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Comprendre, vivre et approfondir la foi chrétienne

Abraham, confiant malgré tout

Genèse 15 : confiant malgré tout

Un chapitre essentiel pour comprendre le plan de Dieu qui se manifeste dans l’alliance avec Abraham, le plan de Dieu qui prend son envol avec la foi d’Abraham.
Paul l’a utilisé dans son enseignement sur la justification par la foi

Plan de Genèse 15 en 3 parties :

  • inquiétude face à l’avenir,
  • la foi une aventure,
  • l’alliance, une garantie des promesses mais pas sans risque

1.   Inquiétude face à l’avenir

Abraham a vaincu les rois ennemis (ch 14) Mais il est inquiet, perturbé. Ces rois pourraient revenir avec des renforts pour l’attaquer.

Alors Dieu le rassure « Ne crains pas, je suis moi-même ton bouclier » Ton bouclier, ta protection, ton protecteur, une expression qui correspond bien à la situation : le combat est à peine terminé, il pourrait reprendre. Mais il ne reprendra pas.

Et Dieu ajoute : Ta récompense sera très grande.

Cette promesse reprend celle que Dieu lui a donnée .quand il lui a demandé de quitter Ur pour commencer l’aventure de la foi sous sa conduite :  Genèse 12.2 et 3

Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, je maudirai celui qui te maudira. Tous les clans de la terre se béniront par toi (v. 2-3)

Et v. 7 je donnerai ce pays à ta descendance

Une grande nation, un pays pour ta descendance. Mais il n’y a pas de descendance

Plusieurs années se sont écoulées, 8 ou 9 ans probablement. Il a 80 ans et Sara 70 et toujours pas d’enfants. La promesse d’un héritier, d’une descendance nombreuse, oui, mais la stérilité est là. Et l’âge aussi

Inquiet pour sa sécurité, découragé devant l’avenir, Abraham se plaint
Je m’en vais sans enfant . Tu ne m’as pas donné de descendanceC’est Eliezer qui sera mon héritier

Abraham est un homme de foi. Il l’a montré en quittant Ur quand Dieu l’a appelé. Mais il a aussi des sentiments, des émotions. Et Dieu ne les lui reproche pas. Il lui rappelle simplement qui il est, son bouclier, son protecteur. Et Dieu va lui donner les certitudes dont il a besoin

Nous sommes faits à l’image de Dieu Et nos sentiments, nos émotions font partie de cette image.

Alors nous pouvons parler au Seigneur de nos soucis, de nos préoccupations, même si cela ressemble à de l’impatience ou à de l’incrédulité. « Seigneur, je ne comprends pas ça, je trouve que c’est injuste »
Dieu n’est pas sourd à nos questions ni indifférent à nos sentiments.
Mais il ne faut pas les laisser échapper à tout contrôle, ni au contraire les étouffer pour que rien ne sorte.

Jésus a exprimé ouvertement ses émotions de joie, de tristesse, d’amour et même de colère. Dans une situation difficile ou perturbée, nos sentiments, nos émotions ne doivent pas être rejetés mais il ne faut pas en rester là. Si nous continuons à tourner en rond autour de nous, nous serons découragés. Tournons-nous plutôt vers Dieu et soyons attentifs à ses paroles d’encouragement.

Déchargez-vous sur lui de toutes vos inquiétudes, car il prend soin de vous. (1 Pierre 5.7).

Pour la 1e fois dans la Bible « la parole du Seigneur est venue » et  » Ne crains pas « 

Pour la première fois, dans la Bible, on trouve l’expression « la parole du Seigneur est venue » utilisée plus de cent fois dans l’AT.

Et aussi pour la première fois « ne crains pas », qui sera répété à Isaac (Gen 26.24), à Jacob (46.3) et au peuple d’Israël, dans Esaïe 41.10, N’aie pas peur, car je suis avec toi ; ne jette pas des regards inquiets, car je suis ton Dieu ; je te rends fort, je viens à ton secours, 
je te soutiens de ma main droite victorieuse.

La foi qui dépasse, la foi qui vainc la peur, c’est la foi dans la parole de Dieu, pas la foi dans mes sentiments.

Reste tranquille et sache que je suis Dieu (Ps 46.10).
Alors Dieu confirme à nouveau à Abraham ce qu’il lui a promis.
Non, ton serviteur Eliézer ne sera pas ton héritier. Tu auras un fils à toi et tes descendants seront aussi nombreux que les étoiles (4-5)

2.   La foi, une aventure

Abraham mit sa foi dans le Seigneur, qui le lui compta comme justice
Au point de départ, l’inquiétude et le doute devant une situation apparemment sans solution.

Une femme stérile et âgée peut-elle avoir de enfants ? ..Jamais vu oui, jamais vu jusqu’ici.

Dieu parle : ton héritier, c’est celui qui sortira de toi (v4) Et il ajoute un signe, la multitude des étoiles dans le ciel. (v. 5)  Alors tout change. De l’incrédulité, Abraham passe à la foi.

Pourtant il n’y a encore rien, aucun indice qui pourrait faire penser que Rien que la parole

Aucun argument mais la révélation. La certitude qui dépasse infiniment la pensée humaine .et son raisonnement raisonnable.
Oui Dieu est Dieu Et s’il promet quelque chose, .on peut faire confiance à sa promesse. Elle sera réalisée. Ce Dieu qui a fait les étoiles en nombre innombrable peut aussi donner un fils à un couple âgé et stérile.

Une foi remarquable, .un basculement vers l’espoir à partir d’une situation de crise un modèle à suivre

La foi qui compte devant Dieu, .c’est la confiance qui croit aux promesses de sa Parole. La foi d’Abraham, c’est un miracle de Dieu, pas une construction de la pensée humaine ou une décision morale.
Abraham n’est pas passé de son inquiétude et de son doute à la certitude de la foi parce qu’il savait quelque chose qui le mettrait sur la piste. C’est la puissance de Dieu qui se révèle et rend aussi sa révélation accessible.

Alors la récompense promise ?

