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Liberté du chrétien et/ou dépendance de Dieu

La liberté du chrétien

En Jean 8.30-37 Jésus nous montre comment il conçoit la liberté du chrétien ainsi que son domaine d’application.

Comme Jésus parlait ainsi, plusieurs crurent en lui. Et il dit aux Juifs qui avaient cru en lui : Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. Ils lui répondirent : Nous sommes la postérité d’Abraham, et nous ne fûmes jamais esclaves de personne ; comment dis-tu : Vous deviendrez libres ?

En vérité, en vérité, je vous le dis, leur répliqua Jésus, quiconque se livre au péché est esclave du péché. Or, l’esclave ne demeure pas toujours dans la maison ; le fils y demeure toujours. Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres.

Je sais que vous êtes la postérité d’Abraham ; mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole ne pénètre pas en vous.

Des questions centrales : la relation entre Jésus-Christ et Dieu

Jésus-Christ enseigne dans la cour du Temple, près du tronc des offrandes.
Il aborde des questions centrales : quelle relation unit Dieu et Jésus son Fils, quelle est la mission de Jésus-Christ et comment révèle-t-il Dieu le Père ?

 Ils lui dirent donc : Où est ton Père ? Jésus répondit : Vous ne connaissez ni moi, ni mon Père. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père . (Jean 8.19)

Jésus leur dit donc : Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez ce que je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je parle selon ce que le Père m’a enseigné (Jean 8.28)

Beaucoup de ceux qui l’écoutaient crurent en lui. (Jean 8.30

Jésus qui discerne le fond des cœurs est obligé de préciser ses paroles. Il interpelle ses auditeurs sur la nature de leur foi naissante.

Ainsi, suivre Jésus ne consiste pas en une simple adhésion intellectuelle risquant d’aboutir à un foi superficielle. Le suivre c’est persévérer dans ses enseignements et les mettre en pratique.Suivons maintenant la pensée de Jésus et son argumentation face aux Juifs qui le questionnent

1) Comment devenir des femmes et des hommes libres ?

Ainsi vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres (Jean 8.32)

La conversion, qu’elle soit radicale ou plus progressive, est un demi-tour suivi d’un changement de direction. La repentance, l’accueil du pardon des péchés et le choix de suivre Jésus-Christ constituent une toute première étape. Mais force est de constater que toutes les chaînes du péché, des mauvaises habitudes, des traditions ne tombent pas d’un seul coup.

Il serait intéressant d’écouter ce que les uns et des autres peuvent raconter à cet égard.Découvrir et connaître la vérité puis s’appliquer à suivre les enseignements du Maître est un long processus, un apprentissage qui libère peu à peu.

Je suis le chemin, la vérité et la vie, nul ne vient au Père que par moi (Jean 14.6 )

La réalité effectivement vécue est rarement une ligne droite toujours ascendante qui symboliserait une marche spirituelle sans faille. Dans la vie on s’engage par moments dans des voies sans issue, et des raccourcis qui n’en sont pas, comme Israël dans le désert.

Alors oui, exercer la foi, c’est dépendre de plus en plus de Dieu, discerner les chaînes du péché qui nous retiennent et la poutre qui est dans nos yeux. C’est accepter d’être l’argile malléable dans les mains du potier. Jésus lui-même est plénitude de grâce et de vérité (Jean 1.14) pour ceux qui veulent vraiment connaître la liberté.

2. De quoi faut-il être libéré ?

Jésus leur répondit : «oui je vous le déclare, c’est la vérité : Tout homme qui pêche est un esclave du péché » (Jean 8.34)

De par sa nature, l’homme est asservi au mal, au péché. Il est esclave de ce qui a triomphé de lui. Le fait de proposer la liberté suppose l’existence d’un état d’esclavage.

Les Juifs qui écoutent Jésus sont choqués et scandalisés par son affirmation. Ils sont descendants d’Abraham donc héritiers des promesses réservées au peuple élu. C’est un titre qu’il revendiquent et dont ils sont fiers.

Nous sommes la postérité d’Abraham, et nous ne fûmes jamais esclaves de personne ; comment dis-tu : Vous deviendrez libres ? (Jean 8.33)

Jésus leur répond : c’est une illusion, vous vous leurrez vous-mêmes.

