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Paix avec Dieu, paix entre les hommes, sans compromission ni exclusion

La paix, une notion aux multiples facettes

Tout le monde parle de paix, nous aussi.
Paix à tous les hommes de bonne volonté  mais alors, que se passe-t-il avec ceux qui sont de mauvaise volonté ?

Un désir ardent de paix mais on a de la peine à la trouver dans les relations avec Dieu et les autres
Soyez en paix avec Dieu. Mais Dieu ne s’intéresse pas à moi !
Soyez en paix avec les autres  Quels autres ? Ma famille, mes amis, c’est déjà assez difficile mais les étrangers alors…

Un désir profond mais souvent mal exprimé par des hommes et des femmes de toutes les époques. Comment en parler avec pertinence ?

La paix définie dans les Ecritures

Dans l’Ancien Testament,  shalom/paix, c’est le bien-être en général. Aussi bien dans les activités quotidiennes et les relations courantes que dans les attentes religieuses les plus profondes.

Le shalom est un don de Dieu. Il inclut la notion de paix, de salut.

C’est un mot positif.
Pas « absence de guerre » Mais relation harmonieuse entre les personnes, fondée sur l’ordre et la bénédiction de Dieu.

Le shalom est conditionnel : « pas de paix pour les méchants » (Esaïe 48.22)

Le salut du Shalom s’exerce dans un contexte de justice c’est à dire de bonnes relationq réciproques entre les hommes et entre les hommes et Dieu.

Observe celui qui est intègre, et regarde celui qui est droit Car il y a une postérité pour l’homme de paix.  Psaume 37.37

Voici ce que vous devez faire : que chacun dise la vérité à son prochain ; jugez dans vos portes selon la vérité et en vue de la paix (Zacharie  8 .16)

Agapè (amour qui se dévoue) est le mot grec du NT qui recouvre le mieux le sens de Shalom. Paix et amour entre les chrétiens dans l’Eglise et aussi vers l’extérieur.

La nouveauté apportée par Jésus-Christ : il est lui-même, dans sa personne le shalom, la paix, l’agapè.

La paix concerne les relations interpersonnelles et sociales mais à la base elle dépend de notre relation avec Dieu par le Christ.

1. La paix aux conditions de Dieu

Trouver la paix avec Dieu et avec les hommes, et la maintenir est un difficile exercice d’équilibre. On risque même de la pervertir si on ne se place pas d’emblée dans les conditions exigées par Dieu.

Dans l’Ancien Testament, la paix avec Dieu dépendait avant tout de la foi et de l’adoration du Dieu unique.

Sache donc en ce jour, et retiens dans ton coeur que l’Eternel est Dieu, en haut dans le ciel et en bas sur la terre, et qu’il n’y en a point d’autre. Deutéronome 4.39.

Toute forme d’idolâtrie était exclue. Relire Lévitique 26.1-2

La présence de Dieu parmi son peuple garantissait une vie tranquille et abondante avec la paix dans le pays et au dehors. Elle était étroitement liée au respect de l’alliance et à l’obéissance aux Lois de Dieu. Relire Lévitique 26.3 et la suite

La paix au risque de la désobéissance

Si on veut la paix à n’importe quel prix, le prix à payer peut être la désobéissance à Dieu.

Dans ce cas, les avertissements étaient sans appel. L’obstination dans la désobéissance provoquait les malédictions.

Dieu laissait tout de même une porte de sortie : le peuple dispersé parmi les nations pouvait se repentir, revenir à lui. Dieu se souviendrait alors de son alliance et les ramènerait dans leur pays. Extraits de Lévitique 26.14s

Cette alternance entre paix avec Dieu/obéissance/ bénédictions/vie tranquille et désobéissance /malédictions/ guerres avec les voisins, invasions à répétition, paix précaire s’est répétée tout au long de l’histoire d’Israël.

Israël était un peuple petit et isolé parmi toutes les nations païennes (Philistins, Cananéens). Ces nations étaient plus fortes militairement et mieux équipées techniquement. Il était tentant de chercher si l’herbe était plus verte de ce côté là. Baal le dieu cananéen de la pluie ou Astarté déesse de la fécondité ne pourraient-ils pas donner un petit coup de pouce…au problème agricole ou familial dans un climat aride.

D’où le refrain du livre des Juges répété 12 fois : Israël désobéit à Dieu en pratiquant l’idolâtrie de ses voisins. Pillages et invasions. Appel au secours. Dieu envoie un Juge (un chef militaire avec une autorité morale et judiciaire) pour les délivrer. Après la mort du juge, on retombe dans le même travers.

De l’installation en terre promise jusqu’à l’exil à Babylone en 587, en gros 700 ans, la foi sincère et exclusive envers Dieu (Josué, David, Josias) a alterné avec une religiosité mêlée d’idolâtrie (plusieurs rois de Juda) ou une idolâtrie sans complexes (tous les rois d’Israël).
Il fit ce que l’Eternel considère comme mal.

La paix au risque de la compromission

Au temps de derniers rois de Juda, la compromission était totale : la conscience était bafouée, les principes moraux et religieux piétinés. Des alliances avec les puissances païennes remplaçaient l’alliance avec Dieu.

Pour plaire à tout prix à l’empereur assyrien qui dominait en fait le pays. (Tiens, pourquoi ? ) pour avoir la paix, on invitait ses idoles dans le Temple de Dieu.

A l’entrée du Temple de Jérusalem, le culte du soleil était représenté par un cheval tirant un char. Et pour ajouter un peu de piquant, le cheval avait des fonctions divinatoires. Accompagnées de sacrifices, des paroles chuchotées à son oreille gauche pouvaient avoir leur effet… en particulier pour la sécurité de l’Etat.

Drôle de manière de concevoir la paix.  Pas si drôle. N’y a-t-il pas aussi aujourd’hui des chefs d’Etat qui consultent des voyantes…

Un bel exemple pour la population. On a trouvé des ex-votos d’un certain Urie de Kirbet El Kom qui mélangeait allègrement les genres

« YHWH “a sauvé” Urie “de ses oppresseurs par son Ashéra” » c’est à dire, une idole féminine

La destruction du temple et l’exil en 586 ne nous étonnent pas. Plusieurs prophètes l’avaient annoncé.

La paix au risque de l’ exclusion

Au retour d’exil, et dans la suite un changement total d’optique.

La repentance, le retour à Dieu prévu dans Lévitique 26 a bien eu lieu. La leçon a été comprise, peut-être même trop bien comprise.

A l’époque de Jésus, il n’est plus question de frayer avec l’étranger. Il est devenu le tentateur, l’ennemi, celui qu’il faut rejeter. Il faut s’en méfier, lui mettre des barrières même s’il s’intéresse de près à la religion juive.

On passe ainsi de la compromission avec l’idolâtrie à l’exclusion des personnes. Or Dieu avait prévu que le peuple d’Israël serait un témoin parmi les nations

Quelques réflexions pour aujourd’hui et demain

Plus d’idoles aujourd’hui, plus de dieux de pierre et de bois ? Plus de compromission ?

La paix avec son corps, avec sa pensée, avec les autres est perturbée. On cherche n’importe où, sur internet et ailleurs des remèdes, des solutions aux conséquences dévastatrices. On nous parlait récemment d’une adolescente engluée dans l’occultisme…, une parmi d’autres

Pourquoi tous ces produits de substitution pour se fabriquer une paix bricolée contre Dieu. Si on vous dit « en plus ou à côté » ne le croyez pas, c’est contre en gras et souligné.

Vouloir la paix avec Dieu et tout savoir d’avance ne risque-t-il pas de briser cette paix ?

