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Fonctionnement du soi et écoute de Dieu

Fonctionnement du soi et dysfonctionnement

Soi et solidité des décisions

Jeanne Farmer,  auteur du livre « Je comme unique » développe la distinction entre le fonctionnement du  soi «solide » et celui du  « pseudo soi ». Ainsi une personne qui s’est convertie à une religion différente de celle de sa famille et qui a résisté à leurs tentatives de récupération exprime son « moi solide ».

En revanche la personne qui change de religion dans un groupe qui « offre une appartenance forte comme dans les sectes » (p. 87)  exprime plutôt son pseudo-soi. Un choix reflétant l’identique ou l’inverse des valeurs familiales « manifeste une réaction émotionnelle, donc le pseudo-choix », alors qu’un choix modéré et réfléchi « reflète le choix solide » (p. 81).

Différenciation et fusion émotionnelle dans le couple

Les deux pseudo-soi d’un couple « fusionnent pour former le système émotionnel nucléaire décrit dans le livre de Bowen La Différenciation du Soi .

« Plus le niveau de différenciation est bas, plus la fusion émotionnelle sera intense…. L’un des époux… prend les décisions pour le soi commun. L’autre s’adapte, (donnant) un exemple « d’emprunt et de vente du soi » (p. 88)…

Avec deux personnes dominantes il y a conflit, avec deux personnes « adaptés » il y a paralysie des décisions. Position dominante ou adaptative <emdépendent plus de « la position de chacun dans sa famille d’origine » (p. 88) que du sexe. La fusion entraîne l’angoisse de l’un ou l’autre avec « mise à distance émotionnelle » (p. 88)  ou émergence de symptômes dans le couple ou chez les enfants.

Manque de différenciation et symptômes dans la famille

Une famille bien différenciée peut ne pas montrer de symptôme même en cas de stress. En revanche, un manque de différenciation provoquera des symptômes, même sans stress. Les tensions du couple ne sont pas forcément préjudiciables si elles laissent les enfants « en dehors du processus ».

Mais « un modèle bancal » de rôle parental risque de se reproduite dans la génération suivante. « La focalisation sur un enfant … produit …un niveau de différenciation » inférieur à celui des parents. C’est « le processus de projection familiale » (p. 89)

« Les péchés des pères » dans le fonctionnement d’une famille sur plusieurs générations

Ce processus illustré par « l’évolution d’une famille sur plusieurs générations » montre des courbes ascendantes et descendantes.

« Si nos rôles … résultent…de plusieurs générations de fonctionnement familial, … les péchés des pères … seraient… punis sur les enfants jusqu’à la… quatrième génération ».(Genèse 43.7)

« Le péché …étant ce qui manque la cible », un conjoint qui s’adapte à l’autre au point d’avoir des symptômes, un autre « qui sur fonctionne » en handicapant ses enfants est aussi coupable que celui qui commet des péchés grossiers.

« Connaître le Christ » : différentiation de soi et maturité spirituelle

Cependant, « connaître le Christ …donne un grand avantage » car Dieu donne à sa vie du sens et « une ligne de conduite… objective et raisonnée ». Selon « des recherches historiques, … cela produirait une plus grande différentiation de soi » (p. 92).

« La maturité spirituelle, …c’est… la maturité émotionnelle avec l’amour pour Dieu et les autres » (p. 93).

Cette différenciation de soi se travaille, qu’on soit chrétien ou non. Pour Dieu, le plus important c’est l’amour. Même si nous ne réussissions parfaitement, tout en faisant de notre mieux, il nous rendra parfaits à sa venue.

La mise à distance émotive et la position dans la fratrie

Mise à distance émotive pour gérer la dépendance émotionnelle

Nous craignons de déplaire et avons du mal à « accepter des différences ». Nous essayons de les « minimiser … ou de réduire le contact », d’autant plus que « le niveau d’indifférenciation est important » (p. 95).

La mise à distance émotive est un moyen de gérer la dépendance émotionnelle, ou attachement non résolu avec les parents. C’est équivalent au niveau d’indifférenciation, par le repli sur soi, jusqu’à la schizophrénie ou par la distance, physique et (ou) intérieure.

Risque pour le couple

Agir ainsi dans un couple, c’est risquer « des relations de plus en plus courtes » et se retrouver seul. Fuir ou ne pouvoir quitter sa famille procède du même type de « dépendance/allergie » (p. 96) ou fusion/indifférenciation. Ce rejet provoque un dysfonctionnement avec coupure grandissante dans les générations suivantes.

Gérer un mise à distance émotionnelle nécessaire

La mise à distance émotionnelle  se manifeste différemment aux Etats-Unis – relation distante et formelle avec quelques visites – et en France où « définir des limites est plus difficile que maintenir le contact » (p. 96).

Mieux vaut un « projet de différentiation » dans la famille qu’ « une mise à distance » (p. 98).

Avec quelqu’un de dysfonctionnel, ou dangereux, le contact direct n’est pas toujours possible mais la communication indirecte (courrier) fait progresser dans une relation « plus calme et réaliste» (p. 98).

Personnalité et fonctionnement parmi les frères et soeurs d’une famille

Selon Constellations fraternelles et structures familiales de Walter Toman, (p. 99) repris par Bowen, notre personnalité et notre mode de fonctionnement dépendent de notre position dans la fratrie.

Profils types de frères et soeurs

L’aîné d’un frère est un meneur, son cadet l’admire et apprend de lui. L’aîné d’une sœur la protège et la rend dépendante des hommes. Une grande sœur dirige ses cadettes, celles-ci, plus libres qu’elle, sont dépendantes d’elle. L’aînée d’un frère le materne donc il est déresponsabilisé et plutôt égoïste.

Ces profils-types permettent d’étudier « comment la personne remplit sa fonction » (p. 99).

Fonctionnement dans la famille

Un aîné bien différencié fonctionne normalement, sur fonctionne parfois sans excès. Fortement triangulé, il abandonne le rôle d’aîné au cadet qui devient « l’aîné fonctionnel ». Dans une famille peu différenciée, le cadet plus irresponsable que l’aîné « peut devenir le « raté » de la famille (p. 99).

« L’ « échelle » d’harmonie ou de conflit » (p. 99) de Walter Toman aide à comprendre les relations dans le couple ou avec des amis. Une position complémentaire dans la fratrie, par exemple grand- frère d’une sœur et petite sœur d’un frère …favorise une relation harmonieuse.

Entre aîné d’une sœur et aînée d’un frère, il y a conflit de rang, entre grand frère de frères et petite sœur de sœurs, conflit de sexe (p. 102).

Le risque de divorce est alors plus grand si un couple conjugue deux types de conflit. Les couples avec conflit de rang devront négocier leur fonctionnement, souvent « en se spécialisant dans leurs domaines de responsabilité » (p. 102).

Ces caractéristiques se retrouvent chez des personnages bibliques. Ruben l’aîné tente de sauver Joseph, Marthe sur fonctionne…

Le processus du changement

Changement en profondeur ou déplacement superficiel

A cause de son anxiété, la personne qui souffre « fonctionne sur la base de sa programmation émotionnelle… et ne prend pas assez de recul pour comprendre le fonctionnement …global …du système et sa propre participation » (p. 105).

