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Le pharisien et le percepteur : Luc 18.9-14

Le pharisien de Luc 18 sous l’éclairage de l’Ancien Testament

Le texte de Luc sur le pharisien et le publicain, – aujourd’hui on dirait le percepteur puisqu’il récolte les impôts – est une parabole. C’est une courte histoire qui utilise des événements quotidiens pour illustrer un enseignement moral ou religieux.

9 Pour certains, qui étaient persuadés d’être des justes et qui méprisaient les autres, il dit encore cette parabole :

10 Deux hommes montèrent au temple pour prier ; l’un était pharisien, et l’autre collecteur des taxes. 11 Le pharisien, debout, priait ainsi en lui-même :

« O Dieu, je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou encore comme ce collecteur des taxes : 12 je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous mes revenus. »

13 Le collecteur des taxes, lui, se tenait à distance ; il n’osait même pas lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine et disait :

« O Dieu, prends en pitié le pécheur que je suis ! »

14 Eh bien, je vous le dis, c’est celui-ci qui redescendit chez lui justifié, plutôt que celui-là. Car quiconque s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé.

Dans son introduction, Luc annonce la couleur.

Jésus a dit cette parabole à ceux qui se croient justes et regardent les autres avec mépris (18.9). Ceci pour préparer le lecteur à interpréter correctement la parabole.

Celle-ci pourrait d’ailleurs concerner aussi bien le pharisien du temps de Jésus que toute personne, chrétienne ou non, qui se comporterait de manière analogue.

L’opinion que ce pharisien a de lui-même est en porte à faux avec l’évaluation que Dieu fait de lui. Lui s’imagine être juste. Mais c’est chez le collecteur d’impôts repentant que Dieu trouve l’attitude juste.

C’est un thème familier, souvent surprenant dans l’enseignement de Jésus.

Ceux qui sont au dernier rang sont appelés à l’avant (Matt. 19:30) ; les humbles reçoivent la reconnaissance que les orgueilleux cherchent en vain. « quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé. (Luc 14:11)

Le pharisien : « Je, Je, Je »

Il est sûr de lui. Si sûr qu’il trouve tout à fait normal de dénigrer à haute voix les autres et surtout le percepteur, cette personne méprisable qui se tient à proximité.
Alors que moi, « Je jeûne deux fois par semaine, je donne la dîme de tout ce que je reçois.

Les paroles du collecteur d’impôts sont celles de quelqu’un qui ressent profondément le mal qu’il a fait. Les sommes trop perçues, malhonnêtement extorquées, l’étouffent en quelque sorte. Il se jette sur la grâce de Dieu et prie : « Que Dieu soit miséricordieux envers moi, un pécheur » (18.13).

Jésus conclut la parabole en déclarant que le publicain est justifié devant Dieu, plutôt que le pharisien. Et il répète la parole de sagesse bien connue : « Car tous ceux qui s’élèvent seront humiliés, et ceux qui s’abaissent seront élevés ». Aussi dans Luc 14:11

Les deux personnages n’ont pas forcément existé dans tous les aspects de leur description, même si la situation racontée dans la parabole a pu se produire un jour ou l’autre.

En effet leurs traits de caractère sont forcés, et leurs attitudes exagérées. Ni ce pharisien, ni ce percepteur ne sont des personnages normaux de la vie quotidienne.
Ce sont les caricatures des deux manières opposées dont les gens peuvent s’adresser à Dieu.

Pour l’un, la fierté dans l’accomplissement de ses obligations religieuses, combiné au mépris des autres.
Pour l’autre, l’humilité mais aussi une lamentation sur ses péchés qui risque de rester stérile si elle ne débouche pas sur du concret.

Qu’on pense à Zachée : aussitôt descendu de son arbre pour accueillir jésus, il réfléchit immédiatement à ce qu’il va faire pour corriger les effets de sa malhonnêteté.
« Je rendrai 4 fois »

Dans la vie réelle, on se situe entre ces deux extrêmes

Le pharisien et son enracinement dans l’histoire et dans la Loi

Le portrait du pharisien dans la parabole est forcé. Sa prière « Je » est une caricature de prière. Cette caricature a pourtant des aspects réels.
L’auditoire du temps de Jésus ne pouvait manquer de reconnaître qu’il s’agissait d’un instantané sur certains traits de la piété pharisienne.

En fait, qui étaient les pharisiens ?

A l’origine, c’était un groupe de Juifs fidèles à Loi. Au 2e s avant J.-C. ils s’étaient opposés à la tendance d’un bon nombre de Juifs à suivre les coutumes grecques païennes.

En effet, après le retour d’exil, Israël avait toujours été soumise à des puissances étrangères, à ce moment-là la Grèce avec Alexandre le Grand puis ses successeurs. L’un d’eux, Antiochus Épiphane (175-163) persécutait à mort les Juifs qui ne voulaient pas abandonner leur foi pour la religion grecque.

Les pharisiens de ce temps là, sous la persécution, se distinguaient par leur droiture et leur courage. Ils attachaient beaucoup d’importance à l’étude et à la pratique des commandements de Dieu– avec en plus des traditions orales – pour mener une vie conforme à la loi divine.

Au temps de Jésus, leur niveau spirituel avait baissé. Leur piété était devenue formaliste. On attachait plus d’importance aux gestes extérieurs qu’à la disposition du cœur.

Une base biblique légitime puis fossilisée et même dévoyée

En elle-même la démarche du pharisien n’est pas illégitime.
En allant au Temple, il montre simplement son respect pour un cérémonial de reconnaissance que le peuple de Dieu devait pratiquer depuis son entrée dans la terre promise.

Deutéronome 26.1-15 précise le rituel à accomplir pour ce cérémonial de reconnaissance, lors de la fête des moissons en Israël

L’agriculteur prend une partie de la première récolte de blé. Il l’apporte au sanctuaire et la présente au prêtre, qui la dépose devant l’autel.
L’agriculteur témoigne d’abord de ce que Dieu a fait en faveur de son peuple

Un Araméen errant était mon père, et il descendit en Égypte. Et les Égyptiens nous ont traités durement. et l’Éternel nous a fait sortir d’Égypte d’une main puissante Il nous a fait entrer dans ce lieu et nous a donné ce pays (26.5-9).

