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Maturité émotionnelle dans les relations

 La maturité émotionnelle

Elle se manifeste dans la différentiation du soi, la capacité de rester soi-même dans ses relations avec les autres. Elle permet d’éviter la triangulation,  l’intervention intempestive dans les affaires des autres.

La différentiation : Soi solide et pseudo-soi

C’est le thème du chapitre 4, du livre de Jeanne Farmer : Je comme unique : Jésus, notre exemple

A propos de la différentiation, Murray Bowen distingue « soi solide et « pseudo-soi ».

Le soi-solide

« Le soi solide est constitué de croyances, d’opinions et de principes de vie clairement définis. …Ils sont incorporés selon les expériences et la réflexion de l’individu ». Le soi solide reste stable et non négociable même dans des situations d’angoisse et de pression … » (p. 48).

Le pseudo-soi

« Le pseudo-soi, est un « soi de vitrine », un soi que les autres peuvent percevoir. Il est constitué …de croyances …et de connaissances importants pour le groupe et le couple »…Il peut varier sous la pression émotive.

Une modification durable de la relation, par exemple si un conjoint dominant l’autre ou un enfant, déresponsabilise, et rend incapable d’un fonctionnement adéquat. L’un « paraît plus compétent … mieux différencié » (p. 49) que l’autre.

En réalité, l’un a «perdu du soi». Il a sacrifié l’exercice de ses compétences pour stabiliser la relation. L’autre en a gagné en exerçant ses compétences aux dépens de l’autre. (p. 49).

L’échelle de différentiation, un concept théorique

« L’échelle de différentiation », est un concept théorique ». Il va de 0 à 100.

– « en bas, …les psychotiques et schizophrènes,… qui n’ont pas de contact avec la réalité »,

– puis les « névrosés »,

– ensuite entre 35 et 50, le niveau « normal »,

-en haut, « les meneurs et modèles », exceptionnellement équilibrés et productifs » p. 50

De 0 à 25, « trouver du bien-être dans les relations » prend tellement d’énergie … « qu’il n’en reste plus pour des projets et une direction de vie » (p. 51). On se limite au soulagement immédiat.

De 25 à 50, la majorité. La plus grande partie du soi, est un « pseudo-soi ». Il dépend des autres et de soutiens  rigides comme « on dit que, la Bible dit que ».

De 50 à 75, « le système intellectuel et le système émotif » sont mieux différenciés. Ils permettent un fonctionnement équilibré, même en cas d’angoisse.
Le raisonnement aide à « prendre des distances par rapport à des pressions émotionnelles. Il permet de poursuivre des buts personnels » (p. 51), à exprimer calmement son avis sans attaquer ni se défendre.

De 75 à 100, c’est un « niveau hypothétique ». La différentiation, est la « capacité de rester soi-même dans ses relations ». Elle donne « la liberté de parler et d’agir pour le bien des autres » (p. 52-53) et le sien.

Différentiation dans la vie de Jésus

La différentiation est très développée dans la vie de Jésus. Il côtoie facilement des gens très différents de lui, sans être choqué ni avoir le « besoin compulsif de les changer ».

Distinguant pécheur et péché, il pardonne sur la croix à ses bourreaux. Il est indépendant, émotionnellement vis à vis de sa famille et de ses proches.

Au Temple à 12 ans, il refuse d’assumer l’état émotionnel de sa mère tout en se soumettant à l’autorité de ses parents. Il résiste à la pression de sa famille (Marc 3.20-21), à celle de Marthe et Marie au moment de la maladie de Lazare (Jean 11), à Pierre qui croit bien faire en le détournant de sa mission (Matthieu 16.21-25).

Il est capable de faire passer ses principes avant ses réflexes de survie (p. 56). Lors de sa tentation, pendant son ministère et à Gethsémané, le spirituel passe avant le matériel ; la prière est prioritaire. L’amour pour son Père l’emporte sur son émotion devant l’épreuve.