L’activité du néocortex (siège dans le cerveau de la pensée analytique et de la créativité) diminue au profit de celle du cerveau reptilien (siège de la programmation primitive). Il y a  un sur fonctionnement réactif et rigide vis à vis de nos actions et de celles des autres.

Réflexion, prière, aide  nécessaires

Se calmer, à l’aide de la prière, de l’aide d’un ami, par la réflexion, est la condition pour aller mieux. Un véritable changement inclut la connaissance – du système de relations – et aussi l’ action pour changer le fonctionnement de l’individu… L’essentiel n’est pas le contenu du problème mais son traitement dans le processus de relations.

Les quatre phases du changement

1. Identifier le processus, les thèmes (sur ou sous fonctionnement, triangles, rôle lié à la position dans la fratrie, mise à distance relationnelle). Interroger sur fonctionnement des relations familiales en cherchant les répétitions dans le passé.

2. Identifier le rôle de la personne elle-même. Est-il identique ou différent de celui de la famille. Choisir entre assumer son mode de vie ou accuser les autres ou les circonstances.
Un fonctionnement ou son contraire (p. 108) peut se répéter alternativement : grand-père autoritaire, fils laxiste, petit fils autoritaire. Accepter « la responsabilité de son fonctionnement » est indispensable.

3. Etablir un plan pour changer notre contribution au comportement qui provoque le problème et « résister aux pressions » (p. 109).

4. Evaluer le résultat obtenu et « corriger le tir » (p. 110) , avec l’aide d’ « un vis à vis objectif » (p. 111)

Après les trois premières phases, temporaires, « le but à long terme est un niveau de différentiation …plus élevé » (p. 113) qui réduira l’anxiété et le retour du symptôme.

Vraie amélioration et pas seulement changement des circonstances

Une amélioration, due à une modification des circonstances, n’est pas un vrai changement, avec progrès de la « solidité émotionnelle ». C’est un « déplacement…avec des fluctuations dans le niveau de fonctionnement ». « Un déplacement est en rapport avec une relation, un changement … avec des principes personnels » (p. 113)… avec le soi solide.

Ecoute de Dieu et  différentiation de soi 

Se conduire par des principes et pas par des réactions

Augmenter le niveau de différentiation de soi (p. 116) , être capable d’exprimer ses pensées, son individualité demande de séparer réaction et émotion. Cela exige aussi de nous conduire plus par principes de vie que par réactions émotionnelles.

Défaire les triangles

La maturité émotionnelle, la différentiation de soi, consiste à repérer les triangles dans notre famille et à dé trianguler en ayant une relation personnelle avec chaque personne, sans digression sur les autres.

Relation personnelle avec Dieu et recentrage de la vie

De plus, par sa relation personnelle avec Dieu … le chrétien reçoit un point de vue objectif sur lui-même et ses relations. C’est un recentrage radical de sa vie (p. 117).

Il peut ainsi passer du centrage sur soi avec ses réactions de défense caractéristiques du péché originel à la confiance en Dieu qui connaît ses besoins et ceux des autres. « L’écoute de Dieu doit être au centre de notre vie » (p. 119)

Quelques points importants pour la  progression spirituelle et relationnelle

Jeanne Farmer résume quelques points de The Spirit of the Disciplines de Dallas Willard (1988), (en anglais) importants pour la  progression spirituelle et relationnelle.

– Pour des performances de haut niveau, il faut un entraînement.

De même la vie de disciple, exige « une association profonde avec des personnes qualifiées, une structuration rigoureuse du temps et de la nourriture, des activités appropriées pour le corps et l’Esprit … qui donnent la maîtrise du corps …et des performances impressionnantes dans la vie publique » (p. 121)

Ainsi sont cités les exemples de vie disciplinée de Jésus, Paul, des saints catholiques et des Réformateurs « dont la vie a été transformée par des pratiques régulières » (p. 121).

– Avec la pratique, l’entraînement devient plus aisé

– Le salut est plus « une marche dans le temps » qu’un événement

Cette vie n’est vécue que quand nous sommes en contact avec Jésus (p. 122)
Les disciplines spirituelles aident le corps à retrouver sa place de serviteur, sans le mépris du corps du Moyen Âge.

« Les disciplines spirituelles nous rendent plus aptes à une vie d’amour pour Dieu et pour les autres … Un corps … discipliné devient un moyen de transmission du pouvoir spirituel » (p. 123) car il se rapproche de ses capacités d’avant la chute.

Rappel des objectifs du livre 

Jeanne Farmer  rappelle les objectifs de son livre, à propos de la responsabilité personnelle, de la vérité dite dans l’amour, et de la relation personnelle avec Dieu qui ne remplace pas mais renforce le travail de différenciation sur soi, et de responsabilisation, en interaction avec notre famille

Evaluation d’ensemble

« Je comme unique » est un livre facile à lire. Il apporte des notions nouvelles et bien documentées dans la connaissance de soi et des autres.

Le jeu de mots sur le titre est tout un programme : le « je » est unique, d’autant plus qu’il est bien différencié. Et le « je communique », de façon saine et sainte, sans « trianguler », sans utiliser les autres à son profit.

Personnalité et relation avec les autres

Le fonctionnement de la personnalité en soi et dans ses relations avec les autres est décrit dans des termes simples. Le vocabulaire psychologique est toujours explicité, par des mises en situations réelles, réalistes ou possibles et par des références à des exemples bibliques. L’appel à l’expérience personnelle donne de la chaleur et de la vivacité au propos.

Maturité et différentiation

L’explication de la maturité/différentiation de soi ou de sa carence est claire, fondée sur la connaissance du fonctionnement physiologique du cerveau. L’observation d’exemples précis  le corroborent. Elle est surtout réaliste et réalisable, car les processus décrits éveillent des échos et incitent à une réflexion à posteriori sur des situations observées ou plus personnelles.

Limites de la responsabilité

A qui se culpabilise de ne pas en avoir fait plus pour satisfaire le bonheur de l’autre, elle rassure en traçant les limites de notre responsabilité : « ce que nous faisons pour lui ».
A qui se demande quelle position prendre entre deux personnes en désaccord, elle explique que ces relations-là n’appartiennent pas à notre royaume, à notre champ de responsabilité. Nous n’avons pas à nous en mêler.

C’est un soulagement et aussi une prise de conscience. Epoux(se), père ou mère de famille, citoyen(ne), chrétien(ne), nous n’avons pas tout assumer. Nous n’avons pas besoin non plus de  nous faire des reproches parce que nous n’avons pas réussi à tout régler autour de nous. Evidemment, il na faut pas que ce soit le prétexte pour fuir nos responsabilités. Réalisme donc dans un monde de performances à tout prix.

Une « non différenciation »

La différenciation de soi est bien détaillée. On se souvient alors de faits connus ou vécus. On saisit peut-être enfin l’explication d’une situation qui n’avait pas été comprise.

Pourquoi un mari a-t-il quitté le domicile conjugal ? Inexplicable jusqu’à ce que soient reliés plusieurs éléments glanés au cours de la lecture et le souvenir du fonctionnement familial.

