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Une maison pour l’Éternel

Une maison pour l’Eternel, qui la construira ?

C’est le dernier des 8 fils de son père, celui qui gardait les moutons et qu’on a fait venir au dernier moment devant le prophète Samuel, mais c’est lui qui a reçu l’onction et l’esprit de l’Eternel (1 Samuel 16.11-13)

C’est celui qui se faisait injustement traiter de prétentieux par son frère aîné (2 Samuel 17.28) mais c’est lui qui a montré plus de courage et de confiance en Dieu que l’armée d’Israël et le roi Saül, c’est lui qui a abattu le géant Goliath d’une pierre de sa fronde.

C’est celui qui a fui pendant des années dans tout le pays et au dehors pour échapper à la jalousie et à la folie meurtrière du roi Saül mais c’est lui qui est maintenant le roi d’Israël : c’est David.

2 Samuel 7. 1-17 : vous pouvez lire en cliquant sur la Bible dans la colonne, à droite 

I. Une maison pour l’Eternel, quelle bonne idée !

1 Lorsque le roi habitait dans sa maison et que l’Eternel lui avait donné du repos de tous ses ennemis d’alentour, 2 le roi dit à Nathan le prophète : vois j’habite dans une maison de cèdre et le coffre de Dieu habite au milieu du tissu de poils de chèvre. 3 Et Nathan dit au roi : tout ce qui est dans ton cœur, va, fais-le, car L’Eternel est avec toi.

Plus d’expéditions armées pour le moment contre les ennemis voisins. Dieu a accordé un temps de tranquillité. Accoudé à une fenêtre de son palais tout neuf, David contemple la ville de Jérusalem, la nouvelle capitale de son royaume, la cité de David récemment conquise (5. 6-10).

Dieu est bien là. Le roi a fait amener dans la ville le coffre qui symbolise la présence divine, le coffre en bois d’acacia plaqué d’or pur avec son couvercle surmonté de deux chérubins ailés en or massif (description détaillée dans Ex 25.10-22).

Oui mais, le coffre de Dieu habite sous un tente en poils de chèvre.

C’est ce qu’on voit de l’extérieur, les tentures intérieures sont beaucoup plus luxueuses.

« Et moi, David, je vis dans un beau palais, structure bois de cèdre. Cette tente en poils de chèvre n’est pas digne de Dieu. Ce n’est pas normal. Il faut faire quelque chose. »

Mais pas sans réflexion, pas sans prendre l’avis du prophète Nathan.

Nathan comprend tout de suite où David veut en venir.

Un temple ! Un magnifique temple ! Enfin, un lieu de résidence digne et permanent pour le coffre de Dieu !
“ Oui! s’écrie Nathan. Fais tout ce que tu as dans le cœur, car Dieu est avec toi.

Nathan s’exprime à titre personnel et pas à la suite d’une révélation directe de Dieu.
On a le droit d’évaluer une situation et on peut donner un avis sensé sans révélation prophétique directe, en tenant compte des faits, des circonstances et de la connaissance qu’on a de Dieu. Il faut seulement être attentif : Dieu peut indiquer une autre direction.

II. Non, David, je n’ai pas besoin de maison

4 Cette nuit-là, il y eut une parole de l’Eternel à Nathan : 5 Va et tu diras à mon serviteur David: Ainsi parle l’Eternel : est-ce toi qui bâtiras pour moi une maison pour que j’y habite ?6 En réalité, je n’ai pas habité de maison depuis le jour où j’ai fait monter les fils d’Israël d’Égypte et jusqu’à aujourd’hui je me déplaçais en résidant sous une tente comme demeure. 7 Partout où je me suis déplacé parmi tous les fils d’Israël ai-je adressé une parole à l’une des tribus d’Israël (d’après le texte original et les différentes versions Segond) ou à l’un des chefs d’Israël (Semeur, BFC, Parole de Vie) à qui j’ai donné l’ordre de diriger mon peuple Israël en ces termes : pourquoi ne m’avez-vous pas bâti une maison de cèdre ?

au v. 7, le texte original et les versions Segond parlent de tribus mais l’Ancien Testament ne dit jamais qu’une tribu ait dirigé Israël. La traduction chef de tribus est préférable.
Dieu parle donc directement à Nathan pendant la nuit : le prophète n’a pas peur de changer de position et de le faire savoir au roi.

Le changement de position pouvait être risqué. Dans les monarchies de l’époque, le prophète était surtout d’abord un courtisan qui devait avant tout soutenir et approuver les initiatives du roi.

Il était habituel qu’un monarque du Moyen-Orient ancien construise des temples.

La divinité ainsi honorée devait garantir la bénédiction et la durée du royaume pendant la vie du roi et celle de sa dynastie (sa descendance)

Ainsi, dans les « Nouvelles royales d’Egypte », le pharaon projette de construire un temple. Il s’entretient avec des personnages de la cour et certains s’opposent au projet. Mais le Pharaon reçoit en rêve l’accord de la divinité. Le projet se réalise donc. La fin du récit affirme la légitimité du Pharaon et de sa dynastie.

Dans la lettre de Mari (17e BC) c’est donnant-donnant : Si le roi ne construit pas le temple, le dieu lui retirera son pouvoir ; si le roi construit le temple, le dieu lui affermira son trône.

Il arrive même que la divinité refuse de répondre au roi. Dans la “ malédiction d’Agadé ” (2° millénaire av. JC.), le roi projette de construire un temple, mais la divinité ne lui répond pas. Le roi fâché détruit alors tous les temples ce qui amène le malheur sur la cité d’Agadé.

Contrairement au modèle égyptien, ce n’est pas la volonté du roi qui s’accomplit : David devra réviser ses plans en fonction de la prophétie reçue par Nathan

La révélation de Dieu transmise par Nathan commence par des paroles très encourageantes. David est appelé « mon serviteur » à l’égal d’Abraham ou de Moïse.

Dieu met les choses au point : il n’a pas besoin d’une construction en dur.

Quand il a fait sortir les Israélites d’Égypte (v. 6), tout au début, il n’avait aucune résidence matérielle, même pas une tente. Mais sa présence était réelle, dans la nuée et la colonne de feu, et certainement impressionnante (Exode 13: 21-22)

Plus tard, au moment de quitter le mont Sinaï, Dieu a ordonné de construire une tente en peau de chèvre, comme lieu d’habitation (Exode 26: 1-37; 40: 34-38).

En terre d’Israël, Dieu ne s’est jamais plaint d’habiter sous une tente. Il n’a jamais commandé de lui construire une maison de cèdre. Sa présence était évidente, elle se manifestait à travers les chefs qui dirigeaient le peuple d’Israël.

Il y a conflit dans la manière de comprendre la présence de Dieu et de se s’assurer cette présence.