En vérité, en vérité, je vous le dis, leur répliqua Jésus, quiconque se livre au péché est esclave du péché (Jean 8.34)

et il ajoute plus loin

Je sais que vous êtes la postérité d’Abraham ; mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole ne pénètre pas en vous (Jean 8.37)

Jésus est venu dans le monde pour mourir sur une croix et libérer les hommes de leurs péchés. Ce n’est pas une liberté politique ou sociale que Jésus propose mais la possibilité et la seule de rompre avec l’esclavage du péché

Quel est le discours ambiant au XXIe siècle

Selon les critères courants de notre société, il n’existe pas vraiment de normes ou de références en matière éthique, il est donc difficile de distinguer le bien du mal. La notion de péché et de transgression d’une loi divine n’est plus à la mode. L’homme est appelé à s’épanouir comme il l’entend, sans contrainte ni limite. Cela reparait dans l’éducation des enfants.

La réaction de rejet de l’Evangile est souvent motivée par l’illusion d’être libre. On est aveuglé sur la réalité de la condition humaine soumise à l’influence du mal et des forces spirituelles mauvaises.Il est donc difficile de proposer un remède au malade qui s’ignore. Sur la croix Jésus a payé le prix fort pour permettre de rompre avec le péché.

3. Quelle est la menace qui pèse sur la liberté du chrétien ?

Le Christ nous a libéré pour que nous soyons vraiment libres. Tenez bon donc ne vous laissez pas de nouveau réduire en esclavage  (Galates 5.1)

Cette citation de Paul se rapporte au débat qui agitait alors l’Eglise, à propos de la raison d’être de la circoncision, comme signe extérieur visible d’appartenance au peuple d’Israël. Certains Juifs convertis à la foi chrétienne (les judaïsants) voulaient l’imposer aux chrétiens issus du paganisme .

La tentation ou le piège est clair : cela consisterait à se soumettre de nouveau aux règles imposées par la Loi juive de l’Ancien Testament.

Pratiquer la circoncision signifie alors que la Croix n’est pas tout à fait suffisante.
Il faut rajouter quelque chose qui en l’occurrence est spécifique du peuple juif.

La justification par la grâce seule est parfaitement suffisante mais la tentation du salut par les mérites est tenace de nos jours encore. On évalue volontiers la spiritualité d’autrui à son zèle pour évangéliser, à l’expression de belles prières, à son assiduité aux rencontres d’Eglise etc.

Alors qu’est ce que la liberté bien comprise ?

Vous avez été appelés à la liberté ; seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte de vivre selon la chair ; mais rendez-vous, par l’amour, serviteurs les uns des autres. Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. (Galates 5.13-14

L’inverse serait :

Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde que vous ne soyez détruits les uns par les autres. (Galates 5.15)

Ne nous trompons pas de grille de lecture, utilisons plutôt celle de Galates5. 22, d’une vie placée sous la direction effective du Saint-Esprit

Mais le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi (Galates 5.22)

Quant à nous mettons tout notre espoir en Dieu qui nous rendra juste à ses yeux. C’est ce que nous attendons, par la puissance du Saint Esprit qui agit au travers de notre foi (Galates 5.5)

4. La liberté chrétienne ne se vit pas contre mais avec le prochain

Vivre la liberté chrétienne ne signifie pas l’absence de toute contrainte ou limite. Et mon prochain est cette limite car il est différent de moi à bien des égards : éducation, âge, parcours de vie, personnalité.

Paul a dit qu’il n’est l’esclave de personne mais qu’il s’est rendu esclave (serviteur) afin de gagner le plus de gens possible au Christ.

Car, bien que je sois libre à l’égard de tous, je me suis rendu le serviteur de tous, afin de gagner le plus grand nombre. (1 Corinthiens 9.19)

L’exercice de notre liberté ne saurait se passer d’amour et d’esprit de service. La liberté s’inscrit donc dans un cadre relationnel. Il existe bien un lien indissociable entre la liberté et l’amour.

Une saine liberté en Christ

Vivre une saine liberté en Christ peut se résumer ainsi : c’est être uni étroitement Jésus-Christ et suivre son enseignement. C’est renoncer à l’esclavage du péché par la puissance de la croix. Veiller plutôt à dépendre de la grâce seule. Et surtout faire bénéficier mon prochain de ma liberté.

