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Précis d’histoire des religions – J.-M. Nicole

1. Présentation du Précis d’histoire des religions

Le Précis d’histoire des religions, de Jules-Marcel Nicole [1], n’est pas un livre récent mais un point de départ indispensable pour qui aimerait en savoir un peu plus sur les religions du monde.

Cet article reprend et réunit en un seul texte trois recensions de lecture faites par le même auteur, et précédemment mis en ligne  :

1. Précis d’histoire des religions, présentation;
2. Précis d’histoire des religions, animisme et Antiquité ;
3. Précis d’histoire des religions, de l’Antiquité à nos jours

Introduction

Dans l’introduction, l’auteur indique les limites de son ouvrage : c’est un précis, qui présente de manière succincte mais exacte les grandes religions « en dehors du courant de la révélation biblique de l’Ancien et du Nouveau Testament ».

Objectif

Il en expose ensuite l’objectif principal :  « faire connaître sommairement aux chrétiens les autres religions »

– pour mieux comprendre les allusions aux croyances des peuples païens dans les textes bibliques,

– pour établir un état réel de la vie spirituelle et morale du paganisme contemporain et susciter un intérêt missionnaire,

– pour avoir un minimum d’informations afin de répondre aux propagateurs des philosophies orientales et de l’Islam et avertir ceux qui pourraient être séduits par ces spiritualités.

– pour comparer ce que Paul dit du païen qui a une certaine connaissance du vrai Dieu et de sa volonté mais s’est égaré à cause de sa rébellion (Romains 1.19) avec les observations des ethnologues.

Religions et magie

Après avoir expliqué brièvement le vocabulaire des systèmes religieux- monothéisme [2], hénothéisme [3], polythéisme [4], athéisme, animisme – J-M Nicole apporte quelques précisions et des distinctions éclairantes sur les rapports entre religion et magie :

la religion établit une relation de dépendance, la magie établit un rapport fondé sur la manipulation.

Plan

L’ouvrage lui-même est divisé en plusieurs parties de longueur inégale.
La première partie, en deux chapitres, présente les religions animistes, dans les peuples dits primitifs puis dans les peuples africains et malgaches.
Dans la deuxième partie, les religions de l’Antiquité, il est intéressant que l’auteur ne s’arrête pas seulement aux religions les plus connues, égyptienne, grecque ou romaine souvent citées dans les livres d’histoire ou dans les ouvrage de culture historique générale ou spécialisée. Il fait aussi découvrir au lecteur des croyances moins connues et moins citées comme la religion cananéenne et des pays voisins d’Israël, la religion perse, et plus proche de nous, la religion germanique et la religion celtique.

La dernière partie, la plus longue, fait un exposé des religions contemporaines. Elle est assez brève pour le Japon, un peu plus détaillée pour la Chine, et beaucoup plus développée pour l’Inde dont les diverses spiritualités ont largement dépassé les frontières du pays pour se répandre dans tout l’Est asiatique et même en Europe. Elle se termine par une étude assez exhaustive, historique et doctrinale de l’islam, avec un aperçu de quelques unes de ses divisions et dissidences.
L’auteur suggère quelques pistes de réflexion à propos de l’opposition des musulmans vis à vis de la foi chrétienne mais il insiste aussi sur certains points qui pourraient favoriser le contact et l’évangélisation de personnes que nous sommes souvent amenés à côtoyer.Trois cartes en noir et blanc, sur la répartition mondiale des peuples primitifs, l’expansion du bouddhisme et les conquêtes musulmanes ainsi qu’un index assez détaillé et une bibliographie volontairement réduite terminent le livre dans ses dix dernières pages.

2. Animisme et religions antiques : des conceptions religieuses distinctes

Du livre Précis d’histoire des religions, on retiendra particulièrement la distinction dans l’animisme entre les conceptions religieuses des peuples dits primitifs et les religions des peuples africains et malgaches.

Peuples dit primitifs

Même éloignés les uns des autres sur l’ensemble de la planète, les peuples dits primitifs ont gardé dans l’animisme des conceptions religieuses convergentes et relativement exactes dans leur ensemble même si elles sont entachées de naïveté et d’anthropomorphisme[5]  : la croyance en un Dieu unique créateur, une certaine idée de l’éternité, de l’au-delà et de la survie après la mort, une morale assez élevée.

Peuples africains et malgaches

En revanche, chez les peuples africains et malgache, la croyance au Dieu suprême subsiste toujours plus ou moins, mais son culte a pratiquement disparu, soit à cause de son éloignement supposé, soit parce qu’il est remplacé par des intermédiaires plus proches comme les esprits bienfaisants ou malfaisants et les âmes des défunts.On accorde ainsi une importance primordiale aux cérémonies funèbres, aux pratiques comme l’initiation, le fétichisme et la sorcellerie ou encore au vaudou que l’auteur a suffisamment esquissé pour qu’on s’en fasse une idée. On peut cependant retenir, pour un pont avec la foi chrétienne, le culte centré sur les sacrifices d’animaux en expiation pour des fautes commises.

Religions de l’Antiquité

Si les religions de l’Antiquité les plus connues, égyptienne, grecque et romaine, figurent aussi bien dans les manuels scolaires d’histoire ou d’initiation aux langues anciennes que dans des ouvrages de vulgarisation, on appréciera l’approche concise des religions voisines de l’Israël antique.

La création et le déluge bibliques et les mythes cosmogoniques[5] mésopotamiens

En particulier, en introduction à une étude beaucoup plus poussée à laquelle il invite d’ailleurs tout au long de son ouvrage, l’auteur établit des comparaisons entre la création et le déluge bibliques et les mythes cosmogoniques de la religion mésopotamienne. Il souligne aussi les aspects négatifs (cruauté et prostitution) et positifs (notion du sacrifice, code de loi d’Hammourabi) de cette religion qui n’a pas survécu à l’invasion perse avec Cyrus le Grand au 6e siècle avant J.-C.

La religion cananéenne

La religion cananéenne a été en contact proche avec la religion juive au point qu’il y a eu des contaminations dénoncées par les prophètes bibliques. On retiendra surtout l’accent mis sur la déviation de la notion de sacrifice, avec des sacrifices humains et des pratiques immorales comme la prostitution sacrée. On comprend ainsi un peu mieux la sévérité des mesures ordonnées par Dieu pour l’extermination de ces populations.

La religion perse

Quant à la religion perse, elle « plonge ses racines dans un lointain passé, mais continue à être pratiquée par le quelques milliers de Parsi en Iran et en Inde ».Une certaine tendance au monothéisme avec Zarathustra, (6e, 7e siècle avant J.-C) a conduit les grands souverains perses des 6e au 4e siècles avant J.-C comme Cyrus, à favoriser les Juifs.

