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De Trinitate – Unité en Dieu, Trinité, incarnation

Unité en Dieu, trinité des personnes : Livres I à III

I. Consubstantialité ou même substance des personnes.

A partir des Ecritures S. Augustin se propose d’établir

  • comment en un seul et vrai Dieu existe la Trinité des personnes.
  • Comment ces trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, n’ont qu’une seule et même nature, une seule et même substance. (Livre I chapitre 2).

Ils sont parfaitement égaux entre eux, pas trois Dieux mais un seul et même Dieu.
Il n’y a aucune confusion entre les personnes, l’une étant le Père l’autre le Fils, la troisième, le Saint Esprit. Celui-ci n’est ni le Père, ni le Fils; mais l’Esprit du Père et du Fils. Il est égal au Père et au Fils, complétant l’unité de la Trinité« . (Livre I, chapitre 4).

Jésus-Christ de la même nature que Dieu

Citant le prologue de l’Evangile de Jean, il déduit que Jésus-Christ n’est pas une créature. Il est  de la même substance ou nature que le Dieu Père (Jean 1.13). Jésus-Christ est non seulement Dieu mais le vrai Dieu, possédant l’immortalité et la vie éternelle. (1 Timothée 6.14-16).

Jésus-Christ à la fois homme et Dieu

Le Fils est égal au Père en tant que Jésus-Christ est Dieu. Le Père est plus grand que le Fils en tant que Jésus-Christ est homme. (Livre I chapitre 7). Mais son humanité ne sera pas absorbée par la divinité. (Livre I chapitre 8).

Unité des personnes de la Trinité

L’Esprit Saint ne peut être séparé du Père ni du Fils. Il en est de même du Père, parce qu’il est inséparablement uni au Fils et au Saint-Esprit. Il en est de même du Fils, parce qu’il est inséparablement uni au Père et au Saint-Esprit. (Livre I chapitre 9)

Les deux natures, divine et humaine, du Christ

Il faut donc souvent appliquer à toutes les personnes ce que l’Ecriture dit de l’une d’entre elles. Selon ses deux natures, le Christ agit, soit en tant que Dieu, soit en tant qu’homme. (Jean 1.3 ; Galates 4.4; 1Jean 5.20 ; Philippiens 2.8, Livre I Chapitre 11.

Au jour du jugement dernier, Il apparaîtra comme homme et non comme Dieu. Le Père ne jugera pas; car il a donné au Fils tout jugement. (Jean 5.22).

Il lui a aussi donné d’avoir la vie en soi (Jean 5.26), c’est à dire la divinité et la génération éternelle. (Chapitre I, livre 13).

II. Egalité et unité de substance dans les trois personnes de la Trinité dans le Nouveau Testament.

Celui qui est envoyé (le Fils) n’est pas inférieur à celui qui l’envoie (le Père).

Lorsque des passages disent du Fils qu’il est inférieur au Père, cela se rapporte à son incarnation. Quant aux passages où il apparaît comme égal au Père, il faut les comprendre de sa nature divine.

L’Esprit Saint procède du Père et du Fils. Il glorifie le Fils que glorifie aussi le Père, sans être lui-même glorifié par le Père, ou par le Fils. Le Fils et le Saint Esprit qui lui, ne s’est pas incarné comme le Fils, sont envoyés par le Père.

Les théophanies de l’Ancien Testament

A partir du chapitre VII, Augustin entreprend une réflexion à propos des théophanies de l’A.T. Il la développera dans les chapitres XII à XVIII, à propos de plusieurs personnages bibliques, d’Adam à Moïse, puis Daniel.
La Trinité, immuable et invisible par nature, est présente en tout lieu. Les théophanies furent créées uniquement pour signifier l’opération du Saint-Esprit, et elles cessèrent ensuite d’exister. En effet, nul homme n’a contemplé de ses yeux l’essence divine. Par conséquent il n’a pu voir ni le Père, ni le Fils, ni l’Esprit Saint, si ce n’est par l’intermédiaire d’une créature sensible et corporelle. »

III. Action de Dieu et rôle des anges dans les théophanies de l’Ancien Testament

Dans la préface S. Augustin résume d’abord les livres précédents et rappelle sa dette envers ses devanciers. Il demande à ses lecteurs bienveillants, et surtout critiques libres et sincères …de noter dans leurs lectures les diverses solutions qu’on peut donner aux difficultés qu’ (il) propose….
Il pose la question des apparitions de Dieu aux hommes, en particulier celle de la différence entre l’envoi du Fils et du Saint Esprit avant et après l’incarnation.

Chapitres II, III et IV : action de Dieu sur le monde

Ces chapitres expliquent avec de nombreux exemples l’action de Dieu sur le monde selon que : toute transformation corporelle a pour premier principe la volonté de Dieu.

Les chapitres V et VI traitent du miracle.

Il est expliqué comme une intervention ponctuelle et souveraine, accélérant le cours normal des choses.

Chapitres VII et VIII : le pourquoi des miracles

Les chapitres VII et VIII expliquent le pourquoi des miracles : confirmer l’ennemi dans son erreur, faire triompher la vérité, exercer la vertu et éprouver la patience des justes. A Dieu seul le pouvoir de créer la vie et de la développer même s’il accorde parfois aux démons de se servir des créatures matérielles.

