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Une énigme de Proverbes 30 résolue en Jean 3

Lire toute la Bible, même les passages difficiles

Il est recommandé de lire la Bible en entier, de préférence en alternant Ancien et Nouveau Testament. Cette lecture permet de trouver des relations, des correspondances.

Des paroles de l’Ancien Testament se réalisent dans le Nouveau, des actions de l’Ancien Testament trouvent leur explication dans le Nouveau. C’est normal puisque le plan de salut de Dieu s’étend sur toute la Bible.

Parfois, il nous arrive de tomber sur un passage qui nous paraît étrange. Nous avons le droit de dire « je ne comprends pas, je ne vois pas ce que ça veut dire ».

Mais il est important de ne pas en rester là. La difficulté doit nous pousser à chercher, à approfondir. Voici un de ces passages

Proverbes 30 : 1 à 4

Paroles solennelles d’Agour, fils de Yaqé. Voici ce que cet homme déclara à Itiel, Itiel et Oukal : 

Oui, je suis trop stupide pour un homme, je n’ai même pas l’intelligence d’un être humain. Je n’ai jamais acquis la sagesse, et je n’ai pas accès à la connaissance de celui qui est saint.

Qui est monté au ciel et en est revenu ? Qui a recueilli le vent dans le creux de ses mains ?  Qui a enveloppé les eaux dans le pli de son vêtement ?  Qui a établi les limites de la terre ? 

Quel est son nom ? Quel est le nom de son fils ? Dis-le-moi si tu le sais.

Bible en français courant

Le problème se pose surtout pour le premier verset.

Une succession de noms inconnus, Agour, Yaqé, Itiel, Oukal. A part Itiel, noté aussi dans Néhémie 11.7, on ne les trouve pas ailleurs dans l’Ancien Testament

Dans toutes les versions consultées, protestantes et catholiques, françaises, anglaises et allemandes, c’est la même chose. On retrouve les mêmes noms énigmatiques Agour, Yaqé etc.

D’abord un bref rappel historique pour éclairer la suite

L’Ancien Testament a été écrit en hébreu. Après l’exil, les Israélites vivant en Babylonie et en Égypte se sont adaptés aux langues de ces pays. L’hébreu d’origine n’est plus utilisé couramment.

On l’entend seulement dans les lectures publiques de la Torah. Alors les gens ne sont plus habitués. Ils comprennent de moins en moins.

Il faut donc traduire l’hébreu en araméen et en grec. En Égypte, vers 270 avant J.C, pour pouvoir juger les Juifs selon leurs propres lois, le souverain de l’époque, grec d’origine, demande qu’on traduise en grec l’AT hébreu. Cette traduction s’appelle la LXX

Comme en fait, ce premier verset de Proverbes 30 ne veut pas dire grand-chose, faisons un petit tour dans les traductions anciennes du texte original hébreu, d’abord la bible grecque des LXX

Surprise : La Bible grecque s’arrête au ch 29.

On retrouve le ch. 30 au ch 24 après le verset 22

Mon fils, crains mes paroles et repens toi quand tu les reçois. C’est ce que dit l’homme à ceux qui croient en Dieu. Maintenant, j’arrête.

Et regardons aussi dans la Vulgate

une version latine ancienne traduite de l’hébreu vers 391 par S Jérôme

Parole de celui qui rassemble, du fils de celui qui répand les vérités. Vision prophétique d’un homme qui a Dieu avec lui et qui, étant fortifié par la présence du Dieu qui habite en lui a dit 

Ces traductions donnent un sens au verset. Les noms étranges (Agour, Yaqé, Oukal) ont disparu. Le traducteur ne les a pas simplement plaqués tels quels. En fait ces mots hébreux ont un sens. Leur traduction précise rend le texte compréhensible.

Probablement un problème de traduction. Mais comment l’expliquer ?

Aujourd’hui nous pouvons lire un texte en français et le comprendre. Et aussi l’écouter et le comprendre.

A l’époque de l’Ancien Testament aussi, on pouvait lire un texte en hébreu et le comprendre. On pouvait aussi entendre le texte lu et tout aussi bien le comprendre.

Alors où est le problème ?

L’hébreu ancien écrit n’a que des consonnes, les voyelles ne sont pas notées. « b » peut représenter « ba », « bè », « bi », « bu », etc.). Tout le monde en ce temps-là a l’habitude de reconnaître les syllabes exactes (consonnes + voyelles) qui forment une phrase.

Mais laissons passer quelques centaines d’années. Quelles voyelles mettre entre les consonnes de l’hébreu. On ne le parle plus ! Il faut deviner, lettre après lettre, chaque syllabe écrite.

Entre le 7e et le 10e s de notre ère, les massorètes des savants juifs ont inventé les points et les traits qui représentent les voyelles. Ils les ont ajoutés aux consonnes. Cela facilite, cela rend possible la lecture de la Bible en hébreu.

Mais si le point ou le trait est mal choisi ou mal recopié, le son obtenu est différent. Et bien sûr aussi le mot et sa traduction.

De plus, dans les rouleaux de la Torah, il n’y a ni versets ni chapitres. Les consonnes sont collées en petits groupes, sans voyelles, ni ponctuation, ni indication de fin de phrase. C’est la lecture qui leur donne un sens.

Parfois, on n’arrive pas à bien séparer les différents groupes de consonnes pour en faire des mots qui forment une phrase.

La Bible est un texte inspiré. L’inspiration biblique concerne le texte original, hébreu pour l’AT, grec pour le NT. Les traductions (françaises ou autres) doivent produire un texte suffisamment fidèle et assez compréhensible pour faire profiter le lecteur de cette inspiration.

Alors, si un écueil apparaît, comme ici dans Proverbes 30, il ne faut pas pousser la poussière sous le tapis mais chercher une solution.

Quelques recherches dans divers documents … à partager avec vous

Le premier verset

En déplaçant des consonnes et en modifiant des voyelles de l’hébreu, on obtient

Diberei aegor beni qa hamassa
Retiens (rassemble) mes paroles, mon fils, reçois mon oracle


Agour, le nom propre inconnu ailleurs, devient aegor, un verbe signifiant rassembler, – Dt 28.39, Pr 6.8, 10.5

 

 

 

Fils de Yaqé devient : « mon fils, reçois l’oracle »

Le père demande solennellement à son fils de « recueillir » ou de « rassembler » ses paroles, comme un « oracle », comme une parole divine.

