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La croix une folie ou la sagesse de Dieu ?

La croix du Christ, une folie ou une sagesse ?

Déraisonnable  pour les Grecs  de Corinthe qui préfèrent la sagesse du monde. Mais en fait la croix est la véritable sagesse de Dieu.
Paul l’explique dans le contexte de la Grèce antique dans 1 Corinthiens 1.18-31.

En quoi  cela concerne-t-il notre société aujourd’hui ?

Corinthe et la naissance de l’Eglise

Corinthe, une ville en croissance

Une ville commerciale moderne de plus de 500 000 habitants, reconstruite par Jules César, après sa destruction en 146 avant J.-C. .
A 73 km d’Athènes, deux ports pour le commerce maritime à l’entrée d’un isthme. C’est une bande de terre étroite, de 6 km5 entre le Péloponèse au sud et la Grèce continentale au nord
Pour éviter un trajet de 400 km par le sud de la Grèce, les marins faisaient rouler les bateaux sur un chemin en pierres à travers l’isthme.

Le canal de Corinthe

le canal de Corinthe

Depuis, à la fin du 19e s, on a creusé un canal… mais trop étroit pour les gros navires actuels. Pour se moquer, les Athéniens aujourd’hui l’appellent « la rigole »

Les jeux isthmiques

Des Jeux isthmiques ont lieu tous les deux ans, tout près de Corinthe. Du sport comme les jeux olympiques de nos jours mais aussi des concours de discours et de rhétorique. C’est l’art de persuader au moyen du langage.

La ville est célèbre pour ses orateurs et pour sa littérature. On attache plus d’importance au style qu’au contenu. Parfois du grand vide bien dit.

Trafic, prospérité … et … immoralité

Quelques grandes fortunes à côté de la misère du plus grand nombre
Une vie trépidante dans les temples, les bains, l’agora, (la place du marché) les théâtres.
Une immoralité proverbiale . « Vivre à la corinthienne » signifie vivre dans la débauche
12 temples de divinités diverses, le plus célèbre, celui d’Aphrodite avec plus de 1000 prostituées sacrées.
Des écoles philosophiques (Platon, Aristote, stoïciens) et les religions à mystères (avec secrets et initiation) attirent une nombreuse clientèle
Tout de même une synagogue avec un communauté juive florissante.

La prédication de Paul dans les Actes

C’est là, à la synagogue, parmi les Juifs que Paul commence à prêcher. C’est raconté dans le chapitre 18. Il annonce Jésus le Messie… (Actes 18.1) …. Jusqu’à ce que l’opposition juive le force à se tourner vers les païens. (Actes 18.4-7)
Il y reste 18 mois : Beaucoup, en écoutant Paul, devenaient croyants et demandaient le baptême  (Actes 18,8).
Une vision le confirme dans sa mission : Dans cette ville, un peuple nombreux m’était destiné Actes 18.9)
Des juifs et des Grecs se convertissent. L’Eglise commence à grandir

Qu’est ce qui déclenche le cheminement vers la foi chrétienne ?

Quel est l’élément qui pousse quelqu’un à faire un premier pas en direction de la foi chrétienne ?

Ce n’est pas encore se convertir – La conversion, c’est l’œuvre du Saint-Esprit à travers les paroles de la prédication…

A partir de quel arrière plan ?

Paul l’a bien caractérisé : aussi bien pour les Juifs que pour les Grecs

Les Juifs recherchent les signes miraculeux, les Grecs, la sagesse… la philosophie (1 Corinthiens 1.22)

Un arrière-plan connu

On a toujours besoin d’un arrière plan, d’un point d’appui connu, familier, avant de se lancer dans l’inconnu.

Pour le Juif, l’arrière plan, c’est l’Ancien Testament, l’alliance avec Dieu, l’attente du Messie. Pourtant, beaucoup n’ont rien compris et ont rejeté, crucifié un Messie inattendu

Pour le Grec, un arrière plan païen

Des tas de dieux tous plus folkloriques et franchement immoraux les uns que les autres. La mythologie ne répond plus aux aspirations de nombreux Corinthiens. La religion juive et sa rigueur morale en attire certains.

La recherche de la sagesse.

Pour le Grec, c’est une démarche spirituelle guidée par des maîtres de sagesse. Le but : ne pas souffrir et obtenir pour les initiés, les « parfaits », une bienheureuse immortalité
Du mépris pour l’humilité, c’est de la faiblesse et un manque de dignité

Comment faire un premier pas vers le Christ ?

Alors, comment inciter un Grec à faire un premier pas vers le Christ, vers la foi chrétienne. Il paraît si éloigné…Sur quel point de départ familier peut-il s’appuyer ?

« Retour » vers la Grèce ancienne

le théâtre de Delphes

 

La visite de plusieurs théâtres grecs antiques, en particulier celui de Delphes ouvre la voie à la réflexion

Le théâtre grec, modèle ouvert à tous

En Grèce, le théâtre est ouvert à tous. Toute la population y assiste, y compris les esclaves. C’est une institution politique. La fréquentation quasi obligatoire tient lieu de propagande. Les pièces jouées devant le public présentent des modèles de comportement à suivre… ou à éviter…

Le héros grec : transgression et châtiment

Il arrive que le héros, poussé par le destin, transgresse la règle, la limite imposée. 

Antigone est la fille d’Œdipe de Jocaste, un couple incestueux. Œdipe a tué son père et épousé sa mère, Jocaste, sans le savoir. Ses deux frères , dans deux camps opposés, meurent par la main l’un de l’autre. Créon, le roi de Thèbes, représentant de la loi, de l’équilibre ordonne des funérailles solennelles pour l’un et refuse que l’autre soit enterré.

