Catégorie : Approfondir

Comprendre, vivre et approfondir la foi chrétienne

Dieu demeure par son Esprit en qui l’aime et lui obéit

Dieu demeure par son Esprit en qui l’aime et lui obéit avec amour

Au centre du discours d’adieu de Jésus, avant sa passion, dans les chapitres 14 à 17 de l’Évangile de Jean

Dans ce passage de Jean 14.22-26, Jésus promet de demeurer dans ses disciples par son Esprit… Ainsi le Dieu trinitaire (Père Fils et Saint Esprit) et les croyants peuvent s’habiter mutuellement, … être en communion.
Jésus réalisera sa promesse d’envoyer le Saint Esprit, … d’abord pour le cercle restreint des disciples après sa résurrection (20.22), … puis pour tous les croyants à la Pentecôte.

Un survol d’ensemble du chapitre 14

Le chapitre 13. 31-38 conclut l’épisode du lavement des pieds : humilité et amour démontrés de manière pratique

31-33 la glorification de Jésus, c’est la croix
34-35 Le commandement d’aimer
36–38 à Pierre : l’annonce de son reniement
14. 1-26 le discours d’adieu : départ et retour de Jésus …

Thème de base : « Je dois partir pour que l’Esprit vienne. »

En filigrane  que votre cœur ne se trouble pas (v.1)

Et ne soyez pas troublés et n’ayez aucune crainte en votre cœur (v. 27)

1-4 Jésus part pour préparer une place … Et il reviendra
5-7 à Thomas : Jésus, le chemin vers Dieu
8–11 à Philippe : Jésus, la révélation de Dieu
12–14 Jésus, et les oeuvres rendues possibles au croyant
15–17 La venue d’un autre Paraclet
18–21 Le retour de Jésus ressuscité à Pâques
22–25 à Judas/Thaddée : aimer Dieu, garder sa parole
25–26 Le Paraclet enseignant
14:27–31 le don de la paix

Tout le discours est sous-tendu par  » Je m’en vais et je reviens « 

Jean 14.22-26

22 Judas, non pas l’Iscariote, lui dit : Seigneur, comment se fait-il que tu doives te manifester à nous et non pas au monde ? 23 Jésus lui répondit : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure auprès de lui. 24 Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas la mienne, mais celle du Père qui m’a envoyé. 25 Je vous ai parlé ainsi pendant que je demeurais auprès de vous. 26 Mais c’est le Défenseur, l’Esprit saint que le Père enverra en mon nom, qui vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que, moi, je vous ai dit.

Dieu demeure par son Esprit Saint en celui et celle qui l’aime et obéit à sa Parole avec amour

Plan :
I. Ou bien se manifester, ou bien demeurer
II. Aimer Dieu, accueillir Dieu, c’est obéir à sa parole
III. Plaire à Dieu, aimer Dieu, obéir à sa Parole … grâce au Saint-Esprit

Jésus répond à 4 de ses disciples troublés par l’annonce de son départ, de sa mort prochaine. Ce qu’il dit donne déjà quelques pistes sur la manière d’entrer, de rester en relation avec lui. …

A Pierre : tu ne peux me suivre maintenant… Mon chemin passe par la mort et c’est là ma destination. … Mais plus tard après la résurrection, tu pourras me suivre
A Thomas : le chemin vers Dieu, c’est moi seul
A Philippe : connaître Dieu ? C’est me connaître. Je suis dans le Père le Père et en moi

Enfin Judas, … Pas le traitre parti pour faire ses sales petites affaires … mais un autre disciple moins connu : probablement Thaddée (Mt 10.3, Lc 6.16) et sa question :

Comment se fait-il que tu doives te manifester, te montrer, à nous et non pas au monde ?

I. Ou bien se manifester, … ou bien demeurer

Dans la pensée d’un Juif de l’époque, et aussi des disciples, … le Messie devait se manifester, se montrer … avec la gloire et l’éclat d’un guerrier vainqueur. … Alors le monde entier lui rendrait hommage.
Un Messie souffrant et mourant, … c’était impensable.

Rappelons la réaction de Pierre quand Jésus l’interroge : Qui dit-on que je suis ?

D’abord : tu es le Christ (le Messie) le Fils du Dieu vivant.
Puis à l’annonce de la passion ‘non cela ne t’arrivera pas’. … Sous entendu, … « tu as tous les moyens de te défendre, d’échapper à la mort »

Judas/ Thaddée se demande donc pourquoi Jésus va se manifester, se montrer en privé, aux disciples seulement. … Alors que dans sa vision des choses, cette manifestation pourrait montrer au monde entier le Messie vainqueur, le Christ en gloire.

Si tu te montres dans ta gloire, tout le monde le verra, … pas seulement nous, tes disciples. … Le royaume de Dieu … avec Jésus, son roi messianique … doit arriver dans une splendeur irrésistible qui surprendra le monde entier.

Imaginons les disciples se rappelant les événements qui viennent de se passer …
Souvenir de l’épisode des Rameaux, il y a moins d’une semaine. … Regret que le Christ ait volontairement fait rater la suite splendide qu’on aurait désirée

Entrée glorieuse du Messie, … mais petit bémol : sur un âne, pas sur un cheval comme les rois victorieux

Changement de direction malencontreux …: pas vers la forteresse Antonia, siège de la garnison romaine, … pour chasser les Romains et manifester son pouvoir irrésistible et glorieux …
Mais vers le Temple, la maison de son Père, … pour régler quelques problèmes avec les marchands. Au risque de la condamnation et de la mort.

Quand Jean écrit son évangile, c’est vers la fin du 1e siècle. Il a donc une vue d’ensemble des événements … de cette semaine particulière de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ.

Mais ce jeudi, avant veille du sabbat de la Pâque, tout n’est pas dit. … Tout est encore possible. … Jésus pourrait échapper à la mort qu’il a annoncée plusieurs fois … s’il choisit de se manifester comme Messie glorieux.

Seulement … ce n’est pas ce que Jésus a choisi.

Se manifester, se montrer, … mais où … et comment ?

Si tu fais ces choses, disaient ses frères incrédules à Jésus, manifeste-toi au monde  Jean 7.4

Dans les croyances des peuples anciens, il était essentiel que la divinité et son habitation soient bien visibles. … D’où, les grandes statues d’idoles (Moloch) , les immenses bâtisses (les ziggourats comme la tour de Babel)

Et pour le Dieu invisible d’Israël, …. eh bien c’est le Temple qui devait se voir.

