuvent compter sur cette vigilance du Seigneur en leur faveur.
Nous savons que nous appartenons à Dieu et non au diable qui a perdu ses droits sur nous.
Nous savons que le Fils de Dieu incarné sur terre nous a donné l’intelligence, le discernement pour connaître de mieux en mieux son Père et reconnaître l’égalité divine du Père et du Fils.

Ces certitudes sont une petite partie de l’héritage céleste inaliénable que nous a apporté du ciel le Fils de Dieu. En comparaison le plus impressionnante des idoles sombre dans le ridicule.

J.J. Streng

Justice et justification par la foi

Sens biblique de justice et justification

Justice et justification, deux mots-clés de la lettre aux Romains et de la vie chrétienne, sont des notions qu’il vaut mieux ne pas chercher dans le dictionnaire pour en saisir le sens biblique. Cette remarque s’impose encore plus pour le dérivé justification que pour justice.

Paul emploie le mot justice pour la première fois dans Romains 1.16-17 qui est l’exposé du thème principal de l’épître, puis on le retrouve souvent dans la suite.

Car je n’ai point honte (je suis fier) de l’Évangile : c’est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec, parce qu’en lui est révélée la justice de Dieu par la foi et pour la foi ; selon qu’il est écrit : Le juste vivra par la foi. Romains 1.16-17.

Mais maintenant, sans la loi est manifestée la justice de Dieu, à laquelle rendent témoignage la loi et les prophètes, justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ pour tous ceux qui croient. Il n’y a point de distinction. Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ.

C’est lui que Dieu a destiné à être par son sang pour ceux qui croiraient victime propitiatoire, afin de montrer sa justice, parce qu’il avait laissé impunis les péchés commis auparavant, au temps de sa patience ; il montre ainsi sa justice dans le temps présent, de manière à être juste tout en justifiant celui qui a la foi en Jésus.

Où donc est le sujet de se glorifier ? Il est exclu. Par quelle loi ? Par la loi des œuvres ? Non, mais par la loi de la foi. Car nous pensons que l’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi.

Ou bien Dieu est-il seulement le Dieu des Juifs ? Ne l’est-il pas aussi des païens ? Oui, il l’est aussi des païens, puisqu’il y a un seul Dieu, qui justifiera par la foi les circoncis (les juifs) , et par la foi les incirconcis (les non juifs). Annulons-nous donc la loi par la foi ? Loin de là ! Au contraire, nous confirmons la loi. Romains 3.21-31

1. Le besoin de justification

Comment se justifier devant un Dieu saint ?

Quelqu’un qui réfléchit à ce qu’il est et à ce qu’il fait, sait qu’il en est responsable devant lui-même, ses proches , la société et surtout devant son Créateur. Or s’il est déjà parfois difficile de se justifier devant ses semblables, comment le faire devant un Dieu absolument saint et juste ?

Surtout que … Romains 1.19-20 ! Le remède qui vient spontanément à l’esprit : tâcher de compenser ses fautes par des actions bonnes pour restaurer un semblant d’équilibre. C’est la base de nombreux systèmes moraux et d’un nombre infini de religions. Et s’il en est qui ne demandent pas grand effort, d’autres écrasent l’homme sous leur rigueur.

Martin Luther et sa découverte de la justification par la foi

Martin Luther

C’est ce qui a dérouté Martin Luther, le moine augustin dans son couvent à Erfurt dans les années 1510. 

Elle exigeait du pauvre moine tant de privations, de mortifications, de pénitences sévères et prolongées, mais il ne savait pas un jour s’il en avait assez fait ou assez enduré.

Cette discipline, à laquelle il s’est ajouté pour se rassurer, lui a donné l’impression qu’il devait payer non seulement pour tous ses péchés, mais aussi pour la mort que Jésus a subie pour ces péchés.

Luther était devenu professeur de théologie à la faculté de Wittenberg, ce qui lui donna le droit de lire la Bible.

Dans la lettre aux Romains il est retombé encore sur ces expressions terribles de justice de Dieu et la loi de Dieu. Mais l’exposé de Paul ne soufflait mot de l’obligation catholique d’expier soi-même ses péchés.

Des déclaration fracassantes !

Le chapitre 3 contient une série de déclarations qui font exploser le judaïsme des anciens pharisiens et le catholicisme qui a été inculqué à Luther et enseigné par lui-même:

Dieu nous déclare justes sans faire intervenir la Loi ; nous sommes déclarés justes par la foi et  par la grâce ; c’est un don de Dieu. Dieu est juste tout en déclarant juste celui qui croit en Jésus ;

et puis surtout ce v. 28. Or tout cela n’est pas destiné à abolir la Loi, mais à la confirmer (v.31).

