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Comment être sauvé ? La vie éternelle ?

 Comment être sauvé ?

Marc 10 :17-27

En ce temps-là, Jésus se mettait en route quand un homme accourut et, tombant à ses genoux, lui demanda : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »

Jésus lui dit : «Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul. Tu connais les commandements : Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. »

L’homme répondit : « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse.»

Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.

Alors Jésus regarda autour de lui et dit à ses disciples : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! » Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Jésus reprenant la parole leur dit: « Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu ! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.»

De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : « Mais alors, qui peut être sauvé ?» Jésus les regarde et dit: « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. »

Pour comprendre ce texte, il faut comprendre vers quel but Jésus veut amener ses disciples. Jésus savait où se situaient ses disciples spirituellement, et il savait vers quel but il voulait les emmener.

Les Béatitudes

L’enseignement de Jésus commence par les Béatitudes et se termine avec ce passage de Marc. Après ce texte, les évangiles relatent encore quelques paraboles sur le royaume des cieux et la passion.

Un enseignement surprenant

Dès le début, Jésus surprend ses auditeurs et ses disciples. Voici un extrait des Béatitudes :

Heureux ceux qui sont humbles, car Dieu leur donnera la terre en héritage.
Heureux ceux qui sont opprimés pour la justice, car le royaume des cieux leur appartient.

En opposition avec les principes du monde

Il y a de quoi être surpris par les Béatitudes car leur enseignement est en opposition aux principes qui gouvernent ce monde.

Selon cet enseignement, Jésus déclare comme adultère celui qui convoite une femme.

Un peu plus tard, Jésus dit encore qu’il fallait aimer ses ennemis et Celui qui traite son frère de fou est bon pour le feu de l’enfer.

Un peu plus tard, Jésus ajoute qu’il fallait se couper la main si elle nous faisait tomber dans le péché ou s’arracher l’œil s’il était une source de péchés. Cependant l’histoire chrétienne ne montre pas de croyants qui se sont arraché un œil ou coupé une main.

Exigences sévères et bienveillance

Jésus précise de plus en plus les exigences du royaume de Dieu et les disciples vont de surprise en surprise.

Giovanni Battista Benvenuti dit l’Ortolano : le Christ et la femme surprise en adultère (1524)

Jésus montrait les exigences très sévères du royaume de Dieu et au même temps, il était bienveillant avec une prostituée ou avec Zachée, un fonctionnaire corrompu. Avec ceux qui péchaient le moins, Jésus était très sévère, en particulier avec les chefs religieux qui respectaient toutes les nombreuses lois du judaïsme.

Le but de l’enseignement de Jésus : faire comprendre qui peut être sauvé

Ce texte de Marc nous donne une explication de l’enseignement de Jésus et nous permet d’en comprendre le but. Voici la conclusion du texte :

Qui peut être sauvé ?

Possible seulement par l’intervention de Dieu

Jésus les regarde et dit:  Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu.

La prostituée ou le fonctionnaire corrompu savaient que c’était impossible pour eux d’être sauvés sans l’intervention de Dieu.

Impossible par les efforts des hommes

Les pharisiens, eux, pensaient que Dieu devait les accepter parce qu’ils respectaient toutes les lois. Jésus doit leur montrer qu’il est impossible pour les hommes d’être sauvés par eux-mêmes.

Possible seulement par le sacrifice du Christ à la croix

Le Christ au jardin des Oliviers, Lucas Cranach, 1520

Jésus a amené les disciples pas à pas vers ce but, même si les disciples l’ont seulement compris après la résurrection. Après la résurrection, les disciples ont compris que le salut n’est possible que par le sacrifice de Jésus Christ.

Puissions nous aussi faire confiance à Jésus Christ pour notre salut plutôt que de compter sur le respect des lois.

Faisons confiance au Christ pour notre salut

P. Strack

Chute, souffrance et souveraineté de Dieu

Si Dieu est maître de tout, pourquoi la chute, le péché originel, la souffrance ?

Dieu, dans sa toute-puissance n’aurait-il pas pu les empêcher ? en garantir le chrétien ?

Quel gâchis !

