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Comprendre, vivre et approfondir la foi chrétienne

Le veilleur – Ézéchiel 33.1-21

Le veilleur : Introduction et bref survol historique

Ézéchiel est probablement né en 623 avt. J. C. Il a vécu pendant une des plus grandes crises de lhistoire d’Israël la destruction de Jérusalem et du Temple et l’exil à Babylone.

Le grand royaume de David/Salomon a été divisé vers 930. Le royaume du Nord a disparu en 722 absorbé par l’Assyrie. Une grande partie de sa population est déportée en Assyrie (Ninive).

Le royaume du sud, avec Jérusalem subsistera une centaine d’années sous influence assyrienne puis babylonienne

Ses trois derniers rois, des personnages catastrophiques, précipitent le pays dans la ruine : la chute de Jérusalem et la destruction du Temple en 587/586. (voir la fin du livre des Rois)

Avant cette chute finale, deux sièges successifs de Jérusalem, accompagnés de déportations, vers la Babylonie, la superpuissance qui a évincé l’Assyrie en 612.
Au 1e siège de Jérusalem en 605, Daniel le prophète fait partie des déportés… Au 2e siège, en 597, c’est Ézéchiel.

Les chapitres 1-32 du livre annoncent le jugement
Les chapitres 33-48 promettent la restauration

Jérémie prophétise aux Juifs qui habitent encore Jérusalem.
Dans le même temps, Ézéchiel adresse ses prophéties aux Juifs déjà exilés à Babylone.
Son message tourne autour de l’événement central, la prise de Jérusalem par le roi Nabuchodonosor qui aura lieu en 586.

Avant l’annonce de la chute de Jérusalem, le prophète Ezéchiel, à Babylone, a mis l’accent sur le jugement des péchés.

Ézéchiel 33. 1-21  Pour lire le texte, cliquez sur la Bible dans la colonne de droite : Lisez la Bible sur Internet 

1. Le veilleur et son message

La prophétie du chapitre 33 résume le message du prophète dans la première partie du livre.

Les v. 1-9 reprennent presque dans les mêmes termes la thématique du ch 3.16-21 : Dieu a donné à Ézéchiel l’ordre d’être un veilleur
Les v. 10-20 rappellent de même l’enseignement du ch 18:1- 32 : le sermon d’Ézéchiel sur la responsabilité et la repentance

Dieu ordonne à Ézéchiel de s’adresser à ses contemporains

Fils d’homme // homme, parle aux gens de ton peuple, à tes compatriotes.

Il attire l’attention de l’auditeur, du lecteur, par un énoncé théorique sur les responsabilités d’un guetteur, d’une sentinelle avec les expressions « supposez, … si »

« Supposez, telle ou telle situation, une attaque ennemie par exemple
Si un homme donne l’alarme au son du cor. Le veilleur, le guetteur, la sentinelle fait son devoir.

Que ceux qui entendent l’alerte agissent en conséquence : se mettre à l’abri, fuir ou prendre toute décision qui sauve leur vie et celle des autres.
Si on ne fait rien, on ne pourra s’en prendre qu’à soi-même.

Mais si le veilleur ne donne pas l’alarme, ne sonne pas de la trompette, ne fait pas son devoir, c’est lui le responsable des malheurs qui suivront.

Si, en temps de guerre, la sentinelle désignée par les autorités de la ville voit l’ennemi s’approcher, s’il avertit les habitants par le son du cor, et que les habitants ne prennent pas les mesures appropriées, ils sont les seuls responsables des conséquences (probablement fatales).

Si, en revanche, la sentinelle n’avertit pas, elle est responsable des conséquences.

Un groupe d’experts en sismographie a détecté une activité inhabituelle dans des plaques sous marines. Il y a risque de tremblement de terre, de tsunami. Leur rôle est d’avertir les autorités des pays concernés pour qu’elles prennent les mesures indispensables et les transmettent. Le rôle des habitants, c’est de se conformer aux ordres communiqués pour sauver leur vie.

On a toutes sortes d’exemples de ce type, du plus spectaculaire au plus banal. On nous a appris des attitudes, des gestes parfois simples, habituels qui préservent la santé ou la vie. Le panneau stop, c’est le guetteur qui avertit : arrête-toi et regarde avant de traverser.

2. Le veilleur prophète et la prophétie

Le prophète avertit ses compatriotes pour qu’ils prennent conscience de leur responsabilité. Ici, c’est bien lui, Ézéchiel, la sentinelle, le veilleur que Dieu a posté pour avertir la communauté d’Israël

v. 7 Tu écouteras la parole qui sort de ma bouche et tu les avertiras de ma part .

C’est exactement ça le ministère de prophète : tu les avertiras de ma part : avertir de la part de Dieu.

A l’arrière-plan, à la base du ministère de prophète, il y a toujours un appel de Dieu, des directives précises de Dieu.

L’ordre de faire passer un message doit venir de Dieu, pas de son initiative  à soi … ou de son envie personnelle.
Le message communiqué doit venir de Dieu, de sa parole déjà connue dans la Bible, pas de son imagination ou de ses impressions ou des influences reçues ici et là sans contrôle.

C’est exactement ça le ministère de la prophétie : Tu écouteras la parole qui sort de ma bouche. Écouter la parole de Dieu et la faire passer plus loin.

Le ministère de la prophétie, n’est ce pas tout simplement annoncer la parole de Dieu en la rendant compréhensible, accessible à ceux qui écoutent.

Faisons bien attention en lisant les prophètes de l’Ancien Testament.

Les annonces prophétiques, y compris celles qui annoncent l’avenir sont simplement la conséquence évidente de paroles déjà connues  et plusieurs fois rappelées avec insistance selon le schéma qu’on peut tirer de Deutéronome 28.

« Si tu fais bien,  il t’arrivera ceci ou cela de bien. Si tu fais mal  (si tu t’éloignes de Dieu, si tu pratiques l’idolâtrie par exemple), il t‘arrivera ceci ou cela de mal. Et si tu changes d’attitude,  si tu regrettes le mal que tu as fait, il t’arrivera à nouveau ceci ou cela de bien.

a. La prophétie ? Pourvu qu’elle ne nous dérange pas !

Jérémie, contemporain d’Ezéchiel, donne dans ses prophéties un dernier avertissement au roi et à la population encore en sursis à Jérusalem  :
vous avez dépassé les limites, les freins ont lâché,  le dernier tournant avant le précipice est là,  tout juste devant vous.

Une synthèse dans les grandes lignes :

En ce temps de fin annoncée du Royaume du sud, après le siège de Jérusalem de 597 et ce qui vous attend,  vous, oui vous, qui êtes encore en sursis à Jérusalem,  regardez le roi Nabuchdonosor qui avance avec son armée.

Et ne vous étonnez pas.
La destruction du Temple, la ruine de la ville, l’exil à Babylone ne sont plus évitables.

Même si vous criez : le Temple nous protège,  le Temple nous protège (Jérémie 7)

Pourquoi ?
Vos rois n’ont aucun respect de la parole donnée et font de la magouille politique. Vos dirigeants politiques et religieux pratiquent l’idolâtrie sur le toit en terrasse du Temple. Et vous, gens du peuple, vous la pratiquez avec vos amulettes dans vos maisons, tout en prétendant servir Dieu.