Ici sont réunies en quelques phrases la foi, la grâce, la primauté de la Parole de Dieu

Trois principes fondateurs de la Réforme : sola fide, (foi seule) sola gratia (grâce seule) , sola scriptura (Écriture (Bible) seule)

Une libération radicale

C’était un message tellement nouveau, pas du tout enseigné à la faculté de Wittenberg, insoupçonné du professeur de théologie M. Luther, un message qui a fait sauter toute la chape d’erreurs qui le désespérait.

Cela lui a apporté une libération, un renouveau radical, le vrai début de sa vie chrétienne et l’ouverture de l’Évangile à son pays, à l’Europe et au monde, un bienfait dont nous bénéficions encore aujourd’hui.

2. Qu’est ce que la justification par la foi ?

Quand quelqu’un se pose la question de sa situation devant Dieu, il se trouve face à deux réalités fondamentales :

Le péché face à la sainteté de Dieu

Sa bonne volonté se heurte à ses failles et défauts moraux : « le péché ». La loi de Dieu est aussi rigoureuse que la sainteté de Dieu est absolue et l’homme ne peut absolument pas y satisfaire. Son avenir est irrémédiablement bloqué par la sentence de mort qui frappe le péché. On se trouve dans une impasse spirituelle désespérante.

Un remède radical

Dieu a pris l’initiative de remédier radicalement à ce drame, en total accord avec Jésus. Devenu homme, Jésus a vécu une vie d’homme juste, sans péché et a sacrifié cette vie pure à la sentence de mort sur le péché.

Cette substitution opérée par Jésus entraîne l’expiation, le paiement de la dette morale de l’homme, donc l’effacement de tout obstacle entre Dieu et sa créature. L’impasse s’ouvre sur une route nouvelle sans obstacle.

Un remède efficace et suffisant

Puisque ce remède est accepté comme efficace et suffisant par le divin Juge, ce salut devient réalité vécue pour celui qui y croit, qui le veut pour sa vie, qui fait confiance à Dieu pour son salut.

Par cet acte de foi il déclare juste et méritée la sentence de mort prononcée sur lui comme pécheur et il saisit pour lui l’efficacité de l’expiation opérée par Jésus. C’est se rendre spirituellement solidaire de Jésus dans cette mort méritée par le péché et expiée par Jésus.

Sa dette se trouve ainsi payée par Jésus à sa place et lui en est déchargé. Il n’est pas juste ou innocent en lui-même, mais Dieu le traite comme tel, le déclare juste par sa foi en Jésus-Christ (v.22), l’homme est déclaré juste par la foi, sans qu’il ait à accomplir les œuvres qu’exige la Loi  (v. 28).

Dieu ne nous fait pas voir la réalité autrement, il fait que notre réalité devient autre, il nous transpose dans une autre réalité. L’homme qui s’est solidarisé par la foi avec Jésus dans sa mort, est entraîné par lui dans sa résurrection. Il n’est plus le même : il ressuscite à une vie spirituelle toute nouvelle. De rebelle il devient enfant de Dieu et même frère de Jésus-Christ

 Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. 2 Corinthiens 5.17. 17

Dans son expérience tout ce processus a comme point de départ la foi et tout ce qui va suivre sera également reçu et vécu dans la foi et donné par Dieu en cadeau à la foi.

La justice de Dieu vient de la foi et s’épanouit dans la foi. Romains 1.17.traduction Maredsous.

Un remède contesté et choquant

Pour un juif cet Évangile est doublement choquant :

– Dieu justifie le pécheur !! N’est-ce pas annuler la loi par la foi ? (31) n’est-ce pas encourager à persister dans le péché pour que la grâce abonde ? (6.1) Ce sont là deux reproches lancés par les juifs à Paul. Mais quelle œuvre humaine serait assez méritante pour équivaloir, au moins un peu, au sacrifice de Jésus en croix ?
– Personne ne sera déclaré juste devant Dieu parce qu’il aura accompli les œuvres de la Loi (20). Que deviennent alors tous les efforts des pharisiens et les mortifications catholiques et autres ? Ne vous a-t-on jamais objecté que cet Évangile est trop facile ?