Notons le bien : en fait, Dieu se serait contenté du tabernacle, de la tente du désert, en poil de chèvre. … Il en avait donné le modèle.
Je me suis déplacé avec une tente pour demeure …Ai-je dit :  Pourquoi ne me bâtissez-vous pas une maison de cèdre ?  (Extrait de 2 Sam 7.6-7)

Quant au Temple construit par Salomon, Dieu l’a accordé, disons toléré. … Mais il a bien spécifié qu’en cas d’infidélité, d’idolâtrie, il le laisserait détruire comme le reste…

Mais si jamais vous vous détournez de moi, je chasserai de ma vue la maison que j’ai consacrée pour mon nom Extrait de 1 Rois 9.6-7

Alors le Temple, … considéré par beaucoup de Juifs idolâtres comme leur idole protectrice, … a été détruit en 586.

Ils répétaient comme une litanie
… C’est ici le temple du SEIGNEUR, le temple du SEIGNEUR, le temple du SEIGNEUR ! …

Nous sommes délivrés ! … Ils s’imaginaient que Dieu repousserait à coup sûr l’armée babylonienne entourant Jérusalem (Extraits de Jérémie 7. 3 et 9).

Et aujourd’hui ? … Aux yeux de beaucoup de gens, même incroyants ou indifférents, c’est toujours le bâtiment qui compte le plus. … La cathédrale a plus d’allure et sans doute plus d‘impact que la petite église de village.

Certains cercles évangéliques ont tendance à mettre en avant leurs 1000 places de cinéma ou de centre commercial aménagé. … Serait-ce une preuve de qualité spirituelle plus grande que celle d’ une réunion de maison de 4 ou 5 personnes ?

Où Dieu choisit-il  alors de manifester sa présence, de faire sa demeure ?

Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, (il obéira à ce que j’ai dit Semeur) et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure auprès de lui (chez lui Semeur) v. 23

Le verbe demeurer, pour la présence du Père et du Fils avec le croyant, … C’est le même que celui du v. 2, ‘les demeures dans la maison de mon Père’ réservées aux croyants

Dieu aime ceux qui aiment le Christ. Dieu et le Christ viennent à eux et font leur « maison » en eux.

Dieu se révèle dans un coeur qui l’aime et qui l’accueille. … Il se fait connaître à la personne qui garde sa parole, qui obéit à ce qu’il a dit, … à des frères et sœurs chrétiens qui se réunissent pour l’adorer, pour faire sa volonté.

Dieu ne réside pas dans un bâtiment vide, en lui-même, si beau et grand soit-il. … Même s’il est utile, voire nécessaire pour le confort des personnes qui s’y rencontrent.

Ce ne sont pas les murs, les pierres, les agglos qui sont consacrés à Dieu … mais L’Eglise, réunion des croyants, des saints qui ont donné leur vie à Dieu

II. Aimer Dieu, accueillir Dieu, … c’est obéir à sa parole

Le v. 23 reprend le v. 15 Si vous m’aimez, vous suivrez mes enseignements et aussi le v. 21 Celui qui m’aime vraiment, c’est celui qui retient mes commandements et les applique.

Pour discerner la position spirituelle d’une personne, on lui demande parfois : « Croyez vous en Jésus, lui faites -vous confiance ? Ce n’est qu’un début nécessaire. …
Il faut aller plus loin : « Aimez-vous Jésus ? lui obéissez-vous ? …

L’amour doit produire l’obéissance … et l’obéissance doit jaillir de l’amour

Etre chrétien : pas d’abord une question d’actions, mais d’amour.

Aimer Dieu, c’est s’engager à suivre Jésus. … Chercher à comprendre le sens profond du message qu’il a donné. … Pour l’appliquer avec amour et discernement, … en tenant compte des personnes et de leur situation particulière.

C’est respecter les 10 commandements, … pas seulement pour se conformer à des règles de moralité nécessaires dans la vie sociale. … Mais dans le sens profond d’une relation personnelle indiquée par … Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur… et ton prochain comme toi-même.

Les respecter non seulement au premier degré : ne pas tuer, ne pas voler, c’est évident. … Mais dans l’intimité de l’être intérieur : rejeter les pensées secrètes, destructrices, envieuses ou jalouses … qui éclatent parfois dans les paroles, … les blagues douteuses ou racistes.

Mais sans légalisme : une manière de donner la priorité à ce qui se voit

Les pharisiens du temps de Jésus respectaient les commandements … jusqu’à compter la dime, la 10e partie de la menthe et du cumin … (plutôt long et difficile à calculer) … mais sans amour. … Ils guettaient « la faute » de celui qui ne respectait pas le sabbat et se permettait, ce jour là de guérir quelqu’un

La qualité de la vie de foi d’une personne ne s’évalue pas aux aliments qu’elle consomme, au type ou à la couleur du vêtement qu’elle porte.
Combien de messages n’a-t-on pas entendus dans certaines communautés sur ce que qu’on peut appeler ‘les longueurs de jupes’ … Les personnes présentes avaient une tenue tout à fait correcte. Ou alors un couple chrétien qu’on culpabilisait tellement qu’il laissait ses enfants en bas âge seuls dans l’appartement … pour ne manquer aucune des nombreuses réunions de semaine. Ou encore,  le reproche fait à une jeune ouvrière de mettre un pantalon. Dans son entreprise, elle portait de lourdes charges sur des échelles

Le véritable amour pour le Christ se manifeste toujours dans une obéissance fidèle, reconnaissante et humble.

III. Plaire à Dieu, aimer Dieu, obéir à sa Parole … grâce au Saint-Esprit

Mais c’est le défenseur, l’Esprit saint que le Père enverra en mon nom, qui vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que, moi, je vous ai dit. (v. 26)

Paraclet : un mot riche de sens

Paraklètos : le terme grec original pour désigner le Saint-Esprit : « appelé auprès de ».

Les versions catholiques le laissent tel quel. … D’autres le traduisent mais la traduction affaiblit la richesse du sens.
Un exemple : dans Darby, Nouvelle Edition de Genève (protestants) Crampon  (catholique) « Consolateur » Cela donne l’impression malencontreuse de concerner surtout des cas particuliers, pas des situations normales. … Toute la vie n’est pas « une vallée de larmes »

Le paraclet, une personne influente

Dans sa signification complète, le paraclet est une personne influente. … Elle pouvait être appelée à comparaître devant un tribunal pour défendre les intérêts ou la cause d’une autre personne

Le paraclet, une aide pour le témoignage

Le paraclet, l’Esprit Saint aide les disciples, les chrétiens dans leur témoignage, … puisque son témoignage se fait à travers le leur.