Puis il exprime sa gratitude pour ce que Dieu lui a donné.
Et voici, j’apporte les prémices du fruit de la terre que tu m’as donné, ô Éternel (26.10)

L’agriculteur doit ensuite dire en public ce qu’il a fait ou n’a pas fait en tant que membre responsable de la communauté de l’alliance :

J’ai enlevé de ma maison ce qui est consacré, et je l’ai donnée au Lévite, à l’étranger, à l’orphelin et à la veuve, selon tous les commandements que tu m’as donnés ; je n’ai transgressé aucun de tes commandements, je ne les ai pas oubliés. J’ai obéi à la voix de l’Éternel, mon Dieu, j’ai fait selon tout ce que tu as commandé (26.12-15 )

C’est là qu’on retrouve le « j’ai, je n’ai pas » qui nous dérange tellement dans la bouche du pharisien de la parabole.
Pourtant ces affirmations arrogantes, ces paroles qui glorifient le pharisien ont à l’origine leur place, leur raison d’être dans la parole même de Dieu.

Quand l’agriculteur parle devant le prêtre et devant ses voisins, ce ne sont pas les paroles d’une personne satisfaite d’elle-même. C’est le témoignage public de sa reconnaissance, devant le prêtre et devant ses voisins dans le cadre de la fête de la moisson.

Il parle de lui-même en tant que membre responsable de la communauté. Il confesse qu’il fait ce que Dieu attend de lui. Il a respecté les commandements, il a pris soin des moins favorisés. Il a été sincère et responsable.

Le texte biblique met l’accent sur ce que le donateur a fait ou n’a pas fait. Il souligne ainsi que le donateur doit être identifié devant tous comme membre du peuple, responsable de ses actes devant Dieu et devant les autres.
Son témoignage en paroles l’engage à traduire ces paroles dans des actions qui doivent tout normalement suivre.

Par la suite, il y a certainement eu des gens qui récitaient cette confession par cœur. Un acte mécanique, la chose à faire, comme tout le monde. Mais sans s’arrêter à son sens, sans la mettre en pratique

Quoi donc ? Tu énumères mes prescriptions, et tu as mon alliance à la bouche, toi qui détestes l’instruction, et qui rejettes mes paroles derrière toi ! Psaume 50.16-17

Alors où se trouvent les différences entre l’agriculteur reconnaissant et le pharisien orgueilleux ?

L’autopromotion

Quand le pharisien dit « je jeûne deux fois par semaine, je donne la dîme de tous mes revenus », c’est exact. Les pharisiens mettaient cela vraiment en pratique. Mais ça sonne faux et artificiel. Ce n’est plus un témoignage de reconnaissance. C’est un moyen d’auto promotion.

D’autant plus que le pharisien « oublie » totalement une partie essentielle de la confession de foi demandée par le Deutéronome. Celle qui rappelle l’origine nomade et étrangère du peuple, (un araméen nomade, à cause de Laban le beau-père du patriarche Jacob, Israël qui a donné son nom au peuple) son esclavage en Égypte, la délivrance par Dieu, l’errance dans le désert et l’entrée dans la terre promise. Bref, ce pharisien s’est fait tout seul, a tout réussi tout seul, sans personne d’autre.

La cérémonie publique de reconnaissance du Deutéronome est détournée pour devenir un moyen de se glorifier soi-même. Il est possible que, suite à cet abus, Jésus ait recommandé la discrétion dans la prière et la pratique de la charité

Quand donc tu fais un acte de compassion, ne sonne pas de la trompette devant toi Matthieu 6.2
Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment prier debout dans les synagogues et aux coins des grandes rues, pour se montrer aux gens Matthieu 6.5

Il est tout à fait acceptable d’être heureux de ses succès, si on est reconnaissant à Dieu et surtout si on en fait profiter les autres.
Pas « moi, je ». Mais merci

La comparaison négative pour les autres

Je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou encore comme ce collecteur des taxes 

L’agriculteur juif se contentait d’amener les produits de sa récolte. Il manifestait sa reconnaissance à Dieu, mais sans se comparer aux autres. C’est là toute la différence

Quand on voit le mépris du pharisien pour les autres et pour le percepteur, on a de forts soupçons à propos des sentiments qu’il pourrait avoir pour l’immigré, l’orphelin et la veuve.

La confession de foi de Deutéronome 26, devient pour lui un moyen de s’exalter soi-même et de rabaisser les autres. Il ne se contente pas de témoigner en public de ce qu’il a fait ou pas fait pour respecter la Loi de Dieu. Il se compare aux autres et cherche à se grandir en les rabaissant : je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou encore comme ce collecteur des taxes

Encore une fois cette attitude de rejet, ces paroles méprisantes sont le dévoiement des principes de conduite indiqués par la Parole de Dieu pour diriger son peuple

Le pharisien appartient à la communauté d’Israël. Comme ses ancêtres, il est membre du peuple que Dieu a créé et organisé au Sinaï pendant l’Exode. Le Seigneur a appelé les membres de ce peuple à vivre ensemble, sous la direction de sa Loi, la Torah.

En pratiquant des actes justes et des gestes de compassion en faveur des autres, (rappelé par Deutéronome 26) Israël formait une communauté dans laquelle chaque personne pouvait vivre. La Torah, la Loi était un don de Dieu à préserver pour ne pas perdre la bénédiction de Dieu.

Pour cette raison Israël était prudent dans ses relations avec les autres peuples voisins. Et il se séparait de tous ceux qui ne suivaient pas la Loi. Ceci après l’exil, car avant, il avait une fâcheuse tendance à imiter l’idolâtrie des autres peuples. Voir à ce sujet tous les avertissements de la Loi et des prophètes.

Le Psaume 1 le montre bien :

Heureux l’homme qui ne suit pas les projets des méchants, qui ne s’arrête pas sur le chemin des pécheurs, et qui ne s’assied pas parmi les insolents, mais qui trouve son plaisir dans la loi du SEIGNEUR, et qui redit sa loi jour et nuit !

Ceux qui aiment la Torah, ceux qui respectent la Loi de Dieu doivent montrer la différence avec ceux qui ne se soucient pas du bien des autres, qui sont indifférents à l’impact de leur comportement sur l’avenir de la communauté.
Il faut être prudent dans ses relations avec ceux dont le comportement nuit à la vie dans la communauté de peur qu’elle ne soit menacée, mise en danger.

D’où le changement complet d’optique après l’exil.
Tout étranger suscitait la méfiance et le rejet, pas à cause de sa religion idolâtre mais tout simplement parce qu’il n’était pas juif.

On avait oublié les ancêtres non juifs du roi David comme Rahab la cananéenne et Ruth la moabite. Et aussi que la Loi de Moïse donnait des directives en faveur des étrangers, en particulier ceux qui voulaient s’intégrer dans le peuple juif.

Cette mise à distance de l’étranger allait si loin qu’elle s’appliquait même aux gens simples du peuple juif , sans instruction.