La création et la chute de l’homme – Mariotto Albertini (1474-1515

En lisant les premiers chapitres de la Genèse, vous vous êtes peut-être aussi déjà dit : « Mais quel dommage ! À peine l’homme est-il installé dans ce magnifique paradis, le voilà qui gâche tout par sa bêtise ! Quelle folie ! N’y avait-il vraiment pas moyen d’éviter cela ?

On ne peut changer le passé

Cette question est futile en ce sens qu’il est absurde de vouloir changer le passé, mais elle touche en fait une caractéristique fondamentale de toute la Création et mérite quand même d’être examinée sérieusement.

1. Ah, si seulement Dieu avait détruit Satan

Genèse 1. 27 ; 2.16 et 3. 1

La création et la chute de l’homme (1514-1515) – Mariotto Albertini (1474-1515)

« Dieu n’aurait pas dû permettre la tentation en Eden et, vu sa toute-puissance, il lui aurait suffi de détruire Satan, avant qu’il ne puisse nuire. » Raisonnement logique, typiquement humain : en face d’un problème on recourt spontanément, parfois sans vraiment réfléchir, à la violence.

Deux cadeaux : l’intelligence et la liberté

À la création l’homme a reçu, parmi beaucoup d’autres, deux cadeaux qui sont le reflet de son Créateur : l’intelligence et la liberté. Or comment sait-on que quelqu’un est est libre ? Quand il a le choix, quand il peut faire un choix guidé par sa réflexion.

Jouissance égoïste ou obéissance confiante ?

Or en face du fameux arbre en Eden Adam avait le choix entre la jouissance égoïste, fermée sur lui-même, et le devoir d’égard envers ses semblables et l’obéissance confiante envers son Créateur. Donc : 1er point : il était libre.

Liberté pour le bien ou pour le mal ?

Ensuite cette liberté a besoin d’être testée, éprouvée, pour démontrer si l’homme va l’utiliser pour le bien ou pour le mal. Supprimer Satan d’emblée, avant ce test de Genèse 3, aurait été la manière faible et inintelligente d’exercer la toute-puissance. Certes cela aurait supprimé toute contestation de l’autorité de Dieu. Mais cette question de Satan serait toujours restée posée, sans réponse : Dieu a-t-il vraiment dit, peut-on faire confiance à une parole de Dieu, Dieu mérite-t-il qu’on fonde sa vie sur ses paroles ? Avouons qu’elle est fondamentale et qu’elle appelle une réponse vraiment nette et définitive.

Concilier justice, sainteté et compassion

Là se joue un test révélateur pour tous les innombrables prétendus dieux de ce monde. Qui parmi eux va se donner la peine, va se montrer capable de concilier la justice, la sainteté envers le péché et la compassion et l’amour pour le pécheur ?

Seul Jésus Christ a réussi à concilier l’inconciliable

Seul Jésus-Christ a eu ce courage et la sagesse qui réconcilie parfaitement ces deux  extrêmes logiquement inconciliables. Lui seul a su atteindre ce résultat, non dans une construction théorique acrobatique, mais dans la pratique ; non dans un déploiement exceptionnel de puissance, comme l’auraient peut-être attendu des hommes, mais dans l’impuissance extrême et l’humiliation honteuse et même injuste d’une mort d’esclave.

Satan privé de sa puissance

Là Satan, le contestataire d’Eden s’est non seulement vu clouer définitivement le bec, mais aussi dépouiller de toute sa puissance. Il n’a plus désormais que les moyens que l’homme, dans son incroyance envers Dieu, lui accorde en croyant à ses mensonges.

Jésus totalement confiant jusqu’à la croix

Mais la question de Gn 3.1 a reçu sa réponse majestueuse dans le dépouillement total du Crucifié. C’est vrai, Dieu avait bien dit de ne pas manger d’un certain arbre en Eden, mais c’était par amour de l’homme et non pour se réserver des privilèges égoïstes. Oui, on peut faire confiance à n’importe quelle parole prononcée par Dieu : Dieu se tient derrière elle et la réalise pour quiconque s’y attend. Oui, Dieu est digne qu’on fonde toute sa vie sur ce qu’il dit : Jésus l’a fait et a ainsi pu accomplir une œuvre d’amour d’une valeur éternelle.