Pensons à ces « électrons libres » qui s’imaginent découvrir le jour de l’enlèvement de l’Eglise, à coup de calculs foireux sur les planètes. Ils perdent et font perdre la paix à des disciples perturbés en voulant trop la chercher et de la mauvaise manière.
D’ailleurs, ça ressemble beaucoup à l’horoscope. Celui qui le consulte voudrait bien savoir…au cas où …

Connaître d’avance si c’est le 15 septembre ou le 32 février et ainsi se racheter une bonne conduite de bon chrétien ce jour-là ne permettra pas de plaire à Dieu. C’est tous les jours qu’il faut vivre une bonne relation avec Dieu et attendre sa venue, même sans prier ou lire sa Bible à ce moment-là. Exemple Loyola jouerait aux billes. Luther planterait encore un arbre.

Certains pensent que l’Ecriture seule, la foi seule, la grâce seule ne suffisent pas pour avoir la paix avec Dieu. Alors ils ajoutent l’intermédiaire des saints…D’autres ajoutent le légalisme, des méthodes de spiritualité.

D’autres encore introduisent des doctrines et des pratiques douteuses. Ainsi le combat spirituel dans les lieux célestes s’est transformé en lutte contre les esprits territoriaux, sur terre. Un livre d’un pasteur suisse lu récemment donne le témoignage d’attaques violentes et pas seulement verbales sur certaines franges de la population.
On est passé de la paix à la lutte contre les autres, à la paix par exclusion.

2. Le Temple de Jérusalem, lieu de paix rendu à l’adoration par Jésus Christ

Maquette du Temple d’Hérode à Jérusalem

Ils arrivèrent à Jérusalem, et Jésus entra dans le temple. Il se mit à chasser ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple ; il renversa les tables des changeurs, et les sièges des vendeurs de pigeons ; et il ne laissait personne transporter aucun objet à travers le temple. Et il enseignait et disait : N’est-il pas écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations ? Mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs. Marc 11.15-17

Après son entrée triomphale à Jérusalem, Jésus chasse les marchands de la cour du Temple et renverse les tables des changeurs d’argent.

Ce n’est pas un acte irréfléchi fait dans l’énervement. Jésus était doux et humble de cœur (Matthieu 11.29) Mais il n’était pas lâche. Il défendait l’honneur de Dieu et aussi la possibilité pour chacun de s’approcher de lui pour avoir la paix avec lui.

« Une maison de prière pour toutes les nations », mais des espaces séparés qui excluent

Dans l’ancienne alliance, l’accès à Dieu n’était pas totalement ouvert. Il y avait une séparation entre les prêtres qui pouvaient entrer dans le Temple et le peuple qui restait dans la cour extérieure.

A l’époque de Jésus, des barrières en maçonnerie d’1,30 m délimitaient des cours séparées entre les plus purs et les moins purs ou les pas du tout purs.
Entre les prêtres et les hommes, entre les hommes et les femmes, entre les juifs et les non juifs.

Les non juifs qui voulaient s’approcher de Dieu selon la religion juive avaient leur cour à part. Une pancarte avertissait les étrangers de ne pas franchir la barrière sous peine de mort.

Les espaces séparés qui éliminent en fait l’adoration

Alors pourquoi ces marchands, ces changeurs, ces vendeurs de pigeons occupent-ils la cour réservée aux païens « craignant Dieu », et prosélytes ?
Pourquoi occupent-ils avec leur marchandise et leurs animaux le seul endroit où la prière des étrangers est admise ?

La cour pour la prière des non juifs transformée en marché

Le grand prêtre Caïphe avait déplacé le commerce des animaux nécessaires pour le sacrifice depuis la vallée du Cédron justement dans cette cour-là, comme par hasard ou plutôt par mépris total pour les païens.

Au temps de Jésus, les sacrifices d’animaux étaient encore le moyen prescrit pour s’approcher de Dieu, faire la paix avec lui.

Très pratiques ces commodités commerciales. Elles prétendaient faciliter les sacrifices pour les  juifs venus de loin en leur permettant d’acheter un animal sur place, mais au prix imposé … avec un bénéfice pour le vendeur, c’est à dire le grand prêtre ou sa famille

En plus de l’exclusion sans complexe des non juifs, c’est aussi un pas joli racket financier.

On appelait cette cour le « bazar des fils d’Hanne », un grand prêtre. Les bénéfices des changeurs étaient exorbitants.
Un autre grand prêtre a été surnommé « le grand ramasseur d’argent »

Les dirigeants juifs empêchent donc les non juifs, les païens en recherche, d’avoir accès à Dieu et de trouver la paix avec lui

« Une maison de prière pour toutes les nations », une promesse d’intégration dans le peuple de Dieu

« Une maison de prière pour toutes les nations » renvoie à Esaïe et à l’ensemble de l’Ancien Testament

Relations de paix entre Juifs et étrangers

Esaïe 56 traite de l’intégration des étrangers dans le peuple de Dieu. Donc d’une paix possible entre les juifs d’origine et les païens convertis

Quant aux étrangers qui s’attacheront au SEIGNEUR afin d’officier pour lui, qui aimeront le nom du SEIGNEUR au point de devenir ses serviteurs, tous ceux qui observeront le sabbat en se gardant de le profaner, et qui demeureront fermes dans mon alliance, je les amènerai dans ma montagne sacrée et je les réjouirai dans ma maison de prière ; leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel ; car ma maison sera appelée « Maison de prière pour tous les peuples ». Déclaration du Seigneur DIEU, qui rassemble les bannis d’Israël : J’en rassemblerai d’autres avec les siens déjà rassemblés. Esaïe 56.6-8

Selon cette prophétie, le Temple doit être utilisé pour le bien de l’étranger qui recherche Dieu, pour que l’étranger bénéficie aussi de la paix avec Dieu

Je les réjouirai dans ma maison de prière

Les étrangers qui prennent la décision servir Dieu seront reçus dans sa maison, dans le Temple au moment où le Seigneur ramènera son peuple de l’exil. Leurs sacrifices –leurs prières – seront acceptés comme ceux du peuple d’Israël.

« Une maison de prière pour toutes les nations , de la promesse à Abraham à la prière de Salomon à la consécration du Temple

C’est le rappel de la promesse de Dieu à Abraham

Toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité » (Genèse 18.18 et 22.18).

Cette promesse est confirmée par Salomon lors de la prière de consécration du premier Temple

Quand l’étranger, … viendra d’un pays lointain, à cause de ton nom, …, quand il viendra prier dans cette maison, exauce-le des cieux, du lieu de ta demeure, et accorde à cet étranger tout ce qu’il te demandera, afin que tous les peuples de la terre connaissent ton nom pour te craindre, comme ton peuple d’Israël, et sachent que ton nom est invoqué sur cette maison que j’ai bâtie ! 1 Rois 8.41-43

Promesse réalisée par l’accomplissement de la prophétie d’Esaïe 19-23-25

La promesse de paix et de bénédiction sera effective quand sera accomplie la prophétie d’Esaïe 19.23-25 promettant la paix entre Juifs et païens étrangers

En ce même temps, il y aura une route d’Egypte en Assyrie : Les Assyriens iront en Egypte, et les Egyptiens en Assyrie, Et les Egyptiens avec les Assyriens serviront l’Eternel.
En ce même temps, Israël sera, lui troisième, Uni à l’Egypte et à l’Assyrie, Et ces pays seront l’objet d’une bénédiction. L’Eternel des armées les bénira, en disant : Bénis soient l’Egypte, mon peuple, Et l’Assyrie, œuvre de mes mains, Et Israël, mon héritage !

Ces textes montrent comment se conduire envers les étrangers qui veulent s’intégrer au peuple d’Israël en aimant son Dieu et en respectant son alliance et sa Loi. Rien ne doit être fait pour les décourager ou les dissuader, tout pour les aider à s’intégrer.

Relations de paix aussi envers les étrangers non assimilés

Quant aux étrangers restés païens (les Ger), qui habitent dans le pays, la Loi de Dieu est très claire. Pas de compromission avec leur coutumes religieuses, mais pas non plus d’exclusion et d’injustice.