Ce n’est pas du donnant donnant qui récompenserait la confiance. Pas le marchandage des charlatans religieux qui promettent toutes sortes d’avantages matériels en contrepartie d’un geste de générosité « Mettez 10 € dans l’enveloppe, et soyez sûrs d’en recevoir plus ; mettez plutôt 100 ou 1000, vous en recevrez beaucoup plus »

La récompense, c’est l’expérience de la grâce de Dieu. Il donne gratuitement sa justice à ceux qui lui font confiance, à ceux qui prennent même des risques pour rester avec confiance dans cette justice, malgré tout ce qui pourrait faire obstacle.

Abraham mit sa foi dans le Seigneur, qui le lui compta comme justice

La justice de Dieu lui a été attribuée. Elle a été mise sur son compte. Sur la croix, nos péchés ont été mis sur le compte de Jésus (Es. 53.12) lorsqu’il a subi le châtiment des péchés qui étaient sur notre compte (Es 53.6).
Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu (Rom 3.23).

Mais si nous nous confions en lui, sa justice est créditée à notre compte.
Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait pour nous péché, afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu. (2 Co 5.21)

Alors nous sommes déclarés justes et pardonnés devant Dieu.

Rester dans la confiance, attendre que la volonté de Dieu s’accomplisse, à sa manière et au moment qu’il a choisi.

Abraham et Sarah n’avaient pas besoin de trouver une solution pour avoir un enfant. Tout ce que Dieu demandait, c’est qu’ils soient disponibles pour qu’il puisse accomplir sa promesse en eux.

Le verset 6 est cité par le prophète Habaquq (le juste vivra par la foi) et trois fois dans le Nouveau Testament : Galates 3:6 ; Romains 4:3 ; et Jacques 2:23. Il est à la base de la doctrine de la justification par la foi.

Abraham a cru en Dieu. Il lui a fait confiance. Il s’est appuyé de toutes ses forces sur les promesses de Dieu mais surtout sur le Dieu qui promet.

Dieu répond à la crainte d’Abraham par sa présence et à son inquiétude concernant l’héritier par sa promesse.

Mais il reste une 3e préoccupation, le pays promis.  Comment Dieu y répondra-t-il ?

La déclaration de Dieu sur la foi d’Abraham est placée juste avant la conclusion solennelle de l’alliance.  C’est avec Abraham le croyant, .celui à qui Dieu a attribué sa justice que Dieu conclut son alliance par la promesse d’une terre.

3.   L’alliance, une garantie des promesses, mais pas sans risques

Dieu rappelle d’abord à Abraham qu’il l’a fait sortir d’Ur .pour lui donner la propriété de ce pays.

A quoi saurai-je que je prendrai possession de ce pays ? «

Abraham avait confiance que Dieu lui donnerait le fils promis. Mais la terre était toujours occupée par dix nations païennes. Comment ses descendants pourraient-ils en avoir la possession ?

Alors, au cours d’une cérémonie solennelle, Dieu conclut avec Abraham une alliance.

Il lui garantit ainsi que les promesses concernent la terre (15.7) seront réalisées, elles aussi.
La terre, le pays est un élément important de l’alliance. C’est en effet sur cette terre, dans le pays d’Israël que s’est accomplie l’histoire du salut.

Conclure une alliance était une pratique légale courante à l’époque, dans tous les pays du Proche-Orient ancien.

On établissait ainsi un contrat, un accord solennel entre deux partenaires (individus ou groupes) avec des garanties et des obligations réciproques.

Conclure une alliance ne se faisait pas en signant des documents devant un notaire. L’expression utilisée était « couper une alliance ».
En effet, les personnes qui s’engageaient dans une alliance sacrifiaient plusieurs animaux. Ils partageaient les corps en deux et plaçaient les moitiés opposées sur le sol.

Ensuite, les partenaires marchaient entre les morceaux séparés des animaux. Ils déclaraient que s’ils ne tenaient pas leur parole, .s’ils ne respectaient pas l’alliance conclue, ils méritaient d’être traités comme ces animaux.

Abraham obéit à Dieu et prépare les animaux.

Puis il passe la journée à chasser les oiseaux de proie qui attaquent les morceaux partagés.

Ici, il y a plus que la seule conclusion habituelle d’une alliance. S’y ajoute une interprétation symbolique, une annonce prophétique.

Les animaux sacrifiés représentent les descendants d’Abraham, le peuple d’Israël, le peuple de Dieu.
En effet, génisse, chèvre, bélier, tourterelle, colombe sont les animaux purs prescrits pour les sacrifices dans le livre du Lévitique. Les Israélites, le peuple de Dieu les offraient à Dieu, comme leurs représentants, leurs substituts pour rétablir la relation avec lui s’ils avaient rompu l’alliance par le péché.
Les oiseaux de proie, impurs représentent les nations païennes, ..entre autres l’Égypte, ennemies d’Israël.
Et les gestes d’Abraham qui chasse les rapaces annoncent les actes de défense de ses descendants contre les agresseurs étrangers.

Selon le rite habituel pour conclure l’alliance, les deux partenaires auraient dû marcher entre les deux moitiés des animaux partagés.
Mais quand le soleil se couche, Abraham tombe dans un profond sommeil.

Dieu seul passe entre les morceaux du sacrifice.

17 Quand le soleil fut couché, l’obscurité devint profonde ; alors une fournaise fumante et une torche de feu passèrent entre les animaux partagés.

C’est Dieu qui a fait les promesses à Abraham.

Et pas Abraham qui a fait les promesses à Dieu. ..C’est une alliance de grâce dans laquelle Dieu seul s’engage, sans condition.

V. 18  Je donne ce pays à ta descendance
Pendant son sommeil, Abraham est informé du plan de Dieu pour le peuple, pour lui-même et pour la terre.
Pour le peuple (v 13-14 et 16), est annoncée une période d’esclavage de 400 ans par un pays qui n’est pas nommé.

A l’époque d’Abraham et pendant les 3 générations qui suivent, les relations avec l’Égypte sont normales, bonnes même.

Les dirigeants, les pharaons de cette époque-là sont aussi des sémites, comme Abraham et ses descendants.
Abraham est allé en Égypte à cause de la famine et il a été bien reçu. .. Malgré sa tromperie à propos de Sara sa femme qu’il fait passer pour sa sœur, il en est sorti plus riche qu’il n’était entré. (Gn 12). D’ailleurs le trajet pour l’Égypte est court et bien fréquenté pour des relations commerciales entre voisins. C’est un peu comme quand on va faire ses courses de l’autre côté de la frontière.