Le mazdéisme et le manichéisme

Après l’effondrement du zoroastrisme devant les troupes musulmanes au 7ème siècle, le mazdéisme a prévalu avec un dualisme très poussé entre le principe du bien et celui du mal. Ces tendances dualistes ont subsisté au Moyen-Âge chez les cathares[6] en particulier.Un des avatars de cette religion, le manichéisme, mélange de « zoroastrisme, bouddhisme et christianisme » a connu ses heures de gloire aux 4e et 5e siècle jusqu’en Afrique du Nord et influencé S. Augustin avant sa conversion.

Les religions celtiques et germaniques

L’évocation rapide de deux religions européennes disparues officiellement, comme les religions celtiques et germaniques, présente un certain intérêt culturel pour le lecteur cultivé qui s’intéresse à l’histoire, à la linguistique et à l’ethnologie. Surtout, sont retracées les grandes lignes de pratiques qui n’ont pas aussi totalement disparu qu’on voudrait le croire mais qui subsistent de manière ouverte dans le folklore ou dissimulée dans des mouvements occultes plus ou moins avoués dont le plus connu fut le nazisme, avec ses résurgences actuelles. Il suffit de faire une recherche thématique sur Internet pour s’en rendre compte.

3. Les religions de l’Antiquité à nos jours

Plus de la moitié des pages du livre Précis d’histoire des religions sont ensuite consacrées aux religions actuelles. Elles en retracent l’évolution depuis l’antiquité jusqu’à nos jours.

Les religions de la Chine

En Chine on parle de « trois religions » : une combinaison du confucianisme – une philosophie éthique sociale et politique, du taoïsme – panthéiste, qui accorde peu d’importance aux pratiques religieuses visibles, et du bouddhisme – tel qu’il a évolué, passant d’une religion athée à des cérémonies idolâtres avec temples et statues, religions auxquelles il faut ajouter « le marxisme qui continue à influencer la société ».On retiendra la conclusion de J.-M. Nicole qui déplore un éloignement de plus en plus grand de la vérité mais espère que le vide créé par le marxisme ouvrira une voie favorable à l’évangélisation

Les religions de l’Inde

L’auteur consacre ensuite plusieurs chapitres aux religions de l’Inde. Il situe chacune d’entre elles dans son contexte historique et en indique non seulement les grandes lignes mais il insiste sur les points principaux qui permettent de les distinguer les unes des autres.

Plusieurs pages (106 à 111) décrivent en détail dans le brahmanisme le système des castes avec leurs règles destinées surtout à préserver le karma des gens des classes supérieures. Elles décrivent ensuite « la voie du salut éternel » telle qu’un jeune homme de bonne famille doit la pratiquer pour favoriser son karma, échapper à la réincarnation et se fondre dans le Brahman, le principe infini.

Mais, fait remarquer J.-M. Nicole, cette religion séduisante au premier abord par la primauté donnée au spirituel, est en fin de compte effrayante : absence d’un Dieu personnel, solitude absolue face au besoin de salut, « mépris des malheureux qui auraient mérité leur sort » à cause des fautes commises dans des vies antérieures.

A propos de l’hindouisme, toujours lié au système des castes et de la réincarnation, on remarquera – par différence avec le brahmanisme – que c’est une religion beaucoup plus populaire, idolâtre, avec d’innombrables dieux, temples, statues, fêtes religieuses. Sa pratique, accessible à tous ne se concentre pas sur la connaissance mais sur la dévotion personnelle, le bhakti « qui peut avoir des allures assez nobles mais revêt parfois des formes superstitieuses et dégradantes ».Le chapitre sur l’hindouisme se termine par une nomenclature et un très bref exposé de quelques religions dérivées, en particulier la scientologie qui défraie la chronique actuelle.

La conclusion souligne les difficultés rencontrées pour l’évangélisation dans un système accueillant pour toutes les formes religieuses mais « franchement hostile à une religion qui se présente comme la seule vraie ». Elle rappelle aussi que l’évangélisation de l’Inde commencée peut-être dès le 1er siècle, avec une Église au 4e siècle s’est peu répandue au cours des siècles suivants. Cependant, avec le nombre des conversions en augmentation importante, on peut « espérer que bon nombre d’Indiens trouveront le chemin de l’Évangile »[8]

Une brève approche du bouddhisme et de l’Islam

On se permettra de passer rapidement sur le bouddhisme et surtout sur l’islam, objet de nombreuses études aussi bien dans le monde religieux que dans le monde laïque à cause de ses contacts quotidiens avec la culture occidentale.

On soulignera cependant l’intérêt d’une présentation brève, schématique mais suffisante pour une première approche de ces deux religions, en particulier les pages 133 à 136 qui font état de l’extension du bouddhisme à travers le monde.

Un minimum indispensable pour une réflexion personnelle

On pourrait en recommander la lecture à toute personne cultivée qui s’intéresse à l’histoire des religions. Mais dans une société où on lit de moins en moins, et dans certains milieux religieux où l’effort culturel est mis en doute, il pourrait être utile d’en présenter – sous forme d’exposé encore plus succinct mais agrémenté d’illustrations – les grandes lignes, les plus utiles pour les objectifs immédiats d’évangélisation et de contact.

En conclusion, on peut recommander ce livre comme un minimum indispensable, comme une base préalable, comme une ouverture à une réflexion personnelle et objective indispensable à toute étude plus approfondie des religions.

Notes

[1] J.-M. Nicole, Précis d’histoire des religions, Éditions de l’Institut Biblique 39, Grande Rue, F- 94130 Nogent sur Marne, 1990, 175 p.
[2] Croyance en un seul Dieu
[3] L’hénothéisme désigne une forme de croyance en une pluralité de dieux dans laquelle l’un d’entre eux joue un rôle prédominant par rapport aux autres et reçoit un culte préférentiel (Wikipedia)[
4] Croyance en plusieurs dieux
[5] Tendance à attribuer aux divinités des caractéristiques propres à l’homme
[6] qui se rapporte aux système de formation de l’univers
[7]Mouvement religieux dualiste, répandu au 12e s dans le midi de la France
[8] En Inde, les chrétiens étaient dans les années 2000, 23 millions (15 à 16 millions de catholiques, 6 millions de protestants), surtout dans l’État du Kerala au sud. Ils sont « particulièrement actifs pour promouvoir une plus grande égalité sociale et améliorer la condition socio économique des plus défavorisés » Cité d’après Le Monde de la Bible N° 141, mars 2002, p. 21. Depuis 2014, les chrétiens hindous subissent la persécution.

C. Streng

Souveraineté de Dieu, responsabilité de l’homme

Souveraineté de Dieu, responsabilité de l’homme, deux réalités fondamentales dans la Création 

Souveraineté de Dieu et responsabilité de l’homme sont deux réalités fondamentales dans toute la Création. Cependant, beaucoup de gens considèrent qu’elles  s’excluent l’une l’autre, en tout cas du point de vue rationnel.