Exode 22.21 Tu ne maltraiteras point l’étranger, et tu ne l’opprimeras point ; car vous avez été étrangers dans le pays d’Egypte.
Deutéronome 23.15 Tu ne livreras point à son maître un esclave (souvent un étranger) qui se réfugiera chez toi, après l’avoir quitté.
Deutéronome 24.17 Tu ne fausseras pas le cours de la justice au détriment d’un immigré, ni d’un orphelin, et tu ne prendras pas en gage le vêtement d’une veuve.

On leur doit au moins le respect, la protection et la justice. C’est une condition minimale pour établir avec eux des relations de paix. Il ne s’agit pas de les forcer à entrer dans notre cadre, mais de leur donner un témoignage de vie qui les rassure et si possible les attire.

Jésus chassant les marchands du Temple désapprouve donc l’attitude d’Israël, en particulier de ses chefs : le peuple de Dieu a perdu de vue sa mission de témoignage en faveur de tous les peuples.

La paix dans nos relations : un défi et un choix de sagesse, d’honnêteté et aussi de courage (Colossiens 4.5, 1 Thessaloniciens 4.12)

La relation paisible est d’autant plus difficile que l’autre est plus éloigné de moi. « Avec celui-ci, celle-là, avec ces gens là, je n’ai pas d’atomes crochus ».

Même si son accent est différent du mien, sa peau un peu plus brune, sa cuisine plus épicée, et même sa religion différente de la mienne, Dieu exige tout de même le respect, la protection et la justice. Pas de délit de faciès.

Dans les temps qui courent, ces exigences sont loin d’être respectées. On observe plutôt la peur et le rejet. Evidemment tous les réfugiés ne sont pas inoffensifs et certains peuvent être dangereux. Ils participent aux péchés communs à tous les humains. Le citoyen lambda que je croise dans la rue sans le connaître peut aussi être ou devenir un voleur, un assassin ou un terroriste. Ce n’est pas inscrit sur sa figure ni sur ses papiers d’identité.

Les organismes chrétiens, mennonites entre autres, agissent en faveur des étrangers en particulier des réfugiés. Chacun peut participer à leur action.

Chacun peut aussi choisir de manifester malgré ses craintes une attitude de confiance et d’ouverture envers l’étranger pour favoriser la paix, au moins au niveau individuel.

On peut lui adresser la parole, engager la conversation avec lui, dire quelques mots d’excuse en cas de bousculade. Pourquoi  ne pas commencer dans le train une conversation avec un voisin ou une voisine manifestement étranger ?

« La pacification de la parole est l’une des exigences de la non-violence. Pour être effective, toute parole contre l’injustice, la violence et la guerre doit être une parole de paix. La violence des mots participe à la guerre. La pédagogie de la parole non-violente est beaucoup plus opérationnelle que celle du cri violent. L’autorité d’une parole vient de sa justesse et non de sa violence. »

Cette citation du philosophe Jean-Marie Muller  est aussi un remède efficace contre la peur de l’autre, obstacle à la paix. Je peux choisir de dépasser ma crainte de l’inconnu, ma peur du danger que l’autre pourrait représenter. Je peux changer ma façon de le voir, ne plus imaginer mais échanger pour découvrir qui est vraiment l’autre. Alors tout sera possible pour construire une relation visant et aboutissant à la paix, même s’il faut parfois mais pas toujours pas mal d’étapes intermédiaires.

3. Le Temple devenu obstacle à une paix véritable

 Mais vous, vous en avez fait une caverne de brigands, Jérémie 7.11

Ce Temple de Salomon devenu objet magique, écran pour faire illusion et dissimuler le mal, a été détruit en 586 avant J.C.

Les Israélites du temps de Jérémie étaient trompés par les faux prophètes qui leur promettaient une paix à bon marché. Les jours de derniers rois de Juda étaient comptés, l’ennemi babylonien assiégeait la ville.

On s’imaginait que le Temple assurait automatiquement, de manière quasi magique la protection de la nation. Vol, meurtre, adultère, faux serment, oppression des faibles l’idolâtrie étaient monnaie courante. Et on se présentait quand même devant Dieu faussement assuré de n’avoir rien à se reprocher (Jérémie 7.9-10)….

Dans son discours devant le Temple Jérémie avertit ses concitoyens. Ce qui compte dans une situation de crise, c’est savoir ce que Dieu dit et s’y conformer. Sinon c’est la catastrophe pour l’individu et même pour toute la nation.

Ils n’ont rien voulu savoir et la catastrophe annoncée est arrivée. Le Temple, le lieu de la gloire de Dieu a été détruit en 586 avant J.-C.. Il n’y a pas de lieu saint intangible qui garantit une protection, une paix absolues.

Mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs, Marc 11.17  

Le Temple d’Hérode, objet de prestige dévoyé par la compromission politique, a lui aussi été détruit en 70

Sous le règne d’Hérode, « ami » et subordonné de l’empereur romain Auguste, le Temple de Jérusalem était plutôt le Temple d’Hérode, que le Temple de Dieu.

Hérode avait transformé le 2e temple, modeste, en un superbe édifice qui démontrait sa puissance.

On frôlait, on dépassait souvent la compromission, le mélange du trône et de l’autel. Hérode avait le pouvoir politique et se mêlait de la religion.
Il avait offert une magnifique robe au grand prêtre mais la gardait dans sa forteresse Antonia pour obliger le grand prêtre à la réclamer à chaque fête.
Il avait fait relier la forteresse à la cour du Temple par un tunnel souterrain pour garder le contrôle au cas où…
Que diriez-vous si le maire retenait à la mairie le matériel pour la Cène ?

Une religion grandiose inaccessible aux pauvres et aux petits, une paix imposée par l’armée romaine…qui écrasait tout ce qui résistait.

Un Temple dévoyé, condamné et détruit

C’est à ce Temple, à son dévoiement que Jésus s’oppose.
Il annonce la destruction de ce Temple défiguré qui honore plus l’homme que Dieu. Elle aura lieu en 70 de notre ère

Vois -tu ces grandes constructions ? Il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée. (Marc 13.12)

Jésus-Christ, le vrai Temple, lien de paix avec Dieu et les autres

Si le Temple n’existe plus, si les sacrifices ne sont plus possibles, comment le pécheur peut-il tenir devant la sainteté de Dieu.
Comment le péché sera-il expié ? Comment la paix avec Dieu sera –t-elle rendue accessible ?
La réponse est donnée quelques jours plus tard par la crucifixion suivie de la résurrection

Désormais c’est Jésus qui sera le vrai Temple. Et aussi le seul sacrifice efficace offert une fois pour toutes (Romains 6.10 ; Hébreux 9.12 et 10.10).

Par son sacrifice à la croix, Jésus ouvre l’accès à Dieu le Père. Il est notre paix. Il a renversé le mur de séparation entre juifs et païens. Chacun peut s’approcher de lui sans intermédiaire

Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui étiez jadis éloignés, vous avez été rapprochés par le sang de Christ. Car il est notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, et qui a renversé le mur de séparation, l’inimitié, ayant anéanti par sa chair la loi des ordonnances dans ses prescriptions ; il a voulu créer en lui-même avec les deux un seul homme nouveau, en établissant la paix,  et les réconcilier avec Dieu l’un et l’autre en un seul corps, par la croix, en détruisant par elle l’inimitié. Il est venu annoncer la paix à vous qui étiez loin, et la paix à ceux qui étaient près ;  car par lui les uns et les autres nous avons accès auprès du Père, dans un même Esprit. (Ephésiens 2.13-18)

Quelle sorte de paix allons-nous choisir ?