Une confiance qui a surmonté le mal

Un homme a surmonté le mal par confiance en Dieu, par amour pour lui : Jésus. La rançon d’amour qu’il a ainsi versée à la justice, pulvérise l’obstacle du péché entre la créature et son Créateur, elle suffit pour purifier le pécheur dans la confiance en Dieu et pour instaurer entre les deux une relation d’amour éternelle.

Et le nouveau peuple que Jésus a ainsi suscité à son Père apporte à son tour la preuve de cette fiabilité par toute son action à la gloire de son Re-créateur.

La perfection de Dieu : aimer sa créature
La gloire de Dieu : en être aimé en retour

La perfection de Dieu, c’est d’aimer sa créature. Sa gloire, c’est d’en être aimé en retour, pour lui-même.

En nous rappelant ainsi ces réalités, nous mesurons le gâchis qu’entraîne tout manque ou refus de confiance au Créateur pour l’individu et son entourage. Et on est émerveillé de la sagesse, de l’amour que Dieu a mis en oeuvre pour apporter une vraie réponse à la question posée. Et il y a une conséquence logique qui découle de tout cela : « Il faut que Dieu soit reconnu comme disant la vérité et tout homme qui s’oppose à lui comme menteur, car il est écrit : Tu seras toujours reconnu juste dans tes sentences et tu seras vainqueur lorsque tu juges. » (Rm 3.4)

2. l’amour de la créature pour son créateur

… malgré la souffrance, malgré les difficultés…

Job 1. 8 -11

La Bible n’est pas un livre sacré qui contourne prudemment les problèmes délicats ou qui emballe sa réponse dans un nuage de conditions ou d’approximations. Elle prend les difficultés de front, souvent dans le cadre de l’expérience pratique, vécue.

Satan contre Job !

Voici, à cet égard, un 2e cas très analogue à celui de Genèse 3 où le même Satan conteste Dieu de façon encore plus radicale. C’est le problème fondamental posé par le livre de Job, un livre qui inquiète bien des chrétiens et dont certains commentaires sont des simplifications bien superficielles.

Pour le diable : pas d’amour inconditionnel, sans contrepartie

D’une manière gratuite et méchante Satan agresse Dieu au sujet de Job : « Est- ce vraiment pour rien (= de manière désintéressée) que Job révère Dieu ? » La question est sournoise et porte la marque typique de son auteur. Satan qui a créé ou au moins inspiré tout ce qui se fait comme religions dans le monde leur a, à toutes, donné le même esprit, celui du commerce : si tu me donnes, je te donne ; je t’offre ceci, tu m’accordes cela et si tu ne me donnes pas ce que je t’ai demandé, j’irai voir ailleurs. On n’a rien pour rien, le « gratuit » n’existe pas plus dans le monde religieux que dans le monde commercial, même si les publicités en sont pleines. Et pour revenir à Job, selon Satan, si Job révère Dieu, c’est par intérêt, c’est pour garder les nombreuses bénédictions que Dieu lui a accordées.

… Sans avantages, on se détourne de Dieu

Cette nouvelle question de Satan est au moins aussi essentielle que la première. Satan qui ne sait pas ce qu’est l’amour, peut encore bien moins concevoir un amour inconditionnel, sans contrepartie. Selon lui, si Job révère Dieu, c’est parce que Dieu lui a donné la prospérité, la paix, la considération sociale… Et si Dieu lui retirait quelque chose de tout cela, Job se détournerait sûrement de Dieu ou le maudirait, comme le lui suggère sa femme.

Amour inconditionnel ou donnant donnant ?

Dans Genèse la question était de savoir si Dieu et ses paroles méritent une confiance entière, jusqu’à engager sa vie sur elles. Ici elle est de savoir si un amour inconditionnel est possible, concevable entre le Créateur et sa créature ou si cette relation n’est qu’une affaire de donnant donnant.

Job au coeur d’un test opaque et de problèmes révoltants

Dieu connaît Job et accepte le test. Job ignore cet arrière-plan et il faut qu’il l’ignore, pour que le test soit honnête. Mais il va de ce fait se débattre dans un nœud de problèmes absolument inouï et révoltant.

