Sommaire
Si Dieu est maître de tout, pourquoi la chute, le péché originel, la souffrance ?
Dieu, dans sa toute-puissance n’aurait-il pas pu les empêcher ? en garantir le chrétien ?
Quel gâchis !
En lisant les premiers chapitres de la Genèse, vous vous êtes peut-être aussi déjà dit : « Mais quel dommage ! À peine l’homme est-il installé dans ce magnifique paradis, le voilà qui gâche tout par sa bêtise ! Quelle folie ! N’y avait-il vraiment pas moyen d’éviter cela ?
On ne peut changer le passé
Cette question est futile en ce sens qu’il est absurde de vouloir changer le passé, mais elle touche en fait une caractéristique fondamentale de toute la Création et mérite quand même d’être examinée sérieusement.
1. Ah, si seulement Dieu avait détruit Satan
Genèse 1. 27 ; 2.16 et 3. 1
« Dieu n’aurait pas dû permettre la tentation en Eden et, vu sa toute-puissance, il lui aurait suffi de détruire Satan, avant qu’il ne puisse nuire. » Raisonnement logique, typiquement humain : en face d’un problème on recourt spontanément, parfois sans vraiment réfléchir, à la violence.
Deux cadeaux : l’intelligence et la liberté
À la création l’homme a reçu, parmi beaucoup d’autres, deux cadeaux qui sont le reflet de son Créateur : l’intelligence et la liberté. Or comment sait-on que quelqu’un est est libre ? Quand il a le choix, quand il peut faire un choix guidé par sa réflexion.
Jouissance égoïste ou obéissance confiante ?
Or en face du fameux arbre en Eden Adam avait le choix entre la jouissance égoïste, fermée sur lui-même, et le devoir d’égard envers ses semblables et l’obéissance confiante envers son Créateur. Donc : 1er point : il était libre.
Liberté pour le bien ou pour le mal ?
Ensuite cette liberté a besoin d’être testée, éprouvée, pour démontrer si l’homme va l’utiliser pour le bien ou pour le mal. Supprimer Satan d’emblée, avant ce test de Genèse 3, aurait été la manière faible et inintelligente d’exercer la toute-puissance. Certes cela aurait supprimé toute contestation de l’autorité de Dieu. Mais cette question de Satan serait toujours restée posée, sans réponse : Dieu a-t-il vraiment dit, peut-on faire confiance à une parole de Dieu, Dieu mérite-t-il qu’on fonde sa vie sur ses paroles ? Avouons qu’elle est fondamentale et qu’elle appelle une réponse vraiment nette et définitive.
Concilier justice, sainteté et compassion
Là se joue un test révélateur pour tous les innombrables prétendus dieux de ce monde. Qui parmi eux va se donner la peine, va se montrer capable de concilier la justice, la sainteté envers le péché et la compassion et l’amour pour le pécheur ?
Seul Jésus Christ a réussi à concilier l’inconciliable
Seul Jésus-Christ a eu ce courage et la sagesse qui réconcilie parfaitement ces deux extrêmes logiquement inconciliables. Lui seul a su atteindre ce résultat, non dans une construction théorique acrobatique, mais dans la pratique ; non dans un déploiement exceptionnel de puissance, comme l’auraient peut-être attendu des hommes, mais dans l’impuissance extrême et l’humiliation honteuse et même injuste d’une mort d’esclave.
Satan privé de sa puissance
Là Satan, le contestataire d’Eden s’est non seulement vu clouer définitivement le bec, mais aussi dépouiller de toute sa puissance. Il n’a plus désormais que les moyens que l’homme, dans son incroyance envers Dieu, lui accorde en croyant à ses mensonges.
Jésus totalement confiant jusqu’à la croix
Mais la question de Gn 3.1 a reçu sa réponse majestueuse dans le dépouillement total du Crucifié. C’est vrai, Dieu avait bien dit de ne pas manger d’un certain arbre en Eden, mais c’était par amour de l’homme et non pour se réserver des privilèges égoïstes. Oui, on peut faire confiance à n’importe quelle parole prononcée par Dieu : Dieu se tient derrière elle et la réalise pour quiconque s’y attend. Oui, Dieu est digne qu’on fonde toute sa vie sur ce qu’il dit : Jésus l’a fait et a ainsi pu accomplir une œuvre d’amour d’une valeur éternelle.
Une confiance qui a surmonté le mal
Un homme a surmonté le mal par confiance en Dieu, par amour pour lui : Jésus. La rançon d’amour qu’il a ainsi versée à la justice, pulvérise l’obstacle du péché entre la créature et son Créateur, elle suffit pour purifier le pécheur dans la confiance en Dieu et pour instaurer entre les deux une relation d’amour éternelle.
Et le nouveau peuple que Jésus a ainsi suscité à son Père apporte à son tour la preuve de cette fiabilité par toute son action à la gloire de son Re-créateur.