  • Qu’en est-il du point de vue spirituel ?
  • Quel contenu la Bible donne-t-elle à ces deux notions?
  • Comment un chrétien peut-il les accueillir et les vivre sans déchirement ?
  • Qu’entend-on par souveraineté ?- L’action de l’homme est-elle libre ou déterminée ?-
  • Une possible conciliation : calvinisme ou arminianisme ?

1. La souveraineté de Dieu

Un terme peu courant

En consultant les catéchismes catholiques et protestants, on a la surprise que ni l’un ni l’autre n’a de rubrique intitulée de ce mot. Cela se comprend car ni ce terme ni  « Tout-puissant » ne sont très courants dans la Bible.

Dans l’Ancien Testament, on trouve plutôt « l’Eternel des armées » (Colombe) ou « le Seigneur de l’univers » (Bible en Français Courant). Dans le NT, c’est « le Seigneur du ciel et de la terre » (Matthieu 11.25). Le catéchisme protestant (réformé) consacre tout un chapitre à « la prédestination » qui est une conséquence pratique de la souveraineté de Dieu.

Pas de définition biblique mais mise en action

Comme pour beaucoup d’autres notions, les textes bibliques ne donnent pas de définition, mais montrent cette souveraineté en action ; ils abondent aussi bien dans l’AT que dans le Nouveau Testament. Juste quelques exemples :

A toi, Eternel, appartiennent la grandeur, la puissance et la magnificence, et la gloire et la majesté. Car tout ce qui est dans le ciel et sur la terre est à toi, Eternel. C’est à toi qu’appartient le règne, tu es le souverain au-dessus de tout être.  (1 Chroniques 29.11)

L’Eternel accomplit tout ce qu’il veut au ciel et sur la terre, dans les mers et dans les abîmes. Psaume 135.6.

Dès le commencement j’annonce l’avenir, et longtemps à l’avance ce qui n’est pas encore. C’est moi qui dis et mon dessein s’accomplira, oui, j’exécuterai tout ce que mon cœur désire. (Esaïe 46.10.

C’est en [Jésus] qu’ont été créées toutes choses [par Dieu], dans les cieux comme sur terre, les visibles, les invisibles, les Trônes, les Seigneuries, les Autorités, les Puissances. Oui, par lui et pour lui tout a été créé. Il est lui-même bien avant toute chose et tout subsiste en lui. Colossiens 1.16-17.

Que faut-il comprendre par « souveraineté de Dieu » ?

Il est libre : personne et rien n’a d’autorité, ni de pouvoir sur lui ; lui a autorité et pouvoir sur tout.
Il est tout-puissant : rien ni personne n’a de consistance, d’existence à côté de lui. Rien ne peut agir en dehors de lui ou s’opposer efficacement à lui.
Il est omniscient : il connaît tout et à fond dès avant la création. Il est présent partout à la fois.
Il est au départ de tout : tout ce qui est, a son origine, sa raison d’être, son droit d’exister en lui.
Il est à la fin de tout : tout ce qui est, existe par rapport à lui, pour célébrer sa gloire.
Il est vrai amour : c’est un Dieu de relation qui fait alliance avec ses créatures. Il est absolument fiable et sans changement dans un amour inconditionnel, sans réserve.
– Il est vraiment saint, absolument pur et juste, étranger et inaccessible au mal.
Il est éternel, sans commencement ni fin, en dehors de l’espace et du temps, il ne change jamais.
Il est la Vie qui n’existe et ne peut subsister en dehors de lui.

Personnalité incomparable, créatrice de vie

Toutes ces qualités associées qualifient non pas une notion abstraite, statique, sans vie, mais une personnalité incomparable, éminemment vivante, active, créatrice de vie. Elle suscite et soutient l’existence d’une infinie multiplicité et diversité d’objets inanimés et d’êtres vivants.

Les philosophes demandent pourquoi il y a quelque chose  et non pas rien, et n’y ont rien à répondre. La Bible montre que c’est parce que Dieu existe, parce qu’il est la Vie.

C’est « en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être » . Ou bien « en lui nous avons la vie, nous pouvons nous mouvoir et nous existons » (Actes 17.28).

Souveraineté dans tous les domaines

Cette suprématie, Dieu l’exerce dans tous les domaines et en particulier dans :

la création et le maintien en existence de tout ce qui est ;
l’histoire de l’humanité : à l’échelle individuelle et à celle des peuples. Il est maître des évènements de ma vie, il suscite les dirigeants, conduit leur carrière, les remplace…
la rédemption : c’est lui qui en a pris l’initiative dès avant la création. Il en a conçu le plan, l’a mise en œuvre jusque dans les détails. Il l’a conduite à sa totale réussite, malgré et même au moyen des obstacles opposés par le diable et les hommes.

Il rend l’homme capable d’y entrer délibérément et d’y progresser dans le service et la sanctification. Il se constitue ainsi un peuple parmi lequel il habite et qui le glorifie.

Doctrine fondamentale pour la foi

Cette doctrine a une importance fondamentale pour notre vie de foi

Elle fonde et approfondit notre respect pour Dieu qu’elle replace sur son trône. Elle nous rend attentifs à l’infinie supériorité de Dieu à l’homme, à la multiplicité des facettes de sa sainteté et au privilège de le savoir, malgré cela, tout proche de nous, au point de vouloir être notre Père.

Elle constitue le fondement de notre vie spirituelle. Celle-ci s’épanouit dans l’adoration, qui est le fait de placer Dieu au centre de contrôle de notre vie, au-dessus de tout ce que nous respectons. Ce n’est pas un homme qui peut concevoir le culte digne de Dieu. Seul Dieu peut nous le révéler et nous y conduire par son Esprit

Elle montre le caractère absurde, indigne, offensant de toute religion conçue par l’homme et du salut par les œuvres. Qu’est-ce qu’un petit être pécheur peut apporter et faire valoir face à l’infinie majesté sainte du Créateur soucieux de bénir sa créature ?

Elle remet l’homme et Dieu, chacun à sa vraie place. Nous sommes de petites créatures souillées et déchues par notre folie d’indépendance et Dieu est si extraordinairement élevé et différent de tout ce qu’il a fait et qu’il aime.

Elle inspire une soumission volontaire et confiante à ce Dieu aimant, l’humilité devant sa majesté, la sécurité sous ce Tout-puissant fidèle à ses engagements, la louange envers ce Père chez qui tout ce qu’on imagine de lui est encore infiniment dépassé par la réalité effective.

Elle est la garantie totale de notre avenir après de Dieu. Ce qu’il a projeté et promis, il a tout pouvoir de le réaliser et rien ne peut l’en empêcher.

2. Action libre ou déterminée ?

Dans la réflexion menée jusqu’ici est souvent réapparu le mot « tout » ou d’autres termes qui excluent une restriction ou une limitation à propos de Dieu.

Pas de hasard !

On jette le sort dans les pans du vêtement du prêtre, mais c’est de l’Eternel que dépend toute décision.  Proverbes 16.33.