Différentiation liée à l’écoute de Dieu

Pour Jésus, la différentiation de soi est « étroitement liée à l’écoute de Dieu… Cela s’explique par sa « communion unique avec son Père céleste ». De même une communion plus intime de Dieu nous aidera à lui obéir au lieu «  de nous plier aux attentes des autres » (p. 58)

La triangulation 

La triangulation, est le sujet du chapitre 5, les triangles 

Dans une relation tendue entre deux personnes, une troisième personne intervient. L’un des partenaires l’appelle à la rescousse ou la troisième prend elle-même l’initiative de prendre parti en faveur de l’une ou l’autre. C’est une triangulation

Exemples de triangulation

Deux contre un : Dans un conflit entre B et C, A prend parti pour B. Cela crée une relation distante ou un conflit entre A et C. Ou A et B parlent entre elles de C sans l’en informer.

Le partage de « secrets » provoque une relation faussée. Elle est construite non sur une intimité réciproque mais sur des informations excluant la personne d’abord concernée.

Dans le triangle « médiateur » (p. 61), quelqu’un intervient pour empêcher ou favoriser la relation entre deux autres. Cela aboutit au résultat inverse : cela fait grandir une relation qu’on voudrait éviter ; cela empêche une relation qu’on voudrait encourager.

Le « bouc émissaire » (Edwin Friedman (1985), c’est celui sur qui se défoule quelqu’un de stressé. Il y a disproportion entre la cause limitée du reproche (un oubli, un retard) et la réaction explosive.

La triangulation est difficile à éviter. On prend souvent parti pour le premier qui a parlé. On essaie aussi de calmer un conflit qui « a des retombées pour nous »

Conséquences de la triangulation

Stress dans les relations

« La personne triangulée …subit le stress de la relation » entre les deux autres. L’intervenant, en stabilisant les relations empêche la résolution de la difficulté ». La durée du triangle peut dépasser celle des individus.

La tierce personne subit le stress de la relation : « elle se sent responsable de ce qu’elle ne peut contrôler, ou la relation ou colère des autres.

Conflit installé dans la durée

Le triangle stabilise la relation dans son état de conflit. La présence ou les tentatives de la troisième empêchent les deux autres de s’impliquer directement.

Enfin, le conflit a tendance à durer encore plus longtemps que les personnes qui le composent. Ainsi d’une génération à l’autre se transmettent des triangles. Quelqu’un de la génération suivante prend la place laissée libre dans la génération précédent.
Ainsi la vendetta corse ou les conflits de famille ou de voisinage. On est fâché pour quelque chose depuis plusieurs générations mais on ne sait plus pourquoi.

Cela pourrait être un exemple de la punition « des fautes des pères sur les enfants jusqu’à …la quatrième génération » (p. 67). Ainsi, des conflits entre clans dans des Églises usent les pasteurs les uns après les autres.

Se confier pour réfléchir

Nous avons parfois besoin de nous confier à quelqu’un qui nous aide « à réfléchir avec… efficacité » (p. 67) . Mais il vaut mieux plutôt avec quelqu’un qui ne connaît pas la personne en cause.

Limites à respecter

Se plaindre auprès du pasteur d’une personne qu’il connaît en lui demandant de garder le secret l’enferme dans la triangulation. Ce n’est pas une confession de péchés mais une affaire de relations personnelles.

Il devrait alors signaler qu’il refuse de garder le secret et en parlera à la personne mise en cause. Il acceptera cependant une discussion menée avec calme.

Dé trianguler, cesser d’intervenir

Dé trianguler, c’est dire aux deux autres notre position sur la situation et cesser d’intervenir dans leur conflit. On les laissera régler seuls ce conflit, sauf en cas de « traitement abusif » (p. 71), physique ou psychologique.

Nous n’avons pas besoin d’intervenir pour des personnes capables de se défendre elles-mêmes. Si nous sommes l’un des deux protagonistes, nous pouvons « casser le triangle » (p. 71) en renonçant à faire intervenir la tierce personne.

