Mois : mars 2016

Ne cherchez pas le Vivant parmi les morts – Luc 23

Ne cherchez pas le Vivant parmi les morts – Souvenez-vous…

La mort du Christ, un vide immense

Au petit matin du premier jour de la semaine, quelques femmes juives parcourent en silence les rues de Jérusalem, un panier à la main, rempli de flacons d’huiles parfumées et d’aromates.

Non, elles n’ont pas le cœur à deviser ensemble, elles se hâtent pour rendre à un mort les devoirs requis par la coutume.

Et quel mort ?

  • Celui qui avait été annoncé par les prophètes comme le puissant Sauveur qui délivre des ennemis (Luc 1:69-71)
  • Celui qui vient au nom du Seigneur selon le Psaume 118.35 (Luc 13.35)
  • Celui qui guérissait les malades et ressuscitait les morts…
  • Celui que certains espéraient même ouvertement ou secrètement voir chasser l’occupant romain et prendre place sur le trône des anciens rois d’Israël

Rien de tout cela, mais un vide immense, accablant. Tous les espoirs se sont écroulés : Jésus est mort sur une croix depuis l’avant-veille, le vendredi après midi.
Un vide immense que rien ne peut combler, certainement pas la coutume, l’obligation de finir les soins dus au corps, à peine commencés l’avant-veille.

Les femmes qui étaient venues de la Galilée avec Jésus accompagnèrent Joseph, virent le sépulcre et la manière dont le corps de Jésus y fut déposé, et, s’en étant retournées, elles préparèrent des aromates et des parfums. Puis elles se reposèrent le jour du sabbat, selon la loi. 

Le premier jour de la semaine, elles se rendirent au sépulcre de grand matin, portant les aromates qu’elles avaient préparés. Elles trouvèrent que la pierre avait été roulée de devant le sépulcre; et, étant entrées, elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus. Luc 23.55-24.3

Le tombeau vide

Après la crucifixion, le corps de Jésus a été mis au tombeau situé dans un rocher creusé, prêté par Joseph d’Arimathée, un sympathisant. Les femmes sont là aussi ; elles observent pour savoir comment s’y prendre ensuite. Habituellement, ce sont elles qui s’occupent de la toilette funéraire.On roule une grosse pierre ronde pour fermer l’entrée. (Matthieu 19.60) Cela va certainement compliquer les choses

Les voilà arrivées dans le jardin, devant la grotte.
Plus de pierre devant l’entrée, cela règle la question, mais … le choc ! : plus de corps non plus!
Ce que les femmes trouvent, ne correspond en rien à ce qu’elles attendaient : le tombeau est vide

Comme elles ne savaient que penser de cela, voici, deux hommes leur apparurent, en habits resplendissants. Saisies de frayeur, elles baissèrent le visage contre terre ; mais ils leur dirent :

Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il n’est point ici, mais il est ressuscité. Souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé, lorsqu’il était encore en Galilée, et qu’il disait : Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour. 

Et elles se souvinrent des paroles de Jésus.A leur retour du sépulcre, elles annoncèrent toutes ces choses aux onze, et à tous les autres. Celles qui dirent ces choses aux apôtres étaient Marie de Magdala, Jeanne, Marie, mère de Jacques, et les autres qui étaient avec elles. Luc 24.4-10

La proclamation des anges

A la place du mort, des personnages étranges, en vêtements étincelants, deux anges, comme le répéteront plus tard les disciples d’Emmaüs (Luc 24.23)
Ces hommes aux vêtements brillants prononcent deux affirmations contradictoires :

Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui vit ?
Il fallait que le Fils de l’Homme soit crucifié, et qu’il meure.

Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? (Bible de Jérusalem et Traduction Œcuménique de la Bible ). Le vivant plutôt que‚ « celui qui est vivant. » (Segond, Nouvelle Edition de Genève, Semeur, Bible en Français Courant)

Or le fait est : il est ressuscité = il vit !

Le Vivant, c’est le caractère principal de Dieu.

Dieu est le Dieu vivant, cité plusieurs fois dans l’Ancien Testament, en particulier dans les Psaumes 18, 42, 84.
Il est l’Eternel Dieu, Celui qui vit éternellement YHVH, Adonaï,
« Je suis qui je suis » (Exode 3.14)

Jésus a revendiqué cette identité avec Dieu.