Un remède offert par Dieu à la foi seule

Cette justice révélée par l’Évangile, c’est celle d’un Dieu à l’œuvre pour sauver l’homme de ses péchés et des mensonges qui l’égarent.

C’est Dieu qui a décidé de tout offrir à la foi et seulement à la foi, sans le moindre ménagement pour la susceptibilité, l’orgueil naturel des gens ou pour la volonté de dominer des hiérarchies religieuses qui se sont emparées de la révélation pour imposer leur tutelle.

Encore une fois il ne s’agit pas de voir la réalité autrement, c’est Dieu qui crée une réalité nouvelle faite de son amour, de son désir de communion qui libère et sanctifie.

Une relation nouvelle avec Jésus-Christ

D’un côté cette justification est l’aboutissement de la longue quête du salut par l’homme. S’il accueille cette justice par la foi, il a trouvé rien de moins qu’une vie nouvelle marquée par une relation toute nouvelle avec Jésus, la personne la plus extraordinaire qui soit. Et tout cela sans aucune contrepartie.

Une nouvelle naissance et un nouveau départ

D’un autre côté une nouvelle naissance est un nouveau départ ; il y a là une relation à découvrir et épanouir, Il y a ce cadeau de la justice reçue en bloc qu’il s’agit de déballer et de mettre pratiquement en œuvre dans le quotidien. Là commence tout le voyage de la sanctification et du service pour notre Créateur qui nous a tout donné.

3. Aspects pratiques

Les bonnes œuvres, remède au péché : une illusion et une confusion

Pourquoi l’homme croit-il si spontanément que le remède au péché, ce sont de bonnes œuvres ?

Il y a bien sûr d’abord le souci et la fierté de ne pas être redevable d’un cadeau gratuit. On préfère que ça coûte, même si ça coûte beaucoup : on aura la satisfaction d’avoir fait ses devoirs religieux. Au prêtre de définir la dose et de voir si ça suffit.

Mais le problème est plus profond. Il y a une confusion que faisait déjà Luther entre le plan moral et le plan légal, c’est à dire une erreur dans l’ordre logique des choses. Confiant en ses capacités de s’améliorer soi-même, l’homme fait des efforts pour surmonter ses défauts. Par cette lutte il estime ou espère pouvoir se rapprocher d’un idéal de pureté morale, de sainteté. Ce faisant il oublie ou refuse qu’il y a d’abord entre lui et Dieu un grave problème de culpabilité légale face à la loi sainte de Dieu.

Un seul moyen de défense, la grâce de Dieu

Dieu balaie ces illusions : l’homme est radicalement perverti par le péché, moralement irrécupérable. Mais est-il capable et assez honnête pour avouer cela, c’est à dire pour reconnaître que cette évaluation du juge divin est juste, qu’elle correspond à la réalité ? Reconnaît-il donc que par lui-même il n’a pas de moyen de défense, de remède efficace et qu’il a besoin de celui que lui offre Dieu ?

Voilà deux questions concernant la vérité, l’aspect juridique, légal de sa situation et non le plan moral. Si la réponse à ces deux questions est oui, la personne donne raison à Dieu, le juge. Celui-ci applique alors son droit de grâce et déclare la personne juste, puisqu’un autre, un innocent, a payé à la place du coupable.

Cette décision de Dieu fait tomber toute séparation entre lui et la personne. Celle-ci se trouve réconciliée, en paix avec Dieu. Dieu a donc commencé par régler l’aspect légal du péché devant lui-même, le juge. Cette justification règle le problème légal de la culpabilité devant Dieu.

Les bonnes œuvres, oui, mais seulement après !

Reste le problème des bonnes œuvres : une affaire de chronologie, d’ordre logique. Doit-on commencer par faire d’abord des bonnes œuvres en espérant obtenir ainsi, ensuite le salut ?

Ne s’agit-il pas plutôt de recevoir d’abord par la foi le salut gratuit opéré par Jésus et de remercier ensuite le Sauveur par des bonnes œuvres pour lesquelles lui donnera et l’idée et les forces et la persévérance ?

On ne fait pas le bien pour être sauvé, mais après et parce qu’on a reçu un salut complet et gratuit. Cette nouvelle position accordée par Dieu pousse naturellement à lui plaire et à lui exprimer sa gratitude.

Autrement dit quand le problème est réglé sur le plan légal, vient très logiquement son règlement sur le plan moral. Cette nouvelle étape consiste en un nettoyage, une purification, une sanctification morale et spirituelle.

