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L’appel d’un peuple choisi, aimé par Dieu

L’appel d’un peuple par Dieu

Vous êtes en effet un peuple qui appartient en propre au Seigneur votre Dieu.
C’est vous que le Seigneur a choisis, parmi tous les autres peuples de la terre,
pour être son bien le plus précieux
Deutéronome 7.6

L’appel de Dieu à son peuple, Israël, est une sorte de fil rouge. c’est une ligne de force dans l’ensemble de la  Bible.
Dieu veut  une relation avec son peuple et il désire qu’Israël, le peuple hébreu le choisisse comme son Dieu.
Les Hébreux reçoivent ici plus qu’un ordre. C’est une déclaration qui donne un sens à leur existence.  Ainsi Dieu nous donne de  comprendre au moins deux choses :

1. Dieu aime son peuple

Cet amour est la source de toute chose, comme le montre la venue de Jésus Christ.  Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais qu’il ait la vie éternelle Jean 3.16.

Le livre du Cantique des Cantiques  le rappelle aussi par analogie avec l’amour d’un fiancé pour  sa fiancée.

L’image du couple, de la mariée et du mari,  va représenter la relation entre le peuple et son Dieu.  « Tu n’auras pas d’autres dieux » le montre aussi.

 2. Le libre arbitre de Dieu

Dieu choisit souverainement ; son choix  n’est pas en lien avec un mérite quelconque du peuple. Mais c’est bien plutôt un engagement inscrit depuis le début de la création.
Nous retrouvons dans le texte ces deux éléments qui rappellent  ce qui motive le choix de Dieu

Le Seigneur votre Dieu va vous conduire dans le pays dont vous devez prendre possession. À votre approche,
il en chassera des peuples nombreux…

Ne concluez aucun traité avec eux.
Ne vous alliez pas à eux par des mariages…Sinon ces étrangers entraîneraient vos descendants à se détourner du Seigneur
pour adorer d’autres dieux.

Vous êtes en effet un peuple qui appartient en propre au Seigneur votre Dieu. C’est vous que le Seigneur a choisis, parmi tous les autres peuples de la terre, pour être son bien le plus précieux.

Et il se montre « jaloux », de ce bien, prêt à le défendre et à le protéger.

Si le Seigneur s’est attaché à vous et vous a choisis, ce n’est pas parce que vous étiez un peuple plus nombreux que les autres. En fait vous êtes un peuple peu nombreux par rapport aux autres, mais le Seigneur vous aime, et il a accompli ce qu’il a promis à vos ancêtres : grâce à sa force irrésistible, il vous a fait sortir du pays où vous étiez esclaves…

Reconnaissez que le Seigneur votre Dieu est le seul vrai Dieu. Il maintient pour mille générations son alliance avec ceux qui obéissent à ses commandements, il reste fidèle envers ceux qui l’aiment ; mais il se dresse sans tarder face à ceux qui le haïssent, et il les fait mourir.
Prenez donc au sérieux les commandements…

Deutéronome 7. 1-11

3. La naissance d’une nation

Le verbe  aimer résonne  ici de manière particulière. C’est suite à l’amour de Dieu que l’on assiste à la naissance du peuple hébreu.
Cet amour se décline par la fidélité à de Dieu à ses promesse et à son alliance, par le don de sa loi, par ses avertissements, par la protection que Dieu accorde, par ses jugements

Devenir la nation de Dieu est un processus.

Traversée de la Mer des Roseaux avec Moïse

Quarante ans dans le désert ont été nécessaires pour passer de l’état d’esclaves à celui d’hommes  libres, passer des règles égyptiennes à celles de Dieu, d’une mentalité à une autre etc.  Cela s’apprend. Quand nous passons des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, du monde au peuple de Dieu, il nous faut aussi apprendre cette nouvelle identité et la vivre.

Pour ne pas arrêter notre processus de croissance et risquer le renfermement sur nous-mêmes, l’étroitesse d’esprit, la confusion entre nos idées et celles de Dieu, l’exclusion de ceux qui sont différents, il nous faut connaître les risques qu’ont rencontrés les Hébreux

Une double difficulté :

– D’abord l’influence religieuse des peuples qui les environnaient,
– Ensuite,  avoir un Dieu unique, et surtout un Dieu qu’on ne voit pas, qu’on ne peut pas représenter, n’est pas forcément facile à vivre.

Les tentations extérieures, les influences de ce monde sont tout aussi fortes à notre époque. Servir un Dieu qui ne se voit pas dans un monde où l’image a une telle force n’est pas toujours simple.