Joseph, fils de Jacob, deviendra par la suite premier ministre du pharaon

Il dirige une vente de blé à ses frères qui l’avaient vendu et ne le reconnaissent pas pas tout de suite. Toute la famille s’installe en Égypte comme invitée d’honneur et devient un peuple puissant.

Mais un nouveau pharaon réduit les Hébreux en esclavage

Mais la dynastie au pouvoir change. Le nouveau pharaon, pas sémite, est inquiet de leur croissance numérique. Il réduit les Hébreux en esclavage et pratique le génocide des garçons (Exode 1). ;;;Et cela dure 400 ans, depuis l’arrivée de Jacob en Égypte jusqu’à l’Exode. 400 ans jusqu’à ce que l’alliance s’accomplisse, jusqu’à ce que le peuple libéré aille à la conquête du pays promis

Abraham peut en être sûr. Rien ne pourra se mettre en travers du plan prévu par Dieu,

Pas même sa mort, pas même une longue période d’esclavage.
Comme les oiseaux de proie, l’Égypte va s’opposer à l’alliance de Dieu avec Israël et essayer d’en empêcher la réalisation. Mais en fin de compte, l’alliance sera accomplie.

« Une fournaise fumante, une torche de feu » (17), encore deux symboles pour symboliser l’avenir.

La fournaise fumante représentait l’affliction de l’esclavage en Égypte, désignée dans Dt 4. 20 comme un creuset pour fondre le fer.

Et la torche de feu, c’est la lumière de Dieu qui s’élève dans les ténèbres, comme la colonne de feu du désert   pour conduire son peuple.

16 A la quatrième génération, ils reviendront ici ; car la faute des Amorites n’est pas encore à son comble.

Pourquoi 400 ans, pourquoi une attente aussi longue ? Pourquoi Dieu tarde-t-il tellement pour délivrer son peuple.

Dieu a été patient envers les populations païennes de Canaan, représentées par les Amorites. Il a retardé son jugement pour qu’elles aient le plus de temps possible pour se repentir.

Il est cependant un point que vous ne devez pas oublier, bien-aimés : c’est que pour le Seigneur un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour. Le Seigneur ne retarde pas l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le pensent. Il est patient envers vous : il ne souhaite pas que quelqu’un se perde, mais que tous accèdent à un changement radical (2 Pierre 3.8-9).

Le pays promis : v 18-21

Ce jour-là, l’Éternel fait alliance avec Abram

Il remet à sa postérité, par un acte solennel, tout le pays. Il précise ses frontières et cite une à une les populations qui seront punies et devraient être dépossédées lors de la conquête.

En fait, Israël n’a jamais possédé le pays promis dans sa totalité. Même au temps de sa plus grande extension, sous les règnes de David et de Salomon, l’Égypte contrôlait encore les régions côtières et les Philistins étaient toujours présents. Cette promesse d’une terre dans ses pleines dimensions est reprise dans les Psaumes qui annoncent le Messie. Elle sera réalisée quand le Christ glorieux régnera sur le trône de David.

Ce passage est un encouragement pour nous, les croyants de la nouvelle alliance.

Cette alliance est inconditionnelle. Son accomplissement ne dépend que de Dieu, pas de l’homme. De même la nouvelle alliance établie par Jésus Christ est fiable, qu’on l’accepte ou non.

Toute personne qui met sa foi, ..sa confiance dans le Christ, mort à cause de nos péchés et ressuscité pour notre justification (Jn 3.16) entre dans cette alliance. Elle reçoit le salut éternel
Et c’est parce qu’il a été ainsi amené à la perfection qu’il est devenu, pour tous ceux qui lui obéissent, l’auteur d’un salut éternel (Hb 5.9)
et la gloire éternelle  Quand vous aurez souffert un peu de temps, le Dieu de toute grâce, qui, en Jésus-Christ, vous a appelés à sa gloire éternelle, vous formera lui-même, vous affermira, vous rendra forts et inébranlables. (1 Pi 5.10)

En conclusion, Dieu accomplira tout ce qu’il a promis.

Il accordera à ceux qui se confient en lui toutes ses bénédictions pour cette vie et la vie à venir malgré la souffrance, la persécution et même la mort
Sa divine puissance nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété, en nous faisant connaître celui qui nous a appelés par sa propre gloire et sa propre force. Par celles-ci, les promesses les plus précieuses et les plus grandes nous ont été données, afin que par elles vous échappiez à la pourriture que le désir entretient dans le monde et que vous ayez part à la nature divine. (2 Pi 1. 3-4).

Le croyons-nous ?

C.Streng

Job – l’enjeu

Le livre de Job : surprenant et assez difficile à comprendre

De l’avis de beaucoup de chrétiens le livre de Job est assez difficile à comprendre. Effectivement et ce n’est pas simplement à cause des thèmes qu’il traite : la souffrance humaine, la souveraineté et la gloire de Dieu, la religiosité courante.
C’est surtout dû à la manière surprenante dont est mis en scène le sujet de la souffrance parmi les hommes. En effet l’auteur n’adopte pas l’angle ordinaire du malheur comme conséquence du péché, mais tout à l’opposé comme l’expérience déroutante d’une série de catastrophes qui tombent sur un homme que Dieu lui-même déclare intègre, et cela à deux reprises. Il faut donc laisser de côté les idées simplistes et regarder les choses de près.

1. Les deux premiers chapitres

Présentation des personnages et du problème spécifique

Comme dans une pièce de théâtre, c’est là que nous sont présentés les personnages de toute l’action et qu’est posé le problème qui fera l’objet de toute la suite. Si le lecteur passe trop vite sur les 2 scènes développées là, il va rater l’essentiel du message du livre. Il pourra tirer certains enseignements justes, confirmés ailleurs dans la Bible. Mais il passera à côté de la pointe particulière, de l’objectif spécifique du livre de Job.

Voyons donc le contenu des chapitre. 1-2 :

D’abord le personnage central : Job : 1.1 et sa richesse —> 3d.

Chronologiquement on le situe très loin dans le passé, peut-être même avant Abraham. On peut admirer la connaissance que ces hommes – et tout particulièrement Job – ont de Dieu, sans aucune révélation écrite.