Il s’agit d’une famille cohésive. Personne n’ose rien dire à cause de la santé de la femme. Chacun des conjoints  manque de différentiation par rapport à sa  propre famille.

L’épouse sous-fonctionne, presque totalement relayée par le mari et les enfants. Elle se situe au bas de l’échelle de différentiation, recherchant toujours le soulagement immédiat.

L’expression « trouver du bien-être dans les relations » évoque alors des souvenirs, même après des années…

Des « triangulations »

Un autre concept utile à comprendre est celui de la triangulation. C’est tellement courant, tellement pavé de bonnes intentions et parfois tellement hypocrite, On le traduit en langage familier par « cancans, racontars » : deux contre le ou la troisième. On se cache derrière l’excuse fallacieuse d’en parler pour prier à son sujet.

Cela ne laisse pas le lecteur indemne. Il se rappellera les triangulations subies dans l’enfance, suite logique des triangulations familiales. Il regrettera aussi de s’être laissé soi-même entraîner à ce genre de « géométrie » ou de l’avoir consciemment pratiqué avec de bonnes excuses.

On se rend compte que les dégâts dépassent l’immédiat. Il faudra du courage pour dé trianguler, remettre en place, au moins ce qui est encore possible.
Notons, avec une admiration particulière la réaction saine et courageuse d’un pasteur qui a osé transmettre, sans diffuser le racontar, le « colis » remis par erreur.

Certaines triangulations peuvent durer très longtemps sans être percées à jour. C’est seulement après de très nombreuses années parfois que le premier concerné a  enfin la preuve, par des voies détournées, que le soi disant « mauvais témoignage »  reproché était en fin de compte du vent, pour ne pas dire de la calomnie.

Un diagnostic indispensable

Donc le diagnostic permis par la lecture du livre est utile. Il  aide à réfléchir, à faire le point à posteriori, quand les choses sont passées. Il aide à remercier Dieu et ceux qui ont aidé à panser les blessures et à guérir l’âme blessée.

Cependant, la lecture au moment même des faits aurait peut-être éveillé des réactions trop douloureuses. Dieu, dans sa grâce donne les bons remèdes et celui-ci convenait au bon moment.

Se situer entre « diseur de vérité » et « faiseur de paix ».

Il permet  de rétablir l’équilibre entre

  • l’éternel (le) « rouspéteur (se) ». Il (elle) devra essayer de prendre en compte aussi le point de vue des autres, de ne pas attiser les situations déjà brûlantes en assénant brutalement certaines vérités
  •  « l’arbitre » au dessus de la mêlée, tenté parfois de ne pas « se mouiller », de ne pas chercher la vérité des faits pour maintenir la paix.

Les deux rôles sont parfois joués par la même personne à des moments différents, même si ses tendances la portent à choisir plutôt celui qui correspond à sa personnalité.

Dans certains cas risqués, le diseur de vérité glisse lâchement vers le mauvais côté, ou côté factice du faiseur de paix. A contrario, un sursaut de courage transforme celui qui ne dit rien pour conserver la paix dans la famille ou dans l’Eglise en courageux diseur de vérité.

Un soi solide dans ses décisions

La définition du soi solide aide à renforcer des convictions. Elle montre que la conversion, le choix de vie différent de celui des parents,  était solide. Ce n’était pas la réaction d’un pseudo choix fluctuant.

La distinction faite entre les deux notions (pseudo-soi et soi solide) peut aussi être un critère pour juger de la validité d’une décision.

Un premier contact avec les notions de différenciation et de dysfonctionnements causés par l’indifférenciation, et leur explication psychologique.

Alors on se rappelle le passé. On remercie le Seigneur qui a donné à notre vie du sens, « un objectif raisonné… et une plus grande différentiation de soi ». C’est lui qui a fait passer de l’infantile, fusionnel, fugitif ou réactif à l’adulte en voie de maturité.

Relations et fonctionnement dans des domaines de responsabilité

La relation dans le couple selon la position dans la fratrie se vérifie bien, en particulier dans le cas de « spécialisation dans des domaines de responsabilité » et aussi de compétences.

Ainsi l’épouse informaticienne est incapable de participer à la conversation dans la langue étrangère que son mari parle couramment.  Mais le mari, aux prises avec un problème sur son ordinateur l’appelle au secours !

Ceci se vérifie aussi dans le cas de la mère dominatrice. Si elle excelle dans un domaine, la fille en est incapable. Elle subit  la pression comparative et a une impression d’incapacité, consciemment ou inconsciemment inculquée. Mais elle « brille » dans des domaines étrangers à ceux de la mère.

Changer de comportement

Les processus expliqués pour arriver à un bon fonctionnement sont assez clairs à comprendre, au moins intellectuellement. Mais il faut déjà beaucoup de maturité et aussi de l’aide pour les entreprendre, … pour changer notre comportement qui provoque le problème.

C.Streng

 Note Les ouvrages cités en complément peuvent aider à progresser et il serait intéressant de les lire en entier.

Vivre par sa foi, une mise au point d’Habaquq pour aujourd’hui

Vivre par sa foi : principe et application à la fin de la royauté en Israël

« Le juste vivra par sa foi »

Proclamation dont l’Éternel a donné la révélation à Habaquq le prophète.
Jusques à quand, ô Éternel, appellerai-je à l’aide
sans que tu entendes mon cri ?
Jusques à quand devrai-je crier vers toi : « À la violence ! » sans que tu nous délivres ?
Pourquoi me fais-tu voir de telles injustices ?
Peux-tu rester indifférent à nos tourments ?
Je ne vois devant moi que ravage et violence, il y a des querelles,
et des conflits surgissent.

À cause de cela, on ne respecte plus la loi, et le droit n’est pas garanti. Car les méchants empêchent les justes d’agir,
l es jugements qui sont rendus sont corrompus. Habaquq 1.1-4

Une situation bien compromise

Quand Habaquq prononce sa prophétie, il reste encore une vingtaine d’années  avant la fin du royaume de Juda. La prise de Jérusalem, et l’exil à Babylone auront lieu en 586 avant J.-C.

Le dernier bon roi d’Israël fidèle à Dieu, Josias est mort en 609. Ses descendants précipiteront la chute du royaume.

Sous le règne de Jehoiakim, la situation est déjà bien compromise. Le prophète dénonce l’injustice, les relations sociales gravement perturbées…

La prophétie d’Habaquq dans son contexte

Après la mort de Salomon, le royaume est divisé. Le royaume d’Israël au Nord, dirigé par des rois idolâtres sera détruit en 722 par l’Assyrie.

Le royaume de Juda au Sud déclinera jusqu’à la destruction de Jérusalem et l’exil à Babylone en 586.

Chute du royaume de Juda provoquée par de mauvais rois

La chute du royaume sera précipitée par des mauvais rois idolâtres, brutaux et sans scrupules comme Manassé, Amôn, et les successeurs de Josias, (2 R 21.1-9, 16, 20-22).

Alors Dieu décida « de faire subir à Jérusalem et à Juda le même sort qu’à Samarie » (2 Rois 21.13).

Un temps d’arrêt dans le jugement à cause de Josias

Josias s’est repenti en entendant la lecture du livre de la Loi (les livres de l’AT existant à son époque). Il a entrepris une réforme religieuse et politique, ce qui a entraîné un temps d’arrêt dans le jugement.