Gérer la confidence

On peut aussi avertir, comme le fit un pasteur, que la confidence est un « colis destiné » à la personne incriminée. Il nous a été remis « par erreur » (p. 71),

Donc on le lui transmettra, et il faut le faire effectivement. Cela provoque d’abord du « remue- ménage » (p. 73) puis la fin des critiques (camouflées) dans l’Église.

Danger des triangles dans l’Église

Les triangles formés dans l’Église à propos d’un frère, d’une sœur, ou du responsable contribuent à créer des triangles « aussi néfastes que la médisance » (p. 75) C’est en contradiction avec le processus expliqué dans Matthieu 18, où ces personnes sont mises au courant de ce qui les concerne.

« Écouter des plaintes sans le signaler à la personne concernée », favorise « la formation de clans », donc à posteriori, « de schismes » (p. 76). Cela entrave une communication normale dans l’Église.

Diseur de vérité, faiseur de paix

Familles explosives et familles cohésives

Dans le chapitre 6,l ’auteur reprend la distinction du chapitre 3 entre les familles « explosives » qui gèrent les tensions par la distance et les familles « cohésives » qui les gèrent par des « mécanismes intérieurs » (p. 77).

Dans les familles « explosives », on dit « la vérité même au risque de déplaire à l’autre » (p. 77).

Dans les familles « cohésives » on favorise l’harmonie plus que la vérité.

Les deux rôles, « diseurs de vérité » et « faiseurs de paix » (p. 78), sont nécessaires. En effet, les diseurs de vérité rendent conscient des problèmes. Les faiseurs de paix, eux, les empêchent de faire éclater l’unité de la famille. En retour ils risquent  l’agressivité et les malentendus et s’estiment mal compris. Les négociateurs ou faiseurs de paix, voient « leurs besoins plus souvent ignorés que ceux des diseurs de vérité » (p. 78).

Diseur de vérité et/ou faiseur de paix

Le couple formé d’un(e) diseur (se) de vérité et d’un(e) faiseur (se) de paix risque d’être conflictuel. Surtout s’il y a entre eux un faible niveau de différentiation.

Dans le milieu chrétien le couple qui ne se dispute pas passe pour idéal. Mais cela risque de provoquer une prise de « distance émotionnelle » (p. 78).

En général, la complémentarité stabilise le couple parce que l’un des deux, souvent le faiseur de paix « s’adapte plus que l’autre » (p. 78). Mais il a tendance à fixer en lui l’anxiété du couple et d’avoir des problèmes physiques, psychologiques ou sociaux.

Fonctionnement comme la famille ou différent

Si nous fonctionnons comme notre famille d’origine, nous agirons comme elle dans nos relations. Mais si notre fonctionnement est différent, notre comportement s’adaptera au type de relation rencontré.

Avec nos enfants, « nous reproduisons toujours le fonctionnement global de notre famille d’origine » (p. 81) surtout celle de la mère, plus proche des enfants.

Zones d’irresponsabilité et remèdes

Les deux styles de relations se valent, avec chacun leur « zone d’irresponsabilité » (p. 82).

Le diseur de vérité ne prend pas assez de précautions pour communiquer un message acceptable.

Le faiseur de paix ne dit pas assez clairement ce qu’il pense. Il accumule ainsi des ressentiments à cause de cette carence.

Donc le faiseur de vérité s’appliquera à être « plus à l’écoute de l’autre ». Il fera tout son possible pour rendre la vérité « digeste » (p. 81). « Il restera calme sans… essayer de changer l’autre, seul responsable de ses actes » (p. 83)

Fonctionnement dans l’Église

Dans une Église, le responsable a tendance à se comporter comme sa famille d’origine. Sa manière de fonctionner, « rigide ou souple » reflète son niveau de différentiation et le « stress du moment » (p. 84).

Dans un conseil d’Église composé de faiseurs de paix, le pasteur diseur de vérité aura beaucoup de liberté mais il risque de se retrouver tout seul devant.