Les hommes pensent nécessaire de construire un temple, Dieu n’accepte pas de demeure permanente sur terre. Il ne veut pas être acheté, contrôlé ou limité par un bâtiment, surtout luxueux.

Il y avait aussi un danger à localiser Dieu à un endroit précis.

Selon les conceptions de l’époque, chaque pays avait ses divinités locales qui fonctionnaient bien à l’intérieur des limites du territoire, mais pas à l’extérieur. Un dieu des montagnes assurait la victoire dans les guerres en montagne, un dieu des plaines la garantissait dans les batailles en plaine. On en a quelques exemples dans des récits de la Bible. (v)

Dieu est tout puissant, omniprésent, universel. Il échappe à toute localisation que voudraient lui imposer les hommes.

Si l’on parcourt l’histoire d’Israël, on se rend compte que Dieu a accepté de résider dans le Temple construit par Salomon (1 R 8.10). Mais cette présence de Dieu n’était pas automatiquement et sans condition liée au Temple. Les habitants de Jérusalem se l’étaient imaginé dans les derniers temps de l’existence du royaume de Juda avant la destruction de la ville et du Temple et l’exil de 586 à Babylone.

Ainsi, le prophète Jérémie échappe de peu au lynchage parce qu’il dénonce une conception magique du Temple et en même temps une conduite sociale et religieuse intolérables.

Ne vous livrez pas à des espérances trompeuses, en disant: C’est ici le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel, Le temple de l’Éternel!
Jérémie 7.4

Comme les Indiens qui répètent des mantras, on répétait « temple de l’Eternel » pour garantir (croyait-on) la sécurité de la ville et de ses habitants face à l’invasion de l’armée babylonienne (7.10) Mais cela n’empêchait pas « d’exploiter l’immigré, l’orphelin et la veuve, de tuer des innocents et d’adorer d’autres dieux (7.6 et 9). Ézéchiel a vu carrément la gloire de Dieu s’éloigner du temple. (v)

8 Et maintenant ainsi tu parleras à mon serviteur David : ainsi parle L’Eternel des armées, moi je t’ai pris depuis le pâturage de derrière le troupeau pour être chef sur mon peuple sur Israël. 9 Et j’ai été avec toi partout où tu es allé et j’ai retranché tous tes ennemis devant toi et je t’ai fait un grand nom comme le nom des grands qui sont sur la terre.

Pendant un moment grisant, David avait serré dans son cœur son plus grand rêve, construire un temple pour Dieu

Et voici Nathan avec la mauvaise nouvelle : le rêve est anéanti, David n’a pas la permission de construire le Temple.

Comment réagir dans un cas semblable ? Une belle intention qui n’a pas pu être réalisée comme on voulait ?

S’apitoyer sur soi, aller bouder dans sa chambre, s’en prendre aux circonstances, aux autres, à Dieu… ou alors réfléchir…

Dieu pousse David à se rappeler, à réfléchir à ce qu’il a déjà reçu

« Avant de te plaindre de la seule chose que tu ne puisses obtenir, souviens-toi de tout ce que tu possèdes bel et bien. Avant de te lamenter sur ce que Je ne t’ai pas accordé, souviens-toi de tout ce que Je t’ai donné. »

Tu étais un petit berger, sans avenir, je t’ai choisi comme chef pour mon peuple.
Remarquons la nuance : chef (choisi par Dieu) et pas roi. C’est Dieu qui reste le vrai roi d’Israël.
Tu es passé de l’état le plus humble à la position la plus élevée, alors n’oublie pas la grâce, la bonté de Dieu envers toi. Je t’ai fait un nom grand

Quand nous ne pouvons oublier l’échec et la frustration, nous devons nous rappeler « Compte les bienfaits de Dieu… »

10 J’ai attribué un lieu pour Israël mon peuple et je le planterai et il séjournera à sa place et il ne sera plus troublé et les fils de l’injustice ne continueront plus à l’opprimer comme auparavant. 11 Et depuis le jour où j’avais établi des juges sur mon peuple Israël, je t’ai donné du repos de tous tes ennemis. L’Éternel te déclare que l’Éternel fera pour toi une maison (c’est à dire dynastie).

Auparavant, en Égypte, Israël était sous l’esclavage du pharaon. Par la suite,
à l’époque des Juges, il y a eu des périodes troublées. Quand les Israélites péchaient contre Dieu, ils étaient livrés à leurs ennemis. Le pays était occupé ou alors ils étaient emmenés en captivité. (Un exemple dans Juges 2.11s)

David voudrait un temple parce qu’il recherche la faveur de Dieu, la stabilité pour le pays.

Dieu le lui rappelle : Il a déjà assuré la stabilité du pays et il continue à le faire  : j’ai attribué un lieu pour Israël, il séjournera à sa place, il sera plus troublé… ni opprimé.

Il a déjà manifesté sa faveur envers David : Je t’ai fait un nom grand, je t’ai donné du repos de tous tes ennemis

Et voici la grande surprise.

Elle est introduite à la fin du v. 11

– par le changement de personne.

Le texte passe de la 1e personne (je t’ai donné du repos à la 3e personne répétée avec solennité : l’Eternel te déclare que l’Eternel fera pour toi ????

– Et par un jeu de mots sur ‘maison’

David, tu voulais faire construire un temple, c’est à dire une maison pour l’Eternel. Tu n’a pas besoin de construire une maison impressionnante pour y faire habiter l’Eternel. Elle existe déjà, c’est la présence de Dieu dans ta vie.

III. Moi, l’Eternel je vais faire encore bien mieux pour toi. Je vais te construire une maison.

Pas un bâtiment mais une descendance, une dynastie qui règnera après toi sur Israël.

Ton idée était bonne mais ce n’était pas celle de Dieu, pas pour aujourd’hui mais pour plus tard, pas pour toi mais pour quelqu’un d’autre.

Dieu a fait pour David beaucoup plus que tout ce que nous demandons ou pensons. (Éphésiens 3.20)

Cependant, la stabilité n’a pas duré pendant toute la vie de David. Les conflits et les guerres ont repris. Les prophètes l’ont compris en référence à une période future (Ésaïe16: 5; Jérémie 33: 15-16) .

12 Quand tes jours seront complets et que tu te coucheras avec tes pères, je te susciterai un descendant après toi qui sortira de tes entrailles et j’affermirai son règne. 13 C’est lui qui bâtira une maison pour mon nom et j’affermirai son trône royal pour toujours.

Ce n’est pas David, mais Salomon, pas encore né à ce moment là, qui fera construire le Temple entre 966 et 959 avant JC (1 Rois 6: 1-38)

Il bâtira une maison pour mon nom.

On distingue, la maison, le temple et la personne de Dieu. Le nom n’est pas la personne. Le temple sera construit en l’honneur de Dieu, pas pour Dieu.