L’ hubris, une violente déraison, on pourrait dire aussi « un élan du cœur »  pousse le héros grec (ici Antigone) à dépasser sa condition. Elle rompt l’équilibre en outrepassant la loi divine ou humaine. Elle s’expose ainsi aux châtiments du ciel ou du pouvoir. Antigone refuse de se soumettre

Erreur fatale/péché … châtiment/purification

Le déclencheur, c’est  l’erreur fatale, l’hamartia. Dans le vocabulaire du NT, c’est le péché. Antigone brave les ordres de Créon en donnant à son frère un sépulture

Le héros commet alors l’erreur fatale, qui le fait basculer dans le malheur. C’est le coup de théâtre. C’est la première poignée de terre qu’Antigone jette sur le corps de son frère. 

Il ne peut alors éviter le châtiment inexorable d’une puissance justicière, la nemesis.

Pour sa désobéissance, Antigone est condamnée par Créon à être enterrée vivante dans un tombeau
Mais ce châtiment est aussi le moyen de sa purification, la catharsis.

Dans la tragédie de Sophocle, Créon est du côté de la limite, de la loi.

Antigone refuse la limite fixée par les lois de la Cité, mais c’est au nom d’autres lois, non écrites. Elle va jusqu’au sacrifice de soi. Et si elle transgresse, ce n’est pas pour son propre compte.

Le héros grec et le Christ : rapprochements possibles ?

Le Grec du temps de Paul a vu jouer plusieurs fois peut-être l’Antigone de Sophocle. Cette pièce met en scène cette conception de la vie. Il entend aussi parler de la vie du Christ. Et il se demande peut-être si des rapprochements sont possibles
Il le remarque bien. Comme le héros grec, Jésus a osé transgresser la loi du sabbat. Ce faisant Jésus semble dépasser les limites permises puisqu’il scandalise les pharisiens.

Puissance transgressive de la Parole

Paul souligne aussi une certaine puissance transgressive de la Parole. En effet, la Parole de Dieu ne soucie pas de respecter la sagesse humaine. Elle n’hésite pas à lui opposer comme unique voie de salut la folie de la croix. C’est elle qui est la vraie sagesse de Dieu (1 Corinthiens 2.4-7).

Eveiller l’attention des indifférents

Aujourd’hui, les moyens ne manquent pas non plus pour éveiller l’attention des indifférents. Un film, un chanteur, un repas communautaire sympathique et chaleureux, une discussion sur un sujet d’actualité … un service rendu.

Ce premier contact ne suffit pourtant pas.

Comment l’intéressé, le curieux sera-t-il transformé en converti, en disciple du Seigneur ?

Par la prédication de la Parole

Par le message de la croix lu dans la Bible et/ou entendu dans une prédication.

Il faut avoir écouté, compris, accepté la Parole dans sa vie pour qu’on puisse en arriver à une conversion, une nouvelle naissance, un début de vie chrétienne

Mais comment feront-ils appel à lui s’ils n’ont pas cru en lui ? Et comment croiront-ils en lui s’ils ne l’ont pas entendu ? Et comment entendront-ils s’il n’y a personne pour le leur annoncer ? (Romains 10.14)

A Corinthe, Paul annonce la Parole… Il témoigne que Jésus est le Messie. (Actes 18.5)… Beaucoup de Corinthiens qui écoutaient Paul crurent et furent baptisés (Actes 18.8)

C’est la puissance de Dieu, pas la sagesse humaine, qui a fait naître l’Eglise de Corinthe

une Eglise comblée de dons dans la Parole et la connaissance…

Mais une Eglise divisée

Les vieilles habitudes ont la vie dure. La communauté chrétienne n’a pas rompu avec les tendances à la mode en ville. Les diverses écoles philosophiques rivalisent et les combats de mots sont parfois violents.

Et dans l’Eglise de Corinthe : Moi, je suis de Paul,moi j’aime mieux Pierre…. C’est Apollos le meilleur, les autres n’existent pas à côté de lui…
Ou alors, « dans cette Eglise-là, il n’y a pas l’Esprit » dans celle-là, c’est la « foire »

Déchirure et combat pour le pouvoir

Ce n’est pas seulement l’expression d’une préférence pour telle ou telle dénomination qui nous convient mieux. C’est la déchirure, l’irruption de groupes antagonistes qui se combattent pour décrocher le pouvoir. Comme dans certaines campagnes électorales…

Recentrer sur l’essentiel

Il est temps d’agir. Paul remet les pendules à l’heure.

Ce n’est pas moi, Paul, qui a été crucifié pour vous (1 Corinthiens 1.13)
Car, je n’ai pas estimé devoir vous apporter autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié (1 Corinthiens 2.2).

La croix, une folie

En effet, la prédication de la mort du Christ sur une croix est une folie aux yeux de ceux qui se perdent. (1 Corinthiens 1.18)

quelque chose de fou … pour ceux qui se perdent

Un Dieu puissant qui s’abaisse dans la faiblesse du Christ crucifié, c’est un scandale pour les Juifs, une absurdité pour les païens (v. 25)

Pour les Juifs, un Messie humble et inconnu, c’est un non sens.
Un Messie qui meurt en croix, c’est une malédiction scandaleuse (Deuteronome 21.33). Le Messie qu’ils attendent est un guerrier puissant. Il libérera Israël, dirigera le monde et vivra éternellement.

Quant aux Grecs, il avaient bien l’idée d’un Dieu suprême au dessus de tout, comme bien des gens aujourd’hui.
Ce Dieu, c’était une sorte de bloc immuable et immobile. Que ce Dieu puissant puisse agir, intervenir sur terre, se faire lui-même homme, et finalement se laisse même mettre à mort par les hommes, cela n’avait aucun sens.
La résurrection du Christ, racontée aux Athéniens, une stupidité qui les a fait rire (Actes 17.32)

Pour qu’une doctrine religieuse soit bien accueillie, il faut qu’elle soit acceptée par beaucoup de gens et qu’elle soit déjà ancienne. Or la foi chrétienne est une nouveauté…
Et en plus les chrétiens ne participent pas à la vie sociale. Ils n’offrent pas de libations (de cadeaux ) aux divinités. Ils se réunissent à l’écart, entre eux, c’est louche…Alors le soupçon conduit au mépris, à la haine et à la détestation.

