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Actes prophétiques du Christ avant la Passion

Trois actes prophétiques du Christ : la résurrection de Lazare, l’entrée à Jérusalem, la purification du Temple

Au moment de son arrivée définitive à Jérusalem, avant la passion, Jésus-Christ va poser trois actes prophétiques. Ils sont témoins de la réalité du royaume de Dieu en sa propre personne : la résurrection de Lazare, l’entrée triomphale à Jérusalem et la purification du Temple.

Thèmes de la littérature juive et de la prophétie de Zacharie père de Jean-Baptiste

La littérature juive à propos du royaume présente trois thèmes principaux que l’on retrouve dans la prophétie de Zacharie, père de Jean-Baptiste:

Zacharie, son père, fut rempli du Saint-Esprit, et il prophétisa, en ces mots : Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, de ce qu’il a visité et racheté son peuple, et nous a suscité un puissant Sauveur dans la maison de David, son serviteur. (Luc 1.67-69).

Le premier est l’espoir eschatologique que Dieu interviendra dans les affaires des hommes ; le second, que la restauration de la puissance politique d’Israël sera accomplie par Dieu à travers un roi descendant de David, le troisième est la croyance en la résurrection des morts et dans un « Fils de l’Homme » compris comme un Messie surnaturel.

Jésus-Christ donne une dimension spirituelle élargie à cette conception limitée du royaume. Il enseigne et va prouver dans la réalité que l’espoir de l’Ancien Testament est accompli dans sa propre personne et dans sa mission, et pas seulement pour Israël mais pour toute l’humanité.

La résurrection de Lazare, accomplissement l’un des thèmes prophétiques du royaume

Cathédrale d’Uzès; Résurrection de Lazare, Simon de Châlon 1550

La résurrection de Lazare est une illustration ou application de cet accomplissement des thèmes prophétiques du royaume promis.

Ce n’est pas la première résurrection des Évangiles. Il y a eu celle du fils de la veuve de Naïn (Luc 7.11-15) et celle de la fille de Jaïrus (Marc 5.21-43).

Quand le Christ promet à Marthe la résurrection de son frère, ce n’est pas, comme elle le pense pour la fin des temps, mais pour l’immédiat.

En lui disant : « Je suis la résurrection et la vie » (Jean 11.25), il se présente comme ce Fils de l’Homme. Il réalise effectivement cette résurrection des morts, pas dans le futur, mais au moment même. Marthe ne s’y trompe pas. Elle déclare alors qu’il est le Christ, c’est à dire le Messie.

La réaction des chefs juifs

Les chefs juifs non plus d’ailleurs ne s’y trompent pas, mais à une autre niveau. Informés de la résurrection de Lazare, ils organisent rapidement une réunion du sanhédrin. Ils ne mettent pas en doute la réalité du miracle. Ils veulent prendre les mesures qu’ils pensent nécessaires pour juguler un danger qu’ils croient imminent.

Si la population reconnaît Jésus comme roi d’Israël, ils risquent de perdre leur crédit auprès d’elle (tous croiront en lui). Cela pourrait aussi susciter une réaction violente de Rome contre la ville et la nation (Jean 11.46-48). Caïphe alors prophétise, sans en comprendre vraiment la portée, que Jésus doit mourir. Mieux vaut le sacrifice d’un seul homme que celui de toute une nation.

C’est pourtant le plan de Dieu lui-même qu’il annonce malgré son incroyance et son rejet de Jésus : Celui-ci va mourir pour la nation entière et par cette mort, beaucoup trouveront la vie éternelle.

La résurrection de Lazare est ainsi une étape qui prépare le triomphe de Jésus auprès de la foule lors de son entrée à Jérusalem.

Entrée triomphale à Jérusalem

L’entrée triomphale du Christ à Jérusalem est le deuxième acte prophétique : Il entre dans la ville de manière officielle, comme le roi davidique que Dieu a chargé de restaurer la puissance politique d’Israël.

Une entrée comme celle des rois Macchabée

Entrée de Jésus à Jérusalem – Lippo Memmi

Le Christ apparaît comme Simon Macchabée, « entré à Jérusalem en triomphe, avec des acclamations et des palmes » (1 Macchabée 13.51), ou comme Juda Macchabée devant lequel « le peuple, portant… des rameaux verts et des palmes, fait monter des hymnes… » (2 Macchabée 10.7) [1]

Le parallèle est saisissant : rien n’y manque, ni les rameaux, ni même les vêtements jonchant le sol pour servir de tapis, ni surtout les acclamations de la foule tirées du Psaume 118. Le psalmiste rappelle qu’Israël est entouré d’ennemis mais compte sur la protection de Dieu pour sa délivrance.