Suit alors une impressionnante scène au ciel :

présentée comme souvent dans la Bible : sobre, directe, sans détail annexe : 1.6-12.

Puis la 1e chaîne de catastrophes

Elles  enlèvent brutalement à Job tous ses troupeaux, beaucoup de serviteurs et même ses enfants—> 1. 20-22 !!

Nouvelle scène au ciel : —> 2.1-6.

Il perd sa santé et le soutien de sa femme : 2. 7-10.

Et le chapitre 2 se termine en annonçant l’arrivée de 3 amis venus le consoler.

2. La lecture classique

Une AG au ciel : Satan met en doute la motivation de Job

Une assemblée générale est convoquée par Dieu au ciel. Tous les anges y participent, même l’ange déchu. Celui-ci, malgré son évidente arrogance, doit rendre des comptes à Dieu et le dialogue se centre sur un homme en particulier, Job.

Dieu le connaît bien et en fait un éloge impressionnant : il n’y a personne comme lui sur terre. Satan est obligé de l’admettre, mais ce semeur de doute et de mensonges met en question la motivation de Job : 1. 9-11 ; 2. 4-6.

Et par 2 fois une série de calamités tombe sur le pauvre Job qui perd successivement :

tous ses biens dans une véritable rafale de nouvelles catastrophiques, puis ses enfants, sa santé, le soutien et le respect de sa femme, le soutien de ses amis.

Que lui reste-t-il alors ? Imaginons-nous à sa place :

un peu de vie, mais avec des douleurs constantes, son attachement à Dieu, mais il a l’impression profondément déroutante que Dieu ne lui rend pas justice et est même devenu son ennemi.

Il y a aussi ses 3 amis venus le consoler, mais avec leur esprit obtus ils l’énervent rapidement et iront jusqu’à prononcer des accusations scandaleuses sur son intégrité et son image de Dieu.

Une fois cette situation de départ bien notée, comment comprendre le message de tout le livre ?

La grande majorité des commentaires reconnaît le caractère extrême des épreuves de Job et explique qu’elles ont été nécessaires pour lui faire abandonner sa confiance en soi, « son orgueil », disent-ils, lui faire avouer sa condition limitée de pécheur.

D’autres expliquent que ces épreuves sont nécessaires pour approfondir sa vie spirituelle et l’introduire à des bénédictions bien plus grandes. Ce n’est pas faux, mais un peu passe-partout. Et surtout là n’est pas le vrai enjeu de ce livre.

D’autre part si le but du livre est de montrer si ces épreuves vont effectivement confirmer, affermir la foi de Job, ce livre prend une allure effrayante, car il me faudrait envisager comme normal d’affronter, moi aussi, des situations aussi extrêmes pour progresser dans ma foi. Même en face de problèmes moins lourds, suis-je capable, moi, de dire : L’Eternel a donné… ?

De plus, dans cette approche, l’attention se focalise sur l’homme, sur Job. Celui-ci devient un homme exceptionnel qui arrive à tenir face à un tel déluge de coups durs. Il devient un « héros de la foi » (ce qui est totalement étranger à sa mentalité), un magnifique exemple, mais difficile à égaler et, de plus, dans un passé bien lointain et une culture et des circonstances bien différentes.

3. Le vrai enjeu

Le vrai enjeu se situe ailleurs : non dans la personnalité de Job, mais dans les 2 dialogues entre Dieu et Satan.

À l’éloge que Dieu fait de Job Satan répond :

Est-ce de façon désintéressée que Job craint Dieu ?.. Porte la main contre lui…et je suis sûr qu’il te maudira en face.

Par deux fois le diable lance ce défi, bien dans la ligne de son arrogance de semeur de zizanie.

Et la grosse surprise : Dieu accepte, tout en fixant des limites. Il est et reste le Maître des circonstances.

Dieu accepte, parce qu’il connaît Job. Il a dit qu’il n’y a pas autre homme comme lui sur terre. Il croit donc que d’un tel homme il peut attendre la fermeté dans des évènements très durs, c’est-à-dire une démonstration de foi désintéressée, inconditionnelle. Même dans des circonstances aussi extrêmes.

Cette démonstration proclamera la gloire de Dieu

Et quand à la fin la preuve sera donnée que Dieu avait raison, qu’il pouvait effectivement attendre de l’homme un tel amour, qu’il en est digne comme Créateur et Maître de l’univers, cette démonstration proclamera non, par des paroles, mais par un fait incontestable, la gloire de Dieu devant toute la création et aussi à la face du monde de Satan, de ce semeur de doute et de zizanie.

Dieu connaît Job

Dieu connaît Job et croit en sa foi, à la sincérité de son attachement, au niveau de ce que Job devrait être capable d’endurer.

Il nous connaît aussi

Il nous connaît nous aussi et croit que notre amour est sincère. Et quand il permet une épreuve, elle est mesurée, dosée en fonction de notre foi et de notre maturité spirituelle. Elle reste contrôlée par le Maître des circonstances. Mais elle nous donne l’occasion de proclamer le gloire de Dieu à la face de notre entourage et aussi du monde invisible que nous sommes sérieux dans notre attachement à Dieu, qu’il le mérite bien comme Dieu et Sauveur.

Cette fois l’attention n’est pas centrée sur l’homme, mais sur Dieu,

L’enjeu n’est pas seulement la fermeté de notre foi et sa progression, mais une démonstration en actes de la gloire de Dieu.

Voilà une dimension à me remettre clairement devant les yeux, quand un coup dur arrive. Ce coup dur n’aura pas la gravité de ceux qui ont frappé Job, il sera à ma mesure, mais moi aussi je pourrai témoigner, à l’honneur de Dieu, qu’il est digne d’un amour inconditionnel, pour rien. Ce témoignage est possible à tous les niveaux de foi, même dans un quotidien banal.

On est là aux antipodes des conceptions des trois amis de Job.

Leur religiosité simpliste est certes exigeante et très élevée au-dessus du polythéisme de leur époque. Il y a des choses qu’il faut faire et d’autres qu’il faut vraiment éviter et tt cela sous le regard du divin Juge. Si tu fais le bien, tu seras béni ; si tu fais le mal, tu seras puni.