Vos rois aiment les prophètes de cour qui les flattent. Et ils persécutent ceux qui osent leur dire la vérité. Et vous,  vous aimez bien crier avec les loups.

b. La prophétie ? Elle s’est réalisée, contre nous. Mais tout peut encore changer

Dans ce même temps, Ézéchiel est à Babylone avec les exilés,  ces exilés juifs qui vivent maintenant chaque jour les conséquences du jugement de Dieu sur leurs fautes.  Loin de leur patrie,  loin de leur Temple.

Aux v. 8 et 9, Ézéchiel explique. Le guetteur qui avertissait du danger, c’est lui, le prophète. …

Il prévient le méchant du risque de mort à cause de sa mauvaise conduite.

Il ne faut pas prendre méchant au sens moderne. Le méchant, au sens biblique, c’est la personne qui vit sa vie sans Dieu, sans s’occuper de Dieu.

Dieu lance au peuple d’Israël exilé à Babylone un appel fervent à la repentance. Pas à une communauté certaine de son innocence mais à une communauté plongée dans la culpabilité et le désespoir

Comment pourrions-nous vivre puisque nos rébellions et nos fautes pèsent sur nous et que nous dépérissons à cause d’elles ? v 10

Leur réaction aux paroles d’Ézéchiel est un tournant indispensable.

Contrairement aux Juifs encore à Jérusalem, eux, ils ne se font plus d’illusions. Ils sont en plein en train de vivre,  dans l’exil à Babylone, les conséquences de leur péché

Mais il faut aller plus loin, cesser de répéter,  de ressasser l’échec. Il faut sortir activement de la situation bloquée : abandonner, se détourner  pour avancer.

Aussi vrai que je suis vivant, le Seigneur, l’Éternel, le déclare, je ne prends aucun plaisir à la mort du méchant, je désire qu’il abandonne sa conduite et qu’il vive. Détournez-vous, détournez-vous donc de votre mauvaise conduite ! Pourquoi devriez-vous mourir, gens d’Israël ? » v 11

Reconnaître ses fautes, se repentir de ses péchés, c’est un préalable au pardon de Dieu qui libère.

Avec comme conséquences un changement de situation, … de la mort à la vie, … de la perdition au salut, … de l’éloignement de Dieu à la proximité, à la communion avec Dieu

Ézéchiel le précise dans les v 12-20

Ni le caractère des parents, ni même un comportement qu’on a eu plus tôt dans sa vie ne détermine le destin. La personne qui pèche meurt, ce ne sont pas ses enfants ou ses parents. La personne qui se repent et obéit vit, ce ne sont pas ses parents ou ses enfants.

D’où des expressions inadmissibles parfois entendues dans des familles…
Celui-ci, c’est tout l’oncle X, un fainéant, un bon à rien.
Celle-là, c’est le sale caractère de la tante Y

La responsabilité morale ne s’entasse pas d’une génération à l’autre. La génération précédente n’a pas le droit d’accumuler la culpabilité sur les épaules de la génération actuelle.

Dieu insiste sur l’espérance. C’est la conséquence de la repentance avec son pouvoir de libérer, de rendre nouveau. Dieu veut que son peuple vive.

Le prophète met en évidence leurs péchés, pas pour enfermer dans la fatalité = ‘de toute façon il n’y a plus rien à faire pour moi ‘. Mais pour montrer qu’on peut se repentir et avancer selon la volonté de Dieu.

Pour motiver une repentance bien comprise, Ezéchiel clarifie les conséquences qui ne manqueront pas d’arriver.

Négatives pour celui qui rejette les indications de Dieu, s’obstine dans la mauvaise direction.

Quand bien même j’aurais dit au juste qu’il vivrait, si, fort de sa droiture, il se met à commettre le mal, on ne tiendra plus compte de toute sa droiture et il mourra à cause du mal qu’il aura commis. V. 13

Positives pour celui qui se repent, … change de comportement … et se tourne vers Dieu

Et quand bien même j’aurais dit au méchant : « Tu vas mourir », s’il abandonne ses fautes et fait ce qui est droit et juste, il vivra. V. 14

Repentance et vie nouvelle

Le passé et le présent ne vont pas automatiquement déterminer mon avenir, votre avenir. C’est ma décision, votre décision maintenant, dans un sens ou dans l’autre.

La repentance suivie d’une conduite nouvelle n’est pas un vœu pieux, une simple petite affaire entre Dieu et moi. Elle implique souvent des actes pratiques, en relation avec les autres, selon les exemples des v. 15 et 16.
Faire ce qui est droit et juste, restituer le gage exigé, rendre ce qu’on a volé, se conformer aux commandements.

S’il restitue le gage qu’il a exigé et rend ce qu’il a volé, s’il se conforme aux commandements qui font obtenir la vie et cesse de faire le mal, certainement, il vivra ; il ne mourra pas.On ne tiendra plus compte de tous les péchés qu’il a commis ; puisqu’il a fait ce qui est droit et juste, il vivra.

Restituer le gage exigé ? Cela ne nous dit sans doute pas grand-chose aujourd’hui.
Dans l’Israël d’autrefois, c’était une des bases du système économique. Et la loi l’encadrait pour éviter les abus.

Le gage, c’était l’objet que le pauvre mettait en dépôt chez le riche pour garantir que le pauvre lui rendrait l’argent ou l’objet emprunté.

Donc d’après la loi, le vêtement de dessus du pauvre qui servait de couverture,  un objet de première nécessité  devait être rendu le soir même.

Et il était interdit d’emporter les deux meules ou la meule de dessus qu’on frottait sur celle de dessous pour écraser le grain. Cela signifiait priver de la nourriture de base. On ne pouvait jamais dépouiller totalement quelqu’un, en principe.

Mais des abus ont eu lieu, tout simplement.
Et à la fin des deux royaumes, aussi bien du Nord que du Sud, d’immenses propriétés terriennes accumulées, des richesses, du luxe,  l’ivoire de Samarie par exemple.
Avec la misère grandissante des ouvriers agricoles pas ou mal payés.
Une situation qui se fixera pour des siècles…

Jacques dans le Nouveau Testament :

Il crie, le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont moissonné vos champs  Jacques 5.4

Des champs récupérés pour rien ou à bas prix sur des gens réduits à une subsistance minimale.

Alors Zachée  ? (Luc 19.1-10)

Il avait le droit de percevoir l’impôt pour le pouvoir romain occupant. Il avait le droit aussi de se verser à lui-même un salaire confortable et même plus.
Alors, quand il se sait accepté et aimé par Jésus, il modifie radicalement ses pratiques commerciales.

A partir de maintenant,  je donne la moitié de mes biens aux pauvres. Et je rembourse 4 fois ce que j’ai trop perçu.

Un cœur changé par la repentance, un monde économique transformé

Oui, mais moi, je ne vole pas !