 

Alors celui qui parle doit être soit Dieu lui-même, soit un prophète qui délivre un message au nom de Dieu.

Dans les traductions habituelles, la suite du verset 1 se présente ainsi

dit l’Homme à Ithiel, à Ithiel et à Ucal.

Comme nous l’avons vu un peu plus tôt, il n’y a pas de noms propres dans les versions grecque et latine anciennes ;

Alors faisons aussi la traduction

Itiel : it veut dire « avec », i veut dire « moi ». El est une forme courante du nom de Dieu. Donc « Dieu est avec moi »

Itiel est répété pour expliquer sa signification (Dieu est avec moi)
Oukal veut dire « je suis capable »
« Dieu est avec moi et je suis capable »

Retiens mes paroles, mon fils, reçois l’oracle, dit l’Homme à Itiel, à « Dieu est avec moi et je suis capable »,

Lisons le verset 2

Car je suis trop brutal pour être un homme, et je n’ai pas l’intelligence humaine ;
je n’ai pas appris la sagesse, et je n’ai pas la connaissance des saints.

Selon l’interprétation la plus répandue, ces versets disent que la raison humaine est incapable de comprendre Dieu.

Celui qui parle se moque de ceux qui prétendent connaître Dieu. Il est tellement ignorant qu’il est apparemment au niveau des bêtes brutes. En l’avouant, il fait preuve d’humilité ou de désespoir.

 

Mais si on change des points voyelles, brutal ba’ar; devient brûlant ou brillant bo’ér. Donc

je brûle trop brillamment pour être un homme

 

 

On peut le prendre au sens littéral si celui qui parle est Dieu. Dans l’Ancien Testament Dieu est souvent représenté comme un feu.

Et aussi au sens figuré, de l’illumination prophétique : « je suis plus brillant qu’un homme » ou « je suis trop brillant pour être un homme »

Le fils doit conserver précieusement les paroles de son père, parce que son père brûle d’une perspicacité plus qu’humaine.

Retiens mes paroles, mon fils, reçois l’oracle, dit l’Homme à Itiel (« Dieu est avec moi »), à « Dieu est avec moi et je suis capable », car je suis plus brillant qu’un homme, et mon intelligence n’est pas humaine.

Je n’ai pas appris la sagesse, mais j’ai la connaissance des saints.

Pourquoi les paroles du père sont-elles dignes d’être conservées ?

Sa perspicacité est plus brillante et sa compréhension est plus grande que celles des hommes. Sa connaissance n’a pas été enseignée par la sagesse humaine. Elle provient d’une compréhension directe du surnaturel.

Le fils est Itiel « Dieu est avec moi » amplifié en : « Dieu est avec moi pour que je sois capable ».

Le père est « l’Homme » (Hgbr). La racine guéber « être fort, puissant » désigne un homme adulte. Puisque le père est l’Homme, son fils Itiel est « le fils de l’Homme ».

Mais qui est cet homme et qui est son fils ?

Les mots « oracle » et « parole prophétique » sont des mots du vocabulaire prophétique.

Ne’oum « Parole prophétique » introduit toujours celui qui exprime la prophétie, le prophète, ici  » l’Homme « . Elle indique aussi que Dieu est la source de la parole prophétique. Par conséquent, « l’Homme » doit être un prophète inspiré, ou Dieu lui-même.

Si l’Homme est un prophète inspiré, alors les vv. 2-3 revendiquent l’inspiration divine. Le prophète brûle d’une illumination surnaturelle. L’inspiration lui donne plus qu’une compréhension humaine. Il a une connaissance divine venue non par l’éducation, mais par une révélation directe de Dieu.

L’autre possibilité est que le mot « homme » se réfère à Dieu. Il semble étrange que Dieu soit appelé « l’Homme », mais sur les 375 occurrences du mot « parole prophétique » 364 sont suivies d’un nom divin. Occurrence, c’est le nombre de fois où un mot est utilisé dans un livre.

Les versets 2 et 3 parlent de l’intelligence divine de Dieu

Je brûle plus vivement qu’un homme s’applique mieux à Dieu qu’à un prophète. Dans la Torah, Dieu est fréquemment représenté comme un feu.

Et je n’ai pas l’intelligence humaine s’applique aussi à Dieu. Dieu n’a pas une compréhension purement humaine. Ses pensées dépassent de loin celles des hommes. Cf. Ésaïe 55.8-9.

Je n’ai pas appris la sagesse. Contrairement aux êtres humains, Dieu n’a pas besoin d’apprentissage ou d’une éducation à la sagesse. Cf. Ésaïe 40.13-14.

Pourtant j’ai la connaissance des saints. Dieu n’a pas besoin d’une éducation pour avoir une connaissance divine.

Mais pourquoi Dieu est-il appelé  » l’Homme « 

On suppose que les massorètes ont mis correctement les points voyelles « ha guéber » ‘l’Homme’.

 

Cependant, on pourrait aussi mettre « ha guibor” , ‘le Puissant’.

Ce mot désigne Dieu en tant que guerrier ou ‘Dieu puissant (Dt. 10.17 ; Prov. 21.22).

 

 

Une fois que (hgbr) est compris comme  » le Puissant « , le sens des versets devient clair.
L’homme est « le Puissant », Dieu. Sa présence avec Itiel rend celui-ci capable

Retiens mes paroles, mon fils, reçois l’oracle, dit le Puissant à Itiel,
« Dieu est avec moi et je suis capable »,car je brille plus qu’un homme, et mon intelligence n’est pas celle d’un homme ;Je n’ai pas appris la sagesse, mais j’ai la connaissance des saints.

Itiel, le fils de  » l’Homme  » ou le fils du  » Puissant  » ? Si l’Homme ou le Puissant est Dieu, alors Itiel est le fils de Dieu

Le Verset 4 pose 5 questions adressées par l’Homme ou le Puissant à son fils

Qui est monté au ciel et en est descendu ? Qui a rassemblé le vent dans ses vêtements ? Qui a enveloppé l’eau dans un manteau ? Qui a établi toutes les extrémités de la terre ? Quel est son nom et quel est le nom de son fils. Car tu le sais

Je retiens la première et la dernière question pour les mettre en relation avec Jean 3
Qui est monté au ciel et qui en est descendu ? Quel est son nom et quel est le nom de son fils

Qui est monté au ciel et qui en est descendu ?

Dans Proverbes 30.4, l’Homme » demande au fils de l’Homme : « Qui est monté au ciel et qui est descendu ? » Cette question reste sans réponse. Mais on attend : « personne, sauf Dieu ».