Pas d’illusions sur les acclamations de la foule

Jésus ne refuse pas ces acclamations mais il en limite la portée immédiate : il ne sera pas le roi guerrier, conquérant qui va chasser les Romains. D’ailleurs, il est monté sur un âne et non sur un cheval.

Mais il ne se fit aucune illusion sur la profondeur des sentiments de la foule. Elle désire que Jésus soit son roi, mais de la même manière que les Galiléens voulaient le faire roi après la multiplication des pains. C’est pour cela aussi qu’il pleure sur la ville, sachant les malheurs qui l’attendent. Il dessèche aussi le figuier pour montrer symboliquement le dessèchement qui attend la nation.

La foule est donc déçue et les autorités politiques de Jérusalem sans doute irritées ou inquiètes : « voici, le monde est allé après lui » (Jean 12.29). Elles craignent de perdre leur crédit auprès du peuple (Matthieu 23.15) et aussi une réaction violente du pouvoir romain.

La purification du Temple

Le dernier acte prophétique du Christ, le plus significatif est la purification du Temple. Il va avoir lieu dans la cour du Temple de Jérusalem. Il constituera un des principaux chefs d’accusation pour le sanhédrin.

Jésus chasse les marchands du lieu réservé à la prière des non Juifs

Jésus chassant les marchands du Temple

Jésus pénètre dans le seul endroit du Temple où les non Juifs, attirés par le monothéisme et la religion juive ont le droit de se tenir pour adorer Dieu. I

l se met à chasser ceux qui vendaient leur disant : « Il est écrit: Ma maison sera une maison de prière. Mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs » (Marc 11.17, cf. Matthieu 21.12-13)

Cette cour est réservée à l’adoration des païens. Elle mesure 450 mètres sur 300. Le marché du temple occupe une bonne partie de la surface. Marchands d’animaux, changeurs d’argent et foule se pressent. Et au moment des fêtes de la Pâque, il y a plusieurs centaines de milliers de personnes.

Une maison de prière pour toutes les nations

Jésus chasse donc les marchands les animaux, et les acheteurs. Ils occupent le peu de place réservée aux adorateurs d’origine païenne. Ceux-ci n’ont pas le droit de dépasser la cour extérieure. Ils n’ont donc pas d’autre choix que de prier au milieu de la foule, des animaux et du brouhaha.

Marc 11.17 Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations reprend Esaïe 56.6-7 :

Et les étrangers qui s’attacheront à l’Éternel pour le servir, Pour aimer le nom de l’Éternel, Pour être ses serviteurs, Tous ceux qui garderont le sabbat, pour ne point le profaner, Et qui persévéreront dans mon alliance, Je les amènerai sur ma montagne sainte, Et je les réjouirai dans ma maison de prière; Leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel; Car ma maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples.

Ce texte d’Esaïe annonce que les étrangers seront acceptés dans le Temple au moment où le Seigneur ramènera son peuple de l’exil.

Le geste de Jésus montre qu’il désapprouve l’attitude d’ Israël : le peuple de Dieu a perdu de vue sa mission de témoignage en faveur de tous les peuples.

La fin du verset « vous en avez fait un repaire de brigands » cite le verset 7 de Jérémie 11 avertissant ses compatriotes. Il se résume ainsi :

Le temple n’a pas un pouvoir magique, ce n’est pas un fétiche qui permet de faire n’importe quoi (v.4 de Jérémie). Si on ne conforme pas sa conduite aux exigences de Dieu, ce n’est pas la peine de venir adorer au temple.

En effet, Jérusalem et le temple seront détruits en 587 avant J.-C. par Nabuchodonosor et le peuple d’Israël emmené en exil à Babylone. C’est donc un avertissement de Jésus à ses propres compatriotes.

Le commerce du Temple, nécessaire mais abusif

Jésus réagit sans doute aussi contre les abus du commerce dans cette cour du Temple.

Au moment de la Pâque, chaque adorateur doit obligatoirement payer un impôt annuel d’un demi-sicle (Exode 30.13). Celui-ci pèse environ 6 grammes d’argent, dans la monnaie spéciale du Temple, la seule acceptée.