Il a revendiqué l’éternité :

Avant qu’Abraham fût, je suis (Jn 8.58) ; je suis la résurrection et la vie (Jn 11.25)

  • l’égalité : Moi et le père, nous sommes un (Jean 10.30) ;
  • l’autorité sur la création : la tempête apaisée ;
    • sur les démons : la guérison du démoniaque ;
    • sur la mort : la résurrection de la  fille de Jaïrus, celle de Lazare.

Le Vivant qui doit mourir pour ressusciter

Le Vivant : un beau titre pour le ressuscité (Apocalypse 1.18)
Pourtant ce Vivant doit mourir, pour renaître et porter du fruit, comme le grain de blé tombé en terre (Jean 12.24).

Il n’est plus ici, mais il est ressuscité. Rappelez–vous ce qu’il vous disait quand il était encore en Galilée :

 Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour.

Il est ressuscité : voilà l’explication du tombeau vide

Souvenez-vous, rappelez-vous !

Rappelez-vous : c’est un appel à la mémoire, au souvenir des paroles de Jésus, pas un retour au tombeau.

Se souvenir : faire revenir, faire intervenir dans son présent, le sens des paroles dites et des actions accomplies dans le passé de l’histoire du salut. Se souvenir des annonces que Jésus, de son vivant, avait faites à propos de sa mort et de sa résurrection.

Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour. 

Se souvenir des annonces de la passion de Jésus.

Pour Luc, c’est Jésus lui-même qui a donné à l‘avance le sens de sa résurrection. De manière répétée, il a annoncé la nécessité de ses souffrances et de sa mort. Il s’est revendiqué comme Fils de l’Homme souffrant.

Il ajouta qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite le troisième jour. Luc 9.22

Pour vous, écoutez bien ceci : Le Fils de l’homme doit être livré entre les mains des hommes. Mais les disciples ne comprenaient pas cette parole ; elle était voilée pour eux, afin qu’ils n’en aient pas le sens ; et ils craignaient de l’interroger à ce sujet. Luc 9:44-45

Jésus prit les douze auprès de lui, et leur dit :

Voici, nous montons à Jérusalem, et tout ce qui a été écrit par les prophètes au sujet du Fils de l’homme s’accomplira. Car il sera livré aux païens ; on se moquera de lui, on l’outragera, on crachera sur lui, et, après l’avoir battu de verges, on le fera mourir ; et le troisième jour il ressuscitera.

Mais ils ne comprirent rien à cela ; c’était pour eux un langage caché, des paroles dont ils ne saisissaient pas le sens. Luc 18.31-34

Personne n’a compris les annonces de la passion

Des explications, des justifications : il en fallait.

Et tout ce qui a été écrit s’accomplira .

Mais les disciples n’ont pas compris le sens de ces paroles de Jésus quand il annonçait sa passion. Ou alors, ils n’ont pas osé l’interroger.

Ils n’ont pas compris et n’ont pas osé poser de question. Sans doute parce que, en cas de contestation ( Cela ne t’arrivera pas ), ils craignaient d’avoir la même réponse que celle que le Seigneur donnée à Pierre : Arrière de moi, Satan !  (Matthieu 16.22-23)
La preuve : ils se sont disputés pour la première place, juste après l’annonce de la passion (Luc 9.46).

Personne n’a vraiment compris. Personne ne s’est souvenu, les femmes non plus. Elles auraient dû se souvenir, mais de quoi ?

Le souvenir revient

Il faut une intervention des anges pour comprendre, pour que le souvenir remonte à la mémoire.

Elles se souvinrent alors des paroles de Jésus.
Leur mémoire revient. Les femmes se souviennent : la tombe vide, les prédictions de Jésus, tout ce qu’il a annoncé de ses souffrances, de sa mort et de sa résurrection, la proclamation des anges …

Ne cherchez pas le Vivant parmi les morts !
Souvenez-vous de ce qu’il a annoncé !
Il fallait qu’il meure pour ressusciter.

Les femmes dans le respect de la tradition funéraire, se dirigent vers la tombe, les anges les redirigent vers la vie.
Elles sont déconcertées par la découverte d’un tombeau vide, elles reçoivent la bonne nouvelle de la résurrection de Jésus.

Les messagères de la résurrection

Maintenant, elles en sont sûres, ces femmes fidèles, dévouées, qui ont suivi Jésus sur les routes, (Luc 8.1-3) peuvent maintenant annoncer aux apôtres la bonne nouvelle de la résurrection. (Luc 24.9 -10

Et c’est seulement quand elles ont rempli leur fonction de messagères, d’apôtres des apôtres que Luc précise leur nom.