Chapitres IX et X : supériorité de la causalité divine

Les chapitres IX et X insistent sur la supériorité de la causalité divine. Le pouvoir de créer et de régir une créature quelconque, comme cause première et efficace de toute existence n’appartient qu’à Dieu.
Ces chapitres précisent que l’action des anges fait partie des causes secondes.

Chapitre X : les signes sacrés

Le chapitre X parle des différents signes sacrés et de l’eucharistie, symboles de Jésus-Christ.
Il se termine par l’affirmation que
ni Dieu le Père, ni son Verbe, ni l’Esprit Saint, qui sont un seul et même Dieu, ne sont en eux-mêmes, et en leur substance sujets à un changement quelconque, et surtout qu’ils ne peuvent être vus par l’homme en leur essence divine.
Ainsi, les apparitions divines sont produites par le ministère des anges .

Livre IV : mission et incarnation de Dieu le Fils

S. Augustin explique les raisons spirituelles de l’incarnation. Par le péché l’homme s’est éloigné de Dieu mais il n’a pas rompu toute relation, gardant toujours la nostalgie du ciel.
Si nous n’étions tombés du ciel, nous n’y chercherions pas le souverain bonheur.
Mais le sang du juste et l’humiliation d’un Dieu pouvaient seuls purifier l’homme pécheur et orgueilleux. C’est pourquoi le Verbe s’est fait homme comme nous, à l’exception du péché, afin de nous mériter la vision intuitive de Dieu dont notre nature nous distingue.

Chapitre III : utilité de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ

Nous avons été rachetés de la double mort corporelle et spirituelle et nous avons reçu le modèle et la certitude de notre double résurrection

Chapitres VII à X : rôle du médiateur et unité

Les chapitres VII à IX éclairent le rôle du médiateur dans la rédemption ainsi que l’unité que Jésus-Christ demande pour nous à son Père
Le Père et le Fils sont un par égalité de nature et conformité de volonté. (De même) les Chrétiens qui reconnaissent pour leur médiateur auprès de Dieu le Père, Jésus-Christ, Fils de Dieu doivent être unis entre eux bien moins par les liens de la chair et du sang que par les rapports de la charité.

Chapitres X à XII : prodiges trompeurs, principes de mort et de vie

Les chapitres X à XII parlent des prodiges trompeurs et du principe de mort selon le diable et du principe de vie selon Dieu.

Chapitres XII et XIV : victoire du Christ

La victoire du Christ par sa mort volontaire est expliquée et développée aux chapitres XIII et XIV.
Augustin stigmatise la présomption et l’aveuglement de ceux qui s’imaginent capables par eux mêmes de voir Dieu. Il dénonce l’étroitesse de philosophes qui se moquent de la résurrection.
Mais, en prenant l’infirmité de notre chair mortelle, Jésus-Christ) n’a point dépouillé son éternité.
La nature humaine a pris en Jésus-Christ possession de l’éternité. C’est pourquoi notre corps lui-même participera à cette éternité, lorsque notre foi sera transformée en la plénitude de la vérité

Chapitres XIX et XX : missions et révélations du Fils et du Saint-Esprit

Les missions et révélations du Fils et du Saint Esprit sont développées dans les chapitres XIX et XX :
Le terme de mission ou d’envoi doit s’entendre du corps humain qu’a pris le Verbe, et de la créature sous laquelle l’Esprit Saint s’est montré.
le Père est le principe des deux autres personnes, et il ne désigne dans la Trinité aucune inégalité de nature, ni aucune différence de perfection.

Bien que le Verbe ait été envoyé par le Père, et qu’il lui soit inférieur comme homme, il demeure toujours, selon sa nature divine, égal, coéternel et consubstantiel à son Père. C’est la même chose pour le Saint-Esprit, qui est Dieu comme le Père et le Fils.

A suivre

C.Streng

De Trinitate – de la Trinité, oeuvre principale d’Augustin

De Trinitate : Introduction, historique et enjeux

S. Augustin préoccupé par le mystère de la Trinité

Aussitôt après sa conversion à la foi chrétienne, S. Augustin aimait méditer sur Dieu. Son but, c’était « connaître Dieu et l’âme, voilà ce que je désire, et rien de plus, rien absolument ». Mais il éprouve des difficultés à exprimer ce qu’il comprend et ressent en face du mystère de la Trinité. Ce sujet l’a préoccupé pendant une grande partie de son âge mûr.

La rédaction du De Trinitate

Il commence la rédaction de l’ouvrage en 399 et il la termine provisoirement six ans plus tard. Mais l’explication de la doctrine de la Trinité à l’aide de comparaisons psychologiques n’est pas évidente. Il avait l’impression que le sujet à traiter dépassait ses capacités. Il faillit donc renoncer à terminer son ouvrage qui était pourtant au centre de ses réflexions.

En 416, des amis bien intentionnés mettent en circulation le manuscrit incomplet, avec les douze premiers livres. Il se remet au travail sur l’ordre du primat de Carthage. Le De Trinitate au complet, publié en 419, reçut un accueil chaleureux et une large diffusion.

Les positions théologiques précédentes

S. Augustin part des positions théologiques de ses prédécesseurs jusqu’au 4e s. Il se propose de les résumer et de les approfondir en une synthèse constructive. Mais peu à peu, il va faire une œuvre personnelle, la plus personnelle de toutes ses œuvres.