A de nombreuses occasions dans l’Ancien Testament, L’Eternel Dieu est monté au ciel et est descendu sur terre.

A cette question, adressée au fils de l’Homme, Jésus répond en Jean 3.13

Et personne n’est monté au ciel, sauf celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme ». 

Dans Proverbes 30.4 la montée/descente est celle de Dieu (l’Homme, le Puissant, le Père).

Dans Jean 3.13, c’est la montée/ descente du Fils de l’homme.

On peut l’expliquer en se référant à Itiel, le nom du fils (Dieu est avec moi).

Ce nom exprime que le père, Dieu, est présent avec le fils dans la descente sur terre et dans la montée au ciel.

Jésus dit que personne n’est monté au royaume des cieux, sauf lui-même :
Personne n’est monté sauf celui qui est descendu du ciel. Personne d’autre que le Fils de l’homme.

Ces paroles de Jésus dans Jean 3.13 ressemblent à celles de Proverbes 30.4.
Qui est monté au ciel et qui en est descendu ?

Les mots et la pensée des deux textes sont très proches.
Dans Proverbes 30.4, montée et descente entre la terre et le ciel sont dans le même ordre que Jean 3.13. La question de Proverbes 30.4  qui est monté ?  trouve sa réponse en Jean 3.13 : c’est le Fils de l’homme

La question de Proverbes 30 attend une seule réponse : personne sauf Dieu. Aucun homme n’est monté et descendu du ciel. Mais Dieu l’a fait en de nombreuses occasions racontées dans l’Ancien Testament.

Personne sauf Dieu.

Jésus le remplace par : personne sauf le Fils de l’homme. La montée et descente de Dieu en Proverbes 30.4, Jésus l’interprète comme la sienne. Il revendique donc l’unité entre le Fils de l’homme et Dieu.

Comment confirmer cette unité ?

Celui qui m’a envoyé est avec moi de Jean 8.29 signifie que l’envoyeur, Dieu, accompagne celui qu’il envoie, Jésus.

Quand le Fils de l’homme descend sur terre, alors Dieu descend avec lui. Quand le nom Itiel est compris de cette manière, la montée/descente de Proverbes 30.4 devient à la fois celle du fils et celle du père qui est avec lui.

On peut comparer Dieu est avec moi et le Père et moi nous sommes un (Jean 10.30). C’est la même chose. Cela indique une unité d’action, ici, une unité de montée et descente

Une telle unité entre Jésus et Dieu n’est pas unique dans l’évangile de Jean. A plusieurs reprises, ce que l’Ancien Testament dit à propos de Dieu, Jean l’interprète comme une référence au fils préexistant.

Par exemple, le texte d’Esaïe 6.1 dit que Esaïe a vu Dieu dans sa gloire. Pour Jean 12.37-4, le prophète a vu la gloire de Jésus.

Donc quand Jésus dit qu’il est monté au ciel, il rappelle les récits bien connus de l’Ancien Testament. Dieu (sous la forme de l’Ange de l’Éternel) remontait au ciel après une visite sur terre.

Selon Jean 3.13, c’est le Fils, la 2e personne de la Trinité, qui fait ces voyages entre ciel et terre. En tant que manifestation de Dieu dans le monde, le Fils de l’homme est descendu sur terre. Et il monté aux cieux à de nombreuses occasions avant son incarnation.

Et dans l’incarnation, il est venu sur terre en tant qu’homme, parfaitement homme, tout en restant parfaitement Dieu

Quel est son nom et quel est le nom de son fils ?

Le nom du Fils de l’homme dans Proverbes 30.1-4 est Itiel ‘Dieu est avec moi’ développé en ‘Dieu est avec moi si bien que je suis capable’.

Dans Jean 3.2 Nicodème affirme ce qu’il croit à propos de Jésus

Maître, nous savons que tu es un maître/ un enseignant envoyé par Dieu, car personne ne peut faire ces signes miraculeux que tu fais si Dieu n’est pas avec lui.

Nicodème affirme que Dieu est avec Jésus, le Fils de l’homme. Cela rappelle le nom du Fils de l’homme de Proverbes 30.1, Itiel, Dieu est avec moi de sorte que je suis capable.

Personne n’est capable de faire les miracles que tu fais si Dieu n’est pas avec lui.

Le fait que Jésus est ‘capable’ de faire des miracles montre que ‘Dieu est avec lui.’.

Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel. Jean 3.13

Jésus se désigne lui-même comme le fils de l’homme, en référence à Proverbes 30.4.

Proverbes pose la question : quel est son nom et quel est le nom de son fils ? En Jean 3, Jésus répond en se désignant comme fils de l’homme. Il se met lui-même à la place d’Itiel, le Fils de l’homme de Proverbes 30.

Fils de l’Homme comme Fils de Dieu

Dans Proverbes 30.1-4 ‘l’homme’ peut être compris comme une référence à Dieu, ‘le Tout-Puissant’

Si « l’Homme » de Proverbes 30 est en fait le « Puissant », c’est-à-dire Dieu, alors  » le fils de l’Homme « de Jean 3 est  » le fils du Puissant  » ou  » le fils de Dieu « .

Jésus se désigne lui-même comme « Fils de l’Homme ». Ce pourrait donc être un synonyme voilé de « Fils de Dieu ». Les deux titres exprimeraient la relation entre Dieu et son Fils.

Fils de Dieu l’exprime de manière claire, Fils de l’homme de manière voilée. Ces deux titres et « fils » sont utilisés de manière interchangeable dans Jn 3.13-18.

13 Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel.

14 Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé, 15 afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle.

16 Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.

17 Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.

18 Celui qui croit en lui n’est point jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.

Le Fils de l’homme de Jean 3.13-14 devient « le Fils » ou  « le Fils unique » en 3.16-17 puis « le Fils de Dieu » en 3.18. Cela suggère que ces titres sont synonymes.

 Ils expriment la filialité de Jésus et la paternité de Dieu. Fils de Dieu exprime la relation de Jésus au Père clairement, tandis que le Fils de l’Homme le fait de manière énigmatique.

Une énigme à résoudre ?

Pourquoi ce 1e verset de Proverbes 30 est-il laissé tel quel par les traductions habituelles ?

Au moins, les traductions anciennes se sont donné la peine de traduire ces noms étranges et d’en faire quelque chose de compréhensible. 

La Bible est la Parole de Dieu. Elle est logique, écrite pour être comprise. Alors pourquoi ce verset ?