Alors regarde bien si tu n’as pas laissé trainer au milieu du désordre un livre que tu aurais dû rendre depuis des semaines à la bibliothèque de la commune…

Et voici qu’arrive le rescapé de Jérusalem avec son message :

Jérusalem est tombée. (v . 21)

La boucle est bouclée.

Alors le message du prophète devient désormais une promesse d’espoir et de restauration.

Dieu lui-même sera le berger de son peuple et c’est lui qui le conduira (ch 34). Il donnera un nouveau cœur et un nouvel esprit qui rendront capable d’être fidèle et d’éviter le jugement. Le Christ de Jean 10, c’est ce bon berger qui donne sa vie pour que ses brebis puissent recevoir une vie nouvelle

Quelques remarques de conclusion

Pour être un veilleur, même occasionnel, il ne suffit pas de sonner de la trompette prophétique et d’annoncer comme Jonas « Encore 40 jours et Ninive sera détruite » Il faut l’art et la manière de susciter l’intérêt sans repousser.

Un contre exemple entendu un jour
Pendant un congrès annuel d’étudiants chrétiens, deux ou trois étudiants discutaient :

Tels ou tels étudiants chrétiens de notre connaissance ont vu passer une étudiante sur le campus
« Tu es une pécheresse, repens toi et tourne-toi vers le Christ »

Un travail de veilleur ? de l’évangélisation ? Non, une bourde monumentale.
Dans un contexte social français, d’origine catholique, « pécheresse » cela veut dire « prostituée ». C’est Marie Madeleine, la Marie de Magdala des Evangiles qu’on a affublée de ce rôle de prostituée.
Autant dire que le contact sera pratiquement impossible à rétablir après cette insulte

Donc d’abord faire connaissance, gagner la confiance, amener la personne à reconnaître sa situation, à l’évaluer à sa juste mesure. Expliquer ce qu’est en fait le péché, comment, en quoi il sépare de Dieu.

S’il s’agit d’inconduite ou d’alcoolisme par exemple, cela se verra vite et probablement facilement. Plus que si on s’est imaginé que ça n’avait guère ou pas d’importance. Ou que personne ne le voyait. Ou que ça ne gênait pas grand monde

Les petites tricheries quotidiennes, … les approximations avec la vérité, … le mépris des autres dissimulé derrière une façade aimable. Bref, les péchés qu’on croit bénins, sans grande conséquence, les péchés qui ne nous gênent pas, bien dissimulés au fond du cœur

Il faudra sans doute du temps, pas mal de temps pour amener la personne à prendre conscience, par elle-même de sa situation réelle et exacte devant Dieu.

Cela ne se fera ni par formules toutes faites, ni par boutades  mais par l’accompagnement patient et la prière.

C’est Dieu qui débusque, par son Esprit, le péché caché et le confronte à la lumière de la vérité biblique et à l’amour du Christ rédempteur … pour qu’il y ait repentance et vie nouvelle.

C. Streng

Une vie qui honore Dieu – par le Saint Esprit

Il est impossible de vivre une vie qui honore Dieu, personnellement, dans la famille, la société ou l’Eglise, sans la présence et sans  l’action du Saint-Esprit

C’est une constante tout au long de la Bible. L’Esprit  donne aux héros de la foi,  et aussi à des personnages moins visibles, moins connus de  l’Ancien et  du  Nouveau Testament  une relation vivante, forte et personnelle avec Dieu. Cette relation se répercute dans toute leur existence. Il en est de même  tous ceux et celles qui, à toute époque, vivent une vie chrétienne véritable.

Quand des membres du peuple d’Israel, éloignés de Dieu, ont répondu à son appel à revenir à lui, c’est le Saint-Esprit qui est intervenu. 

Que le méchant abandonne sa voie, et l’homme d’iniquité ses pensées; qu’il retourne à l’Éternel, qui aura pitié de lui, à notre Dieu, qui ne se lasse pas de pardonner (Esaie 55.7)

C’est lui qui a écrit la loi de Dieu dans leur cœur (Jérémie 31.33). C’est lui qui leur a donné un esprit nouveau (Ezéchiel 11.19)

Quand quelqu’un se repent de son péché et se tourne vers le Seigneur pour lui confier sa vie, une vie qui honore Dieu, c’est parce que le Saint-Esprit agit.

Il fait de lui un personne renouvelée, il crée l’ homme  nouveau conforme à la pensée de Dieu et capable de mener la vie juste et sainte que produit la vérité. (Eph 4.24)

Pour être véritable, la conversion doit toujours coïncider avec une action du Saint-Esprit, qui s’exerce dans le domaine de la grâce, recréant une nouvelle vie dans une nature ancienne et dégradée. A Kuyper  dans son livre « l’oeuvre du St Esprit dans l’AT »

Nouvelle création, renouvellement des cœurs ? , pas seulement.

L’œuvre de l’Esprit ne commence pas avec la régénération de l’individu. Elle touche toute créature et commence à agir dès la création (Kuyper)

Le Saint-Esprit , la 3e personne de la Trinité, est intervenu dans la création du monde (Genèse 1). Il  reste toujours actif dans sa protection et son maintien en existence/ sa pérennité. (v)

C’est lui qui met dans le cœur d’Abraham une confiance ferme et inébranlable que Dieu lui accordera le fils promis. Ce fils sera l’ancêtre d’un peuple nombreux destiné à être en bénédiction  aux nations du monde (v)

C’est lui qui organise Israel en nation à  son service après l’avoir fait passer par les étapes de la mort puis de la délivrance : celle d’Isaac à Morijah, celle de Joseph en Égypte, celle des Hébreux en détresse avant leur sortie d’Egypte.

La présence de l’Esprit dans tout le peuple de Dieu, Moïse l’avait souhaitée dans sa prière prophétique de Nombres 11.29. Il demandait alors à Dieu des collaborateurs capables de le décharger d’une partie de sa tâche de conducteur du peuple à travers le désert, vers la terre promise

Les prophètes comme Ésaïe, Ezéchiel et Joël attendaient une effusion de l’Esprit qui accomplisse le salut dans toute sa plénitude[1].

Cette action de l’Esprit va se manifester en ouvrant  toutes les possibilités  Mais on est averti aussi  des dérives possibles.

Joel par la prophétie et les visions annonce un temps où  l’Esprit sera répandu sur tous les peuples

Mais Michée par l’esprit de puissance dénonce les contrefaçons dans l’exercice de la prophétie et il en appelle à la justice.

Dans le récit des Actes, l’esprit de mission rend témoignage à l’Evangile qui se répand et constitue l’Eglise

Cependant, dans la 1e lettre aux Corinthiens, Paul insiste sur l’unité et la  réconciliation, indispensables dans  le corps du Christ qui ne peut être divisé.

Joel 3.1-5 : l’Esprit répandu sur tous les peuples  (2.28-32)

« Après cela, moi, je répandrai mon Esprit sur tout le monde : vos fils, vos filles prophétiseront. Vos vieillards, par des songes, vos jeunes gens, par des visions, recevront des révélations. Et même sur les serviteurs, sur les servantes, moi, je répandrai mon Esprit  en ces jours-là.