La perfection de Dieu : aimer sa créature
La gloire de Dieu : en être aimé en retour
La perfection de Dieu, c’est d’aimer sa créature. Sa gloire, c’est d’en être aimé en retour, pour lui-même.
En nous rappelant ainsi ces réalités, nous mesurons le gâchis qu’entraîne tout manque ou refus de confiance au Créateur pour l’individu et son entourage. Et on est émerveillé de la sagesse, de l’amour que Dieu a mis en oeuvre pour apporter une vraie réponse à la question posée. Et il y a une conséquence logique qui découle de tout cela : « Il faut que Dieu soit reconnu comme disant la vérité et tout homme qui s’oppose à lui comme menteur, car il est écrit : Tu seras toujours reconnu juste dans tes sentences et tu seras vainqueur lorsque tu juges. » (Rm 3.4)
2. l’amour de la créature pour son créateur
… malgré la souffrance, malgré les difficultés…
Job 1. 8 -11
La Bible n’est pas un livre sacré qui contourne prudemment les problèmes délicats ou qui emballe sa réponse dans un nuage de conditions ou d’approximations. Elle prend les difficultés de front, souvent dans le cadre de l’expérience pratique, vécue.
Satan contre Job !
Voici, à cet égard, un 2e cas très analogue à celui de Genèse 3 où le même Satan conteste Dieu de façon encore plus radicale. C’est le problème fondamental posé par le livre de Job, un livre qui inquiète bien des chrétiens et dont certains commentaires sont des simplifications bien superficielles.
Pour le diable : pas d’amour inconditionnel, sans contrepartie
D’une manière gratuite et méchante Satan agresse Dieu au sujet de Job : « Est- ce vraiment pour rien (= de manière désintéressée) que Job révère Dieu ? » La question est sournoise et porte la marque typique de son auteur. Satan qui a créé ou au moins inspiré tout ce qui se fait comme religions dans le monde leur a, à toutes, donné le même esprit, celui du commerce : si tu me donnes, je te donne ; je t’offre ceci, tu m’accordes cela et si tu ne me donnes pas ce que je t’ai demandé, j’irai voir ailleurs. On n’a rien pour rien, le « gratuit » n’existe pas plus dans le monde religieux que dans le monde commercial, même si les publicités en sont pleines. Et pour revenir à Job, selon Satan, si Job révère Dieu, c’est par intérêt, c’est pour garder les nombreuses bénédictions que Dieu lui a accordées.
… Sans avantages, on se détourne de Dieu
Cette nouvelle question de Satan est au moins aussi essentielle que la première. Satan qui ne sait pas ce qu’est l’amour, peut encore bien moins concevoir un amour inconditionnel, sans contrepartie. Selon lui, si Job révère Dieu, c’est parce que Dieu lui a donné la prospérité, la paix, la considération sociale… Et si Dieu lui retirait quelque chose de tout cela, Job se détournerait sûrement de Dieu ou le maudirait, comme le lui suggère sa femme.
Amour inconditionnel ou donnant donnant ?
Dans Genèse la question était de savoir si Dieu et ses paroles méritent une confiance entière, jusqu’à engager sa vie sur elles. Ici elle est de savoir si un amour inconditionnel est possible, concevable entre le Créateur et sa créature ou si cette relation n’est qu’une affaire de donnant donnant.
Job au coeur d’un test opaque et de problèmes révoltants
Dieu connaît Job et accepte le test. Job ignore cet arrière-plan et il faut qu’il l’ignore, pour que le test soit honnête. Mais il va de ce fait se débattre dans un nœud de problèmes absolument inouï et révoltant.
Un cri de désespoir vers Dieu
Pourtant il rejettera avec vigueur la religion simpliste de ses amis, il appelle Dieu à se manifester et à répondre à ses questions. Il lui crie son désespoir face à ce silence, en fait nécessaire, mais n’acceptera jamais de mettre l’honneur de Dieu en question, ce qui était la visée de Satan.
Oui : On peut aimer Dieu sans condition
Ainsi un deuxième point essentiel est acquis : oui, Dieu mérite qu’on l’aime sans condition. Un homme peut aimer son Dieu sans attendre de lui une contrepartie, Dieu mérite d’être aimé même dans les difficultés, quand les circonstances démentent son amour. Il en a le contrôle et sait où il veut en venir, sans abandonner le croyant. Et, à la fin du récit il approuvera magnifiquement l’attitude de Job
Amour vérifié dans l’épreuve
Pour être réelle, la liberté avait besoin d’être mise à l’épreuve. Il n’est pas anormal non plus que l’amour soit appelé à vérifier son authenticité dans une épreuve.
