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Revendication, non, repentance – Ézéchiel 33.21

Revendication, Non, plutôt repentance

Ézéchiel 33. 21-29

Terrible nouvelle : la chute de Jérusalem

Le 8 ou le 19 janvier 585 av. J.-C. , six mois après l’événement, un survivant du siège de Jérusalem arrive à Babylone.

Terrible nouvelle : Le temple est détruit, la ville est tombée aux mains de Nabuchodonosor le roi de Babylone.

Un tournant important dans la carrière prophétique d’Ézéchiel

La chute de Jérusalem marque un tournant important dans la carrière prophétique d’Ézéchiel.

Il a d’abord été le guetteur qui avertit, menace, condamne (jusqu’à 33.20). A partir de maintenant (v. 21) il inaugure une nouvelle période où un message d’espérance nationale est possible.

Mais les conditions pour comprendre, pour saisir ce message d’espoir, pour se l’approprier, sont-elles réunies ?

Au moment où la nouvelle de la prise de Jérusalem lui parvient, Ézéchiel, qui avait été muet pendant environ deux ans, est à nouveau capable de parler.

Son mutisme lui avait été annoncé au début de son appel

26 Je collerai ta langue à ton palais, pour que tu sois muet et que tu ne puisses pas les reprendre – car c’est une maison rebelle. 27 Mais quand je te parlerai, j’ouvrirai ta bouche, pour que tu leur dises : Ainsi parle le Seigneur DIEU. Que celui qui écoute, écoute, et que celui qui ne prend pas garde, ne prenne pas garde – car c’est une maison rebelle. 3.26-27.

Ce mutisme correspond aux deux années du siège de Jérusalem. Il empêchait Ézéchiel de communiquer avec les Juifs déjà déportés à Babylone. Pendant ce temps, ses prophéties sont dirigées contre les nations étrangères

Le prophète est enfin justifié : il avait raison. Ses messages de malheur se révèlent vrais. Il aurait pu s’attendre à la repentance de ceux qui sont restés en Juda et à l’obéissance parmi les Juifs en exil en Babylonie

21 Le cinquième jour du dixième mois de la onzième année de notre captivité, un rescapé de Jérusalem arriva vers moi pour m’annoncer que la ville était tombée.

22 Or, le soir précédant son arrivée, la main de l’Éternel s’était posée sur moi et le Seigneur m’avait rendu la parole avant que ce fugitif vienne vers moi le matin. Il m’avait ouvert la bouche de sorte que mon mutisme avait cessé.

23 Et l’Éternel m’adressa la parole en ces termes :
24 – Fils d’homme, ceux qui habitent au milieu de ces ruines amoncelées sur la terre d’Israël parlent ainsi : « Abraham était tout seul lorsqu’il a reçu la possession du pays, mais nous, nous sommes nombreux, et le pays nous a été donné en possession. »

25 Réponds-leur donc : « Voici ce que le Seigneur, l’Éternel, déclare : Vous mangez de la viande avec le sang vous levez les yeux vers vos idoles, vous versez le sang, et vous posséderiez le pays ! 26 Vous vous fiez à votre épée, vous avez commis des actes abominables, chacun de vous déshonore la femme de son prochain, et vous posséderiez le pays ?

27 Voici ce que tu leur diras : Le Seigneur, l’Éternel, déclare : Aussi vrai que je suis vivant, ceux qui sont parmi les ruines périront par l’épée, et ceux qui sont dans la campagne seront livrés en pâture aux bêtes sauvages, et ceux qui se seront réfugiés dans les rochers et dans les cavernes mourront de la peste.

28 Je transformerai le pays en une terre dévastée et déserte. Je mettrai fin à sa puissance dont il s’enorgueillit, et les montagnes d’Israël seront si dévastées que personne n’y passera plus. 29 Alors ils reconnaîtront que je suis l’Éternel, quand j’aurai réduit le pays en une terre dévastée et déserte, à cause de tous les actes abominables qu’ils ont commis. »

Vous revendiquez ! Vous auriez mieux fait de vous repentir

L’arrivée du messager annonçant la chute de Jérusalem soulève la question de la possession de la terre d’Israël.