Une tension douloureuse : déclaré juste mais péchant encore

Reste alors la tension douloureuse exposée par Paul dans Romains 7.14-20. Dieu me fait au nom du Christ crucifié l’énorme cadeau de me considérer dès maintenant comme juste et même saint, alors que je sais que je chute encore souvent, bien que racheté. Comment faire concorder ma vie quotidienne souvent pécheresse avec ce statut de principe d’homme déclaré juste?

Luther répond par l’image d’une maladie grave qui exige la prise de médicaments et l’administration de soins adaptés. La guérison n’est pas acquise dès la première prise de médicament, mais si le traitement est suivi sérieusement la situation change.

La personne est d’une part malade en réalité, comme le croyant justifié commet encore effectivement des péchés. D’autre part elle est guérie en espérance et de plus en plus réellement, de même que le croyant avance progressivement dans la sanctification sous la conduite et avec les forces de Dieu. Il s’agit d’une tension normale qu’on peut résumer ainsi : deviens ce que tu es = fais devenir réalité quotidienne ce que tu es déjà en principe.

Une image de soi fondée sur la grâce et non sur les performances

Tout cela change aussi l’image que j’ai de moi-même. Celle-ci est désormais fondée sur la grâce de Dieu et non sur mes propres performances. J’ai reçu gratuitement un nouveau statut, une nouvelle identité que je n’ai pas construits moi-même. Ma règle de conduite sera donc très logiquement l’humilité. Et celle-ci ne sera pas un effort pour paraître plus petit que je ne suis, mais la conséquence du fait que je n’ai pu contribuer en rien à ma justification, à mon salut.

C’est vrai que Dieu m’accorde une identité magnifique : justifié, enfant de Dieu, membre de la famille de Dieu, mais c’est le résultat de l’œuvre de Christ et de rien d’autre.
Même chose pour le travail que je fais. Notre capacité vient du Christ (2 Co 3.5). La valeur du travail réalisé ne doit pas attirer les éloges sur moi qui l’ai fait, mais sur Dieu qui m’en a donné les moyens. Comme le dit Paul en prenant l’image de l’arbre : si tu es tenté par l’orgueil, souviens-toi que ce n’est pas toi qui portes la racine, c’est la racine, le Seigneur qui te porte (Romains 11.18).

L’homme participant au projet de Dieu

Quand l’homme communique quelque chose, il fait part d’une information, il transmet un enseignement, sa communication se situe au niveau souvent abstrait des paroles. Quand Dieu communique avec l’homme, il le fait bénéficier d’un projet concret dont l’homme sera le centre ou au moins partie prenante, c’est la mise en œuvre active, transformatrice, d’une volonté de Dieu au sujet de l’homme.

Comme exemples, pensons à la première rencontre de Dieu avec Abraham : ce que Dieu lui dit alors bouleverse toute son existence. Et même largement le monde. Quand l’ange Gabriel vient trouver Marie, c’est tout l’avenir de cette j. fille qui bascule, cette révélation inaugure carrément une nouvelle ère de l’humanité.

Nous savons tous que Dieu est sainteté, vérité, justice, amour, gloire. Eh bien, comme un vrai père il désire donner à ses enfants ce qu’il est, ce qu’il a. Pour toutes ces réalités de Dieu,  nous pouvons trouver des textes les expliquant, les promettant, parfois aussi longs que le Lévitique à propos de la sainteté et que Romains à propos de la justice.
Ou encore 1 Corinthiens  1.30.

Par lui, vous êtes unis au Christ, qui est devenu pour nous cette sagesse qui vient de Dieu : en Christ, en effet, se trouvent pour nous l’acquittement, la purification et la libération du péché.

Enfin les juifs espéraient être justifiés par Dieu à la fin des temps. L’Évangile annonce ce cadeau pour aujourd’hui , tout de suite et pas seulement pour les juifs, mais pour tout homme qui croit.

L’Évangile, une puissance de Dieu

C’est ainsi qu’il faut voir l’Évangile que Paul répand. Ses adversaires le soupçonnaient de ne pas oser présenter l’Évangile à Rome, ce centre culturel de haut niveau avec ses maîtres en philosophie et en rhétorique. Mais ça n’impressionne pas Paul : son message n’est en aucun de ses aspects quelque chose dont on aurait honte.

Bien loin de là, il sait que son Évangile est une puissance, c’est-à-dire justement ce que ces maîtres recherchent, une puissance de Dieu lui-même et une puissance capable d’opérer le salut et pas seulement pour les juifs, mais pour tout homme qui croit. Il sera donc logique que nous le voyions de la même façon.