Dieu a refusé que David lui fasse cadeau d’un temple pour s’assurer son aide. Il accorde tout de même un temple, car c’est l’homme qui en a besoin, comme signe de stabilité des relations établies avec Dieu.

Et cette stabilité, c’est Dieu qui l’accorde et la garantit

J’affermirai son trône royal pour toujours.
C’est la royauté, représentée par le trône que Dieu va affermir, rendre durable.

14 Moi je serai pour lui un père et lui sera pour moi un fils de sorte que lorsqu’il fera le mal je le corrigerai avec un bâton d’hommes et avec des coups de fils d’homme. 15 Mais ma bienveillance ne se retirera pas de lui comme je l’ai écartée de Saul que j’ai écarté de devant toi. 16 Et ta maison et ton règne seront affermis pour toujours devant toi ; ton trône sera affermi à toujours. 17 Selon toutes ces paroles et selon toute cette vision, ainsi Nathan parla à David.

Le v. 14, je serai pour lui, il sera pour moi est une formule d’alliance. Elle est utilisée d’habitude pour conclure un mariage ou une adoption.

Ici, elle exprime l’alliance que Dieu fait avec David, une alliance qui est aussi englobée dans celle que Dieu avait faite avec le peuple d’Israël au mont Sinaï.

Maintenant, si vous m’obéissez et si vous restez fidèles à mon alliance, vous serez pour moi un peuple précieux parmi tous les peuples, bien que toute la terre m’appartienne. Mais vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte. » Ex 19.5-6

Elle prolonge la promesse prophétique faite à la tribu de Juda des centaines d’années auparavant quand Jacob bénit avant de mourir ses 12 fils, chefs des futures tribus d’Israël,

Le sceptre ne s’écartera pas de Juda, et l’insigne de chef ne sera pas ôté d’entre ses pieds jusqu’à la venue de celui auquel ils appartiennent et à qui tous les peuples rendront obéissance. Gn 49.10.

Dieu fait de David le fondateur d’une famille royale instituée à perpétuité. Elle ne sera jamais rejetée, comme l’a été la famille de Saül.

Mais ce n’est tout de même pas un chèque en blanc.

Tout roi de cette famille qui fait le mal sera puni par les bâtons des hommes, c’est à dire par des moyens humains, comme la division, l’invasion, la guerre. C’est ce qui s’est passé pour Salomon : il n’est pas resté fidèle à Dieu à la fin de son règne (1 Rois 11.11-13).

Son fils a perdu la plus grande partie de son royaume, ne gardant que 2 tribus sur 12. Les différents rois de Juda, descendants de David ont été plus ou moins fidèles à Dieu. Il y a eu des personnages remarquables comme Josias et d’autres sans scrupules ni fidélité comme ses fils et petits fils. Ces derniers n’ont jamais voulu admettre que Dieu puisse leur enlever le royaume à cause de leur infidélité et de leur idolâtrie.

Mais alors, la promesse d’un règne qui durerait toujours ? Comment comprendre que la dynastie de David ait été interrompue ?

Le « si » la condition de fidélité à l’alliance n’a pas été respecté

ou partiellement seulement à travers quelques rois fidèles.

Mais le « cependant », le néanmoins » de la grâce n’est pas annulé.

Du peuple en exil reviendra une famille de la tribu de Juda d’où naîtra Jésus, issu de la lignée de David, Jésus le Messie, l’envoyé de Dieu, le Fils de Dieu. Il sera la vrai bâtisseur du vrai temple de l’Eternel.

Écoute ce que déclare le Seigneur des armées célestes : Voici un homme dont le nom est Germe, et sous ses pas, tout germera. Il bâtira le Temple de l’Éternel. C’est lui qui bâtira le Temple de l’Éternel. Il sera revêtu de majesté royale, et il siégera sur son trône pour gouverner. Il sera aussi prêtre sur son trône. Il y aura une pleine harmonie entre les deux fonctions Zacharie 6.12-13

Voici, j’enverrai mon messager; Il préparera le chemin devant moi. Et soudain entrera dans son temple le Seigneur que vous cherchez; et le messager de l’alliance que vous désirez, voici, il vient, dit l’Éternel des armées. Malachie 3.1

David voulait faire construire un temple, une maison en l’honneur de Dieu. Dieu lui a accordé beaucoup plus que ce qu’il demandait. Pas de temple tout de suite mais plus tard, et surtout la promesse d’une lignée aboutissant à Jésus, le Messie, le Christ, le véritable temple de Dieu.

Et nous, les chrétiens, nous sommes les pierres vivantes de ce temple de Dieu.

Le Temple de Dieu de l’Ancien Testament n’était pas fait pour les hommes mais d’abord pour Dieu seul. Seul le grand prêtre avait accès une seule fois par an à la présence directe de Dieu.

Ce bâtiment était vraiment réservé à Dieu seul. Personne n’y entrait, à part les hommes de la tribu de Lévi, institués pour le service.

Dans le lieu le plus retiré, le lieu très saint, avait lieu, une seule fois par an, une seule rencontre, le jour du grand pardon ou yom Kippour.

Le grand prêtre amenait le sang d’un bélier sacrifié pour les péchés rituels et involontaires, les siens et ceux du peuple.

Le sang répandu sur le couvercle du coffre de l’Eternel, sur les chérubins en or massif représentait à l’avance le sang que Jésus, l’agneau de Dieu verserait pour le péché des hommes, pour le péché de chacun de nous qui avons été graciés par la miséricorde de Dieu.

Une Église a parfois un projet de construction, mais la différence est fondamentale. Le nouveau bâtiment n’est pas d’abord pour Dieu, mais surtout pour elle, pour permettre à ses membres, à ses visiteurs, de s’asseoir confortablement et de vivre ses activités à l’abri du soleil et de la pluie.

Il ya beaucoup plus important. La rencontre avec Dieu pour le pardon des péchés n’est pas limitée à une seule fois dans l’année. Le sacrifice de Jésus sur la croix a eu lieu une seule fois pour toutes.

Nous pouvons nous approcher librement de Dieu, même en dehors de tout bâtiment : ce qu’il veut de nous, ce ne sont pas d’abord nos réalisations, nos bonnes œuvres, mais des coeurs ouverts à sa direction,

Soyons des chrétiens et des chrétiennes qui comprennent qu’ils sont les pierres vivantes de la maison spirituelle de Dieu.

C. Streng

Dieu demeure par son Esprit en qui l’aime et lui obéit

Dieu demeure par son Esprit en qui l’aime et lui obéit avec amour

Au centre du discours d’adieu de Jésus, avant sa passion, dans les chapitres 14 à 17 de l’Évangile de Jean

Dans ce passage de Jean 14.22-26, Jésus promet de demeurer dans ses disciples par son Esprit… Ainsi le Dieu trinitaire (Père Fils et Saint Esprit) et les croyants peuvent s’habiter mutuellement, … être en communion.
Jésus réalisera sa promesse d’envoyer le Saint Esprit, … d’abord pour le cercle restreint des disciples après sa résurrection (20.22), … puis pour tous les croyants à la Pentecôte.