Cette foule qui ne connaît pas la loi, ce sont des maudits. Jean 7.46

Tout simplement les gens qui ne pouvaient respecter tous les détails de loi orale, les 613 commandements supplémentaires ajoutés par les pharisiens. Des travailleurs juifs que leur profession même rendait rituellement impurs.

Par exemple les bergers, les tanneurs pourtant indispensables pour tanner les nombreuses peaux des animaux sacrifiés au Temple. On mettait donc au même niveau l’impureté rituelle et le péché.

Quant au percepteur, il se situait au croisement : impur parce qu’en contact avec l’occupant romain étranger et païen auquel il remettait les impôts, pécheur parce que pas souvent honnête dans sa manière de percevoir cet impôt en remplissant d’abord largement ses propres poches.

C’est là qu’intervient le confit entre Jésus et les pharisiens sur la manière de se comporter avec les pécheurs.

Les pharisiens supportaient très mal la liberté que Jésus prenait dans ses relations envers eux.
Pourquoi votre maître mange-t-il avec les collecteurs des taxes et les pécheurs ? Matthieu 9.11

Pour eux, la liberté de Jésus, ses actions en faveur des pécheurs, en dehors de la tradition, étaient une approche risquée qui pouvait mettre la communauté au danger.

La tradition juive accordait de l’importance à la repentance. Mais habituellement, on tenait les pécheurs à distance, comme présentant un danger pour la communauté (Psaume 1).
Seul Jésus ne tenait pas compte de cette crainte. Il fréquentait directement et naturellement des pécheurs et il les appelait à venir à lui.

Le pharisien de la Parabole subit la désapprobation de Dieu à cause de son utilisation abusive de la tradition religieuse. Le maintien de la tradition devient le moyen par lequel il s’élève au-dessus des autres.

Une réflexion à base de discernement et d’équilibre

Soyons attentifs à faire la distinction entre les destructeurs, les moqueurs du Psaume 1 et les visiteurs de nos Églises qui ne partagent pas (pas encore) nos valeurs chrétiennes

Ces destructeurs, ces moqueurs existent bien. Certains ont détruit des Églises en introduisant des fausses doctrines, des divisions, des querelles. Des exemples actuels existent et pas seulement dans des revues chrétiennes.

Et pour nos visiteurs non chrétiens, si nous voulons qu’ils partagent un jour nos valeurs chrétiennes, alors rendons les accueillantes sans transiger sur le fond du message biblique : la repentance, la foi, la conversion, l’engagement dans la vie de disciple.

Mais en veillant, par l’enseignement de la Parole et par l’exemple, à les accompagner d’un monde sans Dieu, qui court à sa perte, à la communion des chrétiens, qui met au centre la relation vivante avec le Christ.

C.Streng

Une maison pour l’Éternel

Une maison pour l’Eternel, qui la construira ?

C’est le dernier des 8 fils de son père, celui qui gardait les moutons et qu’on a fait venir au dernier moment devant le prophète Samuel, mais c’est lui qui a reçu l’onction et l’esprit de l’Eternel (1 Samuel 16.11-13)

C’est celui qui se faisait injustement traiter de prétentieux par son frère aîné (2 Samuel 17.28) mais c’est lui qui a montré plus de courage et de confiance en Dieu que l’armée d’Israël et le roi Saül, c’est lui qui a abattu le géant Goliath d’une pierre de sa fronde.

C’est celui qui a fui pendant des années dans tout le pays et au dehors pour échapper à la jalousie et à la folie meurtrière du roi Saül mais c’est lui qui est maintenant le roi d’Israël : c’est David.

2 Samuel 7. 1-17 : vous pouvez lire en cliquant sur la Bible dans la colonne, à droite 

I. Une maison pour l’Eternel, quelle bonne idée !

1 Lorsque le roi habitait dans sa maison et que l’Eternel lui avait donné du repos de tous ses ennemis d’alentour, 2 le roi dit à Nathan le prophète : vois j’habite dans une maison de cèdre et le coffre de Dieu habite au milieu du tissu de poils de chèvre. 3 Et Nathan dit au roi : tout ce qui est dans ton cœur, va, fais-le, car L’Eternel est avec toi.

Plus d’expéditions armées pour le moment contre les ennemis voisins. Dieu a accordé un temps de tranquillité. Accoudé à une fenêtre de son palais tout neuf, David contemple la ville de Jérusalem, la nouvelle capitale de son royaume, la cité de David récemment conquise (5. 6-10).

Dieu est bien là. Le roi a fait amener dans la ville le coffre qui symbolise la présence divine, le coffre en bois d’acacia plaqué d’or pur avec son couvercle surmonté de deux chérubins ailés en or massif (description détaillée dans Ex 25.10-22).

Oui mais, le coffre de Dieu habite sous un tente en poils de chèvre.

C’est ce qu’on voit de l’extérieur, les tentures intérieures sont beaucoup plus luxueuses.

« Et moi, David, je vis dans un beau palais, structure bois de cèdre. Cette tente en poils de chèvre n’est pas digne de Dieu. Ce n’est pas normal. Il faut faire quelque chose. »

Mais pas sans réflexion, pas sans prendre l’avis du prophète Nathan.

Nathan comprend tout de suite où David veut en venir.

Un temple ! Un magnifique temple ! Enfin, un lieu de résidence digne et permanent pour le coffre de Dieu !
“ Oui! s’écrie Nathan. Fais tout ce que tu as dans le cœur, car Dieu est avec toi.

Nathan s’exprime à titre personnel et pas à la suite d’une révélation directe de Dieu.
On a le droit d’évaluer une situation et on peut donner un avis sensé sans révélation prophétique directe, en tenant compte des faits, des circonstances et de la connaissance qu’on a de Dieu. Il faut seulement être attentif : Dieu peut indiquer une autre direction.

II. Non, David, je n’ai pas besoin de maison

4 Cette nuit-là, il y eut une parole de l’Eternel à Nathan : 5 Va et tu diras à mon serviteur David: Ainsi parle l’Eternel : est-ce toi qui bâtiras pour moi une maison pour que j’y habite ?6 En réalité, je n’ai pas habité de maison depuis le jour où j’ai fait monter les fils d’Israël d’Égypte et jusqu’à aujourd’hui je me déplaçais en résidant sous une tente comme demeure. 7 Partout où je me suis déplacé parmi tous les fils d’Israël ai-je adressé une parole à l’une des tribus d’Israël (d’après le texte original et les différentes versions Segond) ou à l’un des chefs d’Israël (Semeur, BFC, Parole de Vie) à qui j’ai donné l’ordre de diriger mon peuple Israël en ces termes : pourquoi ne m’avez-vous pas bâti une maison de cèdre ?

au v. 7, le texte original et les versions Segond parlent de tribus mais l’Ancien Testament ne dit jamais qu’une tribu ait dirigé Israël. La traduction chef de tribus est préférable.
Dieu parle donc directement à Nathan pendant la nuit : le prophète n’a pas peur de changer de position et de le faire savoir au roi.