Cela veut dire que même ce qu’on appelle le sort, le destin, le hasard ne sont que des chimères sans consistance devant Dieu. D’ailleurs on invoque souvent ces grands machins impersonnels imposants, voire effrayants pour éviter de parler de Dieu. Eux non plus ne peuvent donc limiter l’action souveraine de Dieu.

Libre-arbitre de l’homme / souveraineté de Dieu ?

Et qu’en est-il de l’homme qui revendique la liberté de ses choix, son libre arbitre, « sa faculté de se déterminer sans autre cause que sa volonté elle-même dans des choses où il n’y a aucune raison qui le penche d’un côté plutôt que de l’autre » (Dictionnaire le Robert).

Si Dieu est souverain, si c’est lui qui prend toutes les décisions, au point que « pas un seul moineau ne tombe à terre sans le consentement de notre Père céleste » ( Matthieu 10.29), que reste-t-il comme espace pour une liberté quelconque de l’homme ?

Celle-ci n’est-elle pas une simple illusion et l’homme n’est-il pas seulement une marionnette manipulée par infiniment plus fort que lui.

Dieu est-il souverain même pour accorder ou refuser le salut à l’homme ? Ou bien sa toute-puissance s’arrête-t-elle au seuil de ce domaine de la vie humaine ?

Romains 9.18 déclare bien que Dieu a pitié de qui il veut avoir pitié et il endurcit qui il veut endurcir .
Exode 9.12 indique que Pharaon a été endurci par Dieu pour ne pas lui obéir. Mais c’est seulement après les cinq premières plaies pour lesquelles il est chaque fois précisé que c’est Pharaon qui s’est obstiné contre Dieu de son plein gré.

Définissons trois  notions-clés :

Déterminisme

Le comportement humain ne peut-être sans cause, puisque rien ne se produit sans cause. Donc tout acte humain est causé par un facteur extérieur à l’homme et cette cause ultime c’est Dieu.

« Le libre choix, c’est de faire ce qu’on désire, mais c’est Dieu qui donne le désir » (Jonathan Edwards). Cela fait penser à Philippiens  2.13 : « C’est Dieu lui-même qui agit en vous pour produire à la fois le vouloir et le faire, conformément à son plan d’amour ». L’homme n’aurait donc aucune liberté de choix.

Objections :
[1] On ne fait pas toujours ce qu’on désire et on ne désire pas toujours ce qu’on fait (Romains 7.15-16). Dans ce cas la cause n’est pas Dieu mais le péché. En fait c’est repousser le problème d’un cran : le péché limite-t-il Dieu ? Sûrement pas, puisqu’il l’a vaincu à la Croix.

[2] Dieu peut prédéterminer des actions humaines en accord avec le libre arbitre plutôt qu’en contradiction avec lui. L’homme peut choisir, vouloir la même chose que Dieu veut.

Indéterminisme

Mon comportement n’a aucune cause. Il n’y a rien qui me pousse à tel acte plutôt qu’à tel autre, à le faire de telle façon plutôt que de telle autre. Tout est arbitraire et imprévisible.

Objections :

[1] D’ordinaire l’homme réfléchit avant d’agir et met ensuite le fruit de sa réflexion à exécution. Il y a donc souvent une cause identifiable.

[2] Ce serait faire de l’homme un être imprévisible, irresponsable, immature, invivable.

[3] C’est même priver Dieu de son rôle de Créateur qui a fait toute chose et toute personne en vue d’un but et les soutient, les conduit par sa parole vers la réalisation de ce but.

Auto-déterminisme

Les actes d’une personne sont provoqués par elle-même et non par autrui, sinon la personne ne serait pas responsable. Dans « responsable » il y a « répondre de » ses actes et cela implique le libre choix. Si c’est Dieu qui détermine tout, c’est lui aussi qui est responsable de l’origine du péché, de l’existence de Satan. Or Dieu n’agit pas contre lui-même.

Objections :

[1] L’homme est déchu de sa liberté d’origine qu’il a vendue à Satan. Il est esclave du péché, donc pas libre de répondre à l’Évangile, à moins que Dieu n’agisse en lui par le Saint-Esprit pour le rendre capable de répondre positivement. Sa tendance naturelle, c’est de repousser Dieu et l’Évangile.

[2] La Bible enseigne la souveraineté de Dieu, mais elle donne aussi des ordres. Nul n’a jamais eu une compréhension plus profonde de la souveraineté de Dieu que Jésus. Or tout son ministère consiste à appeler les gens à croire en lui et à entrer dans le royaume de Dieu. La Bible fourmille d’appels au choix personnel, à croire en ce que Dieu dit ou fait :

Je prends aujourd’hui le ciel et la terre à témoins (c’est solennel) : je vous offre le choix entre la vie et la mort, entre la bénédiction et la malédiction. Choisissez donc la vie, afin que vous viviez … Deutéronome 30.19)
Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, toi et les tiens ! Actes 16.31.

Il doit donc y avoir possibilité de choisir pour Dieu malgré le péché qui pousse à l’opposé.

Des limites à la souveraineté de Dieu ?

A plusieurs reprises il est apparu ci-dessus que la souveraineté de Dieu se heurte à la liberté, donc à la responsabilité de l’homme. En effet du point de vue rationnel il y a incompatibilité : si la souveraineté de Dieu est entière, la liberté de l’homme est nulle.

Inversement toute proportion de liberté de l’homme réduit d’autant la souveraineté de Dieu. Or, outre ces deux valeurs, il y a encore d’autres réalités qui semblent restreindre la souveraineté de Dieu.

Le mal, le scandale le plus choquant de la Création.

Or la surprise, c’est que la Bible n’explique pas le rapport entre le mal et la souveraineté de Dieu. Elle dit que Dieu ne fait pas le mal ni ne l’approuve (Habakuk 1.13 ; Jacques 1.13).

Tout en le tolérant provisoirement, Dieu le limite (Job 1.12-2.7). Mais il le juge soit immédiatement (Hérode dans Actes 12.19-23), soit à la fin de l’Histoire (Apocalypse 20.11-15). Sa toute puissance, sa sagesse sont telles qu’il peut même utiliser le mal pour le bien de ses enfants (Joseph dans Genèse 50.20) ou pour contribuer à réaliser son plan : Romains 8.28-29.

Donc le mal ne peut agir que provisoirement et dans une mesure limitée. Il n’a aucun avenir autre qu’un jugement radical et complet. Il ne constitue donc pas une restriction vraiment efficace à la souveraineté de Dieu.

L’évangélisation

Si la carrière humaine sur terre est déjà souverainement arrêtée depuis l’éternité passée, que peut y changer le travail d’un évangéliste, à quoi bon évangéliser ? Cela pourrait conduire à l’amertume ou à la passivité et l’irresponsabilité. Or ce qui précède nous a déjà montré que la souveraineté de Dieu et la responsabilité de l’homme ne s’excluent pas en fait.