Après cela

La sécheresse et une invasion de sauterelles viennent d’anéantir les récoltes (1.4, 2.25). C’est un « jour de l’Eternel », un jugement de Dieu contre l’infidélité de son peuple. (1.15). À cause de la punition divine, Joël appelle le peuple à revenir de tout son coeur à l’Éternel. Un jeûne national montrera sa décision de changer d’attitude (2.12-17 )

Revenez à moi, revenez de tout votre cœur (12), Publiez un jeune ( 15) Aie pitié de ton peuple ( 17).

L’Éternel éprouve un amour passionné pour son peuple  2. 18. Il va détruire les sauterelles (2.25) et compenser les dégâts qu’elles ont provoqué. Une pluie abondante  (v 23) procurera la richesse en redonnant, en mieux, toutes les récoltes perdues

Tout au long de la Bible, ce processus des relations entre Dieu et son peuple se répète. Et dans le Nouveau Testaement il va se préciser au cours des étapes de la conversion. : reconnaissance du péché, repentance, foi en l’œuvre du Christ à la croix,  vie éternelle promise, vie chrétienne en Eglise …

 « Je répandrai mon Esprit »

C’est seulement quand le retour à Dieu, la repentance est  effective que la pluie sera accordée. La bénédiction, l’effusion de l’Esprit pourront alors intervenir.

Pas de conversion sans repentance. Dieu n’a pas agi en faveur de son peuple sans qu’il passe par une vraie repentance. Le Saint-Esprit ne peut être répandu  sans repentance, sans retour à Dieu.   Sinon c’est une contrefaçon.

 Le prophète Joël annonce des visions et des songes.

Le don de l’Esprit prophétique montre que Dieu  est bien présent dans son peuple. Il annonce  une nouvelle relation avec lui , une relation personnelle qui n’a pas besoin de sacrifices ni de l’intermédiaire des prêtres.

Hommes et femmes et même serviteurs, c’est à dire esclaves seront bénéficiaires de ce don. Le texte de Joel efface les principales distinctions sociales du monde antique: le sexe, l’âge, et le statut économique.

À une époque où les hommes (pas les femmes), les anciens (pas les jeunes) et les propriétaires fonciers (pas les esclaves) dirigeaient la société, Joël rejette toutes ces distinctions : elles ne sont pas des critères nécessaires pour recevoir le Saint-Esprit.

L’Esprit sera répandu sur toute l’humanité. Mais en commençant d’abord par Israël, le peuple de Dieu. Le texte parle de « vos fils, vos filles, … »  Ensuite sur l’Eglise, composée de Juifs convertis puis de païens qui se sont tournés vers Dieu.

Michée : attention aux contrefaçons

L’Esprit de puissance dénonce les péchés et appelle à la justice

5 Voici ce que dit l’Éternel des faux prophètes qui égarent mon peuple : « Ils prédisent la paix à qui met sous leurs dents  un bon morceau à mordre, et déclarent la guerre à qui ne remplit pas leur bouche.

6Vous serez dans la nuit sans avoir de visions, ce seront les ténèbres : finies les prédictions. Oui, le soleil se couchera | sur ces prophètes, le jour s’obscurcira pour eux.

7 Ceux qui ont des révélations seront couverts de honte, et les devins perdront la face. Ils se couvriront le visage, car Dieu ne leur répondra pas. »

8 Mais moi,  grâce à l’Esprit de l’Éternel, je suis rempli de force, d’équité, de courage pour dénoncer |sa révolte à Jacob et à Israël son péché.

Grâce à l’Esprit de l’Eternel, Michée dénonce la révolte contre Dieu, le péché (3.8). Il en appelle à la repentance et à la justice

On te l’a enseigné, ô homme,  ce qui est bien et ce que l’Éternel attend de toi : c’est que tu te conduises avec droiture, que tu prennes plaisir  à témoigner de la bonté et qu’avec vigilance  tu vives pour ton Dieu. (6.8)

Michée vivait au temps d’Ezéchias, après la chute du royaume d’israel en 722

Il dénonce les faux prophètes qui prêchent pour de l’argent. Ils n’ont ni  vision, ni message de Dieu.

Ils sont infectés par la cupidité : ils convoitent des champs :  ils s’en emparent, des maisons : ils les prennent. Ils oppriment les gens, les dépouillant de leurs habitations et de leurs terres.

Ce qu’ils annoncent dépend de la manière dont ils sont payés. Quand l’argent coule abondamment, ils parlent de paix et de prospérité. Quand il se fait plus rare, ils menacent de la guerre sainte (v. 5).

L’ influence néfaste de ces faux prophètes a infecté tous ceux qui détiennent le pouvoir. Chefs politiques, prêtre et prophètes ne font rien pour mettre fin à la violence et à l’oppression du faible. Ils sont obsédés par l’appât du gain.

Ses chefs rendent leurs jugements contre des pots-de-vin, et ses prêtres se font payer pour dispenser l’enseignement, et ses prophètes prédisent l’avenir pour de l’argent.

 

Ils s’imaginent que leur statut officiel les met à l’abri de toute mise en cause personnelle

Et ils s’appuient sur l’Éternel en disant : « L’Éternel,  n’est-il pas au milieu de nous ? Par conséquent, aucun malheur ne pourra nous atteindre. »

Pas de manifestation authentique du Saint-Esprit dans un contexte de tromperie, de cupidité.

Cela fait penser à des dérives déjà lues ou entendues.

« Pour que votre prière ait plus de chances d’être exaucée, mettez un gros billet ou mieux un chèque important dans l’enveloppe qui contient votre demande de prière »

Et après, le service de nettoyage retrouve à terre les sujets de prière mais pas l’argent, bien sûr.

Ou alors, vous serez tous riches vous serez tous guéris. Et si ça ne marche pas  vous manquez de foi…

Actes 1.8 l’Esprit de mission qui rend témoignage de l’Évangile

Comme ils étaient réunis autour de lui, ils lui demandèrent : – Seigneur, est-ce à ce moment-là que tu rendras le royaume  à Israël ?

Il leur répondit :– Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. 8 Mais le Saint-Esprit descendra sur vous : vous recevrez sa puissance et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde.

Les disciples demandent à Jésus le moment de son retour et de la restauration d’Israël dans la gloire qu’il avait au temps de David et de Salomon. Il refuse d’entrer dans une discussion au sujet des événements futurs.

Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés…(v.7)

Mais il les ramène vers un sujet beaucoup plus pertinent : la tâche du disciple, du chrétien dans le monde avant la venue du Seigneur.

La mission des disciples répond à l’appel d’Esaïe 49.6 : être une lumière pour les paiens afin que le salut de Dieu parvienne aux extrémités de la terre.  

C’est une mission qui concerne le monde entier, c’est à dire le monde habité. Elle s’exerce par le témoignage en paroles, le témoignage de vie et par la puissance de l’Esprit.

Dans les Actes, les apôtres donnent un modèle de témoignage. Ils parlent du ministère terrestre de Jésus et principalement de sa mort sur la croix et de sa résurrection. C’est dans un témoignage centré sur le Christ que le Saint-Esprit peut mettre sa marque.