Le changement de position pouvait être risqué. Dans les monarchies de l’époque, le prophète était surtout d’abord un courtisan qui devait avant tout soutenir et approuver les initiatives du roi.

Il était habituel qu’un monarque du Moyen-Orient ancien construise des temples.

La divinité ainsi honorée devait garantir la bénédiction et la durée du royaume pendant la vie du roi et celle de sa dynastie (sa descendance)

Ainsi, dans les « Nouvelles royales d’Egypte », le pharaon projette de construire un temple. Il s’entretient avec des personnages de la cour et certains s’opposent au projet. Mais le Pharaon reçoit en rêve l’accord de la divinité. Le projet se réalise donc. La fin du récit affirme la légitimité du Pharaon et de sa dynastie.

Dans la lettre de Mari (17e BC) c’est donnant-donnant : Si le roi ne construit pas le temple, le dieu lui retirera son pouvoir ; si le roi construit le temple, le dieu lui affermira son trône.

Il arrive même que la divinité refuse de répondre au roi. Dans la “ malédiction d’Agadé ” (2° millénaire av. JC.), le roi projette de construire un temple, mais la divinité ne lui répond pas. Le roi fâché détruit alors tous les temples ce qui amène le malheur sur la cité d’Agadé.

Contrairement au modèle égyptien, ce n’est pas la volonté du roi qui s’accomplit : David devra réviser ses plans en fonction de la prophétie reçue par Nathan

La révélation de Dieu transmise par Nathan commence par des paroles très encourageantes. David est appelé « mon serviteur » à l’égal d’Abraham ou de Moïse.

Dieu met les choses au point : il n’a pas besoin d’une construction en dur.

Quand il a fait sortir les Israélites d’Égypte (v. 6), tout au début, il n’avait aucune résidence matérielle, même pas une tente. Mais sa présence était réelle, dans la nuée et la colonne de feu, et certainement impressionnante (Exode 13: 21-22)

Plus tard, au moment de quitter le mont Sinaï, Dieu a ordonné de construire une tente en peau de chèvre, comme lieu d’habitation (Exode 26: 1-37; 40: 34-38).

En terre d’Israël, Dieu ne s’est jamais plaint d’habiter sous une tente. Il n’a jamais commandé de lui construire une maison de cèdre. Sa présence était évidente, elle se manifestait à travers les chefs qui dirigeaient le peuple d’Israël.

Il y a conflit dans la manière de comprendre la présence de Dieu et de se s’assurer cette présence.

Les hommes pensent nécessaire de construire un temple, Dieu n’accepte pas de demeure permanente sur terre. Il ne veut pas être acheté, contrôlé ou limité par un bâtiment, surtout luxueux.

Il y avait aussi un danger à localiser Dieu à un endroit précis.

Selon les conceptions de l’époque, chaque pays avait ses divinités locales qui fonctionnaient bien à l’intérieur des limites du territoire, mais pas à l’extérieur. Un dieu des montagnes assurait la victoire dans les guerres en montagne, un dieu des plaines la garantissait dans les batailles en plaine. On en a quelques exemples dans des récits de la Bible. (v)

Dieu est tout puissant, omniprésent, universel. Il échappe à toute localisation que voudraient lui imposer les hommes.

Si l’on parcourt l’histoire d’Israël, on se rend compte que Dieu a accepté de résider dans le Temple construit par Salomon (1 R 8.10). Mais cette présence de Dieu n’était pas automatiquement et sans condition liée au Temple. Les habitants de Jérusalem se l’étaient imaginé dans les derniers temps de l’existence du royaume de Juda avant la destruction de la ville et du Temple et l’exil de 586 à Babylone.

Ainsi, le prophète Jérémie échappe de peu au lynchage parce qu’il dénonce une conception magique du Temple et en même temps une conduite sociale et religieuse intolérables.

Ne vous livrez pas à des espérances trompeuses, en disant: C’est ici le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel, Le temple de l’Éternel!
Jérémie 7.4

Comme les Indiens qui répètent des mantras, on répétait « temple de l’Eternel » pour garantir (croyait-on) la sécurité de la ville et de ses habitants face à l’invasion de l’armée babylonienne (7.10) Mais cela n’empêchait pas « d’exploiter l’immigré, l’orphelin et la veuve, de tuer des innocents et d’adorer d’autres dieux (7.6 et 9). Ézéchiel a vu carrément la gloire de Dieu s’éloigner du temple. (v)

8 Et maintenant ainsi tu parleras à mon serviteur David : ainsi parle L’Eternel des armées, moi je t’ai pris depuis le pâturage de derrière le troupeau pour être chef sur mon peuple sur Israël. 9 Et j’ai été avec toi partout où tu es allé et j’ai retranché tous tes ennemis devant toi et je t’ai fait un grand nom comme le nom des grands qui sont sur la terre.

Pendant un moment grisant, David avait serré dans son cœur son plus grand rêve, construire un temple pour Dieu

Et voici Nathan avec la mauvaise nouvelle : le rêve est anéanti, David n’a pas la permission de construire le Temple.

Comment réagir dans un cas semblable ? Une belle intention qui n’a pas pu être réalisée comme on voulait ?

S’apitoyer sur soi, aller bouder dans sa chambre, s’en prendre aux circonstances, aux autres, à Dieu… ou alors réfléchir…

Dieu pousse David à se rappeler, à réfléchir à ce qu’il a déjà reçu

« Avant de te plaindre de la seule chose que tu ne puisses obtenir, souviens-toi de tout ce que tu possèdes bel et bien. Avant de te lamenter sur ce que Je ne t’ai pas accordé, souviens-toi de tout ce que Je t’ai donné. »

Tu étais un petit berger, sans avenir, je t’ai choisi comme chef pour mon peuple.
Remarquons la nuance : chef (choisi par Dieu) et pas roi. C’est Dieu qui reste le vrai roi d’Israël.
Tu es passé de l’état le plus humble à la position la plus élevée, alors n’oublie pas la grâce, la bonté de Dieu envers toi. Je t’ai fait un nom grand

Quand nous ne pouvons oublier l’échec et la frustration, nous devons nous rappeler « Compte les bienfaits de Dieu… »

10 J’ai attribué un lieu pour Israël mon peuple et je le planterai et il séjournera à sa place et il ne sera plus troublé et les fils de l’injustice ne continueront plus à l’opprimer comme auparavant. 11 Et depuis le jour où j’avais établi des juges sur mon peuple Israël, je t’ai donné du repos de tous tes ennemis. L’Éternel te déclare que l’Éternel fera pour toi une maison (c’est à dire dynastie).