Faire la volonté de Dieu par amour

C’est l’amour qui nous permet d’accomplir la volonté de Dieu décrite dans sa parole. Et cet amour nous est donné gratuitement par Dieu en Jésus-Christ…  Quand Dieu appelle, il équipe aussi dans la mesure de notre disposition d’esprit.

Faire partie du peuple de Dieu nous stimule pour vivre les commandements du Seigneur, pour l’aimer et pour aimer notre prochain. C’est notre réponse au choix de Dieu et à son amour en notre faveur.

L’Église, un peuple appelé par Dieu

Vous, au contraire, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière.

Vous qui autrefois n’étiez pas un peuple, et qui maintenant êtes le peuple de Dieu, vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde, et qui maintenant avez obtenu miséricorde.

1 Pierre 2:9

L’expression « ceux que Dieu s’est acquis » signifie littéralement « possession » ou « acquisition ».
L’Église est l’acquisition de Dieu, sa possession, son bien propre.
Ce même mot se retrouve souvent pour parler d’Israël :

Maintenant, si vous écoutez ma voix et si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez en propre entre tous les peuples, car toute la terre est à moi.

Exode 19.5

Car tu es un peuple saint pour l’Éternel ton Dieu; l’Éternel, ton Dieu, t’a choisi pour que tu sois un peuple qui lui appartienne en propre parmi tous les peuples qui sont à la surface de la terre.

Deutéronome 7.6

Dans le Nouveau Testament, l’Église est vue de la même manière. Elle est le bien de  Dieu, le peuple que Dieu s’est acquis :

Veillez donc sur vous-mêmes et sur tout le troupeau de l’Église que le Saint-Esprit a confié à votre garde.
Comme de bons bergers, prenez soin de l’Église de Dieu qu’il s’est acquise par son sacrifice.

Actes 20:28

L’Église, l’héritage de Dieu

Cette réalité doit nous encourager quant à notre piété et à notre espérance.

un privilège

L’Église est la nouvelle humanité « Je serai votre Dieu et vous serez mon peuple » ! Par l’œuvre de  Jésus-Christ,  Dieu est devenu « notre Dieu ».

Nous ne devons notre existence qu’à la volonté de Dieu

Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés. Actes 2.47

et à sa miséricorde

Mais vous êtes une race élue, une communauté de rois-prêtres, une nation sainte, un peuple que Dieu a libéré pour que vous célébriez bien haut les œuvres merveilleuses de celui qui vous a appelés à passer des ténèbres à son admirable lumière.

1 Pierre 2.9

L’Église pour nous ?

S’il nous semble parfois difficile d’être le peuple de Dieu, nous sommes invités  en Eglise à regarder plus haut. Et avec le recul de la foi, nous pourrons voir le dessein de Dieu dans l’histoire du monde, dans notre histoire de vie également.

La reconnaissance s’impose ; la foi est appelée à grandir. La raison d’être de notre vie est de briller face à l’incrédulité de notre monde et à la prétention orgueilleuse de l’homme qui déclare être la mesure de toutes choses. Nous, nous voulons affirmer : Dieu est souverain, il est aimant et appelle un peuple à le suivre !

M. Schneider

Découvrir la Bible et la foi protestante

Découvrir la Bible, un livre pas comme les autres

On n’aborde pas l’Ecriture Sainte comme un livre ordinaire. En effet, elle  est  composée de 31102 versets. Ils sont regroupés en 1189 chapitres, pour former 66 livres. Sa rédaction s’étale sur une période d’environ 1600 ans. Les livres qu’elle contient ont été écrits par 40 auteurs, de races et de cultures différentes : des rois, des bergers, des intellectuels, des gens du peuple sans instruction.

Elle se divise deux grandes parties

L’Ancien Testament (AT) est composé de  39 livres. Ils sont  écrits essentiellement en hébreu (à l’exception de quelques passages en araméen).

Le Nouveau Testament (NT) comprend  27 livres écrits en grec.

L’inspiration des Ecritures

A travers les siècles, les savants ont attesté l’authentique inspiration divine des Ecritures. Les savants juifs l’ont fait pour l’Ancien Testament et les Pères de l’Église pour le Nouveau Testament.

La Bible se démontre par elle-même.  La personne qui met en pratique ce qu’elle a lu fera l’expérience que Dieu réalise ce qu’Il a promis. Dieu honore toujours sa Parole (Hébreux 10:23)

L’inspiration de l’Ancien Testament

Pour les rabbins juifs d’aujourd’hui, seuls sont inspirés les livres qui étaient lus dans les synagogues au début de l’ère chrétienne. Jésus-Christ lui-même s’y est référé de nombreuses fois. Il montrait ainsi qu’il considérait ces textes comme inspirés de Dieu.