W.Kreis

Impact de la résurrection pour le chrétien et pour l’Eglise

Importance de la résurrection

Dans le chapitre 15 de sa première lettre aux Corinthiens l’apôtre Paul démontre l’impact de la résurrection, son importance fondamentale et même fondatrice pour l’Église et pour le chrétien. Et si nous ne fêtons qu’une fois par an l’événement de Pâques, c’est chaque jour jusque dans l’éternité que nous nous réjouissons, que nous vivons de ses conséquences.

Pour nous aider à nous affermir dans la vie nouvelle apportée par le Ressuscité, méditons sur trois des profondes nouveautés introduites par la résurrection pour le chrétien.

Et si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés, et par conséquent aussi ceux qui sont morts en Christ sont perdus. Si c’est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes.

Mais maintenant, Christ est ressuscité des morts, il est les prémices de ceux qui sont morts; Car, puisque la mort est venue par un homme, c’est aussi par un homme qu’est venue la résurrection des morts. 

Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ, mais chacun en son rang. Christ comme prémices, puis ceux qui appartiennent à Christ, lors de son avènement. 

Ensuite viendra la fin, quand il remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père, après avoir réduit à l’impuissance toute domination, toute autorité et toute puissance. Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. 1 Corinthiens 1.17-25

1. Notre manière de voir la croix

Une annonce stupéfiante

Le ministère de Jésus se développe et dans les foules l’idée se fait jour qu’il pourrait être le Messie. Et voilà que Jésus annonce aux douze que ce ministère va connaître une fin brutale. Il va être mis à mort par les autorités religieuses du pays. Il ajoute même qu’il faut que les choses se passent ainsi! Difficile d’imaginer des paroles plus stupéfiantes, incompréhensibles, révoltantes !

Une annonce impossible à envisager

Comment envisager que leur Maître qui fait tant de bien, soit torturé à mort par ceux-là même qui avant tout autre, devraient reconnaître en lui le Messie attendu par tout Israël et lui réserver un accueil digne du Fils de Dieu ?

Alors les disciples ou bien n’arrivent pas à entendre ces paroles, même quand il les répète, ou bien par l’intermédiaire de Pierre, ils s’insurgent pour dire qu’il ne peut en être question, qu’ils ne peuvent se résoudre à un tel scandale.

Une réaction compréhensible des disciples

S’ils se révoltent, c’est par affection pour lui, c’est par égard pour son ministère qui, comme celui de Jean-Baptiste, ramène les gens à ce qui est central dans la foi juive. C’est vrai aussi qu’ils ont complètement bousculé leur mode de vie pour se consacrer à plein temps à leur Maître.

Alors que deviendront-ils, devront-ils peut-être même subir la même honte de la crucifixion ? Avant et pendant la Passion ce spectre effrayant de la Croix ne pouvait être qu’une intolérable injustice, la honte totale pour l’homme le plus noble qui ait jamais vécu sur terre. Et dire que le maître va résolument à Jérusalem, vers ce qui ne peut-être qu’un échec infamant, alors qu’à vues humaines c’est encore tout à fait évitable !

Et quand à Gethsémané,  ils voient même leur Maître aller au-devant de ses bourreaux, le désespoir et la panique les saisissent, tout leur semble perdu et ils ne pensent plus qu’à sauver leur propre vie, abandonnant le Maître.

Un échec apparent

L’histoire ultérieure abonde en déclarations soulignant cet énorme échec. Ses assassins se moquent : « Dire qu’il a sauvé les autres et qu’il est incapable de se sauver lui-même ! »

Celse, un adversaire romain du christianisme, raillait cette religion d’esclaves qui prétend que le salut peut venir d’un supplicié sur une croix. Beaucoup, même au 21e s. s’insurgent contre cette religion sanguinaire qui continue à prôner un sacrifice sanglant.

Trois jours après, une majestueuse résurrection

Or cette mort tragique a été suivie, trois jours après, d’une majestueuse et irrésistible résurrection. Elle est attestée en particulier par les efforts désespérés des autorités pour la dissimuler.

Et quelques semaines plus tard le langage des apôtres, leur vie-même est totalement transformée. La Croix n’est plus la chose horrible à laquelle on ne peut se résoudre à penser, elle est au centre d’une proclamation publique que Pierre fait à des milliers de juifs venus du monde entier.

