Sommaire
Introduction
Nous avons déjà exploré les chapitres 1 à 6 du livre d’Amos
Les chapitres 1 et 2 évaluent les péchés des nations environnantes puis ceux de son propre peuple (Israël et Juda)-
Dans les chapitres 3 à 6Le lion qui rugit – Amos 3 à 6, Dieu, le lion qui rugit, choisit son peuple. Mais son peuple choisit de désobéir. Dieu l’appelle à la repentance et lui offre le pardon
Dans les chapitres 7 à 9 jugement et grâce de Dieu se manifestent dans les visions, l’appel à chercher Dieu, le message de salut porteur d’espoir pour son peuple et pour l’Église du 1e comme du 21e siècle.
I Les visions
La 3e grande partie du livre, les chapitres 7 à 9, s’articule autour de cinq courts récits de visions.
Après les 2 premières visions, une invasion de sauterelles et un incendie brûlant la terre (7.1–6), le prophète prie en faveur du peuple.
Dieu répond à sa prière et arrête le châtiment prévu.
Ces visions se terminent par une parole d’espoir
L’Éternel se repentit de cela ou l’Eternel l’a regretté Segond 21. Cela n’arrivera pas, dit l’Éternel (7.3, 6).
« Se repentir » signifie « changer d’avis ». Le même Dieu qui a permis que les fléaux se produisent peut suspendre la menace du jugement. Le jugement de Dieu est tempéré par la miséricorde
Dans la 3e vision, Amos voit Dieu mesurer Israël avec un fil à plomb ou un niveau (selon les traductions) –
Dieu mesure Israël pour lui annoncer le désastre (7.7). Cette fois, Amos n’intercède pas. Le jugement annoncé depuis longtemps n’est plus retardé. Il s’exercera contre les lieux de culte et contre la famille du roi Jéroboam (7.8–9).
La confrontation avec Amatsia
Entre la 3e et la 4e vision se situe la confrontation d’Amos avec Amatsia, le prêtre de Béthel. On attendrait à ce moment-là que le prophète prie pour Israël.
Amatsia l’accuse de conspirer contre le roi Jéroboam II :

Jéroboam mourra par l’épée et Israël sera exilé loin de son pays. (7:11–12 ).
Et il le renvoie en Juda pour exercer son métier de prophète :
Va-t’en, fuis dans le pays de Juda, manges-y ton pain, et là tu prophétiseras. Mais ne continue pas à prophétiser à Bethel (7.13–14).
Amos n’est pas prophète de « métier » Il gagne sa vie en élevant des bovins et en incisant les fruits des sycomores. (Une sorte de figue qui ne mûrit qu’après avoir été incisée).
Amos a été appelé par Dieu (7.14–16). Il a donc justement quelque chose à dire, de la part de Dieu, à Amatsia : le prêtre de Bethel mourra, sa femme se prostituera. Et ses terres seront mesurées (7.7–9) pour être vendues lors de l’exil d’Israël (7.17 ).
On peut se demander pourquoi ce jugement sur le prêtre, somme toute assez semblable au jugement qui va bientôt tomber sur le peuple d’Israël ?
Amatsia, prêtre d’Israël rejette l’avertissement prophétique. Cela montre bien que les dirigeants comme le peuple refuseront de changer.
Le 4e récit, (8.1-3) la corbeille de fruits mûrs annonce qu’Israël est mûr pour le châtiment. Cette maturité pour le châtiment est due à l’oppression sociale et à l’avidité, même au cynisme dans les affaires.
Elle entraînera une série de catastrophes (8.8-10) et une famine de la Parole de Dieu (8.11-12)
La justice dans les relations
C’est un principe fondamental du livre d’Amos et de toute morale prophétique
Avec courage Amos s’oppose aux structures de pouvoir dominantes et il conteste les abus dans la société
À ceux qui sont avides dans les affaires, il dit
Écoutez ceci, vous qui dévorez le pauvre et qui ruinez les malheureux du pays ! Vous dites : ‘Quand le début du mois (une fête chômée) sera-t-il passé, afin que nous puissions vendre du blé ? Quand finira le sabbat (chômé aussi), afin que nous puissions ouvrir les greniers ? Nous diminuerons la mesure, nous augmenterons le prix, nous falsifierons les balances pour tromper. Puis nous achèterons les faibles pour de l’argent et le pauvre pour une paire de sandales, et nous vendrons le déchet du blé. L’Eternel l’a juré par la gloire de Jacob : ‘Je n’oublierai jamais aucun de leurs actes. (8.4-7)
La révélation biblique insiste sur notre responsabilité les uns envers les autres.