Auparavant, en Égypte, Israël était sous l’esclavage du pharaon. Par la suite,
à l’époque des Juges, il y a eu des périodes troublées. Quand les Israélites péchaient contre Dieu, ils étaient livrés à leurs ennemis. Le pays était occupé ou alors ils étaient emmenés en captivité. (Un exemple dans Juges 2.11s)

David voudrait un temple parce qu’il recherche la faveur de Dieu, la stabilité pour le pays.

Dieu le lui rappelle : Il a déjà assuré la stabilité du pays et il continue à le faire  : j’ai attribué un lieu pour Israël, il séjournera à sa place, il sera plus troublé… ni opprimé.

Il a déjà manifesté sa faveur envers David : Je t’ai fait un nom grand, je t’ai donné du repos de tous tes ennemis

Et voici la grande surprise.

Elle est introduite à la fin du v. 11

– par le changement de personne.

Le texte passe de la 1e personne (je t’ai donné du repos à la 3e personne répétée avec solennité : l’Eternel te déclare que l’Eternel fera pour toi ????

– Et par un jeu de mots sur ‘maison’

David, tu voulais faire construire un temple, c’est à dire une maison pour l’Eternel. Tu n’a pas besoin de construire une maison impressionnante pour y faire habiter l’Eternel. Elle existe déjà, c’est la présence de Dieu dans ta vie.

III. Moi, l’Eternel je vais faire encore bien mieux pour toi. Je vais te construire une maison.

Pas un bâtiment mais une descendance, une dynastie qui règnera après toi sur Israël.

Ton idée était bonne mais ce n’était pas celle de Dieu, pas pour aujourd’hui mais pour plus tard, pas pour toi mais pour quelqu’un d’autre.

Dieu a fait pour David beaucoup plus que tout ce que nous demandons ou pensons. (Éphésiens 3.20)

Cependant, la stabilité n’a pas duré pendant toute la vie de David. Les conflits et les guerres ont repris. Les prophètes l’ont compris en référence à une période future (Ésaïe16: 5; Jérémie 33: 15-16) .

12 Quand tes jours seront complets et que tu te coucheras avec tes pères, je te susciterai un descendant après toi qui sortira de tes entrailles et j’affermirai son règne. 13 C’est lui qui bâtira une maison pour mon nom et j’affermirai son trône royal pour toujours.

Ce n’est pas David, mais Salomon, pas encore né à ce moment là, qui fera construire le Temple entre 966 et 959 avant JC (1 Rois 6: 1-38)

Il bâtira une maison pour mon nom.

On distingue, la maison, le temple et la personne de Dieu. Le nom n’est pas la personne. Le temple sera construit en l’honneur de Dieu, pas pour Dieu.

Dieu a refusé que David lui fasse cadeau d’un temple pour s’assurer son aide. Il accorde tout de même un temple, car c’est l’homme qui en a besoin, comme signe de stabilité des relations établies avec Dieu.

Et cette stabilité, c’est Dieu qui l’accorde et la garantit

J’affermirai son trône royal pour toujours.
C’est la royauté, représentée par le trône que Dieu va affermir, rendre durable.

14 Moi je serai pour lui un père et lui sera pour moi un fils de sorte que lorsqu’il fera le mal je le corrigerai avec un bâton d’hommes et avec des coups de fils d’homme. 15 Mais ma bienveillance ne se retirera pas de lui comme je l’ai écartée de Saul que j’ai écarté de devant toi. 16 Et ta maison et ton règne seront affermis pour toujours devant toi ; ton trône sera affermi à toujours. 17 Selon toutes ces paroles et selon toute cette vision, ainsi Nathan parla à David.

Le v. 14, je serai pour lui, il sera pour moi est une formule d’alliance. Elle est utilisée d’habitude pour conclure un mariage ou une adoption.

Ici, elle exprime l’alliance que Dieu fait avec David, une alliance qui est aussi englobée dans celle que Dieu avait faite avec le peuple d’Israël au mont Sinaï.

Maintenant, si vous m’obéissez et si vous restez fidèles à mon alliance, vous serez pour moi un peuple précieux parmi tous les peuples, bien que toute la terre m’appartienne. Mais vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte. » Ex 19.5-6

Elle prolonge la promesse prophétique faite à la tribu de Juda des centaines d’années auparavant quand Jacob bénit avant de mourir ses 12 fils, chefs des futures tribus d’Israël,

Le sceptre ne s’écartera pas de Juda, et l’insigne de chef ne sera pas ôté d’entre ses pieds jusqu’à la venue de celui auquel ils appartiennent et à qui tous les peuples rendront obéissance. Gn 49.10.

Dieu fait de David le fondateur d’une famille royale instituée à perpétuité. Elle ne sera jamais rejetée, comme l’a été la famille de Saül.

Mais ce n’est tout de même pas un chèque en blanc.

Tout roi de cette famille qui fait le mal sera puni par les bâtons des hommes, c’est à dire par des moyens humains, comme la division, l’invasion, la guerre. C’est ce qui s’est passé pour Salomon : il n’est pas resté fidèle à Dieu à la fin de son règne (1 Rois 11.11-13).

Son fils a perdu la plus grande partie de son royaume, ne gardant que 2 tribus sur 12. Les différents rois de Juda, descendants de David ont été plus ou moins fidèles à Dieu. Il y a eu des personnages remarquables comme Josias et d’autres sans scrupules ni fidélité comme ses fils et petits fils. Ces derniers n’ont jamais voulu admettre que Dieu puisse leur enlever le royaume à cause de leur infidélité et de leur idolâtrie.

Mais alors, la promesse d’un règne qui durerait toujours ? Comment comprendre que la dynastie de David ait été interrompue ?

Le « si » la condition de fidélité à l’alliance n’a pas été respecté

ou partiellement seulement à travers quelques rois fidèles.

Mais le « cependant », le néanmoins » de la grâce n’est pas annulé.

Du peuple en exil reviendra une famille de la tribu de Juda d’où naîtra Jésus, issu de la lignée de David, Jésus le Messie, l’envoyé de Dieu, le Fils de Dieu. Il sera la vrai bâtisseur du vrai temple de l’Eternel.