Le début de la solution est dans le titre.

Proverbes fait partie des écrits de Sagesse (ketubim). En hébreu, Proverbes c’est Mashal, énigme mais aussi parabole. Son principal auteur, Salomon, démontrait sa sagesse en répondant aux énigmes posées par la reine de Saba (1 Rois 10.1).

Et aussi, dans Nombres 12.8, Dieu dit que, contrairement aux autres prophètes, il ne parle pas à Moïse « par énigmes ». Donc Dieu parle aussi par énigmes.

Et quand Jésus parlait en paraboles, ce n’était pas, contrairement à ce qu’on croit couramment, pour faciliter les choses mais pour faire un tri. (Mt 13.13, Mc 4.11, Lc 8.10)

Les difficultés du verset se situent surtout dans les caractères hébreux du texte. Beaucoup disparaitraient si les mots étaient prononcés avec les voyelles. C’est ce qu’on a vu plus haut.

L’interprétation traditionnelle, celle qu’on lit dans toutes nos versions actuelles s’appuie sur une seule lecture. Mais en refaisant la traduction, on peut prendre en compte deux lectures diamétralement opposées.

Paroles d’Agour ou / Rassemble mes paroles ?
L’ Homme ou / le Puissant ?
Deux personnes, Ithiel et Oucal / ou une seule, Ithiel « Dieu est avec moi et je suis capable ? »
Brutal, sous-humain, / ou brillant, surhumain ?

Les ambiguïtés, (le double sens du texte) semblent intentionnelles. Par exemple, l’expression à Ithiel (leithiel) (se lit en hébreu dans les deux sens.

Alors, le double sens des mots du texte pourrait bien être volontaire.

Proverbes 30.1-4 pourrait être une prophétie intentionnellement dissimulée en énigme. Une énigme résolue par Jésus dans Jean 3.

En conclusion

Si le travail sur le texte était une bataille, le résultat était un véritable plaisir. Un plaisir à glorifier Dieu.

Voir un verset qui ne veut pas dire grand-chose se transformer en une belle annonce prophétique de Jésus, le Fils de l’Homme, le fils de Dieu, cela valait la peine de fouiller, de naviguer dans les dictionnaires de langue et les commentaires.

Prenons exemple sur les gens de Bérée qui examinaient chaque jour les Écritures, pour voir si ce qu’on leur disait était exact. (Actes 17)

Et surtout, gardons toujours présente à l’esprit et prête à être mise en application cette fonction essentielle de la Parole de Dieu

 Toute l’Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit formé et équipé pour toute œuvre bonne. 2 Tm 2. 16-17

C.Streng

Abraham, confiant malgré tout

Genèse 15 : confiant malgré tout

Un chapitre essentiel pour comprendre le plan de Dieu qui se manifeste dans l’alliance avec Abraham, le plan de Dieu qui prend son envol avec la foi d’Abraham.
Paul l’a utilisé dans son enseignement sur la justification par la foi

Plan de Genèse 15 en 3 parties :

  • inquiétude face à l’avenir,
  • la foi une aventure,
  • l’alliance, une garantie des promesses mais pas sans risque

1.   Inquiétude face à l’avenir

Abraham a vaincu les rois ennemis (ch 14) Mais il est inquiet, perturbé. Ces rois pourraient revenir avec des renforts pour l’attaquer.

Alors Dieu le rassure « Ne crains pas, je suis moi-même ton bouclier » Ton bouclier, ta protection, ton protecteur, une expression qui correspond bien à la situation : le combat est à peine terminé, il pourrait reprendre. Mais il ne reprendra pas.

Et Dieu ajoute : Ta récompense sera très grande.

Cette promesse reprend celle que Dieu lui a donnée .quand il lui a demandé de quitter Ur pour commencer l’aventure de la foi sous sa conduite :  Genèse 12.2 et 3

Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, je maudirai celui qui te maudira. Tous les clans de la terre se béniront par toi (v. 2-3)

Et v. 7 je donnerai ce pays à ta descendance

Une grande nation, un pays pour ta descendance. Mais il n’y a pas de descendance

Plusieurs années se sont écoulées, 8 ou 9 ans probablement. Il a 80 ans et Sara 70 et toujours pas d’enfants. La promesse d’un héritier, d’une descendance nombreuse, oui, mais la stérilité est là. Et l’âge aussi

Inquiet pour sa sécurité, découragé devant l’avenir, Abraham se plaint
Je m’en vais sans enfant . Tu ne m’as pas donné de descendanceC’est Eliezer qui sera mon héritier

Abraham est un homme de foi. Il l’a montré en quittant Ur quand Dieu l’a appelé. Mais il a aussi des sentiments, des émotions. Et Dieu ne les lui reproche pas. Il lui rappelle simplement qui il est, son bouclier, son protecteur. Et Dieu va lui donner les certitudes dont il a besoin

Nous sommes faits à l’image de Dieu Et nos sentiments, nos émotions font partie de cette image.

Alors nous pouvons parler au Seigneur de nos soucis, de nos préoccupations, même si cela ressemble à de l’impatience ou à de l’incrédulité. « Seigneur, je ne comprends pas ça, je trouve que c’est injuste »
Dieu n’est pas sourd à nos questions ni indifférent à nos sentiments.
Mais il ne faut pas les laisser échapper à tout contrôle, ni au contraire les étouffer pour que rien ne sorte.

Jésus a exprimé ouvertement ses émotions de joie, de tristesse, d’amour et même de colère. Dans une situation difficile ou perturbée, nos sentiments, nos émotions ne doivent pas être rejetés mais il ne faut pas en rester là. Si nous continuons à tourner en rond autour de nous, nous serons découragés. Tournons-nous plutôt vers Dieu et soyons attentifs à ses paroles d’encouragement.

Déchargez-vous sur lui de toutes vos inquiétudes, car il prend soin de vous. (1 Pierre 5.7).

Pour la 1e fois dans la Bible « la parole du Seigneur est venue » et  » Ne crains pas « 

Pour la première fois, dans la Bible, on trouve l’expression « la parole du Seigneur est venue » utilisée plus de cent fois dans l’AT.

Et aussi pour la première fois « ne crains pas », qui sera répété à Isaac (Gen 26.24), à Jacob (46.3) et au peuple d’Israël, dans Esaïe 41.10, N’aie pas peur, car je suis avec toi ; ne jette pas des regards inquiets, car je suis ton Dieu ; je te rends fort, je viens à ton secours, 
je te soutiens de ma main droite victorieuse.