Tacite, un historien latin écrit à propos de l’incendie de Rome : les chrétiens sont « détestés pour leurs abominations » et « reconnus coupables, moins du crime d’incendie qu’en raison de leur haine pour le genre humain » (Annales XV 44.3-4)

Le christianisme, une innovation difficile à accepter.

Le fondateur a été crucifié. C’est donc un malfaiteur de la pire espèce. Et en plus, les chrétiens sont presque tous la lie de la société, des pauvres, des esclaves. Pas des sages qui ont suivi l’enseignement de philosophes….

Signes miraculeux, sagesse du monde ?

Les Juifs réclament des signes miraculeux,… les Grecs recherchent « la sagesse » 1.22

Du temps de Jésus, les Juifs réclamaient déjà des signes. Le Christ les renvoie au signe de Jonas, resté trois jours dans le ventre du poisson (Mt 12.38-42).

Le signe, c’est Jésus crucifié.

Les Grecs à la recherche d’un système rationnel.

Il est absurde que quelqu’un qui meurt puisse être le Sauveur du monde

Un moyen de se passer de Dieu

En fin de compte, miracles et sagesse, c’est la même chose. Une protection, une sécurité contre Dieu. On a une petite connaissance limitée de Dieu. Et on l’utilise comme critère de notre logique humaine contre lui.
La culture, les « valeurs », les rites, la raison, les miracles : tout peut devenir un moyen de se passer de Dieu ou de le mettre à notre service. Selon Karl Barth,

Karl Barth — Wikipédia

Karl Barth (Bâle, 10 mai 1886 – Bâle, 10 décembre 1968 ) est un pasteur réformé et professeur de théologie suisse, considéré comme l’une des personnalités …

un théologien protestant, la religion est même l’outil le plus performant inventé par les hommes pour se débarrasser de Dieu.

Ou un moyen de se passer du Christ

Accéder à Dieu par ses mérites (la loi, la pratique religieuse), échapper au mal, à la souffrance, à la mort (être sauvé) – sans passer par le Christ crucifié.

La pseudo sagesse du monde, une folie incapable de reconnaître la sagesse de Dieu

En effet, là où la sagesse divine s’est manifestée, le monde n’a pas reconnu Dieu par le moyen de la sagesse (1 Corinthiens 1.21)

Cette sagesse du monde est utilisée pour se détourner de Dieu.

La connaissance naturelle qu’on peut avoir de Dieu a été tordue, détournée (Romains 1.18-19).
Au lieu d‘adorer Dieu, ils se sont tournés vers les idoles (Romains 1.21-23).
En réduisant ainsi Dieu au niveau de la créature, ils s’imaginent le domestiquer, le mettre à leur service. Et ils se prétendent même intelligents … Mais ils sont devenus fous (Romains 1.22)

Une sagesse temporaire

Où est le sage ? Où est le spécialiste de la Loi ? Où est le raisonneur de ce monde ? 1 Corinthiens 1.19-20

Ils ont sombré dans l’oubli, avec leur raisonnement trompeur qui les a détournés de la vraie connaissance de Dieu. On n’en parle plus.
Mais l’Eglise de Corinthe, avec ses quelques riches et ses nombreux pauvres ? Ils ont reçu la Parole, la vraie connaissance de Dieu par la croix du Christ. Malgré leurs erreurs, la Bible parle de l’Eglise de Corinthe.

Une sagesse fermée sur elle-même, pas ouverte à l’imprévu, à la révélation de Dieu, autrement dit, une folie

Cela peut s’appliquer à la science et à la philosophie actuelles. Pour certains scientifiques, il n’y a pas de place pour Dieu. Leur vision du monde est fermée sur elle-même.
La sagesse humaine, fermée sur elle-même est incapable de comprendre la moindre chose de Dieu.
Alors ouvrons-nous à la Parole et à l’Esprit de Dieu

Une sagesse centrée sur soi

Aujourd’hui, la sagesse, c’est le développement personnel…. « une recherche de paix et de sécurité qui nous conduirait à l’accomplissement personnel et au bonheur » (selon un philosophe chrétien, il en existe tout de même).
Les gens veulent bien d’un Dieu. A condition qu’il ne se mêle pas trop de leurs affaires, sauf quand ils ont besoin de lui. Pourvu qu’il se plie à leurs calculs et à leurs prévisions

La croix, une puissance

Mais pour nous qui sommes sauvés, elle est la puissance même de Dieu (1 Corinthiens 1.18)

La vraie sagesse selon Dieu

La sagesse de Dieu « ne provient pas de l’observation de ce qui arrive le plus souvent, mais d’un événement unique et inimaginable pour la sagesse du monde : l’incarnation du Verbe, de la Parole, de Jésus Christ » (Karl Barth). Le Christ, c’est lui qui est la vraie sagesse de Dieu.

Une sagesse d’abord mystérieuse et cachée

Non, nous exposons la sagesse de Dieu, secrète jusqu’à présent, et qui demeure cachée au monde. Dieu l’avait préparée avant le commencement du monde en vue de notre gloire (1 Corinthiens 2.7

Le mot grec musterion, traduit par mystère dans certaines version, ne se réfère pas à quelque chose de secret mais à quelque chose qui est maintenant clairement révélé. Cela peut décrire un puzzle, quand toutes les pièces enfin réunies permettent de voir l’image.
Une meilleure traduction serait « stratégie ou plan »
Dans sa sagesse, Dieu a mis ensemble toutes les pièces du puzzle de la vie et leur a donné du sens. La dernière pièce, c’est la venue de Jésus-Christ. Sa mort et sa résurrection pour le salut de l’homme, c’est la dernière pièce du plan de Dieu pour lui pardonner le passé et lui donner un présent et un avenir nouveaux