Quand le Défenseur sera venu, celui que je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité qui vient du Père, il rendra lui-même témoignage de moi.  Et vous, à votre tour, vous serez mes témoins, car depuis le commencement vous avez été à mes côtés. (Jean 15:26-27

Le Paraclet, le « représentant » de Dieu.

Jésus a donc été le premier paraclet, le premier représentant, envoyé de Dieu. … Le Saint-Esprit est l’autre paraclet, comme l’indique le verset 15. Il dirige le croyant dans sa prière et lui permet d’obéir aux commandements du Seigneur.

Le Saint Esprit pour toute l’Eglise, … pour la communauté des croyants

Le contexte du chapitre 14. 15-17, 26 s’adresse à l’ensemble des disciples, (vous). Le Saint-Esprit … et tout ce qui se rapporte à lui … concerne toute l’Eglise dans son ensemble.

L’expérience personnelle de l’individu doit s’intégrer dans cet ensemble.

L’Esprit n’est pas seulement médiateur entre le Père et le Christ élevé aux cieux … et les croyants sur la terre. … Il fait aussi le lien entre les actes et les paroles de Jésus avant la résurrection et la situation de la communauté des croyants, la situation de l’Eglise depuis la Pentecôte, … au cours de siècles et jusqu’à aujourd’hui

Quelques observations de Fred Craddock (*), un expert en théologie pratique

-« L’Esprit est donné, il n’est pas obtenu. … On ne peut pas acheter l’Esprit comme Simon le magicien (Actes 8, 18-19). On ne peut pas non plus l‘obtenir par la méthode « pas à pas » d’un certain enseignement contemporain. …
– Avoir l’Esprit ne donne pas le droit d’ignorer ou de rejeter le Jésus historique des Évangiles, sous prétexte que l’Esprit a été envoyé en son nom. … Le «  moi tout seul et Dieu » de certaines expériences est une coquille vide. »

L’Esprit instructeur, plus que simple remplaçant.

Il n’apporte pas de nouvelle révélation. … Sa fonction, c’est rappeler ce que Jésus a dit, a fait … Et permettre aux chrétiens, aux disciples de le comprendre.

Quelques aspects du rôle de l’Esprit

Le Saint-Esprit rappelle ce que Jésus a dit, … mais pas seulement. … Il révèle la signification de ses paroles et de ses actes … dans les conditions et les circonstances particulières où elles s’appliquent

Un exemple :
A deux reprises, après la résurrection, les disciples se sont rappelé les paroles du Christ

… D’abord à propos de la destruction du Temple, après l’expulsion de marchands

Ses disciples se souvinrent qu’il est écrit : La passion jalouse de ta maison me dévorera’ une allusion au Psaume 69.10 (Jean 2.17),

Quand donc il se fut réveillé d’entre les morts, ses disciples se souvinrent qu’il disait cela ; ils crurent l’Écriture et la parole que Jésus avait dite (Jean 2.22 ) ,

… Ensuite, près la glorification de Jésus, ils se aussi sont souvenus de son entrée triomphale à Jérusalem … et des Ecritures qui éclairent le sens de l’événement

Sur le moment, ses disciples ne comprirent pas ce qui se passait, mais quand Jésus fut entré dans sa gloire, ils se souvinrent que ces choses avaient été écrites à son sujet et qu’elles lui étaient arrivées. (Jean 12.16)

Pour conclure, voyons en quoi  le v. 24 nous concerne

Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas la mienne, mais celle du Père qui m’a envoyé.

Le défi est lancé : Aimons-nous vraiment Jésus ?

Celui qui n’aime pas Jésus ne conforme pas sa vie à son enseignement.
Qui est le Seigneur de ma vie ? Qui est le Seigneur de votre vie ?
Si le Christ est le Seigneur de ma vie, le Seigneur de votre vie, alors nous obéirons avec amour à ses paroles

« Que ta volonté soit faite » Disons le aujourd’hui à Dieu et mettons le en pratique
Mais si nous refusons de le dire et de le pratiquer aujourd’hui , alors quand nous paraitrons devant lui, Dieu dira « que ta volonté soit faite »

C. Streng

  • Aucun article en français à propos de Fred Craddock. Mais il est facile de lire cet article de Wikipedia en français à l’aide d’un traducteur automatique.

Revendication, non, repentance – Ézéchiel 33.21

Revendication, Non, plutôt repentance

Ézéchiel 33. 21-29

Terrible nouvelle : la chute de Jérusalem

Le 8 ou le 19 janvier 585 av. J.-C. , six mois après l’événement, un survivant du siège de Jérusalem arrive à Babylone.

Terrible nouvelle : Le temple est détruit, la ville est tombée aux mains de Nabuchodonosor le roi de Babylone.

Un tournant important dans la carrière prophétique d’Ézéchiel

La chute de Jérusalem marque un tournant important dans la carrière prophétique d’Ézéchiel.

Il a d’abord été le guetteur qui avertit, menace, condamne (jusqu’à 33.20). A partir de maintenant (v. 21) il inaugure une nouvelle période où un message d’espérance nationale est possible.

Mais les conditions pour comprendre, pour saisir ce message d’espoir, pour se l’approprier, sont-elles réunies ?

Au moment où la nouvelle de la prise de Jérusalem lui parvient, Ézéchiel, qui avait été muet pendant environ deux ans, est à nouveau capable de parler.

Son mutisme lui avait été annoncé au début de son appel

26 Je collerai ta langue à ton palais, pour que tu sois muet et que tu ne puisses pas les reprendre – car c’est une maison rebelle. 27 Mais quand je te parlerai, j’ouvrirai ta bouche, pour que tu leur dises : Ainsi parle le Seigneur DIEU. Que celui qui écoute, écoute, et que celui qui ne prend pas garde, ne prenne pas garde – car c’est une maison rebelle. 3.26-27.

Ce mutisme correspond aux deux années du siège de Jérusalem. Il empêchait Ézéchiel de communiquer avec les Juifs déjà déportés à Babylone. Pendant ce temps, ses prophéties sont dirigées contre les nations étrangères

Le prophète est enfin justifié : il avait raison. Ses messages de malheur se révèlent vrais. Il aurait pu s’attendre à la repentance de ceux qui sont restés en Juda et à l’obéissance parmi les Juifs en exil en Babylonie

21 Le cinquième jour du dixième mois de la onzième année de notre captivité, un rescapé de Jérusalem arriva vers moi pour m’annoncer que la ville était tombée.