Un cri de désespoir vers Dieu

Pourtant il rejettera avec vigueur la religion simpliste de ses amis, il appelle Dieu à se manifester et à répondre à ses questions. Il lui crie son désespoir face à ce silence, en fait nécessaire, mais n’acceptera jamais de mettre l’honneur de Dieu en question, ce qui était la visée de Satan.

Oui : On peut aimer Dieu sans condition

Ainsi un deuxième point essentiel est acquis : oui, Dieu mérite qu’on l’aime sans condition. Un homme peut aimer son Dieu sans attendre de lui une contrepartie, Dieu mérite d’être aimé même dans les difficultés, quand les circonstances démentent son amour. Il en a le contrôle et sait où il veut en venir, sans abandonner le croyant. Et, à la fin du récit il approuvera magnifiquement l’attitude de Job

Amour vérifié dans l’épreuve

Pour être réelle, la liberté avait besoin d’être mise à l’épreuve. Il n’est pas anormal non plus que l’amour soit appelé à vérifier son authenticité dans une épreuve.

3. Pourquoi Dieu laisse-t-il sur terre le chrétien racheté

Certes le chrétien a été racheté, purifié du péché qui faisait obstacle entre lui et son Père céleste. Mais il lui arrive encore si facilement et si souvent de retomber dans le péché, le manque de confiance, le manque d’amour. Pourquoi Dieu le laisse-t-il sur cette terre, au lieu de le prendre avec lui au ciel ? Pourquoi, au lieu de bloquer ou même de détruire dès maintenant Satan qu’il a déjà vaincu, lui laisse-t-il cette latitude d’action ?

Jusqu’à quand ?

Aussi, à travers le NT, retentit cette question : jusqu’à quand ? Celle-ci n’est pas posée méchamment par le diable, mais souvent avec angoisse ou douleur par les enfants de Dieu, surtout quand ils sont maltraités à cause de leur confiance, de leur amour pour Dieu.

La souveraineté de Dieu dans son plan éternel pour la création

Ce qui est en jeu, cette fois, c’est la maîtrise totale de Dieu dans l’histoire, sa maîtrise des évènements. Ces chrétiens savent que l’histoire est la mise en oeuvre d’un plan éternel de Dieu pour toute sa création, mais ce qui les déroute, au premier degré, c’est la manière si différente de Dieu de concevoir et de gérer le temps. Et plus profondément bien des chrétiens n’ont pas compris quel objectif final Dieu veut atteindre par son plan.

Un plan réalisé par l’amour et la sainteté en Jésus-Christ

C’est sûr, tout va vers un but, vers un point final dans le futur où Dieu lui-même viendra faire le bilan de toute l’histoire et inaugurer un tout autre ordre de choses.
Or, en attendant, Dieu poursuit sans bruit la réalisation de son grand dessein. Dans cette humanité et cette création souillées par le péché, il introduit un homme en qui il incarne en particulier ses deux qualités maîtresses : l’amour et la sainteté.
Jamais l’humanité n’avait vu un de ses représentants, aussi simple, ordinaire, s’élever à un tel degré de noblesse dans l’amour du prochain : Rm 5. 6-8.

Incarné dans l’abaissement et la discrétion

Il l’a fait non pas pour un ami, mais pour l’humanité pécheresse. Il l’a fait non dans une apothéose glorieuse comme dans un roman héroïque, mais dans l’abaissement total de l’exécution d’un esclave, organisée dans le cadre d’un crime d’État. Ses 33 ans de vie, dans la discrétion d’une petite ville rurale, d’une culture largement méprisée à l’époque, ont été pour Dieu le moyen de révéler à la face de l’univers visible et invisible, une réalité que le monde ignore, qu’aucune religion ne pratique : la sainteté, la sienne, ainsi incarnée dans le naturel quotidien d’une vie humaine.

Manifesté dans la mort  par amour de Jésus

Le Christ portant sa croix, Maître de Delft, fin du 15e s

Or c’est la vie sainte de ce Jésus, l’efficacité transformatrice de sa mort choisie par amour, qui sont capables, et elles seules, de délivrer l’humanité et toute la création du péché et de son ferment destructeur. Cela, il s’agit de le faire savoir à tout homme et, dans sa sagesse, Dieu en confie la mission à l’Église, à ceux qui se sont confiés en lui.