Un survol d’ensemble du chapitre 14

Le chapitre 13. 31-38 conclut l’épisode du lavement des pieds : humilité et amour démontrés de manière pratique

31-33 la glorification de Jésus, c’est la croix
34-35 Le commandement d’aimer
36–38 à Pierre : l’annonce de son reniement
14. 1-26 le discours d’adieu : départ et retour de Jésus …

Thème de base : « Je dois partir pour que l’Esprit vienne. »

En filigrane  que votre cœur ne se trouble pas (v.1)

Et ne soyez pas troublés et n’ayez aucune crainte en votre cœur (v. 27)

1-4 Jésus part pour préparer une place … Et il reviendra
5-7 à Thomas : Jésus, le chemin vers Dieu
8–11 à Philippe : Jésus, la révélation de Dieu
12–14 Jésus, et les oeuvres rendues possibles au croyant
15–17 La venue d’un autre Paraclet
18–21 Le retour de Jésus ressuscité à Pâques
22–25 à Judas/Thaddée : aimer Dieu, garder sa parole
25–26 Le Paraclet enseignant
14:27–31 le don de la paix

Tout le discours est sous-tendu par  » Je m’en vais et je reviens « 

Jean 14.22-26

22 Judas, non pas l’Iscariote, lui dit : Seigneur, comment se fait-il que tu doives te manifester à nous et non pas au monde ? 23 Jésus lui répondit : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure auprès de lui. 24 Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas la mienne, mais celle du Père qui m’a envoyé. 25 Je vous ai parlé ainsi pendant que je demeurais auprès de vous. 26 Mais c’est le Défenseur, l’Esprit saint que le Père enverra en mon nom, qui vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que, moi, je vous ai dit.

Dieu demeure par son Esprit Saint en celui et celle qui l’aime et obéit à sa Parole avec amour

Plan :
I. Ou bien se manifester, ou bien demeurer
II. Aimer Dieu, accueillir Dieu, c’est obéir à sa parole
III. Plaire à Dieu, aimer Dieu, obéir à sa Parole … grâce au Saint-Esprit

Jésus répond à 4 de ses disciples troublés par l’annonce de son départ, de sa mort prochaine. Ce qu’il dit donne déjà quelques pistes sur la manière d’entrer, de rester en relation avec lui. …

A Pierre : tu ne peux me suivre maintenant… Mon chemin passe par la mort et c’est là ma destination. … Mais plus tard après la résurrection, tu pourras me suivre
A Thomas : le chemin vers Dieu, c’est moi seul
A Philippe : connaître Dieu ? C’est me connaître. Je suis dans le Père le Père et en moi

Enfin Judas, … Pas le traitre parti pour faire ses sales petites affaires … mais un autre disciple moins connu : probablement Thaddée (Mt 10.3, Lc 6.16) et sa question :

Comment se fait-il que tu doives te manifester, te montrer, à nous et non pas au monde ?

I. Ou bien se manifester, … ou bien demeurer

Dans la pensée d’un Juif de l’époque, et aussi des disciples, … le Messie devait se manifester, se montrer … avec la gloire et l’éclat d’un guerrier vainqueur. … Alors le monde entier lui rendrait hommage.
Un Messie souffrant et mourant, … c’était impensable.

Rappelons la réaction de Pierre quand Jésus l’interroge : Qui dit-on que je suis ?

D’abord : tu es le Christ (le Messie) le Fils du Dieu vivant.
Puis à l’annonce de la passion ‘non cela ne t’arrivera pas’. … Sous entendu, … « tu as tous les moyens de te défendre, d’échapper à la mort »

Judas/ Thaddée se demande donc pourquoi Jésus va se manifester, se montrer en privé, aux disciples seulement. … Alors que dans sa vision des choses, cette manifestation pourrait montrer au monde entier le Messie vainqueur, le Christ en gloire.

Si tu te montres dans ta gloire, tout le monde le verra, … pas seulement nous, tes disciples. … Le royaume de Dieu … avec Jésus, son roi messianique … doit arriver dans une splendeur irrésistible qui surprendra le monde entier.

Imaginons les disciples se rappelant les événements qui viennent de se passer …
Souvenir de l’épisode des Rameaux, il y a moins d’une semaine. … Regret que le Christ ait volontairement fait rater la suite splendide qu’on aurait désirée

Entrée glorieuse du Messie, … mais petit bémol : sur un âne, pas sur un cheval comme les rois victorieux

Changement de direction malencontreux …: pas vers la forteresse Antonia, siège de la garnison romaine, … pour chasser les Romains et manifester son pouvoir irrésistible et glorieux …
Mais vers le Temple, la maison de son Père, … pour régler quelques problèmes avec les marchands. Au risque de la condamnation et de la mort.

Quand Jean écrit son évangile, c’est vers la fin du 1e siècle. Il a donc une vue d’ensemble des événements … de cette semaine particulière de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ.

Mais ce jeudi, avant veille du sabbat de la Pâque, tout n’est pas dit. … Tout est encore possible. … Jésus pourrait échapper à la mort qu’il a annoncée plusieurs fois … s’il choisit de se manifester comme Messie glorieux.

Seulement … ce n’est pas ce que Jésus a choisi.

Se manifester, se montrer, … mais où … et comment ?

Si tu fais ces choses, disaient ses frères incrédules à Jésus, manifeste-toi au monde  Jean 7.4

Dans les croyances des peuples anciens, il était essentiel que la divinité et son habitation soient bien visibles. … D’où, les grandes statues d’idoles (Moloch) , les immenses bâtisses (les ziggourats comme la tour de Babel)

Et pour le Dieu invisible d’Israël, …. eh bien c’est le Temple qui devait se voir.

Notons le bien : en fait, Dieu se serait contenté du tabernacle, de la tente du désert, en poil de chèvre. … Il en avait donné le modèle.
Je me suis déplacé avec une tente pour demeure …Ai-je dit :  Pourquoi ne me bâtissez-vous pas une maison de cèdre ?  (Extrait de 2 Sam 7.6-7)

Quant au Temple construit par Salomon, Dieu l’a accordé, disons toléré. … Mais il a bien spécifié qu’en cas d’infidélité, d’idolâtrie, il le laisserait détruire comme le reste…

Mais si jamais vous vous détournez de moi, je chasserai de ma vue la maison que j’ai consacrée pour mon nom Extrait de 1 Rois 9.6-7

Alors le Temple, … considéré par beaucoup de Juifs idolâtres comme leur idole protectrice, … a été détruit en 586.