Écoute ce que déclare le Seigneur des armées célestes : Voici un homme dont le nom est Germe, et sous ses pas, tout germera. Il bâtira le Temple de l’Éternel. C’est lui qui bâtira le Temple de l’Éternel. Il sera revêtu de majesté royale, et il siégera sur son trône pour gouverner. Il sera aussi prêtre sur son trône. Il y aura une pleine harmonie entre les deux fonctions Zacharie 6.12-13

Voici, j’enverrai mon messager; Il préparera le chemin devant moi. Et soudain entrera dans son temple le Seigneur que vous cherchez; et le messager de l’alliance que vous désirez, voici, il vient, dit l’Éternel des armées. Malachie 3.1

David voulait faire construire un temple, une maison en l’honneur de Dieu. Dieu lui a accordé beaucoup plus que ce qu’il demandait. Pas de temple tout de suite mais plus tard, et surtout la promesse d’une lignée aboutissant à Jésus, le Messie, le Christ, le véritable temple de Dieu.

Et nous, les chrétiens, nous sommes les pierres vivantes de ce temple de Dieu.

Le Temple de Dieu de l’Ancien Testament n’était pas fait pour les hommes mais d’abord pour Dieu seul. Seul le grand prêtre avait accès une seule fois par an à la présence directe de Dieu.

Ce bâtiment était vraiment réservé à Dieu seul. Personne n’y entrait, à part les hommes de la tribu de Lévi, institués pour le service.

Dans le lieu le plus retiré, le lieu très saint, avait lieu, une seule fois par an, une seule rencontre, le jour du grand pardon ou yom Kippour.

Le grand prêtre amenait le sang d’un bélier sacrifié pour les péchés rituels et involontaires, les siens et ceux du peuple.

Le sang répandu sur le couvercle du coffre de l’Eternel, sur les chérubins en or massif représentait à l’avance le sang que Jésus, l’agneau de Dieu verserait pour le péché des hommes, pour le péché de chacun de nous qui avons été graciés par la miséricorde de Dieu.

Une Église a parfois un projet de construction, mais la différence est fondamentale. Le nouveau bâtiment n’est pas d’abord pour Dieu, mais surtout pour elle, pour permettre à ses membres, à ses visiteurs, de s’asseoir confortablement et de vivre ses activités à l’abri du soleil et de la pluie.

Il ya beaucoup plus important. La rencontre avec Dieu pour le pardon des péchés n’est pas limitée à une seule fois dans l’année. Le sacrifice de Jésus sur la croix a eu lieu une seule fois pour toutes.

Nous pouvons nous approcher librement de Dieu, même en dehors de tout bâtiment : ce qu’il veut de nous, ce ne sont pas d’abord nos réalisations, nos bonnes œuvres, mais des coeurs ouverts à sa direction,

Soyons des chrétiens et des chrétiennes qui comprennent qu’ils sont les pierres vivantes de la maison spirituelle de Dieu.

C. Streng

Dieu demeure par son Esprit en qui l’aime et lui obéit

Dieu demeure par son Esprit en qui l’aime et lui obéit avec amour

Au centre du discours d’adieu de Jésus, avant sa passion, dans les chapitres 14 à 17 de l’Évangile de Jean

Dans ce passage de Jean 14.22-26, Jésus promet de demeurer dans ses disciples par son Esprit… Ainsi le Dieu trinitaire (Père Fils et Saint Esprit) et les croyants peuvent s’habiter mutuellement, … être en communion.
Jésus réalisera sa promesse d’envoyer le Saint Esprit, … d’abord pour le cercle restreint des disciples après sa résurrection (20.22), … puis pour tous les croyants à la Pentecôte.

Un survol d’ensemble du chapitre 14

Le chapitre 13. 31-38 conclut l’épisode du lavement des pieds : humilité et amour démontrés de manière pratique

31-33 la glorification de Jésus, c’est la croix
34-35 Le commandement d’aimer
36–38 à Pierre : l’annonce de son reniement
14. 1-26 le discours d’adieu : départ et retour de Jésus …

Thème de base : « Je dois partir pour que l’Esprit vienne. »

En filigrane  que votre cœur ne se trouble pas (v.1)

Et ne soyez pas troublés et n’ayez aucune crainte en votre cœur (v. 27)

1-4 Jésus part pour préparer une place … Et il reviendra
5-7 à Thomas : Jésus, le chemin vers Dieu
8–11 à Philippe : Jésus, la révélation de Dieu
12–14 Jésus, et les oeuvres rendues possibles au croyant
15–17 La venue d’un autre Paraclet
18–21 Le retour de Jésus ressuscité à Pâques
22–25 à Judas/Thaddée : aimer Dieu, garder sa parole
25–26 Le Paraclet enseignant
14:27–31 le don de la paix

Tout le discours est sous-tendu par  » Je m’en vais et je reviens « 

Jean 14.22-26

22 Judas, non pas l’Iscariote, lui dit : Seigneur, comment se fait-il que tu doives te manifester à nous et non pas au monde ? 23 Jésus lui répondit : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure auprès de lui. 24 Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas la mienne, mais celle du Père qui m’a envoyé. 25 Je vous ai parlé ainsi pendant que je demeurais auprès de vous. 26 Mais c’est le Défenseur, l’Esprit saint que le Père enverra en mon nom, qui vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que, moi, je vous ai dit.

Dieu demeure par son Esprit Saint en celui et celle qui l’aime et obéit à sa Parole avec amour

Plan :
I. Ou bien se manifester, ou bien demeurer
II. Aimer Dieu, accueillir Dieu, c’est obéir à sa parole
III. Plaire à Dieu, aimer Dieu, obéir à sa Parole … grâce au Saint-Esprit

Jésus répond à 4 de ses disciples troublés par l’annonce de son départ, de sa mort prochaine. Ce qu’il dit donne déjà quelques pistes sur la manière d’entrer, de rester en relation avec lui. …

A Pierre : tu ne peux me suivre maintenant… Mon chemin passe par la mort et c’est là ma destination. … Mais plus tard après la résurrection, tu pourras me suivre
A Thomas : le chemin vers Dieu, c’est moi seul
A Philippe : connaître Dieu ? C’est me connaître. Je suis dans le Père le Père et en moi

Enfin Judas, … Pas le traitre parti pour faire ses sales petites affaires … mais un autre disciple moins connu : probablement Thaddée (Mt 10.3, Lc 6.16) et sa question :

Comment se fait-il que tu doives te manifester, te montrer, à nous et non pas au monde ?

I. Ou bien se manifester, … ou bien demeurer

Dans la pensée d’un Juif de l’époque, et aussi des disciples, … le Messie devait se manifester, se montrer … avec la gloire et l’éclat d’un guerrier vainqueur. … Alors le monde entier lui rendrait hommage.
Un Messie souffrant et mourant, … c’était impensable.