J.J. Streng

Tablettes babyloniennes et récit biblique

La création et le déluge selon les tablettes babyloniennes

Enûma Elish « Lorsqu’en haut », tablette babylonienne de la création

Le poème babylonien de la création, (Enuma Elish « lorsqu’en haut »), écrit au premier millénaire av. J.C. a été découvert au 19e siècle, dans les fouilles de la ville de Ninive, une des capitales de l’empire assyrien.
Ce texte en assyrien sur huit tablettes et plus de mille vers raconte la naissance des dieux, la formation du monde et de l’homme. Il établit la suprématie de Marduk, dieu de Babylone sur les autres dieux

Une théogonie (enfantement de dieux)

Petits meurtres en famille

Tablette 1 : L’eau douce (Absu) et l’eau salée (Tiamat) donnent naissance à une série de divinités qui se livrent à des rivalités et à des meurtres entre elles

Tiamat demande à Absu de punir ses fils trop remuants. Ea endort son père Absu, le tue, s’installe dans son cadavre et enfante Marduk.

Moches, bêtes et méchants !

Pour venger la mort de son mari, Tiamat suscite neuf monstres invincibles contre ses fils.
Tablette 2: les dieux menacés envoient des délégations de dieux pour apaiser Tiamat, mais en vain.

Marduk accepte de vaincre Tiamat, à condition d’être chef de tous les dieux.

Tablette 3 et 4 : Marduk est proclamé roi.

La création babylonienne du monde

Marduk tue Tiamat et ouvre son cadavre comme un coquillage.

Tablette 5 : Avec la partie supérieure, il forme le ciel avec la demeure des dieux ; il met en place les étoiles, la lune, le soleil.
Avec la partie inférieure, il façonne les montagnes, il met en place les rivières (Tigre et Euphrate). Il crée ainsi le ciel et la terre et établit des rois. Les dieux l’honorent et confirment sa royauté.

La création de l’humanité

Tablette 6 : Marduk décide de créer les hommes pour les faire travailler et ainsi les dieux pourront se reposer.

Pour former l’homme, Marduk a besoin du sang d’un dieu coupable. On sacrifie Kingu qui avait poussé Tiamat à la guerre. Avec son sang Marduk forme l’humanité.

Au boulot !

Marduk dit : « Construisez Babylone, que ses briques soient façonnées ; vous l’appellerez le sanctuaire des Anunaku (les dieux supérieurs) ».

Les Anunaku moulent des briques et construisent un temple, une tour à étages (ziggourat).
Marduk fait construire la tour à étages de Babylone avec des briques moulées, en l’honneur des dieux supérieurs (Anunaku).

L’épopée de Gilgamesh (1) et le déluge

La tablette 11 avec le récit du déluge vient de la bibliothèque d’Assurbanipal à Ninive au 7e s avant J.C.

Les grands dieux ont décidé de provoquer le déluge, parce que les hommes les dérangent avec tout leur bruit mais Enki (Ea) n’est pas d’accord.

Il avertit un homme par un bruit dans les roseaux qui dit « détruis ta maison, construis un bateau ».

L’homme fabrique un bateau. Il le charge avec de l’argent, de l’or, sa famille, sa belle-famille, du bétail et des artisans, c’est à dire beaucoup plus de monde que dans l’arche de Noé.

Le déluge s’abat sur la terre. Les eaux montent. Les dieux ont très peur. Après sept jours, la tempête se calme. Le bateau accoste sur une montagne. Après sept autres jours, l’homme lâche une colombe.

Puis il quitte le bateau, offre un sacrifice – et les dieux s’approchent en sentant l’odeur.

Enlil qui a ordonné le déluge est furieux en voyant le bateau : personne n’aurait dû échapper à la catastrophe.
Enki (Ea) essaie de raisonner Enlil. Mieux vaut utiliser d’autres moyens pour punir les hommes (lion, loup, famine, peste) que le déluge.
Enlil semble convaincu car il monte dans le bateau et accorde à l’homme l’immortalité.

Le rescapé du déluge a confié à Gilgamesh la plante de l’immortalité. Elle pique comme la rose, mais s’il la garde en mains, il obtiendra la vie. Malheureusement il se baigne dans un puits et un serpent attiré par le parfum emporte la fleur. Impossible d’atteindre l’immortalité.

L’épopée d’Atrahasis (2) associe la création et le déluge

Pas étonnant avec des noms pareils !