Ils répétaient comme une litanie
… C’est ici le temple du SEIGNEUR, le temple du SEIGNEUR, le temple du SEIGNEUR ! …

Nous sommes délivrés ! … Ils s’imaginaient que Dieu repousserait à coup sûr l’armée babylonienne entourant Jérusalem (Extraits de Jérémie 7. 3 et 9).

Et aujourd’hui ? … Aux yeux de beaucoup de gens, même incroyants ou indifférents, c’est toujours le bâtiment qui compte le plus. … La cathédrale a plus d’allure et sans doute plus d‘impact que la petite église de village.

Certains cercles évangéliques ont tendance à mettre en avant leurs 1000 places de cinéma ou de centre commercial aménagé. … Serait-ce une preuve de qualité spirituelle plus grande que celle d’ une réunion de maison de 4 ou 5 personnes ?

Où Dieu choisit-il  alors de manifester sa présence, de faire sa demeure ?

Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, (il obéira à ce que j’ai dit Semeur) et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure auprès de lui (chez lui Semeur) v. 23

Le verbe demeurer, pour la présence du Père et du Fils avec le croyant, … C’est le même que celui du v. 2, ‘les demeures dans la maison de mon Père’ réservées aux croyants

Dieu aime ceux qui aiment le Christ. Dieu et le Christ viennent à eux et font leur « maison » en eux.

Dieu se révèle dans un coeur qui l’aime et qui l’accueille. … Il se fait connaître à la personne qui garde sa parole, qui obéit à ce qu’il a dit, … à des frères et sœurs chrétiens qui se réunissent pour l’adorer, pour faire sa volonté.

Dieu ne réside pas dans un bâtiment vide, en lui-même, si beau et grand soit-il. … Même s’il est utile, voire nécessaire pour le confort des personnes qui s’y rencontrent.

Ce ne sont pas les murs, les pierres, les agglos qui sont consacrés à Dieu … mais L’Eglise, réunion des croyants, des saints qui ont donné leur vie à Dieu

II. Aimer Dieu, accueillir Dieu, … c’est obéir à sa parole

Le v. 23 reprend le v. 15 Si vous m’aimez, vous suivrez mes enseignements et aussi le v. 21 Celui qui m’aime vraiment, c’est celui qui retient mes commandements et les applique.

Pour discerner la position spirituelle d’une personne, on lui demande parfois : « Croyez vous en Jésus, lui faites -vous confiance ? Ce n’est qu’un début nécessaire. …
Il faut aller plus loin : « Aimez-vous Jésus ? lui obéissez-vous ? …

L’amour doit produire l’obéissance … et l’obéissance doit jaillir de l’amour

Etre chrétien : pas d’abord une question d’actions, mais d’amour.

Aimer Dieu, c’est s’engager à suivre Jésus. … Chercher à comprendre le sens profond du message qu’il a donné. … Pour l’appliquer avec amour et discernement, … en tenant compte des personnes et de leur situation particulière.

C’est respecter les 10 commandements, … pas seulement pour se conformer à des règles de moralité nécessaires dans la vie sociale. … Mais dans le sens profond d’une relation personnelle indiquée par … Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur… et ton prochain comme toi-même.

Les respecter non seulement au premier degré : ne pas tuer, ne pas voler, c’est évident. … Mais dans l’intimité de l’être intérieur : rejeter les pensées secrètes, destructrices, envieuses ou jalouses … qui éclatent parfois dans les paroles, … les blagues douteuses ou racistes.

Mais sans légalisme : une manière de donner la priorité à ce qui se voit

Les pharisiens du temps de Jésus respectaient les commandements … jusqu’à compter la dime, la 10e partie de la menthe et du cumin … (plutôt long et difficile à calculer) … mais sans amour. … Ils guettaient « la faute » de celui qui ne respectait pas le sabbat et se permettait, ce jour là de guérir quelqu’un

La qualité de la vie de foi d’une personne ne s’évalue pas aux aliments qu’elle consomme, au type ou à la couleur du vêtement qu’elle porte.
Combien de messages n’a-t-on pas entendus dans certaines communautés sur ce que qu’on peut appeler ‘les longueurs de jupes’ … Les personnes présentes avaient une tenue tout à fait correcte. Ou alors un couple chrétien qu’on culpabilisait tellement qu’il laissait ses enfants en bas âge seuls dans l’appartement … pour ne manquer aucune des nombreuses réunions de semaine. Ou encore,  le reproche fait à une jeune ouvrière de mettre un pantalon. Dans son entreprise, elle portait de lourdes charges sur des échelles

Le véritable amour pour le Christ se manifeste toujours dans une obéissance fidèle, reconnaissante et humble.

III. Plaire à Dieu, aimer Dieu, obéir à sa Parole … grâce au Saint-Esprit

Mais c’est le défenseur, l’Esprit saint que le Père enverra en mon nom, qui vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que, moi, je vous ai dit. (v. 26)

Paraclet : un mot riche de sens

Paraklètos : le terme grec original pour désigner le Saint-Esprit : « appelé auprès de ».

Les versions catholiques le laissent tel quel. … D’autres le traduisent mais la traduction affaiblit la richesse du sens.
Un exemple : dans Darby, Nouvelle Edition de Genève (protestants) Crampon  (catholique) « Consolateur » Cela donne l’impression malencontreuse de concerner surtout des cas particuliers, pas des situations normales. … Toute la vie n’est pas « une vallée de larmes »

Le paraclet, une personne influente

Dans sa signification complète, le paraclet est une personne influente. … Elle pouvait être appelée à comparaître devant un tribunal pour défendre les intérêts ou la cause d’une autre personne

Le paraclet, une aide pour le témoignage

Le paraclet, l’Esprit Saint aide les disciples, les chrétiens dans leur témoignage, … puisque son témoignage se fait à travers le leur.

Quand le Défenseur sera venu, celui que je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité qui vient du Père, il rendra lui-même témoignage de moi.  Et vous, à votre tour, vous serez mes témoins, car depuis le commencement vous avez été à mes côtés. (Jean 15:26-27

Le Paraclet, le « représentant » de Dieu.

Jésus a donc été le premier paraclet, le premier représentant, envoyé de Dieu. … Le Saint-Esprit est l’autre paraclet, comme l’indique le verset 15. Il dirige le croyant dans sa prière et lui permet d’obéir aux commandements du Seigneur.

Le Saint Esprit pour toute l’Eglise, … pour la communauté des croyants

Le contexte du chapitre 14. 15-17, 26 s’adresse à l’ensemble des disciples, (vous). Le Saint-Esprit … et tout ce qui se rapporte à lui … concerne toute l’Eglise dans son ensemble.

L’expérience personnelle de l’individu doit s’intégrer dans cet ensemble.