Pierre glorifie son Maître crucifié et ressuscité, il déclare que cette Croix faisait partie du plan éternel de Dieu et que Dieu a approuvé ce Jésus crucifié en le ressuscitant et en l’élevant dans la gloire. Paul s’écrie qu’il n’en a aucune honte, mais qu’il en est fier : 1 Corinthiens. 1.18, 21-24 ; 2.2.

Une nouvelle manière de voir la croix

Les retrouvailles heureuses avec le Seigneur ressuscité les ont fait reconsidérer la Croix à la lumière des déclarations précédentes de Jésus et de l’Ancien Testament à son sujet.

Et voilà que cet affreux instrument de supplice romain devient le symbole-même de l’amour de Dieu pour l’humanité pécheresse. L’outil de la bassesse et de la perversité des hommes devient la démonstration de l’amour de Dieu, de sa volonté de pardon, de sa puissance de vie. Elle nous rappelle notre péché et notre condamnation, mais aussi que Jésus y a pris notre place et nous a ainsi entraînés par son amour dans une vie qui ne cessera plus, avec lui.

2. Suprématie du spirituel sur le matériel

Envisager la dimension spirituelle

Une des difficultés du Seigneur en annonçant la venue du royaume de Dieu, ce fut souvent d’arriver à amener son auditoire à quitter le niveau du tangible, du matériel pour envisager la dimension spirituelle des choses.

Son public juif enfermait sa réflexion dans le domaine matériel, ce qui fait que le levain des pharisiens était le produit pour faire lever la pâte à pain qu’on achetait dans un magasin appartenant à un pharisien. Il ne comprenait que difficilement que c’était aussi bien la mentalité légaliste de propre juste typique des pharisiens qui se considéraient comme les seuls purs dans la peuple juif. Même un intellectuel comme Nicodème ne voit pas comment on pourrait naître de nouveau, puisqu’il faudrait, pour cela, retourner dans le ventre de sa mère.

Comprendre comment fonctionne la foi

C’est bien aussi le problème de notre culture athée française qui se vante de ne croire que ce qu’elle voit et considère comme irréel, illusoire tout ce qui n’est pas de ce niveau.

Or si on comprend correctement Hébreux 11.1, on peut y voir le mode de fonctionnement de la foi, de ce que j’appellerai le sixième sens, propre au chrétien, qui lui permet de percevoir un monde de réalités complémentaire à celui des cinq sens.

La foi lui ouvre là un domaine au moins aussi réel, riche et varié que le premier, mais profondément déterminant pour sa destinée éternelle et donc aussi terrestre. Et dire que ceux qui nient cette réalité se moquent de ce qu’ils appellent nos rêveries, notre irréalisme et se disent les seuls réalistes !

Priorité du spirituel, importance du matériel

Jésus exhorte ses disciples à chercher d’abord le Royaume de Dieu et sa justice = à donner la priorité à la dimension spirituelle de leur vie, à faire passer devant tout le reste ce qui a vocation éternelle.

Mais il ne dit pas que les choses matérielles sont méprisables, sans importance, comme le déclare la pensée platonicienne grecque. Il n’en sous-estime pas l’importance, il veut simplement que ces choses matérielles ne masquent pas, ne fassent pas passer à côté de ce qui est prioritaire et même vital. Bien loin de mépriser le matériel, il dit que celui qui ordonne correctement ses priorités, recevra de Dieu lui-même le matériel en supplément.

Oui, on peut aussi confier à Dieu de petits problèmes pratiques, Dieu en prendra également soin, puisqu’il s’agit toujours de ce qui concerne son enfant. Lorsque Jésus ressuscité reprend contact avec ses disciples, au bord du lac où ils ont pêché, il ne leur a pas préparé un grand exposé sur le ciel, mais un solide petit déjeuner et les invite même à y contribuer avec le produit de leur pêche (Jean 21).

La résurrection de Jésus apporte une confirmation éclatante à son enseignement sur la supériorité du spirituel sur le matériel, quand il disait de ne pas craindre ceux qui peuvent tuer le corps, mais pas plus. Il est ressuscité, ses ennemis n’ont pas pu l’éliminer. Et comme il est ressuscité spirituel, ils n’ont même plus de prise sur lui.