La paix par des trucs

Aujourd’hui, beaucoup imaginent trouver la paix avec des trucs…

La paix-argent avec le loto, la paix-relation avec des clubs de rencontre, la paix-famille sans aucun frein à ma liberté avec M

Ou la paix avec des grands discours sans beaucoup d’effet. On craint le terrorisme et on essaie de le combattre pour avoir la paix chez soi. Mais Dieu est éliminé du processus de paix et souvent aussi les victimes du conflit

D’autres demandent : que faut-il faire pour avoir la paix avec Dieu, avec les autres. Tout est là.
Il faut, il faut faire : je vais au culte tous les dimanches, je lis ma Bible…

Si c’est le cœur qui dirige la relation avec Dieu, il n’y a pas de ‘il faut’. C’est plutôt ‘je veux’, l’amour de Dieu me pousse…

La paix véritable avec Dieu et entre les hommes qui unit les inconciliables

Deux exemples encourageants
La question de l’Apartheid était déjà réglée en 1967 à Wuppertal en Allemagne : les étudiants des deux communautés d’Afrique du Sud participaient au même congrès des Groupes Bibliques Universitaires internationaux.
Des relations existent aussi entre chrétiens palestiniens et chrétiens israéliens.

Pour cela, il a bien fallu refuser et dépasser  la haine et la méfiance et faire œuvre de paix en suivant l’exemple de Jésus-Christ.

Esaïe prophète en temps de crise

Esaïe 40.27-31 : un temps de crise politique et spirituelle

Israël et Juda sous domination de l’empire assyrien

Esaïe a été prophète pendant plus de quarante ans à Jérusalem, depuis la fin du règne d’Osias en 740 jusqu’au début de celui de Manassé, le plus mauvais roi du royaume de Juda, vers 686.

Israël et Juda sont les deux royaumes du Nord et du Sud après le schisme, la séparation des tribus, sous le règne de Roboam fils de Salomon.

 

Les deux royaumes sont passés sous la domination de l’empire assyrien, … la grande puissance politique et militaire de l’époque.

Depuis plus d’un siècle, l’empire assyrien, la grande puissance politique et militaire de l’époque impose sa suzeraineté, son autorité politique sur les petits États : Syrie, Israël et Juda. (2e livre des Rois, chapitres 16 à 20)

par l’intermédiaire du parti pro-assyrien

Cette influence s’exerce par l’intermédiaire du parti pro-assyrien, qui cherche à mettre en place le roi et la politique de son choix, évidemment favorables à l’empire assyrien. Mais il y a un parti adverse qui résiste, d’où des luttes d’influence.

 C’est un temps de crise, de crise violente. Plusieurs des derniers rois d’Israël assassinent leur prédécesseur et se font assassiner par leurs successeurs. Les petits États entrent dans des jeux d’alliance pour se rebeller ; ils refusent de payer le tribut, leimpôt exigé par l’Assyrie;  ils cherchent l’appui de l’autre grande puissance, l’Égypte.

Des alliances à risque catastrophique : l’idolâtrie

Dans le monde antique, toute alliance politique avec un pays étranger, a une conséquence … quasi inévitable. On se conforme à ses croyances religieuses, on rend un culte à ses divinités, à ses idoles. Et on le fait d’autant plus facilement que – croit-on- … ce sont ces divinités qui lui donnent sa puissance, qui lui permettent ou lui accordent la réussite.

Esaïe s’oppose à ces alliances avec des puissances étrangères. En effet, elles entraînent l’idolâtrie. Il prophétise aussi bien la fin des États vassaux que celle des empires suzerains successifs, Assyrie puis Babylonie. Seul un reste du peuple de Dieu se repentira et reviendra de l’exil

Achaz, roi de Juda est en conflit avec les rois de Syrie et d’Israël. Plutôt que  la confiance en Dieu, il préfère l’alliance avec l’empire assyrien.
Résultat logique et inévitable : le royaume de Juda deviendra un satellite de l’Assyrie.
Comme Esaïe l’a prophétisé, le royaume de Syrie est écrasé en 732, le royaume d’Israël cesse d’exister en 722, la population est déportée en Assyrie.

Ezéchias un roi fidèle mais…

Ézéchias, fils et successeur d’Achaz est un roi fidèle qui fait confiance à Dieu. Les chapitres 36 à 39, la partie historique du livre d’Esaïe racontent ses démêlés avec l’empire assyrien.
Jérusalem est assiégée en 701 par le roi Sanchérib et l’armée assyrienne   
Suite aux prières du roi  et du prophète, la ville est délivrée miraculeusement. Une épidémie, probablement la peste, fait 185000 morts en une nuit chez les assaillants.

Mais Esaïe dénonce aussi l’orgueil et la légèreté du roi. Ezéchias montre tous ses trésors, c’est à dire sa puissance militaire à l’ambassade babylonienne du roi  Mérodac-Baladan. Certes celui-ci veut le féliciter pour sa guérison miraculeuse; Mais surtout chercher une alliance contre l’empire assyrien.
L’empire babylonien, la nouvelle puissance politique  et son roi Nabuchodonosor reviendront plus tard, en vainqueurs.

Les Babyloniens emmèneront les descendants d’Ézéchias en captivité.

La prophétie d’Esaïe : un encouragement en temps de crise

Les chapitres 40 et suivants peuvent être lus selon des perspectives différentes.

Esaïe, prophète du 8ème siècle s’adresse sans doute d’abord directement à ses contemporains, qui ont échappé au siège de Jérusalem après le retrait de Sanchérib en 701. Ils n’ont pas retrouvé d’indépendance politique véritable et craignent toujours une nouvelle invasion.

Le message pourra s’appliquer aussi aux contemporains de Manassé, le plus mauvais des rois de Juda. Son idolâtrie et ses crimes attireront nécessairement le jugement et l’exil annoncé à Ézéchias.

Enfin, la prophétie peut contenir, un message pour les exilés qui la liront beaucoup plus tard à Babylone après la prise de Jérusalem en 586.

Ceux qui veulent rester fidèles à l’Éternel ont besoin d’être encouragés Ils ont besoin de savoir qu’il y aura, au-delà de l’exil, au delà des épreuves, un avenir pour le peuple de Dieu.

 

Contestation et découragement

Pourquoi dis-tu, Jacob,
pourquoi répètes-tu, Israël :
Ma destinée est cachée au Seigneur,
mon droit passe inaperçu de mon Dieu ?
(Segond 21)

Il y a contestation

Ma destinée échappe à l’Eternel
Il y a un accusé, Dieu : il ne s’occupe pas de Ma destinée, il ne tient pas compte de Mes droits avec grand M
Il y a un contestataire, le prophète l’appelle par son nom : Jacob/Israël, peuple de l’alliance. 

Tout un programme pour Israël : Dieu l’a choisi, s’est révélé à lui, il lui a donné des avertissements et des promesses. Dieu ne s’occuperait-il pas de son peuple ? Quelle contradiction !

Les « pourquoi » d’Esaïe sont lancés sur un ton de réprimande : pourquoi dis-tu…, pourquoi répètes-tu… ?

Le prophète veut les faire réfléchir à leurs pensées, à leurs attitudes, et à leurs actions.

Le temps du 2e verbe en hébreu (répètes-tu) suggère que se plaindre était devenu une habitude en Juda.

Ma destinée est cachée, mon droit passe inaperçu ou dans la version Semeur :
Mon Dieu ne fait rien pour défendre mon droit.

Le verbe hébreu Abar, signifie littéralement « passer à côté, ne pas tenir compte », comme quelqu’un qui marche juste à côté de nous sans faire attention à nous. Je suis en panne sur la route, les voitures passent sans s’arrêter

Il y a découragement

Israël se plaint : ses droits et sa justice ne figurent pas à la première place dans le plan de Dieu. Dieu n’est pas juste, il aurait dû faire les choses à leur manière, à eux.