Alors que penser de ces témoignages personnels où on raconte surtout  sa vie ?

Un auteur chrétien,  G. Pella explique :

«Rendre témoignage, ce n’est pas tant raconter ma vie que la vie de Jésus. On ne voit nulle part Pierre déclarant publiquement: ‘J’étais un pécheur et je me sentais malheureux … mais le Seigneur est venu et il m’a appelé à son service. Dès lors tout a changé’.

Rendre témoignage, c’est avant tout parler de Jésus et laisser le Saint-Esprit convaincre mon interlocuteur. »

Le jour de la Pentecôte, Pierre reprend la prophétie de Joël et la commente en l’adaptant à la situation.

La prophétie de Joël s’est-elle réalisée totalement ?

Elle s’est réalisée en partie. Le « souffle violent » et les « langues de feu » (Actes 2.2-3) correspondent aux phénomènes cosmiques de Joël 3.3-4

3 Je produirai  des signes prodigieux dans le ciel, sur la terre : du sang, du feu et des colonnes de fumée 4 Et le soleil s’obscurcira, la lune deviendra de sang avant que vienne le jour de l’Éternel, ce jour grand et terrible. 5 Alors tous ceux qui invoqueront l’Éternel seront sauvés :

Mais ces phénomènes célestes eux-mêmes ne se produisent pas. Ils sont réservés pour le « jour de l’Eternel », le jour du jugement, au retour du Seigneur.

Cette prophétie concerne en premier lieu le peuple de Dieu, Israël

Tous les Juifs et aussi ceux qui sont dispersés (la diaspora) dans les autres pays sont présents à Jérusalem le jour de la Pentecôte. En effet, la prophétie de Joël concerne toute la communauté d’Israël.

Mais elle s’étend aussi aux non juifs, aux païens;

On peut le remarquer :  les 3000 premiers convertis le jour de la Pentecôte sont des  juifs ou des prosélytes, c’est à dire des païens proches de la  foi au Dieu d’Israël.

C’est à partir d’eux que se formera le premier noyau de missionnaires qui annonceront l’Evangile  aux  Samaritains, demi Juifs (Philippe  Actes 8 ) puis aux  païens ( Pierre (Actes), puis Paul appelé apôtre des païens (Actes ).

Le don du Saint Esprit  promis dans Joel est  offert à tous ceux qui se repentent et sont baptisés au nom de Jésus-Christ pour le pardon des péchés. (Actes 2: 38-39).

C’est un don gratuit qui fait entrer dans une nouvelle relation avec  Dieu.

Nous le recevons sans mérite ni effort  de notre part. C’est bien l’Esprit de Dieu qui permet d’invoquer le nom du Seigneur (Joël 3.5). C’est à dire d’être sauvé et d’entrer dans la communion de l’Eglise pour être aussi des témoins dans notre famille, notre entourage et peut-être aussi au loin si Dieu nous y appelle.

L’Evangile s’est répandu dans de nombreux pays du globe et il continue encore à se répandre. Mais au cours de siècles, la manière utilisée pour convertir à la foi chrétienne, et la manière de se comporter avec les frères et sœurs chrétiens des pays lointains a souvent été déficiente.  On pense aux conversions forcées des Saxons au temps de Charlemagne  (le baptême ou la mort) ou à celle des populations d’Amérique latine par les conquistadors espagnols. L’arrivée des protestants chrétiens en Amérique  a permis l’extension de la foi chrétienne. Cependant, il ne faut pas oublier qu’elle s’est accompagnée  de  l’esclavage imposé aux noirs d’Afrique déportés aux Etat Unis.

Heureusement, l’évangélisation des peuples lointains a bien évolué dans certains domaines. En particulier, la mission Wycliffe de traduction de la Bible favorise le développement d’ethnies les plus restreintes en valorisant leur langue maternelle écrite et en mettant en oeuvre des projets culturels et médicaux.

1 Corinthiens 12. 12-13  : l’esprit de réconciliation qui unit le corps du Christ

12 Le corps humain forme un tout, et pourtant il a beaucoup d’organes. Et tous ces organes, dans leur multiplicité, ne constituent qu’un seul corps. Il en va de même pour ceux qui sont unis au Christ. 13 En effet, nous avons tous été baptisés par un seul et même Esprit pour former un seul corps, que nous soyons Juifs ou non-Juifs, esclaves ou hommes libres. C’est de ce seul et même Esprit que nous avons tous reçu à boire.

Paul compare le corps humain formé de membres différents à l’Eglise. L’Eglise, c’est un seul corps, le corps du Christ. Elle  est  composée  de chrétiens d’origines différentes, avec des dons différents, des chrétiens convertis  et baptisés dans  un seul et même Esprit Saint.

Ainsi, dans l’Eglise, personne ne peut penser ou se comporter de manière individualiste, sans tenir compte des autres, de l’ensemble du corps. Paul insiste fortement sur la mise en pratique de cette unité, parce que, malheureusement, à Corinthe, elle est absente.

Il avertit les Corinthiens à propos de leurs divisions: « moi je suis de Paul, moi d’Apollos » (1 Corinthiens 1.12). Il leur reproche leur égocentrisme, accompagné de sans-gêne quand ils célèbrent la cène au cours d’un repas pris en commun :

20 Ainsi, lorsque vous vous réunissez, on ne peut vraiment plus appeler cela « prendre le repas du Seigneur »,21 car, à peine êtes-vous à table, que chacun s’empresse de manger ses propres provisions, et l’on voit des gens manquer de nourriture pendant que d’autres s’enivrent. (1 Corinthiens 11. 20-21)

Enfin il souligne aussi de manière indirecte un problème de priorité. Qui passe en premier, l’Eglise de Dieu, corps de Christ ou la valorisation personnelle par des manifestations de l’Esprit ?

Quand il dit

Vous donc, puisque vous aspirez si ardemment aux manifestations de l’Esprit, recherchez avant tout à posséder en abondance celles qui contribuent à faire grandir l’Église dans la foi. (1 Corinthiens 14.12)

Ne serait- ce pas un avertissement à l’adresse de ceux qui recherchent les dons de l’Esprit surtout pour se faire valoir, pour montrer qu’ils ont quelque chose de mieux de plus spirituel que les autres ?

Les dons de l’Esprit ne sont pas des sortes de joujoux spirituels qu’on peut utiliser à sa guise en espérant en tirer des avantages personnels, la notoriété en particulier… ou alors pour montrer qu’on est différent des autres

En chacun, l’Esprit se manifeste d’une façon particulière, en vue du bien commun 1 Corinthiens 12.7

Alors, le don que Dieu nous a accordé, exerçons le, avec les autres, en faveur des autres, pour une vie qui honore Dieu, pour le bien de toute l’Eglise.