Corps et âme créés par Dieu

Mais il est aussi ressuscité avec un corps. Et ce corps est un vrai corps, capable de manger comme le nôtre, avec en plus d’autres capacités que nous n’avons pas sur terre. Ce corps a autant de prix que l’âme aux yeux de Dieu qui les a créés l’un comme l’autre.

C’est ce que Jésus avait déjà illustré dans son ministère, quand il libérait tantôt une personne de l’emprise spirituelle d’un démon, tantôt une autre handicapée physiquement par la paralysie ou une maladie. Il se préoccupe du corps comme de l’âme. Mais le corps n’a pas d’avenir sans l’âme et l’âme doit d’abord être régénérée pour que le corps puisse l’accompagner, transfiguré, dans la vie éternelle.

Vocation du chrétien : une sanctification progressive

Et parce que le spirituel prime sur le matériel, la vocation du chrétien sur terre, ce n’est pas d’abord d’être indemne de toute maladie, comme certains le prêchent. Ce n’est pas non plus d’être dégagé de tous les problèmes matériels, d’être riche, selon un enseignement à la mode dans certains pays. Certes Dieu peut accorder ces bienfaits, mais cela n’a rien de systématique.

Ce que Dieu attend du chrétien

En revanche ce qu’il attend de chaque chrétien sans exception et qu’il veut aussi accorder à chacun, c’est une vie de pureté, de sanctification progressives, en étroite relation suivie avec lui. « Sans la sanctification, nul ne verra le Seigneur ! » nous avertit-il en nous invitant à prendre sur nous son joug qui n’est pas pénible, car il est un Maître doux et humble de cœur.

En effet il est aussi le Dieu qui ne se lasse pas de pardonner à ceux qui veulent vivre sous sa direction. La preuve en est justement la résurrection qui pose le sceau de l’approbation du Père sur l’œuvre d’expiation accomplie par le Fils.

Supériorité de l’amour sur l’égoïsme

Par son exemple pratique il avait aussi enseigné la supériorité de l’amour sur le souci de soi-même, la priorité du sacrifice pour autrui sur l’égoïsme obtus. Non seulement on ne l’a pas cru, mais on n’a pas supporté cette attitude et on l’a assassiné.

Mais la résurrection confirme magnifiquement cette vision de la vie et la supériorité d’une vie consacrée aux autres, jusqu’au sacrifice. Il a démontré ainsi qu’une vie prend une valeur éternelle si elle n’a pas été fermée sur elle-même, mais consacrée aux autres.

3. Une toute nouvelle manière de voir Jésus-Christ

La résurrection a aussi conduit les disciples à voir Jésus sous une tout nouveau jour.

Un long chemin avant la croix

Jusqu’où étaient-ils parvenus avant la Croix ? C’est vrai qu’ils avaient parcouru un long chemin. Ce rabbin si atypique dont ils avaient fait leur Maître, ils l’avaient découvert comme homme, ils s’étaient attachés de plus en plus à cet enseignant qui vivait ce qu’il prêchait, qui s’inquiétait d’abord des personnes et non des coutumes culturelles ou religieuses.

Ce qu’ils l’entendaient dire, ce qu’ils le voyaient faire, les a peu à peu amenés à l’idée qu’il devait être le Messie, à une conviction au moins intellectuelle, comme Pierre va l’exprimer au nom de tout le groupe.

L’intervention du Saint-Esprit

Mais ce n’était pas encore une certitude spirituelle, qui transforme la vie de celui qui la porte. Pour cela il a fallu ce dont nous avons besoin, nous aussi : Luc 24.45-47.

Cette intervention du Saint-Esprit après la résurrection change totalement leur perspective. Jésus n’est plus seulement le Messie d’Israël, il est désormais, comme le confesse Thomas, mon Seigneur et mon Dieu, dans une relation personnelle d’une qualité toute nouvelle. Chacun désormais parle du Seigneur Jésus-Christ, une désignation nouvelle, et lui-même les appelle maintenant ses frères.

Pas seulement servir  le Christ mais l’accueillir

Il ne s’agit plus seulement de le servir extérieurement comme Maître, mais de l’accueillir dans l’intimité de sa vie comme l’inspirateur de toute chose, comme celui qui dirige de l’intérieur et fait de plus en plus ressembler à lui-même la personnalité qu’il anime ainsi.

Ce cheminement de purification, de sanctification progresse selon le mot d’ordre « Christ en nous, l’espérance de la gloire ». La conversion l’a greffé sur Christ, il va s’enraciner peu à peu en lui par un lien organique qui le fait croître en Christ et porter des fruits pratiques.