Le chrétien témoin de la confiance et de l’amour pour Dieu

Voilà pourquoi le chrétien reste sur terre, même en milieu hostile, pour témoigner que Dieu mérite une vraie confiance et un amour inconditionnel… que cette attitude garde son sens et sa force même quand elle est ridiculisée ou entraîne la persécution. C’est inévitable quand on est encore en route entre le déjà sauvé et le pas encore réuni avec le Sauveur.

Deux forces pour vaincre le mal  : l’amour et la sainteté de Dieu

Il s’agit que les hommes aveuglés par la sensualité et l’égoïsme voient et donc sachent qu’il y a deux forces portées par le Saint-Esprit et capables de vaincre le mal : l’amour et la sainteté de Dieu. N’importe qui peut les recevoir dans sa vie en la confiant à Jésus, c’est à dire en exerçant sa liberté et son intelligence.

Et pour libérer la création

Alors la création, elle aussi et toute entière, pourra être libérée du fardeau du péché : Rm 8. 19-23. Il n’y a donc pas que les chrétiens qui soupirent en disant « Jusqu’à quand ? », la création entière est dans la même attente anxieuse de voir l’accomplissement définitif du plan de Dieu et sa restauration dans une pleine communion avec son Créateur. « Et c’est cet Esprit qui constitue l’acompte de notre héritage, en attendant la délivrance du peuple que Dieu s’est acquis.

Pour célébrer la gloire de Dieu

Ainsi tout aboutit à célébrer sa gloire. » (Ephésiens 1.14) = chanter de tout cœur et dans une formidable chorale universelle notre amour pour notre Père et notre Frère célestes. Voilà la pièce maîtresse de notre avenir. Dès demain peut-être !

J.J.Streng

L’archéologie témoin de l’histoire du peuple hébreu

L’archéologie témoin de l’histoire….

De l’esclavage en Egypte à la route vers la terre promise, de la constitution du royaume d’Israël à sa division et à l’exil, l’histoire d’une nation, le peuple hébreu à travers les siècles est émaillée de témoignages archéologiques. Ces éléments directs ou parfois indirects donnent corps à ce peuple au milieu de ses voisins du Proche Orient ancien

Pharaons et main d’oeuvre des grandes constructions

Ramsès II au Louvre

Les pharaons de la 18e dynastie des 14e et 13e siècles, qui avaient expulsé les Hyskos d’Egypte, avaient mis en place tout un programme de grandes constructions à l’est du Delta du Nil. Ils portaient un intérêt particulier à Avaris, ancien siège du gouvernement hyskos. La ville était proche de la région de Goshen où vivaient les Hébreux, main d’œuvre toute trouvée pour les constructions.
Dans la liste des pharaons ressortent le nom et le règne de Ramsès II, fondateur de Pi-Ramsès cité dans Exode.1.11. Suit une description détaillée de la nouvelle capitale et de ses monuments.

Présence d’ouvriers israélites absents des archives égyptiennes

Kitchen explique par la destruction des archives l’absence de tout document égyptien à propos des Israélites vivant dans la région. Mais on trouve des détails précis sur la présence de travailleurs fabriquant des briques avec ajout de paille aussi bien dans le texte biblique que dans des documents égyptiens.

Par exemple le papyrus Anastasi de Memphis présente des comptes précis, des témoignage d’enrôlement forcés de populations non Egyptiennes.

Le code d’alliance, en vigueur dans la région et à l’époque

Les étapes de l’Exode, de la sortie d’Egypte,  sont commentées d’un point de vue géographique. On remarque les précisions sur le nombre des chars comparés à ceux des autres peuples. La présence historique des Hébreux en Egypte est bien attestée.

Alliance du Sinaï et traités de l’époque

L’alliance au Sinaï et à Moab donne lieu à une comparaison détaillée et pertinente avec les traités entre suzerains et vassaux, en vigueur à l’époque. Après avoir donné le plan général des stipulations (ou dispositions) du code d’alliance, l’auteur distingue quatre phases d’application : ancienne, intermédiaire, moyenne, tardive. avec A l’intérieur de chacun de ces codes d’alliance des variations détaillées correspondent aux termes du traité entre un suzerain et son vassal.