Le fidèle doit donc échanger son argent sur place. Il lui faut aussi offrir un animal (agneau, pigeon) en sacrifice. Pour des gens venus de loin, c’est plus facile de l’acheter à l’endroit même.Ceux qui amènent leur propre animal doivent le faire authentifier officiellement et cela coûte cher.

L’argent était échangé à un taux exorbitant. Les animaux vendus ou authentifiés au prix fort. Ce commerce était un monopole des prêtres qui en tiraient un revenu considérable.

Selon certains commentateurs, Jésus procède à cette expulsion pour rendre à l’adoration des non Juifs cette partie de la cour occupée par les animaux, les marchands et la foule des acheteurs. Il veut  permettre au Temple d’être une maison de prière pour tous les peuples (Marc 11.17); ou alors le réserver à une pure et véritable adoration de Dieu.

Mais dans les conditions de l’époque, le marché du Temple était nécessaire à l’exercice du culte. Il permettait d’acquitter sur place l’impôt du temple qui exigeait un change et de se procurer les animaux destinés aux sacrifices. L’adoration au Temple n’a jamais été exempte des abus du commerce lié à l’obligation de se procurer des animaux pour les sacrifices

Une remise en cause du culte sacrificiel ?

Jésus remettait-il en cause dans son principe tout le culte sacrificiel du Temple. Il savait bien que les sacrifices étaient ordonnés par Dieu, que cela exigeait une certaine part de commerce. Il était conscient aussi que son geste pouvait passer pour une attaque contre les sacrifices ordonnés par Dieu, donc contre le culte lui-même.

Un acte prophétique de la destruction du Temple en 70

Les paroles du Christ dites en privé aux disciples « Il ne restera pas pierre sur pierre… » (Marc 13.1) complètent son geste. Ce ne sont pas des paroles de menace mais d’avertissement. Elles rappellent celles qu’il a prononcées lors de la première purification du Temple (Jean 2.18-22). Les Juifs de Jérusalem le comprennent d’ailleurs au sens littéral du Temple d’Hérode.

En fait Jésus parle de lui-même et il met l’accent sur sa mort et sa résurrection (Jean 2.19). Ce sont ces paroles, transformées, qui seront utilisées plus tard pour l’accuser devant le sanhédrin (Marc 14.58 par.; cf. Marc. 15:29).

L’action de Jésus est un acte prophétique. Sous les apparences d’une justice immédiate, elle symbolise la future destruction du Temple en 70. Interprétée comme un symbole de destruction, elle concorde avec les paroles  de Jésus. Il a explicitement annoncé la ruine future du sanctuaire (Matthieu 24.2 Mc 13.2 Luc 19.44; 21.6). Cet acte de Jésus est bien prophétique, mais à l’inverse de l’espérance apocalyptique. Ce n’est pas la restauration de la puissance d’Israël mais sa destruction et celle du Temple qu’il annonce ici.

Un élément déterminant pour l’arrestation du Christ

L’épisode au Temple est probablement un des éléments déterminants pour l’arrestation de Jésus. Il constitue une provocation, non seulement pour les dirigeants, les prêtres, mais aussi, pour tous ceux qui considéraient le sanctuaire comme le lieu approprié où le croyant pouvait offrir les sacrifices ordonnés par Dieu pour le pardon des péchés.

Parler contre le Temple, prophétiser sa destruction était considéré comme un blasphème et conduisait à des sanctions, au moins à la menace de mort (Jérémie 26).

Il est vrai qu’on n’a vu intervenir, ni la garde du Temple, ni la troupe romaine en faction à la forteresse Antonia pourtant toute proche. Il y aurait eu seulement quelques tables renversées…

Le climat d’une période de fêtes comme celle de la Pâque, avec un très grand nombre de pèlerins était effervescent. Il y avait occasion pour des militants nationalistes, de tendance zélote, d’organiser un coup de force. Avec la surveillance des troupes romaines prêtes à intervenir à la moindre manifestation de désordre, il est certain que l’action de Jésus a provoqué l’exaspération des chefs et a conduit à son arrestation.

  1. Les livres Apocryphes de l’Ancien testament ne sont pas inspirés mais ils contiennent des renseignements historiques utiles.

C.Streng

 

Nouvelle création dans le Nouveau Testament

Création et nouvelle création dans le Nouveau Testament par la volonté de Dieu et par sa Parole

Le Christ est intervenu dans la création. Il continue à agir dans la nouvelle création.

33 passages du Nouveau Testament citent Genèse 1 ou y font allusion

Voici quelques exemples significatifs.