La foi qui dépasse, la foi qui vainc la peur, c’est la foi dans la parole de Dieu, pas la foi dans mes sentiments.

Reste tranquille et sache que je suis Dieu (Ps 46.10).
Alors Dieu confirme à nouveau à Abraham ce qu’il lui a promis.
Non, ton serviteur Eliézer ne sera pas ton héritier. Tu auras un fils à toi et tes descendants seront aussi nombreux que les étoiles (4-5)

2.   La foi, une aventure

Abraham mit sa foi dans le Seigneur, qui le lui compta comme justice
Au point de départ, l’inquiétude et le doute devant une situation apparemment sans solution.

Une femme stérile et âgée peut-elle avoir de enfants ? ..Jamais vu oui, jamais vu jusqu’ici.

Dieu parle : ton héritier, c’est celui qui sortira de toi (v4) Et il ajoute un signe, la multitude des étoiles dans le ciel. (v. 5)  Alors tout change. De l’incrédulité, Abraham passe à la foi.

Pourtant il n’y a encore rien, aucun indice qui pourrait faire penser que Rien que la parole

Aucun argument mais la révélation. La certitude qui dépasse infiniment la pensée humaine .et son raisonnement raisonnable.
Oui Dieu est Dieu Et s’il promet quelque chose, .on peut faire confiance à sa promesse. Elle sera réalisée. Ce Dieu qui a fait les étoiles en nombre innombrable peut aussi donner un fils à un couple âgé et stérile.

Une foi remarquable, .un basculement vers l’espoir à partir d’une situation de crise un modèle à suivre

La foi qui compte devant Dieu, .c’est la confiance qui croit aux promesses de sa Parole. La foi d’Abraham, c’est un miracle de Dieu, pas une construction de la pensée humaine ou une décision morale.
Abraham n’est pas passé de son inquiétude et de son doute à la certitude de la foi parce qu’il savait quelque chose qui le mettrait sur la piste. C’est la puissance de Dieu qui se révèle et rend aussi sa révélation accessible.

Alors la récompense promise ?

Ce n’est pas du donnant donnant qui récompenserait la confiance. Pas le marchandage des charlatans religieux qui promettent toutes sortes d’avantages matériels en contrepartie d’un geste de générosité « Mettez 10 € dans l’enveloppe, et soyez sûrs d’en recevoir plus ; mettez plutôt 100 ou 1000, vous en recevrez beaucoup plus »

La récompense, c’est l’expérience de la grâce de Dieu. Il donne gratuitement sa justice à ceux qui lui font confiance, à ceux qui prennent même des risques pour rester avec confiance dans cette justice, malgré tout ce qui pourrait faire obstacle.

Abraham mit sa foi dans le Seigneur, qui le lui compta comme justice

La justice de Dieu lui a été attribuée. Elle a été mise sur son compte. Sur la croix, nos péchés ont été mis sur le compte de Jésus (Es. 53.12) lorsqu’il a subi le châtiment des péchés qui étaient sur notre compte (Es 53.6).
Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu (Rom 3.23).

Mais si nous nous confions en lui, sa justice est créditée à notre compte.
Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait pour nous péché, afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu. (2 Co 5.21)

Alors nous sommes déclarés justes et pardonnés devant Dieu.

Rester dans la confiance, attendre que la volonté de Dieu s’accomplisse, à sa manière et au moment qu’il a choisi.

Abraham et Sarah n’avaient pas besoin de trouver une solution pour avoir un enfant. Tout ce que Dieu demandait, c’est qu’ils soient disponibles pour qu’il puisse accomplir sa promesse en eux.

Le verset 6 est cité par le prophète Habaquq (le juste vivra par la foi) et trois fois dans le Nouveau Testament : Galates 3:6 ; Romains 4:3 ; et Jacques 2:23. Il est à la base de la doctrine de la justification par la foi.

Abraham a cru en Dieu. Il lui a fait confiance. Il s’est appuyé de toutes ses forces sur les promesses de Dieu mais surtout sur le Dieu qui promet.

Dieu répond à la crainte d’Abraham par sa présence et à son inquiétude concernant l’héritier par sa promesse.

Mais il reste une 3e préoccupation, le pays promis.  Comment Dieu y répondra-t-il ?

La déclaration de Dieu sur la foi d’Abraham est placée juste avant la conclusion solennelle de l’alliance.  C’est avec Abraham le croyant, .celui à qui Dieu a attribué sa justice que Dieu conclut son alliance par la promesse d’une terre.

3.   L’alliance, une garantie des promesses, mais pas sans risques

Dieu rappelle d’abord à Abraham qu’il l’a fait sortir d’Ur .pour lui donner la propriété de ce pays.

A quoi saurai-je que je prendrai possession de ce pays ? «

Abraham avait confiance que Dieu lui donnerait le fils promis. Mais la terre était toujours occupée par dix nations païennes. Comment ses descendants pourraient-ils en avoir la possession ?

Alors, au cours d’une cérémonie solennelle, Dieu conclut avec Abraham une alliance.

Il lui garantit ainsi que les promesses concernent la terre (15.7) seront réalisées, elles aussi.
La terre, le pays est un élément important de l’alliance. C’est en effet sur cette terre, dans le pays d’Israël que s’est accomplie l’histoire du salut.

Conclure une alliance était une pratique légale courante à l’époque, dans tous les pays du Proche-Orient ancien.

On établissait ainsi un contrat, un accord solennel entre deux partenaires (individus ou groupes) avec des garanties et des obligations réciproques.

Conclure une alliance ne se faisait pas en signant des documents devant un notaire. L’expression utilisée était « couper une alliance ».
En effet, les personnes qui s’engageaient dans une alliance sacrifiaient plusieurs animaux. Ils partageaient les corps en deux et plaçaient les moitiés opposées sur le sol.

Ensuite, les partenaires marchaient entre les morceaux séparés des animaux. Ils déclaraient que s’ils ne tenaient pas leur parole, .s’ils ne respectaient pas l’alliance conclue, ils méritaient d’être traités comme ces animaux.

Abraham obéit à Dieu et prépare les animaux.

Puis il passe la journée à chasser les oiseaux de proie qui attaquent les morceaux partagés.

Ici, il y a plus que la seule conclusion habituelle d’une alliance. S’y ajoute une interprétation symbolique, une annonce prophétique.