Avec un conseil et un pasteur faiseurs de paix, il n’y a pas de conflits. Mais l’Église risque de ne pas avancer beaucoup. Si un ou plusieurs membres du conseil, diseurs de vérité, sont dans l’opposition, le pasteur sera en difficulté dans la confrontation.

La solution serait de rééquilibrer la situation en proposant l’élection de personnes mûres, diseuses de vérité et favorables au pasteur.

C.Streng

Le récit de l’annonciation à Marie

L’annonciation à Marie

Luc 1.26-38

Dans les temps de Noël,  nous aimons  relire les récits relatant la naissance de Jésus-Christ et aussi celui de l’annonce de cette naissance, faite à Marie.

«Jésus fait homme », l’accomplissement de la prophétie

Nous voici arrivés au temps de l’accomplissement de la prophétie biblique. Après une attente de près de 400 ans, Dieu  brise soudain le silence.

Ce n’est pas par l’intermédiaire d’un prophète mais par celui d’un ange, l’ange Gabriel que Dieu s’adresse à Marie. Il est porteur d’une bonne nouvelle et se veut rassurant, paisible :

«Réjouis toi ! Le seigneur t’a accorder une grande faveur, Il est avec toi » v.28

Quelle joie ! Le seigneur te considère favorablement… Marie !

Surprise et troublée

 Marie ne s’y attendait pas du tout. Elle est surprise est profondément troublée. il lui faut du temps temps pour comprendre ce qui lui arrive, pour dépasser sa peur et surmonter le tumulte dans son cœur.

La parole de Dieu est merveilleusement réaliste. Elle n’enjolive pas le déroulement des événements majeurs mais elle les restitue avec exactitude et vérité.
C’est plutôt le  lecteur qui oublier les détails et altère parfois involontairement le récit biblique.La routine et l’habitude  nous jouent parfois des tours.

Pourquoi Marie est-elle troublée à ce point ?

Premièrement, l’ange lui annonce qu’elle va devenir mère. Elle est vierge et n’a pas encore été mariée à son fiancé joseph.

Sa question est immédiate : «Comment cela sera-t-il possible ? »

Deuxièmement, la description du fils qu’elle va enfanter est extraordinaire, inimaginable.

Les trois titres du Christ

L’ange Gabriel lui révèle les trois titres que portera son enfant. Et c’est du lourd, comme on dit.

1. Il doit être appelé Jésus, ce qui signifie Sauveur.

Il sera donc investi d’une mission de salut à l’égard du peuple d’Israël puis envers tous les hommes, de quelque race qu’il soient

2. « Il sera grand et on l’appellera le Fils du Dieu très haut »

Pour Marie particulièrement, cela signifiait qu’il serait le Messie, l’envoyé de Dieu tant attendu et annoncé par les prophètes.

3. « Le Seigneur Dieu fera de lui un roi, comme le fut David son ancêtre »


– Il  est issu de la lignée de David, conformément à la promesse.

– « Sauveur, Messie et Roi éternel » sont les trois titres que l’ange Gabriel demande à Marie de lui donner.

-Ce bébé à naître aura une destinée exceptionnelle, unique, mais égalée dans le monde des humains.

Des événements d’une portée incomparable

Marie mais aussi Joseph n’ont pas pu saisir l’ampleur de l’identité exacte de Jésus.
Mais la succession des événements à venir,  l’enfance de Jésus, puis  sa vie publique, et enfin  la croix ont dévoilé la portée et la réalité de ces titres incomparables.
C’est pourquoi il nous est dit que « Marie gardait en elle le souvenir 
de tous ces événements. »

C’est aussi ce que nous constatons dans nos vies.

Un plan d’amour

Dieu a un plan, un projet d’amour proche de son cœur pour chaque personne qui se soumet à sa volonté. Dans l’instantané des épreuves, il est difficile d’en distinguer les sens et la direction. C’est un peu plus tard que nous réalisons la sagesse et la bonté de notre Dieu.
Marchons par la foi confiant dans ses promesses qui s’accompliront au temps fixé par Dieu.