Une sagesse révélée par l’Esprit

Or, Dieu nous l’a révélé par son Esprit (v. 10)

Elle se manifeste par l’amour, par une relation juste avec Dieu et avec les autres.
Car pour ceux qui sont unis à Jésus-Christ, ce qui importe, ce n’est pas d’être circoncis ou incirconcis, c’est à dire juifs ou païens, c’est d’avoir la foi, une foi qui se traduit par des actes inspirés par l’amour. Galates 5.6

La croix, une vraie sagesse, une puissance qui transforme

Donner sa vie par amour, est-ce vraiment si absurde ?
La résurrection du Christ, est-ce vraiment une absurdité ? Non, c’est la source de vie, qui fait passer le croyant de la mort à la vie
L’homme qui pense de manière purement humaine n’accueille pas ce qui vient de l’Esprit de Dieu, car c’est une folie pour lui; il ne peut pas le comprendre. (1 Corinthiens 2.14)

En fin de compte, pas une absurdité, mais la vraie sagesse, celle qui a la puissance de transformer une existence
Si quelqu’un parmi vous pense être un sage, qu’il devienne fou pour être sage ! (3,18)

Dépasser ses préjugés, laisser la Parole de la croix juger et transformer les vies, c’est l’expérience de plusieurs Corinthiens de la pire espèce : débauchés, idolâtres, adultères… ivrognes, calomniateurs, malhonnêtes, Voilà bien ce que vous étiez, certains d’entre vous. Mais vous avez été lavés, vous avez été purifiés du péché, vous en avez été déclarés justes au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu. ( 1 Corinthiens 6.11-12)

Au yeux de Dieu, la sagesse n’est pas une pure affaire intellectuelle, théorique, coupée de la vraie vie. C’est sa puissance qui a un impact transformateur sur l’existence. Elle donne les moyens d’engager sa vie au service de Dieu et à celui des autres.

C. Streng

Construire l’Eglise ensemble : qui, comment, avec quelle mentalité ?

Eglises fortifiées en Grèce

 

Construire l’Eglise ensemble

Dans deux versets, tirés de la 1e lettre de Pierre, il est question de l’Eglise en construction, de ceux qui la construisent et de la mentalité dans la manière de construire.

Puisque vous êtes vous aussi des pierres vivantes, édifiez-vous / construisez-vous pour former un temple spirituel et pour constituer un groupe de prêtres consacrés à Dieu, chargés de lui offrir des sacrifices spirituels qu’il pourra accepter favorablement par Jésus-Christ …
Mais vous, vous êtes une race élue, une communauté de rois-prêtres, une nation sainte, un peuple que Dieu a libéré pour que vous célébriez bien haut les oeuvres merveilleuses de celui qui vous a appelés à passer des ténèbres à son admirable lumière.

1 Pierre 2.5 et 9 Version du Semeur

Au chapitre 2, v. 5 l’apôtre parle de la construction d’un temple spirituel, … et aussi de ceux qui construisent : un groupe de prêtres consacrés à Dieu, chargés de lui offrir des sacrifices spirituels.
Il donne des précisions au v. 9 : le temple spirituel qui se construit, c’est l’Eglise, le peuple de Dieu du Nouveau Testament. L’Eglise, le Temple de Dieu est formée de chacune des pierres vivantes, c’est à dire de chaque chrétien né de nouveau, qui a mis toute sa confiance dans le Seigneur (Jean 1.11-12)

Construire ? Qui peut le faire ?

Qui sont les constructeurs de ce temple spirituel, de cette Eglise ?

Ce sont tous les chrétiens. C’est toute l’Eglise dans son ensemble. C’est tout ceux et celles, qui ont été libérés par le Christ pour devenir le peuple de Dieu.

L’apôtre Pierre, sous l’inspiration de l’Esprit, les désigne comme une communauté de rois –prêtres. Dieu leur donne la responsabilité et la fonction de célébrer les œuvres de Dieu

Comment ? En vivant une vie chrétienne authentique, en témoignant que cette vie chrétienne est porteuse d’espoir, d’un espoir éternel.

Construire ? Pour faire quoi ?

« Construisez-vous pour former un temple spirituel »

Construisons-nous, édifions-nous : mettons en place tous les éléments qui structurent notre vie de foi avec Dieu, et aussi  favorisent notre relation avec les autres.
Prière, lecture et méditation de la Bible seul, en petit groupe et en Eglise.

Et aussi témoignage de vie et de parole expliquée, communion fraternelle, aide et secours réciproques, etc.
Sur la base des exemples donnés dans la Bible et en phase avec les besoins qui se présentent, ou que nous cherchons à connaître.

L’Eglise, c’est d’abord le projet de Dieu. Elle se présentera devant lui rayonnante de beauté, sans tache, ni ride, ni aucun défaut, mais digne de Dieu et irréprochable. (Ephésiens 5.27). L’Eglise selon le modèle du Nouveau Testament, l’Eglise voulue par le Christ, ne s’est jamais construite au hasard.

L’histoire de l’Eglise, au cours de siècles, et l’actualité présentent des modèles différents : celui des Eglises de multitude, catholique et protestante auxquelles on est intégré d’office, sans prise de position personnelle, et celui des sectes, produits de la volonté d’un homme ou d’un groupe.

L’Eglise conforme au Nouveau Testament n’est pas un ensemble de personnes qui ont laissé aux circonstances, à la volonté des hommes et même au seul désir de chacun la capacité de cohabiter.
Elle n’est donc pas une juxtaposition d’électrons libres, qui se croient libres de participer un jour à la vie de telle communauté, un autre jour à telle autre, et le 3e jour de s’inventer leur propre Eglise à leur image.

L’Eglise se forme par une construction consciente et volontaire dans la continuité, pas par une adhésion passive.