Les animaux sacrifiés représentent les descendants d’Abraham, le peuple d’Israël, le peuple de Dieu.
En effet, génisse, chèvre, bélier, tourterelle, colombe sont les animaux purs prescrits pour les sacrifices dans le livre du Lévitique. Les Israélites, le peuple de Dieu les offraient à Dieu, comme leurs représentants, leurs substituts pour rétablir la relation avec lui s’ils avaient rompu l’alliance par le péché.
Les oiseaux de proie, impurs représentent les nations païennes, ..entre autres l’Égypte, ennemies d’Israël.
Et les gestes d’Abraham qui chasse les rapaces annoncent les actes de défense de ses descendants contre les agresseurs étrangers.

Selon le rite habituel pour conclure l’alliance, les deux partenaires auraient dû marcher entre les deux moitiés des animaux partagés.
Mais quand le soleil se couche, Abraham tombe dans un profond sommeil.

Dieu seul passe entre les morceaux du sacrifice.

17 Quand le soleil fut couché, l’obscurité devint profonde ; alors une fournaise fumante et une torche de feu passèrent entre les animaux partagés.

C’est Dieu qui a fait les promesses à Abraham.

Et pas Abraham qui a fait les promesses à Dieu. ..C’est une alliance de grâce dans laquelle Dieu seul s’engage, sans condition.

V. 18  Je donne ce pays à ta descendance
Pendant son sommeil, Abraham est informé du plan de Dieu pour le peuple, pour lui-même et pour la terre.
Pour le peuple (v 13-14 et 16), est annoncée une période d’esclavage de 400 ans par un pays qui n’est pas nommé.

A l’époque d’Abraham et pendant les 3 générations qui suivent, les relations avec l’Égypte sont normales, bonnes même.

Les dirigeants, les pharaons de cette époque-là sont aussi des sémites, comme Abraham et ses descendants.
Abraham est allé en Égypte à cause de la famine et il a été bien reçu. .. Malgré sa tromperie à propos de Sara sa femme qu’il fait passer pour sa sœur, il en est sorti plus riche qu’il n’était entré. (Gn 12). D’ailleurs le trajet pour l’Égypte est court et bien fréquenté pour des relations commerciales entre voisins. C’est un peu comme quand on va faire ses courses de l’autre côté de la frontière.

Joseph, fils de Jacob, deviendra par la suite premier ministre du pharaon

Il dirige une vente de blé à ses frères qui l’avaient vendu et ne le reconnaissent pas pas tout de suite. Toute la famille s’installe en Égypte comme invitée d’honneur et devient un peuple puissant.

Mais un nouveau pharaon réduit les Hébreux en esclavage

Mais la dynastie au pouvoir change. Le nouveau pharaon, pas sémite, est inquiet de leur croissance numérique. Il réduit les Hébreux en esclavage et pratique le génocide des garçons (Exode 1). ;;;Et cela dure 400 ans, depuis l’arrivée de Jacob en Égypte jusqu’à l’Exode. 400 ans jusqu’à ce que l’alliance s’accomplisse, jusqu’à ce que le peuple libéré aille à la conquête du pays promis

Abraham peut en être sûr. Rien ne pourra se mettre en travers du plan prévu par Dieu,

Pas même sa mort, pas même une longue période d’esclavage.
Comme les oiseaux de proie, l’Égypte va s’opposer à l’alliance de Dieu avec Israël et essayer d’en empêcher la réalisation. Mais en fin de compte, l’alliance sera accomplie.

« Une fournaise fumante, une torche de feu » (17), encore deux symboles pour symboliser l’avenir.

La fournaise fumante représentait l’affliction de l’esclavage en Égypte, désignée dans Dt 4. 20 comme un creuset pour fondre le fer.

Et la torche de feu, c’est la lumière de Dieu qui s’élève dans les ténèbres, comme la colonne de feu du désert   pour conduire son peuple.

16 A la quatrième génération, ils reviendront ici ; car la faute des Amorites n’est pas encore à son comble.

Pourquoi 400 ans, pourquoi une attente aussi longue ? Pourquoi Dieu tarde-t-il tellement pour délivrer son peuple.

Dieu a été patient envers les populations païennes de Canaan, représentées par les Amorites. Il a retardé son jugement pour qu’elles aient le plus de temps possible pour se repentir.

Il est cependant un point que vous ne devez pas oublier, bien-aimés : c’est que pour le Seigneur un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour. Le Seigneur ne retarde pas l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le pensent. Il est patient envers vous : il ne souhaite pas que quelqu’un se perde, mais que tous accèdent à un changement radical (2 Pierre 3.8-9).

Le pays promis : v 18-21

Ce jour-là, l’Éternel fait alliance avec Abram

Il remet à sa postérité, par un acte solennel, tout le pays. Il précise ses frontières et cite une à une les populations qui seront punies et devraient être dépossédées lors de la conquête.

En fait, Israël n’a jamais possédé le pays promis dans sa totalité. Même au temps de sa plus grande extension, sous les règnes de David et de Salomon, l’Égypte contrôlait encore les régions côtières et les Philistins étaient toujours présents. Cette promesse d’une terre dans ses pleines dimensions est reprise dans les Psaumes qui annoncent le Messie. Elle sera réalisée quand le Christ glorieux régnera sur le trône de David.

Ce passage est un encouragement pour nous, les croyants de la nouvelle alliance.

Cette alliance est inconditionnelle. Son accomplissement ne dépend que de Dieu, pas de l’homme. De même la nouvelle alliance établie par Jésus Christ est fiable, qu’on l’accepte ou non.

Toute personne qui met sa foi, ..sa confiance dans le Christ, mort à cause de nos péchés et ressuscité pour notre justification (Jn 3.16) entre dans cette alliance. Elle reçoit le salut éternel
Et c’est parce qu’il a été ainsi amené à la perfection qu’il est devenu, pour tous ceux qui lui obéissent, l’auteur d’un salut éternel (Hb 5.9)
et la gloire éternelle  Quand vous aurez souffert un peu de temps, le Dieu de toute grâce, qui, en Jésus-Christ, vous a appelés à sa gloire éternelle, vous formera lui-même, vous affermira, vous rendra forts et inébranlables. (1 Pi 5.10)

En conclusion, Dieu accomplira tout ce qu’il a promis.