« Au début du 5ème siècle, la grande lutte trinitaire appartenait à un passé déjà quelque peu éloigné » .

Les deux tendances opposées au sujet du Christ dans les premiers siècles de l’Eglise

L’arianisme, doctrine d’Arius

Arius (256-336) était un prêtre d’Alexandrie. Il voulait préserver l’unicité, le caractère unique de Dieu. Il avait développé la thèse de la subordination du Fils au Père : «Le Fils a un début, le Père n’en a pas. Le Fils n’est pas Dieu, c’est une créature. C’est pourquoi il ne peut être appelé Dieu mais dieu ».
On retrouve cette fausse doctrine chez les Témoins de Jéhovah.

Le Concile de Nicée, la doctrine exacte

Le Concile de Nicée (325) confirme la position doctrinalement exacte.
« Le Christ est le Fils de Dieu, il existe depuis toujours. Il est égal au Père. »

Contre la subordination arienne du Fils au Père, le Concile de Nicée (325) utilise le terme omoousion = consubstantiel. Il signifie la même substance, c’est à dire la même nature. Contre un statut du Christ qui serait un être créé, non préexistant, il choisit le terme gennèthenta engendré, et non poièthenta créé, fait.

Le Concile de Constantinople : divinité et personne du Saint Esprit

Plus tard, en 381, le Concile de Constantinople introduit la notion de divinité et de persona= personne du Saint Esprit. Ainsi s’impose dans l’Eglise le mystère de la Trinité comme point central et fondamental de la révélation.

Pour comprendre les relations réciproques entre les personnes de la Trinité, il fallait encore résoudre la question de la nature du Saint Esprit.

Les théologiens antérieurs à propos de la Trinité

Dans son ouvrage, S. Augustin cite les nombreux auteurs qui ont écrit avant lui sur la Trinité. Il explique pourquoi il reprend le même sujet.

Dans son discours de 393, De Fide et Symbolo ( de la foi et du symbole) , il écrivait déjà :

« Sur le Père et le Fils, nombreux sont les livres écrits par les (docteurs) savants et spirituels…Ils s’y sont appliqués à faire saisir comment le Père et le Fils ne sont pas un seul (individu) mais une seule réalité ou encore ce qu’est proprement le Père et ce qu’est le Fils.

Au contraire, l’Esprit saint n’a pas encore été étudié avec autant d’abondance et de soin… de sorte qu’il soit aisé de comprendre également son caractère propre (…) Nous ne pouvons l’appeler ni Fils, ni Père mais seulement l’Esprit Saint. »

Le De Trinitate d’Hilaire de Poitiers

S. Augustin mentionne un autre traité intitulé aussi De Trinitate. Il avait été rédigé à partir de 357 par Hilaire de Poitiers pour réfuter l’hérésie arienne :

Avant lui (Hilaire), la théologie latine considérait que le Verbe (le Logos=2e personne de la Trinité) n’avait été engendré qu’au moment de la création. Sous l’influence de la théologie orientale, Hilaire affirme fortement l’éternité de la génération du Verbe. Il oriente ainsi la théologie occidentale dans une direction nouvelle avec la célèbre formule trinitaire – «Dans le Père, le Fils et l’Esprit Saint, il y a l’Infinité en celui qui est l’Éternel, la Beauté (Species) en celui qui est son Image, la Jouissance en celui qui est la Grâce» (De Trin., II, 1

Les autres écrits sur la Trinité

S. Augustin a certainement connu d’autres écrits, par exemple ceux de Tertullien (160-225 ?) Ce dernier a créé les mots « Trinité » et « sacrement ». Et il parle de « deux substances (ou natures) » et d’une personne en Christ, et d’ « une substance » et de trois personne en Dieu.

Marius Victorinus insiste fortement « sur l’identité et la consubstantialité entre le Père et le Fils ». « Eusèbe de Césarée et Basile d’Ancyre, mettent l’accent sur la distinction entre le Père et le Fils, afin de sauvegarder la réalité du Fils de Dieu. »

Les Pères cappadociens (Basile de Césarée, Grégoire de Nysse, Grégoire de Nazianze) ont affirmé l’unité d’essence et la trinité d’hypostases=de personnes. Trinité, car sous l’influence de la formule du baptême, (Matthieu 28.19) l’Esprit Saint a été placé sur le même rang que le Père et le Fils

La théologie : la connaissance du Dieu trine

S. Augustin met ses connaissances au service de la doctrine de la vérité, de la théologie au sens propre qui est la connaissance du Dieu un et trine (trinitaire). A partir de toutes ces données, il mènera, dans le De Trinitate, une remarquable réflexion. Il conduira ainsi le développement doctrinal à un achèvement relatif.

Composition et plan d’ensemble

Comme l’écrit H.I. Marrou, dans son Saint Augustin et la fin de la culture antique, « S. Augustin compose mal » selon les normes actuelles de composition et de rédaction. Comme cela semble être l’habitude de toute l’Antiquité classique, il fait des digressions. Il prend des pistes secondaires qui l’éloignent du sujet principal et nuisent à l’équilibre de l’œuvre. Ces défauts s’expliquent par la richesses et l’abondance de ses idées.