[1] Ésaïe 32.14-17, Ézéchiel 36.25, Joël 3.5

C. Streng

Au centre de la foi chrétienne

Au centre de la foi chrétienne : croix, résurrection, justification

La croix du Christ : Jésus livré à la mort sur la croix pour nos péchés
La résurrection du Christ : une victoire qui permet à Dieu de nous déclarer justes
La justification par la foi dans la perspective protestante, en particulier anabaptiste

Romains 4.23-25
Mais ces mots « Dieu l’a considéré comme juste » n’ont pas été écrits pour lui seul (Abraham). Ils ont été écrits aussi pour nous qui devons être considérés comme justes, nous qui croyons en Dieu qui a ramené d’entre les morts Jésus notre Seigneur. Dieu l’a livré à la mort à cause de nos péchés et il l’a ramené à la vie pour nous rendre justes devant lui. BFC

Car la foi sera aussi portée à notre crédit, à nous qui plaçons notre confiance en celui qui a ressuscité des morts Jésus notre Seigneur il a été livré pour nos fautes, et Dieu l’a ressuscité pour que nous soyons déclarés justes. Semeur

I. La croix du Christ : Jésus livré à la mort sur la croix pour nos péchés

Un crime, mais plus encore une preuve d’amour

La crucifixion de Jésus est d’abord un crime contre un innocent.
C’est plus encore une preuve de l’amour de Dieu qui donne son fils unique et une manifestation de l’amour de Jésus qui donne sa vie pour ses brebis (Jean 10.11)

Un sacrifice d’expiation

l’agneau de Dieu, photo d’un fronton d’église à Jérusalem mars 2019

Expier, c’est payer une faute par un châtiment considéré comme équivalent à la faute.
La justice de Dieu réclame la mort comme salaire du péché, dès la désobéissance d’Adam et Eve.

Genèse 2.17 : le jour où tu en mangeras, tu mourras et Romains 6.23 le salaire du péché c’est la mort

Jésus-Christ s’est offert lui-même en sacrifice. Il est mort sur la croix pour expier/ payer à la place des hommes le péché qui les conduisait à la mort

Éphésiens 5.2 : il nous a aimés et il a donné sa vie pour nous, comme une offrande et un sacrifice agréable à Dieu.

Un châtiment pénal

Jésus-Christ a subi une exécution judiciaire, la peine de mort.
Son procès était une parodie de justice. Mais sa mort sur la croix a satisfaisait la justice divine. Jésus le juste s‘est substitué aux pécheurs, il a choisi d’être puni à leur place.

Dieu a accompli ce qui était impossible pour la loi de Moïse, parce que la faiblesse humaine la rendait impuissante : pour enlever le péché, il l’a condamné dans la nature humaine en envoyant son propre Fils vivre dans une condition semblable à celle de l’homme pécheur. Romains  8.3

Le Christ lui-même a souffert la mort pour les péchés, une fois pour toutes. Lui l’innocent, il est mort pour des coupables, afin de les conduire à Dieu. Il a été mis à mort dans son corps mais il a été ramené à la vie par l’Esprit. 1 Pierre 3.18

Châtiment et/ou amour

Dieu seul est capable de garder un équilibre parfait entre amour/pardon et justice/punition. Pas nous. Et dans son amour, il a pris le châtiment sur lui pour respecter sa justice

Châtiment du Fils de Dieu, comme représentant de l’humanité

Le Christ n’est pas frappé pour des péchés à lui mais pour les nôtres, à notre place

Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu. 2 Corinthiens 5:21

Selon le principe de substitution/ prendre la place d’un autre

Dans le système des sacrifices de l’Ancien Testament, le coupable d’un péché posait ses mains sur l’animal qui recevait par transfert la culpabilité.

Celui qui offre un animal posera sa main sur la tête de l’animal et celui-ci sera accepté comme victime expiatoire pour lui  Lévitique  1.4

Jésus-Christ prend la place des pécheurs en toute liberté

– car il est saint, « l’agneau sans défauts et sans taches » ».
– car c’est un être humain. Comme le dit Hébreux 2.14 « il a participé à la chair et au sang ».
– en tant que chef, berger pour ses brebis, représentant de la nouvelle humanité.

Une rançon pour racheter de la malédiction de la Loi

le jardin de la tombe à Jérusalem mars 2019

Sous le règne de la loi, chacun subit la malédiction, personne ne pratique l’obéissance parfaite exigée.

Le Christ, juste et parfait, ne méritait pas cette malédiction. Mais Il l’a soufferte à notre place. Sa mort nous a rachetés de la malédiction. (Galates 3.10-13)

Une rançon est un rachat. Rédemption a le même sens. Quand elle est payée, la personne retrouve la liberté.
La dette a été payée 1Tim 2:6 Le Christ  a offert sa vie en rançon pour tous

La croix comme châtiment pénal montre la colère de Dieu contre le péché. Elle nous libère de la punition méritée selon la Loi.
Nous recevons le pardon des péchés et sommes déclarés justes devant Dieu.

II. La résurrection du Christ : une victoire qui permet à Dieu de nous déclarer justes

La croix, l’aboutissement d’un combat victorieux contre le diable.

Le Fils de Dieu est précisément apparu pour détruire les œuvres du diable. 1 Jean 3:8

Par la faiblesse et la mort du Christ, Dieu est vainqueur de l’adversaire:

Me voici, moi et les enfants que Dieu m’a donnés.

Puisque ces enfants ont en commun la condition humaine, lui-même l’a aussi partagée, de façon similaire. Ainsi, par sa mort, il a pu rendre impuissant celui qui exerçait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et libérer tous ceux que la peur de la mort retenait leur vie durant dans l’esclavage. Hébreux 2:13b-15

La croix, c’est la victoire définitive de Dieu. A la fin des temps elle se manifestera totalement. Jésus sera reconnu publiquement comme Seigneur, à la gloire de Dieu le Père

C’est pourquoi Dieu l’a élevé à la plus haute place et il lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, pour qu’au nom de Jésus tout être s’agenouille dans les cieux, sur la terre et jusque sous la terre, et que chacun déclare : Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père  Philippiens 2.9-11

Libérés du péché pour la vie éternelle

Jésus-Christ nous a libérés par son pardon du pouvoir de nos péché. Et il nous donne la vie éternelle

Mais maintenant que vous avez été libérés du péché et devenus esclaves de Dieu, le bénéfice que vous récoltez conduit à la sainteté et le résultat est la vie éternelle»  Romains 6.22

Le Christ vainqueur des puissances du mal

Le Christ est le nouvel Adam, le représentant parfait de l’être humain. A ce titre, il combat les puissances du mal, il expulse les démons, il résiste aux tentations du diable jusqu’à la mort.. . .

Par le Christ, Dieu nous délivre de l’esclavage des principautés et des puissances, c’est à dire des systèmes de pouvoir de ce monde. Il nous adopte comme ses enfants. Il nous donne une nouvelle vie dans la communion éternelle avec Dieu.

En résumé : Pour comprendre l’ampleur de l’œuvre du Christ à la croix on peut relier entre elles les notions

– de sacrifice expiatoire : il est mort sur la croix, se sacrifiant lui-même pour expier nos péchés
– de substitution : il a payé à notre place le prix de nos péchés, c’est à dire la mort.
– de victoire sur le péché, la mort et le mal qui annonce notre délivrance future et la réalisation des projets de Dieu

III. La justification par la foi dans la perspective protestante, en particulier dans l’anabaptisme

Être justifié c’est être déclaré juste par Dieu comme juge.