Hébreux 11.3 et Jean 1.1-3 rappellent  Genèse 1.1

Par la foi, nous comprenons que l’univers a été harmonieusement organisé par la parole de Dieu, et qu’ainsi le monde visible tire son origine de l’invisible. Hébreux 11.3

Au commencement était celui qui est la Parole de Dieu. Il était avec Dieu, il était lui-même Dieu. Au commencement, il était avec Dieu. Tout a été créé par lui ; rien de ce qui a été créé n’a été créé sans lui. Jean 1.1-3

Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.
Genèse 1.1

2 Pierre 3.5 rappelle Genèse 1.3, 6 et 9

Il y a longtemps par la parole de Dieu, des cieux existaient  2 Pierre 3.5

Dieu dit  Genèse 1.3, 6 et 9

1 Timothée 4.4  rappelle Genèse 1.31

Tout ce que Dieu a créé est bon, et rien ne doit être rejetée si elle est reçue avec gratitude. 1Timothée 4.4

Tout ce qu’il avait fait  était très bon. Genèse 1.3.

L’Évangile de Jean fait écho à Genèse 1

Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu.Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue.
Jean 1.1-5

Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père.
Jean 1.14

Jésus-Christ, Parole de Dieu

Jean identifie Jésus-Christ comme la Parole de Dieu par qui toutes choses ont été faites. Le Christ était là au début, avant même le début de la création. Il est un avec Dieu, le souverain Créateur.

image de Dieu, premier-né de la création, agent créateur de Dieu

Jésus Christ, « image du Dieu invisible »  « premier né de la création » est le lien entre le créateur et la création

Il [Jésus] est l’image du Dieu invisible, Premier-né de toute création.Car en lui toutes choses ont été créées, les choses au ciel et sur terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités; toutes choses ont été créées par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et en lui toutes choses subsistent. Colossiens 1.15-17

Ces deux titres de Jésus-Christ donnent une perspective de la relation qui existe entre la création et la rédemption.
– En tant qu’image de Dieu, Jésus-Christ est le lien entre le créateur et sa création.

– En tant qu’associé au créateur,  Il révèle Dieu à sa création.

Premier-né signifie préexistence et non création

Premier-né ne signifie pas que Jésus soit une créature ou qu’il soit inférieur à Dieu. C’est une expression juive qui implique l’idée de pré existence.

Restauration de l’image de Dieu en l’homme

Puisque Jésus-Christ est l’image de Dieu, le chrétien  est appelé à être rendu conforme au Christ. La seule domination permise au chrétien est celle qu’exerce le Christ; sous la forme d’un humble service.

Le Christ, agent créateur de Dieu

Car c’est en lui qu’ont été créées toutes choses dans les cieux comme sur la terre, les visibles, les invisibles, les Trônes et les Seigneuries, les Autorités, les Puissances. Oui, par lui et pour lui tout a été créé.
Colossiens 1.16

Le Christ est l’agent de l’activité créatrice de Dieu, le cadre de référence de la création. Toutes choses ont été créées par lui, et en lui c’est-à-dire en référence à lui ou en relation avec lui.

Origine du cosmos dans le Christ, pour glorifier le Christ

Il est lui-même bien avant toutes choses et tout subsiste en lui.Il est lui-même la tête de son corps qui est l’Église.
Colossiens 1.17-18

Le Christ n’est pas seulement l’origine du cosmos. Il en est aussi le but.

Toutes choses ont été créées pour lui, c’est-à-dire pour lui être soumises et pour le glorifier. Tout subsiste en lui  (v. 17).
Le verbe au parfait grec exprime une activité qui se poursuit. Toutes choses continuent et tiennent ensemble dans le Christ. Il est le seul fondement de l’unité du cosmos et de son but.

Le Christ est le centre de la création et de la  nouvelle création

Dans la puissance créatrice de ses miracles

L’importance du Christ dans la création se voit dans la puissance créative qui se manifeste dans  ses miracles. Les malades guéris, les morts ressuscités,  les tempêtes calmées, le montrent en train de restaurer l’ordre et l’harmonie dans des corps humains ou les systèmes naturels perturbés.

Dans son enseignement

Voici donc comment vous devez prier :
Notre Père qui es dans les cieux !

Que ton nom soit reconnu pour sacré,
que ton règne vienne,
que ta volonté advienne
sur la terre comme au ciel.