22 Or, le soir précédant son arrivée, la main de l’Éternel s’était posée sur moi et le Seigneur m’avait rendu la parole avant que ce fugitif vienne vers moi le matin. Il m’avait ouvert la bouche de sorte que mon mutisme avait cessé.

23 Et l’Éternel m’adressa la parole en ces termes :
24 – Fils d’homme, ceux qui habitent au milieu de ces ruines amoncelées sur la terre d’Israël parlent ainsi : « Abraham était tout seul lorsqu’il a reçu la possession du pays, mais nous, nous sommes nombreux, et le pays nous a été donné en possession. »

25 Réponds-leur donc : « Voici ce que le Seigneur, l’Éternel, déclare : Vous mangez de la viande avec le sang vous levez les yeux vers vos idoles, vous versez le sang, et vous posséderiez le pays ! 26 Vous vous fiez à votre épée, vous avez commis des actes abominables, chacun de vous déshonore la femme de son prochain, et vous posséderiez le pays ?

27 Voici ce que tu leur diras : Le Seigneur, l’Éternel, déclare : Aussi vrai que je suis vivant, ceux qui sont parmi les ruines périront par l’épée, et ceux qui sont dans la campagne seront livrés en pâture aux bêtes sauvages, et ceux qui se seront réfugiés dans les rochers et dans les cavernes mourront de la peste.

28 Je transformerai le pays en une terre dévastée et déserte. Je mettrai fin à sa puissance dont il s’enorgueillit, et les montagnes d’Israël seront si dévastées que personne n’y passera plus. 29 Alors ils reconnaîtront que je suis l’Éternel, quand j’aurai réduit le pays en une terre dévastée et déserte, à cause de tous les actes abominables qu’ils ont commis. »

Vous revendiquez ! Vous auriez mieux fait de vous repentir

L’arrivée du messager annonçant la chute de Jérusalem soulève la question de la possession de la terre d’Israël.

L’armée babylonienne avait détruit des villes et des villages importants dans tout le pays. Le pouvoir de Babylone avait aussi déporté en Babylonie des milliers de Judéens, plusieurs années déjà avant la chute définitive de la ville en 587 ou 586.

Alors pour les juifs restés sur place, dans une situation désespérée, se pose la question de la propriété de la terre, cette terre que Dieu avait donnée à son peuple en faisant alliance avec Abraham (Genèse 12.2, 7)

Après la chute de Jérusalem, les survivants juifs qui sont encore là supposent que leur présence est le signe que Dieu les approuve.

La loi du nombre

Et ils font le parallèle avec Abraham : puisque Dieu a donné la terre à Abraham, à une seule personne, il va certainement la leur donner à eux qui sont nombreux.

Abraham était tout seul lorsqu’il a reçu la possession du pays, mais nous, nous sommes nombreux, et le pays nous a été donné en possession. v. 24

Bien sûr, ils ont été vaincus, disent-ils. Bien sûr, les combats les ont décimés. Mais ils sont plus nombreux qu’Abraham. Lui, il était seul, quand il habitait dans le pays. Eux, ils pourraient rassembler 1000 ou même 2000 hommes pour reprendre la conquête du pays.

Nous, nous sommes nombreux, et le pays nous a été donné en possession

A la base de leur revendication, deux motifs :

– L’un est juste et reconnu dans la Loi de Moïse : les enfants héritent naturellement des biens de leur père.
– L’autre n’est qu’un calcul humain : le nombre multiplie les droits.
Plus on est nombreux, plus on peut prétendre à exiger quelque chose, à réclamer un avantage. Si Abraham avait un droit sur la terre, une nation entière de ses descendants devrait avoir d’autant plus ce droit.

Une erreur évidente. Il manque un élément essentiel, Dieu

C’est Dieu qui valide ou non le droit d’obtenir ou non quelque chose, un avantage, une bénédiction par exemple. Et cela ne dépend pas du nombre mais de la relation de chacun avec Dieu, du comportement qu’on choisit de suivre.

Abraham a montré sa confiance à Dieu en obéissant à son appel.

Abraham à qui Dieu dit :

Va-t’en de ton pays, du lieu de tes origines et de la maison de ton père, vers le pays que je te montrerai. 2Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une bénédiction (Genèse 12.2)

Abram partit, comme le SEIGNEUR le lui avait dit (v.4)

Alors Dieu et toutes ses bénédictions l’ont accompagné pendant toute sa vie.

Abraham a ainsi rendu possible la réalisation de la promesse. Et tout au long de sa vie, il a continué à faire confiance à Dieu, comme le montrent les exemples cités dans Genèse (17, 4-8 ; 18, 19 ; 22, 15-19)

Une autre erreur : oubli complet des exigences de l’alliance de Dieu avec Abraham et ses descendants

Dieu leur donne la terre

Ce jour-là, le Seigneur conclut une alliance avec Abram. Il lui dit : « A tes descendants je donne ce pays, Genèse 15.18

Ils doivent respecter l’alliance

Dieu dit à Abraham : Toi, tu garderas mon alliance, toi et ta descendance après toi, dans toutes ses générations. Genèse 17.9

En fait c’est Dieu le propriétaire et eux les gérants. Ils auront à rendre des comptes. Ils ont le droit de vivre dans le pays sous condition d’obéissance et de fidélité, sinon

Mais si vous contrariez le SEIGNEUR, ton Dieu, en faisant ce qui lui déplaît 26 – j’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre – vous disparaîtrez bien vite du pays dont vous allez prendre possession après avoir passé le Jourdain ; vous n’y prolongerez pas vos jours : vous serez détruits.

27 Le SEIGNEUR vous dispersera parmi les peuples, et vous ne resterez qu’un petit nombre d’hommes parmi les nations où le SEIGNEUR vous emmènera. Deutéronome 4.26-27

Et encore

Le SEIGNEUR te dispersera parmi tous les peuples, d’une extrémité de la terre à l’autre Dt 28.64

Qu’en est-il de ces survivants restés en Judée ?

Ils ont pu rester dans leur pays.  Alors ils revendiquent la propriété d’une terre, d’un pays en train de leur échapper.

Leur arrogance, leur certitude d’avoir raison les empêche de se repentir.

