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Le juste vivra par la foi, la puissance de l’Evangile, Romains 1.17
Le juste vivra de foi / par la foi (Habacuc 2.4 – Romains 1.17 ; Galates 3.11 ; Hébreux 10.38).
Une courte phrase de l’Ancien-Testament reparait trois fois dans le Nouveau-Testament. Elle constitue un parfait concentré de tout l’enseignement de la Parole de Dieu et en particulier de l’Evangile prêché par Paul.
Un enseignement concentré de la Parole de Dieu
C’est un véritable leitmotiv à travers toute la Bible. Méditons en l’importance fondamentale, dans la prédication de Paul et dans tout le Nouveau Testament.
Romains 1.16-17
C’est sans crainte que j’annonce la Bonne Nouvelle : elle est en effet la force dont Dieu se sert pour sauver tous ceux qui croient, les Juifs d’abord, mais aussi les non-Juifs.
En effet, la Bonne Nouvelle révèle comment Dieu rend les humains justes devant lui : c’est par la foi seule, du commencement à la fin, comme l’affirme l’Écriture :
« Celui qui est juste par la foi, vivra. »
Bible en Français Courant
1. L’Evangile, une puissance efficace
La puissance, une ambition ?
Le pouvoir, être puissant, voilà bien le rêve majeur, l’ambition ultime de beaucoup d’hommes. Certes chacun en rêve à son niveau, mais il est parfois recherché avec la dernière énergie.
Pour le Juif
Pour un pharisien juif, la puissance s’incarnait dans un Messie envoyé par Dieu. Il rétablirait avec gloire et fracas l’ancienne royauté de David, sur les nations du monde, en donnant ainsi aux Juifs la position d’être les favoris de leur Dieu.
Pour le Romain
Un Romain concevait le pouvoir sous la figure d’un chef militaire distingué par ses nombreuses victoires et admiré pour son art de gouverner le pays avec sagesse et autorité.
Pour le Grec
Un Grec situait plutôt cet idéal de puissance sur le terrain de l’esprit. Un philosophe familier de toute la sagesse séculaire, proposait un système de pensée original et clairement supérieur.
Pour l’apôtre Paul : la puissance, c’est L’Evangile
Et en face de ces trois imposants modèles de puissance, spirituelle, politique et intellectuelle, voilà notre petit Paul (sens de son nom) qui balaie tout ça comme futile et illusoire. Et il le remplace avec hardiesse et fierté par son Evangile !
L’Evangile, ni un système religieux, ni un idéal inaccessible
Eh bien, oui, l’Evangile, c’est bien autre chose qu’un système religieux, vieux de deux mille ans auquel s’accrochent encore quelques chrétiens attardés.
Ce n’est pas non plus seulement un texte admirable, mais considéré comme trop idéal pour avoir un impact pratique sur une vie d’homme.
Un dépôt de puissance divine
Non, l’Evangile, c’est tout autre chose. C’est un dépôt caché au cœur de l’histoire des hommes, au centre de la Création de Dieu. Un dépôt inouï de puissance divine, même s’il est quasiment ignoré. Ce n’est pas une nouvelle technique, un catéchisme inédit, inventé par un homme et donc décevant au final.
Une dynamique divine
L’Evangile, c’est une dynamique divine, élaborée par les trois personnes de la Trinité créatrice. Elles reprennent ainsi en main leur créature pour faire toute chose nouvelle dans son existence. Cette dynamique attaque à sa racine le problème fondamental de l’humanité : la présence du mal dans le cœur de l’homme.
Libération, vie éternelle, peuple nouveau attaché à Dieu
Et le résultat obtenu est triple.
- Elle libère l’homme de son plus grand malheur, sa perdition éternelle.
- Elle lui apporte un bienfait magnifique, la vie éternelle dans la communion avec son Créateur
- . Elle donne naissance à un peuple d’un nouveau genre, un peuple attaché à Dieu non sur un critère social, matériel ou national, mais par une confiance et un amour qui constituent la gloire de Dieu.