Critique des théologiens modernistes

Il critique ensuite la position des théologiens modernistes qui s’opposent à la thèse de Mendenhall (1954). Ce dernier, confirmant la position de Kitchen, fit remarquer l’analogie entre les traités de la fin du 2e millénaire et les caractéristiques de l’Exode et de Josué 24.(p. 124). Kitchen souligne leur incohérence dans le traitement des données et leurs difficultés à se débarrasser des faits. (p. 128)
Le culte des anciens hébreux, le Tabernacle et son personnel permanent, les offrandes et les fêtes sont très modestes comparés aux rites environnants. Il en conclut donc ce culte ne peut être tardif.

Conquête et installation

Dans le paragraphe concernant la conquête et l’installation en Palestine, il souligne l’authenticité de plusieurs sites d’abord contestés mais attestés par des documents retrouvés lors de fouilles.
Il distingue aussi à juste titre entre les attaques–éclair de l’armée de Josué  (Josué 10) et une véritable installation qui se fera très lentement. Ceci élimine les contradictions apparentes entre une conquête rapide et totale du pays par Josué et une conquête lente dans les Juges.
Les 12e et 11e siècle, antérieurs à l’établissement de la royauté constituent une période de mutation et de confusion, (p. 138) avec invasions et migrations de plusieurs peuples. La perte de pouvoir des grandes puissances (Egypte, Assyrie, Babylone) explique la chute du niveau culturel.

Rois et poètes : des Juges aux rois

Le chapitre VI, Rois et poètes, retrace le passage du système des Juges à celui de la royauté.
Les avertissements de Samuel sur le prix à payer pour avoir un roi comme les autres nations sont tout à fait courants et attestés par des témoignages antérieurs. Il ne s’agit donc pas d’une vision tardive et pessimiste de la royauté.
Kitchen reconnaît le manque d’informations archéologiques concernant le règne de Saül. Mais il développe en détail le règne de David. Il met l’accent sur les alliés du roi,. Hiram I de Tyr, en particulier, mit à sa disposition les matériaux et les artisans phéniciens pour la construction future du Temple.
Au Proche-Orient la littérature prend une place de plus en plus importante. De 1400 à 1200 la poésie épique d’Ougarit présente des parallélismes de style avec les psaumes et ses particularités comme le chiasme.

Rouleau des Psaumes

Le Temple de Jérusalem

Quant au Temple de Jérusalem, construit par Salomon, les descriptions qui en restent reflètent des caractères architecturaux reconnaissables (p. 156) aux 2e et 1e millénaires.
Le plan du monument et l’utilisation de matériaux précieux dans la décoration sont courants dans la région. Kitchen souligne la modestie de ce temple par rapport aux constructions identiques dans les autres pays.
Il fait ensuite un examen des chiffres pour répondre à la critique d’exagération et d’inauthenticité. Il en conclut que, par exemple, le nombre des surveillants et celui des ouvriers est tout à fait plausible et réaliste.
Il consacre le dernier paragraphe du chapitre aux Proverbes de Salomon qui appartiennent à la littérature sapientiale. On retrouve des enseignements comparables en Egypte, au Levant et en Mésopotamie. Refusant une composition tardive, il pense que Salomon peut s’être inspiré d’œuvres plus anciennes et avoir rassemblé des matériaux pour les utiliser plus tard.

Guerres et rumeurs de guerre : l’évolution des royaumes

Le chapitre VII Guerres et rumeurs de guerre présente l’évolution des royaumes d’Israël et de Juda après le schisme. L’auteur appuie à l’aide de données archéologiques les événements relatés par le texte biblique. Les inscriptions sur la stèle de Sheshonq I à Karnak (165) confirment une campagne militaire de l’Egypte contre les deux royaumes. La présence d’incrustations en ivoire dans les murs des bâtiments, les fortifications à Haçor et à Meguiddo (p. 167) , et les canalisations souterraines constituent une preuve de l’état avancé des techniques et même du luxe qui régnait à Samarie.

Jeu des alliances et intrigues politiques

L’auteur explicite le jeu des alliances, des rivalités et des intrigues politiques entre les deux royaumes et les pays voisins et il trace l’évolution qui conduit à la ruine de l’un puis de l’autre royaume.
La chute de Samarie et la déportation des Israélites du Nord est célébrée par les inscriptions de Sargon V.