Et ils ne se posent même pas la question de savoir pourquoi la terre qu’ils réclament leur a été arrachée ? Pas un mot, pas un rappel des paroles de l’alliance. On préfère ne plus se souvenir de ce que Dieu a dit à propos de la terre et des conditions pour y vivre.

Alors le prophète leur répond par un acte d’accusation

Une accusation d’idolâtrie – manger la viande avec le sang, une manière de s’approprier la force de l’animal, une pratique païenne.

Une accusation d’immoralité et d’adultère. Une conduite qui les rabaisse au niveau des nations païennes que Dieu avait chassées pour qu’ils puissent posséder la terre promise

Vous obéirez à toutes mes ordonnances et à toutes mes lois et vous les appliquerez. Ainsi le pays où je vous mène pour que vous vous y installiez ne vous vomira pas.

23 Vous ne suivrez pas les coutumes des nations que je vais chasser devant vous ; car c’est parce qu’elles ont commis toutes ces actions que je les ai prises en aversion. Lévitique 20.22-23

L’obéissance aux commandements de Dieu (44 fois dans le Deutéronome), c’est la condition indispensable pour posséder et pour garder le pays

L’accusation la plus surprenante : se confier dans leurs épées, dans la force des armes (26)

Ézéchiel fait probablement allusion à l’insurrection contre le gouvernement mis en place par Babylone, en particulier à l’assassinat du gouverneur Guedalia (Jérémie 41). D’où la condamnation par le prophète.

Pour Ézéchiel comme aussi pour Jérémie, son contemporain,  Babylone est le bras armé, l’épée du Seigneur. Dieu a désigné Babylone pour détruire et soumettre Juda. Résister à Babylone, c’est donc résister à Dieu. (21. 1-17).

Un raisonnement difficile à admettre. Même après de nombreuses explications et avertissements, Jérémie s’est fait traiter de traître et de collabo à cause de cela.

Ensuite Ézéchiel prononce le verdict

Ce n’est pas parce qu’ils ont été laissés dans le pays qu’ils échapperont au jugement.
Par le prophète, Dieu les avertit. Eux aussi seront attaqués, détruits par l’épée, les bêtes sauvages et la peste v. 27-28).

Ces instruments du jugement divin rappellent Lévitique 26.22, 25 et la destruction de 28a évoque Lévitique 26.19a, 33b

Je vous disséminerai parmi les nations et je tirerai l’épée derrière vous.
Votre pays sera dévasté, et vos villes seront en ruine.

Contre leur orgueil le pays nous a été donné en possession Dieu annonce son jugement : « les montagnes d’Israël seront dévastées, personne n’y passera ».

Si les gens ne cherchent pas à « connaître » Dieu par la repentance et la foi, ils finiront par le « connaître » dans le jugement (v. 29 ; Ap 6, 13-17).

Dieu n’a pas de petits enfants

Pas de bénédiction automatique par ancêtre interposé, serait-ce Abraham lui-même ou tout aïeul prestigieux.

Pas de droit automatique à être propriétaire du pays. Dieu l’a accordé par grâce à son peuple, à la condition qu’il soit et reste fidèle.

Si la condition n’est plus remplie, ce droit est retiré. Alors s’ensuivent invasions, destructions, exil.

Pas de filiation spirituelle automatique

Dieu est capable de faire naître des enfants à Abraham à partir des pierres du désert (Matthieu 3.9)

Tous ceux qui sont de la descendance d’Israël ne peuvent être considérés comme le véritable Israël de Dieu (Paul dans Romains 9.6)

Et le plus terrible : la filiation diabolique qui rend aveugle

Les Juifs se vantaient devant Jésus de descendre d’Abraham (Jean 8.33 et 39) et, comble de l’inconscience, de n’être esclaves de personne. Justement dans les années où l’Empire romain occupait le pays et faisait sentir son oppression.

Jésus leur répond : vous avez pour père le diable  Jean 8.44

Vous prétendez avoir Abraham pour père Et vous en êtes assez fiers. Mais tout dans votre comportement montre qui, en fait, tire les ficelles.

Ils sont incapables de comprendre la vérité de Dieu enseignée par le Christ. C’est directement lié au fait qu’ils appartiennent à l’ennemi.

Encore plus terrible : c’est la condition naturelle des non croyants

En fait, les disciples de Jésus,  les chrétiens à travers les siècles,  nous aussi avant la conversion,  tous ont fait partie du monde déchu et rebelle. Jusqu’à ce que Jésus les choisisse du milieu du monde Jean 15.19.

Quelques pistes de réflexion

La justification, le salut, c’est personnel. Ni héréditaire ni automatique du fait de la tradition.

On peut hériter des biens de ses parents, on ne peut hériter de leur foi.

Une idée insensée des Juifs. La faveur, la bénédiction que Dieu leur accordait en tant que nation leur serait garantie pour toujours,  quoi qu’ils fassent

Leur devise : « jadis justes, toujours justes, malgré nos actions condamnées par Dieu »

Ce respect de la piété traditionnelle, en fait celle des autres, des parents ou grands-parents est profondément ancrée dans la pensée de certaines personnes.

La foi, ce n’est pas un ajout

Certaines personnes ajoutent la religion à leur liste de valeurs. C’est juste un plus, pas plus.
Des millions de personnes se prévalent d’appartenir à un système religieux. Un système qui leur promet un pardon collectif, à condition de rester dans le système, à condition de suivre certains rites.

Les vrais croyants sont attirés par le Père

Personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ; et moi, je le relèverai au dernier jour. Jean 6:44

Ils sont donnés au Fils

Tout ce que le Père me donne viendra à moi ; et celui qui vient à moi, je ne le chasserai jamais dehors. Jean 6:37

Ils sont enseignés par Dieu

Il est écrit dans les Prophètes : Ils seront tous instruits de Dieu. Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. Jean 6:45

Ils sont choisis par Jésus.

N’est-ce pas moi qui vous ai choisis Jean 6:70

La justification, le salut prend racine dans une repentance sincère

La repentance, ça commence quand on voit Dieu avec un cœur droit et honnête.