L’armée babylonienne avait détruit des villes et des villages importants dans tout le pays. Le pouvoir de Babylone avait aussi déporté en Babylonie des milliers de Judéens, plusieurs années déjà avant la chute définitive de la ville en 587 ou 586.

Alors pour les juifs restés sur place, dans une situation désespérée, se pose la question de la propriété de la terre, cette terre que Dieu avait donnée à son peuple en faisant alliance avec Abraham (Genèse 12.2, 7)

Après la chute de Jérusalem, les survivants juifs qui sont encore là supposent que leur présence est le signe que Dieu les approuve.

La loi du nombre

Et ils font le parallèle avec Abraham : puisque Dieu a donné la terre à Abraham, à une seule personne, il va certainement la leur donner à eux qui sont nombreux.

Abraham était tout seul lorsqu’il a reçu la possession du pays, mais nous, nous sommes nombreux, et le pays nous a été donné en possession. v. 24

Bien sûr, ils ont été vaincus, disent-ils. Bien sûr, les combats les ont décimés. Mais ils sont plus nombreux qu’Abraham. Lui, il était seul, quand il habitait dans le pays. Eux, ils pourraient rassembler 1000 ou même 2000 hommes pour reprendre la conquête du pays.

Nous, nous sommes nombreux, et le pays nous a été donné en possession

A la base de leur revendication, deux motifs :

– L’un est juste et reconnu dans la Loi de Moïse : les enfants héritent naturellement des biens de leur père.
– L’autre n’est qu’un calcul humain : le nombre multiplie les droits.
Plus on est nombreux, plus on peut prétendre à exiger quelque chose, à réclamer un avantage. Si Abraham avait un droit sur la terre, une nation entière de ses descendants devrait avoir d’autant plus ce droit.

Une erreur évidente. Il manque un élément essentiel, Dieu

C’est Dieu qui valide ou non le droit d’obtenir ou non quelque chose, un avantage, une bénédiction par exemple. Et cela ne dépend pas du nombre mais de la relation de chacun avec Dieu, du comportement qu’on choisit de suivre.

Abraham a montré sa confiance à Dieu en obéissant à son appel.

Abraham à qui Dieu dit :

Va-t’en de ton pays, du lieu de tes origines et de la maison de ton père, vers le pays que je te montrerai. 2Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une bénédiction (Genèse 12.2)

Abram partit, comme le SEIGNEUR le lui avait dit (v.4)

Alors Dieu et toutes ses bénédictions l’ont accompagné pendant toute sa vie.

Abraham a ainsi rendu possible la réalisation de la promesse. Et tout au long de sa vie, il a continué à faire confiance à Dieu, comme le montrent les exemples cités dans Genèse (17, 4-8 ; 18, 19 ; 22, 15-19)

Une autre erreur : oubli complet des exigences de l’alliance de Dieu avec Abraham et ses descendants

Dieu leur donne la terre

Ce jour-là, le Seigneur conclut une alliance avec Abram. Il lui dit : « A tes descendants je donne ce pays, Genèse 15.18

Ils doivent respecter l’alliance

Dieu dit à Abraham : Toi, tu garderas mon alliance, toi et ta descendance après toi, dans toutes ses générations. Genèse 17.9

En fait c’est Dieu le propriétaire et eux les gérants. Ils auront à rendre des comptes. Ils ont le droit de vivre dans le pays sous condition d’obéissance et de fidélité, sinon

Mais si vous contrariez le SEIGNEUR, ton Dieu, en faisant ce qui lui déplaît 26 – j’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre – vous disparaîtrez bien vite du pays dont vous allez prendre possession après avoir passé le Jourdain ; vous n’y prolongerez pas vos jours : vous serez détruits.