Ne cherchez pas le Vivant parmi les morts !
Ne cherchez pas le Vivant parmi les morts. Souvenez-vous… !

Chercher le Vivant parmi les morts !

N’est ce pas ce qu’on fait souvent sans s’en rendre compte.

On se souvient, on se tourne vers le passé, le nôtre ou celui des autres, on fait remonter les souvenirs et, curieusement, plutôt les mauvais !

On cherche des explications à ce qui s’est mal passé, et ce genre de remémoration pourrit la vie, la sienne et souvent celle des autres comme un cadavre dans un tombeau. Et ces ruminations, ces tentatives de justifications n’y changeront pas grand chose, au contraire.

On reste crispé sur le négatif, sur l’échec, sur le conflit qu’on n’arrive pas à dépasser, à pardonner : la preuve, on en reparle à toute occasion.

Il vaudrait mieux se rappeler ce que le Seigneur a dit, relier notre réalité à ses paroles pour comprendre, pour avancer.
Car le Vivant est là, parfois comme une lueur au bout du tunnel, mais il est là. Au moment où nous lâchons prise, il se manifeste et nous libère.

Souvenez -vous, non du tombeau mais du Vivant !

C.Streng

L’amour de Dieu le Père

Comment l’amour de Dieu dans le ciel se manifeste-t-il envers son Fils, le Christ qui souffre et meurt pour le péché ?

Dieu dans le ciel

Nous sommes dans les lieux célestes. Dieu le Père est assis sur son trône, majestueux, éblouissant, nimbé de sa propre lumière. Autour de lui, rangées en ordre de bataille, douze légions d’anges prêtes à intervenir.

Angoisse du Fils dans le Jardin des Oliviers

En effet, sur terre est en train de se jouer quelque chose de capital. Dans le silence d’un jardin, au milieu des oliviers, le Fils bien-aimé s’apprête à donner sa vie pour le salut du monde, comme c’était prévu.

Mais l’angoisse et la tristesse le submergent au point qu’il négocie longuement avec le Père : « je n’y arriverai jamais, n’y a t-il vraiment pas d’autre solution, faut-il vraiment aller jusque là?… »

« Non pas ce que je veux mais ce que tu veux »

Ses pleurs et ses gémissements atteignent directement le coeur du Père. Les anges, eux, guettent un signe de sa part: un geste, un seul et ils s’élanceraient pour arracher à son terrible sort leur Maître vénéré.

Dieu ne bronche pas, un intense combat se déroule dans son coeur. Son regard va de son fils tremblant d’effroi, à l’humanité toute entière, passée, présente et à venir, séparée de son amour par la puissance du péché.

Il ne peut pas renoncer à son grand projet de restauration et de salut. Le coeur serré il se contente d’envoyer auprès de Jésus un ange chargé de l’encourager. Et Jésus peut enfin dire: « Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux, Père. »

La plus cruelle exécution

La suite des événements s’enchaîne comme prévu. De son trône le Père assiste maintenant au spectacle de la plus cruelle des exécutions.

Les coups qui s’abattent sur Jésus, la honte, les moqueries, l’épuisement, la frayeur devant la croix dressée, et la terrible douleur des clous plantés dans la chair, tout cela le Père le ressent lui-même et en frissonne d’horreur. Autour de lui les anges sont pétrifiés: un seul mot de sa part et leur Seigneur serait délivré de cette fin atroce.

Son regard traverse les limites du visible et découvre dans le Royaume des ténèbres le monde des esprits malfaisants qui jubilent, ricanent et s’apprêtent à fêter la victoire de Satan. Le Père se refuse à le laisser régner sur ce monde qu’il aime si profondément.

Le Fils portant la malédiction du péché

Au bout de plusieurs heures interminables, n’en pouvant plus , il se lève de son trône et s’éloigne. Le pire vient d’arriver: tous les péchés du monde, toutes les souffrances , toutes les maladies viennent écraser de leur terrible poids son Fils tant aimé qui devient, à ses yeux, malédiction.

La sainteté de Dieu ne peut le supporter et s’en détourne. Même la création réagit devant la fin imminente de celui par qui toute chose existe: la terre tremble, le ciel s’obscurcit…

Le cri de Jésus, poussé dans un dernier souffle, l’atteint en plein coeur: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? Et le Dieu tout-puissant est au comble de la douleur.