Nous sommes responsables devant Dieu de nos relations dans les affaires, comme dans les autres domaines de la société.
Personne ne peut donc affirmer à bon droit, par ses paroles ou ses actes, qu’il n’a pas besoin de se préoccupe de son prochain.
Devant la vision finale, Amos n’est plus que spectateur de la destruction envoyée par Dieu
Dieu debout près de l’autel est prêt à poursuivre, à traquer ceux qui refusent de se repentir (9.1)
Aucun d’eux ne pourra se sauver en fuyant, il n’y aura parmi eux aucun rescapé. …Ni au séjour des morts … ni au ciel… ni au sommet de la montagne… /ni au fond de la mer… /Ni même en déportation (9.2-4)
Le Seigneur, l’Eternel, est présenté comme le créateur et le maître de l’univers.
Il touche la terre, et elle tremble, et tous ses habitants sont dans le deuil. Elle se soulève tout entière comme le Nil, et elle s’affaisse comme le fleuve d’Egypte. Il a construit son palais dans le ciel et fondé sa voûte sur la terre. Il appelle l’eau de la mer et la verse à la surface de la terre. L’Eternel est son nom.
Les cieux et la terre témoignent de la puissance créatrice et protectrice de Dieu
II Un appel à chercher Dieu
Dès le chapitre 5 Amos a lancé un appel à la repentance. Dieu pourrait changer d’avis à propos de la destruction d’Israël
Cherchez-moi, et vous vivrez, … (5:4b)
Cherchez l’Eternel et vous vivrez, … (5:6a). Cherchez le bien et non le mal, afin que vous viviez. … (5 :14)
Amos appelle le peuple d’Israël à se convertir, à changer de direction, de comportement. Il lui demande de se mettre en conformité avec le plan de Dieu pour lui.
Une nouvelle relation avec Dieu pourrait bien changer le cours de son histoire
« Chercher Dieu » cela veut dire rencontrer Dieu, mais pas dans des cérémonies, des gestes ou des rites religieux.
C’est rencontrer le Dieu qui s’est révélé à Moïse au buisson ardent, dans le désert du Sinaï et qui lui a donné son alliance (Exode 3.2)
Chercher Dieu c’est réaffirmer l’alliance avec Dieu conclue au Sinaï, un contrat réciproque entre Dieu et son peuple.
Maintenant donc, si vous obéissez à ma voix et si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez parmi tous les peuples. Car toute la terre est à moi, /et vous serez un royaume de sacrificateurs et une nation sainte.
Exode 19.5 cité plus tard par Pierre (1 P 2.9)
Un message rédempteur pour tous les peuples
Les circonstances sont catastrophiques, l’armée assyrienne approche. Pourtant Amos proclame la justice et la droiture de Dieu. Face à la destruction imminente du royaume du Nord (722), il affirme la grâce rédemptrice de Dieu.
Pour Amos la souveraineté de Dieu ne se limite pas seulement à Israël. Elle s’étend au monde entier selon une éthique universelle valable pour toute l’humanité.
Dieu est le défenseur des lois morales universelles, pour le monde entier. Il n’est pas simplement le législateur du peuple d’Israël. Le rôle d’Israël, c’est de témoigner de Dieu qui proclame sa justice en paroles et en actes.
Amos met l’accent sur l’origine universelle des humains
N’êtes-vous pas pour moi comme des Ethiopiens, Israélites ? déclare l’Eternel. N’ai-je pas fait sortir Israël d’Egypte comme j’ai fait sortir les Philistins de Caphtor (Chypre) et les Syriens de Kir, (leur ville d’origine) ? 9.7
Le Seigneur n’est pas seulement responsable d’Israël, mais aussi des Philistins des Syriens… et de tous les autres peuples. Le Seigneur est le Seigneur de tous, et pas seulement d’une seule nation, race ou groupe culturel. Les migrations des nations sont le résultat de l’œuvre souveraine de Dieu (Dt. 2:19-23, Amos 1.5)
Un modèle éthique à expérimenter avec Dieu
Ce modèle éthique universel n’est pourtant pas applicable tel quel à toutes les époques. Les clés pour comprendre que la Bible et Amos en particulier sont pertinents pour le 21e s, c’est une connaissance de Dieu, personnelle et expérimentale, c’est-à-dire pratiquée dans des expériences, dans la vie pratique avec Dieu.