Pour Paul, la justification, c’est ce que Dieu a fait pour le croyant par la mort et la résurrection du Christ. Un don gratuit par la grâce seule, sans les œuvres de la loi

La croix, à la base de la justification

Par sa mort en croix, Christ obtient le pardon des péchés en faveur des humains. Cette mort obéit à la justice de Dieu dans deux directions : le salaire du péché et le salut

C’est lui, Jésus), que Dieu a offert comme une victime destinée à expier les péchés, pour ceux qui croient en son sacrifice. Ce sacrifice montre la justice de Dieu qui a pu laisser impunis les péchés commis autrefois au temps de sa patience. Ce sacrifice montre aussi la justice de Dieu dans le temps présent, car il lui permet d’être juste tout en déclarant juste celui qui croit en Jésus. Romains 3.25-26

Les exigences de la loi de Dieu sont satisfaites. Aux croyants est accordée la position d’être justes aux yeux de Dieu.
La justification donne une nouvelle relation avec Dieu, un espoir ferme pour l’avenir éternel. Elle doit se traduire par un changement de comportement.

Une justification pas seulement intérieure mais manifestée aussi dans les relations avec les autres

Dans l’Ancien Testament, la notion de justice s’applique aussi aux relations. Être juste, c’est agir conformément aux accords, aux obligations avec Dieu et avec les autres. C’est démontrer la fidélité à l’alliance établie entre Dieu et Israël.

Le verbe justifier (dikaioun) veut dire aussi restaurer des relations brisées. Le système de sacrifices était institué pour restaurer les relations entre Dieu et son peuple.

Dans le système de lois occidental, le juge rend la justice, quand il punit ou acquitte selon la loi. Dans l’Israël ancien, la punition infligée consistait aussi à corriger une situation faussée, à rétablir les relations.

Dans la perspective chrétienne, la relation est rétablie grâce à Jésus. Ceux (celles) qui ont été justifiés, sont inclus dans le peuple de Dieu. Ils font partie de la communauté de l’Église. Ils veillent à maintenir ou à rétablir des bonnes relations avec Dieu et les autres.

La justification par la foi, une doctrine centrale de la Réforme

La «Justification par la foi» est une doctrine centrale pour la théologie protestante. Elle reprend l’image du tribunal. Paul l’a utilisée pour expliquer que notre culpabilité a été effacée, et que nous sommes déclarés justes.

C’était l’expérience de Luther. Son image du Christ reçue de la piété médiévale n’était pas celle du Sauveur mais celle d’un juge sévère qui condamne

« Au cours de la Semaine sainte, Christ ne se substitue pas au pécheur devant la Gloire de Dieu, Christ se substitue à Dieu, au jour du Jugement, puisque c’est Sa parole qui juge »…

Les efforts de Luther ne diminuaient pas sa culpabilité et ne lui apportaient pas la paix avec Dieu
Il a trouvé la paix lorsque l’Esprit lui a fait comprendre que le Christ n’est pas venu pour juger mais pour sauver. (Jean 12.47).

Tous pécheurs et justifiés par la grâce

Nous avons tous péché. Nous n’avons pas été justes dans nos relations avec Dieu et avec les autres (Romains 3:23).
Jésus, lui, était obéissant, fidèle là où nous avons échoué, même jusqu’à la mort.

Nous ne sommes pas justifiés par nos efforts. Mais par la grâce de Dieu car Jésus a payé le prix du péché à la croix (Galates 2:16, Romains 3: 24-26).

Le sens de la justification par la foi précisé par 4 principes de la Réforme

1. Les pécheurs sont incapables d’effectuer leur propre justification, de coopérer avec la grâce de Dieu par une action méritoire.

2. La justification est accomplie sur la base de la justice du Christ seul. Elle est extérieure à la personne. En réponse à la foi, Dieu compte ou crédite au croyant la justice appartenant au Christ.

3. La foi c’est faire confiance au Christ seul pour être justifié. C’est l’assurance confiante que Dieu a réglé la question du péché par le Christ et pour l’amour du Christ seul. Le pécheur fait confiance à l’œuvre expiatoire du Christ et Dieu le justifie.

4. Pour les Réformateurs du 16e s la justification doit être suivie de la sanctification.

L’anabaptisme en accord avec la doctrine de la justification

Dès l’origine du mouvement de la réforme radicale, les théologiens anabaptistes du 16e s, Conrad Grebel, Michael Sattler, Hans Denck, et Balthasar Hubmaier ont adhéré à la doctrine de la justification par la foi seule, redécouverte et explicitée par les Réformateurs protestants.

Cependant, quelques différences importantes dans la manière anabaptiste de comprendre la justification

– L’anabaptisme insiste sur le fait que la volonté humaine reste libre. Pour les autres réformateurs comme Luther, la volonté est liée, captive du péché.
– L’anabaptisme demande de vivre une vie selon la morale, comme preuve du salut
– Les écrits anabaptistes insistent sur la nature transformée du croyant. C’est un changement profond de la personne. Pas un simple changement de statut comme dans la compréhension légale de la justification.

Balthasar Hubmaier (1480-1528) théologien anabaptiste et son application de la justification par la foi

Balthasar Hubmaier

Hubmaier est en accord avec la position protestante de son temps sur la justification par la foi.
Il met l’accent sur la nouvelle naissance.
Pour lui, la foi qui sauve, c’est celle qui apporte la justification. Mais le premier mouvement de cette foi vers Dieu est facilité parce que la volonté reste libre.

Il précise sa compréhension de la justification à partir de 3 mots-clés de son traité « Sur le baptême chrétien des croyants » : « erkeenet /on reconnaît ; ergibt/on s’abandonne ; verphlicht / on s’engage »

« Par conséquence, puisqu’il (le croyant) a reconnu cette grâce et cette bonté, il se donne/s’abandonne à Dieu et s’engage intérieurement dans son cœur à mener une vie nouvelle selon la règle du Christ. »

1. il reconnaît /Erkeenet

Le pécheur doit reconnaître son état de péché devant Dieu

Dans la Somme de la vie chrétienne entière, il écrit:
Il est nécessaire pour « un changement de vie que nous regardions dans nos cœurs, et que nous nous souvenions de nos actes et nos omissions. Oui, il n’y a rien de sain en nous, mais plutôt du poison, des plaies et toutes les impuretés qui s’accrochent à nous dès le commencement, parce que nous sommes conçus et nés dans le péché …»

La personne ne trouve aucune aide et perd courage… « comme l’homme …tombé parmi les brigands. » Alors elle « réfléchit et reconnait qu’elle est une misérable petite chose. »

Cette pensée est au centre de la justification par la foi dans les écrits de Hubmaier.

Le pécheur devant Dieu doit d’abord reconnaître sa corruption totale et son incapacité à tenir devant Dieu.