L’inspiration du Nouveau Testament

Face à  la prolifération d’Épîtres (Lettres) et Évangiles inauthentiques, de nombreux érudits et théologiens ont fixé le choix des Écritures inspirées.

Le concile de Carthage a reconnu en 397 l’inspiration divine pour 27 livres. Il a donné une liste de livres douteux (apocryphes) d’inspiration seulement humaine et une autre liste de livres hérétiques avec de graves erreurs doctrinales.

La relation Ancien / Nouveau Testament

Au centre de l’Ancien Testament

  • L’alliance de Dieu avec un homme (Abraham) puis un peuple (Israël)
  • Le mont Sinaï, d’où Dieu communiqua la Loi comme guide pour son peuple

Au centre du Nouveau Testament

  • La nouvelle alliance annoncée par Jérémie 31, avec Jésus-Christ, comme source et conducteur de l’Église
  • La croix où Dieu manifesta sa justice et son amour à l’humanité

La foi chrétienne protestante selon l’enseignement de la Bible

Elle est révélée par l’Écriture sainte seule, (« sola scriptura » = l’Ecriture seule).

A la base de la foi chrétienne, la Parole de Dieu

Les réformateurs du 16ème siècle (Luther, Calvin) ont vécu une véritable illumination. Ils ont découvert que la foi chrétienne n’était pas fondée sur le témoignage des hommes (papes, conciles ou tradition) mais sur le témoignage de Dieu lui-même, de sa Parole.

La Bible, une autorité souveraine et infaillible

L’Ecriture sainte, Parole de Dieu est donc l’autorité souveraine et infaillible. Elle a autorité sur l’Eglise. Si on fait passer la raison ou la science ou la conscience ou encore les expériences ou les sentiments avant la Parole de Dieu, on met ces diverses autorités au-dessus de celle de Dieu.
L’Eglise biblique ne reconnaît qu’une seule autorité : l’Écriture, parce qu’elle seule nous révèle Jésus-Christ.

Dieu seul sauve par sa seule grâce

Le salut par la grâce seule fait le caractère unique de la foi protestante chrétienne. Le salut est un salut gratuit parce qu’il est donné tout entier par Dieu.

Cette grâce a coûté à Dieu le prix de son Fils unique et bien-aimé, car la grâce n’est pas une solution de facilité.

Un salut gratuit mais coûteux

Si le salut est gratuit pour l’homme, pour Dieu il a coûté un prix infini. Il ne faut donc pas rabaisser le salut en prêchant par exemple uniquement l’amour de Dieu, qui « résout tous les problèmes à notre place » tout en évitant de parler de sa justice, de son jugement, de la nécessité de la repentance et des luttes quotidiennes dans la vie chrétienne.

Initiative de Dieu dans le salut de l’homme par Jésus-Christ

La révélation biblique enseigne clairement l’initiative de Dieu dans le salut de l’homme : un salut parfait, définitif et total uniquement par Jésus-Christ.

La grâce se résume en un nom : Jésus-Christ.

Sa naissance, sa vie, sa mort, sa résurrection, son ascension et son retour glorieux contiennent toute la somme de notre connaissance et de notre adoration…

Notre réflexion biblique, comme notre service chrétien s’annulent automatiquement dès qu’ils s’ éloignent de ce point unique et central de référence pour lui préférer quelque chose d’apparemment plus accessible comme l’Eglise et ses traditions (même évangéliques), le sentiment religieux, les expériences.

Notre incrédulité s’introduit jusqu’au cœur de la foi par des ajouts qui nous donnent l’illusion que nous pouvons participer à notre salut ou l’améliorer.

La grâce est accordée par le moyen de la foi

C’est ce que la Réforme a exprimé par « sola fide » = par le moyen de la foi seule.
Il ne s’agit pas ici d’une adhésion intellectuelle ou sentimentale mais comme le dit Paul :

« C’est en croyant du cœur qu’on parvient à la justice et en confessant (= en témoignant) de la bouche qu’on parvient au salut » (Romains 10.10).

Luther, le réformateur allemand du 16e siècle disait :
« la foi n’est pas ce rêve humain que certains confondent avec elle ; mais la vraie foi est une œuvre de Dieu en nous, qui nous transforme et nous régénère par la force de Dieu, fait de nous des hommes dont le cœur et toutes les facultés sont totalement changées par la force du Saint-Esprit ».