Il reconnaît lui-même la difficulté dans le De Doctrina Christiana écrit à la fin de sa vie

« La clarté de l’enseignement exige le souci constant d’éviter dans l’exposé les questions secondaire . Mais cela réclame une grande puissance de mémoire et une concentration d’esprit peu ordinaire « 

Plan de l’ouvrage

C’est probablement pour ces raisons que S. Augustin donne dans le prologue du livre I le plan général de toute l’œuvre. Et au début du livre XV, il résume ce qu’il a exposé dans chacun des livres précédents pour faire apparaître les grandes lignes de l’ouvrage.

Le bouclier de la Trinité

D’après le prologue, le traité se divise en deux grandes parties :

– la première, Livres I à IV, démontre la vérité du dogme par les Ecritures,
– la deuxième, Livres V à XV, explique et approfondit le dogme par la spéculation (réflexion)

Cette deuxième partie spéculative se subdivise elle même en plusieurs livres

– les Livres V-VII traitent de la terminologie trinitaire. Ils rappellent les concepts de la philosophie pouvant s’appliquer au mystère de la Trinité, avec pour résultat la doctrine des relations en Dieu

– les livres VIII-XV se proposent de découvrir dans la vie de l’âme humaine des analogies qui éclairent le mystère de la vie intime avec Dieu.

Le Livre VIII, résumé de ce qui précède et introduction à ce qui suit, permettra de limiter cette étude du De Trinitate aux livres I à VIII

A suivre

C .Streng

Vivre en disciple du Christ selon l’Evangile de Marc

Disciple du Christ, un thème central de l’Evangile de Marc

Marc, son Evangile et les chrétiens de Rome

Marc n’est pas l’un des douze apôtres, qui ont suivi Jésus pendant son ministère terrestre. Il a écrit son Evangile d’après les indications de Pierre, son père spirituel (1 Pierre 5.13) entre 64 et 67.

Il s’adresse à une Eglise à Rome, d’origine païenne surtout, socialement pauvre. Il encourage ces chrétiens à garder un témoignage fidèle et courageux au Christ dans un temps de persécution et de souffrances.

Le 19 juillet 64, Néron avait incendié Rome pour faire place nette et embellir la ville par de nouvelles constructions. Il en avait accusé les chrétiens. Plusieurs centaines furent livrés aux bêtes ou transformés en torches vivantes sur des croix. Paul et Pierre furent mis à mort dans les années suivantes.

Vivre en disciple du Christ, le suivre est un thème central, particulièrement brûlant dans ce contexte. Marc le traite avec réalisme, sans en atténuer les difficultés et les risques.

Plan de l’Evangile de Marc

La première moitié de l’Evangile de Marc (1-8.26) raconte le ministère itinérant de Jésus en Galilée. Elle souligne ses miracles, en particulier au bénéfice des gens.

La deuxième partie (8.27-16.8), sur la route vers Jérusalem, se concentre sur la formation des disciples, avec l’annonce de la passion.

Au centre des 16 chapitres, Marc 8.27-38 est un point tournant du récit.

Jésus s’en alla, avec ses disciples, dans les villages de Césarée de Philippe, et il leur posa en chemin cette question : Qui suis-je aux dires des hommes ?

Ils répondirent : Jean-Baptiste ; les autres, Elie, les autres, l’un des prophètes.Et vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis ? Pierre lui répondit : Tu es le Christ. Jésus leur recommanda sévèrement de ne dire cela de lui à personne.

Alors il commença à leur apprendre qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite trois jours après.

Il leur disait ces choses ouvertement. Et Pierre, l’ayant pris à part, se mit à le reprendre.  Mais Jésus, se retournant et regardant ses disciples, réprimanda Pierre, et dit : Arrière de moi, Satan ! car tu ne conçois pas les choses de Dieu, tu n’as que des pensées humaines.

Puis, ayant appelé la foule avec ses disciples, il leur dit : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera.  

Et que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perd son âme ? Que donnerait-il un homme en échange de son âme ? Car quiconque aura honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aura aussi honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père, avec les saints anges.

Comprendre qui est le Christ et le but de sa venue sur terre

Pour la première fois, Jésus interroge ses disciples sur sa personne (8.27). Pierre confesse clairement la dignité messianique du Seigneur (8.29). Le Christ annonce alors le but de sa venue sur terre – ses souffrances sa mort et sa résurrection (Mc 8.31).

Il corrige la fausse compréhension de Pierre, (8.32-33). Il précise ce que signifie et à quoi conduit l’engagement à le suivre (8.34-38).

Modèle « Annonce de la passion, incompréhension des disciples, précisions par Jésus » répété trois fois

Ce modèle « Annonce de la passion, incompréhension des disciples, précisions par Jésus » va se répéter deux fois encore, c’est à dire trois fois dans les chapitres 8 à 10.

Au début de la section, (8.22-26) l’aveugle de Bethsaïda en Galilée est guéri en deux temps ; à la fin (10.46-52), Bartimée de Jericho suit Jésus vers Jérusalem.

Deux symboles. Comme l’aveugle de Bethsaïda, les disciples ont les yeux ouverts sur la vérité, mais pas entièrement. Il comprendront en partie seulement jusqu’à la résurrection. Bartimée, lui, représente le disciple fidèle, aux yeux bien ouverts.