A première vue Israël a raison. De nombreux rois ont trop souvent méprisé ses droits et son sens de la justice. Samuel en avait averti le peuple quand celui-ci avait demandé un roi 

Quelques extraits de 1 Samuel 8. 11-18
Voici les droits du roi qui régnera sur vous : il prendra vos fils et … ils iront devant son char comme gardes du corps … Il prendra vos filles comme parfumeuses, cuisinières et boulangères.  Il prendra le meilleur de vos champs, de vos vignes et de vos oliviers et il le donnera aux gens de sa cour.  Il prendra la dîme de vos semailles et de vos vendanges, et il la donnera à ses hauts fonctionnaires et aux gens de sa cour. … Ainsi vous deviendrez ses esclaves.  Ce jour-là vous crierez contre le roi que vous vous serez choisi, mais ce jour-là le SEIGNEUR ne vous répondra pas !

La situation politique du moment est sombre. L’empire est toujours maître de la situation : l’Assyrie ou, de manière prophétique, la Babylonie, dominent la région dans toutes les questions politiques et militaires. Jérusalem, assiégée, affamée a été délivrée par miracle sous le règne d’Ezéchias en 701 (2 Rois 19.35-37) mais pour combien de temps. Sa destruction et la captivité de ses habitants sont annoncées, mais pour quand ?

La chair est comme l’herbe, fragile comme la fleur des champs (Esaïe 40.6 et 7).
Il n’y a pas d’espoir de voir la domination impériale s’affaiblir. Pas d’espoir non plus qu’Israël redevienne assez puissant pour secouer le joug du dominateur.
Les quelques tentatives des derniers rois d’Israël et plus tard, des derniers rois de Juda ont été des échecs lamentables. Le royaume d’Israël a disparu en 722 et celui de Juda en 586 avant J.C.

Mais comment oser contester ?

Dieu n’est pas seulement le créateur mais aussi celui qui préserve tout, terre, corps célestes, nations, individus.
Alors comment pouvez-vous, vous le peuple de Dieu, vous qui avez reçu des promesses et des privilèges qui ont été accordés à vous seuls parmi toutes les nations, comment pouvez-vous dire que Dieu vous a abandonnés ?

Cette contestation pose aussi la question : « qui tient le gouvernail du navire, qui dirige le monde, qui détermine la direction de l’histoire, qui décide du rôle du peuple de Dieu » ?

La réponse est évidente. Cependant, à travers les paroles d’Esaïe, Dieu veut aider son peuple à réfléchir. Bien sûr, rien n’a changé dans sa situation mais il ne peut pas voir comment les choses vont évoluer. Il lui manque la perception, la compréhension de la grandeur de Dieu.

Qu’est ce que ces affirmations nous apprennent à propos des pensées du peuple d’Israël et aussi des nôtres ?

La justice qui m’est due échappe à mon Dieu :

Autrement dit, nous n’obtenons pas les bons coups de main au bon moment. « La vie » n’est pas juste !

Est ce de l’incroyance, est-ce de l’ignorance, peut-être les deux ?

On ne croit pas vraiment que Dieu est capable de connaître tous les détails de notre vie. On ignore l’amour qu’il a pour nous. Dieu ne s’intéresse pas à nous, il est trop occupé par autre chose pour faire attention à nos besoins.

Ces accusations illustrent le processus d’endurcissement de la personne : apitoiement sur soi-même, amertume, frustration, colère. Si on n’obtient pas ce qu’on veut, alors on se croit négligé ou abandonné par Dieu ; « personne ne m’aime ».
Les épreuves et les difficultés de vie sont inévitables. Mais elles ne veulent jamais dire que Dieu nous a oubliés ou ne se soucie pas de nous.

 Un Dieu éternel aux commandes : Esaïe 40.28

Ne le sais-tu pas ?
Ne l’as-tu pas entendu ?
C’est le Seigneur (YHWH), le Dieu de pérennité (d’éternité)
qui crée les extrémités de la terre ;
il ne s’épuise ni ne se fatigue ;
son intelligence est insondable.

Un peuple qui ne comprend pas

Le prophète introduit au verset 28 une  2ème série de questions adressées à son peuple 
Ne le sais -tu pas, n’as-tu pas entendu, c’est à dire, ne comprends-tu- pas?
La connaissance de Dieu du peuple est inadaptée et peu profonde. Sa pratique extérieure superficielle a fermé et endurci les cœurs

Le Seigneur dit : Ainsi, quand ce peuple s’approche de moi, 
il me glorifie de la bouche et des lèvres, mais son cœur est loin de moi, 
et la crainte qu’il a de moi n’est qu’un commandement appris des hommes
. (Esaïe. 29.13).

La nature insondable de Dieu

Le prophète affirme la nature insondable de Dieu. L’Éternel est Dieu de toute éternité. Sa stratégie s’étend dans la durée. Elle ne se limite pas au présent. Il ne compte pas en mesures humaines mais en dimensions cosmiques à la mesure et à la distance du ciel (Esaïe 40.12) et des étoiles (Esaïe 40.26)

C’est lui, Dieu,  qui crée les extrémités de la terre

Lui seul peut mesurer l’étendue des océans, peser montagnes et collines (Esaïe 40.12 ) Son œuvre de création mais aussi sa providence s’appliquent à tous les pays et à toutes les créatures de la terre et pas seulement à Israël. Il a des projets pour l’Assyrie puis pour Babylone ; il en aura plus tard pour la Perse avec Cyrus aussi bien que pour Israël.
Israël restreint son droit, sa justice au cadre de son petit pays. Son sens limité du temps exige une satisfaction immédiate.

Dieu ne s’épuise ni ne se fatigue

Même après avoir déployé les cieux comme une tente (v. 22), avoir fait marcher en ordre l’armée des astres (v. 26) (Version Semeur)

Il est indépendant et n’a pas besoin de notre aide

« De qui Dieu a t-il pris conseil pour se faire éclairer ? (v.14) (Version Semeur)
Les nations sont comme des gouttes dans un seau , comme un grain de sable (v. 15) … Elles ont pour lui la valeur du néant et du vide (v. 17) La puissance de l’Assyrie et de Babylone peut paraître terrifiantes, ces empires ne sont rien devant Dieu. Leurs rois, il les réduit à néant, comme des fétus de paille (v. 23-24).

Dieu donne force et courage : Esaïe 40.29-31

Il (Dieu) donne de la force à celui qui est épuisé
et il augmente la vigueur de celui qui est à bout de ressources.
Les adolescents s’épuisent, ils se fatiguent,
les jeunes gens finissent par trébucher ;
mais ceux qui espèrent le Seigneur renouvellent leur force.
Ils prennent leur essor comme les aigles ;
ils courent et ne se fatiguent pas,
ils marchent et ne s’épuisent pas. Segond 21

A celui qui est fatigué

Il donne de la force à celui qui est fatigué, Et il augmente la vigueur de celui qui est à bout de ressources (qui tombe en défaillance, Semeur)

Cette force, appliquée à Dieu, suggère sa toute puissance.

Cette force pour celui qui est fatigué, cette vigueur pour celui qui est à bout de ressources, il les met à la disposition d’Israël.  Il les donne à tous ceux qui reconnaissent leur faiblesse, leurs limites. Il la donne même à ceux qui se croient forts, qui ont l’illusion d’être forts mais risquent de faiblir et de tomber, une fleur qui se fane, une herbe qui se flétrit.

Les jeunes se fatiguent et trébuchent

Les adolescents s’épuisent, ils se fatiguent, les jeunes gens (robustes gaillards, Semeur) finissent par trébucher

«Jeunes gens» vient d’un mot qui signifie élu, choisi pour porter les armes, donc ce sont des hommes dans la force de l’âge. 
Même les jeunes hommes, qui sont des symboles d’énergie, et les gages du  renouvellement de la nation, trébuchent et s’écroulent. La force humaine n’est pas grand chose. C’est parfois plutôt l’obstination, l’entêtement : une illusion de force.
La véritable force consiste à ne pas s’entêter dans des positions fausses, à se rendre compte de ses limites, ne pas se faire d’illusions sur ses capacités ou sa résistance à long terme mais c’est faire confiance aux capacités illimitées de Dieu.