27 Le SEIGNEUR vous dispersera parmi les peuples, et vous ne resterez qu’un petit nombre d’hommes parmi les nations où le SEIGNEUR vous emmènera. Deutéronome 4.26-27

Et encore

Le SEIGNEUR te dispersera parmi tous les peuples, d’une extrémité de la terre à l’autre Dt 28.64

Qu’en est-il de ces survivants restés en Judée ?

Ils ont pu rester dans leur pays.  Alors ils revendiquent la propriété d’une terre, d’un pays en train de leur échapper.

Leur arrogance, leur certitude d’avoir raison les empêche de se repentir.

Et ils ne se posent même pas la question de savoir pourquoi la terre qu’ils réclament leur a été arrachée ? Pas un mot, pas un rappel des paroles de l’alliance. On préfère ne plus se souvenir de ce que Dieu a dit à propos de la terre et des conditions pour y vivre.

Alors le prophète leur répond par un acte d’accusation

Une accusation d’idolâtrie – manger la viande avec le sang, une manière de s’approprier la force de l’animal, une pratique païenne.

Une accusation d’immoralité et d’adultère. Une conduite qui les rabaisse au niveau des nations païennes que Dieu avait chassées pour qu’ils puissent posséder la terre promise

Vous obéirez à toutes mes ordonnances et à toutes mes lois et vous les appliquerez. Ainsi le pays où je vous mène pour que vous vous y installiez ne vous vomira pas.

23 Vous ne suivrez pas les coutumes des nations que je vais chasser devant vous ; car c’est parce qu’elles ont commis toutes ces actions que je les ai prises en aversion. Lévitique 20.22-23

L’obéissance aux commandements de Dieu (44 fois dans le Deutéronome), c’est la condition indispensable pour posséder et pour garder le pays

L’accusation la plus surprenante : se confier dans leurs épées, dans la force des armes (26)

Ézéchiel fait probablement allusion à l’insurrection contre le gouvernement mis en place par Babylone, en particulier à l’assassinat du gouverneur Guedalia (Jérémie 41). D’où la condamnation par le prophète.

Pour Ézéchiel comme aussi pour Jérémie, son contemporain,  Babylone est le bras armé, l’épée du Seigneur. Dieu a désigné Babylone pour détruire et soumettre Juda. Résister à Babylone, c’est donc résister à Dieu. (21. 1-17).

Un raisonnement difficile à admettre. Même après de nombreuses explications et avertissements, Jérémie s’est fait traiter de traître et de collabo à cause de cela.

Ensuite Ézéchiel prononce le verdict

Ce n’est pas parce qu’ils ont été laissés dans le pays qu’ils échapperont au jugement.
Par le prophète, Dieu les avertit. Eux aussi seront attaqués, détruits par l’épée, les bêtes sauvages et la peste v. 27-28).

Ces instruments du jugement divin rappellent Lévitique 26.22, 25 et la destruction de 28a évoque Lévitique 26.19a, 33b

Je vous disséminerai parmi les nations et je tirerai l’épée derrière vous.
Votre pays sera dévasté, et vos villes seront en ruine.

Contre leur orgueil le pays nous a été donné en possession Dieu annonce son jugement : « les montagnes d’Israël seront dévastées, personne n’y passera ».

Si les gens ne cherchent pas à « connaître » Dieu par la repentance et la foi, ils finiront par le « connaître » dans le jugement (v. 29 ; Ap 6, 13-17).

Dieu n’a pas de petits enfants

Pas de bénédiction automatique par ancêtre interposé, serait-ce Abraham lui-même ou tout aïeul prestigieux.

Pas de droit automatique à être propriétaire du pays. Dieu l’a accordé par grâce à son peuple, à la condition qu’il soit et reste fidèle.

Si la condition n’est plus remplie, ce droit est retiré. Alors s’ensuivent invasions, destructions, exil.