- Encore ajouter un 4e effet. Elle donne au chrétien une vision et des armes pour travailler dans l’humanité à la gloire de Dieu.
Un message qui suscite la fierté
Comment ne pas être fier d’un tel message ? Il met dans l’ombre n’importe quel autre sur le plan pratique des bienfaits qu’il veut et peut répandre sur l’humanité ?
Malgré nos faiblesses nous pouvons nous aussi rendre témoignage à ce message, sans avoir honte. Existe-t-il dans le monde un autre message plus sûr, plus fiable ?
Garanti par la vie du Fils de Dieu
Pour l’Evangile, Dieu a fourni la garantie de sérieux la plus inimaginable. Il y a engagé la vie de son propre Fils ! Vu cette garantie énorme, l’humanité aurait depuis longtemps dû se ruer dans les Eglises et on devait avoir le plus grand mal pour trouver encore quelque part un perdu.
Un message pourtant négligé
Or innombrables sont ceux qui disent ne pas avoir besoin de Dieu ou même se trouver au moins aussi bien dans telle ou telle religion.
Et en face de ce formidable sérieux, la multiplicité des religions, sont autant d’insultes lancées à Dieu. Elles lui disent en quelque sorte : « Regarde, le sacrifice de Jésus n’était pas nécessaire. Il y a bien d’autres voies, belles elles aussi et bien moins coûteuses ! »
2. S’agit-il d’un nouvel enseignement ?
En un sens, oui. Paul dit que c’est la révélation de la justice de Dieu? C’est Dieu qui se sert de Paul pour remettre en pleine lumière un plan de salut conçu et communiqué depuis longtemps, mais largement oublié.
Un message déjà proclamé au 7e s av. JC
Lorsque Habacuc a proclamé ce message à la fin du 7e s av. JC, il avait déjà dû le dégager du fatras idolâtre qui l’avait masqué au cours des siècles d’abandon de la Parole de Dieu.
Il lui a alors redonné sa force, tout comme Paul quand il écrit aux Romains et remet au centre la pensée de Dieu débarrassée des voiles des traditions juives.
Au 7e s déjà, devant la menace babylonienne, Habacuc avait rappelé que le recours, ce ne sont pas les combinaisons humaines. Si un juste voulait survivre à cette situation bloquée, c’était par une sincère confiance en Dieu seul. Le juste vivra de foi, = en démontrant qu’il n’espère de salut que de Dieu.
Le salut, un fil rouge à travers la Bible
Mais cette déclaration même d’Habacuc au 7e s, montre bien que l’Evangile prêché par Paul dans le même sens n’est pas une innovation.
Le salut par la foi seule est un fil rouge qui traverse toute la Bible. Il ne fait que s’épaissir et se préciser au fur et à mesure qu’on y avance.
En Romains 4 Paul rappelle ce principe. Il caractérise clairement l’origine du peuple juif, c’est à dire la conclusion de l’alliance par Dieu avec Abraham.
Et aux chrétiens galates, Paul rappelle que seule la mort de Jésus à la croix paie à notre place la dette de nos péchés. C’est donc notre confiance en cette mort de Christ à notre place qui nous assure la libération de notre dette et une vie nouvelle en Christ : Galates 2.16.
L’erreur juive à propos des oeuvres
L’erreur juive à propos des œuvres peut se comprendre de deux façons voisines.
- Soit le salut s’obtient en faisant certains actes moraux demandés par la Loi,
- soit on veille à respecter fidèlement les caractéristiques de l’alliance de la Loi : la circoncision, le sabbat, les règles du pur / impur…
La justification par la grâce
Comme les Réformateurs le redécouvriront 15 siècles après Paul, le pécheur est justifié par la grâce seule, en réponse à la foi seule, sur la seule base de la justice de Christ.
15 siècles de poussière religieuse avaient masqué et défiguré l’Evangile en une théorie du salut selon les conceptions humaines, une voie que l’homme peut trouver en lui-même, dans la nature ou dans telle religion ancienne.