Et si Job a subi ces terribles calamités, c’est qu’il a gravement péché. Tous leurs efforts s’unissent pour le lui faire avouer et quand Job s’obstine à leur parler de sa justice, ces prétendus amis, venus pour le consoler, en viennent à l’accuser de mensonge, en termes cruels et impitoyables. Pour sauver leur piètre image de Dieu et le système qui en découle.

Ils s’entendraient bien avec un certain christianisme actuel qui a à peu près tout oublié de la Bible, à part les 10 commandements.

Ils s’entendraient aussi avec le commun des Juifs qui lisent ce livre dans leur Bible. Et là justement se situe une autre signification importante de ce livre.

Et avec une compréhension légaliste – donnant-donnant de l’Ancien Testament

Dans le cadre de l’AT, trop facilement compris de manière légaliste, voilà un livre, peut-être le plus ancien de tous, qui rejette avec vigueur toute scorie religieuse légaliste, commerciale du donnant – donnant cher aux trois amis.

Job craint Dieu parce que Dieu est Dieu

Non, Job ne craint pas Dieu, parce que cela apporte quelque chose à Dieu, ni parce que cela lui sert à lui-même, mais parce que Dieu est Dieu. Dieu en est digne à cause de ce qu’il est et non pas simplement à cause de tout ce qu’il nous donne.

Le Dieu unique et véritable, majestueux dans sa souveraineté et plein de grâce dans son amour et sa providence pour l’homme, mérite un amour véritable, désintéressé. C’est là une des grandes spécificités de notre foi en Christ.

Une épreuve, même incompréhensible, ne suffit pas pour justifier que je retire à Dieu ma confiance, que je le renie.

Dans une relation d’amour, les deux partenaires se connaissent, se font mutuellement confiance, comme une chose allant de soi. Nous savons qu’il est nécessaire et légitime de croire en Dieu, mais pensons-nous que Dieu croit aussi en nous, c’est-à-dire qu’il estime que puisque son amour est véritable, le nôtre le sera aussi et ne s’évaporera pas face à un coup dur. Celui-ci est connu d’avance, donc contrôlé par le Maître des évènements, qui lui donne une raison d’être constructive.

Job ressent le besoin d’un médiateur

Job ne comprend pas ce qui lui arrive, cette immense averse tombée d’un coup d’un ciel bleu. Contre toutes les accusations injustes de ses piètres consolateurs, il ressent fortement le besoin d’un médiateur, d’un garant de sa bonne foi auprès de Dieu. Et il a même l’intuition que ce médiateur, ce serait Dieu lui-même auprès de Dieu, c’est-à-dire Christ.

4. Bilan provisoire

La confiance de Job en Dieu

Il est vraiment étonnant de découvrir la confiance de cet homme en Dieu, lui qui a vécu au moins 4000 ans avant nous. Alors que nous, nous connaissons toute l’histoire d’Israël et pouvons lire à loisir une révélation détaillée de Dieu.

Cela ne veut-il pas dire que Dieu se révèle effectivement à qui le cherche sincèrement :

Vous me chercherez et vous me trouverez, pq vous me chercherez de tout votre cœur (Jérémie 29. 13).

L’actualité nous le confirme par les témoignages que nous entendons de gens qui n’ont aucun accès personnel à la Bible et à qui Dieu se révèle de nos jours.

Job désarçonné mais toujours attaché à Dieu

Job est totalement désarçonné : il ne comprend plus rien à ce qui lui arrive. Mais il ne se laisse pas entamer par les insinuations de sa femme et de ses amis. Non, dit-il en quelque sorte, je sais que Dieu m’aime et il sait que je l’aime, je veux rester attaché à lui, je ne le renierai pas. Et lui se lèvera le dernier sur la terre, il aura le dernier mot dans cette affaire : C’est lui que je contemplerai et il me sera favorable. Mes yeux le verront… Au plus profond de moi, je n’en peux plus d’attendre (19.27)

Alphonse Maillot, un commentateur perspicace, dit que Dieu remet sa cause à Job.

Il croit que son amour pour Job est assez fort pour que Job triomphe dans ce test. Sinon cela signifierait que son amour ne peut pas grand chose. C’est le sort de Dieu qui va se jouer sur terre, tandis que le sort de Job se joue au ciel.

Dieu est digne d’un amour inconditionnel

Finalement le défi lancé par l’adversaire à Dieu, qui le relève, devient le défi lancé par Dieu à l’adversaire qui sera vaincu dans les faits. Oui, Dieu est digne d’un amour inconditionnel, parce qu’ il n’y a pas d’autre Dieu dans la création, il est majestueusement saint et réellement amour.

C’est une revanche sur l’événement du jardin d’Eden où l’homme avait accepté l’idée de Satan que l’amour de Dieu était intéressé, que Dieu voulait se préserver des privilèges.

A suivre …

J-J Streng

 

Une maison pour l’Éternel

Une maison pour l’Eternel, qui la construira ?

C’est le dernier des 8 fils de son père, celui qui gardait les moutons et qu’on a fait venir au dernier moment devant le prophète Samuel, mais c’est lui qui a reçu l’onction et l’esprit de l’Eternel (1 Samuel 16.11-13)

C’est celui qui se faisait injustement traiter de prétentieux par son frère aîné (2 Samuel 17.28) mais c’est lui qui a montré plus de courage et de confiance en Dieu que l’armée d’Israël et le roi Saül, c’est lui qui a abattu le géant Goliath d’une pierre de sa fronde.

C’est celui qui a fui pendant des années dans tout le pays et au dehors pour échapper à la jalousie et à la folie meurtrière du roi Saül mais c’est lui qui est maintenant le roi d’Israël : c’est David.

2 Samuel 7. 1-17 : vous pouvez lire en cliquant sur la Bible dans la colonne, à droite 

I. Une maison pour l’Eternel, quelle bonne idée !

1 Lorsque le roi habitait dans sa maison et que l’Eternel lui avait donné du repos de tous ses ennemis d’alentour, 2 le roi dit à Nathan le prophète : vois j’habite dans une maison de cèdre et le coffre de Dieu habite au milieu du tissu de poils de chèvre. 3 Et Nathan dit au roi : tout ce qui est dans ton cœur, va, fais-le, car L’Eternel est avec toi.