A une époque où les différences entre les races et les nations sont mises en pointe, on ferait bien de réaffirmer l’insistance de la Bible. Il n’y a qu’un seul Dieu, le Seigneur, et tous les humains partagent le lien d’une origine commune en Dieu.
À une époque où les relations humaines sont fragmentées, nous ferions bien de renouer avec les liens universels qui unissent tous les hommes.
Pouvons-nous rejeter celui ou celle que Dieu accueille ? Notre vision est-elle si myope que nous ne pouvons voir que nous-mêmes et ceux qui nous ressemblent comme les objets de la préoccupation divine
Le Seigneur pourrait-il nous dire, à nous, comme au peuple d’Israël de la génération d’Amos :
N’êtes-vous pas comme les Africains, les Asiatiques, les Ukrainiens ou les Mexicains / vous les chrétiens de … ? » (Amos 9:7) ?
III Un message de salut, porteur d’espoir.
Menace de jugement, espoir de miséricorde
Israël avait rejeté la loi du Seigneur. Amos cherche à le ramener à une vie d’obéissance
Les fautes personnelles, les violations de la loi de l’alliance, découlent principalement de la déviation religieuse ou de la désobéissance à la volonté révélée de Dieu pour la vie communautaire.
L’appel du prophète à la repentance contient à la fois / la menace du jugement et l’offre de la miséricorde
La relation privilégiée de Dieu avec le peuple d’Israël n’empêche en aucune façon sa décision de le juger.
Le Seigneur, l’Eternel, a les yeux sur le royaume coupable. Je le détruirai de la surface de la terre. (9.8)
Mais le jugement ne sera pas absolu
Toutefois ce n’est pas entièrement que je détruirai la famille de Jacob, déclare l’Eternel, (9.9).
L’image du tamis à grain (9.9) aide à comprendre qu’il y aura un tri.
Le jugement est inévitable sur tous les pécheurs de mon peuple (9.10)
Mais la grâce est prévue, la grâce est possible…
Le jugement viendra sur les pécheurs du peuple de Dieu. Mais quelques-uns seront épargnés 9.8
Promesse de restauration
Le verset 11 introduit la promesse de restauration. Les malédictions de l’alliance seront remplacées par des bénédictions. (Dt. 30:1-3).
Dieu promet de rétablir le royaume de David
Ce jour-là, je relèverai de sa chute la cabane de David, je réparerai ses brèches, je redresserai ses ruines, et je la reconstruirai comme elle était autrefois. (9.11)
Les villes dévastées (4.11) seront reconstruites (9:14). Il y aura une période d’abondance agricole avec des vignes productives et des jardins fertiles (9.13). Et la réinstallation d’Israël dans son territoire (9.14)
Cette bénédiction restaurée proviendra de la grâce de Dieu, pas de la bonne conduite de la nation. Elle repose uniquement sur les déclarations de Dieu, pas sur le comportement d’Israël
Ce message assure à ceux du peuple de Dieu qui sont restés fidèles que tous les aspects de son alliance avec lui seront finalement réalisés
Les bénédictions de l’alliance annoncées dans les derniers versets confirment que le livre documente l’application effective de l’alliance. Elles contrastent avec l’absurdité totale de la situation dans laquelle les Israélites s’étaient placés.
Cette prophétie n’est pas un simple ajout. Elle fait partie du message complet qu’Amos devait proclamer. Sans ce message, Dieu ne serait pas perçu tel qu’il est présenté ailleurs dans les Écritures : juste, intègre, résolu et pourtant plein de grâce.
Amos comprend et explique la relation entre Dieu et l’homme sur le modèle d’obéissance/bénédictions, et rébellion/malédictions de l’alliance entre Dieu et Moïse.