Mais ceux qui espèrent dans le Seigneur renouvellent leur force

« Ils prennent leur essor, leur envol comme les aigles ;
ils courent et ne se fatiguent pas,

ils marchent et ne s’épuisent pas »

Se confier en l’Éternel, c’est un espoir qui attend ou une attente qui espère. La confiance se manifeste dans la durée.

Esaïe encourage ses compatriotes à persévérer dans la foi car il sait prophétiquement qu’ils seront plus tard exilés à Babylone.

Et ils auront besoin de cette foi qui espère

L’aigle prend son essor, non par la puissance de ses ailes, mais parce que  les courants du vent soulèvent ses ailerons.

Ni par la puissance, ni par la force mais par mon Esprit. (Zacharie 4.6)

Ceux qui font confiance à Dieu seront portés par l’Esprit de Dieu. Ils recevront la force et la patience nécessaires pour surmonter les moments difficiles, pour ne pas se fatiguer, ne pas faiblir, mais continuer.

A l’aube de la nouvelle année, nous faisons des projets …. Et nous voudrions les voir se réaliser.
Mais si des obstacles surviennent, …s’il nous semble que nos désirs en se réalisent pas …

Ne campons pas sur nos droits … et ne tombons pas dans la dépression. Mais … gardons le silence devant l’Éternel et espérons en lui (Psaume 37), … nous soumettant à Dieu à l’exemple du Christ (1 Pierre 2. 21).

 

C. Streng

Le repas chez Simon ou la pécheresse repentante – Luc 7

Le repas chez Simon

Dans cet épisode de l’Evangile de Luc (7.36-50) , le Christ interagit avec deux personnages que tout  oppose : Simon, un pharisien et une femme pécheresse anonyme.

Philippe de Champaigne, un peintre français du 17e s l’a mis en scène sous le titre  « Le repas chez Simon ou la pécheresse repentante ».

Juifs et païens dans les premières églises chrétiennes

Dans les années 60 de notre ère, les églises chrétiennes sont déjà bien constituées, avec des Juifs et des païens convertis. Mais les relations entre les deux groupes ne sont pas toujours au beau fixe. Les Juifs respectent la Loi, une loi morale forte, alors ils ont tendance à mépriser les païens convertis venus d’une société idolâtre et immorale.

Ces païens convertis ont donc besoin de savoir qu’ils sont eux aussi pardonnés, acceptés dans la famille de Dieu.

Luc et son Evangile

C’est à peu près à ce moment-là, que Luc va écrire son Evangile, à partir des récits des témoins oculaires, (1.1-2) ? En effet,  lui n’était pas présent pendant le ministère terrestre de Jésus.   

Luc va  montrer que Jésus est venu pour être le Sauveur de tous les hommes, Juifs ou païens, comme Théophile auquel il dédie son Evangile. Par de nombreux miracles et guérisons, le Seigneur authentifie sa mission : « Il est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19.10). Encore faut-il  reconnaître qu’on est perdu.

Jésus sous les divers aspects de son ministère

Le chapitre 7 présente Jésus sous les divers aspects de son ministère, annoncés par Esaïe 61.1-2

L’esprit du Seigneur, l’Eternel, est sur moi, Car l’Eternel m’a oint pour porter de bonnes nouvelles aux malheureux ; Il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, Pour proclamer aux captifs la liberté, Et aux prisonniers la délivrance ;

– Celui qui guérit – le serviteur de l’officier romain (7.1-10)

– Celui qui ressuscite – le fils de la veuve de Naïn (7.11-17)

– Celui qui doit venir, annoncé par Jean-Baptiste, selon les Ecritures,  et qui a connu le rejet (7. 18-35)

– le prophète, c’est à dire l’oint, qui a reçu l’onction divine – le Christ et Seigneur avec l’autorité divine de pardonner les péchés : le repas chez Simon ou le pécheresse repentante (7. 36-50)

36 Un pharisien invita Jésus à manger avec lui. Jésus entra dans la maison du pharisien et se mit à table. 37 Une femme pécheresse qui se trouvait dans la ville apprit qu’il était à table dans la maison du pharisien. Elle apporta un vase plein de parfum 38 et se tint derrière, aux pieds de Jésus. Elle pleurait, et bientôt elle lui mouilla les pieds de ses larmes, puis les essuya avec ses cheveux, les embrassa et versa le parfum sur eux. 39 Quand le pharisien qui avait invité Jésus vit cela, il se dit en lui-même: «Si cet homme était prophète, il saurait qui est celle qui le touche et de quel genre de femme il s’agit, il saurait que c’est une pécheresse.» 40 Jésus prit la parole et lui dit: «Simon, j’ai quelque chose à te dire.» «Maître, parle», répondit-il. 41 «Un créancier avait deux débiteurs: l’un d’eux lui devait 500 pièces d’argent, et l’autre 50. 42 Comme ils n’avaient pas de quoi le rembourser, il leur remit à tous deux leur dette. Lequel des deux l’aimera le plus?» 43 Simon répondit: «Celui, je pense, auquel il a remis la plus grosse somme.» Jésus lui dit: «Tu as bien jugé.» 44 Puis il se tourna vers la femme et dit à Simon: «Tu vois cette femme? Je suis entré dans ta maison et tu ne m’as pas donné d’eau pour me laver les pieds; mais elle, elle les a mouillés de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. 45 Tu ne m’as pas donné de baiser; mais elle, depuis que je suis entré, elle n’a pas cessé de m’embrasser les pieds. 46 Tu n’as pas versé d’huile sur ma tête; mais elle, elle a versé du parfum sur mes pieds. 47 C’est pourquoi je te le dis, ses nombreux péchés ont été pardonnés, puisqu’elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui l’on pardonne peu aime peu.» 48 Et il dit à la femme: «Tes péchés sont pardonnés.» 49 Les invités se mirent à dire en eux-mêmes: «Qui est cet homme qui pardonne même les péchés?» 50 Mais Jésus dit à la femme: «Ta foi t’a sauvée. Pars dans la paix!» Segond 21

Le texte de Luc, illustré par le tableau, selon 3 axes

  • La femme et sa manifestation d’amour, de reconnaissance
  • Le pharisien bloqué dans ses convictions, la dictature des apparences
  • Jésus, la finesse du regard, au delà des apparences   

Le contexte

La pécheresse

Luc présente une pécheresse anonyme. Elle vient  d’une ville qui n’est pas nommée non plus. Sans doute un souci de discrétion. Peut-être Naïn citée un peu plus haut, ou alors Capernaüm

La tradition catholique, a supposé que la ville était Magdala. Elle a identifié la pécheresse avec Marie Madeleine.  Ainsi est née, la légende célèbre dans la littérature religieuse et dans les arts, de la Madeleine pénitente.

Dans les autres Evangiles (Matthieu 26.6s Marc 14.3s, Jean 12.1s,) une femme verse aussi du parfum. Pas sur les pieds, mais sur la tête de Jésus. Marie de Béthanie, sœur de Marthe et de Lazare. Elle peut difficilement être confondue avec la pécheresse du texte de Luc

Le tableau

Le tableau peint en 1656 était installé dans le réfectoire de l’abbaye du Val de Grâce, à Paris. Il invitait les religieuses à méditer, au cours des repas, l’Evangile en images.

Il est conservé au musée de Nantes

Sa construction très symétrique met en valeur les deux personnages principaux. Au premier plan au centre, à notre gauche Jésus,  en face, Simon

Dans les peintures de repas des scènes bibliques, les convives étaient assis autour d’une table carrée. A partir du 17e s, sous l’influence de l’archéologie, on représente les convives  à demi couchés autour d’une table en demi-cercle (triclinium ).
Champaigne peint un triclinium parce que Luc a écrit : « Il entra et prit place sur un lit ».