Au centre, trois annonces de plus en plus précises de la passion

– A Césarée de Philippe, 1e annonce de la passion (Mc 8.31), incompréhension de Pierre remis à sa place par Jésus (8.32-33). Précisions de Jésus, être disciple (8.34-38)

– A Capernaüm, 2e annonce de la passion (9.31-32), manque de compréhension des disciples « qui est le plus grand » (9.33-34), précisions de Jésus, être le dernier, le serviteur (9. 35-37)

Vers Jérusalem, près de Jericho, 3e annonce (10.33-34), manque de compréhension des disciples : « avoir les meilleures places dans le royaume  » (10. 35-36), précisions de Jésus, « servir et pas se faire servir » comme les puissants de ce monde 10.42-45

Déclaré Christ, Messie, dans une région païenne

Jésus s’en alla, accompagné de ses disciples, et se rendit dans les villages autour de Césarée de Philippe (v. 27)

La région de Césarée de Philippe ou Banias était païenne, avec un temple consacré au Dieu Pan. Elle avait fait allégeance à l’empereur romain.

Jésus a été déclaré Christ, c’et à dire Messie, dans une région qui reconnaissait l’empereur romain (César) comme Seigneur.

 Ce qu’on pense de Jésus ?

En chemin, il interrogea ses disciples : Que disent les gens à mon sujet ? Qui suis-je d’après eux ?

Jésus s’intéresse à ce que pensent de lui les gens ordinaires. Ses disciples font partie du peuple, ils ont des contacts directs et entendent les opinions diverses. Pas d’informations inconnues, Jésus connaît le cœur et les pensées des gens. Mais cette question amènera la suivante, essentielle, adressée aux disciples.

Et les disciples ?

 Ils lui répondirent : Pour les uns, tu es Jean-Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, l’un des prophètes. (v. 28)

Opinions populaires

Ces opinions populaires reprennent celles du ch. 6.14-15

Jean-Baptiste avait été tué par Hérode Antipas quelques mois auparavant. Le roi, impressionné par le récit des miracles de Jésus, croyait que celui-ci était Jean-Baptiste, ressuscité. Le bruit s’était répandu dans la population.

Elie : à cause de la prophétie de Malachie 3.23 (Bible du Semeur) ou 4.5 (Segond) « Voici, je vous envoie Elie, le prophète« 

L’un des prophètes ; une réponse vague, les gens n’ont pas d’idée précise.

Jésus apprécié à cause des miracles

Les gens avaient une bonne opinion de Jésus à cause de ses miracles. On le considérait comme un homme bon, un envoyé de Dieu comme Jean-Baptiste ou un prophète du passé. Mais sans le reconnaître comme une personne divine

. D’origine modeste, d’une famille connue, rien ne montrait qu’il était le Messie qui pourrait les délivrer du pouvoir romain et établir un royaume terrestre florissant.

La véritable question

Alors il leur demanda :– Et vous, qui dites-vous que je suis ? (v. 29)

C’est la véritable question, Jésus veut entendre la réponse personnelle des disciples. Ils l’ont suivi, ils ont vécu avec lui, ils le connaissent.

Messie guerrier ou  personne divine malgré son abaissement sur terre

Les disciples sont juifs. Eux aussi sont hantés par l’idéal juif d’un Messie royal, guerrier et victorieux. En même temps, ils ont vécu presque 3 ans avec Jésus, l’homme humble qui ne cherchait aucune forme de pouvoir.

Jésus sait ce que pensent ses disciples. Il voudrait le leur faire dire ouvertement. En sont-ils restés à l’opinion populaire qui classe Jésus parmi les hommes exceptionnels ou le perçoivent –ils comme une personne divine malgré son abaissement sur terre ? Ont-ils perçu sa gloire divine à travers sa vie humble ?

Qu’avez-vous à dire de moi ? Êtes-vous capables de parler de moi aux autres.

Les disciples sont appelés à annoncer l’Evangile parmi les Juifs et les païens. A ce point du récit, Pierre, porte-parole des autres a la bonne réponse : Tu es le Messie. Matthieu ajoute le fils de Dieu (Matthieu 16.16)

Attente du Messie au 1e siècle

Le Messie (Massiah en hébreu, Christos en grec) signifie oint d’huile pour être consacré à un service (le prêtre, le prophète et le roi de l’Ancien Testament)

Au 1e siècle, au temps de Jésus l’attente du Messie était une notion forte et répandue. On la retrouve dans des rouleaux de la Mer Morte un temps où le ciel et la terre obéiront au Messie de Dieu, proclamant l’Evangile au pauvre, le guérison et même la résurrection des morts.

Le Messie sera un chef militaire, vainqueur des ennemis d’Israël qui seront livrés à l’épée à la venue du Messie d’Aaron et d’Israël. D’après d’autres textes, l’empereur romain serait tué dans la bataille.

Le Messie de Pierre

Pierre a la bonne réponse, la seule juste. Jésus n’est pas seulement un prophète comme le pensent beaucoup mais le Messie promis.

Mais réponse insuffisante, orientée par l’attente du Messie courante à l’époque. Comme beaucoup d’autres, les disciples aussi, Pierre a placé son espoir dans un Messie qui accomplira le programme politico-militaire de libération attendu des Juifs.

Ne rien dire mais pourquoi ?