C’est un changement de cap, de direction. Alors nous nous voyons dans notre réalité

Non beaux et sympathiques,  comme nous aimerions l’être sans y parvenir

Mais pécheurs et souillés devant Dieu. Et mendiants de sa grâce et de sa compassion. Il nous accorde son salut grâce au sacrifice de Jésus, son fils unique à la croix

La foi, c’est un choix qui engage

Dieu pose devant chacun un choix déterminant, celui de la vie ou de la mort.
Moïse dans Deutéronome 30 : Choisis la vie !
La foi, c’est une relation qui me définit,  une relation de fidélité envers Dieu, une relation d’amour pour le Christ et pour les autres.

Un choix qui engage dans la durée

Et même la piété de la conversion Si la foi et l’amour sont par la suite inactifs, morts, elle ne sert plus à rien.

La seule foi que Dieu accepte,  c’est une foi vivante, une obéissance active du moment présent. Et si la foi et l’amour des débuts se sont évaporés,  il est évident que ce n’était pas du solide, de l’authentique.

La foi se prouve par la mise en pratique de la Parole

La foi, c’est beaucoup plus que l’adhésion à un système de valeurs,  même validé par des ancêtres qui ont souffert pour le défendre.

La foi dépasse infiniment la connaissance même des principes bibliques. La foi existe véritablement, seulement si elle est testée,  si elle est mise à l’épreuve par une mise en pratique de la Parole.

22 Mettez la Parole en pratique ; ne vous contentez pas de l’écouter, en vous abusant vous-mêmes.

23 En effet, si quelqu’un écoute la Parole et ne la met pas en pratique, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel 24 et qui, après s’être regardé, s’en va et oublie aussitôt comment il était. (Jacques 1.22-24)

La foi est un choix personnel.

On ne peut transformer en masse une foule d’incroyants en croyants
Chacun doit rechercher la grâce et le pardon de Dieu pour soi.

Si quelqu’un parmi nous veut demander à Dieu son pardon, s’il veut placer sa vie sous son autorité, il peut le faire tout simplement à sa place. Et s’il en éprouve le besoin, il peut parler à un des responsables.

C’est à chaque génération de refaire le choix de s’attacher à Dieu Et de continuer dans la foi et l’obéissance. C’est la condition indispensable pour espérer obtenir sa bénédiction. Et beaucoup parmi nous, nous l’avons recherchée Et Dieu nous l’a accordée à chacun.

Alors, c’est notre responsabilité, à chacun de nous de continuer à nous attacher à Dieu Donnons à nos enfants l’exemple pour que, le moment venu, Ils fassent aussi chacun le choix de la fidélité.

C. Streng

Le veilleur – Ézéchiel 33.1-21

Le veilleur : Introduction et bref survol historique

Ézéchiel est probablement né en 623 avt. J. C. Il a vécu pendant une des plus grandes crises de lhistoire d’Israël la destruction de Jérusalem et du Temple et l’exil à Babylone.

Le grand royaume de David/Salomon a été divisé vers 930. Le royaume du Nord a disparu en 722 absorbé par l’Assyrie. Une grande partie de sa population est déportée en Assyrie (Ninive).

Le royaume du sud, avec Jérusalem subsistera une centaine d’années sous influence assyrienne puis babylonienne

Ses trois derniers rois, des personnages catastrophiques, précipitent le pays dans la ruine : la chute de Jérusalem et la destruction du Temple en 587/586. (voir la fin du livre des Rois)

Avant cette chute finale, deux sièges successifs de Jérusalem, accompagnés de déportations, vers la Babylonie, la superpuissance qui a évincé l’Assyrie en 612.
Au 1e siège de Jérusalem en 605, Daniel le prophète fait partie des déportés… Au 2e siège, en 597, c’est Ézéchiel.

Les chapitres 1-32 du livre annoncent le jugement
Les chapitres 33-48 promettent la restauration

Jérémie prophétise aux Juifs qui habitent encore Jérusalem.
Dans le même temps, Ézéchiel adresse ses prophéties aux Juifs déjà exilés à Babylone.
Son message tourne autour de l’événement central, la prise de Jérusalem par le roi Nabuchodonosor qui aura lieu en 586.

Avant l’annonce de la chute de Jérusalem, le prophète Ezéchiel, à Babylone, a mis l’accent sur le jugement des péchés.

Ézéchiel 33. 1-21  Pour lire le texte, cliquez sur la Bible dans la colonne de droite : Lisez la Bible sur Internet 

1. Le veilleur et son message

La prophétie du chapitre 33 résume le message du prophète dans la première partie du livre.

Les v. 1-9 reprennent presque dans les mêmes termes la thématique du ch 3.16-21 : Dieu a donné à Ézéchiel l’ordre d’être un veilleur
Les v. 10-20 rappellent de même l’enseignement du ch 18:1- 32 : le sermon d’Ézéchiel sur la responsabilité et la repentance

Dieu ordonne à Ézéchiel de s’adresser à ses contemporains

Fils d’homme // homme, parle aux gens de ton peuple, à tes compatriotes.

Il attire l’attention de l’auditeur, du lecteur, par un énoncé théorique sur les responsabilités d’un guetteur, d’une sentinelle avec les expressions « supposez, … si »

« Supposez, telle ou telle situation, une attaque ennemie par exemple
Si un homme donne l’alarme au son du cor. Le veilleur, le guetteur, la sentinelle fait son devoir.

Que ceux qui entendent l’alerte agissent en conséquence : se mettre à l’abri, fuir ou prendre toute décision qui sauve leur vie et celle des autres.
Si on ne fait rien, on ne pourra s’en prendre qu’à soi-même.

Mais si le veilleur ne donne pas l’alarme, ne sonne pas de la trompette, ne fait pas son devoir, c’est lui le responsable des malheurs qui suivront.

Si, en temps de guerre, la sentinelle désignée par les autorités de la ville voit l’ennemi s’approcher, s’il avertit les habitants par le son du cor, et que les habitants ne prennent pas les mesures appropriées, ils sont les seuls responsables des conséquences (probablement fatales).

Si, en revanche, la sentinelle n’avertit pas, elle est responsable des conséquences.

Un groupe d’experts en sismographie a détecté une activité inhabituelle dans des plaques sous marines. Il y a risque de tremblement de terre, de tsunami. Leur rôle est d’avertir les autorités des pays concernés pour qu’elles prennent les mesures indispensables et les transmettent. Le rôle des habitants, c’est de se conformer aux ordres communiqués pour sauver leur vie.

On a toutes sortes d’exemples de ce type, du plus spectaculaire au plus banal. On nous a appris des attitudes, des gestes parfois simples, habituels qui préservent la santé ou la vie. Le panneau stop, c’est le guetteur qui avertit : arrête-toi et regarde avant de traverser.