3. Pourquoi Dieu laisse-t-il sur terre le chrétien racheté
Certes le chrétien a été racheté, purifié du péché qui faisait obstacle entre lui et son Père céleste. Mais il lui arrive encore si facilement et si souvent de retomber dans le péché, le manque de confiance, le manque d’amour. Pourquoi Dieu le laisse-t-il sur cette terre, au lieu de le prendre avec lui au ciel ? Pourquoi, au lieu de bloquer ou même de détruire dès maintenant Satan qu’il a déjà vaincu, lui laisse-t-il cette latitude d’action ?
Jusqu’à quand ?
Aussi, à travers le NT, retentit cette question : jusqu’à quand ? Celle-ci n’est pas posée méchamment par le diable, mais souvent avec angoisse ou douleur par les enfants de Dieu, surtout quand ils sont maltraités à cause de leur confiance, de leur amour pour Dieu.
La souveraineté de Dieu dans son plan éternel pour la création
Ce qui est en jeu, cette fois, c’est la maîtrise totale de Dieu dans l’histoire, sa maîtrise des évènements. Ces chrétiens savent que l’histoire est la mise en oeuvre d’un plan éternel de Dieu pour toute sa création, mais ce qui les déroute, au premier degré, c’est la manière si différente de Dieu de concevoir et de gérer le temps. Et plus profondément bien des chrétiens n’ont pas compris quel objectif final Dieu veut atteindre par son plan.
Un plan réalisé par l’amour et la sainteté en Jésus-Christ
C’est sûr, tout va vers un but, vers un point final dans le futur où Dieu lui-même viendra faire le bilan de toute l’histoire et inaugurer un tout autre ordre de choses.
Or, en attendant, Dieu poursuit sans bruit la réalisation de son grand dessein. Dans cette humanité et cette création souillées par le péché, il introduit un homme en qui il incarne en particulier ses deux qualités maîtresses : l’amour et la sainteté.
Jamais l’humanité n’avait vu un de ses représentants, aussi simple, ordinaire, s’élever à un tel degré de noblesse dans l’amour du prochain : Rm 5. 6-8.
Incarné dans l’abaissement et la discrétion
Il l’a fait non pas pour un ami, mais pour l’humanité pécheresse. Il l’a fait non dans une apothéose glorieuse comme dans un roman héroïque, mais dans l’abaissement total de l’exécution d’un esclave, organisée dans le cadre d’un crime d’État. Ses 33 ans de vie, dans la discrétion d’une petite ville rurale, d’une culture largement méprisée à l’époque, ont été pour Dieu le moyen de révéler à la face de l’univers visible et invisible, une réalité que le monde ignore, qu’aucune religion ne pratique : la sainteté, la sienne, ainsi incarnée dans le naturel quotidien d’une vie humaine.
Manifesté dans la mort par amour de Jésus
Or c’est la vie sainte de ce Jésus, l’efficacité transformatrice de sa mort choisie par amour, qui sont capables, et elles seules, de délivrer l’humanité et toute la création du péché et de son ferment destructeur. Cela, il s’agit de le faire savoir à tout homme et, dans sa sagesse, Dieu en confie la mission à l’Église, à ceux qui se sont confiés en lui.
Le chrétien témoin de la confiance et de l’amour pour Dieu
Voilà pourquoi le chrétien reste sur terre, même en milieu hostile, pour témoigner que Dieu mérite une vraie confiance et un amour inconditionnel… que cette attitude garde son sens et sa force même quand elle est ridiculisée ou entraîne la persécution. C’est inévitable quand on est encore en route entre le déjà sauvé et le pas encore réuni avec le Sauveur.
Deux forces pour vaincre le mal : l’amour et la sainteté de Dieu
Il s’agit que les hommes aveuglés par la sensualité et l’égoïsme voient et donc sachent qu’il y a deux forces portées par le Saint-Esprit et capables de vaincre le mal : l’amour et la sainteté de Dieu. N’importe qui peut les recevoir dans sa vie en la confiant à Jésus, c’est à dire en exerçant sa liberté et son intelligence.
Et pour libérer la création
Alors la création, elle aussi et toute entière, pourra être libérée du fardeau du péché : Rm 8. 19-23. Il n’y a donc pas que les chrétiens qui soupirent en disant « Jusqu’à quand ? », la création entière est dans la même attente anxieuse de voir l’accomplissement définitif du plan de Dieu et sa restauration dans une pleine communion avec son Créateur. « Et c’est cet Esprit qui constitue l’acompte de notre héritage, en attendant la délivrance du peuple que Dieu s’est acquis.
Pour célébrer la gloire de Dieu
Ainsi tout aboutit à célébrer sa gloire. » (Ephésiens 1.14) = chanter de tout cœur et dans une formidable chorale universelle notre amour pour notre Père et notre Frère célestes. Voilà la pièce maîtresse de notre avenir. Dès demain peut-être !
J.J.Streng