Après le « pourquoi » de Marie, le « comment »

« Comment cela sera-t-il possible puisque je suis vierge ? »

La réponse de l’ange est majestueuse et presque trop facile

« Le Saint Esprit viendra sur toi et la puissance du Dieu très haut te couvrira comme d’un ombre ».

Luc l’évangéliste et Matthieu décrivent et soulignent un fait historique qui n’a rien d’un mythe ou d’un conte. La conception de Jésus s’est faite par l’opération du Saint Esprit, sans le secours d’un père humain.

La naissance de Jésus s’est faite naturellement au terme de la gestation naturelle d’une femme. Mais sa conception reste surnaturelle et demeure un fait historique avéré. Car « rien n’est impossible à Dieu », l’inventeur du monde et le créateur de la vie.

Pourquoi insister sur l’historicité de la naissance de Jésus ?

Pour deux motifs au moins

1. Premièrement, l’accent est mis sur la continuité par rapport  au passé

Nombre de prophéties de l’Ancien Testament  pointaient vers cet événement.
Le fils que Marie enfantera occupera le trône de son ancêtre David. Il hérite de sa mère à la fois son humanité et son ascendance royale.

2. Deuxièmement, nous sommes aussi face à une discontinuité par rapport au passé.

Le Saint-Esprit descendra sur Marie et la puissance créatrice de Dieu la couvrira de son ombre.

L’enfant sera unique puisque sans péché, saint et fils de Dieu.

Jésus a porté ce double patrimoine héréditaire :

  • Humain et messianique par sa mère Marie
  • Pur et divin, engendré par le Saint-Esprit

Le couple Marie et Joseph, la famille qui a accueilli la venue de Jésus

Le songe de Joseph

Dans Matthieu 1.18-25 nous lisons que Joseph a eu un songe dans lequel le Seigneur lui a parlé

A cette époque, la pression sociale était très forte : certaines conduites n’étaient pas acceptées, « cela ne se faisait pas ».

Marie était enceinte alors qu’elle était fiancée, pas encore mariée à Joseph.

Pour l’épargner et ne pas jeter le discrédit sur elle, il décide de rompre secrètement.

L’ange lui dévoile le plan de Dieu et lui recommande de prendre Marie pour femme.

Joseph qui était un homme droit et qui aimait le Seigneur obéit tout simplement.

Par la suite, un rumeur s’est répandue : il serait un enfant illégitime, conçu hors mariage. Nous la voyons surgir dans Jean 8.41

Face à certains Juifs non croyants, Jésus déclare qu’ils ont pour père le diable et non Abraham. Ils sont meurtriers dans leurs cœurs. Ceux-ci lui rétorquent : « Nous en sommes pas des enfants illégitimes », ce qui sous entendait que lui l’était.

L’appel adressé à Marie dans le cadre de l’Annonciation

Quelle a été sa réponse, son attitude face au projet du Seigneur ?

« Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu l’as dit. » (V.38).

Face au dessein de Dieu et à sa méthode, pas d’objections et une entière soumission.

Elle acceptait une lourde responsabilité. Avant le mariage elle s’exposait à la maternité et elle en subissait les conséquences : la honte et la souffrance de passer pour une femme immorale…

Elle a finalement renoncé à sa réputation pour faire la volonté de Dieu.

Notre vocation, notre appel

Cet appel particulier à Marie de devenir la mère de Jésus-Christ débouche sur une réflexion sur notre appel, notre vocation.

1 Pierre 2.9-10 : « Race choisie, prêtres du roi, nation sainte, peuple de Dieu, » des expressions prestigieuses mais pas prétentieuses.

C’est  un appel communautaire, transversal à servir Dieu. Nous appartenons d’abord à Dieu et faisons partie de ce peuple multi ethnique et multiculturel répandu à la surface de la terre.

Voilà de quoi prendre une certaine distance avec nos appartenances ecclésiastiques. Mais attention aux chrétiens « électrons libres » qui se désolidarisent volontairement du Corps de Christ, l’Église. Nous sommes appelés ensemble à le servir.