Matthieu 6.9-10

Dieu, avec une simple parole, a créé son royaume sur terre. On peut donc lui faire confiance pour qu’il prenne soin de nous.Jésus enseigne dans le Sermon sur la montagne que son père est souverain et prendra soin de nous

Il nous apprend à faire confiance à Dieu qui prend soin de nous

C’est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez ou de ce que vous boirez, ni, pour votre corps, de ce dont vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement.Voyez ces oiseaux qui volent dans les airs, ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’amassent pas de provisions dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. N’avez-vous pas bien plus de valeur qu’eux ? Matthieu 6.25-26

Le Christ est l’image de la gloire de Dieu

En effet, le même Dieu qui, un jour, a dit : Que la lumière brille du sein des ténèbres, a lui-même brillé dans notre cœur pour y faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu qui rayonne du visage de Jésus-Christ.
2 Corinthiens 4.6

On peut établir un parallèle entre la lumière de la gloire de Dieu sur le visage du Christ, la lumière qui brille aujourd’hui dans nos cœurs, et la lumière qui a brillé dans les ténèbres sur lequel l’Esprit planait à la création (Genèse 1.3).

Création et nouvelle création en Romains 8

J’estime d’ailleurs qu’il n’y a aucune commune mesure entre les souffrances de la vie présente et la gloire qui va se révéler en nous. C’est en effet cette révélation des fils de Dieu que la création attend avec un ardent désir. Car la création a été soumise au pouvoir de la fragilité .Cela ne s’est pas produit de son gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise.

Il lui a toutefois donné une espérance. C’est que la création elle-même sera délivrée de la puissance de corruption qui l’asservit pour accéder à la liberté que les enfants de Dieu connaîtront dans la gloire.

Nous le savons bien, en effet : jusqu’à présent la création tout entière est unie dans un profond gémissement et dans les douleurs d’un enfantement. Romains 8.18-22

Souffrance de la nature,  désir de la fin de l’asservissement

Paul utilise une image étrange : la souffrance de la nature qui aspire avec un ardent désir à un événement qui mettra fin à son asservissement.

Asservissement de la nature à la « futilité «  ou à la « vanité »

Absence de sens, manque de but

Futilité complète, dit Qohéleth,  futilité complète, tout n’est que futilité !
Ecclésiaste 1.2

Car la création a été soumise au pouvoir de la fragilité ; cela ne s’est pas produit de son gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise. Romains  8.20

En contraste avec « telos » (but)  le grec « mataiôtès » (v. 20), traduit par futilité ou vanité  signifie vide, absence de sens et manque de but.>

Vanité ou  « esclavage du périssable » (Ecclésiaste 1.2)

Gémissements et douleurs de l’enfantement

La création rendue incapable d’accomplir son  but est la conséquence directe du désordre commencé en Genèse 3.17.

Celui qui a soumis la création à la vanité, c’est Dieu

Responsabilité de l’humanité : création frustrée par la désobéissance

La responsabilité de la « futilité » revient à l’humanité.
Sa désobéissance empêche l’ordre naturel d’accomplir son but. La création est frustrée de son véritable accomplissement tant que l’homme reste incapable d’apporter sa juste contribution

Cette soumission par Dieu à la vanité n’exclut pas l’espérance.

 Il lui a toutefois donné une espérance : c’est que la création elle-même sera délivrée de la puissance de corruption qui l’asservit pour accéder à la liberté que les enfants de Dieu connaîtront dans la gloire. Romains 8.20-21

Réconciliation avec toute la création, transformation trinitaire de la domination de la terre

Nous le savons bien, en effet : jusqu’à présent la création tout entière est unie dans un profond gémissement et dans les douleurs d’un enfantement. Romains 8.22.

La souffrance présente de la création est celle des « gémissements et des douleurs de l’enfantement ». Finalement ils feront place à la joie et à la plénitude.

Elle n’est pas seule à gémir ; car nous aussi, qui avons reçu l’Esprit comme avant-goût de la gloire, nous gémissons du fond du cœur, en attendant d’être pleinement établis dans notre condition de fils adoptifs de Dieu quand notre corps sera délivré. Romains 8.23

Par la rédemption sera accomplie non seulement la réconciliation de l’humanité rachetée  avec Dieu, mais la réconciliation de l’ordre créé tout entier. La création participe, elle-même, à la « glorieuse liberté » que Paul envisage pour les enfants de Dieu