Ostraca et poteries de Lakish

La destruction de Jérusalem en 586 est attestée par « une série de lettres sur ostraca (tessons de poterie), provenant des ruines de Lakish (p. 175).

Prophètes et prophétisme

Prophètes bibliques : alliance et promesses

Kitchen rappelle d’abord que les prophètes, selon la Bible, ne cessaient d’insister sur l’alliance de Dieu avec son peuple, avec des promesses de bénédiction et des menaces de malédiction. Ils invitaient à une adoration véritable et pas seulement formelle.

Prophètes du Proche-Orient : divination

Il constate ensuite que les autres peuples du Proche-Orient communiquaient aussi avec leurs dieux surtout par « la divination, les oracles, la magie. On a retrouvé des manuels entiers consacrés aux différents types d’augures et à leurs interprétations (p. 177).
Les prophètes des autres peuples recevaient le message de la divinité dans des transes ou dans des rêves. Ils s’adressaient surtout au roi pour lui rappeler ses devoirs envers les dieux. Mais à la différence des prophètes de la Bible, aucun ne lui reprochait ses péchés personnels ou l’injustice sociale. Cependant, en Egypte, au 2e millénaire avant J.-C. on trouve des plaidoyers en faveur de la justice comme le ‘paysan éloquent cité p. 179.

Variété du prophétisme biblique

L’auteur signale enfin la variété du prophétisme biblique. Le prophète porte-parole de Dieu était aussi compositeur, chanteur. A partir du 8e siècle avant J.-C., il écrit les révélations reçues. Kitchen fait aussi remarquer que la rivalité supposée entre les prêtres rendant un culte au Temple et les prophètes est forcée. Ce n’est pas la condamnation de tous les cultes mais celle des cultes formels, sans engagement personnel.

Archéologie et histoire

Les derniers chapitres de Traces d’un monde, Bible et archéologie, passent en revue les événements vécus par le peuple juif du 6e s avant J.C au 1e s. de notre ère.

Liens avec l’histoire

De nombreux témoignages provenant de divers sources montrent l’existence de liens plus ou moins forts entre archéologie et histoire. Leur traitement, par l’auteur témoigne d’un regard fidèle et impartial sur le monde antique

L’exil et le retour.

Le déplacement de populations, une arme économique et politique

Dans le chapitre VIII, l’exil et le retour, Kitchen signale des déportations de peuples dès le 13e s. par les souverains d’Assyrie et d’Egypte. L’exil, le déplacement de populations vaincues est un procédé relativement courant.

C’est une arme économique et politique (p. 184). L’exil des Israélites à Babylone n’est qu’un exemple parmi d’autres.

Rejet de la théorie d’une création littéraire a postériori

L’auteur  rejette aussi la théorie prétendant que les avertissements du Lévitique et du Deutéronome ont été écrits seulement après l’exil.
Selon certains théologiens, cette période de 70 ans aurait été, « l’âge d’or de la création littéraire de l’Ancien Testament où presque tout aurait été recueilli, inventé, écrit pour la première fois ». (p. 185).

Retour au passé, un procédé littéraire pour faire revivre les souvenirs

Kitchen l’explique ainsi. Ce retour au passé n’est qu’une manière extérieure de faire revivre des souvenirs.

A Babylone on utilisait une graphie archaïque sur des monuments ou des textes commémoratifs. Mais dans l’administration, on pratiquait l’écriture courante.

Code d’Hamourapi

A cette époque-là, on n’invente pas. On conserve et on recopie. Ainsi, « en Mésopotamie, des œuvres akkadiennes classiques et même le code d’Hammourapi, depuis longtemps périmé« . (p. 186). La mode n’est donc pas à la création mais à la conservation.

Peuple vaincu mais littérature originale

Comment expliquer alors qu’un peuple vaincu et asservi ait pu produire une œuvre littéraire d’une telle originalité ?

Il y a eu des œuvres littéraires hébraïques au 8e s. avant J.-C., d’une qualité certaine, mais en nombre limité.

L’âge d’argent. Le retour d’exil

L’âge d’argent retrace les péripéties du retour des exilés juifs dans leur pays.