L’Esprit n’est pas seulement médiateur entre le Père et le Christ élevé aux cieux … et les croyants sur la terre. … Il fait aussi le lien entre les actes et les paroles de Jésus avant la résurrection et la situation de la communauté des croyants, la situation de l’Eglise depuis la Pentecôte, … au cours de siècles et jusqu’à aujourd’hui

Quelques observations de Fred Craddock (*), un expert en théologie pratique

-« L’Esprit est donné, il n’est pas obtenu. … On ne peut pas acheter l’Esprit comme Simon le magicien (Actes 8, 18-19). On ne peut pas non plus l‘obtenir par la méthode « pas à pas » d’un certain enseignement contemporain. …
– Avoir l’Esprit ne donne pas le droit d’ignorer ou de rejeter le Jésus historique des Évangiles, sous prétexte que l’Esprit a été envoyé en son nom. … Le «  moi tout seul et Dieu » de certaines expériences est une coquille vide. »

L’Esprit instructeur, plus que simple remplaçant.

Il n’apporte pas de nouvelle révélation. … Sa fonction, c’est rappeler ce que Jésus a dit, a fait … Et permettre aux chrétiens, aux disciples de le comprendre.

Quelques aspects du rôle de l’Esprit

Le Saint-Esprit rappelle ce que Jésus a dit, … mais pas seulement. … Il révèle la signification de ses paroles et de ses actes … dans les conditions et les circonstances particulières où elles s’appliquent

Un exemple :
A deux reprises, après la résurrection, les disciples se sont rappelé les paroles du Christ

… D’abord à propos de la destruction du Temple, après l’expulsion de marchands

Ses disciples se souvinrent qu’il est écrit : La passion jalouse de ta maison me dévorera’ une allusion au Psaume 69.10 (Jean 2.17),

Quand donc il se fut réveillé d’entre les morts, ses disciples se souvinrent qu’il disait cela ; ils crurent l’Écriture et la parole que Jésus avait dite (Jean 2.22 ) ,

… Ensuite, près la glorification de Jésus, ils se aussi sont souvenus de son entrée triomphale à Jérusalem … et des Ecritures qui éclairent le sens de l’événement

Sur le moment, ses disciples ne comprirent pas ce qui se passait, mais quand Jésus fut entré dans sa gloire, ils se souvinrent que ces choses avaient été écrites à son sujet et qu’elles lui étaient arrivées. (Jean 12.16)

Pour conclure, voyons en quoi  le v. 24 nous concerne

Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas la mienne, mais celle du Père qui m’a envoyé.

Le défi est lancé : Aimons-nous vraiment Jésus ?

Celui qui n’aime pas Jésus ne conforme pas sa vie à son enseignement.
Qui est le Seigneur de ma vie ? Qui est le Seigneur de votre vie ?
Si le Christ est le Seigneur de ma vie, le Seigneur de votre vie, alors nous obéirons avec amour à ses paroles

« Que ta volonté soit faite » Disons le aujourd’hui à Dieu et mettons le en pratique
Mais si nous refusons de le dire et de le pratiquer aujourd’hui , alors quand nous paraitrons devant lui, Dieu dira « que ta volonté soit faite »

C. Streng

  • Aucun article en français à propos de Fred Craddock. Mais il est facile de lire cet article de Wikipedia en français à l’aide d’un traducteur automatique.

Revendication, non, repentance – Ézéchiel 33.21

Revendication, Non, plutôt repentance

Ézéchiel 33. 21-29

Terrible nouvelle : la chute de Jérusalem

Le 8 ou le 19 janvier 585 av. J.-C. , six mois après l’événement, un survivant du siège de Jérusalem arrive à Babylone.

Terrible nouvelle : Le temple est détruit, la ville est tombée aux mains de Nabuchodonosor le roi de Babylone.

Un tournant important dans la carrière prophétique d’Ézéchiel

La chute de Jérusalem marque un tournant important dans la carrière prophétique d’Ézéchiel.

Il a d’abord été le guetteur qui avertit, menace, condamne (jusqu’à 33.20). A partir de maintenant (v. 21) il inaugure une nouvelle période où un message d’espérance nationale est possible.

Mais les conditions pour comprendre, pour saisir ce message d’espoir, pour se l’approprier, sont-elles réunies ?

Au moment où la nouvelle de la prise de Jérusalem lui parvient, Ézéchiel, qui avait été muet pendant environ deux ans, est à nouveau capable de parler.

Son mutisme lui avait été annoncé au début de son appel

26 Je collerai ta langue à ton palais, pour que tu sois muet et que tu ne puisses pas les reprendre – car c’est une maison rebelle. 27 Mais quand je te parlerai, j’ouvrirai ta bouche, pour que tu leur dises : Ainsi parle le Seigneur DIEU. Que celui qui écoute, écoute, et que celui qui ne prend pas garde, ne prenne pas garde – car c’est une maison rebelle. 3.26-27.

Ce mutisme correspond aux deux années du siège de Jérusalem. Il empêchait Ézéchiel de communiquer avec les Juifs déjà déportés à Babylone. Pendant ce temps, ses prophéties sont dirigées contre les nations étrangères

Le prophète est enfin justifié : il avait raison. Ses messages de malheur se révèlent vrais. Il aurait pu s’attendre à la repentance de ceux qui sont restés en Juda et à l’obéissance parmi les Juifs en exil en Babylonie

21 Le cinquième jour du dixième mois de la onzième année de notre captivité, un rescapé de Jérusalem arriva vers moi pour m’annoncer que la ville était tombée.

22 Or, le soir précédant son arrivée, la main de l’Éternel s’était posée sur moi et le Seigneur m’avait rendu la parole avant que ce fugitif vienne vers moi le matin. Il m’avait ouvert la bouche de sorte que mon mutisme avait cessé.

23 Et l’Éternel m’adressa la parole en ces termes :
24 – Fils d’homme, ceux qui habitent au milieu de ces ruines amoncelées sur la terre d’Israël parlent ainsi : « Abraham était tout seul lorsqu’il a reçu la possession du pays, mais nous, nous sommes nombreux, et le pays nous a été donné en possession. »

25 Réponds-leur donc : « Voici ce que le Seigneur, l’Éternel, déclare : Vous mangez de la viande avec le sang vous levez les yeux vers vos idoles, vous versez le sang, et vous posséderiez le pays ! 26 Vous vous fiez à votre épée, vous avez commis des actes abominables, chacun de vous déshonore la femme de son prochain, et vous posséderiez le pays ?

27 Voici ce que tu leur diras : Le Seigneur, l’Éternel, déclare : Aussi vrai que je suis vivant, ceux qui sont parmi les ruines périront par l’épée, et ceux qui sont dans la campagne seront livrés en pâture aux bêtes sauvages, et ceux qui se seront réfugiés dans les rochers et dans les cavernes mourront de la peste.