Un seul objectif : « Il nous a appelés… afin que nous proclamions ses œuvres, ses perfections magnifiques »

Nous sommes appelés à braquer le projecteur sur Jésus-Christ et l’œuvre parfaite accomplie à la croix. Nos paroles et nos actions témoignent de ce qu’il représente dans notre vie. Elles témoignent aussi de la possibilité de vivre des relations réconciliées les uns avec les autres, selon le ministère de la réconciliation.

Nous pouvons répondre à cet appel parce que la compassion de Dieu est première. Elle a bouleversé notre vie. Nous vivons quotidiennement de sa grâce, jour après jour et il veut déverser son amour dans nos cœurs.

W. Kreis

Manne, épreuves, fidélité de Dieu au désert

Manne dans le désert

Ce thème a été choisi pour deux raisons :

  • L’épisode de la nourriture miraculeusement accordée par Dieu au peuple d’Israël dans le désert
  • Une visite au « Musée du Désert » à Anduze, dans le Sud de la France.

Ce musée évoque la dramatique persécution vécue par les protestants huguenots suite à la révocation de l’Edit de Nantes par le roi de France Louis XIV.

Ecouter ce que Dieu dit

Soyons à l’écoute de ce que Dieu nous dit en Eglise, dans les échanges entre frères et sœurs, à travers les événements de la vie, les lectures bibliques etc.
Appliquons nous à discerner les convergences inspirées par l’Esprit Saint. C’est un facteur d’unité et de croissance pour l’Eglise.
Résistons à une pensée trop individualiste parfois, comme l’est la pensée ambiante. Soyons plutôt à l’écoute de ce que le Seigneur désire transmettre à son église.

Exode 16.1-8

Toute la communauté d’Israël quitta Élim ; le quinzième jour du deuxième mois après la sortie d’Égypte, ils arrivèrent au désert de Sin, situé entre Élim et le mont Sinaï. Là, dans le désert, les Israélites se remirent à protester contre Moïse et Aaron. 

Ils disaient : « Si seulement le Seigneur nous avait fait mourir en Égypte, quand nous nous réunissions autour des marmites de viande et que nous avions assez à manger ! Mais vous nous avez conduits dans ce désert pour nous y laisser tous mourir de faim ! »

 Le Seigneur dit à Moïse : « Du haut du ciel, je vais faire pleuvoir du pain sur vous. Chaque jour les gens iront ramasser leur ration de la journée. Je vous mettrai ainsi à l’épreuve pour savoir si vous obéissez ou non à mes ordres.  Le sixième jour, quand vous préparerez ce que vous aurez ramassé, vous en trouverez le double des autres jours. »  

Moïse et Aaron dirent à tous les Israélites : « Ce soir, le Seigneur vous donnera de la viande à manger, car il vous a entendus protester contre lui ; vous saurez alors que c’est lui qui vous a fait sortir d’Égypte.

Et demain matin, quand il vous donnera du pain en suffisance, vous verrez sa gloire. Quant à nous, nous ne sommes même pas dignes que vous protestiez contre nous. Et si vous le faites, en réalité, c’est le Seigneur que vous attaquez. »
La Bible en Français Courant (Nouvelle édition révisée 1997).

Un peuple difficile à conduire

Contestation et colère

– Moïse et Aaron chargés de conduire le peuple d’Israël travers le désert sont la cible de la contestation
– ils cristallisent la colère du peuple qui les accuse de les laisser mourir de faim dans le désert de Sin.

Pourtant au bénéfice de la puissance et de la bienveillance divines

Pourtant quelques semaines plus tôt, le peuple a été témoin et bénéficiaire de la puissance et de la bienveillance de Dieu lors de deux événements :

  • la traversée de la Mer des Roseaux à pied sec et l’anéantissement de l’armée du pharaon
    – la purification par le Seigneur des eaux amères et imbuvable de Mara. Le peuple a ainsi pu se désaltérer.