I. La femme et sa manifestation d’amour, de reconnaissance

Une pécheresse, peut-être une prostituée… Le texte ne le précise pas

Elle rompt la symétrie. Sa présence déséquilibre la scène, elle bouleverse ce qui est organisé, ordonné.

D’ailleurs comment a-t-elle pu entrer dans la maison, parmi les invités ?

Ce n’était pas inhabituel. Dans les repas de fête, toute personne pouvait  entrer, s’asseoir contre le mur, regarder les invités et peut-être demander des restes

la pécheresse repentante embrassant les pieds de Jésus

Elle se tient derrière aux pieds de Jésus

Comme les autres convives, Jésus était à demi couché sur le bras gauche, appuyé sur les coussins d’un divan, et les pieds nus étendus en arrière

… les cheveux dénoués.

La femme  oublie les convenances sociales. Il était honteux pour une femme de dénouer ses cheveux en public.  C’était un motif de divorce.

Elle tient et caresse le pied de Jésus. Elle ne s’intéresse pas du tout à la discussion entre Simon et Jésus, ni au scandale qu’elle a provoqué. Elle est aux pieds du Seigneur et seul cela compte.`

Elle arrose de ses larmes les pieds de Jésus  et les essuie avec ses longs cheveux dénoués.

Elle pleure d’émerveillement devant le pardon de Dieu. Elle sait qu’elle est acceptée, aimée  de Dieu. Elle a probablement entendu les enseignements de Jean-Baptiste, et aussi ceux de Jésus… Et elle s’est laissé convaincre … de repentance

Elle verse le parfum sur les pieds du Sauveur

Son parfum personnel, un parfum très cher contenu dans un vase d’albâtre, souvent orné d’argent et d’or.  Elle manifeste ainsi sa reconnaissance…Quand on aime, on ne compte pas

II Le pharisien, bloqué dans ses convictions : la dictature des apparences

Simon le pharisien et son geste de mépris

 

 

Le pharisien se dit en lui-même : Si cet homme était prophète, il saurait qui et de quelle espèce est la femme qui le touche, il saurait  que c’est une pécheresse.

Comment expliquer sa réaction négative devant le comportement de Jésus ?

Simon l’a bien remarqué : Jésus a accepté le geste d’amour de la femme. Il ne l’a pas repoussée avec dégoût et  mépris.
Mais lui, le pharisien, ne comprend rien à cette scène, ni à sa profonde signification morale.

Alors il  construit ses hypothèses

Si Jésus est un prophète, il doit savoir ce que valent les gens.

On reconnaît un prophète à sa clairvoyance. On le reconnaît aussi à sa sainteté.

Un prophète ne se laisserait pas toucher par une femme pécheresse et impure.

Si Jésus savait que la femme est une pécheresse, il ne voudrait rien avoir à faire avec elle. Or Jésus a laissé la femme le toucher. Donc il ne sait pas qui est cette femme. Par conséquent il ne peut être un saint prophète

Et il en tire ses conclusions

Puisque Jésus n’a pas rejeté cette femme, il ne sait pas ce que valent les gens.

Puisque Jésus ne sait pas que cette femme est une pécheresse, il ne peut pas être un prophète.

Puisque Jésus n’est pas un saint prophète, je  peux le rejeter, lui, son message et son ministère.

Mais ses conclusions logiques en elles mêmes sont tirées d’hypothèses fausses

Simon ne dit rien mais le langage du corps parle à sa place

Son portrait représente bien le pharisien d’un certain âge, tel qu’on l’imagine.

  • Visage au large front, teint sanguin de l’homme bien nourri
  • Regard dur du notable persuadé de sa supériorité
  • Mépris exprimé par le geste de repousser avec la main

Mépris traduit  aussi par les mots qu’il utilise dans sa réflexion muette : « qui elle est, ce qu ‘elle est, c’est à dire une pécheresse »

La scène qu’il voit le choque : il la refuse.

Refus : le pharisien, c’est le « séparé » du peuple qui ne respecte pas assez la loi du pur et de l’impur.

Des règles de pureté inapplicables pour le peuple

Les pharisiens voulaient que le peuple lui aussi applique, dans la vie courante, toutes les règles de pureté obligatoires  pour les prêtres au moment de leur service dans le Temple. Par exemple, le prêtre en exercice ne pouvait toucher un mort, humain ou animal, sous peine de souillure rituelle (la parabole du Bon Samaritain).

Mais pour le peuple du pays, c’était impossible à appliquer … Les gens et les bêtes mouraient à la maison et il fallait s’en occuper.

Les professions dites « impures »

On regardait comme impures les professions en relation avec l’étranger, le non juif : …

La Mishnah, un commentaire juif  déclare: « Si les collecteurs d’impôts sont entrés dans une maison [tout ce qui est en elle] devient impur »

les métiers en contact avec des animaux qui pouvaient être malades, souillés ou morts

Des métiers indispensables : berger pour les troupeaux des riches propriétaires, ou  tanneur des peaux des animaux sacrifiés dans le Temple.

Le problème : on confondait pureté ou impureté rituelle avec péché ou sainteté morale.

Quand risque-t-on pas de se conduire en  pharisiens comme Simon ?

Quand on évalue les gens d’un coup d’œil rapide, sans même leur adresser la parole. On  les catalogue  en fréquentables, ou non fréquentables, quand on dit, « il (elle) n’est sûrement pas chrétien » au vu de l’ aspect extérieur, de la coiffure, de la manière de s’habiller, peut-être même de la profession.

Mais aussi en tant que chrétiens, quand nous nous plaignons des autres et des circonstances, sans reconnaître nos propres erreurs

III. Jésus, la finesse du regard, au delà des apparences

le geste d’amour et de pardon de Jésus

 

Comme d’habitude chez Philippe de Champaigne, Jésus est vêtu d’une robe rose, le rouge de l’amour. Il est enveloppé d’un manteau bleu, symbole de pureté. On remarque la finesse, le dessin minutieux et délicat des sandales, au pied du lit.  Un discret halo autour de la tête symbolise sa divinité.

Jésus est bien prophète.

Il a lu dans la pensée de Simon ses idées préconçues à propos des pécheurs et son rejet de la femme.

Un enseignement en bonne et due forme sur le pardon ne va pas forcer le pharisien à changer d’avis.

Il raconte une histoire qui va mettre en plein jour ce que le pharisien ne veut pas voir

41 «Un créancier avait deux débiteurs: l’un d’eux lui devait 500 pièces d’argent, et l’autre 50. 42 Comme ils n’avaient pas de quoi le rembourser, il leur remit à tous deux leur dette. Lequel des deux l’aimera le plus?» 43 Simon répondit: «Celui, je pense, auquel il a remis la plus grosse somme.» Jésus lui dit: «Tu as bien jugé.»

« Lequel l’aimera le plus, c’est à dire montrera le plus de reconnaissance ? »

En hébreu ou araméen, il n’y a pas de mot particulier pour remercier ou exprimer la reconnaissance. Donc on utilise des mots comme amour, louange, bénédiction.

Ce court récit conduit à une  conclusion si  évidente que Simon tombe dans le panneau….

Celui, celle à qui le créancier a remis la plus grosse dette

sous entendu, cette femme pécheresse, évidemment, pas moi

« Alors, Simon,  es-tu incapable de comprendre pourquoi cette femme se conduit d’une manière qui te choque tellement.  Son attitude, ses larmes, ses gestes montrent sa reconnaissance. Elle sait que Dieu lui a beaucoup pardonné  » 

Et toi,  tu te trompes toi-même en t’imaginant que tu n’as pas besoin de pardon

Puis, se tournant vers la femme, il dit à Simon:

Vois-tu cette femme? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as point donné d’eau pour laver mes pieds; mais elle, elle les a mouillés de ses larmes, et les a essuyés avec ses cheveux…

Je suis entré dans ta maison : service minimum

Intentionnellement  Jésus commence l’application de la parabole par : « Je suis entré dans ta maison ».