28 Je transformerai le pays en une terre dévastée et déserte. Je mettrai fin à sa puissance dont il s’enorgueillit, et les montagnes d’Israël seront si dévastées que personne n’y passera plus. 29 Alors ils reconnaîtront que je suis l’Éternel, quand j’aurai réduit le pays en une terre dévastée et déserte, à cause de tous les actes abominables qu’ils ont commis. »

Vous revendiquez ! Vous auriez mieux fait de vous repentir

L’arrivée du messager annonçant la chute de Jérusalem soulève la question de la possession de la terre d’Israël.

L’armée babylonienne avait détruit des villes et des villages importants dans tout le pays. Le pouvoir de Babylone avait aussi déporté en Babylonie des milliers de Judéens, plusieurs années déjà avant la chute définitive de la ville en 587 ou 586.

Alors pour les juifs restés sur place, dans une situation désespérée, se pose la question de la propriété de la terre, cette terre que Dieu avait donnée à son peuple en faisant alliance avec Abraham (Genèse 12.2, 7)

Après la chute de Jérusalem, les survivants juifs qui sont encore là supposent que leur présence est le signe que Dieu les approuve.

La loi du nombre

Et ils font le parallèle avec Abraham : puisque Dieu a donné la terre à Abraham, à une seule personne, il va certainement la leur donner à eux qui sont nombreux.

Abraham était tout seul lorsqu’il a reçu la possession du pays, mais nous, nous sommes nombreux, et le pays nous a été donné en possession. v. 24

Bien sûr, ils ont été vaincus, disent-ils. Bien sûr, les combats les ont décimés. Mais ils sont plus nombreux qu’Abraham. Lui, il était seul, quand il habitait dans le pays. Eux, ils pourraient rassembler 1000 ou même 2000 hommes pour reprendre la conquête du pays.

Nous, nous sommes nombreux, et le pays nous a été donné en possession

A la base de leur revendication, deux motifs :

– L’un est juste et reconnu dans la Loi de Moïse : les enfants héritent naturellement des biens de leur père.
– L’autre n’est qu’un calcul humain : le nombre multiplie les droits.
Plus on est nombreux, plus on peut prétendre à exiger quelque chose, à réclamer un avantage. Si Abraham avait un droit sur la terre, une nation entière de ses descendants devrait avoir d’autant plus ce droit.

Une erreur évidente. Il manque un élément essentiel, Dieu

C’est Dieu qui valide ou non le droit d’obtenir ou non quelque chose, un avantage, une bénédiction par exemple. Et cela ne dépend pas du nombre mais de la relation de chacun avec Dieu, du comportement qu’on choisit de suivre.

Abraham a montré sa confiance à Dieu en obéissant à son appel.

Abraham à qui Dieu dit :

Va-t’en de ton pays, du lieu de tes origines et de la maison de ton père, vers le pays que je te montrerai. 2Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une bénédiction (Genèse 12.2)

Abram partit, comme le SEIGNEUR le lui avait dit (v.4)

Alors Dieu et toutes ses bénédictions l’ont accompagné pendant toute sa vie.

Abraham a ainsi rendu possible la réalisation de la promesse. Et tout au long de sa vie, il a continué à faire confiance à Dieu, comme le montrent les exemples cités dans Genèse (17, 4-8 ; 18, 19 ; 22, 15-19)

Une autre erreur : oubli complet des exigences de l’alliance de Dieu avec Abraham et ses descendants

Dieu leur donne la terre

Ce jour-là, le Seigneur conclut une alliance avec Abram. Il lui dit : « A tes descendants je donne ce pays, Genèse 15.18

Ils doivent respecter l’alliance

Dieu dit à Abraham : Toi, tu garderas mon alliance, toi et ta descendance après toi, dans toutes ses générations. Genèse 17.9

En fait c’est Dieu le propriétaire et eux les gérants. Ils auront à rendre des comptes. Ils ont le droit de vivre dans le pays sous condition d’obéissance et de fidélité, sinon

Mais si vous contrariez le SEIGNEUR, ton Dieu, en faisant ce qui lui déplaît 26 – j’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre – vous disparaîtrez bien vite du pays dont vous allez prendre possession après avoir passé le Jourdain ; vous n’y prolongerez pas vos jours : vous serez détruits.

27 Le SEIGNEUR vous dispersera parmi les peuples, et vous ne resterez qu’un petit nombre d’hommes parmi les nations où le SEIGNEUR vous emmènera. Deutéronome 4.26-27

Et encore

Le SEIGNEUR te dispersera parmi tous les peuples, d’une extrémité de la terre à l’autre Dt 28.64

Qu’en est-il de ces survivants restés en Judée ?

Ils ont pu rester dans leur pays.  Alors ils revendiquent la propriété d’une terre, d’un pays en train de leur échapper.

Leur arrogance, leur certitude d’avoir raison les empêche de se repentir.

Et ils ne se posent même pas la question de savoir pourquoi la terre qu’ils réclament leur a été arrachée ? Pas un mot, pas un rappel des paroles de l’alliance. On préfère ne plus se souvenir de ce que Dieu a dit à propos de la terre et des conditions pour y vivre.

Alors le prophète leur répond par un acte d’accusation

Une accusation d’idolâtrie – manger la viande avec le sang, une manière de s’approprier la force de l’animal, une pratique païenne.

Une accusation d’immoralité et d’adultère. Une conduite qui les rabaisse au niveau des nations païennes que Dieu avait chassées pour qu’ils puissent posséder la terre promise

Vous obéirez à toutes mes ordonnances et à toutes mes lois et vous les appliquerez. Ainsi le pays où je vous mène pour que vous vous y installiez ne vous vomira pas.

23 Vous ne suivrez pas les coutumes des nations que je vais chasser devant vous ; car c’est parce qu’elles ont commis toutes ces actions que je les ai prises en aversion. Lévitique 20.22-23

L’obéissance aux commandements de Dieu (44 fois dans le Deutéronome), c’est la condition indispensable pour posséder et pour garder le pays

L’accusation la plus surprenante : se confier dans leurs épées, dans la force des armes (26)

Ézéchiel fait probablement allusion à l’insurrection contre le gouvernement mis en place par Babylone, en particulier à l’assassinat du gouverneur Guedalia (Jérémie 41). D’où la condamnation par le prophète.

Pour Ézéchiel comme aussi pour Jérémie, son contemporain,  Babylone est le bras armé, l’épée du Seigneur. Dieu a désigné Babylone pour détruire et soumettre Juda. Résister à Babylone, c’est donc résister à Dieu. (21. 1-17).

Un raisonnement difficile à admettre. Même après de nombreuses explications et avertissements, Jérémie s’est fait traiter de traître et de collabo à cause de cela.