Le Christ ordonnateur de l’ordre cosmique dans l’Apocalypse

Le Christ témoin de la nouvelle création

Jean, aux sept Églises qui sont en Asie : Grâce et paix à vous de la part de celui qui est, qui était et qui vient, de la part des sept esprits qui sont devant son trône et de la part de Jésus-Christ, le témoin fidèle,
le premier-né d’entre les morts
et le chef des rois de la terre !
Apocalypse 1.4-5

Le Christ créateur, Alpha et Omega

C’est moi qui suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant. Apocalypse 1.8

Le Christ, le Créateur, l’Alpha et l’Oméga , le commencement et la fin, le premier et le dernier (Apocalypse 1.8) est cité par Jean comme  le témoin fidèle (Apocalypse 1.5

Voici ce que dit l’amen, le témoin fidèle et vrai, le commencement même
de la création de Dieu
Apocalypse 3.14

  • comme témoin de la nouvelle alliance, à la Pentecôte, dans l’Esprit
  • Dans l’ancienne alliance dans le nuage de gloire sur le mont Sinaï
  • Dans l’Esprit de gloire de Genèse 1.2.

Espérance dans l’Apocalypse et création dans Genèse 1

Un nouveau ciel et une nouvelle terre remplacent les  premiers (Apocalypse 21, 1a, Genèse 1.1).

Alors je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’était plus. Apocalypse 21.1

Ténèbres (Genèse),  plus de mer (Apocalypse)

Les ténèbres et l’obscurité, de Genèse 1.2, ont leur  reflet en Apocalypse 21.1 a : il n’y a plus de mer dans le nouveau cosmos.

Renouvellement de la création dans son ensemble

Jean promet un nouveau ciel et une nouvelle terre, c’est-à-dire la transformation et le renouvellement de la création dans son ensemble.

Cité divine réconciliant humain et naturel

Je vis la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, descendre du ciel, d’auprès de Dieu,
belle comme une mariée
qui s’est parée pour son époux.

Et j’entendis une forte voix, venant du trône, qui disait : Voici la Tente de Dieu avec les hommes. Il habitera avec eux ; ils seront ses peuples et lui, Dieu avec eux, sera leur Dieu.

Il essuiera toute larme de leurs yeux. La mort ne sera plus et il n’y aura plus ni deuil,
ni plainte, ni souffrance.
Car ce qui était autrefois
a définitivement disparu.

Finalement, l’ange me montra le fleuve de la vie, limpide comme du cristal, qui jaillissait du trône de Dieu et de l’Agneau.

Au milieu de l’avenue de la ville, entre deux bras du fleuve, se trouve l’arbre de vie.
Il produit douze récoltes,
chaque mois il porte son fruit.
Ses feuilles servent à guérir les nations.
Apocalypse 21.2-4, 22.1-2

La Jérusalem céleste, avec un jardin en son centre (un Éden renouvelé et ouvert de nouveau à l’humanité) se révèle comme une cité divine au sein de laquelle l’humain et le naturel sont réconciliés. Walter Brueggeman

C.Streng

Jésus devant le tribunal juif, des infractions à la légalité ?

Jésus devant le tribunal juif après une arrestation rapide

L’arrestation de Jésus, conduite par Judas s’est fait rapidement. La troupe hétéroclite est formée par la police du Temple, des anonymes armés de bâtons et d’épées commandités par les chefs religieux et (peut-être) une centaine de soldats romains (Jean 18.3)

Comme il (Jésus) parlait encore, voici, Judas, l’un des douze, arriva, et avec lui une foule nombreuse armée d’épées et de bâtons, envoyée par les principaux sacrificateurs et par les anciens du peuple.
Matthieu 26.47,  cf.Marc 14.43

Elle appréhende Jésus sans qu’il oppose aucune résistance. Il est conduit devant les autorités judiciaires juives.

Infractions à la légalité au cours du procès

Ni l’interrogateur accrédité, ni le lieu officiel, ni le moment légal de la journée

D’abord Hanne, beau père de l’actuel grand prêtre Caïphe, et qui n’est donc plus officiellement grand prêtre outrepasse ses droits. Il interroge Jésus de nuit, en privé hors de toute séance officielle du sanhédrin (le tribunal juif). C’est illégal, car la loi juive offrait des garanties à l’accusé.