Jésus-Christ chef de l’Eglise

La Croix et la résurrection ont aussi fait de Jésus le premier-né d’entre les morts, la tête de file d’une humanité nouvelle, le chef d’un peuple de Dieu d’un nouveau genre, la tête du corps qu’est l’Église. Habités par le Christ, comme on vient de le voir, et animés de son amour qui les a régénérés, les membres de cette Église répandent la bonne odeur du Christ en paroles et en actes, faisant grandir ainsi de plus en plus ce nouveau peuple de Dieu.

Majesté cosmique du Christ

A ces deux dimensions nouvelles sur le plan individuel et communautaire la résurrection ajoute aussi la découverte de la majesté cosmique de Jésus comme Co-créateur : Colossiens 1.15-20 ; Ephésiens 1.10,14c. Ce sont là de courts extraits de deux développements où Paul élève son regard à l’impact universel de l’œuvre de Jésus à la Croix, à l’effet produit par la victoire de la Croix sur la totalité de la Création. On retiendra juste quelques points majeurs :

– toute la Création a été faite en lui, par lui et pour lui : il est sa raison d’être, donc aussi la mienne ;
– il en est le Premier-né = il est au-dessus de tout ce qui existe, avec le rang le plus élevé qui soit ;

Un ré-agencement de l’univers, centré sur le Christ

– dans le plan de Dieu tout l’univers sera dirigé vers lui en un complet ré-agencement, une toute  nouvelle organisation de toute chose centrée sur lui, comme tête de la Création ; tout cela est devenu possible parce que par sa Croix il a éliminé le corps étranger du péché ;
– en lui réside pleinement et corporellement l’infinie richesse de Dieu = il est donc dans la nouvelle Création réorganisée celui qui constitue en lui-même la parfaite présence de Dieu.

Dans l’Ancienne Alliance le croyant trouvait sa raison d’être dans sa fidélité à l’alliance établie par Dieu avec son peuple, il pouvait alors même être appelé l’ami de Dieu. Dans la Nouvelle Alliance Dieu accorde au chrétien une nouvelle nature, celle d’enfant de Dieu en qui il vient faire sa demeure avec son Fils. Celui-ci est le garant d’une alliance meilleure (Hébreux 7.22), parce qu’elle n’est plus à la merci de la fragilité et de l’infidélité des hommes.

Tout désormais est centré sur l’œuvre de Jésus à la Croix et sur sa résurrection. Il est pleinement Dieu, mais aussi parfaitement homme et se trouve donc dans une relation toute nouvelle et plus étroite avec la nouvelle création qu’il préside et où nous sommes, avec tout ce qui existe, ceux qui célèbrent sa gloire.

J.J. Streng

Ne cherchez pas le Vivant parmi les morts – Luc 23

Ne cherchez pas le Vivant parmi les morts – Souvenez-vous…

La mort du Christ, un vide immense

Au petit matin du premier jour de la semaine, quelques femmes juives parcourent en silence les rues de Jérusalem, un panier à la main, rempli de flacons d’huiles parfumées et d’aromates.

Non, elles n’ont pas le cœur à deviser ensemble, elles se hâtent pour rendre à un mort les devoirs requis par la coutume.

Et quel mort ?

  • Celui qui avait été annoncé par les prophètes comme le puissant Sauveur qui délivre des ennemis (Luc 1:69-71)
  • Celui qui vient au nom du Seigneur selon le Psaume 118.35 (Luc 13.35)
  • Celui qui guérissait les malades et ressuscitait les morts…
  • Celui que certains espéraient même ouvertement ou secrètement voir chasser l’occupant romain et prendre place sur le trône des anciens rois d’Israël

Rien de tout cela, mais un vide immense, accablant. Tous les espoirs se sont écroulés : Jésus est mort sur une croix depuis l’avant-veille, le vendredi après midi.
Un vide immense que rien ne peut combler, certainement pas la coutume, l’obligation de finir les soins dus au corps, à peine commencés l’avant-veille.

Les femmes qui étaient venues de la Galilée avec Jésus accompagnèrent Joseph, virent le sépulcre et la manière dont le corps de Jésus y fut déposé, et, s’en étant retournées, elles préparèrent des aromates et des parfums. Puis elles se reposèrent le jour du sabbat, selon la loi. 