L’auteur ajoute des détails intéressants aux récits d’Esdras et Néhémie.

Ces précisions proviennent de documents archéologiques. Ils citent des ennemis de Néhémie, comme Sânballat, Tobiya, et Guèshem « l’Arabe».

Une revendication d’identité

A la fin du chapitre, Kitchen établit des parallèles entre le livre des Rois et le Livre des Chroniques, écrit pendant l’exil.

Il définit ce dernier ouvrage comme un témoignage d’espérance et de foi. Un peuple privé d’indépendance a voulu continuer à affirmer son identité.

De même en Mésopotamie et en Egypte, des compilations permettent de conserver des traditions politiques et religieuses très anciennes.

Lorsque les temps furent accomplis.

Un survol de plusieurs siècles

Le chapitre IX, Lorsque les temps furent accomplis, évoque en moins de deux pages les conquêtes d’Alexandre le Grand, les royaumes hellénistiques, la résistance des Macchabées, enfin la domination romaine sur tout le Proche-Orient.

Les manuscrits de la Mer Morte

Le reste du chapitre est presque totalement consacré aux Manuscrits découverts à Qumram. L’auteur cite rapidement la traduction des LXX, en grec. Il signale aussi l’émergence de plusieurs partis rivaux dans le Judaïsme.

Les Esséniens et Qumran

Grotte de Qumram

Il consacre le développement le plus important aux Esséniens retirés au nord ouest de la Mer Morte. Au moment de la guerre avec les Romains, (66 –67 après J.-C.) les membres de la secte cachèrent dans des grottes à Qumran de nombreux manuscrits. On les a retrouvés seulement en 1947.

Il classe les manuscrits de Qumram en quatre catégories. Les deux premières concernent plus particulièrement l’Ancien Testament, et les deux dernières sont relatives au mouvement essénien lui-même.

Une confirmation de la fidélité du texte hébreu

Les Manuscrits de la Mer Morte ont apporté une contribution importante à l’étude de la Bible. Ils ont confirmé  la fidélité du texte hébreu, due au soin dans la recopie  des manuscrits.

L’auteur reconnaît la supériorité du texte hébreu sur les Manuscrits mais il souligne l’importance de ceux-ci pour l’interprétation.

Le judaïsme avait un contexte culturel et religieux commun. Mais les comparaisons hâtives entre les Manuscrits et le Nouveau Testament ne résistent pas à un examen sérieux.

Une confirmation de la fiabilité du Nouveau Testament

La découverte de manuscrits anciens et de nombreux autres témoignages confirment la fiabilité du contenu et des dates du Nouveau Testament.
Ce sont les écrits les mieux attestés de toutes les œuvres classiques grecques et latines. On compte environ 5000 manuscrits entiers ou partiels, dont l’auteur donne quelques exemples.

Il cite ensuite les découvertes de Sir William Ramsay en Asie Mineure,  les fouilles archéologiques à Jérusalem et à d’autres emplacements aussi bien en Judée qu’en Grèce. Ces documents renforcent la valeur historique des écrits du Nouveau Testament, en particulier ceux de Luc dans son Evangile et dans les Actes des apôtres.

Un voyage à travers les siècles et les civilisations

A la fin de son ouvrage Kitchen évoque l’étendue de son entreprise : faire voyager le lecteur à travers des siècles, des millénaires même, dans une dizaine de civilisations au contact de celle des Hébreux.
Il souligne plusieurs points importants.  En particulier la nécessité d’une confirmation réciproque du document écrit et du document muet.
Il insiste aussi sur la nécessité de tenir compte de toutes les sources anciennes, y compris les Ecritures. Elles ont aussi le titre de « documents »

Le but de l’archéologie, une présentation fidèle et impartiale du monde antique

Sa conclusion rappelle que le but de l’archéologie, n’est pas de prendre parti pour ou contre un document, en particulier la Bible.

Il s’agit plutôt de fournir au chercheur une représentation la plus fidèle possible du monde antique. Enfin, il faudrait traiter de manière impartiale toutes les données archéologiques, bibliques ou autres. Cela demande un esprit critique véritable, qui évite de tirer à tout prix des conclusions définitives.

C. Streng