Aucun respect des droits de l’accusé

Présomption d’innocence non respectée

Une particularité curieuse de procédure légale au sanhédrin était que l’homme impliqué était considéré comme absolument innocent et même pas en procès, jusqu’à ce que des témoignages évidents aient été présentés et confirmés. (Leon Morris, The Gospel According to John)

Pas de vérification des témoignages

Jésus rappelle à Hanne qu’il n’a aucun droit de lui demander quelque chose jusqu’à ce que l’évidence des témoignages ait été établie et vérifiée

Le souverain sacrificateur interrogea Jésus sur ses disciples et sur sa doctrine. Jésus lui répondit : J’ai parlé ouvertement au monde ; j’ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple, où tous les Juifs s’assemblent, et je n’ai rien dit en secret. Pourquoi m’interroges-tu ? Interroge sur ce que je leur ai dit ceux qui m’ont entendu ; voici, ceux-là savent ce que j’ai dit. Jean 18.19-21

Témoignages à charge

En justice juive, personne ne peut être contraint à témoigner contre soi-même. Or Hanne, abusant de son autorité, puisqu’il n’était plus officiellement grand-prêtre avait escompté des réponses pouvant servir de témoignage à charge devant Caïphe et le sanhédrin.

Tribunal d’emblée hostile à l’accusé

Ensuite, et toujours de nuit, Jésus est emmené lié devant le sanhédrin présidé par Caïphe. Le président et une bonne partie des membres constituant l’aristocratie des prêtres sont des sadducéens, d’emblée hostiles. Or ces mêmes personnes avaient organisé l’arrestation de Jésus par traîtrise avec l’intention publiquement avouée de le supprimer.

L’un d’eux, Caïphe, qui était souverain sacrificateur (grand-prêtre) cette année-là, leur dit : Vous n’y comprenez rien ; vous ne réfléchissez pas qu’il est dans votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse pas.

Jean 11.49-50

Comparaison entre les procédures légales de la Mishna et les pratiques du Sanhédrin

En comparant les procédures  légales fondées sur les écrits de la Mishna (compilation de la tradition orale et du code législatif, commencée vers 70 et rédigée au 2e siècle) et les pratiques du sanhédrin dans ce procès, l’accusation d’illégalité est évidente.

Dans son livre, « Le procès de Jésus crucifié sous Ponce Pilate », l’avocat J.M. Varaut présente une argumentation à rapprocher du déroulement des faits :

Procès criminel interdits la nuit, le sabbat, la veille de la Pâque

Les procès au criminel ne pouvaient avoir lieu au cours de séances nocturnes et ne pouvaient non plus se tenir le jour des préparatifs du sabbat, soit le vendredi, et moins encore la veille de Pâques.

Condamnation à mort le lendemain du procès

Au surplus, une condamnation à mort ne pouvait intervenir au cours de la même séance et ne pouvait être proclamée que le lendemain du procès.

Le procès de Jésus a bien lieu de nuit, avec une condamnation à mort immédiate.

Cependant, Marc précise qu’une séance de délibération avec le sanhédrin complet a lieu le matin (Marc 15.1). Ceci rétablit une certaine légalité

Ni témoin à décharge, ni défense

Aucun témoin à décharge n’a été entendu et aucune défense n’a été mise à la disposition de l’accusé. L’avocat général Dupin, le premier, en 1828, montrera que les formes de la justice avaient été grossièrement violées dans le procès de Jésus.

Faux témoignages

L’action de Jésus contre le Temple ainsi que ses paroles, dénaturées par les faux témoins ont été à l’origine directe de son arrestation.

Les uns produisent des témoignages discordants, non retenus. D’autres déforment les paroles de Jésus, l’accusant d’avoir déclaré : Je détruirai ce temple.… Comme il avait dit, en fait, » détruisez ce Temple« , les dépositions ne concordent pas.

Tout est joué d’avance

L’audition des témoins se déroule dans une atmosphère délétère, des témoins à décharge n’auraient eu aucun poids. Tout est joué d’avance : il faut  se débarrasser de Jésus le plus rapidement possible.

Jésus ne répond pas.

 Alors le souverain sacrificateur, se levant au milieu de l’assemblée, interrogea Jésus, et dit : Ne réponds-tu rien ? Qu’est-ce que ces gens déposent contre toi ? Jésus garda le silence, et ne répondit rien. Marc 14.60

La question cruciale : es-tu le Christ ?

Cette confrontation ne donne pas les résultats escomptés. Caïphe passe, sans transition, à une autre question :

Es-tu le Christ, le Fils du Dieu béni ? Marc 14.61 et parallèles

La réponse de Jésus, « C’est toi qui l’as dit’ (Mt 26.64) qui renvoie au grand prêtre sa propre interrogation, et surtout la référence au Fils de l’Homme, vont précipiter la condamnation. Le grand-prêtre crie au blasphème en déchirant ses vêtements.