Rappelons la réaction de Pierre quand Jésus l’interroge : Qui dit-on que je suis ?

D’abord : tu es le Christ (le Messie) le Fils du Dieu vivant.
Puis à l’annonce de la passion ‘non cela ne t’arrivera pas’. … Sous entendu, … « tu as tous les moyens de te défendre, d’échapper à la mort »

Judas/ Thaddée se demande donc pourquoi Jésus va se manifester, se montrer en privé, aux disciples seulement. … Alors que dans sa vision des choses, cette manifestation pourrait montrer au monde entier le Messie vainqueur, le Christ en gloire.

Si tu te montres dans ta gloire, tout le monde le verra, … pas seulement nous, tes disciples. … Le royaume de Dieu … avec Jésus, son roi messianique … doit arriver dans une splendeur irrésistible qui surprendra le monde entier.

Imaginons les disciples se rappelant les événements qui viennent de se passer …
Souvenir de l’épisode des Rameaux, il y a moins d’une semaine. … Regret que le Christ ait volontairement fait rater la suite splendide qu’on aurait désirée

Entrée glorieuse du Messie, … mais petit bémol : sur un âne, pas sur un cheval comme les rois victorieux

Changement de direction malencontreux …: pas vers la forteresse Antonia, siège de la garnison romaine, … pour chasser les Romains et manifester son pouvoir irrésistible et glorieux …
Mais vers le Temple, la maison de son Père, … pour régler quelques problèmes avec les marchands. Au risque de la condamnation et de la mort.

Quand Jean écrit son évangile, c’est vers la fin du 1e siècle. Il a donc une vue d’ensemble des événements … de cette semaine particulière de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ.

Mais ce jeudi, avant veille du sabbat de la Pâque, tout n’est pas dit. … Tout est encore possible. … Jésus pourrait échapper à la mort qu’il a annoncée plusieurs fois … s’il choisit de se manifester comme Messie glorieux.

Seulement … ce n’est pas ce que Jésus a choisi.

Se manifester, se montrer, … mais où … et comment ?

Si tu fais ces choses, disaient ses frères incrédules à Jésus, manifeste-toi au monde  Jean 7.4

Dans les croyances des peuples anciens, il était essentiel que la divinité et son habitation soient bien visibles. … D’où, les grandes statues d’idoles (Moloch) , les immenses bâtisses (les ziggourats comme la tour de Babel)

Et pour le Dieu invisible d’Israël, …. eh bien c’est le Temple qui devait se voir.

Notons le bien : en fait, Dieu se serait contenté du tabernacle, de la tente du désert, en poil de chèvre. … Il en avait donné le modèle.
Je me suis déplacé avec une tente pour demeure …Ai-je dit :  Pourquoi ne me bâtissez-vous pas une maison de cèdre ?  (Extrait de 2 Sam 7.6-7)

Quant au Temple construit par Salomon, Dieu l’a accordé, disons toléré. … Mais il a bien spécifié qu’en cas d’infidélité, d’idolâtrie, il le laisserait détruire comme le reste…

Mais si jamais vous vous détournez de moi, je chasserai de ma vue la maison que j’ai consacrée pour mon nom Extrait de 1 Rois 9.6-7

Alors le Temple, … considéré par beaucoup de Juifs idolâtres comme leur idole protectrice, … a été détruit en 586.

Ils répétaient comme une litanie
… C’est ici le temple du SEIGNEUR, le temple du SEIGNEUR, le temple du SEIGNEUR ! …

Nous sommes délivrés ! … Ils s’imaginaient que Dieu repousserait à coup sûr l’armée babylonienne entourant Jérusalem (Extraits de Jérémie 7. 3 et 9).

Et aujourd’hui ? … Aux yeux de beaucoup de gens, même incroyants ou indifférents, c’est toujours le bâtiment qui compte le plus. … La cathédrale a plus d’allure et sans doute plus d‘impact que la petite église de village.

Certains cercles évangéliques ont tendance à mettre en avant leurs 1000 places de cinéma ou de centre commercial aménagé. … Serait-ce une preuve de qualité spirituelle plus grande que celle d’ une réunion de maison de 4 ou 5 personnes ?

Où Dieu choisit-il  alors de manifester sa présence, de faire sa demeure ?

Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, (il obéira à ce que j’ai dit Semeur) et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure auprès de lui (chez lui Semeur) v. 23

Le verbe demeurer, pour la présence du Père et du Fils avec le croyant, … C’est le même que celui du v. 2, ‘les demeures dans la maison de mon Père’ réservées aux croyants

Dieu aime ceux qui aiment le Christ. Dieu et le Christ viennent à eux et font leur « maison » en eux.

Dieu se révèle dans un coeur qui l’aime et qui l’accueille. … Il se fait connaître à la personne qui garde sa parole, qui obéit à ce qu’il a dit, … à des frères et sœurs chrétiens qui se réunissent pour l’adorer, pour faire sa volonté.

Dieu ne réside pas dans un bâtiment vide, en lui-même, si beau et grand soit-il. … Même s’il est utile, voire nécessaire pour le confort des personnes qui s’y rencontrent.

Ce ne sont pas les murs, les pierres, les agglos qui sont consacrés à Dieu … mais L’Eglise, réunion des croyants, des saints qui ont donné leur vie à Dieu

II. Aimer Dieu, accueillir Dieu, … c’est obéir à sa parole

Le v. 23 reprend le v. 15 Si vous m’aimez, vous suivrez mes enseignements et aussi le v. 21 Celui qui m’aime vraiment, c’est celui qui retient mes commandements et les applique.

Pour discerner la position spirituelle d’une personne, on lui demande parfois : « Croyez vous en Jésus, lui faites -vous confiance ? Ce n’est qu’un début nécessaire. …
Il faut aller plus loin : « Aimez-vous Jésus ? lui obéissez-vous ? …

L’amour doit produire l’obéissance … et l’obéissance doit jaillir de l’amour

Etre chrétien : pas d’abord une question d’actions, mais d’amour.

Aimer Dieu, c’est s’engager à suivre Jésus. … Chercher à comprendre le sens profond du message qu’il a donné. … Pour l’appliquer avec amour et discernement, … en tenant compte des personnes et de leur situation particulière.

C’est respecter les 10 commandements, … pas seulement pour se conformer à des règles de moralité nécessaires dans la vie sociale. … Mais dans le sens profond d’une relation personnelle indiquée par … Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur… et ton prochain comme toi-même.