Il leur ordonna de ne le dire à personne (v.30) Jésus veut préparer ses disciples à une définition plus exacte de ce qu’est véritablement le Messie.

Le Messie, oui, mais pas un Messie politique

Jésus est bien le Messie mais pas au sens politique. Aller dans ce sens politique risque de provoquer un soulèvement populaire contre le pouvoir romain, donc une répression. Ses ennemis politiques et religieux juifs auraient une bonne occasion de le faire mettre à mort avant le temps prévu par Dieu.

Il refusait qu’on le proclame roi des Juifs. Il avait déjà repoussé quelques tentatives. En attendant qu’il aient compris le plan de Dieu, il leur interdit provisoirement d’en parler

Comprendre le rôle du Messie

Jésus veut faire comprendre exactement ce qu’est vraiment le rôle du Messie de Dieu.

Et il commença à leur enseigner que le Fils de l’homme devait beaucoup souffrir, être rejeté par les responsables du peuple, les chefs des prêtres et les spécialistes de la Loi ; il devait être mis à mort et ressusciter trois jours après. Il leur dit tout cela très clairement. (v. 31-32)

Le tournant du récit : il commença à leur enseigner

L’annonce de la passion

Le fils de l’homme va souffrir,… être rejeté, …être mis à mort puis ressusciter.

Le fils de l’homme souffrant : une conception différente, qui corrige la compréhension insuffisante du Messie triomphant de Pierre. « Le Messie que tu viens de confesser, toi, Pierre, n’est pas exactement ce que je suis, je dois aussi souffrir et mourir ».

Liens entre Messie, Fils de l’homme, service et souffrance

Jésus cherche à donner une image exacte du Messie, alors à quoi se réfère-t-il pour faire cette correction ? Et pour montrer que le Fils de l’homme doit souffrir, mourir puis ressusciter ?

Le lien entre Fils de l’homme, service et souffrance ressort de plusieurs textes clés de l’AT repris dans l’Evangile.

Les textes d’Esaïe sur le serviteur de l’Eternel  repris dans l’Evangile de Marc

Le premier poème du serviteur de l’Eternel,  Mon élu en qui mon âme prend plaisir (Esaïe 42.1) est cité par Dieu lui-même au baptême de Jésus, Tu es mon fils bien aimé, tu fais toute ma joie  » (Marc 1.11)

Le serviteur d’Esaïe 42 qui établira la justice pour les nations (v.1), le droit, la vérité (v.3) et la justice sur terre (v.4), c’est Jésus lui-même, venu pour servir (Marc 10.45)

Les souffrances du serviteur d’Esaïe 53.7-8 prennent tout leur sens dans les paroles de Jésus lors de la Cène, mon sang versé pour beaucoup d’hommes  (Marc 14.24)

Esaïe 52.13 annonce la glorification finale du Serviteur Mon Serviteur sera haut placé, très élevé, grandement exalté (Esaie 52.13) et il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges (Marc 8.38)

Jésus, Fils de l’homme

Jésus choisit de se désigner par « Fils de l’homme » pour parler de lui-même et de sa mission sur terre. Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu (Marc 10.45)

Un être humain soumis à la faiblesse

« Fils de l’homme » désigne habituellement l’être humain avec une connotation de faiblesse, dépendance et mortalité. Qu’est ce que l’homme pour que tu en prennes soin et qu’est ce qu’un être humain pour qu’à lui tu t’intéresses (Psaume 8.5). C’est l’opinion habituelle

Mais les miracles, l’annonce de la mort et de la résurrection ?

Mais est elle suffisante pour évaluer Jésus si on considère les miracles, les guérisons, les résurrections, la domination sur les éléments naturels (la tempête apaisée), l’annonce de sa mort et de sa résurrection pour le salut des êtres humains.

Un simple homme, même un homme idéal pourrait-il accomplir de tels miracles, avoir une telle puissance ou faire de telles déclarations s’il n’est pas quelqu’un de particulier, au delà des normes humaines ?

Un autre éclairage dans Daniel 7

L’expression « Fils de l’homme » s’éclaire d’un autre aspect dans Daniel 7.13-14

Je regardai encore dans mes visions nocturnes : Sur les nuées du ciel, je vis venir quelqu’un semblable à un fils d’homme. Il s’avança jusqu’au vieillard âgé de nombreux jours et on le fit approcher devant lui

.On lui donna la souveraineté, et la gloire et la royauté, et tous les peuples, toutes les nations, les hommes de toutes les langues lui apportèrent leurs hommages. Sa souveraineté est éternelle, elle ne passera jamais, et quant à son royaume, il ne sera jamais détruit

Jésus s’identifie à ce Fils de l’homme glorieux

L’expression « Fils de l’homme » a été reprise par Jésus. Pendant son procès devant le grand prêtre, il s’identifie à ce fils d’homme glorieux

À partir de maintenant, vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir en gloire sur les nuées du ciel. Matthieu 26.64

Dans cette vision, Jésus est le Christ, le Messie, désigné pour prendre la tête de la race humaine. Il est l’homme parfait, agissant en faveur de tout le genre humain.