Foi-croyance et foi-confiance

Il ne faut pas confondre la foi-croyance (croire que la révélation de la Bible, Parole de Dieu, est vraie) et la foi-confiance, (engagement personnel conscient à croire ces vérités et à y conformer sa vie) . La foi est aussi obéissance à la Parole de Dieu, sans ajouter des élément naturels ou religieux.

Rien n’est plus contraire à l’homme surtout religieux que de trouver sa satisfaction en Jésus-Christ seul. Il veut toujours jouer son rôle ou au moins conserver quelques appuis naturels.

Ce ne sont pas nos œuvres, l’accomplissement de nos « devoirs religieux » nos expériences ou nos sentiments religieux qui nous sauvent, mais la foi seule en Jésus-Christ seul. C’est cette foi créée en nous par le Saint-Esprit qui permet d’accomplir les « œuvres bonnes » (Éphésiens 2.8-10)

Un livre présentant le canon biblique

D’où vient la Bible ? Est-elle fiable ? par Sylvain Romerowski

Ce livre montre comment s’est constitué le canon biblique, c’est à dire comment ont été choisis les livres qui constituent l’Ancien et le Nouveau Testament. Il montre aussi pourquoi les textes de l’Ecriture sont dignes de confiance.

Il peut intéresser des membres des Eglises, ou des personnes désirant mieux connaître l’histoire des textes bibliques6.

C.Streng

Estime de soi, estime de l’autre, relations avec autrui McGrath A. & J.

L’estime de soi est-elle légitime pour le chrétien ?

L’estime de l’autre est vivement recommandée au chrétien : « Tu aimeras ton prochain comme toi même » (Mt 22.39, Mc 12.31, Lc 10.27). Mais s’estimer soi même est-il légitime ?
C’est tout le dilemme posé par le livre Estime de soi, estime de l’autre (Editions Excelsis, 2002) écrit par Alistair  McGrath théologien et sa femme Joanna, psychothérapeute clinicienne.

Qu’est ce que l’estime de soi ?

C’est s’évaluer soi-même selon une échelle des valeurs. Cela semble la réaction humaine inévitable à l’image que chacun perçoit de soi-même et que les autres lui renvoient ou qu’il croit recevoir d’eux. Elle est plus nuancée que l’amour propre qui ressort plutôt du domaine de la réalisation et de l’ambition personnelles.

Image positive de soi et humilité chrétienne

La relation d’aide désire « libérer les individus de l’habitude paralysante de se dévaloriser à tort » mais la construction d’une image positive de soi ne risque-t-elle pas de nier la réalité du péché et la nécessité de l’humilité ?

Tendances opposées

Telle est la position de certains théologiens (1) opposés à juste titre à des mouvements de réalisation de soi anti ou pseudo chrétiens, tels que « la pensée positive » (2) . Ils jugent l’estime de soi » comme un prétexte pour s’adorer soi-même » alors qu’il faudrait se « considérer comme des criminels et se mettre à mort chaque jour ».

Degré minimal d’estime de sa personne

La question se pose alors du degré minimal d’estime de soi ressentie par des enfants victimes de graves malformations faciales, toujours défigurés malgré la chirurgie esthétique. Ils ont une image de soi dévalorisée, relayée par les regards et parfois les moqueries des autres.

On ne peut qu’approuver la réponse des psychothérapeutes. Ils font grandir l’estime de soi de ces enfants en leur faisant développer des aptitudes particulières, sportives ou autres pour compenser les effets dévastateurs de la malformation, et les aider à s’intégrer dans un groupe.

Limites du dénigrement

Ainsi, ce dénigrement absolu de la personne (se considérer comme des criminels), cette exigence d’humiliation volontaire (se mettre à mort chaque jour) demandés à quiconque sur le plan spirituel, ont-ils lieu d’être érigés en exigences absolues pour ceux dont l’appréciation personnelle, loin d’être une adoration de soi-même, avoisine déjà le degré zéro.
L’infirmité, la malformation, le chômage prolongé, provoquent déjà trop souvent une sorte de « mort sociale » ; faut-il y ajouter une mise à mort personnelle calculée donc légaliste qui se surajouterait, pour le chrétien converti, à l’œuvre du Christ

Equilibre à maintenir

S’estimer soi-même ne signifie pas obligatoirement s’adorer, et « se considérer comme des criminels » peut avoir des effets pervers chez des chrétiens incités par un enseignement abusif à se dévaloriser totalement et rendus de ce fait incapables d’exercer des dons utiles pour l’Eglise ou la société.