Notre engagement de chrétiens nous rend responsables devant Dieu, et devant les autres. Que notre vie personnelle et communautaire soit toujours conforme au modèle de l’enseignement biblique.
Construite sur le fondement que sont les apôtres, ses prophètes, et dont Jésus-Christ lui-même est la pierre principale. (Ephésiens 2.20)

La vie et la croissance de l’Eglise ne se feront pas sans nous. Prenons conscience de notre responsabilité et de nos possibilités d’action…. pour y prendre part activement.

Le but visé, c’est édifier, construire, faire avancer. Il ne s’agit pas d’attendre passivement que cela se fasse tout seul ….ou que d’autres le fassent à notre place…

Construire, comment le faire ? Avec quelle mentalité le faire ?

Pierre le dit bien : nous les chrétiens, nous sommes une race élue, une communauté de rois –prêtres. Dans d’autres versions  : un sacerdoce royal, c’est à dire une prêtrise royale. C’est une double fonction.

D’abord la fonction de prêtre

La fonction de prêtre, c’est d’offrir des sacrifices à Dieu. Le prêtre est aussi médiateur, c’est à dire intermédiaire entre Dieu et les hommes. Dans l’Ancien Testament, Dieu l’avait confiée à des hommes spécialement choisis.

Depuis la Pentecôte, Dieu la donne aux croyants. Nous les croyants, nous sommes appelés à nous offrir, à offrir nos corps comme un sacrifice vivant, saint et qui plaise à Dieu (Romains 12.1). Ainsi, nous restons conscients que notre corps est le Temple du Saint-Esprit, la demeure de Dieu … et nous vivons en conséquence.

Nous sommes aussi chargés d’annoncer le message de la réconciliation (2 Corinthiens 5 .20).
C’est la réconciliation du pécheur avec Dieu, rendue possible grâce à l’oeuvre d’expiation du Christ. Par sa mort sur la croix et par sa résurrection, il a payé nos péchés à notre place.

Comment parler de cette réconciliation ?

Disons comment nous l’avons expérimentée, comment Dieu a transformé notre vie. Racontons, expliquons simplement, ce qu’était notre vie d’avant, sans Dieu, obscurcie par le péché et la vie d’après, avec Dieu dans la lumière.
Faisons avancer les autres dans l’envie, dans la volonté d’une vie chrétienne qui honore Dieu, qui respecte et qui aime les autres…Et accompagnons toujours notre témoignage de prière.

Ensuite la fonction royale

Etonnant : Pierre ne parle ni de régner, ni de gouverner. C’est pourtant bien ce qu’on attend d’un roi ou d’un dirigeant politique. Attention, il s’agit bien ici de la responsabilité de la fonction, pas de la gloire du titre.

En fait, dans l’Eglise, aucun chrétien ne peut régner, dominer sur les autres à lui tout seul.

S’il a été appelé à exercer une autorité, c’est toujours dans le cadre et sous le contrôle de la discipline et de la communion de l’Eglise. C’est pour cela que l’expression est au pluriel. C’est une fonction communautaire ; elle implique plus de responsabilité que de gloire.

Ce n’est pas ici, sur cette terre, pendant le temps de notre vie chrétienne, que nous régnerons, à la manière humaine, même si nous prétendons le faire avec Dieu. 
Ici, sur terre, le chrétien, en tant que roi,  a pour fonction d’être serviteur de Dieu et des autres.

Les rois des nations, dominent leurs peuples, et ceux qui exercent l’autorité sur elles se font appeler leurs « bienfaiteurs . Il ne faut pas que vous agissiez ainsi. Au contraire, que le plus grand parmi
vous soit comme le plus jeune, et que celui qui gouverne soit comme le serviteur.
Luc 22.25-26

Dans le témoignage aussi, l’obstacle à éviter, c’est de se poser en roi, ….en dominateur qui sait tout face à des ignorants.

Même si notre interlocuteur ne connaît pas grand chose de la foi chrétienne, prenons appui sur le peu qu’il connaît pour le faire avancer, … en corrigeant éventuellement les erreurs et les inexactitudes.

C’est en exprimant la vérité …(ce que je sais être juste selon la Bible) dans l’amour… (la manière de la communiquer ) que nous pouvons grandir et faire grandir vers celui qui est la tête, le Christ (Ephésiens 4.15)

Dans chacune de nos Eglises, apprenons donc à prendre conscience de notre responsabilité de chrétiens.

Nous le savons : nous ne sommes pas seulement serviteurs mais aussi amis de Dieu. Nous avons reçu du Christ tout ce qu’il a appris de son Père. Et nous savons qu’il nous a choisis pour porter du fruit qui soit durable (Jean 15.15-16)

N’attendons pas que quelques personnes responsables fassent tout pendant que les autres membres de la communauté jouent le rôle de paroissiens, de « potiches » sur les bancs. Même si tous n’ont pas des fonctions précises dans l’annonce de la Parole, chacun a des responsabilités dans le témoignage et le service aux autres.

Restons conscients, reconnaissants de cette ouverture aussi bien des hommes que des femmes à toutes les responsabilités. Et soyons attentifs à la mentalité dans laquelle nous pourrions préciser encore mieux notre service pour Dieu, dans l’Eglise, en faveur des autres.

C.Streng

Jacob et l’ange : la minute de vérité

Jacob et l’ange

Voici la minute de vérité pour Jacob, après un passé parfois trouble et face à un présent menaçant.

Seul sur une longue route

Un torrent serpente dans une région montagneuse à la frontière est du pays de Canaan. Un homme seul dans la nuit, seul avec lui-même, seul avec ses pensées, ses souvenirs, son angoisse.

Désert de Padam-Aram

Une longue route depuis la région de Paddan Aram, en Mésopotamie du nord, au nord est de la Turquie actuelle

2 femmes, – la plus jeune en attente d’enfant, avec leur 2 servantes, 11 fils et des filles, des serviteurs et un grand, grand  troupeau qui s’étire le long du chemin.