Pas de filiation spirituelle automatique

Dieu est capable de faire naître des enfants à Abraham à partir des pierres du désert (Matthieu 3.9)

Tous ceux qui sont de la descendance d’Israël ne peuvent être considérés comme le véritable Israël de Dieu (Paul dans Romains 9.6)

Et le plus terrible : la filiation diabolique qui rend aveugle

Les Juifs se vantaient devant Jésus de descendre d’Abraham (Jean 8.33 et 39) et, comble de l’inconscience, de n’être esclaves de personne. Justement dans les années où l’Empire romain occupait le pays et faisait sentir son oppression.

Jésus leur répond : vous avez pour père le diable  Jean 8.44

Vous prétendez avoir Abraham pour père Et vous en êtes assez fiers. Mais tout dans votre comportement montre qui, en fait, tire les ficelles.

Ils sont incapables de comprendre la vérité de Dieu enseignée par le Christ. C’est directement lié au fait qu’ils appartiennent à l’ennemi.

Encore plus terrible : c’est la condition naturelle des non croyants

En fait, les disciples de Jésus,  les chrétiens à travers les siècles,  nous aussi avant la conversion,  tous ont fait partie du monde déchu et rebelle. Jusqu’à ce que Jésus les choisisse du milieu du monde Jean 15.19.

Quelques pistes de réflexion

La justification, le salut, c’est personnel. Ni héréditaire ni automatique du fait de la tradition.

On peut hériter des biens de ses parents, on ne peut hériter de leur foi.

Une idée insensée des Juifs. La faveur, la bénédiction que Dieu leur accordait en tant que nation leur serait garantie pour toujours,  quoi qu’ils fassent

Leur devise : « jadis justes, toujours justes, malgré nos actions condamnées par Dieu »

Ce respect de la piété traditionnelle, en fait celle des autres, des parents ou grands-parents est profondément ancrée dans la pensée de certaines personnes.

La foi, ce n’est pas un ajout

Certaines personnes ajoutent la religion à leur liste de valeurs. C’est juste un plus, pas plus.
Des millions de personnes se prévalent d’appartenir à un système religieux. Un système qui leur promet un pardon collectif, à condition de rester dans le système, à condition de suivre certains rites.

Les vrais croyants sont attirés par le Père

Personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ; et moi, je le relèverai au dernier jour. Jean 6:44

Ils sont donnés au Fils

Tout ce que le Père me donne viendra à moi ; et celui qui vient à moi, je ne le chasserai jamais dehors. Jean 6:37

Ils sont enseignés par Dieu

Il est écrit dans les Prophètes : Ils seront tous instruits de Dieu. Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. Jean 6:45

Ils sont choisis par Jésus.

N’est-ce pas moi qui vous ai choisis Jean 6:70

La justification, le salut prend racine dans une repentance sincère

La repentance, ça commence quand on voit Dieu avec un cœur droit et honnête.

C’est un changement de cap, de direction. Alors nous nous voyons dans notre réalité

Non beaux et sympathiques,  comme nous aimerions l’être sans y parvenir

Mais pécheurs et souillés devant Dieu. Et mendiants de sa grâce et de sa compassion. Il nous accorde son salut grâce au sacrifice de Jésus, son fils unique à la croix

La foi, c’est un choix qui engage

Dieu pose devant chacun un choix déterminant, celui de la vie ou de la mort.
Moïse dans Deutéronome 30 : Choisis la vie !
La foi, c’est une relation qui me définit,  une relation de fidélité envers Dieu, une relation d’amour pour le Christ et pour les autres.

Un choix qui engage dans la durée

Et même la piété de la conversion Si la foi et l’amour sont par la suite inactifs, morts, elle ne sert plus à rien.

La seule foi que Dieu accepte,  c’est une foi vivante, une obéissance active du moment présent. Et si la foi et l’amour des débuts se sont évaporés,  il est évident que ce n’était pas du solide, de l’authentique.

La foi se prouve par la mise en pratique de la Parole

La foi, c’est beaucoup plus que l’adhésion à un système de valeurs,  même validé par des ancêtres qui ont souffert pour le défendre.