Un verdict unanime

Le verdict est rendu à l’unanimité : « Il mérite la mort ».

qui bafoue…les garanties d’impartialité

Mais … les plus jeunes membres du sanhédrin devaient opiner (voter) avant les anciens afin de ne pas être influencés par eux. Or, Caïphe exprime le premier son opinion sur la culpabilité avant de provoquer un vote unanime. Il y avait pourtant dans le droit criminel juif une disposition qui prévoyait qu’en cas de dérision unanime de culpabilité, l’accusé était immédiatement libéré.

Un geste illégal pour impressionner

De plus, d’après un commentateur anglo saxon, le grand prêtre déchire illégalement ses vêtements. Un juif ordinaire pouvait le faire en signe de d’affliction mais pas les prêtres parce que leurs vêtements avaient été faits selon les directives de Dieu et étaient figuratifs de leur office.

Enfin, selon une règle de la Mishna, nul ne peut être condamné sur son propre aveu.

Un réquisitoire pour demander la mort ou une véritable condamnation à mort ?

Cependant, selon Varaut, il ne s’agit pas de condamner Jésus sur son aveu, mais de constater que ses déclarations sont blasphématoires. Elles ont été prononcées en public, et le public en a été témoin.

Varaut affirme qu’en fait, le tribunal juif n’a pas prononcé une véritable condamnation à mort, mais un réquisitoire à présenter devant Pilate, le gouverneur romain qui possède le jus  gladii, (droit du glaive ou droit de prononcer une condamnation à mort). En effet, depuis l’installation du pouvoir romain en l’an 6, le tribunal juif n’a plus le droit de prononcer des condamnations à mort.

Justice rendue selon le droit juif, ratifiée par l’autorité légale romaine

Les tribunaux juifs, en particulier le  Sanhédrin, continuent à rendre la justice selon leur droit propre, sous la réserve que toute condamnation à mort soit ratifiée par le  procurateur romain avant de devenir exécutoire.

C’est la procédure d’exequatur permettant d’appliquer un jugement prononcé par une autre juridiction.

Deux options sont envisageables

– Une condamnation à mort à confirmer

ou le sanhédrin a prononcé une condamnation à mort pour blasphème. il est obligatoire de la faire confirmer par Pilate pour qu’elle soit applicable

– Un interrogatoire pour établir les charges

ou le sanhédrin tenant lieu de jury a procédé à un interrogatoire préliminaire visant à établir les charges à lui présenter. C’est ce qui peut ressortir de l’expression Il mérite la mort 1 (Matthieu 26.66).

Cette réponse n’est pas une dérision de condamnation à mort. C’est en quelque sorte un arrêt de mise en accusation suivi d’une dérision de prise de corps.

Une étrange réunion du sanhédrin

Quand le jour fut venu, le collège des anciens du peuple, les principaux sacrificateurs et les scribes, s’assemblèrent, et firent amener Jésus dans leur sanhédrin. Ils dirent : Si tu es le Christ, dis-le nous. Jésus leur répondit : Si je vous le dis, vous ne le croirez pas ; et, si je vous interroge, vous ne répondrez pas. Désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu. Tous dirent : Tu es donc le Fils de Dieu ? Et il leur répondit : Vous le dites, je le suis Alors ils dirent : Qu’avons-nous encore besoin de témoignage ? Nous l’avons entendu nous-mêmes de sa bouche. Luc 22.66-71

La réunion matinale du Sanhédrin, telle que Luc la présente, laisse une impression curieuse.

D’un côté il s’agit bien d’une séance on ne peut plus officielle. L’assemblée suprême siège dans sa composition statutaire avec les anciens grands-prêtres et les docteurs de la Loi. Elle se réunit non pas dans la maison du grand prêtre comme chez Marc, mais au sanhédrin, le lieu qui convient légalement.

Mais d’un autre côté cette séance apparaît inconsistante et expéditive. Il n’y a pas de président, pas d’appel à témoins, aucune sentence n’est prononcée. Bref, ‘on cherche en vain les traits qui évoqueraient une véritable  séance de tribunal « 

La réponse que Jésus donne à la question sur sa filiation divine est assez évasive (22 70). On s’explique mal alors la décision des juifs de livrer Jésus à Pilate.

Bref ! Un jugement inique !

C.Streng