Retour au pays natal

Dieu l’a ordonné. Et il a  déjà donné auparavant deux indices de sa sollicitude

Retourne au pays de tes pères, auprès de ta parenté, et je serai avec toi… Gn 31.3
Je suis le Dieu de Béthel, … où tu m’as fait un vœu. Maintenant, lève toi, quitte ce pays et retourne dans ton pays natal. »
(Gn 31.13)

Mais aussi fuite, à la sauvette.

L’employé, lésé dans sa qualification et son salaire est parti avec les outils de production. Il a emmené avec lui le personnel le plus compétent et les filles du patron pendant que celui-ci avait le dos tourné. Bref, comme on le dit parfois, il est parti avec les chèvres, le lait des chèvres et les mains des bergères….

De qui peut-il bien s’agir ?

C’est bien lui Jacob ( IAKOB) le trompeur

le rusé, debout au bord du Jabbok (IABBOK) le torrent sinueux, qui serpente. L’hébreu aime faire réfléchir avec les jeux de mots construits sur des sonorités.

Jacob le pas droit, le pas franc. Il a toujours serpenté, louvoyé, avec ses solutions à lui pour se tirer d’affaire.Tant pis pour Laban, son oncle et beau–père. Il n’aurait pas dû l’escroquer comme ça.
Le contrat d’embauche : 7 ans pour les beaux yeux de Rachel…Seulement c’est Léa qu’il découvre dans son lit, le lendemain matin de la noce… Contrat renouvelé, 14 ans pour les deux filles, mais à quel prix : querelles, jalousies.

Un gros problème…Mais Dieu est présent

Laban, le beau-père et ex-employeur  le rattrape dans les collines, à l’est du Jourdain. Jacob a quand même toujours de la répartie. « Tu m’as roulé, je t’ai roulé ». Les deux compères sont faits pour s’entendre. Jouer des sales tours est une affaire de famille.

Jacob est sûr de son bon droit. Comprend-il le nouvel indice ? Si tu te tires de ce mauvais pas souligne Laban, c’est bien parce que Dieu m’a parlé en rêve :

Garde-toi de dire quoi que ce soit à Jacob, ni en bien ni en mal (Genèse 31. 24-29)

Laban était le problème. Laban est reparti en paix. Pas Jacob.

Jacob reçoit encore un nouvel indice de la protection de Dieu :

Il rencontre deux anges à Mahanaïm (les deux camps) Gen 32.2-3

Pourtant Jacob tremble devant la plus grosse échéance.

Il faut affronter l’escroquerie gigantesque, son escroquerie à lui !

Jacob le trompeur, né avec dans la main le talon d’Esaü :
« essaie un peu de courir plus vite que moi et je te bloque »

Le récit est bien connu. Jacob a subtilisé le droit d’ainesse, avec une soupe aux lentilles. Il a grugé son vieux père aveugle avec la complicité de sa mère. La bénédiction patriarcale, il l’a bien eue, mais de quelle façon ?

Esaü fou de rage veut l’occire, sa mère affolée cherche des solutions.
File chez mon frère et reste là-bas quelques mois, en attendant que ça se calme.

Il est arrivé chez oncle Laban, les habits sur le dos, le bâton à la main. Plus d’héritage. Plus rien !

20 ans ont passé. Est ce qu’« il » s’est calmé ?  Non !

L’esquive

Quelques domestiques envoyés chez Esaü à Séïr testent le terrain.

Comment mettre toutes les chances du côté de Jacob ? Comment amadouer Esaü ?

Observons un peu les sous entendus de Genèse 32.4-5

Ton serviteur Jacob… Mon Seigneur Esaü ! / oublie que je t’ai piqué ta place d’aîné…

Je reviens au pays … avec beaucoup de bétail / je suis riche, n’aie pas peur, j’en ai largement assez, je ne te réclame rien.

Le calcul ne marche pas. L’escroquerie est restée en travers du gosier d’Esaü.

Un comité d’accueil musclé de 400 hommes marche à sa rencontre (32.7)

Frayeur, angoisse : que faire ? En sauver le maximum ! Calcul. Divisons-nous, pendant qu’Esaü s’occupe des uns , les autres pourront se sauver. Peut-être !

  On récolte ce qu’on a semé…On paie l’échéance…

Prière de la peur, appel au secours de l’angoisse

« délivre moi de mon frère Esaü, car j’ai peur qu’il vienne me tuer, sans épargner ni mère, ni enfant ». (32.11)

Prière du désespoir face aux conséquences inévitables de nos négligences, de nos péchés.

Les multiples crédits ont détruit le budget. L’huissier est à la porte : payez ou je saisis les meubles ! On a mangé et bu toujours au dessus de la limite… Et c’est la maladie…grave, l’hôpital…ou pire.  Ici, c’est une question de vie ou de mort.

La peur donne des ailes… vers le ciel

Si la peur ne pousse pas à la révolte ou à la lâcheté, la peur fait au moins prier. Délivre-moi, j’ai peur… Gn 32.12

Elle fait se rappeler les bienfaits de Dieu : les faveurs que tu as témoignées avec tant de fidélité Gn 32.11

Espérer dans les promesses de Dieu :  Tu m’as dit je te ferai du bien Gn 32.10

Et voici l’idée géniale.. plutôt le calcul tout humain

Apaiser le frère courroucé par un cadeau royal.. ..

cadeau n° 1… cadeau n° 2 …cadeau n° 3, …Esaü recevra un cadeau différent à peu près à chaque heure… De quoi impressionner !

Sa famille mise en sécurité clandestinement de l’autre côté du torrent/ frontière, Jacob est tout seul…

Esaü, voilà mon problème.

580 têtes de bétail habilement réparties.  Les cadeaux seraient-ils la solution ?