Il ne verrait pas, de son vivant, le malheur qui allait déferler sur le pays.
Mais sa réforme n’a pas réglé la situation en profondeur. Après sa mort ses successeurs se hâtent de la faire oublier.

Une époque charnière

Le royaume de Juda est un terrain d’affrontement politique et militaire  entre blocs politiques en conflit.

Le déclin de l’Assyrie a commencé en 612 avec la chute de Ninive.
La puissance montante, l’empire babylonien de Nabuchodonosor lui donnera le coup final en 609

L’Égypte, l’autre grande puissance, soutient d’abord l’Assyrie. Elle joue les arbitres en changeant de camp au profit du plus fort.

Alliances à géométrie variable

En 609, Jehoiakim fils de Josias, le nouveau roi  a été mis sur le trône de Juda par le pharaon Neko. Par conséquent, on impose à la population un lourd impôt en argent et en or pour le trésor royal de l’Egypte (2 Rois  23.34-37).

En 605 changement de programme.

En 605 Nabuchodonosor, vainqueur de l’Egypte, prend Jérusalem. Jehoiakim maintenu sur le trône devient alors vassal de Babylone (2 Rois 24.1-3). Cela implique des engagements à respecter. Encore un lourd impôt, cette fois-ci pour le trésor royal de Babylone.

C’est comme la crise des subprimes ou les Panama papers. Qui va payer ?

Pas le roi et son coffre fort personnel ni la caisse de l’Etat. Pas les banques, pas les plus riches. On taxe la population, les plus pauvres aussi.

Cette injustice organisée par le roi et ses partisans a brisé la solidarité mise en place par la réforme de Josias dans la société de Juda. Injustices, querelles, conflits se multiplient

Situation angoissante et désespérée

Habaquq pose ses question à Dieu dans ce contexte angoissant d’injustice et d’exactions.

Pas de solution, pas de délivrance ? :

Jusques à quand appeler à l’aide sans être entendu
Pourquoi… de telles injustices ?
sans que tu nous délivres,… indifférent à nos tourments.

Mépris pour la Parole de Dieu.

On ne respecte plus la loi… le droit n’est pas garanti (v.4)  Les méchants  empêchent les justes d’agir. Les jugements sont corrompus.

Injustices, menaces et assassinats politiques

Habaquq dénonce une  situation de dégradation morale et spirituelle, d’injustice criante. Israël devrait se comporter comme le peuple de Dieu. Il l’a oublié, roi et dirigeants en tête.

Jehoiakim est furieux de devoir se soumettre à Babylone. Il le fait payer à tous ceux qui ne sont pas d’accord avec lui.

Jérémie, qui vivait à la même époque,  recommande au roi de respecter ses engagements envers Babylone. Jehoiakim brûle le rouleau de ses premières prophéties et il menace Jérémie de mort. (Jérémie 36).

Ouriyahou, prophète opposant a fui en Egypte. Il est ramené par les hommes de main du roi et assassiné (Jérémie 26)

Un procédé toujours bien connu aujourd’hui dans certaines hautes sphères pour faire disparaître les opposants : parapluie bulgare, polonium ou accidents sans explication.

Réponse de Dieu : une intervention inattendue

Regardez, traîtres et observez ! Vous serez stupéfaits, vous serez ébahis, car je vais accomplir en votre temps une œuvre : vous ne le croiriez pas si on vous en parlait.

Je vais faire venir les Chaldéens peuple féroce et déchaîné, qui parcourt les étendues de la terre pour prendre possession des demeures d’autrui.. Habaquq  1.5-6

Trahison et illusions. La situation va empirer.

En 603-602, Jehoiakim s’allie avec l’Egypte. Il se révolte contre Babylone et refuse de payer l’impôt exigé.
Jérémie décrit Jehoiakim comme un homme sans scrupules, brutal et criminel, sans aucun respect pour la parole donnée (Jérémie 22.17).

Mais pour le moment, pas d’inquiétude. A l’abri dans son palais embelli aux frais du contribuable (Jérémie 22) le roi se bouche les yeux et les oreilles. Il ne sait rien, il ne veut rien savoir

L’armée babylonienne est encore loin, on compte sur l’alliance avec l’Égypte. Le rôle du Temple est de les protéger comme un lieu magique.
Ils se l’imaginent en répétant « le temple de l’Eternel, le temple de l’Eternel » (Jérémie 7)

…  L’illusion ne durera guère.
La révolte du roi Jehoiakim est le prélude au siège de Jérusalem de 597 pendant lequel il mourra.

Qui sème le vent récoltera la tempête. Dieu laisse les choses suivre leur cours

N’es-tu pas depuis l’origine, ô Éternel? Tu es mon Dieu, mon Saint, tu ne meurs pas. O Éternel, toi le rocher, c’est pour exécuter le jugement que tu as suscité ce peuple, et tu l’as rendu fort pour qu’il soit l’instrument du châtiment. 

Tes yeux sont bien trop purs pour accepter de voir le mal, tu ne peux supporter la vue de l’affliction. Pourquoi supportes-tu la vue des traîtres? Pourquoi gardes-tu le silence quand l’impie engloutit un plus juste que lui?…Habaquq 1.12 et 13

Les Babyloniens instruments du châtiment

Choisis par Dieu pour exercer son jugement

C’est pour exécuter le jugement  que tu as suscité ce peuple, et tu l’as rendu fort pour qu’il soit l’instrument du châtiment.(v.12)

Difficile à accepter.

Habaquq a de la peine à comprendre : Pourquoi gardes-tu le silence quand l’impie engloutit un plus juste que lui (v.13)

Pourquoi le Dieu très saint utilise-t-il  une nation païenne, brutale  pour régler ses comptes à son propre peuple. Ce peuple, il l’a choisi, il a fait alliance avec lui.
Dieu, le protecteur d’Israël va-t-il laisser  détruire son peuple ?

Pourquoi ne fait-il pas de différence entre le juste et le méchant, entre Jehoiakim le roi impie et brutal, et des juifs fidèles qui souffrent et meurent ?

Ce peuple  idolâtre (Babylone)  offre à son filet des sacrifices, brûle de l’encens en l’honneur de sa nasse (v. 16). Va-t-il continuer toujours à dégainer son glaive pour égorger d’autres nations sans aucune pitié?(v.17)

Alliance avec Dieu manifestée par l’obéissance

La relation d’Israël avec Dieu est fondée sur l’alliance que Dieu a faite avec son peuple.
Le respect de l’alliance se manifeste par l’obéissance à la Loi de Dieu.

Maintenant, si vous m’obéissez et si vous restez fidèles à mon alliance, vous serez pour moi un peuple précieux parmi tous les peuples, bien que toute la terre m’appartienne. Mais vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte.  Exode 19.5-6

Rupture de l’alliance – idolâtrie : invasions et déportation

Israël a rompu l’alliance. Il s’est séparé de la Loi de Dieu. Et cela s’est manifesté en particulier par l’idolâtrie. L‘idolâtrie, c’est le choix d’un autre Dieu et en même temps d’un autre système de valeurs. Le pouvoir, l’argent, le sexe…

L’Éternel vous exilera ….chez une nation que ni vous, ni vos ancêtres n’auront connue; et là, vous serez asservis à d’autres dieux. Deutéronome 28.36

Système de valeurs imposé par la force

Il lancera contre vous, une nation lointaine dont vous ne comprendrez pas la langue. Deutéronome 28.49

Vous ne comprendrez pas non plus leurs valeurs de morale et de justice. Mais vous les subirez

Les Babyloniens que Dieu envoie contre Israël ont des valeurs morales et des normes de justice tout à fait différents des siens. Ils les imposeront par la force.