Les respecter non seulement au premier degré : ne pas tuer, ne pas voler, c’est évident. … Mais dans l’intimité de l’être intérieur : rejeter les pensées secrètes, destructrices, envieuses ou jalouses … qui éclatent parfois dans les paroles, … les blagues douteuses ou racistes.

Mais sans légalisme : une manière de donner la priorité à ce qui se voit

Les pharisiens du temps de Jésus respectaient les commandements … jusqu’à compter la dime, la 10e partie de la menthe et du cumin … (plutôt long et difficile à calculer) … mais sans amour. … Ils guettaient « la faute » de celui qui ne respectait pas le sabbat et se permettait, ce jour là de guérir quelqu’un

La qualité de la vie de foi d’une personne ne s’évalue pas aux aliments qu’elle consomme, au type ou à la couleur du vêtement qu’elle porte.
Combien de messages n’a-t-on pas entendus dans certaines communautés sur ce que qu’on peut appeler ‘les longueurs de jupes’ … Les personnes présentes avaient une tenue tout à fait correcte. Ou alors un couple chrétien qu’on culpabilisait tellement qu’il laissait ses enfants en bas âge seuls dans l’appartement … pour ne manquer aucune des nombreuses réunions de semaine. Ou encore,  le reproche fait à une jeune ouvrière de mettre un pantalon. Dans son entreprise, elle portait de lourdes charges sur des échelles

Le véritable amour pour le Christ se manifeste toujours dans une obéissance fidèle, reconnaissante et humble.

III. Plaire à Dieu, aimer Dieu, obéir à sa Parole … grâce au Saint-Esprit

Mais c’est le défenseur, l’Esprit saint que le Père enverra en mon nom, qui vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que, moi, je vous ai dit. (v. 26)

Paraclet : un mot riche de sens

Paraklètos : le terme grec original pour désigner le Saint-Esprit : « appelé auprès de ».

Les versions catholiques le laissent tel quel. … D’autres le traduisent mais la traduction affaiblit la richesse du sens.
Un exemple : dans Darby, Nouvelle Edition de Genève (protestants) Crampon  (catholique) « Consolateur » Cela donne l’impression malencontreuse de concerner surtout des cas particuliers, pas des situations normales. … Toute la vie n’est pas « une vallée de larmes »

Le paraclet, une personne influente

Dans sa signification complète, le paraclet est une personne influente. … Elle pouvait être appelée à comparaître devant un tribunal pour défendre les intérêts ou la cause d’une autre personne

Le paraclet, une aide pour le témoignage

Le paraclet, l’Esprit Saint aide les disciples, les chrétiens dans leur témoignage, … puisque son témoignage se fait à travers le leur.

Quand le Défenseur sera venu, celui que je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité qui vient du Père, il rendra lui-même témoignage de moi.  Et vous, à votre tour, vous serez mes témoins, car depuis le commencement vous avez été à mes côtés. (Jean 15:26-27

Le Paraclet, le « représentant » de Dieu.

Jésus a donc été le premier paraclet, le premier représentant, envoyé de Dieu. … Le Saint-Esprit est l’autre paraclet, comme l’indique le verset 15. Il dirige le croyant dans sa prière et lui permet d’obéir aux commandements du Seigneur.

Le Saint Esprit pour toute l’Eglise, … pour la communauté des croyants

Le contexte du chapitre 14. 15-17, 26 s’adresse à l’ensemble des disciples, (vous). Le Saint-Esprit … et tout ce qui se rapporte à lui … concerne toute l’Eglise dans son ensemble.

L’expérience personnelle de l’individu doit s’intégrer dans cet ensemble.

L’Esprit n’est pas seulement médiateur entre le Père et le Christ élevé aux cieux … et les croyants sur la terre. … Il fait aussi le lien entre les actes et les paroles de Jésus avant la résurrection et la situation de la communauté des croyants, la situation de l’Eglise depuis la Pentecôte, … au cours de siècles et jusqu’à aujourd’hui

Quelques observations de Fred Craddock (*), un expert en théologie pratique

-« L’Esprit est donné, il n’est pas obtenu. … On ne peut pas acheter l’Esprit comme Simon le magicien (Actes 8, 18-19). On ne peut pas non plus l‘obtenir par la méthode « pas à pas » d’un certain enseignement contemporain. …
– Avoir l’Esprit ne donne pas le droit d’ignorer ou de rejeter le Jésus historique des Évangiles, sous prétexte que l’Esprit a été envoyé en son nom. … Le «  moi tout seul et Dieu » de certaines expériences est une coquille vide. »

L’Esprit instructeur, plus que simple remplaçant.

Il n’apporte pas de nouvelle révélation. … Sa fonction, c’est rappeler ce que Jésus a dit, a fait … Et permettre aux chrétiens, aux disciples de le comprendre.

Quelques aspects du rôle de l’Esprit

Le Saint-Esprit rappelle ce que Jésus a dit, … mais pas seulement. … Il révèle la signification de ses paroles et de ses actes … dans les conditions et les circonstances particulières où elles s’appliquent

Un exemple :
A deux reprises, après la résurrection, les disciples se sont rappelé les paroles du Christ

… D’abord à propos de la destruction du Temple, après l’expulsion de marchands

Ses disciples se souvinrent qu’il est écrit : La passion jalouse de ta maison me dévorera’ une allusion au Psaume 69.10 (Jean 2.17),

Quand donc il se fut réveillé d’entre les morts, ses disciples se souvinrent qu’il disait cela ; ils crurent l’Écriture et la parole que Jésus avait dite (Jean 2.22 ) ,

… Ensuite, près la glorification de Jésus, ils se aussi sont souvenus de son entrée triomphale à Jérusalem … et des Ecritures qui éclairent le sens de l’événement

Sur le moment, ses disciples ne comprirent pas ce qui se passait, mais quand Jésus fut entré dans sa gloire, ils se souvinrent que ces choses avaient été écrites à son sujet et qu’elles lui étaient arrivées. (Jean 12.16)

Pour conclure, voyons en quoi  le v. 24 nous concerne

Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas la mienne, mais celle du Père qui m’a envoyé.

Le défi est lancé : Aimons-nous vraiment Jésus ?

Celui qui n’aime pas Jésus ne conforme pas sa vie à son enseignement.
Qui est le Seigneur de ma vie ? Qui est le Seigneur de votre vie ?
Si le Christ est le Seigneur de ma vie, le Seigneur de votre vie, alors nous obéirons avec amour à ses paroles

« Que ta volonté soit faite » Disons le aujourd’hui à Dieu et mettons le en pratique
Mais si nous refusons de le dire et de le pratiquer aujourd’hui , alors quand nous paraitrons devant lui, Dieu dira « que ta volonté soit faite »

C. Streng

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