2. Le veilleur prophète et la prophétie

Le prophète avertit ses compatriotes pour qu’ils prennent conscience de leur responsabilité. Ici, c’est bien lui, Ézéchiel, la sentinelle, le veilleur que Dieu a posté pour avertir la communauté d’Israël

v. 7 Tu écouteras la parole qui sort de ma bouche et tu les avertiras de ma part .

C’est exactement ça le ministère de prophète : tu les avertiras de ma part : avertir de la part de Dieu.

A l’arrière-plan, à la base du ministère de prophète, il y a toujours un appel de Dieu, des directives précises de Dieu.

L’ordre de faire passer un message doit venir de Dieu, pas de son initiative  à soi … ou de son envie personnelle.
Le message communiqué doit venir de Dieu, de sa parole déjà connue dans la Bible, pas de son imagination ou de ses impressions ou des influences reçues ici et là sans contrôle.

C’est exactement ça le ministère de la prophétie : Tu écouteras la parole qui sort de ma bouche. Écouter la parole de Dieu et la faire passer plus loin.

Le ministère de la prophétie, n’est ce pas tout simplement annoncer la parole de Dieu en la rendant compréhensible, accessible à ceux qui écoutent.

Faisons bien attention en lisant les prophètes de l’Ancien Testament.

Les annonces prophétiques, y compris celles qui annoncent l’avenir sont simplement la conséquence évidente de paroles déjà connues  et plusieurs fois rappelées avec insistance selon le schéma qu’on peut tirer de Deutéronome 28.

« Si tu fais bien,  il t’arrivera ceci ou cela de bien. Si tu fais mal  (si tu t’éloignes de Dieu, si tu pratiques l’idolâtrie par exemple), il t‘arrivera ceci ou cela de mal. Et si tu changes d’attitude,  si tu regrettes le mal que tu as fait, il t’arrivera à nouveau ceci ou cela de bien.

a. La prophétie ? Pourvu qu’elle ne nous dérange pas !

Jérémie, contemporain d’Ezéchiel, donne dans ses prophéties un dernier avertissement au roi et à la population encore en sursis à Jérusalem  :
vous avez dépassé les limites, les freins ont lâché,  le dernier tournant avant le précipice est là,  tout juste devant vous.

Une synthèse dans les grandes lignes :

En ce temps de fin annoncée du Royaume du sud, après le siège de Jérusalem de 597 et ce qui vous attend,  vous, oui vous, qui êtes encore en sursis à Jérusalem,  regardez le roi Nabuchdonosor qui avance avec son armée.

Et ne vous étonnez pas.
La destruction du Temple, la ruine de la ville, l’exil à Babylone ne sont plus évitables.

Même si vous criez : le Temple nous protège,  le Temple nous protège (Jérémie 7)

Pourquoi ?
Vos rois n’ont aucun respect de la parole donnée et font de la magouille politique. Vos dirigeants politiques et religieux pratiquent l’idolâtrie sur le toit en terrasse du Temple. Et vous, gens du peuple, vous la pratiquez avec vos amulettes dans vos maisons, tout en prétendant servir Dieu.

Vos rois aiment les prophètes de cour qui les flattent. Et ils persécutent ceux qui osent leur dire la vérité. Et vous,  vous aimez bien crier avec les loups.

b. La prophétie ? Elle s’est réalisée, contre nous. Mais tout peut encore changer

Dans ce même temps, Ézéchiel est à Babylone avec les exilés,  ces exilés juifs qui vivent maintenant chaque jour les conséquences du jugement de Dieu sur leurs fautes.  Loin de leur patrie,  loin de leur Temple.

Aux v. 8 et 9, Ézéchiel explique. Le guetteur qui avertissait du danger, c’est lui, le prophète. …

Il prévient le méchant du risque de mort à cause de sa mauvaise conduite.

Il ne faut pas prendre méchant au sens moderne. Le méchant, au sens biblique, c’est la personne qui vit sa vie sans Dieu, sans s’occuper de Dieu.

Dieu lance au peuple d’Israël exilé à Babylone un appel fervent à la repentance. Pas à une communauté certaine de son innocence mais à une communauté plongée dans la culpabilité et le désespoir

Comment pourrions-nous vivre puisque nos rébellions et nos fautes pèsent sur nous et que nous dépérissons à cause d’elles ? v 10

Leur réaction aux paroles d’Ézéchiel est un tournant indispensable.

Contrairement aux Juifs encore à Jérusalem, eux, ils ne se font plus d’illusions. Ils sont en plein en train de vivre,  dans l’exil à Babylone, les conséquences de leur péché

Mais il faut aller plus loin, cesser de répéter,  de ressasser l’échec. Il faut sortir activement de la situation bloquée : abandonner, se détourner  pour avancer.

Aussi vrai que je suis vivant, le Seigneur, l’Éternel, le déclare, je ne prends aucun plaisir à la mort du méchant, je désire qu’il abandonne sa conduite et qu’il vive. Détournez-vous, détournez-vous donc de votre mauvaise conduite ! Pourquoi devriez-vous mourir, gens d’Israël ? » v 11

Reconnaître ses fautes, se repentir de ses péchés, c’est un préalable au pardon de Dieu qui libère.

Avec comme conséquences un changement de situation, … de la mort à la vie, … de la perdition au salut, … de l’éloignement de Dieu à la proximité, à la communion avec Dieu

Ézéchiel le précise dans les v 12-20

Ni le caractère des parents, ni même un comportement qu’on a eu plus tôt dans sa vie ne détermine le destin. La personne qui pèche meurt, ce ne sont pas ses enfants ou ses parents. La personne qui se repent et obéit vit, ce ne sont pas ses parents ou ses enfants.

D’où des expressions inadmissibles parfois entendues dans des familles…
Celui-ci, c’est tout l’oncle X, un fainéant, un bon à rien.
Celle-là, c’est le sale caractère de la tante Y

La responsabilité morale ne s’entasse pas d’une génération à l’autre. La génération précédente n’a pas le droit d’accumuler la culpabilité sur les épaules de la génération actuelle.

Dieu insiste sur l’espérance. C’est la conséquence de la repentance avec son pouvoir de libérer, de rendre nouveau. Dieu veut que son peuple vive.

Le prophète met en évidence leurs péchés, pas pour enfermer dans la fatalité = ‘de toute façon il n’y a plus rien à faire pour moi ‘. Mais pour montrer qu’on peut se repentir et avancer selon la volonté de Dieu.