On peut par exemple faire le constat suivant : dans la même courte séquence de Matthieu 11.25-30 Jésus affirme l’absolue souveraineté de Dieu mais il appelle aussi les pécheurs à venir à lui pour être sauvés.

Paul brosse un tableau saisissant de la souveraineté de Dieu dans Ephésiens 1. Mais  il envisage comme une chose certaine qu’une personne connaîtra un sort diamétralement opposé, selon le choix de vie qu’elle fait.« Si nous persévérons… si nous le renions » (2 Timothée 2.11-13). Pour Paul les deux choses logiquement inconciliables sont tout aussi possibles.

La prière, un comportement étroitement lié à l’évangélisation et à l’idée de changer des situations.

Jean affirme avec une totale certitude qu’une prière bien conçue c’est-à-dire conforme à la volonté de Dieu, entraîne des changements. Dans Romains 8.31-32 Paul s’appuie même sur la souveraineté de Dieu pour faire la même affirmation.

Il y a environ 30 ans, des chrétiens ont lancé une action de prière de 10 ans pour abattre le communisme russe. 8 ans plus tard celui-ci s’est effondré.

Dans sa prière pour ses frères juifs en Romain 9.1-5,  Paul ne pense nullement que tout est irrévocablement figé quant au sort des juifs. Il tire justement argument de la souveraineté absolue de Dieu pour demander avec assurance un retournement de situation pour les juifs.

3. Une possible conciliation

Contradiction insurmontable ou compatibilité ?

D’une part, du point de vue logique, rationnel on a affaire à une contradiction insurmontable : s’il y a souveraineté de Dieu, il ne peut y avoir liberté, responsabilité de l’homme et inversement.

D’autre part la révélation biblique considère tranquillement les deux comme compatibles et même indispensables l’un à l’autre dans une vie chrétienne vécue dans la conviction de l’inspiration divine de la Bible et dans une confiance obéissante à Dieu.

Marque de l’inspiration divine ?

N’est-ce pas là une marque de l’inspiration divine de la Bible : elle dépasse la logique humaine et fait un facteur de paix, d’assurance et de croissance spirituelle de ce que d’autres voient comme une tension insupportable.

Ainsi, bien des religions et même certains courants chrétiens considèrent comme impensable de présenter comme venant de Dieu quelque chose qui ne concorderait pas avec la logique, la raison humaine.

Et cela revient à affirmer que la pensée de Dieu ne saurait dépasser le niveau d’une réflexion humaine, que Dieu est au maximum un être humain très intelligent.

Concilier deux réalités opposées ?

Alors comment concilier ces deux réalités opposées ? Ne nous cachons pas qu’on est là en face d’un mystère majeur de la Création. Suggérons quelques éclaircissements.

  • Conciliation possible dans le vécu

Comme déjà suggéré, dans la Bible ce qui peut heurter un esprit logique, se vit néanmoins très bien en pratique, si c’est dans la confiance et la dépendance de Dieu. La conciliation se fait dans le vécu pratique.

  • Le « oui » de l’homme à Dieu est un don de Dieu

Des déclarations comme Philippiens 2.13 (le vouloir et le faire) font penser que même le oui de l’homme à Dieu est encore un don souverain de Dieu. Il y a des gens qui estiment que l’acceptation du salut pourrait être considérée par l’homme comme un mérite, puisqu’elle dépend de lui.

Or l’homme ne peut prétendre à aucun mérite : accueillir avec confiance le salut gratuit de Dieu ne peut se faire que dans une attitude d’humilité et de reconnaissance, sans idée de mérite. Alors cela n’a rien à voir avec un effort accompli dans l’espoir d’obtenir le salut.

  • Amour de Dieu pour ses enfants

Plus important est un autre aspect déjà effleuré. On a vu qu’une facette de la souveraineté de Dieu, c’est son amour fidèle pour ses enfants. Il ne me voudra jamais que du bien et ce qu’il me demande a aussi passé au crible de sa sagesse et de son amour.

  • Confiance et obéissance

La meilleure réaction que je puisse avoir à ce qu’il me dit ou me demande sera donc la confiance et l’obéissance. Ma volonté sera mise en harmonie avec la sienne, qui fait concorder les deux dans la prière.

Ainsi ma liberté ne s’opposera jamais à la souveraineté de Dieu, mais je choisirai librement de vivre en accord avec sa volonté. Si je laisse le Fils de Dieu me libérer de mes craintes infondées, des liens illégitimes, du souci de moi-même, je serai vraiment libéré et les deux volontés collaboreront dans la même ligne.

4. Qu’est-ce que la foi ?

Une foi centrée sur moi ?

Est-ce surtout le moyen d’obtenir ce que je désire, de restaurer ma vie pour en faire quelque chose qui vaut la peine d’être vécu ? Alors la foi est centrée sur les dons reçus de Dieu et non sur lui, mais aussi dans une large mesure sur moi.

Ou une foi centrée sur Dieu ?

Or je peux aussi me dire que seul mon Créateur aime et respecte assez sa créature pour la conduire dans une relation qui concilie ce qui paraissait inconciliable. Lui seul est capable, comme Créateur, de me conduire de façon qu’un oui de ma part soit à la fois et réellement le mien et le sien.

La décision pour le salut fonctionne alors un peu comme l’inspiration de la Bible. Son texte est à la fois ce que Dieu dit et ce que l’homme écrit sous la conduite de Dieu. Je serai totalement dépendant de mon Créateur, heureux de sa souveraineté, mais aussi dégagé de ce qui freine la vie chrétienne pour découvrir une vraie liberté : Jean 8.31-32.

Cette liberté augmentera à mesure que la soumission volontaire s’étendra à de nouveaux domaines de la vie. Cela jettera une toute nouvelle lumière sur Philippiens 2.13. Dans ce cas la foi est centrée sur Dieu le donateur. Il sait mieux que moi de quoi j’ai vraiment besoin et il ne m’en laissera pas manquer.

4. Deux doctrines chrétiennes : le calvinisme et l’arminianisme

Il nous faut encore nous arrêter à ce que l’Église chrétienne a fait de cette doctrine dans son histoire. Elle a donné naissance à deux courants largement opposés, selon qu’on met l’accent sur la liberté de l’homme ou sur la souveraineté de Dieu.

a) D’abord le courant qui insiste sur la souveraineté de Dieu : Calvinisme

Représentant ancien : Augustin d’Hippone, évêque nord-africain, 354-430, principal Père de l’Église .
Adam avait à l’origine la possibilité de pécher ou de ne pas pécher. Sa désobéissance lui a fait perdre la grâce, donc la possibilité de ne pas pécher. Seule la grâce de Dieu peut le réorienter vers le bien. Dieu choisit désormais parmi les perdus des gens appelés au salut. En eux la grâce éveille le besoin et le désir du salut, elle leur donne de décider de se repentir et de changer de direction, elle donne le cadeau de la justification, la capacité d’acquérir des mérites et de persévérer. Ce qui sauve, c’est la foi seule qui agit par l’amour.
Par la suite l’Église mettra de côté la doctrine de l’élection, mais retiendra celle de la grâce comme don surnaturel qui permet d’acquérir des mérites.