Des éclats de la gloire du Fils de l’homme céleste

Mais dès son passage sur la terre, Jésus a manifesté des éclats de la gloire du Fils de l’homme céleste. Le Fils de l’homme a reçu la souveraineté du ciel (Daniel 7.14),

Jésus possède donc l’autorité sur la terre, en particulier celle de pardonner les péchés. Vous saurez que le Fils de l’homme a, sur la terre, le pouvoir de pardonner les péchés. Marc 2.10

Conscient de réaliser le plan de Dieu

Le plan de Dieu prévu dès l’Ancien Testament s’imposait à Jésus. Il était conscient d’être là pour le réaliser.

Quelques verbes du récit le montrent :

doit, il faut, il est nécessaire (grec, dei) Marc 8.31 (devait souffrir) Il est écrit, l’Ecriture Marc 9.12, 14.21, 27 Il est venu pour Marc 10.45

Le Nouveau Testament confirme l’Ancien. Jésus a bien accompli l’Ecriture.

Intervention intempestive de Pierre

Alors Pierre le prit à part et se mit à lui faire des reproches (v. 32) Venons en maintenant à Pierre et à son intervention intempestive

Réaction contre l’idée de la souffrance et de la mort du Christ.

Pierre ne peut pas supporter la pensée de la mort de son maître. Il espère encore que Jésus va devenir roi. Et Jésus annonce qu’en tant que Fils de l’homme, il va souffrir, mourir…

Pour lui ce n’est pas possible. Il ne comprend pas que le Messie puisse être traité ainsi. Il est bouleversé par ce passage de la notoriété à la souffrance et à la mise à mort Il réprimande Jésus parce qu’il ne peut concevoir que son maitre prenne un tel chemin de souffrance et de mort.

On peut le comprendre, vu les conceptions courantes à l’époque.

Etouffer l’erreur dans l’oeuf

Mais Jésus se retourna, regarda ses disciples et reprit Pierre sévèrement : – Arrière, «Satan » ! Éloigne-toi de moi ! Car tes pensées ne sont pas celles de Dieu ; ce sont des pensées tout humaines. (v. 33)

Jésus se tourne maintenant vers le groupe des disciples. Eux aussi sans doute voyaient les choses comme Pierre. Mais ils ne l’exprimaient pas ouvertement. Il fallait mettre les choses au point, étouffer l’erreur dans l’œuf.

Le royaume de Dieu sans  la croix = la tentation par Satan au désert

Pierre voulait dissuader Jésus d’aller à la croix.

C’est exactement la même tentation que celle soufflée par Satan au désert : que Jésus prenne un raccourci, pour obtenir la gloire du royaume sans passer par la croix. C’est à dire qu’il choisisse délibérément la révolte contre Dieu.

Et comme Jésus est vraiment homme, c’était une véritable tentation.

Même tentation, même réaction de Jésus

Cela fait deux tentations similaires, alors Jésus régit de la même façon et avec la même énergie.

A Pierre, « arrière, Satan (Marc 33), à l’autre, « va-t-en Satan » (Matthieu 4.10)

Il regarde Pierre et s’adresse bien à lui, mais derrière lui, il reconnaît les méthodes de l’autre. Tes pensées ne sont pas celles de Dieu.

Les pensées de Dieu, son plan, ce sont les souffrances et la mort du Christ, annoncées par les prophètes de l’Ancien Testament.

Une foi mal informée, incapable de relier Messie et mort

Ce passage de Marc souligne la faiblesse de la foi de Pierre, mal informée.

On peut confesser le Christ sans en tirer les conséquences pour soi-même. Comme beaucoup de Juifs, Pierre n’arrive pas à mettre ensemble les deux idées Messie et mort. Ce fut la principale difficulté de la prédication chrétienne au 1er siècle.

Une conception  humaine seulement du Messie  ?

Un Messie politique qui ne souffre ni ne meurt. Un Messie qui procure à ses disciples la grandeur, la richesse, les premières places dans un royaume terrestre.

Pour un Juif et peut-être pour beaucoup d’hommes, les deux concepts “ Messie ” et “ souffrance ” sont incompatibles. Le Messie que Pierre et beaucoup de Juifs attendent ne règle donc pas le problème du péché.

Jésus à la mode ou vrai Jésus ?

Homme exemplaire, conducteur spirituel, prophète même, cela peut susciter un certain intérêt, des réaction polies, mais sans grandes conséquences.

Certains se souviennent peut-être du Jésus des médias des années 1960-70, le Jésus Superstar, le Jésus hippie chanté par Johnny Halliday, qui a failli provoquer son excommunication.

Entré dans les Eglises par la petite porte ?

Même si ce Jésus-là, au faite de la gloire mondaine, n’a pas eu un accès direct dans les Églises, il y est peut-être tout de même entré par la petite porte avec le Jésus, « copain », le Jésus « qui répond à tous les pourquoi » de certains chants aujourd’hui passés de mode.

Un Jésus facile, accessible, sans épaisseur, sans mystère… et peu divin. Et aujourd’hui, certains cantiques ne reflètent-ils pas une théologie, c’est à dire une doctrine seulement sentimentale…

Accueillir le Christ divin ? Pas sans le Saint-Esprit

Fils de Dieu, Dieu lui-même, 3e personne de la Trinité, de la même nature que le Père, mort sur la croix et ressuscité pour le péché des hommes, cela risque de provoquer l’incompréhension, la moquerie, le refus, parfois l’hostilité.