Ensuite Ézéchiel prononce le verdict

Ce n’est pas parce qu’ils ont été laissés dans le pays qu’ils échapperont au jugement.
Par le prophète, Dieu les avertit. Eux aussi seront attaqués, détruits par l’épée, les bêtes sauvages et la peste v. 27-28).

Ces instruments du jugement divin rappellent Lévitique 26.22, 25 et la destruction de 28a évoque Lévitique 26.19a, 33b

Je vous disséminerai parmi les nations et je tirerai l’épée derrière vous.
Votre pays sera dévasté, et vos villes seront en ruine.

Contre leur orgueil le pays nous a été donné en possession Dieu annonce son jugement : « les montagnes d’Israël seront dévastées, personne n’y passera ».

Si les gens ne cherchent pas à « connaître » Dieu par la repentance et la foi, ils finiront par le « connaître » dans le jugement (v. 29 ; Ap 6, 13-17).

Dieu n’a pas de petits enfants

Pas de bénédiction automatique par ancêtre interposé, serait-ce Abraham lui-même ou tout aïeul prestigieux.

Pas de droit automatique à être propriétaire du pays. Dieu l’a accordé par grâce à son peuple, à la condition qu’il soit et reste fidèle.

Si la condition n’est plus remplie, ce droit est retiré. Alors s’ensuivent invasions, destructions, exil.

Pas de filiation spirituelle automatique

Dieu est capable de faire naître des enfants à Abraham à partir des pierres du désert (Matthieu 3.9)

Tous ceux qui sont de la descendance d’Israël ne peuvent être considérés comme le véritable Israël de Dieu (Paul dans Romains 9.6)

Et le plus terrible : la filiation diabolique qui rend aveugle

Les Juifs se vantaient devant Jésus de descendre d’Abraham (Jean 8.33 et 39) et, comble de l’inconscience, de n’être esclaves de personne. Justement dans les années où l’Empire romain occupait le pays et faisait sentir son oppression.

Jésus leur répond : vous avez pour père le diable  Jean 8.44

Vous prétendez avoir Abraham pour père Et vous en êtes assez fiers. Mais tout dans votre comportement montre qui, en fait, tire les ficelles.

Ils sont incapables de comprendre la vérité de Dieu enseignée par le Christ. C’est directement lié au fait qu’ils appartiennent à l’ennemi.

Encore plus terrible : c’est la condition naturelle des non croyants

En fait, les disciples de Jésus,  les chrétiens à travers les siècles,  nous aussi avant la conversion,  tous ont fait partie du monde déchu et rebelle. Jusqu’à ce que Jésus les choisisse du milieu du monde Jean 15.19.

Quelques pistes de réflexion

La justification, le salut, c’est personnel. Ni héréditaire ni automatique du fait de la tradition.

On peut hériter des biens de ses parents, on ne peut hériter de leur foi.

Une idée insensée des Juifs. La faveur, la bénédiction que Dieu leur accordait en tant que nation leur serait garantie pour toujours,  quoi qu’ils fassent

Leur devise : « jadis justes, toujours justes, malgré nos actions condamnées par Dieu »

Ce respect de la piété traditionnelle, en fait celle des autres, des parents ou grands-parents est profondément ancrée dans la pensée de certaines personnes.

La foi, ce n’est pas un ajout

Certaines personnes ajoutent la religion à leur liste de valeurs. C’est juste un plus, pas plus.
Des millions de personnes se prévalent d’appartenir à un système religieux. Un système qui leur promet un pardon collectif, à condition de rester dans le système, à condition de suivre certains rites.

Les vrais croyants sont attirés par le Père

Personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ; et moi, je le relèverai au dernier jour. Jean 6:44

Ils sont donnés au Fils

Tout ce que le Père me donne viendra à moi ; et celui qui vient à moi, je ne le chasserai jamais dehors. Jean 6:37

Ils sont enseignés par Dieu

Il est écrit dans les Prophètes : Ils seront tous instruits de Dieu. Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. Jean 6:45

Ils sont choisis par Jésus.

N’est-ce pas moi qui vous ai choisis Jean 6:70

La justification, le salut prend racine dans une repentance sincère

La repentance, ça commence quand on voit Dieu avec un cœur droit et honnête.

C’est un changement de cap, de direction. Alors nous nous voyons dans notre réalité

Non beaux et sympathiques,  comme nous aimerions l’être sans y parvenir

Mais pécheurs et souillés devant Dieu. Et mendiants de sa grâce et de sa compassion. Il nous accorde son salut grâce au sacrifice de Jésus, son fils unique à la croix

La foi, c’est un choix qui engage

Dieu pose devant chacun un choix déterminant, celui de la vie ou de la mort.
Moïse dans Deutéronome 30 : Choisis la vie !
La foi, c’est une relation qui me définit,  une relation de fidélité envers Dieu, une relation d’amour pour le Christ et pour les autres.

Un choix qui engage dans la durée

Et même la piété de la conversion Si la foi et l’amour sont par la suite inactifs, morts, elle ne sert plus à rien.

La seule foi que Dieu accepte,  c’est une foi vivante, une obéissance active du moment présent. Et si la foi et l’amour des débuts se sont évaporés,  il est évident que ce n’était pas du solide, de l’authentique.

La foi se prouve par la mise en pratique de la Parole

La foi, c’est beaucoup plus que l’adhésion à un système de valeurs,  même validé par des ancêtres qui ont souffert pour le défendre.

La foi dépasse infiniment la connaissance même des principes bibliques. La foi existe véritablement, seulement si elle est testée,  si elle est mise à l’épreuve par une mise en pratique de la Parole.

22 Mettez la Parole en pratique ; ne vous contentez pas de l’écouter, en vous abusant vous-mêmes.

23 En effet, si quelqu’un écoute la Parole et ne la met pas en pratique, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel 24 et qui, après s’être regardé, s’en va et oublie aussitôt comment il était. (Jacques 1.22-24)

La foi est un choix personnel.

On ne peut transformer en masse une foule d’incroyants en croyants
Chacun doit rechercher la grâce et le pardon de Dieu pour soi.

Si quelqu’un parmi nous veut demander à Dieu son pardon, s’il veut placer sa vie sous son autorité, il peut le faire tout simplement à sa place. Et s’il en éprouve le besoin, il peut parler à un des responsables.

C’est à chaque génération de refaire le choix de s’attacher à Dieu Et de continuer dans la foi et l’obéissance. C’est la condition indispensable pour espérer obtenir sa bénédiction. Et beaucoup parmi nous, nous l’avons recherchée Et Dieu nous l’a accordée à chacun.

Alors, c’est notre responsabilité, à chacun de nous de continuer à nous attacher à Dieu Donnons à nos enfants l’exemple pour que, le moment venu, Ils fassent aussi chacun le choix de la fidélité.

C. Streng