Le premier jour de la semaine, elles se rendirent au sépulcre de grand matin, portant les aromates qu’elles avaient préparés. Elles trouvèrent que la pierre avait été roulée de devant le sépulcre; et, étant entrées, elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus. Luc 23.55-24.3

Le tombeau vide

Après la crucifixion, le corps de Jésus a été mis au tombeau situé dans un rocher creusé, prêté par Joseph d’Arimathée, un sympathisant. Les femmes sont là aussi ; elles observent pour savoir comment s’y prendre ensuite. Habituellement, ce sont elles qui s’occupent de la toilette funéraire.On roule une grosse pierre ronde pour fermer l’entrée. (Matthieu 19.60) Cela va certainement compliquer les choses

Les voilà arrivées dans le jardin, devant la grotte.
Plus de pierre devant l’entrée, cela règle la question, mais … le choc ! : plus de corps non plus!
Ce que les femmes trouvent, ne correspond en rien à ce qu’elles attendaient : le tombeau est vide

Comme elles ne savaient que penser de cela, voici, deux hommes leur apparurent, en habits resplendissants. Saisies de frayeur, elles baissèrent le visage contre terre ; mais ils leur dirent :

Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il n’est point ici, mais il est ressuscité. Souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé, lorsqu’il était encore en Galilée, et qu’il disait : Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour. 

Et elles se souvinrent des paroles de Jésus.A leur retour du sépulcre, elles annoncèrent toutes ces choses aux onze, et à tous les autres. Celles qui dirent ces choses aux apôtres étaient Marie de Magdala, Jeanne, Marie, mère de Jacques, et les autres qui étaient avec elles. Luc 24.4-10

La proclamation des anges

A la place du mort, des personnages étranges, en vêtements étincelants, deux anges, comme le répéteront plus tard les disciples d’Emmaüs (Luc 24.23)
Ces hommes aux vêtements brillants prononcent deux affirmations contradictoires :

Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui vit ?
Il fallait que le Fils de l’Homme soit crucifié, et qu’il meure.

Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? (Bible de Jérusalem et Traduction Œcuménique de la Bible ). Le vivant plutôt que‚ « celui qui est vivant. » (Segond, Nouvelle Edition de Genève, Semeur, Bible en Français Courant)

Or le fait est : il est ressuscité = il vit !

Le Vivant, c’est le caractère principal de Dieu.

Dieu est le Dieu vivant, cité plusieurs fois dans l’Ancien Testament, en particulier dans les Psaumes 18, 42, 84.
Il est l’Eternel Dieu, Celui qui vit éternellement YHVH, Adonaï,
« Je suis qui je suis » (Exode 3.14)

Jésus a revendiqué cette identité avec Dieu.

Il a revendiqué l’éternité :

Avant qu’Abraham fût, je suis (Jn 8.58) ; je suis la résurrection et la vie (Jn 11.25)

  • l’égalité : Moi et le père, nous sommes un (Jean 10.30) ;
  • l’autorité sur la création : la tempête apaisée ;
    • sur les démons : la guérison du démoniaque ;
    • sur la mort : la résurrection de la  fille de Jaïrus, celle de Lazare.

Le Vivant qui doit mourir pour ressusciter

Le Vivant : un beau titre pour le ressuscité (Apocalypse 1.18)
Pourtant ce Vivant doit mourir, pour renaître et porter du fruit, comme le grain de blé tombé en terre (Jean 12.24).

Il n’est plus ici, mais il est ressuscité. Rappelez–vous ce qu’il vous disait quand il était encore en Galilée :

 Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour.

Il est ressuscité : voilà l’explication du tombeau vide

Souvenez-vous, rappelez-vous !

Rappelez-vous : c’est un appel à la mémoire, au souvenir des paroles de Jésus, pas un retour au tombeau.

Se souvenir : faire revenir, faire intervenir dans son présent, le sens des paroles dites et des actions accomplies dans le passé de l’histoire du salut. Se souvenir des annonces que Jésus, de son vivant, avait faites à propos de sa mort et de sa résurrection.

Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour. 

Se souvenir des annonces de la passion de Jésus.