Pour motiver une repentance bien comprise, Ezéchiel clarifie les conséquences qui ne manqueront pas d’arriver.

Négatives pour celui qui rejette les indications de Dieu, s’obstine dans la mauvaise direction.

Quand bien même j’aurais dit au juste qu’il vivrait, si, fort de sa droiture, il se met à commettre le mal, on ne tiendra plus compte de toute sa droiture et il mourra à cause du mal qu’il aura commis. V. 13

Positives pour celui qui se repent, … change de comportement … et se tourne vers Dieu

Et quand bien même j’aurais dit au méchant : « Tu vas mourir », s’il abandonne ses fautes et fait ce qui est droit et juste, il vivra. V. 14

Repentance et vie nouvelle

Le passé et le présent ne vont pas automatiquement déterminer mon avenir, votre avenir. C’est ma décision, votre décision maintenant, dans un sens ou dans l’autre.

La repentance suivie d’une conduite nouvelle n’est pas un vœu pieux, une simple petite affaire entre Dieu et moi. Elle implique souvent des actes pratiques, en relation avec les autres, selon les exemples des v. 15 et 16.
Faire ce qui est droit et juste, restituer le gage exigé, rendre ce qu’on a volé, se conformer aux commandements.

S’il restitue le gage qu’il a exigé et rend ce qu’il a volé, s’il se conforme aux commandements qui font obtenir la vie et cesse de faire le mal, certainement, il vivra ; il ne mourra pas.On ne tiendra plus compte de tous les péchés qu’il a commis ; puisqu’il a fait ce qui est droit et juste, il vivra.

Restituer le gage exigé ? Cela ne nous dit sans doute pas grand-chose aujourd’hui.
Dans l’Israël d’autrefois, c’était une des bases du système économique. Et la loi l’encadrait pour éviter les abus.

Le gage, c’était l’objet que le pauvre mettait en dépôt chez le riche pour garantir que le pauvre lui rendrait l’argent ou l’objet emprunté.

Donc d’après la loi, le vêtement de dessus du pauvre qui servait de couverture,  un objet de première nécessité  devait être rendu le soir même.

Et il était interdit d’emporter les deux meules ou la meule de dessus qu’on frottait sur celle de dessous pour écraser le grain. Cela signifiait priver de la nourriture de base. On ne pouvait jamais dépouiller totalement quelqu’un, en principe.

Mais des abus ont eu lieu, tout simplement.
Et à la fin des deux royaumes, aussi bien du Nord que du Sud, d’immenses propriétés terriennes accumulées, des richesses, du luxe,  l’ivoire de Samarie par exemple.
Avec la misère grandissante des ouvriers agricoles pas ou mal payés.
Une situation qui se fixera pour des siècles…

Jacques dans le Nouveau Testament :

Il crie, le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont moissonné vos champs  Jacques 5.4

Des champs récupérés pour rien ou à bas prix sur des gens réduits à une subsistance minimale.

Alors Zachée  ? (Luc 19.1-10)

Il avait le droit de percevoir l’impôt pour le pouvoir romain occupant. Il avait le droit aussi de se verser à lui-même un salaire confortable et même plus.
Alors, quand il se sait accepté et aimé par Jésus, il modifie radicalement ses pratiques commerciales.

A partir de maintenant,  je donne la moitié de mes biens aux pauvres. Et je rembourse 4 fois ce que j’ai trop perçu.

Un cœur changé par la repentance, un monde économique transformé

Oui, mais moi, je ne vole pas !

Alors regarde bien si tu n’as pas laissé trainer au milieu du désordre un livre que tu aurais dû rendre depuis des semaines à la bibliothèque de la commune…

Et voici qu’arrive le rescapé de Jérusalem avec son message :

Jérusalem est tombée. (v . 21)

La boucle est bouclée.

Alors le message du prophète devient désormais une promesse d’espoir et de restauration.

Dieu lui-même sera le berger de son peuple et c’est lui qui le conduira (ch 34). Il donnera un nouveau cœur et un nouvel esprit qui rendront capable d’être fidèle et d’éviter le jugement. Le Christ de Jean 10, c’est ce bon berger qui donne sa vie pour que ses brebis puissent recevoir une vie nouvelle

Quelques remarques de conclusion

Pour être un veilleur, même occasionnel, il ne suffit pas de sonner de la trompette prophétique et d’annoncer comme Jonas « Encore 40 jours et Ninive sera détruite » Il faut l’art et la manière de susciter l’intérêt sans repousser.

Un contre exemple entendu un jour
Pendant un congrès annuel d’étudiants chrétiens, deux ou trois étudiants discutaient :

Tels ou tels étudiants chrétiens de notre connaissance ont vu passer une étudiante sur le campus
« Tu es une pécheresse, repens toi et tourne-toi vers le Christ »

Un travail de veilleur ? de l’évangélisation ? Non, une bourde monumentale.
Dans un contexte social français, d’origine catholique, « pécheresse » cela veut dire « prostituée ». C’est Marie Madeleine, la Marie de Magdala des Evangiles qu’on a affublée de ce rôle de prostituée.
Autant dire que le contact sera pratiquement impossible à rétablir après cette insulte

Donc d’abord faire connaissance, gagner la confiance, amener la personne à reconnaître sa situation, à l’évaluer à sa juste mesure. Expliquer ce qu’est en fait le péché, comment, en quoi il sépare de Dieu.

S’il s’agit d’inconduite ou d’alcoolisme par exemple, cela se verra vite et probablement facilement. Plus que si on s’est imaginé que ça n’avait guère ou pas d’importance. Ou que personne ne le voyait. Ou que ça ne gênait pas grand monde

Les petites tricheries quotidiennes, … les approximations avec la vérité, … le mépris des autres dissimulé derrière une façade aimable. Bref, les péchés qu’on croit bénins, sans grande conséquence, les péchés qui ne nous gênent pas, bien dissimulés au fond du cœur

Il faudra sans doute du temps, pas mal de temps pour amener la personne à prendre conscience, par elle-même de sa situation réelle et exacte devant Dieu.

Cela ne se fera ni par formules toutes faites, ni par boutades  mais par l’accompagnement patient et la prière.

C’est Dieu qui débusque, par son Esprit, le péché caché et le confronte à la lumière de la vérité biblique et à l’amour du Christ rédempteur … pour qu’il y ait repentance et vie nouvelle.

C. Streng