  Genèse 32.25-33

25 Jacob resta seul. Alors un homme lutta avec lui jusqu’à l’aube. Quand l’adversaire vit qu’il n’arrivait pas à vaincre Jacob, il lui porta un coup à l’articulation de la hanche qui se démit pendant qu’il luttait avec lui. Puis il dit à Jacob : – Laisse moi partir, car le jour se lève.
Mais Jacob répondit : – Je ne te laisserai pas aller avant que tu ne m’aies béni. – Quel est ton nom ? demanda l’homme. – Jacob, répondit il. – Désormais, reprit l’autre, tu ne t’appelleras plus Jacob mais Israël (Il lutte avec Dieu), car tu as lutté avec Dieu et avec les hommes et tu as vaincu. Jacob l’interrogea : – S’il te plaît, fais moi connaître ton nom. – Pourquoi me demandes tu mon nom ? lui répondit il. Et il le bénit là. Jacob nomma ce lieu Péniel (La face de Dieu) car, dit il, j’ai vu Dieu face à face et j’ai eu la vie sauve. Quand il eut passé le gué de Péniel, le soleil se leva. Jacob boitait de la hanche. C’est pourquoi, jusqu’à ce jour, les Israélites ne mangent pas le muscle de la cuisse fixé à l’articulation de la hanche, car c’est là que Dieu avait frappé Jacob
.

Minute de vérité

Pas un bruit, à peine le murmure du torrent en bas… Obscurité complète.

Aïe : une masse d’au moins 100 kg vient de lui tomber dessus.

Esaü ! l’un de ses hommes, son ange, un démon… ! Minute de vérité !

Alors un homme lutta avec lui jusqu’à l’aube.

L’homme, au nom jamais prononcé et Jacob  (IAKOB) s’empoignent (IABAQ) se couvrant de poussière (ABAQ) au bord du torrent (IABBOK).

Toujours illustré par les jeux de mots en Be QKe. IAKOB au bord du IABBOK : sinuer,  serpenter,  tromper. C’est fini.  On s’empoigne (IABAQ) dans la poussière, (ABAQ). On fait face à la réalité.

Le bord du torrent, l’endroit de la lutte : Pas les rives herbeuses et douces des ruisseaux de nos montagnes. Mais des rochers et du sable siliceux qui égratignent le dos de celui qui est à terre.

Jacob se relève, il tient bon, il a encore de la ressource. Il glisse sur la roche, il se retient de justesse. Il s’arcboute, pousse l’autre de toutes ses forces…l’adversaire recule…

Ouou…ouille… aïe … ma jambe ! Un doigt à l’emboiture de la hanche, l’articulation a sauté.

Quand l’adversaire vit qu’il n’arrivait pas à vaincre Jacob, il lui porta un coup à l’articulation de la hanche qui se démit pendant qu’il luttait avec lui. (32.26)

Pantin désarticulé, Jacob glisse. Et pourtant il ne cède pas encore. Il ne lâche pas.

Il a compris qui est l’adversaire. Pas un homme, pas n’importe quel esprit ou ange.

Jacob a toujours fui quand il ne pouvait ni rouler, ni manœuvrer l’autre.

Ici, Dieu lui-même, sous forme de l’ange de l’Eternel, vient lui régler son compte. Il le pousse à bout, dans ses retranchements.

Difficile à imaginer : Dieu attaque quelqu’un par surprise.

Dieu se bat avec lui toute la nuit en se roulant dans la poussière. L’ange de l’éternel, la manifestation de la 2e personne de la Trinité, le Logos pas encore incarné en Jésus-Christ s’attaque à un homme. Il lui flanque des coups tellement physiques.

Dieu se roule avec Jacob dans la poussière

le spirituel n’est jamais détaché du réel. Dieu aime tellement cette poussière dont il a fait l’homme qu’il viendra lui-même s’incarner, devenir homme en Jésus-Christ. Il viendra vivre comme un homme, vivre les souffrances des hommes et mourir sur la croix pour nos péchés bien réels.

Jacob a compris. II a toujours lutté pour profiter des bénédictions mais en passant sur les autres, quitte à les faire souffrir.

Au moment de la plus grande douleur qui le jette à terre, quand toutes ses ressources sont anéanties, il s’accroche à son adversaire et le retient pour ne pas s’écrouler.

C’est la première étape : la crise

Dieu attire l’attention

Jacob, XXX, oui, toi,  tu ne peux pas gagner, tu t’épuises de plus en plus… Que vas tu faire maintenant ?

Dieu veut attirer son attention, notre attention.

On ne change pas, à moins d’être mal à l’aise, mal dans sa peau. On ne change pas tant qu’on ne se sent pas malheureux. On ne change pas avant de se trouver en pleine crise. C’est Dieu qui provoque la crise pour attirer l’attention.

La mère aigle secoue le nid de son jeune. Puis elle le fait tomber pour l’obliger à apprendre à voler – pour son bien .

Dieu agit ainsi dans nos vies. Il nous met dans une situation difficile si c’est nécessaire pour nous motiver. Il sait ce qui est le mieux pour nous et il veut que nous progressions. Il permet une crise, un problème, une irritation ou une frustration dans nos vies pour attirer notre attention. Cette crise est nécessaire. Quand la souffrance est plus forte que notre peur du changement, alors nous réfléchissons. La crise est la première étape du changement dans nos vies

La 2e étape, la persévérance

Laisse- moi partir, car le jour se lève.

l’Eternel retenu par les bras d’un homme blessé, l’Eternel qui ne peut ou ne veut pas se dégager mais demande de le laisser partir

– Je ne te laisserai pas aller avant que tu ne m’aies béni

Jacob a déjà été béni plusieurs fois. Mais ici, changement radical, c’est un abandon, une conversion.

Jacob  persévère dans sa situation difficile jusqu’à la bénédiction.
Blessé, épuisé – Mais engagé à 100% jusqu’à ce que Dieu le bénisse.

Dieu attire notre attention par une crise. Mais il ne donne pas toujours de solution rapide. Notre problème, nos soucis du moment résolus, c’est bien, mais pas encore satisfaisant. Dieu nous invite à entrer dans une véritable relation avec lui.