C’est Martin Luther (1483-1546), moine augustin, qui reprendra la question de la justification comme étant l’œuvre de Christ qui produit la foi par le Saint-Esprit.
Au 16e s. Jean Calvin (1509-1564) enseigne la foi biblique à Bâle, Strasbourg et  Genève en se fondant d’abord sur les idées de Luther. Il va élaborer une conception très radicale de la souveraineté de Dieu.

A la chute l’homme a perdu son libre arbitre ( serf-arbitre de Luther), il est devenu esclave du péché. Cela l’a rendu incapable par lui-même de se repentir et de croire en disant oui à Dieu : « L’homme livré à lui-même ne reçoit pas ce qui vient de l’Esprit de Dieu ; à ses yeux c’est pure folie et il est incapable de le comprendre, car seul l’Esprit de Dieu permet d’en juger. » (1 Corinthiens 2.14).  Il faut que le Saint-Esprit lui donne de dire oui et le régénère. Ce oui sera alors aussi bien le sien que celui du Saint-Esprit.

Dieu exerce sa souveraineté en toute chose : il prédétermine/ prédestine tout. Quelque chosese arrive parce que Dieu l’a décrété et a mis son décret à exécution. Ce qu’il n’a pas prévu dans son plan, ce qu’il n’a pas décrété, n’a aucune chance de se produire. Il n’y a pas de hasard, sinon Dieu ne serait pas entièrement souverain. Il aurait en face de lui une réalité sur laquelle il n’aurait pas prise et avec laquelle il devrait composer, ce qui limite d’autant sa souveraineté. Il est également souverain pour notre salut qui est le produit d’un décret d’élection pris avant la fondation du monde (Ephésiens 1.4).

Tôt ou tard tous les élus seront sauvés. Quand ils entendent l’Évangile, ils l’accueillent et deviennent des sauvés (Romains 8.30) : « Tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent. » (Actes 13.48).
Seul Dieu est capable de nous déterminer (pas nous) à dire oui à Dieu et il le fait non de l’extérieur de l’homme, mais de l’intérieur, par le Saint-Esprit.
Pourquoi Dieu choisit-il l’un et pas l’autre ? Il n’y a pas de réponse directe, sinon que ce n’est pas par considération de personne, par favoritisme. C’est un acte de grâce qui a sa cause en Dieu et non en l’homme.

Orientation doctrinale de l’Eglise réformée et de l’Eglise anglicane

Cette orientation doctrinale se retrouve aujourd’hui dans l’Église réformée et dans l’Église anglicane. Un chrétien évangélique la suit aussi très largement, mais pas jusqu’en son aboutissement extrême, tel qu’il apparaît dans la confession de foi de Westminster de 1646.
« Par le décret de Dieu, pour la manifestation de sa gloire, certains hommes et certains anges sont prédestinés à la vie et d’autres pré-ordonnés à la mort éternelle. » (article. 3)

Revenons aux cinq points qui peuvent limiter la souveraineté de Dieu :

Évangélisation :

Elle est nécessaire pour que le tri ait lieu entre ceux qui diront oui à Dieu parce que le Saint-Esprit les y a préparés et poussés, et ceux qui lui diront non, parce qu’ils restent livrés à eux-mêmes et centrés sur eux-mêmes.

Liberté et responsabilité humaine :

Le catéchisme réformé appelle clairement à la conversion vue comme la « réorientation de notre vie, de nos paroles, de nos pensées et de nos actes », « le renouvellement de l’intelligence ». Mais il implique la liberté de choix comme une évidence.

Prière :

C’est largement le même problème que pour les deux précédents. Elle trouve toute sa raison d’être et son assurance dans la promesse de 1 Jean 5.14-15

« Et voici quelle assurance nous avons devant Dieu : si nous demandons quelque chose qui est conforme à sa volonté, il nous écoute. Et si nous savons qu’il nous écoute, nous savons aussi que l’objet de nos demandes nous est acquis. »

Il reste le problème important auquel la Bible ne donne pas non plus de réponse directe.
Comment Dieu a-t-il pu permettre l’entrée du mal, du péché dans sa création ?

b) La doctrine inverse : Arminianisme

Représentant ancien : Pélage (350-420) contre qui Augustin s’est battu. L’homme dispose du libre-arbitre, il est capable par lui-même de faire le bien et de respecter les commandements de Dieu ; la grâce est une simple aide de la part de Dieu.

Arminius, (1560-1609) théologien hollandais  critiqua la doctrine de la prédestination, mais fut lui-même accusé d’être un nouveau Pélage. Ses adeptes sont appelés arminiens ou remontrants.

Election conditionnée par l’homme

Nous sommes esclaves du péché. Dieu sait donc de toute éternité ce qui va arriver = celui qui sera sauvé et celui qui sera perdu. Il le sait d’avance (prescience), mais ne l’a pas décrété (prédestination). Dieu accorde une grâce universelle. Par elle, il restaure en l’homme son libre arbitre, sa liberté absolue de choisir sa destinée éternelle. C’est l’homme qui choisit de coopérer avec la grâce ou de lui résister : Dieu n’influence pas ce choix. L’élection est conditionnelle, fondée sur une décision non de Dieu, mais de l’homme qui prend librement position envers l’offre de salut.

Volonté universelle de salut mise en avant

Arminius met en avant les textes présentant la volonté universelle de salut de Dieu.
« Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2.3-4).
A son avis de nombreux textes que les calvinistes lisent dans une optique individuelle, concernent en fait des peuples entiers. Il parle d’élection collective. Ainsi dans Romains 9.10-14, Jacob et Esaü sont deux peuples. Dans Romains 1 17-19, pharaon c’est toute l’Egypte.

Différences d’accent entre les deux doctrines

Arminianisme : On ne peut affirmer la responsabilité de l’homme en niant son libre arbitre.
Calvinisme  : Si Dieu se contente de restaurer le libre arbitre sans intervenir dans la décision de l’homme, celui-ci glissera sur sa pente naturelle d’indifférence ou d’hostilité à Dieu et il reste perdu. Affirmer le libre arbitre de l’homme, c’est limiter la souveraineté de Dieu qui donne le salut de A à Z.

: On ne peut pas prier pour le salut de  quelqu’un, ce serait intervenir contre sa liberté.

: Dieu peut souverainement avoir décidé d’agir en réponse à une prière par un changement de situation de l’homme. Alors la prière obtient un changement de situation dans le cadre de la souveraineté de Dieu et non en la violant ou en la restreignant.

Le catéchisme catholique exprime une position  très proche de l’arminianisme : Dieu est le maître souverain de son dessein. Mais pour sa réalisation il se sert aussi du concours des créatures. Ce n’est pas là un signe de faiblesse (limitation), mais de grandeur et de bonté du Dieu Tout-puissant. Car Dieu ne donne pas seulement à ses créatures d’exister, mais aussi la dignité d’agir elles-mêmes, d’être causes et principes les unes des autres et de coopérer ainsi à l’accomplissement de son dessein (§ 306).