Il accordera à ceux qui se confient en lui toutes ses bénédictions pour cette vie et la vie à venir malgré la souffrance, la persécution et même la mort
Sa divine puissance nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété, en nous faisant connaître celui qui nous a appelés par sa propre gloire et sa propre force. Par celles-ci, les promesses les plus précieuses et les plus grandes nous ont été données, afin que par elles vous échappiez à la pourriture que le désir entretient dans le monde et que vous ayez part à la nature divine. (2 Pi 1. 3-4).

Le croyons-nous ?

C.Streng

Job – l’enjeu

Le livre de Job : surprenant et assez difficile à comprendre

De l’avis de beaucoup de chrétiens le livre de Job est assez difficile à comprendre. Effectivement et ce n’est pas simplement à cause des thèmes qu’il traite : la souffrance humaine, la souveraineté et la gloire de Dieu, la religiosité courante.
C’est surtout dû à la manière surprenante dont est mis en scène le sujet de la souffrance parmi les hommes. En effet l’auteur n’adopte pas l’angle ordinaire du malheur comme conséquence du péché, mais tout à l’opposé comme l’expérience déroutante d’une série de catastrophes qui tombent sur un homme que Dieu lui-même déclare intègre, et cela à deux reprises. Il faut donc laisser de côté les idées simplistes et regarder les choses de près.

1. Les deux premiers chapitres

Présentation des personnages et du problème spécifique

Comme dans une pièce de théâtre, c’est là que nous sont présentés les personnages de toute l’action et qu’est posé le problème qui fera l’objet de toute la suite. Si le lecteur passe trop vite sur les 2 scènes développées là, il va rater l’essentiel du message du livre. Il pourra tirer certains enseignements justes, confirmés ailleurs dans la Bible. Mais il passera à côté de la pointe particulière, de l’objectif spécifique du livre de Job.

Voyons donc le contenu des chapitre. 1-2 :

D’abord le personnage central : Job : 1.1 et sa richesse —> 3d.

Chronologiquement on le situe très loin dans le passé, peut-être même avant Abraham. On peut admirer la connaissance que ces hommes – et tout particulièrement Job – ont de Dieu, sans aucune révélation écrite.

Suit alors une impressionnante scène au ciel :

présentée comme souvent dans la Bible : sobre, directe, sans détail annexe : 1.6-12.

Puis la 1e chaîne de catastrophes

Elles  enlèvent brutalement à Job tous ses troupeaux, beaucoup de serviteurs et même ses enfants—> 1. 20-22 !!

Nouvelle scène au ciel : —> 2.1-6.

Il perd sa santé et le soutien de sa femme : 2. 7-10.

Et le chapitre 2 se termine en annonçant l’arrivée de 3 amis venus le consoler.

2. La lecture classique

Une AG au ciel : Satan met en doute la motivation de Job

Une assemblée générale est convoquée par Dieu au ciel. Tous les anges y participent, même l’ange déchu. Celui-ci, malgré son évidente arrogance, doit rendre des comptes à Dieu et le dialogue se centre sur un homme en particulier, Job.

Dieu le connaît bien et en fait un éloge impressionnant : il n’y a personne comme lui sur terre. Satan est obligé de l’admettre, mais ce semeur de doute et de mensonges met en question la motivation de Job : 1. 9-11 ; 2. 4-6.

Et par 2 fois une série de calamités tombe sur le pauvre Job qui perd successivement :

tous ses biens dans une véritable rafale de nouvelles catastrophiques, puis ses enfants, sa santé, le soutien et le respect de sa femme, le soutien de ses amis.

Que lui reste-t-il alors ? Imaginons-nous à sa place :

un peu de vie, mais avec des douleurs constantes, son attachement à Dieu, mais il a l’impression profondément déroutante que Dieu ne lui rend pas justice et est même devenu son ennemi.

Il y a aussi ses 3 amis venus le consoler, mais avec leur esprit obtus ils l’énervent rapidement et iront jusqu’à prononcer des accusations scandaleuses sur son intégrité et son image de Dieu.

Une fois cette situation de départ bien notée, comment comprendre le message de tout le livre ?

La grande majorité des commentaires reconnaît le caractère extrême des épreuves de Job et explique qu’elles ont été nécessaires pour lui faire abandonner sa confiance en soi, « son orgueil », disent-ils, lui faire avouer sa condition limitée de pécheur.

D’autres expliquent que ces épreuves sont nécessaires pour approfondir sa vie spirituelle et l’introduire à des bénédictions bien plus grandes. Ce n’est pas faux, mais un peu passe-partout. Et surtout là n’est pas le vrai enjeu de ce livre.

D’autre part si le but du livre est de montrer si ces épreuves vont effectivement confirmer, affermir la foi de Job, ce livre prend une allure effrayante, car il me faudrait envisager comme normal d’affronter, moi aussi, des situations aussi extrêmes pour progresser dans ma foi. Même en face de problèmes moins lourds, suis-je capable, moi, de dire : L’Eternel a donné… ?

De plus, dans cette approche, l’attention se focalise sur l’homme, sur Job. Celui-ci devient un homme exceptionnel qui arrive à tenir face à un tel déluge de coups durs. Il devient un « héros de la foi » (ce qui est totalement étranger à sa mentalité), un magnifique exemple, mais difficile à égaler et, de plus, dans un passé bien lointain et une culture et des circonstances bien différentes.

3. Le vrai enjeu

Le vrai enjeu se situe ailleurs : non dans la personnalité de Job, mais dans les 2 dialogues entre Dieu et Satan.

À l’éloge que Dieu fait de Job Satan répond :

Est-ce de façon désintéressée que Job craint Dieu ?.. Porte la main contre lui…et je suis sûr qu’il te maudira en face.

Par deux fois le diable lance ce défi, bien dans la ligne de son arrogance de semeur de zizanie.

Et la grosse surprise : Dieu accepte, tout en fixant des limites. Il est et reste le Maître des circonstances.

Dieu accepte, parce qu’il connaît Job. Il a dit qu’il n’y a pas autre homme comme lui sur terre. Il croit donc que d’un tel homme il peut attendre la fermeté dans des évènements très durs, c’est-à-dire une démonstration de foi désintéressée, inconditionnelle. Même dans des circonstances aussi extrêmes.

Cette démonstration proclamera la gloire de Dieu

Et quand à la fin la preuve sera donnée que Dieu avait raison, qu’il pouvait effectivement attendre de l’homme un tel amour, qu’il en est digne comme Créateur et Maître de l’univers, cette démonstration proclamera non, par des paroles, mais par un fait incontestable, la gloire de Dieu devant toute la création et aussi à la face du monde de Satan, de ce semeur de doute et de zizanie.