Plus d’expéditions armées pour le moment contre les ennemis voisins. Dieu a accordé un temps de tranquillité. Accoudé à une fenêtre de son palais tout neuf, David contemple la ville de Jérusalem, la nouvelle capitale de son royaume, la cité de David récemment conquise (5. 6-10).

Dieu est bien là. Le roi a fait amener dans la ville le coffre qui symbolise la présence divine, le coffre en bois d’acacia plaqué d’or pur avec son couvercle surmonté de deux chérubins ailés en or massif (description détaillée dans Ex 25.10-22).

Oui mais, le coffre de Dieu habite sous un tente en poils de chèvre.

C’est ce qu’on voit de l’extérieur, les tentures intérieures sont beaucoup plus luxueuses.

« Et moi, David, je vis dans un beau palais, structure bois de cèdre. Cette tente en poils de chèvre n’est pas digne de Dieu. Ce n’est pas normal. Il faut faire quelque chose. »

Mais pas sans réflexion, pas sans prendre l’avis du prophète Nathan.

Nathan comprend tout de suite où David veut en venir.

Un temple ! Un magnifique temple ! Enfin, un lieu de résidence digne et permanent pour le coffre de Dieu !
“ Oui! s’écrie Nathan. Fais tout ce que tu as dans le cœur, car Dieu est avec toi.

Nathan s’exprime à titre personnel et pas à la suite d’une révélation directe de Dieu.
On a le droit d’évaluer une situation et on peut donner un avis sensé sans révélation prophétique directe, en tenant compte des faits, des circonstances et de la connaissance qu’on a de Dieu. Il faut seulement être attentif : Dieu peut indiquer une autre direction.

II. Non, David, je n’ai pas besoin de maison

4 Cette nuit-là, il y eut une parole de l’Eternel à Nathan : 5 Va et tu diras à mon serviteur David: Ainsi parle l’Eternel : est-ce toi qui bâtiras pour moi une maison pour que j’y habite ?6 En réalité, je n’ai pas habité de maison depuis le jour où j’ai fait monter les fils d’Israël d’Égypte et jusqu’à aujourd’hui je me déplaçais en résidant sous une tente comme demeure. 7 Partout où je me suis déplacé parmi tous les fils d’Israël ai-je adressé une parole à l’une des tribus d’Israël (d’après le texte original et les différentes versions Segond) ou à l’un des chefs d’Israël (Semeur, BFC, Parole de Vie) à qui j’ai donné l’ordre de diriger mon peuple Israël en ces termes : pourquoi ne m’avez-vous pas bâti une maison de cèdre ?

au v. 7, le texte original et les versions Segond parlent de tribus mais l’Ancien Testament ne dit jamais qu’une tribu ait dirigé Israël. La traduction chef de tribus est préférable.
Dieu parle donc directement à Nathan pendant la nuit : le prophète n’a pas peur de changer de position et de le faire savoir au roi.

Le changement de position pouvait être risqué. Dans les monarchies de l’époque, le prophète était surtout d’abord un courtisan qui devait avant tout soutenir et approuver les initiatives du roi.

Il était habituel qu’un monarque du Moyen-Orient ancien construise des temples.

La divinité ainsi honorée devait garantir la bénédiction et la durée du royaume pendant la vie du roi et celle de sa dynastie (sa descendance)

Ainsi, dans les « Nouvelles royales d’Egypte », le pharaon projette de construire un temple. Il s’entretient avec des personnages de la cour et certains s’opposent au projet. Mais le Pharaon reçoit en rêve l’accord de la divinité. Le projet se réalise donc. La fin du récit affirme la légitimité du Pharaon et de sa dynastie.

Dans la lettre de Mari (17e BC) c’est donnant-donnant : Si le roi ne construit pas le temple, le dieu lui retirera son pouvoir ; si le roi construit le temple, le dieu lui affermira son trône.

Il arrive même que la divinité refuse de répondre au roi. Dans la “ malédiction d’Agadé ” (2° millénaire av. JC.), le roi projette de construire un temple, mais la divinité ne lui répond pas. Le roi fâché détruit alors tous les temples ce qui amène le malheur sur la cité d’Agadé.

Contrairement au modèle égyptien, ce n’est pas la volonté du roi qui s’accomplit : David devra réviser ses plans en fonction de la prophétie reçue par Nathan

La révélation de Dieu transmise par Nathan commence par des paroles très encourageantes. David est appelé « mon serviteur » à l’égal d’Abraham ou de Moïse.

Dieu met les choses au point : il n’a pas besoin d’une construction en dur.

Quand il a fait sortir les Israélites d’Égypte (v. 6), tout au début, il n’avait aucune résidence matérielle, même pas une tente. Mais sa présence était réelle, dans la nuée et la colonne de feu, et certainement impressionnante (Exode 13: 21-22)

Plus tard, au moment de quitter le mont Sinaï, Dieu a ordonné de construire une tente en peau de chèvre, comme lieu d’habitation (Exode 26: 1-37; 40: 34-38).

En terre d’Israël, Dieu ne s’est jamais plaint d’habiter sous une tente. Il n’a jamais commandé de lui construire une maison de cèdre. Sa présence était évidente, elle se manifestait à travers les chefs qui dirigeaient le peuple d’Israël.

Il y a conflit dans la manière de comprendre la présence de Dieu et de se s’assurer cette présence.

Les hommes pensent nécessaire de construire un temple, Dieu n’accepte pas de demeure permanente sur terre. Il ne veut pas être acheté, contrôlé ou limité par un bâtiment, surtout luxueux.

Il y avait aussi un danger à localiser Dieu à un endroit précis.

Selon les conceptions de l’époque, chaque pays avait ses divinités locales qui fonctionnaient bien à l’intérieur des limites du territoire, mais pas à l’extérieur. Un dieu des montagnes assurait la victoire dans les guerres en montagne, un dieu des plaines la garantissait dans les batailles en plaine. On en a quelques exemples dans des récits de la Bible. (v)

Dieu est tout puissant, omniprésent, universel. Il échappe à toute localisation que voudraient lui imposer les hommes.