Conclusion

L’impression s’impose d’avoir affaire à un sujet trop complexe pour qu’on lui trouve une explication entièrement satisfaisante.
C’est le sentiment d’Antoine Nouis qui déclare :
« Dire une parole définitive sur la prédestination (ou la souveraineté de Dieu) est une gageure, car cela nous ferait entrer dans le conseil de Dieu [participer sur un pied d’égalité aux décisions éternelles de Dieu]. Cela dit, nous sommes appelés à mettre notre intelligence au service de notre foi » (p 337).
Être intelligent ici, c’est être prudent. L’Écriture affirme avec autant d’insistance la souveraineté de Dieu que la nécessité d’un changement volontaire de position de l’homme.

La crucifixion est autant le couronnement irrésistible du plan souverain de Dieu qu’une abjection ultime librement organisée par des pécheurs responsables (Matthieu 26.24).
La position des chrétiens, c’est bien celle de fils et de filles de Dieu. Ils ont été libérés par notre Père et de ce fait désireux de le servir par reconnaissance et amour. Ce qui revient au point 4 de la partie 3.

Si l’on considère les choses depuis la terre, on voit surtout l’appel lancé à l’homme à faire le choix de la Vie. Les choses vues du ciel mettent en avant la souveraineté absolue de Dieu. C’est un effet de celle-ci de savoir faire concourir harmonieusement deux valeurs logiquement inconciliables.

Cela a fait dire à quelqu’un qu’elles sont les deux faces de la même médaille. Spurgeon a précisé que si sur terre elles coexistent comme des parallèles qui ne se rejoignent jamais, au ciel elles s’entremêlent majestueusement.

Après tout une telle double doctrine prend une toute autre allure, selon qu’on l’aborde d’un point de vue seulement théorique et extérieur ou qu’on la vit dans une relation personnelle soutenue. Alors elle ne choque et ne bloque plus, mais devient une bénédiction libératrice :
« L’amitié, le secret, l’intimité de l’Eternel est pour ceux qui le craignent.
l’Eternel confie ses desseins à ceux qui le révèrent, et il les instruit de son alliance.
 » Psaume 25.14

J.J.Streng

La parabole du fils prodigue – Luc 15

Parabole du fils prodigue ou le fils perdu et retrouvé

Il serait plus judicieux de donner à  la parabole du fils prodigue le titre  « le retour du fils perdu ».

En effet les trois paraboles de Luc 15 ont en commun quelque chose ou quelqu’un qui est perdu, qui est cherché, puis retrouvé. Nous sommes invités à  méditer cette histoire racontée par Jésus selon ces trois idées : des illusions à perdre – une relation perdue, puis retrouvée – l’amour du Père.

Lecture : Luc 15.11-32

Il dit encore : Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche.

Lorsqu’il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. il alla se mettre au service d’un des habitants du pays, qui l’envoya dans ses champs garder les pourceaux. Il aurait bien voulu se rassasier des carouges que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait.

Etant rentré en lui-même, il dit : Combien d’ouvriers chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes ouvriers. Et il se leva, et alla vers son père.

Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa. Le fils lui dit : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.

Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite la plus belle robe, et revêtez-le ; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers parce que ton frère que voici était mort et qu’il est revenu à la vie, parce qu’il était perdu et qu’il est retrouvé.aux pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous ; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir.

Or, le fils aîné était dans les champs. Lorsqu’il revint et approcha de la maison, il entendit la musique et les danses. Il appela un des serviteurs, et lui demanda ce que c’était. Ce serviteur lui dit : Ton frère est de retour, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il l’a retrouvé en bonne santé. Il se mit en colère, et ne voulut pas entrer.

Son père sortit, et le pria d’entrer. Mais il répondit à son père : Voici, il y a tant d’années que je te sers, sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour que je me réjouisse avec mes amis. Et quand ton fils est arrivé, celui qui a mangé ton bien avec des prostituées, c’est pour lui que tu as tué le veau gras !

Mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j’ai est à toi ; mais il fallait bien s’égayer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et qu’il est revenu à la vie, parce qu’il était perdu et qu’il est retrouvé.

1. Des illusions à perdre

Insatisfaction et révolte contre le Père

Voilà deux fils dans le même état de profonde insatisfaction. Ils ont de fortes aspirations, comme tout jeune : s’épanouir, mettre en actions tout son potentiel. Mais ils ne leur ont encore jamais donné corps, car il y a quelque chose qui les bloque. Et cet obstacle, ils l’identifient tout naturellement, c’est leur père. Les deux sont profondément révoltés contre ce père qui leur bouche l’horizon.

Cette révolte, le cadet, le fils prodigue l’exprime sans ménagement : il enterre son père de son vivant par sa demande choquante de recevoir l’héritage. L’aîné est plus lâche et la couve patiemment en silence, mais il finit aussi par la jeter à la figure de son père.

Fausse image du Père

Alors qu’en est-il donc de ce père de la parabole du fils prodigue ? Est-il vraiment aveugle et tyrannique ? À en juger par l’attitude des fils, c’est évident. Mais à en juger par son comportement effectif, c’est grossièrement calomnieux. Voilà tant et tant d’années qu’ils vivent sous son toit et ils ont de lui une image si fausse que c’en est incroyable !

On peut donc vivre tant et tant d’années à côté de Dieu dans une famille, une Église, un cadre social qui nous le rend proche et ne voir pourtant de lui qu’une caricature ! On peut le voir comme quelqu’un qui vous dépasse largement, qui a droit de regard sur vous, qui bloque votre liberté, mais sur qui vous n’avez aucune prise.

Liberté sans limites ?

Et cette liberté comment la verriez-vous ? Un horizon débarrassé de toute limite, de toute autorité, la possibilité de faire tout ce dont on a envie, sans avoir de compte à rendre à quiconque ?

Cela fait deux erreurs de taille, deux illusions calamiteuses : d’une part un Dieu tyran ou moralisateur qu’il faut débarrasser d’urgence, par exemple en le déclarant mort, en disant qu’il n’est qu’une survivance du passé ou la fabrication d’une culture donnée. Et d’autre part une liberté qui n’est qu’un égoïsme absolu et qui entraînera une anarchie invivable.

Fausses conceptions de la liberté

Le plus grave n’est pas de se tromper, c’est de ne pas y regarder de plus près. Il est ahurissant d’entendre tel slogan futile qui suffit à fonder toute une existence, tel dicton éculé qui permet d’envisager tranquillement l’éternité sans Dieu. Et c’est avec ces paroles creuses que des gens se perdent parmi nos proches, notre Eglise, notre cadre professionnel.