L’Eternel, appelé dans l’Ancien Testament Créateur et maître de l’univers, règne sur les nations ainsi que sur Israël (1:1–2:10 ; 9:7).
Amos l’a annoncé en substance :
« Dieu Tout-Puissant viendra comme un guerrier puissant et souverain pour juger avec justice, droiture et détermination tous les peuples, mais plus particulièrement la nation d’Israël, en raison de ses violations de l’alliance. Cependant, quelques descendants de Jacob survivront et formeront le noyau d’un Israël futur restauré, béni et en sécurité, conformément aux promesses de l’alliance de Dieu. »
Alors, Dieu ne tolérera pas que les nations profanent son image en l’homme, tout comme il ne tolérera pas l’injustice sociale et l’hypocrisie religieuse au sein de son propre peuple. Cependant, il accordera souverainement sa bénédiction à un reste de ceux qu’il a choisis
Il impose des exigences à ses disciples, mais ces exigences ne sont ni dures ni arbitraires. Elles sont fondées sur une loyauté constante envers le vrai Dieu et sur un traitement juste et éthique de ceux qui nous entourent.
Païens et Juifs dans la nouvelle Église chrétienne : Amos 9. 11-12 et la conférence de l’Église de Jérusalem (Actes 15.15-17)
Après la Pentecôte, lors de la Conférence de l’Église de Jérusalem, il s’agissait de décider si les païens, non juifs pouvaient être admis dans l’Église sans se soumettre à toute la loi juive, en particulier à la circoncision.
Jacques écoute d’abord Pierre à propos de l’Esprit donné aux païens comme aux Juifs à la Pentecôte, puis Paul et Barnabas sur la mission universelle de l’Église étendue aux païens.
Il commente la prophétie d’Amos pour en faire le point d’appui de sa décision
Après cela, je reviendrai, je relèverai de sa chute la tente de David, je réparerai ses ruines et je la redresserai. Alors le reste des hommes cherchera le Seigneur, ainsi que toutes les nations appelées de mon nom, dit le Seigneur qui fait [tout] cela et de qui cela est connu de toute éternité qui a fait connaître ses projets depuis longtemps. (Actes 15.16-18)
L’Église chrétienne inclura à la fois le reste des hommes qui cherchent le Seigneur – les juifs et toutes les nations appelées de mon nom- les païens convertis
L’introduction et la conclusion d’Actes 15 reprennent aussi d’autres textes prophétiques de l’Ancien Testament
Après cela, je reviendrai est une allusion à la conversion des païens de Jérémie 12.15-16
Mais, après les avoir arrachés (les païens), … j’aurai de nouveau compassion d’eux. …S’ils apprennent sincèrement à suivre les voies de mon peuple, jusqu’à prêter serment par mon nom en disant : ‘L’Eternel est vivant’, alors ils auront leur place au milieu de mon peuple.
Qui a fait connaître ses projets depuis longtemps est une allusion à Esaïe 45.20-22
Rassemblez-vous et venez, approchez-vous ensemble, rescapés des nations ! (20)
Tournez-vous vers moi et soyez sauvés, vous tous qui êtes aux extrémités de la terre !
Les païens qui se tourneront vers Dieu seront sauvés.
Conclusion : Le jugement de Dieu pour le 21e siècle
Le jugement de Dieu pour le 21e siècle ne prendra peut-être pas la même forme que la désintégration du Royaume du Nord, la chute de Samarie ou la destruction du Temple. Mais le jugement de Dieu est tout aussi réel. Les expressions modernes du jugement du Seigneur sont aussi multiples que les facettes de l’activité humaine
Faut-il comprendre les troubles de notre génération comme le jugement du Seigneur sur notre incapacité à mettre en œuvre la volonté divine dans les questions de la vie contemporaine
A une époque où les relations humaines sont brisées et fragmentées, il est impératif de retrouver l’insistance d’Amos sur la réalité sociale de l’homme, la responsabilité des uns envers les autres et la qualité de justice qui caractérise toutes les relations humaines.
La repentance, la réforme et le renouveau, selon les modèles de la révélation biblique, sont les seules réponses légitimement rédemptrices et reconstructrices que l’Église puisse apporter à ce jugement moderne.