Si la Parole de Dieu n’est pas la norme, des valeurs arbitraires et contraignantes prennent la place

La justice a besoin d’une base éthique. Si la Parole de Dieu n’est pas la norme de la justice alors c’est une autre norme qui prend la place.

C’est le risque couru aujourd’hui. Certains modifient la législation des Etats pour en retirer les références à la morale biblique, tout en prétendant en conserver les valeurs.

Cela crée un appel d’air vers des normes beaucoup plus arbitraires, violentes et contraignantes, franchement païennes. Par exemple le caprice de l’opinion de la rue, la politique d’un dictateur etc…

Dieu interviendra au temps prévu

L’Éternel répondit : « Écris cette révélation, et grave-la sur les tablettes, écris-la clairement pour que chaque lecteur la lise couramment.
Car c’est une révélation qui porte sur un temps fixé, qui parle de la fin et n’est pas mensongère.

Si même il faut attendre que vienne l’Éternel, attends-le patiemment, car il vient sûrement, il ne tardera pas.
Si quelqu’un flanche, il n’est pas droit de cœur mais le juste vivra grâce à sa foi. Habaquq 2.2-4

Attendre le temps de Dieu

Littéralement, Car la vision est encore pour un temps fixé. Elle halète vers la fin et elle ne sera pas trompeuse. Si elle tarde, attends-la, car elle vient sûrement, elle ne sera pas différée

Dieu a fixé un temps pour intervenir. Il ne révèle pas tout de suite le contenu de la prophétie…

Il avertit d’abord : elle aura l’air de tarder. Les événements désastreux de l’invasion babylonienne dureront longtemps, il faudra donc de la patience.

Décider de lui faire confiance

Dans les jours difficiles, quand tout va mal, quand le méchant l’emporte, quand Dieu semble loin ou indifférent, une seule solution. Se rappeler les promesses de Dieu et de décider de lui faire confiance. « Le juste vivra par la foi »

Prophétie accomplie dans un temps et à la fin des temps

Cette prophétie qui halète vers la fin, sera accomplie par la chute de Babylone, en 539 et par le retour des Israélites dans leur pays.

En un temps : retour d’un reste du peuple exilé

Dieu l’Éternel promet de préserver un reste de son  peuple, de ramener ses brebis dispersées, selon la prophéties de Jérémie 23.3

Et je rassemblerai le reste de mes brebis de tous les pays où je les ai chassées ;
Je les ramènerai dans leur pâturage ; Elles seront fécondes et multiplieront.

Jugement de Babylone

Le succès militaire de Babylone la conduira à l’arrogance. Elle se laissera séduire par l’illusion trompeuse d’une puissance sans limites.

Babylone n’est pas souveraine. Dieu l’est. La puissance de Babylone prendra fin brutalement avec la conquête perse en 539. L’instrument du jugement est jugé à son tour.

A la fin des temps : jugement de tout pouvoir opposé à Dieu

Elle concerne aussi les temps de la fin. Alors tout orgueil humain, tout pouvoir du monde qui s’opposent à Dieu, et dont Babylone est l’image seront détruits.

Alors il ne restera plus que l’Église triomphante réunie autour du Seigneur glorieux, la Jérusalem céleste, la Cité de Dieu fondée sur l’humilité, selon le beau livre de S. Augustin.

Enflé d’orgueil ou dégonflé de peur ? deux attitudes pas si contradictoires

Au v. 4 on a deux traductions différentes.

La traduction des versions Segond et Darby

Voici, son âme s’est enflée, elle n’est pas droite en lui; mais le juste vivra par sa foi.

Celle de la version Semeur et de la Bible en Français Courant

Si quelqu’un flanche (se dégonfle), il n’est pas droit de cœur, mais le juste vivra grâce à sa foi.

Deux consonnes en hébreu ont changé de place : afal = enfler et alaf = défaillir, flancher, se dégonfler

Voici, enflée, (ou défaillante), pas droite son âme en lui, mais juste dans (ou par) sa foi (ou fidélité) vivra. Traduction littérale

Enflé aujourd’hui, dégonflé demain : deux attitudes pas si contradictoires que ça dans le fond.

Pensons à l’actualité du Brexit. Certains s’étaient enflés en paroles, attirés par le pouvoir. Mais ils se sont vite dégonflés quand il a fallu envisager de l’exercer dans des conditions plus du tout idéales. Bien au contraire.

Enflé d’orgueil fait penser aux Babyloniens et à leur armée puissante qui détruit tout sur son passage. Ou peut-être au mauvais roi Jehoiakim et à ses conseillers. Ils se croient forts parce qu’ils comptent sur leur alliance avec l’Égypte. L’orgueilleux, c’est celui qui s’appuie sur ses propres œuvres, sur ses réalisations personnelles pour se passer de Dieu.

Flancher, se dégonfler  convient sans doute mieux au contexte :

Habaquq …parle aux Israélites, aux habitants de Jérusalem en particulier.
Ils ont vécu la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor en 605. Et on peut s’attendre au pire…avec la révolte de Jehoiakim.

Le prophète n’appelle plus à la repentance nationale pour éviter la catastrophe. C’est trop tard. Les Babyloniens seront les instruments de la justice de Dieu. Depuis les abominations du roi Manassé, la destruction de la nation est décidée.

Jehoiakim aussi, le roi orgueilleux et révolté sera dégonflé et lamentable au moment de sa mort. Jérémie a prophétisé qu’il aurait la sépulture d’un âne.

Tout laisser tomber. NON « Le juste vivra par sa foi ! »

Des gens fidèles à Dieu mourront en même temps que les impies et les idolâtres pendant un nouveau siège en 597. Plus encore pendant la destruction de la ville et du Temple en 586 avant J.C..

Alors si c’est comme ça, si le jugement de Dieu est certain, s’il n’y a plus rien à faire, si le malheur, l’invasion, la destruction sont inévitables, pourquoi ne pas tout laisser tomber… ?
NON ! Quand le jugement est certain, que la seule question est : « comment sauver ma vie, comment échapper à la colère de Dieu ? « , Habaquq répond : « Le juste vivra par sa foi ! »

La seule attitude juste : c’est la foi – la confiance en Dieu malgré la situation difficile ou désespérée.

La foi, c’est la fidélité, la foi qui dure. Elle résiste aux circonstances opposées, à l’usure du temps.

Le juste, c’est celui qui garde foi et confiance. Dieu lui accordera le salut, la vie,  pour l’éternité. Ce n’est pas l’obéissance à la Loi de Moïse, en fin de compte impossible à réaliser.

Mais cette foi dépasse la vue, elle ne se limite pas au résultat immédiat. C’est une confiance qui regarde au delà des apparences, une espérance qui s’appuie fermement sur les promesses de Dieu.