A moins que le Saint-Esprit n’ait conduit la personne à être bien disposée et prête à entendre.

Quels critères d’engagement ?

Et si nous présentons Jésus le mieux possible, quels critères peuvent pousser quelqu’un à s’engager envers lui ? La crainte de l’enfer, la disparition immédiate de tous les problèmes ?

Cela peut marcher jusqu’à un certain point… jusqu’au moment où, comme l’explique la Parabole du Semeur de Matthieu 13, la 2e sorte de semence, la Parole acceptée avec joie, périt faute de racines. La 3e est étouffée par les épines, c’est à dire les soucis et les richesses, les facilités du monde.

Comme le dit Spurgeon :

La conversion légaliste craint l’enfer, la conversion évangélique craint le péché…La repentance qui conduit au salut est produite par le Saint Esprit, non par la peur. La vraie conversion craint, non d’être puni en enfer mais de déplaire à Dieu parce qu’on l’aime et qu’on lui fait confiance

Comment vivre en disciple du Christ, pourquoi et à quels risques ?

Voici comment répond Jésus à la question des critères d’engagement. Lui même nous dit comment être son disciple, pourquoi, à quels risques ?

Là-dessus, Jésus appela la foule ainsi que ses disciples et leur dit :Si quelqu’un veut me suivre, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive.  En effet, celui qui est préoccupé de sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile, la sauvera. (v. 34-35)

Pour un juif, « suivre »  un maître, c’était appartenir à son groupe, écouter ses leçons, le servir.

Un engagement total lancé à tous

Ici, il ne s’agit pas de conseils à une élite qui voudrait se perfectionner. C’est l’appel à un engagement fort, profond, total, lancé à tous, et pas seulement aux disciples.

Vivre en disciple du Christ : renoncer à soi, porter sa croix

Renoncer à soi : ni un effort sur soi, ni la négation de soi, ni l’abandon des désirs. C’est placer la volonté de Dieu avant ses intérêts personnels.

« Porter sa croix » un engagement volontaire à risque mortel, pas une récrimination contre les difficultés de la vie

Dans le langage courant, porter sa croix a perdu son sens et sa valeur d’origine. Porter sa croix, était un moyen romain d’exécution. Le rebelle politique qui portait sa croix jusqu’au lieu du supplice montrait qu’on n’échappe pas à la justice impériale. L’expression galvaudée sert à se plaindre des difficultés générales de la vie. Mais ce n’est pas porter sa croix.

Porter sa croix est un engagement volontaire, quoi qu’il en coûte, en faveur de Jésus et de l’Evangile. La croix, c’est tous les points dans lesquels la volonté de Dieu et la mienne entrent en conflit.

Jésus au jardin de Gethsémané : « Pas ma volonté mais la tienne« .

Notre conflit n’est pas aussi sévère. Jésus s’adresse à des disciples qui le suivent déjà, mais sans bien savoir encore où les conduira leur engagement. Il attire leur attention sur le fait que leur maître va être rejeté. Pour rester fidèles à leur engagement, ils devront dangereusement se compromettre, peut-être jusqu’à la mort.

Suivre Jésus, c’est trouver un autre centre à sa propre vie, ne plus être soi-même sa raison d’être.

Si un homme parvenait à posséder le monde entier, à quoi cela lui servirait-il, s’il perd sa vie ? Et que peut-on donner pour racheter sa vie ? Si quelqu’un a honte de moi et de mes paroles au milieu des hommes de ce temps, qui sont infidèles à Dieu et qui transgressent sa Loi, le Fils de l’homme, à son tour, aura honte de lui quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges. (v. 36-38)

Perdre ou gagner, pour qui, pour quoi

Ni ascèse, ni détachement de soi. Perdre ou gagner est lié au fait de suivre  Jésus. « A cause de moi et de l’Evangile ».

Sauver sa vie ou la perdre : toujours un enjeu réel de tout temps et dans de plus en plus de pays.

Sauver sa vie en reniant le Christ en temps de persécution, mais perdre son éternité avec Dieu parce qu’on a eu honte de Jésus et de ses paroles.

Perdre sa vie, c’est la risquer pour rester fidèle au Christ, mais la gagner quand il viendra en gloire.

Miser sur le pouvoir, la richesse, ses propres intérêts, c’est s‘imaginer sauver sa vie Renoncer à des avantages incompatibles avec la vie chrétienne, ce n’est pas la perdre, mais la sauver nous dit Jésus

Choisir l’honneur et non la honte devant le Fils de l’homme glorieux.

Deux écueils : une mentalité matérialiste

Ce texte nous rend attentif à deux écueils. Le premier est relativement évident, c’est préférer le monde à Jésus, tomber dans une mentalité purement matérialiste sans se rendre compte qu’elle n’a pas d’avenir et qu’elle offense Dieu.

L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu

Une compréhension superficielle du plan de Dieu

Une autre, plus subtile, c’est de se contenter d’une compréhension seulement partiellement juste de la personne de Jésus et du plan de Dieu pour nous.

Connaître Dieu en Jésus Christ

Une raison d’être de notre vie, c’est apprendre à connaître Dieu, dans la personne de son Fils Jésus-Christ, à approfondir notre relation avec lui. Et ainsi participer au grand chœur universel d’Éphésiens 1 qui célèbre sa gloire.

C. Streng