De plus les tenants de ce rejet de l’estime de sa personne se l’appliquent-ils d’abord sans réserve à eux-mêmes alors que leur position d’écrivains chrétiens réputés leur confère une notoriété très valorisante en soi.

Résolution des tensions par la croix du Christ

La croix du Christ rend possible la résolution de ces tensions entre une image négative et une image positive de soi car elle fait passer le croyant de la séparation d’avec Dieu à l’attachement à Dieu.
Et le thème de la « valeur humaine personnelle » est présent dans de nombreux passages de la Bible.

Concept de soi et relation avec les autres

C’est par la conscience de soi, liée au développement du langage, que chacun possède un concept de soi(3) qui se développe dans la relation avec les autres.

L’estime de soi résulte de l’évaluation globale de la personne qui se sent plus ou moins acceptable. Elle éprouve des sentiments agréables ou désagréables dans sa manière de réagir au jugement des personnes qui comptent dans sa vie.

Composants de l’estime de soi

Rôle social, amour d’autrui, et désir d’éternité sont les composants de l’estime de soi. Le rôle joué dans le contexte social se manifeste par la capacité d’effectuer des réalisations, en relation avec les autres.

Il contribue à l’intégration sociale et participe au sentiment d’appartenance. Les camps de concentration ont condamné de nombreuses personnes à la mort sociale en les privant de ce rôle.

Amour d’autrui et désir d’éternité

Autant et plus que la réussite sociale, l’amour d’autrui préserve l’estime de soi et peut atténuer les effets de l’échec.
Le désir d’éternité s’exprime par le désir de laisser derrière soi quelque chose de plus durable que la fragile satisfaction due à l’œuvre accomplie ou à l’approbation de quelques personnes.

On recherche alors « un critère immuable et absolu d’acceptabilité », peut-être celui « d’être digne de l’amour d’un Être Eternel ».
L’importance accordée à l’estime de soi varie selon l’interprétation que chacun en fait.

Echecs et image de soi négative

On peut expliquer un échec par une cause externe ou par une défaillance personnelle. Mais attribuer tout échec exclusivement à des carences internes à la personne favorise une estime de soi négative cyclique.

« Je ne réussis jamais parce que je suis stupide … ». « Je dois être stupide, puisque je ne réussis jamais ». On refuse donc un effort jugé d’avance inutile.

Mauvaise santé, soumission excessive, crédulité envers les jugements négatifs, instruction médiocre et « tendance à dénigrer les autres » pour se protéger par compensation caractérisent une estime de soi négative qui peut aller jusqu’à des troubles psychiques.

Troubles de la personnalité

  • La personnalité fuyante « souffre d’une faiblesse chronique de l’estime de soi » et voit dans les autres « des adversaires potentiels ».
  • La personnalité narcissique se sent supérieure. Elle utilise les autres pour arriver à ses fins, tout en ayant besoin de recourir aux psychiatres
  • La personnalité anxieuse construit des scénarios pour anticiper une situation jugée dangereuse. « Se préserver …et éviter tout danger » ou remise en question gêne la maturité et de saines relations, sans égocentrisme
  • La personnalité atteinte du syndrome de persécution a des idées délirantes, rebelles à « toute argumentation. Elle construit un système de défense très élaboré pour préserver son estime de soi menacée de désintégration »

Dépressions

Une dépression plus ou moins durable peut être déclenchée par des événements, maladie ou mort d’un être cher, perte d’emploi.

La dépression chronique est liée à une faible estime de soi. Par exemple sentiment de rejet, de dévalorisation chez des femmes orphelines de mère dans l’enfance, manquant d’intimité conjugale ou sans profession(4).

La dépression perturbe mémoire, concentration, réflexion et relations sociales et peut aboutir à la haine de soi.

L’absence de la mère pendant la petite enfance semble déterminante dans le risque de dépression. On peut le constater dans les trois stades de réaction de bébés hospitalisés : protestation avec pleurs et recherche de la mère, désespoir, détachement avec repli sur soi.
Attachement ou séparation interviennent donc entre estime de soi et fonctionnement de

la personnalité. Cependant, une relation parfaite avec les parents n’est pas indispensable et son absence n’explique pas tous les troubles psychologiques éventuels.

 

Notes

(1) Jay Adams et Paul C. Vitz
(2) Norman Vincent Peale et Robert H. Schuller
(3) Une image de soi
(4) Selon une enquête réalisée auprès d’ouvrières d’usine anglaises

En savoir un peu plus sur les  Troubles de la personnalité (borderline, évitante …)

C. Streng