Prions pour eux, pour savoir leur montrer combien Dieu est tout autre et combien une relation profonde avec lui libère, épanouit, donne du sens à la vie.
Mais dans l’Eglise il y a aussi le risque de se perdre en objectifs étrangers à la volonté de Dieu, en vision déformée des autres, voire en enseignements douteux. On peut blesser autrui et même se perdre à cause d’une fausse conception de la liberté.

2.Une relation perdue mais retrouvée

Illusions perdues

Quand on s’adonne à des illusions on prend le risque de tout perdre… y compris ses illusions ! Oh, pas tout de suite. Le cadet découvre enfin cette liberté rêvée, la grande vie riche de plaisirs et libre de toute contrainte, pleine de relations. Grâce à quoi ? L’argent du père : il avait quand même ça de bien !

Mais quand cet argent est épuisé, la bulle des illusions éclate et le garçon retombe lourdement dans la réalité ordinaire. Et curieusement c’est juste alors qu’il y a une grande famine dans le pays…

Encore un coup du père tyrannique ? Non, le rejet du Père

Non ! la cause c’est l’absence, le rejet de ce père : là-bas on peut manger autant qu’on veut, alors que moi je suis ici à mourir de faim. C’est cette distance mise entre lui et le père qui cause la famine, l’exploitation, l’avilissement (un Juif réduit à garder des cochons !).  Masquée jusque là par la vie factice, la réalité reprend ses droits et toute son autorité implacable.

Juste appréciation de la réalité

Et maintenant ce qui est décisif, c’est ce qui va se passer dans sa tête : il se mit à réfléchir sur lui-même. Encore faut-il que cette réflexion soit honnête. Va-t-il accuser la société, « le système », le patron ; ce serait courir encore plus  loin du père. Eh bien non, mais il faut aller jusqu’au bout de cette nouvelle lucidité :

Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi,  v.18. Et il se mit en route.

Mais le long d’un tel retour, combien de gens s’arrêtent en route, bloqués par l’orgueil, le refus de se déjuger, la peur d’affronter les réactions des autres, celles de son frère dès son arrivée :

Et quand ton fils est arrivé, celui qui a mangé ton bien avec des prostituées, c’est pour lui que tu as tué le veau gras v. 30

Non, la déchéance est telle qu’il a retrouvé une juste appréciation des choses :

je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes ouvriers. v. 19

Retour vers le Père, retour sur soi

Mais encore une fois, ce n’est pas le père qui lui a fait la leçon pour provoquer ce changement de perspective. Et voilà que la présence du Père devient désirable, se remettre sous son autorité devient vital.

Revenir au père, c’est le seul moyen d’éviter la mort. Plus question d’indépendance à tout prix, on est près d’une dépendance volontaire inconditionnelle. Le retour sur soi doit déboucher sur un retour chez soi, c’est à dire à une relation étroite avec le Père, sans mérite à faire valoir. Ca, c’est comme une résurrection, le début d’une vraie vie.

Plein d’illusions mais tout de même perdu

Notons que l’aîné, lui, a beau être chez lui, auprès du père, il est moralement à des milliers de kilomètres de lui. Il n’a qu’une relation pharisaïque, c’est à dire nulle : il est fier de sa fidélité sans faille, de sa propreté morale, de la modestie de ses demandes par rapport à l’immensité de ses mérites.

Impeccable, mais plein d’illusions et perdu là où il pourrait être sauvé, heureux. S’il connaissait ou voulait connaître réellement son père. On est encore plus gravement perdu, quand on est sûr d’être le seul à ne pas être égaré.

3. L’amour du Père

Pardon sans leçon de morale

Imaginez les craintes, les remords qui se bousculent dans la tête du cadet en route. Et quand à l’approche de la maison il lève un instant les yeux, le ciel lui tombe sur la tête : il n’est pas arrivé, il n’a rien dit et le voilà enfermé dans les bras de son père !

Comment est-ce possible ? Il est le bienvenu, il est embrassé, il est pardonné, il est même totalement restauré dans sa position de fils de la maison ! Et pas seulement sous forme de promesses, mais avec des actes et sans délai. Et tout cela par celui qu’il avait carrément enterré avant l’heure !

On n’a pas l’impression que son père ait entendu ses paroles, tant sa repentance était évidente dans son retour et son attitude lamentable. Tout comme Dieu, ce père n’est pas un esprit chagrin qui met sérieusement en doute les motivations de ce retour pourtant attendu.

Cela fait qu’il manque ici quelque chose que nous aurions sans doute préparé avec soin et considéré comme essentiel : une solide leçon de morale ! C’est ainsi que Dieu nous traite, nous aussi, avec une grâce confondante : il nous montre jusqu’où il est allé par amour pour nous, nous attendant depuis 2000 ans : la Croix.

Grâce à grand prix et pardon inconditionnel

C’est bien la preuve que la grâce accordée aux coupables n’est pas une grâce à bon marché, elle a coûté le prix le plus énorme et c’est Dieu qui l’a assumé. Il est donc justifié d’appeler cette parabole la parabole du père prodigue et c’est par des actes bien concrets qu’il montre son amour. Pensons-nous, voulons-nous en faire de même envers qui nous demande pardon ? Et ne plus rappeler la faute couverte par le pardon ?

C’est alors qu’éclate avec magnificence la réalité capitale qui a toujours existé et que les deux fils ont toujours brouillée par leur égoïsme : l’infini amour inconditionnel du père. Cet amour existe pareillement aujourd’hui, même pour ceux qui ont « tué le père », qui clament la mort de Dieu. Il leur faut parfois en arriver à une extrémité comme le cadet pour avouer qu’il est d’une urgence vitale de revenir à ce père pour que la vie ne se perde pas misérablement, mais soit restaurée dans un sens épanouissant.

Légaliste et fier de l’être

Mais il est des gens volontairement aveugles : comme l’aîné, ils maintiennent fièrement leur distance et osent même jeter à la face du Père céleste leur palmarès impeccable et si injustement méconnu.

Ils se scandalisent de ce que leur respect (légaliste) de toutes les règles de service ne leur rapporte rien. Eux n’ont jamais réfléchi sur eux-mêmes et arrivent à continuer à ruminer une rancœur contre leur père, qui, lui, les aime de manière extraordinaire.

Dieu créateur généreux et plein de bonté

Pour finir juste encore trois conclusions un peu carrées tirées de cette histoire de Jésus. Comme n’importe quel plant de tomate, l’être humain n’est pas fait, pas capable de mener une vie utile à d’autres sans un bon appui, tuteur.

Pourquoi fuir le meilleur : son Créateur ? Maintenir une fausse image de celui-ci n’est pas une simple bévue, c’est franchement du suicide prémédité. Car par-delà tous les errements possibles des hommes, il y a une réalité intangible, dont tout chrétien devrait méditer la fantastique bénédiction :

Mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j’ai est à toi ; mais il fallait bien s’égayer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et qu’il est revenu à la vie, parce qu’il était perdu et qu’il est retrouvé.  v. 31.

J.J.Streng