Si l’on parcourt l’histoire d’Israël, on se rend compte que Dieu a accepté de résider dans le Temple construit par Salomon (1 R 8.10). Mais cette présence de Dieu n’était pas automatiquement et sans condition liée au Temple. Les habitants de Jérusalem se l’étaient imaginé dans les derniers temps de l’existence du royaume de Juda avant la destruction de la ville et du Temple et l’exil de 586 à Babylone.

Ainsi, le prophète Jérémie échappe de peu au lynchage parce qu’il dénonce une conception magique du Temple et en même temps une conduite sociale et religieuse intolérables.

Ne vous livrez pas à des espérances trompeuses, en disant: C’est ici le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel, Le temple de l’Éternel!
Jérémie 7.4

Comme les Indiens qui répètent des mantras, on répétait « temple de l’Eternel » pour garantir (croyait-on) la sécurité de la ville et de ses habitants face à l’invasion de l’armée babylonienne (7.10) Mais cela n’empêchait pas « d’exploiter l’immigré, l’orphelin et la veuve, de tuer des innocents et d’adorer d’autres dieux (7.6 et 9). Ézéchiel a vu carrément la gloire de Dieu s’éloigner du temple. (v)

8 Et maintenant ainsi tu parleras à mon serviteur David : ainsi parle L’Eternel des armées, moi je t’ai pris depuis le pâturage de derrière le troupeau pour être chef sur mon peuple sur Israël. 9 Et j’ai été avec toi partout où tu es allé et j’ai retranché tous tes ennemis devant toi et je t’ai fait un grand nom comme le nom des grands qui sont sur la terre.

Pendant un moment grisant, David avait serré dans son cœur son plus grand rêve, construire un temple pour Dieu

Et voici Nathan avec la mauvaise nouvelle : le rêve est anéanti, David n’a pas la permission de construire le Temple.

Comment réagir dans un cas semblable ? Une belle intention qui n’a pas pu être réalisée comme on voulait ?

S’apitoyer sur soi, aller bouder dans sa chambre, s’en prendre aux circonstances, aux autres, à Dieu… ou alors réfléchir…

Dieu pousse David à se rappeler, à réfléchir à ce qu’il a déjà reçu

« Avant de te plaindre de la seule chose que tu ne puisses obtenir, souviens-toi de tout ce que tu possèdes bel et bien. Avant de te lamenter sur ce que Je ne t’ai pas accordé, souviens-toi de tout ce que Je t’ai donné. »

Tu étais un petit berger, sans avenir, je t’ai choisi comme chef pour mon peuple.
Remarquons la nuance : chef (choisi par Dieu) et pas roi. C’est Dieu qui reste le vrai roi d’Israël.
Tu es passé de l’état le plus humble à la position la plus élevée, alors n’oublie pas la grâce, la bonté de Dieu envers toi. Je t’ai fait un nom grand

Quand nous ne pouvons oublier l’échec et la frustration, nous devons nous rappeler « Compte les bienfaits de Dieu… »

10 J’ai attribué un lieu pour Israël mon peuple et je le planterai et il séjournera à sa place et il ne sera plus troublé et les fils de l’injustice ne continueront plus à l’opprimer comme auparavant. 11 Et depuis le jour où j’avais établi des juges sur mon peuple Israël, je t’ai donné du repos de tous tes ennemis. L’Éternel te déclare que l’Éternel fera pour toi une maison (c’est à dire dynastie).

Auparavant, en Égypte, Israël était sous l’esclavage du pharaon. Par la suite,
à l’époque des Juges, il y a eu des périodes troublées. Quand les Israélites péchaient contre Dieu, ils étaient livrés à leurs ennemis. Le pays était occupé ou alors ils étaient emmenés en captivité. (Un exemple dans Juges 2.11s)

David voudrait un temple parce qu’il recherche la faveur de Dieu, la stabilité pour le pays.

Dieu le lui rappelle : Il a déjà assuré la stabilité du pays et il continue à le faire  : j’ai attribué un lieu pour Israël, il séjournera à sa place, il sera plus troublé… ni opprimé.

Il a déjà manifesté sa faveur envers David : Je t’ai fait un nom grand, je t’ai donné du repos de tous tes ennemis

Et voici la grande surprise.

Elle est introduite à la fin du v. 11

– par le changement de personne.

Le texte passe de la 1e personne (je t’ai donné du repos à la 3e personne répétée avec solennité : l’Eternel te déclare que l’Eternel fera pour toi ????

– Et par un jeu de mots sur ‘maison’

David, tu voulais faire construire un temple, c’est à dire une maison pour l’Eternel. Tu n’a pas besoin de construire une maison impressionnante pour y faire habiter l’Eternel. Elle existe déjà, c’est la présence de Dieu dans ta vie.

III. Moi, l’Eternel je vais faire encore bien mieux pour toi. Je vais te construire une maison.

Pas un bâtiment mais une descendance, une dynastie qui règnera après toi sur Israël.

Ton idée était bonne mais ce n’était pas celle de Dieu, pas pour aujourd’hui mais pour plus tard, pas pour toi mais pour quelqu’un d’autre.

Dieu a fait pour David beaucoup plus que tout ce que nous demandons ou pensons. (Éphésiens 3.20)

Cependant, la stabilité n’a pas duré pendant toute la vie de David. Les conflits et les guerres ont repris. Les prophètes l’ont compris en référence à une période future (Ésaïe16: 5; Jérémie 33: 15-16) .

12 Quand tes jours seront complets et que tu te coucheras avec tes pères, je te susciterai un descendant après toi qui sortira de tes entrailles et j’affermirai son règne. 13 C’est lui qui bâtira une maison pour mon nom et j’affermirai son trône royal pour toujours.

Ce n’est pas David, mais Salomon, pas encore né à ce moment là, qui fera construire le Temple entre 966 et 959 avant JC (1 Rois 6: 1-38)

Il bâtira une maison pour mon nom.

On distingue, la maison, le temple et la personne de Dieu. Le nom n’est pas la personne. Le temple sera construit en l’honneur de Dieu, pas pour Dieu.

Dieu a refusé que David lui fasse cadeau d’un temple pour s’assurer son aide. Il accorde tout de même un temple, car c’est l’homme qui en a besoin, comme signe de stabilité des relations établies avec Dieu.