Dieu connaît Job

Dieu connaît Job et croit en sa foi, à la sincérité de son attachement, au niveau de ce que Job devrait être capable d’endurer.

Il nous connaît aussi

Il nous connaît nous aussi et croit que notre amour est sincère. Et quand il permet une épreuve, elle est mesurée, dosée en fonction de notre foi et de notre maturité spirituelle. Elle reste contrôlée par le Maître des circonstances. Mais elle nous donne l’occasion de proclamer le gloire de Dieu à la face de notre entourage et aussi du monde invisible que nous sommes sérieux dans notre attachement à Dieu, qu’il le mérite bien comme Dieu et Sauveur.

Cette fois l’attention n’est pas centrée sur l’homme, mais sur Dieu,

L’enjeu n’est pas seulement la fermeté de notre foi et sa progression, mais une démonstration en actes de la gloire de Dieu.

Voilà une dimension à me remettre clairement devant les yeux, quand un coup dur arrive. Ce coup dur n’aura pas la gravité de ceux qui ont frappé Job, il sera à ma mesure, mais moi aussi je pourrai témoigner, à l’honneur de Dieu, qu’il est digne d’un amour inconditionnel, pour rien. Ce témoignage est possible à tous les niveaux de foi, même dans un quotidien banal.

On est là aux antipodes des conceptions des trois amis de Job.

Leur religiosité simpliste est certes exigeante et très élevée au-dessus du polythéisme de leur époque. Il y a des choses qu’il faut faire et d’autres qu’il faut vraiment éviter et tt cela sous le regard du divin Juge. Si tu fais le bien, tu seras béni ; si tu fais le mal, tu seras puni.

Et si Job a subi ces terribles calamités, c’est qu’il a gravement péché. Tous leurs efforts s’unissent pour le lui faire avouer et quand Job s’obstine à leur parler de sa justice, ces prétendus amis, venus pour le consoler, en viennent à l’accuser de mensonge, en termes cruels et impitoyables. Pour sauver leur piètre image de Dieu et le système qui en découle.

Ils s’entendraient bien avec un certain christianisme actuel qui a à peu près tout oublié de la Bible, à part les 10 commandements.

Ils s’entendraient aussi avec le commun des Juifs qui lisent ce livre dans leur Bible. Et là justement se situe une autre signification importante de ce livre.

Et avec une compréhension légaliste – donnant-donnant de l’Ancien Testament

Dans le cadre de l’AT, trop facilement compris de manière légaliste, voilà un livre, peut-être le plus ancien de tous, qui rejette avec vigueur toute scorie religieuse légaliste, commerciale du donnant – donnant cher aux trois amis.

Job craint Dieu parce que Dieu est Dieu

Non, Job ne craint pas Dieu, parce que cela apporte quelque chose à Dieu, ni parce que cela lui sert à lui-même, mais parce que Dieu est Dieu. Dieu en est digne à cause de ce qu’il est et non pas simplement à cause de tout ce qu’il nous donne.

Le Dieu unique et véritable, majestueux dans sa souveraineté et plein de grâce dans son amour et sa providence pour l’homme, mérite un amour véritable, désintéressé. C’est là une des grandes spécificités de notre foi en Christ.

Une épreuve, même incompréhensible, ne suffit pas pour justifier que je retire à Dieu ma confiance, que je le renie.

Dans une relation d’amour, les deux partenaires se connaissent, se font mutuellement confiance, comme une chose allant de soi. Nous savons qu’il est nécessaire et légitime de croire en Dieu, mais pensons-nous que Dieu croit aussi en nous, c’est-à-dire qu’il estime que puisque son amour est véritable, le nôtre le sera aussi et ne s’évaporera pas face à un coup dur. Celui-ci est connu d’avance, donc contrôlé par le Maître des évènements, qui lui donne une raison d’être constructive.

Job ressent le besoin d’un médiateur

Job ne comprend pas ce qui lui arrive, cette immense averse tombée d’un coup d’un ciel bleu. Contre toutes les accusations injustes de ses piètres consolateurs, il ressent fortement le besoin d’un médiateur, d’un garant de sa bonne foi auprès de Dieu. Et il a même l’intuition que ce médiateur, ce serait Dieu lui-même auprès de Dieu, c’est-à-dire Christ.

4. Bilan provisoire

La confiance de Job en Dieu

Il est vraiment étonnant de découvrir la confiance de cet homme en Dieu, lui qui a vécu au moins 4000 ans avant nous. Alors que nous, nous connaissons toute l’histoire d’Israël et pouvons lire à loisir une révélation détaillée de Dieu.

Cela ne veut-il pas dire que Dieu se révèle effectivement à qui le cherche sincèrement :

Vous me chercherez et vous me trouverez, pq vous me chercherez de tout votre cœur (Jérémie 29. 13).

L’actualité nous le confirme par les témoignages que nous entendons de gens qui n’ont aucun accès personnel à la Bible et à qui Dieu se révèle de nos jours.

Job désarçonné mais toujours attaché à Dieu

Job est totalement désarçonné : il ne comprend plus rien à ce qui lui arrive. Mais il ne se laisse pas entamer par les insinuations de sa femme et de ses amis. Non, dit-il en quelque sorte, je sais que Dieu m’aime et il sait que je l’aime, je veux rester attaché à lui, je ne le renierai pas. Et lui se lèvera le dernier sur la terre, il aura le dernier mot dans cette affaire : C’est lui que je contemplerai et il me sera favorable. Mes yeux le verront… Au plus profond de moi, je n’en peux plus d’attendre (19.27)

Alphonse Maillot, un commentateur perspicace, dit que Dieu remet sa cause à Job.

Il croit que son amour pour Job est assez fort pour que Job triomphe dans ce test. Sinon cela signifierait que son amour ne peut pas grand chose. C’est le sort de Dieu qui va se jouer sur terre, tandis que le sort de Job se joue au ciel.

Dieu est digne d’un amour inconditionnel

Finalement le défi lancé par l’adversaire à Dieu, qui le relève, devient le défi lancé par Dieu à l’adversaire qui sera vaincu dans les faits. Oui, Dieu est digne d’un amour inconditionnel, parce qu’ il n’y a pas d’autre Dieu dans la création, il est majestueusement saint et réellement amour.

C’est une revanche sur l’événement du jardin d’Eden où l’homme avait accepté l’idée de Satan que l’amour de Dieu était intéressé, que Dieu voulait se préserver des privilèges.

A suivre …

J-J Streng