Mais regret du « bon vieux temps »

Pourtant, dans la déception et l’angoisse éprouvée, le peuple évoque avec regret la vie d’autrefois en Égypte et la trouve préférable (v.3)
Voilà des souvenirs bien trompeurs. En fait la réalité est très différente

Exode 3.7

Le Seigneur reprit : « J’ai vu comment on maltraite mon peuple en Égypte ; j’ai entendu les Israélites crier sous les coups de leurs oppresseurs. Oui, je connais leurs souffrances

Deux pièges dans nos réactions face aux difficultés

Cet argumentaire du peuple rend attentif à deux pièges qui peuvent se présenter quand nous rencontrons de nouvelles difficultés ou épreuves dans notre vie

– La mémoire sélective

Elle gomme les interventions inattendues et miraculeuses de Dieu dans notre vie, celle de nos proches, dans notre communauté.
Cela s’appelle l’ingratitude oublieuse ou la nostalgie du bon vieux temps. C’est l’embellissement du passé.le déni de la réalité

– Le déni de la réalité

Le déni de la réalité de notre condition humaine avant de connaître le Christ et de goûter à sa bonté
Autrefois nous vivions nous aussi dans la servitude du péché gouverné par nos passions et en situation d’oppression.
Que serions-nous devenus si sa grâce providentielle et son amour n’avaient pas touché notre cœur ?

Regarder en arrière, un leurre

Au moment de l’épreuve, gardons-nous de regarder en arrière avec d’éventuels regrets. C’est un leurre, une tromperie.

Fidélité constante de Dieu

Face à cette requête amère du peuple et à cette contestation faite de mauvaise foi, le seigneur reste fidèle à ses engagements de conduire son peuple et de prendre soin de lui au désert. Quel amour !

La manne, une nourriture miraculeuse

Pendant les 40 années passées au désert, le seigneur va nourrir miraculeusement la foule au moyen de la manne.
Le mot traduit de l’hébreu signifie : qu’est-ce que cela ? C’est la question suscitée par son apparition dans le désert de Sin.
La descente de la manne est comparé à une pluie de pain céleste.

Lorsque la rosée s’évapora, quelque chose de granuleux, fin comme du givre, restait par terre.  Les Israélites le virent, mais ne savaient pas ce que c’était, et ils se demandèrent les uns aux autres : « Qu’est-ce que c’est ? » Moïse leur répondit : « C’est le pain que le Seigneur vous donne à manger»

Une mise à l’épreuve quotidienne

Mais il est important de le préciser. Face à ce besoin fondamental et légitime du pain quotidien, la réponse du seigneur est conditionnelle et bien encadrée.

 

Le Seigneur dit à Moïse : « Du haut du ciel, je vais faire pleuvoir du pain sur vous. Chaque jour les gens iront ramasser leur ration de la journée. Je vous mettrai ainsi à l’épreuve pour savoir si vous obéissez ou non à mes ordres V.4 

Pour éduquer le peuple

Cette période de 40 années vécues dans le désert était voulue par Dieu pour éduquer, former tout le peuple qu’il s’était choisi. D’où l’expression mettre à l’épreuve

Deutéronome 8.3-5

Après ces difficultés, après vous avoir fait souffrir de la faim, il vous a donné la manne, une nourriture inconnue de vous et de vos ancêtres. De cette manière, il vous a montré que l’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole que Dieu prononce.  Vos vêtements ne se sont pas usés, vos pieds n’ont pas enflé durant ces quarante ans.  Comprenez donc bien que le Seigneur votre Dieu veut vous éduquer comme un père éduque son fils

Avec des instructions claires et précises

Il fallait ramasser seulement la quantité nécessaire «au pain de ce jour » soit 3 à 4 l par personne. Le sixième jour, veille du sabbat, on pouvait ramasser le double

Un test d’obéissance, pas toujours réussi

À travers ces directives précises le seigneur désirait tester l’obéissance du peuple.
En lisant le reste du chapitre, nous constatons qu’évidemment des personnes ont désobéi. Elles ont ramassé plus que ce qui était précisé. Ou elles en ont ramassé le septième jour.