La gloire du Père : donner son Fils.

Au bout d’un long moment, voilà qu’un murmure parcourt les rangées d’anges, un léger bruissement dû au déplacement des cohortes. Un temps de silence…

Et soudain s’élève dans le ciel du Ciel la plus belle musique, le plus beau cantique jamais entonné là-haut.
Les anges viennent de pénétrer ce grand mystère caché depuis les origines et enfin dévoilé.

Le Père a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils afin que tous ceux qui croient en Lui ne meurent pas mais obtiennent la vie éternelle.

Jésus, c’est lui, l’Agneau de Dieu immolé pour les péchés du monde.
La gloire du Père a été de donner son Fils.

La gloire du Fils : donner sa vie

Tandis que retentit ce chant d’adoration à la gloire de l’Agneau, le Père se retourne, revient sur ses pas et sourit. Son plan secret est enfin révélé au monde. Son Fils bien-aimé est allé jusqu’au bout de sa mission. Tout est accompli, parfaitement.

Il sait que dans trois jours il enverra un ange rouler la pierre du tombeau. Il rendra la liberté à son Fils ressuscité. Dans peu de temps il le retrouvera avec lui dans sa gloire.
Il sait que le temps est venu de répandre son Esprit sur toute personne née de nouveau.
Il sait que le temps de l’Eglise est arrivé, que le Royaume de Dieu a commencé sur terre

Bientôt il aura l’éternité pour jouir de notre présence, nous prendre dans ses bras et nous serrer contre son coeur.

Voilà le Dieu que je connais et que j’aime par-dessus tout.
Un jour, j’ai découvert son coeur de Père comme jamais auparavant, j’ai plongé dans un océan d’amour pour m’y noyer avec bonheur.

N. Kreis

Mort avec le Christ, une réalité de la vie chrétienne

Mort avec le Christ : que signifie l’expression  ?

Notre lecture de la Bible nous fait rencontrer des expressions qui, à force, deviennent familières. Mais tout en les connaissant bien, nous ne savons peut-être tout de même pas bien ce qu’elles signifient.

Mort avec le Christ en est une. Mais dans quelle mesure le contenu de ces mots fait-il partie de notre vécu ? S’agit-il d’un but à atteindre, d’une lourde tâche à réaliser ? N’est-ce qu’une image de la vie chrétienne ? Arrêtons-nous une bonne fois à ces mots pour voir quelle réalité ils recouvrent et comment ils peuvent décrire notre expérience.

Colossiens 2. 16-23.

Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou au sujet d’une fête, d’une nouvelle lune, ou des sabbats. C’était l’ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ.

Que personne, sous une apparence d’humilité et par un culte des anges, ne vous ravisse à son gré le prix de la course.

Tandis qu’il s’abandonne à ses visions, il est enflé d’un vain orgueil par ses pensées charnelles, sans s’attacher au chef, dont tout le corps, assisté et solidement assemblé par des jointures et des liens, tire l’accroissement que Dieu donne.

Si vous êtes morts avec Christ aux principes élémentaires du monde, pourquoi, comme si vous viviez dans le monde, vous impose-t-on ces préceptes. Ne prends pas ! ne goûte pas ! ne touche pas !

Préceptes qui tous deviennent pernicieux par l’abus, et qui ne sont fondés que sur les ordonnances et les doctrines des hommes ?

Ils ont, en vérité, une apparence de sagesse, en ce qu’ils indiquent un culte volontaire, de l’humilité, et le mépris du corps. Mais cela est sans valeur réelle et ne sert qu’à satisfaire la chair.

1. Un fait accompli

Ai-je bien compris  ? Il est question là de deux choses de nature opposée.

D’une part d’une foule d’actions obligatoires ou interdites qu’il faut veiller à respecter. Des prescriptions alimentaires, le respect de certains jours (16), une dévotion rigoureuse, des gestes d’humiliation, une sévère discipline (23), ce qu’on appelle couramment les devoirs religieux.

D’autre part le fait de s’attacher au Christ avec qui nous sommes morts.

D’une part une foule de choses à faire, dures et exigeantes. Mais elles ne servent à rien qu’à faire enfler les chevilles de celui qui s’y attelle.