La foi dépasse infiniment la connaissance même des principes bibliques. La foi existe véritablement, seulement si elle est testée,  si elle est mise à l’épreuve par une mise en pratique de la Parole.

22 Mettez la Parole en pratique ; ne vous contentez pas de l’écouter, en vous abusant vous-mêmes.

23 En effet, si quelqu’un écoute la Parole et ne la met pas en pratique, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel 24 et qui, après s’être regardé, s’en va et oublie aussitôt comment il était. (Jacques 1.22-24)

La foi est un choix personnel.

On ne peut transformer en masse une foule d’incroyants en croyants
Chacun doit rechercher la grâce et le pardon de Dieu pour soi.

Si quelqu’un parmi nous veut demander à Dieu son pardon, s’il veut placer sa vie sous son autorité, il peut le faire tout simplement à sa place. Et s’il en éprouve le besoin, il peut parler à un des responsables.

C’est à chaque génération de refaire le choix de s’attacher à Dieu Et de continuer dans la foi et l’obéissance. C’est la condition indispensable pour espérer obtenir sa bénédiction. Et beaucoup parmi nous, nous l’avons recherchée Et Dieu nous l’a accordée à chacun.

Alors, c’est notre responsabilité, à chacun de nous de continuer à nous attacher à Dieu Donnons à nos enfants l’exemple pour que, le moment venu, Ils fassent aussi chacun le choix de la fidélité.

C. Streng

L’archéologie témoin de l’histoire du peuple hébreu

L’archéologie témoin de l’histoire….

De l’esclavage en Egypte à la route vers la terre promise, de la constitution du royaume d’Israël à sa division et à l’exil, l’histoire d’une nation, le peuple hébreu à travers les siècles est émaillée de témoignages archéologiques. Ces éléments directs ou parfois indirects donnent corps à ce peuple au milieu de ses voisins du Proche Orient ancien

Pharaons et main d’oeuvre des grandes constructions

Ramsès II au Louvre

Les pharaons de la 18e dynastie des 14e et 13e siècles, qui avaient expulsé les Hyskos d’Egypte, avaient mis en place tout un programme de grandes constructions à l’est du Delta du Nil. Ils portaient un intérêt particulier à Avaris, ancien siège du gouvernement hyskos. La ville était proche de la région de Goshen où vivaient les Hébreux, main d’œuvre toute trouvée pour les constructions.
Dans la liste des pharaons ressortent le nom et le règne de Ramsès II, fondateur de Pi-Ramsès cité dans Exode.1.11. Suit une description détaillée de la nouvelle capitale et de ses monuments.

Présence d’ouvriers israélites absents des archives égyptiennes

Kitchen explique par la destruction des archives l’absence de tout document égyptien à propos des Israélites vivant dans la région. Mais on trouve des détails précis sur la présence de travailleurs fabriquant des briques avec ajout de paille aussi bien dans le texte biblique que dans des documents égyptiens.

Par exemple le papyrus Anastasi de Memphis présente des comptes précis, des témoignage d’enrôlement forcés de populations non Egyptiennes.

Le code d’alliance, en vigueur dans la région et à l’époque

Les étapes de l’Exode, de la sortie d’Egypte,  sont commentées d’un point de vue géographique. On remarque les précisions sur le nombre des chars comparés à ceux des autres peuples. La présence historique des Hébreux en Egypte est bien attestée.

Alliance du Sinaï et traités de l’époque

L’alliance au Sinaï et à Moab donne lieu à une comparaison détaillée et pertinente avec les traités entre suzerains et vassaux, en vigueur à l’époque. Après avoir donné le plan général des stipulations (ou dispositions) du code d’alliance, l’auteur distingue quatre phases d’application : ancienne, intermédiaire, moyenne, tardive. avec A l’intérieur de chacun de ces codes d’alliance des variations détaillées correspondent aux termes du traité entre un suzerain et son vassal.