Le juste a la foi et sa foi le sauve

Un message de salut

Le message d’Habaquq est tout proche de l’Évangile : le juste a la foi et sa foi le sauve.

vécu par Abraham

Un homme de l’Ancien Testament l’a déjà vécu.
Abraham fit confiance à l’Éternel et l’Éternel le déclara juste (Genèse 15.6).

accompli par le Christ

Cependant, la mort du Christ seule établit un véritable lien entre justice et foi.

Justice parce que Jésus est mort pour nous à cause de nos péchés. Il a payé notre dette envers Dieu.

Foi parce si nous mettons toute notre confiance dans le Christ qui nous a libérés de la dette de notre péché, Dieu nous considère comme justes.

Le juste vivra par la foi : le principe de base de la vie chrétienne.

L’apôtre Paul le cite et l’explique deux fois dans la lettre aux Romains 1:17; et dans celle aux Galates 3:11. Nous en trouverons une application dans la lettre aux Hébreux.

A vivre en tout temps

Si ça ne va plus du tout, surtout, ne pas laisser tomber Dieu. Ce serait une catastrophe. Mieux vaut se souvenir d »Habaquq et de son appel à la confiance: « le juste vivra par sa foi ».

Prendre le temps de réfléchir, peut-être dans un endroit tranquille pour éviter d’être dérangé dans sa réflexion. Se rappeler le bien que Dieu nous fait dans diverses circonstances. Et puis, prendre la décision de croire, de faire confiance, malgré tout.

Prier Dieu pour qu’il nous soutienne dans notre décision de rester fidèle. Alors sa paix viendra sur nous, une paix peut-être sans éclat mais durable et solide

Et pour les événements dans le monde actuel, ne croyons pas que la solution viendra de telle décision politique, de l‘intervention de telle personne providentielle. C’est Dieu le maître des événements. Il tient toujours et encore le monde dans sa main.

C. Streng

Traces d’un monde (K. A. Kitchen) : relations du monde ancien avec la Bible

Traces d’un Monde, Bible et archéologie

Trace d’un monde, Bible et archéologie K.A.Kitchen

traite des relations entre le monde biblique et l’archéologie contemporaine.
Il est édité par Les Presses Bibliques Universitaires en 1980  et diffusé par les Editions Excelsis. C’est la traduction française de The Bible In Its World. Exeter: Paternoster. Downers Grove: InterVarsity Press 1978.

Son auteur, Kenneth.A. Kitchen, est spécialiste d’égyptologie, professeur à l’Institut de Recherches Orientales à l’Université de Liverpool.

Dans ce livre destiné à un public cultivé mais non spécialiste, l’auteur se propose de faire partager son intérêt pour la recherche archéologique dans le monde ancien et de faire ressortir les relations de ce monde ancien avec la Bible.
Suivons donc le raisonnement de Kitchen et les étapes de sa démonstration à travers les chapitres du livre.

L’archéologie, une reconstitution du passé,

Le premier chapitre de Traces d’un mondel’archéologie, une clé pour le passé, permet à Kitchen de définir l’archéologie. C’est la reconstitution du passé de l’homme, du contexte biblique en particulier.

L’auteur souligne sa fiabilité mais il reconnaît aussi des difficultés qu’il expose dans des exemples. Ainsi, les constructions en briques de terre séchée étaient facilement détruites par l’érosion. Dans le tell (1) de Jericho les villes successives s’accumulaient sur leurs propres ruines. L’étude des fouilles à différents niveaux permet de déterminer les occupations successives des sites d’une région.

En les comparant avec les documents écrits, on peut situer l’histoire archéologique dans le déroulement de l’histoire dans son ensemble. Mais certaines données incomplètes ou défectueuses limitent les résultats.

Evolution de l’histoire de l’écriture

Ensuite vers 2300 à Ebla en Syrie apparaît l’écriture cunéiforme en forme de pointes de flèches.

Enfin, au milieu du 2ème millénaire, au sud de la Syrie et en Palestine, on trouve un alphabet consonantique(2) sur des documents publics et privés.

L’auteur en déduit que beaucoup de gens savaient lire et que vers 1000, l’écriture était utilisée quotidiennement par un grand nombre de gens.

Au commencement du monde

Le thème de l’origine du monde fait partie du patrimoine culturel du Proche-Orient ancien

Le chapitre 2, Au commencement du monde rappelle d’abord que le thème de l’origine du monde, commun à la toute première antiquité fait partie du patrimoine culturel du Proche-Orient ancien. En effet le paradigme ou modèle biblique des origines du monde en trois épisodes – création, déluge, vie des ancêtres fondateurs – a son parallèle dans les récits des autres peuples.

Au début du 20e s, on manquait de documents archéologiques. Les débuts de l’histoire du Proche-Orient ancien qui s’étend en fait de 10 000 à 2 000 ans avant J.-C, étaient repoussés à 3 500/3 000 seulement, au moment de l’apparition de l’écriture.

Premières fouilles et découverte de 80 siècles de civilisations

Les premières fouilles ont eu lieu dans les années 1930, avec des procédés de datation comme le Carbone 14. Elles ont permis de découvrir l’existence de cultures et de civilisations successives sur 80 siècles.

On a d’abord retrouvé des habitations sédentaires, avec élevage et agriculture, ensuite les premières villes du néolithique

La première Jericho décrite en détail

Tombe de Jéricho construite à l’âge du bronze IV (env 2400-2000 avt J.-C. Découverte par Kathleen Kenyon entre 1952 et 1958

C’est une bourgade de 2 000 habitants sur 4 hectares avec maisons rondes, remparts de pierre et tours de guet, cultures irriguées et commerce constituant une communauté bien organisée devant se défendre contre des ennemis.

Détruite, elle fait place à une autre ville aux maisons rectangulaires et au sol en stuc.
A travers tout le Proche-Orient, l’économie est fondée sur l’agriculture, l’élevage et un peu de commerce.

On construit des villages et villes en briques d’argile. On utilise des outils et des meubles variés. Un culte est rendu à des divinités personnifiant les forces de la nature.

De 6 000 à 3 200, l’éclosion des grandes civilisations antérieures à l’écriture.

L’auteur souligne l’utilisation très répandue de la poterie. C’est un instrument de travail privilégié de l’archéologie pour suivre l’évolution des influences culturelles et la succession des différentes cultures.

Il éveille aussi la curiosité du lecteur en donnant plusieurs exemples de l’état avancé des connaissances techniques et artistiques de l’époque et de la région. En Palestine, de 4 000 à 3 200 environ, des fresques illustrent la mythologie locale : un système d’irrigation très élaboré, des villes et des temples importants en Mésopotamie ; vers 3200 en Egypte, l’invention des hiéroglyphes.

De 3200 à 2000, le millénaire des splendeurs

Bibliothèque d’Assurbanipal à Ninive (Il régna de 668 à 630 avant J.C.). Contient la tablette de l’épopée de Gilgamesh. Photo prise au British Museum

C’est le début de l’histoire avec des documents écrits.
Elle est antérieure de plus de 1 000 ans à Abraham.