La manne, signe miraculeux de relation et de solidarité

La manne était le signe quotidien et miraculeux de la bonté du seigneur envers Israël.
Elle est donc le symbole de la relation de dépendance privilégié entre Dieu et son peuple. Elle est aussi le symbole de la solidarité et du partage à l’intérieur (au sein) du peuple lui-même.

Ramassage avec redistribution

C’était un ramassage par tente, par maisonnée. Les petits-enfants, les personnes âgées, les malades, les handicapés, n’étaient pas oubliés. Le partage, la redistribution étaient nécessaires et permises. Les personnes solides et bien portantes ramassaient plus que leur part.

La manne, un symbole spirituel dans le Nouveau Testament

Solidarité dans l’Eglise et entre les Eglises

2 Corinthiens 8 14-15

En ce moment, vous êtes dans l’abondance et vous pouvez donc venir en aide à ceux qui sont dans le besoin. Puis, si vous êtes un jour dans le besoin et eux dans l’abondance, ils pourront vous venir en aide. C’est ainsi qu’il y aura égalité,  conformément à ce que l’Écriture déclare :

« Celui qui en avait beaucoup ramassé n’en avait pas trop, et celui qui en avait peu ramassé n’en manquait pas. »

L’apôtre Paul choisit l’exemple de la manne pour illustrer la répartition et la solidarité concrète qui doit exister entre les Eglises et les membres d’une même Eglise

Il mentionne ce principe dans le cadre des collectes auprès des églises de Macédoine au profit des églises de Judée.

Jésus-Christ, le pain de vie donné aux hommes

À ce premier éclairage du Nouveau Testament s’ajoute un deuxième éclairage donné par Jésus-Christ dans Jean 6

Jean 6.35

Jésus leur déclara : « Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim et celui qui croit en moi n’aura jamais soif»

La conversation entre Jésus et ses disciples évoque le signe miraculeux de la manne vécu par leurs ancêtres. Avec cette question à la clé : «  Et toi Seigneur, Quel est le signe miraculeux qui atteste ton autorité ? »
Et Jésus de répondre : il est le fils de Dieu incarné parmi les hommes;  il donne la vie au monde.

Re-création de l’homme nouveau et quête de sens

Cette affirmation de Jésus fait passer du niveau physique et naturel de la faim au niveau spirituel des besoins de l’âme. Quête de sens pour notre vie, aspiration à retrouver une vraie relation avec le père céleste, à trouver la guérison de nos blessures.

La mort de Jésus à la croix et sa résurrection rendent possible cette re-création de l’homme nouveau. Le pain de vie apaise la faim et la source d’eau vive calme la soif. Alors il est bon d’y puiser fréquemment. Comme pour la manne, les provisions sont incertaines, improbables. C’est à notre portée, disponible 24 h sur 24. Comme pour la manne, il est nécessaire d’y appliquer notre volonté et de se bouger.

Marcher avec Dieu dans l’épreuve

La traversée du désert pendant 40 ans a été la mise à l’épreuve du peuple d’Israël dans le désert.
Les Huguenots l’ont aussi vécu dans la persécution pendant pratiquement un siècle, comme le rappelle le « Musée du Désert »
Il leur était interdit de se réunir librement, d’exercer un bon nombre de métiers, d’éduquer leurs enfants dans la foi protestante. Ils ont été pourchassés à travers le royaume, suppliciés, condamnés aux galères, pendus en public.
Ils ont nommé cette période « le temps du désert », c’est à dire de l’épreuve.
Un de leurs mots d’ordre : « sous la croix, le triomphe »
Certains ont fait semblant d’abjurer leur foi. D’autres non, et ils sont morts sous les coups, sous la croix.

Jacques 1.2

Mes frères, considérez-vous comme très heureux quand vous avez à passer par toutes sortes d’épreuves ;  car, vous le savez, si votre foi résiste à l’épreuve, celle-ci produit la persévérance

W. Kreis