Et cette stabilité, c’est Dieu qui l’accorde et la garantit

J’affermirai son trône royal pour toujours.
C’est la royauté, représentée par le trône que Dieu va affermir, rendre durable.

14 Moi je serai pour lui un père et lui sera pour moi un fils de sorte que lorsqu’il fera le mal je le corrigerai avec un bâton d’hommes et avec des coups de fils d’homme. 15 Mais ma bienveillance ne se retirera pas de lui comme je l’ai écartée de Saul que j’ai écarté de devant toi. 16 Et ta maison et ton règne seront affermis pour toujours devant toi ; ton trône sera affermi à toujours. 17 Selon toutes ces paroles et selon toute cette vision, ainsi Nathan parla à David.

Le v. 14, je serai pour lui, il sera pour moi est une formule d’alliance. Elle est utilisée d’habitude pour conclure un mariage ou une adoption.

Ici, elle exprime l’alliance que Dieu fait avec David, une alliance qui est aussi englobée dans celle que Dieu avait faite avec le peuple d’Israël au mont Sinaï.

Maintenant, si vous m’obéissez et si vous restez fidèles à mon alliance, vous serez pour moi un peuple précieux parmi tous les peuples, bien que toute la terre m’appartienne. Mais vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte. » Ex 19.5-6

Elle prolonge la promesse prophétique faite à la tribu de Juda des centaines d’années auparavant quand Jacob bénit avant de mourir ses 12 fils, chefs des futures tribus d’Israël,

Le sceptre ne s’écartera pas de Juda, et l’insigne de chef ne sera pas ôté d’entre ses pieds jusqu’à la venue de celui auquel ils appartiennent et à qui tous les peuples rendront obéissance. Gn 49.10.

Dieu fait de David le fondateur d’une famille royale instituée à perpétuité. Elle ne sera jamais rejetée, comme l’a été la famille de Saül.

Mais ce n’est tout de même pas un chèque en blanc.

Tout roi de cette famille qui fait le mal sera puni par les bâtons des hommes, c’est à dire par des moyens humains, comme la division, l’invasion, la guerre. C’est ce qui s’est passé pour Salomon : il n’est pas resté fidèle à Dieu à la fin de son règne (1 Rois 11.11-13).

Son fils a perdu la plus grande partie de son royaume, ne gardant que 2 tribus sur 12. Les différents rois de Juda, descendants de David ont été plus ou moins fidèles à Dieu. Il y a eu des personnages remarquables comme Josias et d’autres sans scrupules ni fidélité comme ses fils et petits fils. Ces derniers n’ont jamais voulu admettre que Dieu puisse leur enlever le royaume à cause de leur infidélité et de leur idolâtrie.

Mais alors, la promesse d’un règne qui durerait toujours ? Comment comprendre que la dynastie de David ait été interrompue ?

Le « si » la condition de fidélité à l’alliance n’a pas été respecté

ou partiellement seulement à travers quelques rois fidèles.

Mais le « cependant », le néanmoins » de la grâce n’est pas annulé.

Du peuple en exil reviendra une famille de la tribu de Juda d’où naîtra Jésus, issu de la lignée de David, Jésus le Messie, l’envoyé de Dieu, le Fils de Dieu. Il sera la vrai bâtisseur du vrai temple de l’Eternel.

Écoute ce que déclare le Seigneur des armées célestes : Voici un homme dont le nom est Germe, et sous ses pas, tout germera. Il bâtira le Temple de l’Éternel. C’est lui qui bâtira le Temple de l’Éternel. Il sera revêtu de majesté royale, et il siégera sur son trône pour gouverner. Il sera aussi prêtre sur son trône. Il y aura une pleine harmonie entre les deux fonctions Zacharie 6.12-13

Voici, j’enverrai mon messager; Il préparera le chemin devant moi. Et soudain entrera dans son temple le Seigneur que vous cherchez; et le messager de l’alliance que vous désirez, voici, il vient, dit l’Éternel des armées. Malachie 3.1

David voulait faire construire un temple, une maison en l’honneur de Dieu. Dieu lui a accordé beaucoup plus que ce qu’il demandait. Pas de temple tout de suite mais plus tard, et surtout la promesse d’une lignée aboutissant à Jésus, le Messie, le Christ, le véritable temple de Dieu.

Et nous, les chrétiens, nous sommes les pierres vivantes de ce temple de Dieu.

Le Temple de Dieu de l’Ancien Testament n’était pas fait pour les hommes mais d’abord pour Dieu seul. Seul le grand prêtre avait accès une seule fois par an à la présence directe de Dieu.

Ce bâtiment était vraiment réservé à Dieu seul. Personne n’y entrait, à part les hommes de la tribu de Lévi, institués pour le service.

Dans le lieu le plus retiré, le lieu très saint, avait lieu, une seule fois par an, une seule rencontre, le jour du grand pardon ou yom Kippour.

Le grand prêtre amenait le sang d’un bélier sacrifié pour les péchés rituels et involontaires, les siens et ceux du peuple.

Le sang répandu sur le couvercle du coffre de l’Eternel, sur les chérubins en or massif représentait à l’avance le sang que Jésus, l’agneau de Dieu verserait pour le péché des hommes, pour le péché de chacun de nous qui avons été graciés par la miséricorde de Dieu.

Une Église a parfois un projet de construction, mais la différence est fondamentale. Le nouveau bâtiment n’est pas d’abord pour Dieu, mais surtout pour elle, pour permettre à ses membres, à ses visiteurs, de s’asseoir confortablement et de vivre ses activités à l’abri du soleil et de la pluie.

Il ya beaucoup plus important. La rencontre avec Dieu pour le pardon des péchés n’est pas limitée à une seule fois dans l’année. Le sacrifice de Jésus sur la croix a eu lieu une seule fois pour toutes.

Nous pouvons nous approcher librement de Dieu, même en dehors de tout bâtiment : ce qu’il veut de nous, ce ne sont pas d’abord nos réalisations, nos bonnes œuvres, mais des coeurs ouverts à sa direction,

Soyons des chrétiens et des chrétiennes qui comprennent qu’ils sont les pierres vivantes de la maison spirituelle de Dieu.

C. Streng