L’architecture, l’administration, les arts avec les inscriptions royales et la littérature religieuse, narrative et sapientiale (3) continuent leur essor dans toute la contrée, en parallèle avec les rivalités et les déclins des empires et de dynasties.

 

Regards sur 80 siècles d’histoire

une synthèse de la période en souligne l’intérêt. 2000 ans avant J.-C., le monde civilisé était déjà ancien. Des civilisations naissaient et disparaissaient. Les relations sociales étaient complexes. Bergers et agriculteurs entretenaient des relations personnelles avec le pouvoir politique (Cf. archives de Mari, début du 2e millénaire)

Certains spécialistes de l’Ancien Testament du 19e s, ne croyaient pas à l’existence réelle des patriarches, comme celle de Moïse, créateur de nombreuses institutions. Kitchen fait remarquer que ces lois et alliances étaient déjà formulées depuis longtemps. Des modes de vie développés existaient depuis plusieurs siècles. Abraham avait derrière lui 80 siècles d’expériences culturelles.

Retour aux origines

Kitchen reprend et développe la démonstration du parallèle entre le schéma littéraire de la Genèse et celui des autres textes de la période. Il y ajoute la notion commune de rupture entre l’humanité et la divinité.

Création dans les récits mésopotamiens et dans le texte biblique

Tablette du déluge

A propos de la Création, l’auteur critique les spécialistes du 19e siècle.

Ils considéraient le texte biblique comme une reprise de l’épopée babylonienne (Ennouma Elish ou Epopée de Gilgamesh). Il s’appuyaient sur des différences de mots, alors qu’on peut l’expliquer par un fonds commun du vocabulaire.

 

 

Il donne ensuite le détail des différences entre la Genèse et Ennouma Elish, l’une des deux grandes épopées babyloniennes terminée vers 1000 avant J.-C.

Les éléments communs sont inévitables comme l’ordre dans l’apparitions des éléments de la création : ciel puis terre, plantes, animaux puis hommes.

Quant aux récits mésopotamiens et au récit biblique sur le Déluge, ils proviennent d’une tradition commune avec plusieurs versions parallèles. Le plan est identique mais des détails divergent, tels que la taille et le modèle du bateau, et surtout la cause du cataclysme.

Dans l’Epopée de Gilgamesh, le texte mésopotamien, les dieux dérangés par le bruit des hommes décident arbitrairement de les détruire. Mais ils sont trahis par l’un d’eux qui avertit le héros Gilgamesh… Le récit biblique se distingue donc par sa sobriété.

Le déluge est mentionné aussi dans la liste royale sumérienne. Il ne peut donc s’agir d’un simple mythe. L’auteur admet la difficulté d’évaluer son ampleur. Il recommande aussi de ne pas perdre de temps à chercher l’arche sur le Mont Ararat

Âge inhabituel de certains personnages

Kitchen affronte aussi le problème de l’âge inhabituel de personnages. Ainsi Mathusalem, 969 ans (Genèse 5.27) ou les premiers rois sumériens avec des règnes durant jusqu’à 28 000 ans.

Il comprend le réflexe de tout rejeter, mais il signale que le processus archéologique demande d’agir avec prudence et précaution.

Mais preuve de leur existence

En comparant la liste royale sumérienne et la Chronique de Toummal avec Gilgamesh cité parmi les souverains historiques on peut en déduire que ce personnage a vraiment existé ainsi que d’autres du même genre. En 1959, deux inscriptions donnent la preuve de l’existence historique d’un roi de Kish qui aurait régné 900 ans selon la liste royale sumérienne.

Le fait qu’un document accorde à un personnage ou à un règne une durée beaucoup trop élevée ne signifie donc pas que la personne n’ait pas réellement vécu. D’autant plus si son existence est confirmée par ailleurs.

Enigmes résolues

Le lecteur appréciera des démonstrations, preuves à l’appui. Des questions difficiles peuvent être au moins partiellement élucidées. Ainsi, des énigmes comme l’âge des patriarches deviennent moins épineuses si des documents apportent la preuve de l’existence d’énigmes semblables chez les peuples voisins. On sait de plus que l’hyperbole (4) fait partie de toute la civilisation de la région.

Découvertes archéologiques et pertinence biblique

Le chapitre III, Ebla, reine de la Syrie ancienne tient compte des dix années de fouilles et de découvertes archéologiques.  Sur le site de Tell Mardik, elles ont été effectuées depuis 1964  par la mission archéologique italienne dirigée par le professeur Matthiae.

Kitchen donne une description détaillée de la ville avec une reconstitution de son histoire, c’est à dire de ses occupations successives.

Tell Mardik ou Ebla

Un fragment de statue découvert en 1968 comporte une dédicace du roi d’Ebla à la déesse Ishtar. Il  permet de se demander si le site de Tell Mardik est celui d’Ebla. Les données historiques et géographiques paraissent correspondre à Ebla. Elles sont acceptées comme telles par les responsables de l’expédition. Cependant,cette identification a provoqué la division parmi les savants du monde entier.

Tablettes cunéiformes à Ebla

En 1974-75, sont découverts un nouveau palais et 42 tablettes et fragments de tablettes en argile avec des inscriptions cunéiformes datant de 2300 environ avant J.-C. Sur ces tablettes, sont gravées des listes de fonctionnaires, des textes administratifs des contrats de vente, des listes de lois et des contrats de mariage. Et aussi des textes historiques, comme la correspondance entre des hauts fonctionnaires pour des affaires de l’Etat.

Rois et rivalités

L’auteur fait ensuite une relation détaillée des différentes phases de la rivalité entre Ebla et l’empire d’Akkad qui s’étendait sur toute la Mésopotamie. Un tableau à la page 60 donne la liste des rois ayant régné à Ebla, Mari, Akkad et en Assyrie.

Les pages suivantes développent ce qui concerne les rois d’Ebla. Elles parlent de leurs conquêtes et de leurs défaites, des traités passés avec leurs vassaux, des opérations commerciales de grande envergure. On retiendra la défaite et la destruction de la ville par Naram Sin, dernier roi d’Akkad. Son empire s’écroula à son tour une dizaine d’années après.

Ebla, troisième berceau de civilisations anciennes à côté de l’Egypte et de la Mésopotamie successivement détruite puis reconstruite n’était plus qu’un simple village à l’époque hellénistique.

Des écoles de langues

L’auteur illustre sa démonstration par des éléments de civilisation et de culture.
Des écoles existaient à l’époque : tablettes avec listes de mots par catégories, paradigmes de verbes, lexiques. Leur étude permettra de retracer le début de l’histoire des mots d’hébreu biblique et des langues voisines comme l’ougaritique et le phénicien (p. 65)

Ebla et l’Ancien Testament

Kitchen développe l’histoire des relations entre Ebla et l’Ancien Testament dans le domaine linguistique (5) et onomastique (6). Le groupe sémitique occidental a une histoire ancienne de 2500 ans. Les spécialistes n’ont donc plus lieu d’attribuer, comme au début du 20ème siècle, une origine tardive aux mots hébreux.

Il signale aussi que le Professeur Pettatino, membre de l’expédition archéologique a trouvé des ressemblances entre les noms propres d’Ebla et ceux de personnages bibliques. Ainsi, Eber, Israël, Ismaël et autres noms courants dans la Bible sont portés par des êtres humains et non par des dieux ou des personnages légendaires.