Il a fait au pharisien un honneur que celui-ci ne lui a pas rendu.

Que diriez-vous si on vous invitait à un repas et, à votre arrivée, rien, aucun contact… Ni poignée de main, ni baiser. On ne vous propose pas de passer à la salle de bain pour vous rafraîchir. On vous montre votre place à table sans vous présenter aux autres invités…

Cette courtoisie élémentaire en société,  se pratiquait aussi dans le Moyen Orient ancien. Ces gestes de politesse traditionnelle, Simon les néglige très clairement quand Jésus arrive chez lui.

Serait-ce peut-être : Ce jeune rabbin, invitons le avec des gens bien et voyons comment il s’en tire ?

D’où le service minimum.

C’est la femme qui a fait à Jésus les honneurs de la maison.

C’est elle, la vraie maîtresse de maison

Jésus le souligne par un série d’oppositions. Mais

Pas d’eau

Simon n’a pas donné d’eau à Jésus pour laver ses pieds. C’était une habitude de l’époque où on marchait en sandales dans des chemins poussiéreux. Le négliger signifiait que le visiteur était d’un rang très inférieur.

Mais des larmes

Ce n’est pas de l’eau mais des larmes d’amour et de reconnaissance que la femme verse sur les pieds de Jésus

Pas de baiser  sur les joues ou sur la main

Simon n’a pas donné à Jésus de baiser fraternel. Sur les joues ou sur la main si la personne était d’un rang social important.

Mais elle, elle n’a pas arrêté de m’embrasser les pieds…

Pas d’huile d’olive mais un parfum coûteux

Pas non plus d’huile d’olive qui protégeait la peau de la transpiration excessive, Mais un parfum coûteux. Quand on aime, on ne calcule pas….

Simon, tu ne m’as pas donné le minimum

tu aurais pu le faire au moins par simple politesse, sans engager ton coeur

Mais elle, elle a fait le maximum,

elle a engagé tout son cœur, toute sa vie devant tout le monde

C’est pourquoi, je te le dis, ses nombreux péchés ont été pardonnés

– car/ puisqu’elle a beaucoup aimé.. (Segond)

-C’est pourquoi je te le dis, ses nombreux péchés lui ont été pardonnés, c’est pour cela qu’elle m’a témoigné tant d’amour. (Semeur)
Mais celui à qui on pardonne peu aime peu

La déclaration de pardon peut être comprise dans deux sens opposés, selon la traduction de la particule grecque OTI

Aimer pour être pardonné Ou Aimer /être reconnaissant parce qu’on a été pardonné

Aimer pour être pardonné

Les versions catholiques et aussi les versions Segond traduisent OTI par car, parce que, puisque

Elle est pardonnée à cause de sa conduite : parce que, puisque, car, elle a beaucoup aimé

A cause de ce qu’elle a fait, ses péchés ont été pardonnés.

ALORS est-ce la doctrine du pardon par les œuvres ?

Le grand amour de la pécheresse serait-il  la raison de son pardon ? N’est ce pas plutôt sa foi ?

Aimer /être reconnaissant parce qu’on a été pardonné

La Version Semeur traduit OTI par « c’est pour cela, c’est pourquoi »

A cause de ce qu’elle a fait, je peux maintenant conclure que ses péchés ont été pardonnés ou

Je déclare que ses nombreux péchés ont été pardonnés, c’est rendu évident par le fait qu’elle a beaucoup aimé.

L’attitude de la femme, révélée par ses gestes d’amour et de reconnaissance est la preuve qu’elle a expérimenté le pardon.

Cette  interprétation est en accord aussi avec  la parabole des deux débiteurs

Elle illustre le grand principe  évangélique du pardon et du salut par la foi seule pour lequel Luther, Calvin ont combattu.

Et il dit à la femme: Tes péchés sont pardonnés. Va en paix

Trois doigts repliés et deux doigts tendus : Symbole de miséricorde, de  salut, et de rachat

Depuis la position élevée de Jésus, ce salut descend d’en haut sur la femme.

La femme a déjà été pardonnée (v. 47). La déclaration directe de Jésus la renforce dans son assurance. Par la foi, elle a expérimenté le pardon des péchés. Elle peut partir en paix

Qui est digne de la vie éternelle ?

L’Eglise chrétienne est la seule société au monde à laquelle on peut adhérer tout en étant indigne d’en être membre disait un chrétien américain  (Charles C. Morrison)

Qui a le droit d’entrer dans le royaume de Dieu, autrement dit, qui peut prétendre à recevoir la vie éternelle ?

Moi évidemment, dit le pharisien.  Moi J’applique à la lettre la Loi de  Moïse, jusque dans les détails. Moi je me garde pur, séparé de ce qui est impur ou même moins pur, en particulier les étrangers et les pécheurs.

Bref, le royaume de Dieu c’est comme un club réservé à certains, … à ce pharisien

Et ce pharisien  lie des fardeaux pesants, et les met sur les épaules des hommes, mais il ne veut pas les remuer du doigt (Matthieu 23.4)

C’est lui qui tient la clé de la porte d’entrée du ciel, bien verrouillée…

Mais en fait, comme le dit Jésus, il la ferme autant pour lui que pour les autres

Malheur à vous, spécialistes de la loi et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez aux hommes l’accès au royaume des cieux; vous n’y entrez pas vous-mêmes et vous ne laissez pas entrer ceux qui le voudraient. Mt 23.13

Qui est appelé à entrer dans le royaume de Dieu ? Qui peut recevoir, par grâce, la vie éternelle ?

« Appelé » et pas « a le droit » « recevoir par grâce » et pas « prétendre »

Toute personne, même celle qui n’a pas les qualités requises, celle qui n’est pas à la hauteur, celle qui a besoin de secours, … le non juif, l’étranger, le pécheur…l’incapable, le raté…

A condition de reconnaître son péché devant Dieu, de se juger indigne d’être reçu dans son royaume, à condition de demander avec foi qu’il accorde par grâce, son pardon.

L’officier romain du début du chapitre, un homme respecté et apprécié, dit à Jésus : Je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. Et  en même temps il exprime sa foi, sa confiance : Mais dis un mot et mon serviteur sera guéri

Alors, comment définir l’Eglise ?

  • Une assemblée de chrétiens ?
  • Une assemblée d’enfants de Dieu ?
  • Une assemblée de pécheurs pardonnés  ?

Oui, des pécheurs pardonnés par Jésus-Christ … mais qui doivent toujours continuer à demander pardon pour leurs péchés.

Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. 9 Si nous reconnaissons nos péchés, il est juste et digne de confiance : il nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute injustice. 1 Jn 1.8-9

Où se situe le chrétien ? Du côté de Simon ou du côté de la pécheresse repentie ?

Si nous croyons que nous sommes pas si mal que ça en nous comparant aux autres, si nous voyons leur pailles sans que nos poutres ne nous crèvent les yeux, (Luc 6. 41-42) en particulier quand nous ne sommes pas d’accord avec eux, alors, nous ressemblons à Simon. Et Jésus peut nous traiter  d’hypocrites

Hypocrite, enlève d’abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour retirer la paille qui est dans l’œil de ton frère

Reconnaissons que c’est par la grâce de Dieu que nous avons été rachetés pour la vie éternelle. Continuons à confesser devant Dieu les péchés de chaque jour, les péchés évidents et ceux qui restent cachés dans notre pensée, et que personne ne voit, alors nous ressemblons à la femme, repentie et en paix.

Une réflexion honnête et sincère de chaque jour, qui appelle péché ce qui est péché, sans se chercher d’excuses, un cœur qui souffre parce qu’il a péché, un cœur qui se repent et croit que Dieu lui accorde le pardon, voilà ce qui plaît au Seigneur.

C. Streng