On rate les bénédictions de Dieu pour toute la vie, si on les limite à un tout petit moment de la vie. Mon problème est réglé. C’est tout ce que je demande. On entend parfois parler de personnes miraculeusement guéries d’une maladie grave ou incurable. Elles ont remercié Dieu pour ce miracle. Mais elles ne sont jamais allées plus loin….Le chemin avec Jésus était-il trop difficile ?

La troisième étape : la confession des péchés

Quel est ton nom ? Que signifie ton nom ? Qui es-tu vraiment ?

Jacob ; Oui c’est moi, le tricheur, le magouilleur, l’arriviste. Oui je l’avoue.

Toute vraie conversion exige la repentance, la reconnaissance de son péché. Jacob avoue ses faiblesses, ses fautes, ses péchés. Il est enfin honnête.

C’est un processus important. Dieu agit dans notre vie quand nous reconnaissons devant lui nos péchés, nos faiblesses et nos fautes. Quant à notre problème particulier, il nous faut souvent reconnaître notre part de responsabilité.

« Si nous confessons nos péchés, il (Dieu) est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et pour nous purifier de toute injustice » 1 Jean 1: 9

Mais ce n’est pas fini

Lutter avec Dieu et vaincre

Tu ne t’appelleras plus Jacob mais Israël  car tu as lutté  (sarita) avec Dieu et les hommes et tu as vaincu.

Israël, Dieu combat. Comment l’homme peut il lutter avec Dieu et l’emporter, vaincre  ?

Victoire possible seulement si Dieu s’approche de lui, se met à sa portée, se laisse attaquer en retenant sa force. Dieu aurait pu jeter Jacob à terre à la première seconde. Dieu agit avec grâce.

Victoire

La victoire de Jacob, c’est reconnaître l’échec de tous ses efforts, de tous ses calculs.

Comme le rappelle Osée, « Il lutta avec l’ange et il sortit vainqueur, il pleura et le supplia.» Osée 12.5

La victoire, c’est saisir Dieu, non comme un moyen de réaliser ses objectifs ou d’échapper à des difficultés. C’est saisir Dieu comme un trésor désiré pour lui-même et non pour ce qu’il accorde

Mais même s’il ne nous délivre pas… diront  les trois Hébreux au roi Nabuchodonosor… devant la fournaise.

Plus « donne moi –ci, empêche ci, fais réussir ça », mais  S’il te plaît, fais moi connaître ton nom ?

Jacob s’en doute bien. Agir avec une telle puissance et parler avec une telle autorité sont les prérogatives de Dieu seul.

Connaître le nom de Dieu

Pourquoi me demandes tu mon nom ? lui répondit il. Et il le bénit là.

Dieu répond à la question par une autre question comme pour dire : réfléchis, tu as déjà compris. Mais le nom divin ne sera pas prononcé. Il ne peut être utilisé au gré de l’homme.

Connaître le nom de Dieu, c’est connaître Dieu, c’est l’aimer de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force… c‘est le suivre

Vivre par la grâce de Dieu

Jacob nomma ce lieu Péniel car, j’ai vu Dieu face à face et j’ai eu la vie sauve.

Jacob a survécu à la lutte, au face à face avec Dieu. S’il vit maintenant, c’est par la grâce de Dieu. Si la réconciliation avec son frère est possible, c’est parce qu’il a d’abord été accueilli par Dieu.

Quand il eut passé le gué de Péniel, le soleil se leva. Jacob boitait de la hanche.  C’est pourquoi, jusqu’à ce jour, les Israélites ne mangent pas le muscle de la cuisse fixé à l’articulation de la hanche, car c’est là que Dieu avait frappé Jacob.

Les marques de la lutte

Jacob peut passer la frontière, entrer dans le pays promis. Pas comme un fier conquérant, mais comme un infirme, un boiteux. Il a gardé dans son corps les marques de la lutte. Souvenir de la victoire et rappel de la fragilité de la créature devant son créateur. Il ne peut plus faire confiance à son pouvoir ou à sa propre force. Il ne peut compter que sur son Dieu, sur l’amour et la puissance de Dieu pour tenir debout.

Fin aussi de la solution de facilité : faire un mauvais coup et prendre la fuite. Jacob doit affronter toute situation en face, en particulier celle qu’il a provoquée : Oui, je reconnais ma responsabilité, ma faute, mon péché. Que Dieu me vienne en aide !

Et voici la 4e étape, l’amitié avec Dieu, à son service

Après sa rencontre avec Dieu, la vie de Jabob ne sera plus la même. Dieu a vu les faiblesses et les fautes de Jacob, mais aussi son potentiel. Dieu sait ce qu’il peut attendre de lui. Si nous lui faisons confiance, Dieu sait toujours faire ressortir le meilleur de nous-mêmes.

Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père. Jn 15.15

Jacob est aussi un exemple pour nous. Malgré ses fautes et ses péchés, Dieu l’a choisi pour être le chef d’une grande nation, Israël.

Ainsi, Dieu peut utiliser des gens ordinaires pour faire des choses extraordinaires. Les pécheurs qui se repentent de leur péché  et se tournent vers le Christ pour être sauvés, il en fait un peuple saint, à son service.

Plus tard, après l’esclavage en Egypte, les Israélites entreront dans le pays promis. Pas à cause de leur nombre mais parce que l’Eternel les a choisis et les aime (Dt 7.7-8).

Et après l’exil ils y seront ramenés ni par la bravoure ni par la force, mais par l’ Esprit de l’Eternel (Zac 4.6).

Qui est Dieu pour moi aujourd’hui ! Est ce que je connais son nom ?

Est –ce que j’aime Dieu à cause de ce qu’il peut faire pour moi ? Ou est ce que je l’aime à cause de ce qu’il est ? Est ce que je l’aime de tout mon cœur, de toute ma force, de toute ma pensée ?

Est-ce que je suis prêt à le suivre ?

C.Streng