Les dieux cananéens cités dans l’Ancien Testament voient leur histoire prolongée jusqu’au 3e millénaire avant J.-C. Le plan du Temple d’Ebla se retrouve dans ceux de Syrie Palestine.

L’organisation des cultes, les sacrifices, les rites ont une caractéristique constante dans tout le Proche-Orient ancien de la Préhistoire à l’époque gréco-romaine…

Ebla, une confirmation de la réalité du monde biblique

Le chapitre sur Ebla peut être qualifié de passionnant. Les découvertes archéologiques permettront au lecteur de découvrir et d’apprécier des données encore ignorées ou peu connues. Il  pourra alors les rapporter au domaine de la Bible et de son environnement.

L’ancienneté d’Ebla éclaire ainsi utilement le contexte historique de la Bible, en particulier celui des langues sémitiques occidentales. Cependant il faut attendre une étude approfondie des documents eux-mêmes.

L’ existence d’une aussi grande civilisation, aussi avancée dans son architecture avant les débuts de l’âge historique, le grand nombre de vestiges retrouvés est une confirmation éclatante. Le monde biblique n’est pas une reconstruction théorique ou imaginaire mais il s’inscrit dans la réalité et la durée.

Pertinence du récit biblique

Les limites de la méthode historico-critique

Des données négligées et une théorie contestable

Dans le chapitre IV, Les « Pères fondateurs » en Canaan et en Egypte et en particulier dans le premier sous-titre Un siècle de controverses : Pères fondateurs ou personnages fictifs?

Kitchen pose d’emblée les limites de la méthode historico-critique allemande du 19ème siècle. Pour Wellhausen en 1927 et pour Eisfeld en 1965, l’histoire des Pères fondateurs ou patriarches a été écrite à une époque plus tardive de 1000 ans et refléterait cette époque. Elle aurait ensuite été renvoyée dans le passé. Pour Gunkel, ce sont des légendes à propos de tribus personnifiées.

Kitchen reconnaît à ces écrivains critiques une fonction de clarification. En effet « ils dénoncent les mauvais arguments. Ils insistent aussi sur la nécessité de prendre en considération toutes les époques (et pas uniquement le 2e millénaire) à propos du contexte des récits patriarcaux.

Mais, remarque-t-il, ils négligent en réalité les données du 2e et du 3e millénaire pour s’attacher exagérément aux données du 1e millénaire. Ils soutiennent aussi « avec des arguments tortueux et saugrenus« (p. 82) la théorie contestable selon laquelle les patriarches sont des fictions imaginées 1000 ans après.

Les patriarches : des personnages vraisemblables dans un contexte réaliste

Evoquant les chapitres 11 à 50 de la Genèse, Kitchen retrace brièvement l’histoire d’Abraham et de ses descendants. Il relève certaines constantes. Tous ces personnages « sont de simples êtres humains » (p. 86). Les récits de la Genèse sont donc les seuls documents les concernant.

Il accorde au chercheur le droit de « choisir entre différentes options au sujet de la nature de ces récits » (p. 87) : soit de la fiction, soit des faits historiques, soit des récits concernant des personnages réels, embellis et améliorés au cours des siècles.
Il admet l’absence de preuves directes à propos de l’existence des patriarches (si on exclut le récit biblique). Mais il appelle à une comparaison avec les documents du Proche-Orient ancien.

Etude du contexte littéraire des récits bibliques détaillée et pertinente

En Egypte, il distingue en premier lieu les autobiographies historiques, ensuite les légendes historiques rédigées longtemps après à propos de personnages historiques célèbres, enfin les histoires purement imaginaires. Il retrouve les mêmes schémas en Syrie Palestine et en Mésopotamie.

Pas de merveilleux légendaire mais réalisme

Mais les textes concernent les patriarches, leur vie courante, leurs réalités quotidiennes n’ont rien à voir avec le merveilleux légendaire. Ils portent des noms réels et vivent dans des endroits réels.

Il insiste sur le réalisme des situations, le style simple, non épique. Ces récits qu’il classe entre « la première et la deuxième catégorie des récits du Proche-Orient ancien sont plus proches de récits historiques que de récits légendaires ».
Posant la question de l’existence historique des patriarches, il les place par déduction au 17e siècle et avant leur entrée en Egypte.

Les écrits bibliques, une transmission fidèle des traditions patriarcales

A propos de la date de rédaction des écrits, il critique la position minimaliste, qualifiée de désuète. Elle réduit la rédaction des écrits à de vagues traditions regroupées après coup beaucoup plus tard, sous la monarchie. Il lui reproche de ne pas tenir compte de phénomènes anciens, de ne pas mesurer les différences avec les récits légendaires.

Les récits bibliques, à son avis proches du genre historique, ont été composés à une date ancienne, probablement le 13e siècle. Il envisage aussi de manière positive le problème de la fidélité de la transmission des traditions patriarcales.

Il utilise une approche comparative des listes d’ancêtres, en particulier royales mais aussi privées en Assyrie, Anatolie, Syrie, Egypte à partir du 2e millénaire avant J.-C.

Transmission exacte des noms et des traditions

Il apprécie aussi l’exactitude de la transmission des traditions, dans le domaine des noms propres, courants dans toute la région au 2e et parfois au 3e millénaire. On peut aussi remarquer la transmission des traditions dans les coutumes sociales et juridiques et dans le statut conjugal et familial et celui des héritages en milieu polygame.

Il établit ainsi des rapprochements entre ces coutumes et les récits ayant rapport à la descendance d’Abraham. Il rejette de prétendus parallèles avec les textes de Nuzi ainsi que la comparaison entre la transaction de Sarah et d’Abraham à propos d’Hagar, avec un mariage assyrien du 7ème siècle considéré seulement comme récit parallèle.

Peuple hébreu et civilisations voisines

Le chapitre se termine par l’entrée d’Israël en Egypte avec Joseph qu’il situe dans la première moitié du 2ème millénaire : prix des esclaves, utilisation comme intendant, rôle des rêves, blé et les famines correspondent aux données égyptiennes de l’époque.

L’intérêt de ce chapitre tient aux relations précises que l’auteur établit entre le peuple hébreu et les civilisations voisines. Monuments, palais, inscriptions, poteries, manuscrits et autres documents sont les témoins d’un monde consistant qui naît, évolue et disparaît. Mais il laisse assez de traces pour que le chercheur futur puisse y reprendre ses investigations.

Notes
1.Tell : « un site en forme de monticule qui résulte de l’accumulation de matières et de leur érosion sur une longue période, sur un lieu anciennement occupé par les hommes. Il s’agit d’une colline artificielle formée par les différentes couches d’habitations humaines » d’après Wikipedia
2. Alphabet consonantique : alphabet qui note seulement les consonnes (arabe, hébreu)
3. Littérature sapientiale : écrits de sagesse, particulièrement dans les cercles de pouvoir du Proche-Orient ancien
4. Hyperbole : figure de style consistant à exagérer le sens d’une idée ou d’une réalit
5. Etude du langage
6. Etude des noms propres

C. Streng