Tablette 1 : Il y a deux classes de dieux, les dieux supérieurs (anunaku), et les dieux inférieurs (zigigu), astreints à la corvée pour les dieux supérieurs.

Déjà la révolution du prolétariat !

Après 2500 ans de corvée, les dieux inférieurs se révoltent. Les dieux supérieurs essaient d’arranger la situation.

Faits pour bosser 

La sage-femme des dieux, Mamou, fait avec de l’argile mêlé au sang d’un dieu sept hommes et sept femmes qui seront esclaves des dieux.

Mais trop dérangeants

Mais les hommes se multiplient sur la terre. Ils font du bruit et empêchent Enlil de dormir. Il essaie de diminuer le nombre des hommes avec l’épidémie, la sécheresse (tablette 2), la famine.

Enki (Ea) va aider l’humanité à lutter contre ces fléaux.
Enlil décide d’utiliser le déluge.
Enki avertit Atrahasis, qui construit un bateau (tablette 3).

Le déluge s’abat sur la terre. après avoir échappé au déluge, Atrahasis, offre un sacrifice. Enlil est furieux.

La fin du récit ressemble à celui de Gilgamesh. On limite le nombre des humains par la stérilité, la mort infantile, le célibat des religieuses.

Récit biblique et légendes parallèles

Au moment de la découverte de ces textes, on a remarqué les ressemblances avec le récit biblique : création de l’homme avec de l’argile, envoi des oiseaux et sacrifice après le déluge.

S’agit-il de textes mythologiques adaptés par la suite à la foi juive ?
ou plutôt de traditions spirituelles authentiques dans la Bible mais déformées dans les récits mythologiques ?

Les textes païens ont été mis par écrit avant le texte biblique.
MAIS le texte biblique ne les a ni copiés ni adaptés.

Authenticité et supériorité du récit biblique

Monothéisme (un seul Dieu)

# polythéisme (plusieurs dieux)

Dans la mythologie, théogonie (dieux enfantés)

# Dans le récit biblique, Dieu unique, éternel, sans commencement ni fin

Les dieux païens sont créés à la suite de combats ou de conflits d’intérêts : c’est pratique pour expliquer les événements de la vie courante

Dans la mythologie, on trouve une origine à tout, même aux dieux

                 # Dans le récit biblique, Dieu crée « ex nihilo » à partir de rien

La création biblique n’a besoin ni d’anges créateurs ni d’intermédiaires.
Les divinités babyloniennes sont remises à leur place de créatures
Le soleil et la lune ne sont pas nommés mais réduits au rang de grands luminaires

Mélange (textes païens)

# distinction  entre le Créateur et la créature (récit biblique)

Dans les textes païens, les dieux naissent, travaillent comme les hommes.

On crée l’homme avec l’argile mêlé de sang, de salive. Il y a des êtres intermédiaires. Gilgamesh est devenu comme un dieu

Dans le récit biblique, l’élément divin en l’homme est le souffle de vie de Dieu

« Être comme Dieu » : c’est la tentation du serpent

L’homme est créé à l’image, à la ressemblance de Dieu
Ps 8 : « tu l’as fait de peu inférieur à Dieu »

La différence est que Dieu a la vie en lui-même et distingue en dernière analyse entre le bien et le mal

L’être humain est créé pour servir les dieux (textes païens)

# par amour (récit biblique)

L’homme et la femme créés par Dieu sont placés dans le jardin, pour le cultiver et le garder, seulement après la création

Un enfant vient au monde par l’amour des parents – et non pour faire la vaisselle ou prendre soin de leurs vieux jours : Le texte mythologique est une façon païenne de présenter la création de l’homme

Ni couple ni individu mais 7 couples (textes païens)

 #L’être humain, un individu et le rôle de la femme (récit biblique)

Le mal et la mort

Dans la mythologie, la mort a été décidée par les dieux au moment même de la création de l’humanité.

Le mal est déjà là avant l’apparition de l’homme : luttes parricides, entre « noblesse et prolétariat » divin.
L’homme est créé avec le sang d’un dieu mauvais

# Dans le récit biblique, la création est bonne

Le mal et la mort sont venus par la faute des humains
La mort est naturelle (tu retourneras à la poussière) mais anormale. Ce n’était pas l’intention de Dieu : l’arbre de vie était en évidence dans le jardin.

(1) Roi semi-légendaire de la cité d’Ourouk
(2) Héros légendaire mésopotamien qui aurait survécu au déluge

C.Streng