D’autre part un fait présenté comme déjà accompli et dont il s’agit d’accueillir les bienfaisantes conséquences comme un cadeau. Et alors on est libéré des devoirs religieux ! Voyez : une fois de plus ce que la Bible nous demande. Ce n’est pas de choisir la bonne religion, mais de nous attacher au Christ pour être libérés de toute religion comme d’un fardeau sans valeur.

Le Saint-Esprit nous annonce donc que lorsque Christ est mort, il y a 2000 ans, nous, nous sommes morts avec lui. Et c’est une bonne nouvelle. Notre nature pécheresse, notre vieil homme, ce que la Bible Semeur appelle l’homme livré à lui-même est mort. Dieu le traite comme tel, suite à notre repentance, notre retour et notre attachement au Seigneur Jésus et à notre prise de position de foi que c’est par son sacrifice que nos péchés sont payés, pardonnés. Ça peut-être difficile à concevoir, comme pour Nicodème la nécessité de naître de nouveau, mais c’est Dieu qui l’affirme et le répète : Romains 6.5-7.

Autrement dit : mon passé est apuré, ma culpabilité est enlevée et n’a plus de raison d’être, puisque Christ l’a expiée à la Croix. Et la preuve que c’est vrai, c’est que quand je retombe dans un de mes travers, j’en suis frappé, malheureux, alors qu’autrefois le péché me laissait indifférent, me paraissait naturel, inévitable.

2. Mais il reste un problème : le péché encore présent

Le passé est donc en ordre. Mais il reste un gros problème dans le présent : il m’arrive encore de pécher et le diable en profite pour m’enfoncer et prétendre qu’en fait je ne suis pas sauvé.

Effectivement comment se fait-il que je retombe si facilement dans le péché, pourquoi suis-je incapable d’arrêter ? J’aimerais vraiment que ça cesse et pourtant je tombe encore et encore, alors que 1 Jean 5.4 parle de triomphe !

C’est un fait que le péché agit en moi comme une puissance qui me dépasse, cette puissance veut encore s’imposer, malgré l’expérience bien réelle du pardon reçu dans la foi. Je dois honnêtement reconnaître que la chair, ce qui me pousse à pécher, est encore en moi et se fait parfois remarquer impérieusement

En enlevant le vieil homme, Dieu n’aurait-il pas dû aussi éliminer cette pulsion au péché. En pardonnant les péchés n’aurait-il pas dû en même temps anéantir la puissance du péché en moi ? Des questions importantes et douloureuses !

La réponse peut surprendre et pourtant elle est juste : si la puissance du péché était détruite, nous ne pourrions plus pécher, nous serions des automates du bien, attachés à Dieu par impossibilité de faire autrement et non par choix, par préférence, par amour.

Voilà pourquoi Dieu n’a pas envoyé aussi notre chair, nos pulsions au péché dans la mort à la Croix. Il voudrait que nous lui donnions la préférence, par choix et non par obligation.

Et une fois de plus là où un chrétien superficiel voit une faille dans le plan du salut de Dieu, un élément choquant, en y regardant avec les yeux de la confiance il pourrait trouver une démonstration de plus de la délicatesse de Dieu, de son respect de la liberté qu’il a accordée à sa créature.

Il souhaite être aimé. Or aimer quelqu’un, c’est le choisir, le préférer à n’importe quoi d’autre, montrer à d’autres qu’on a reconnu en lui une personnalité à laquelle on veut être attaché pour toujours. Ce n’est pas une relation où l’on s’engage parce qu’on n’a pas d’autre possibilité.

3. Une réponse magnifique : l’Esprit de Dieu remède au péché

Bien sûr que Dieu ne nous a pas abandonnés à la puissance du péché, sans avoir prévu et donné une arme efficace contre elle. Dès le moment de notre conversion notre Père nous a donné son Esprit dans notre cœur.

Cet Esprit de Dieu est celui qui saura efficacement contrer la puissance du péché en nous. Il est la pulsion divine en nous capable de tenir en échec la pulsion au péché. Il est aussi celui qui nous éduque à apprécier et préférer la communion épanouissante avec notre Père au plaisir réel parfois, mais si passager et si rapidement amer du péché : Galates 5.16. Ça aussi, ça s’apprend, progressivement, ça ne nous tombe pas dessus tout prêt : Jean 8.31.

Et la voilà promise, à portée de foi, cette liberté tant désirée par rapport au péché. Laissons le Saint-Esprit s’épanouir en nous, prendre de l’autorité et guider notre pensée, alors il étouffera peu à peu le penchant à pécher.