L’Évangile prêché par Paul ne vient pas de l’homme, c’est une révélation de Dieu. C’est le salut selon les normes de Dieu. Ou comme dit Luther, c’est la justice qui vaut ( a de la valeur) devant Dieu.
Cette voie du salut n’est pas une option parmi bien d’autres, c’est la seule possible. S’il en existait d’autres, pourquoi Dieu le Père aurait-il accepté que son Fils meure sur une croix.
3. Comment cette puissance agit-elle ?
Ou pour formuler la question autrement :
comment l’Evangile peut-il changer le cœur, comment comprendre cette justice de Dieu ?
Luther et Romains 1.18
Un verset très facile à comprendre, c’est Romains 1.18. Mais il est terrifiant. Dieu a raison, c’est certain mais moi, je n’ai aucune solution, aucune issue en moi-même.
Martin Luther s’est débattu dans ce blocage dramatique 7 ans durant dans son couvent.
Puis, en préparant un cours de théologie, il a eu une illumination.
La justice du v. 17, déterminante pour le salut, ce n’est pas la justice punitive que Dieu inflige au pécheur et que celui-ci ne pourra jamais satisfaire.
C’est la justice de la foi que Jésus a parfaitement accomplie. Dieu l’offre gratuitement au pécheur qui croit qu’en l’accueillant, Dieu lui fait grâce. Autrement dit, le pécheur n’a pas à chercher désespérément ce qu’il pourrait offrir à Dieu en paiement pour ses péchés.
Il s’agit au contraire de saisir avec confiance, comme une bouée vitale, un vêtement qui le couvre. Dieu le lui offre gratuitement par amour. C’est le paiement que Jésus lui offre pour satisfaire à sa place la justice et la sainteté divines : 3.21-25.
Luther libéré
Voilà ce qui a libéré Luther, ce qui a déclenché le formidable mouvement de la Réforme. Le pécheur perdu peut devenir juste devant Dieu en accueillant avec confiance la justice de Jésus, sans autre contrepartie de sa part que la foi.
Il peut donc être sûr de son salut. Il ne dépend pas de quelque chose qu’il fait, lui, qui vient de lui, mais de la fidélité de Dieu à tenir ses promesses. Il s’agit donc de placer sa confiance dans cette fidélité. La certitude, la garantie d’être sauvé n’est pas fondée en l’homme, mais en Dieu.
La puissance de Dieu qui libère
Quand on entre dans cette magnifique réalité, on mesure qu’il s’agit effectivement d’une puissance. Ce n’est pas simplement une belle idée, un souhait irréalisable. C’est la puissance de Dieu, car elle est capable de libérer la vie la plus bloquée, de guérir les situations les plus perverties, de redonner la joie de vivre à qui ne voyait plus que la mort. Il s’agit d’une vraie recréation dont seul le Créateur est capable, d’une régénération accessible à quiconque y croit. Elle est gratuite, puisque seule la foi est demandée. Et la foi elle-même est suscitée, donnée par l’Evangile qui annonce cette grâce. Le point de départ de cette nouvelle création est donc la foi. Elle se concrétise, s’épanouit, se développe pendant toute la vie, toujours par la foi : par la foi et pour la foi.
Croire et vivre sa foi
Dans notre contexte croire, ce n’est pas seulement être d’accord qu’une chose est vraie, fiable, efficace. C’est aussi faire place nette pour ce qu’on reconnaît comme vrai. C’est rejeter tous les préjugés, les idées fausses, même si elles sont acceptées par la majorité de nos semblables. Avant de construire, il faut nettoyer l’emplacement prévu pour la nouvelle maison. Pour cela aussi l’Evangile est indispensable : Romains 12.2 ; Hébreux 5.14. Et dans le quotidien du chrétien, il y a ce que Dieu fait et moi qui le reçois dans la confiance :
Point de départ : mort de Jésus en croix -–- confiance en cette substitution ;
Acquisition : don gratuit de Dieu — repentance et confiance
Permanence : fidélité de Dieu à sa Parole — attachement confiant à Dieu.
J.J. Streng