Hubmaier l’explique dans son traité sur la liberté de la volonté :
L’homme « en mangeant de l’arbre interdit a perdu la connaissance du bien et du mal, comme Dieu les conçoit. Il ignore sa position devant Dieu et se complait dans sa propre justice, l’auto justification. Il préfère être sage intelligent et juste dans ses propres œuvres et il méprise la règle (de vie) simple et peu attrayante du Christ
« Il n’y a rien que la grâce de Dieu puisse moins tolérer que nos propres mérites présomptueux »

Justification sans mérites

Selon Luther, la foi glorifie correctement Dieu parce qu’elle le reconnaît comme véridique. Alors le pécheur est justifié.

Pour Hubmaier la nature corrompue du pécheur le conduit à l’ignorance. Il s’illusionne sur son propre mérite. Dieu déteste cette auto-dépendance. Rien que la tentative d’avoir du mérite est déjà du péché.

L’homme ignorant sa condition réelle est totalement incapable d’effectuer sa justification.

A la chute, l’image de Dieu dans l’homme «  a été capturée et liée par la désobéissance d’Adam». Le pécheur est englué dans l’impuissance. La seule aide vient du Christ. Il peut le réveiller en lui faisant connaître sa condition «par la Parole de Dieu».

Reconnaître alors sa propre corruption et son incapacité à en sortir conduit au désespoir. Le pécheur ne peut trouver de justice en lui-même.

Seul espoir en Christ

Son seul espoir est extérieur à lui-même. Il est en Christ.

Hubmaier décrit la conversion au Christ comme un homme gravement blessé qui se confie au médecin.

«Dieu répond en miséricorde pour l’amour du Christ et« lui accorde sa demande et ainsi pardonne [son] péché par Jésus-Christ notre Seigneur. »

Salut par la valeur substitutive de la mort du Christ

La guérison offerte au croyant par le Christ provient de la mort de Christ à la place du pécheur. La justification dépend de la nature substitutive (de remplacement) de la mort du Christ. Le pécheur est justifié parce que le Christ est mort à sa place.

L’Évangile guérit parce que «la Loi est maintenant accomplie en Christ. Il a payé la dette du péché pour nous et il a déjà vaincu la mort, le diable et l’enfer. Il a été livré par Dieu « à la mort pour notre salut, pour que le péché puisse être payé».

Le pécheur trouve le pardon dans le Christ seul, sans aucun mérite personnel devant Dieu, sans aucune possibilité de se justifier lui-même. Toute tentative dans ce sens serait un péché.
C’est en se soumettant dans son état misérable au Christ qu’il trouvera la justification

2. il abandonne / Ergebet

Abandon au Christ

Hubmaier associe l’abandon au Christ avec la foi dans son illustration du blessé.
«Toute sa maladie, il la soumet et la confie [au médecin]».

La foi, c’est avoir confiance que Dieu traitera le pécheur avec miséricorde parce qu’il s’est soumis aux soins du médecin. C’est se confier en Dieu qui pardonne à cause de l’œuvre du Christ sur la croix

La foi comme confiance

Pour Hubmaier, la foi croit ce que la Parole de Dieu a démontré. La Parole confronte le pécheur avec sa propre condition et le dirige vers le Christ
« Si la personne reconnaît son péché et en appelle à Dieu le Père pour le pardon de son péché par l’amour du Christ, si elle le fait dans la foi sans douter, alors Dieu purifie son cœur dans cette foi et cette confiance et lui pardonne tout son péché »

« La foi est la réalisation de l’indescriptible miséricorde de Dieu, de sa gracieuse faveur et de la bonne volonté, qu’il nous accorde par son Fils bien-aimé Jésus-Christ. Il ne l’a pas épargné et l’a livré à mort pour notre salut, pour que le péché puisse être payé , Et nous pouvons être réconciliés avec lui avec l’assurance de nos cœurs qui crient vers lui Abba, Père, notre Père qui est dans le ciel. »

3. Il s’engage /Verpflichtet

Une nouvelle vie selon la Règle du Christ

Quand le croyant s’engage envers le Christ, il s’engage aussi dans son cœur pour une vie nouvelle selon la Règle du Christ… ».
La vie nouvelle est le résultat direct et immédiat de la justification. Le pécheur malade se soumet à la volonté du médecin et vit une nouvelle naissance immédiate.

« La nouvelle naissance a lieu en réponse à la foi de l’homme qui s’engage envers Jésus-Christ. C’est l’œuvre de l’Esprit Saint au moyen de la Parole »

Comme Paul dans Romains 4.25, Hubmaier lie directement la justification à la résurrection du Christ.

«Mais en même temps, [le croyant] croit pleinement que le Christ, par sa mort, lui a pardonné ses péchés et par sa résurrection l’a rendu juste devant Dieu».

Le lien entre la résurrection du Christ et la justification du croyant s’exprime dans une nouvelle vie. Le Christ est ressuscité pour une vie après la mort. Cette résurrection du Christ garantit la nouvelle vie du croyant

Le croyant né de nouveau doit vivre une nouvelle vie

Puisque la résurrection fait partie de l’œuvre du Christ, Hubmaier peut insister :

Quand on est né de nouveau, on doit nécessairement vivre une vie nouvelle, changée et juste. La résurrection du Christ lui permet d’accorder la vie éternelle à tous ceux qui se confient en lui.

Cependant, le croyant n’est pas abandonné dans sa faiblesse. Le Christ le fait progresser dans la nouvelle vie. Alors il peut s’identifier à la confession de foi de Paul

Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. Ma vie en tant qu’homme, je la vis maintenant dans la foi au Fils de Dieu qui, par amour pour moi, s’est livré à la mort à ma place. Galates 2.20

Et en dehors du Christ, il sait qu’il est vide, sans valeur, mort, un pécheur perdu. »

Conclusion : Suivre Jésus dans la vie quotidienne

La justification par la foi est un présupposé indispensable et suffisant pour établir des relations justes entre Dieu et le pécheur.

Elle devient insuffisante quand elle se limite à l’adhésion à un principe, si juste soit-il, quand elle tourne autour d’elle-même sans provoquer de changement dans la vie.

C’est le risque couru avec une explication incomplète du plan du salut.
Dans les années 70 on présentait souvent les 4 lois spirituelles pour expliquer le plan du salut
Les 3 premières propositions sont pertinentes : amour de Dieu, péché de l’homme, Jésus-Christ délivre du péché.

Mais la dernière proposition présente une carence énorme. Il s’agit d’  « accepter Jésus comme sauveur ». D’accord. On est sauvé de la colère de Dieu. On est assuré d’aller au ciel. Et après ?

Il manque un élément essentiel pour la suite de la vie chrétienne, Jésus est aussi Seigneur.
Et il s’agit d’être son disciple, de le suivre dans la vie quotidienne.

Hans Denck : « Personne ne peut vraiment connaître le Christ à moins de le suivre dans la vie quotidienne, et personne ne peut suivre le Christ dans la vie quotidienne à moins de le connaître vraiment. »

Vivre en chrétien, c’est un changement dans nos comportements et nos actions envers Dieu, envers les autres et envers le monde. Cela se fait par la présence intérieure du Saint-Esprit qui en donne la force.

C. Streng