Pour Luc, c’est Jésus lui-même qui a donné à l‘avance le sens de sa résurrection. De manière répétée, il a annoncé la nécessité de ses souffrances et de sa mort. Il s’est revendiqué comme Fils de l’Homme souffrant.

Il ajouta qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite le troisième jour. Luc 9.22

Pour vous, écoutez bien ceci : Le Fils de l’homme doit être livré entre les mains des hommes. Mais les disciples ne comprenaient pas cette parole ; elle était voilée pour eux, afin qu’ils n’en aient pas le sens ; et ils craignaient de l’interroger à ce sujet. Luc 9:44-45

Jésus prit les douze auprès de lui, et leur dit :

Voici, nous montons à Jérusalem, et tout ce qui a été écrit par les prophètes au sujet du Fils de l’homme s’accomplira. Car il sera livré aux païens ; on se moquera de lui, on l’outragera, on crachera sur lui, et, après l’avoir battu de verges, on le fera mourir ; et le troisième jour il ressuscitera.

Mais ils ne comprirent rien à cela ; c’était pour eux un langage caché, des paroles dont ils ne saisissaient pas le sens. Luc 18.31-34

Personne n’a compris les annonces de la passion

Des explications, des justifications : il en fallait.

Et tout ce qui a été écrit s’accomplira .

Mais les disciples n’ont pas compris le sens de ces paroles de Jésus quand il annonçait sa passion. Ou alors, ils n’ont pas osé l’interroger.

Ils n’ont pas compris et n’ont pas osé poser de question. Sans doute parce que, en cas de contestation ( Cela ne t’arrivera pas ), ils craignaient d’avoir la même réponse que celle que le Seigneur donnée à Pierre : Arrière de moi, Satan !  (Matthieu 16.22-23)
La preuve : ils se sont disputés pour la première place, juste après l’annonce de la passion (Luc 9.46).

Personne n’a vraiment compris. Personne ne s’est souvenu, les femmes non plus. Elles auraient dû se souvenir, mais de quoi ?

Le souvenir revient

Il faut une intervention des anges pour comprendre, pour que le souvenir remonte à la mémoire.

Elles se souvinrent alors des paroles de Jésus.
Leur mémoire revient. Les femmes se souviennent : la tombe vide, les prédictions de Jésus, tout ce qu’il a annoncé de ses souffrances, de sa mort et de sa résurrection, la proclamation des anges …

Ne cherchez pas le Vivant parmi les morts !
Souvenez-vous de ce qu’il a annoncé !
Il fallait qu’il meure pour ressusciter.

Les femmes dans le respect de la tradition funéraire, se dirigent vers la tombe, les anges les redirigent vers la vie.
Elles sont déconcertées par la découverte d’un tombeau vide, elles reçoivent la bonne nouvelle de la résurrection de Jésus.

Les messagères de la résurrection

Maintenant, elles en sont sûres, ces femmes fidèles, dévouées, qui ont suivi Jésus sur les routes, (Luc 8.1-3) peuvent maintenant annoncer aux apôtres la bonne nouvelle de la résurrection. (Luc 24.9 -10

Et c’est seulement quand elles ont rempli leur fonction de messagères, d’apôtres des apôtres que Luc précise leur nom.

Ne cherchez pas le Vivant parmi les morts !
Ne cherchez pas le Vivant parmi les morts. Souvenez-vous… !

Chercher le Vivant parmi les morts !

N’est ce pas ce qu’on fait souvent sans s’en rendre compte.

On se souvient, on se tourne vers le passé, le nôtre ou celui des autres, on fait remonter les souvenirs et, curieusement, plutôt les mauvais !

On cherche des explications à ce qui s’est mal passé, et ce genre de remémoration pourrit la vie, la sienne et souvent celle des autres comme un cadavre dans un tombeau. Et ces ruminations, ces tentatives de justifications n’y changeront pas grand chose, au contraire.

On reste crispé sur le négatif, sur l’échec, sur le conflit qu’on n’arrive pas à dépasser, à pardonner : la preuve, on en reparle à toute occasion.

Il vaudrait mieux se rappeler ce que le Seigneur a dit, relier notre réalité à ses paroles pour comprendre, pour avancer.
Car le Vivant est là, parfois comme une lueur au bout du tunnel, mais il est là. Au moment où nous lâchons prise, il se manifeste et nous libère.

Souvenez -vous, non du tombeau mais du Vivant !

C.Streng