Mais ce n’est qu’un aspect de la réponse. Un acte inspiré par l’amour a souvent en plus des simples gestes visibles, expérimentables, une motivation élevée, noble, plus secrète, moins évidente. Et quand cela vient de Dieu, on peut s’attendre à des surprises.
Pourquoi Dieu a-t-il conçu ainsi la vie pratique du chrétien et en particulier la manière

de vaincre le péché ? Pourquoi a-t-il confié au Saint-Esprit cette mission de soutien et de défense du chrétien dans sa lutte contre le péché ? Tout le vaste plan de salut conçu avant la fondation du monde culmine dans l’idée inouïe et stupéfiante de la mort de son Fils sur une croix, il complète le volet intitulé « victoire sur le péché » par cette mission confiée au Saint-Esprit.

Et nous les chrétiens, nous l’Église, nous portons le témoignage que ce plan fonctionne effectivement. Par notre vie dépendante de Dieu nous apportons la démonstration que le plan de Dieu atteint son but, est vraiment capable de faire d’un pécheur rebelle et ennemi de Dieu un enfant de Dieu attaché à son Père céleste par choix, par amour. C’est le sens que je crois trouver dans deux textes assez étonnants : Éphésiens 3.10 ; 1 Pierre 1.12.

Les anges découvrent que des créatures de Dieu perverties par le péché sont retirées de la perdition, s’engagent volontairement dans une relation d’amour avec leur Créateur, sont libérées par lui des plaisirs de la chair, protégées de la nécessité de pécher et peuvent ainsi servir leur Seigneur d’un cœur libre. Voyant cela, ils admirent la sagesse infiniment variée de Dieu, capable de produire cela, sans contrainte. La gloire de Dieu, c’est aussi d’arriver par son amour et sa sagesse à être volontairement aimé par ceux qui étaient ses ennemis.

4. Et la religion

Et ainsi on comprend mieux pourquoi le pharisien Paul, si soucieux autrefois à pratiquer scrupuleusement les exigences de la Loi jusqu’au dernier détail, emploie maintenant des mots aussi sévères contre ces pratiques.

Vous êtes morts avec le Christ à tous ces principes élémentaires qui régissent la vie dans ce monde. Non seulement l’œuvre de notre Seigneur à la Croix les a vidés de leur contenu, de leur raison d’être. Mais vouloir les continuer comme une chose indispensable (ou méritoire), c’est enlever autant de valeur à la Croix du Seigneur.

Et il y a surtout l’énorme tentation de respecter toutes ces choses pour elles-mêmes, comme si elles avaient de la valeur en elles-mêmes.

On se dit alors : « Eh bien voilà, j’ai fait tout ce que je devais faire, Dieu ne peut qu’être satisfait ! » Dans ce système on parle aussi de Dieu, mais ce qui est décisif, c’est ce que fait et pense l’homme. La pensée et l’œuvre de Dieu n’y sont qu’un accessoire parmi d’autres ou elles y sont inutiles, ça continue à fonctionner quand même. Le diable est un inventeur astucieux de religions qui dispense à l’homme mille conseils sur la meilleure manière d’être pieux.

Une conséquence de tout cela, c’est qu’une vie chrétienne normale ne peut se vivre à moitié, en annexe de ce qu’on appelle la vie normale. Dieu ne sera glorifié que dans une vie entièrement consacrée. Cela ne veut pas forcément dire un engagement professionnel à plein temps dans le service de Dieu. Mais c’est donner à Dieu sa place prioritaire à n’importe quel poste, dans n’importe quelle situation, salariée ou non, . Dans ma vie il ne peut y avoir un domaine spirituel et, à côté, un autre ou de nombreux autres domaines réputés « profanes » où Dieu ne peut avoir de place.

En réponse à notre foi Christ nous a entraînés dans sa mort ; mais aussi dans sa résurrection, dans une qualité de vie nouvelle avec lui au centre. Mais comme il l’avait bien promis, il ne nous a pas laissés orphelins, il nous a donné son Saint-Esprit dès nos premiers pas avec lui. S’il peut disposer de moi, orienter ma mentalité, réordonner mes priorités, il m’éduquera. Il me fera progressivement découvrir son intervention dans tous les domaines de ma vie et en particulier celui de la répression du péché, = de la sanctification.

J.J. Streng