Critique des théologiens modernistes

Il critique ensuite la position des théologiens modernistes qui s’opposent à la thèse de Mendenhall (1954). Ce dernier, confirmant la position de Kitchen, fit remarquer l’analogie entre les traités de la fin du 2e millénaire et les caractéristiques de l’Exode et de Josué 24.(p. 124). Kitchen souligne leur incohérence dans le traitement des données et leurs difficultés à se débarrasser des faits. (p. 128)
Le culte des anciens hébreux, le Tabernacle et son personnel permanent, les offrandes et les fêtes sont très modestes comparés aux rites environnants. Il en conclut donc ce culte ne peut être tardif.

Conquête et installation

Dans le paragraphe concernant la conquête et l’installation en Palestine, il souligne l’authenticité de plusieurs sites d’abord contestés mais attestés par des documents retrouvés lors de fouilles.
Il distingue aussi à juste titre entre les attaques–éclair de l’armée de Josué  (Josué 10) et une véritable installation qui se fera très lentement. Ceci élimine les contradictions apparentes entre une conquête rapide et totale du pays par Josué et une conquête lente dans les Juges.
Les 12e et 11e siècle, antérieurs à l’établissement de la royauté constituent une période de mutation et de confusion, (p. 138) avec invasions et migrations de plusieurs peuples. La perte de pouvoir des grandes puissances (Egypte, Assyrie, Babylone) explique la chute du niveau culturel.

Rois et poètes : des Juges aux rois

Le chapitre VI, Rois et poètes, retrace le passage du système des Juges à celui de la royauté.
Les avertissements de Samuel sur le prix à payer pour avoir un roi comme les autres nations sont tout à fait courants et attestés par des témoignages antérieurs. Il ne s’agit donc pas d’une vision tardive et pessimiste de la royauté.
Kitchen reconnaît le manque d’informations archéologiques concernant le règne de Saül. Mais il développe en détail le règne de David. Il met l’accent sur les alliés du roi,. Hiram I de Tyr, en particulier, mit à sa disposition les matériaux et les artisans phéniciens pour la construction future du Temple.
Au Proche-Orient la littérature prend une place de plus en plus importante. De 1400 à 1200 la poésie épique d’Ougarit présente des parallélismes de style avec les psaumes et ses particularités comme le chiasme.

Rouleau des Psaumes

Le Temple de Jérusalem

Quant au Temple de Jérusalem, construit par Salomon, les descriptions qui en restent reflètent des caractères architecturaux reconnaissables (p. 156) aux 2e et 1e millénaires.
Le plan du monument et l’utilisation de matériaux précieux dans la décoration sont courants dans la région. Kitchen souligne la modestie de ce temple par rapport aux constructions identiques dans les autres pays.
Il fait ensuite un examen des chiffres pour répondre à la critique d’exagération et d’inauthenticité. Il en conclut que, par exemple, le nombre des surveillants et celui des ouvriers est tout à fait plausible et réaliste.
Il consacre le dernier paragraphe du chapitre aux Proverbes de Salomon qui appartiennent à la littérature sapientiale. On retrouve des enseignements comparables en Egypte, au Levant et en Mésopotamie. Refusant une composition tardive, il pense que Salomon peut s’être inspiré d’œuvres plus anciennes et avoir rassemblé des matériaux pour les utiliser plus tard.

Guerres et rumeurs de guerre : l’évolution des royaumes

Le chapitre VII Guerres et rumeurs de guerre présente l’évolution des royaumes d’Israël et de Juda après le schisme. L’auteur appuie à l’aide de données archéologiques les événements relatés par le texte biblique. Les inscriptions sur la stèle de Sheshonq I à Karnak (165) confirment une campagne militaire de l’Egypte contre les deux royaumes. La présence d’incrustations en ivoire dans les murs des bâtiments, les fortifications à Haçor et à Meguiddo (p. 167) , et les canalisations souterraines constituent une preuve de l’état avancé des techniques et même du luxe qui régnait à Samarie.

Jeu des alliances et intrigues politiques

L’auteur explicite le jeu des alliances, des rivalités et des intrigues politiques entre les deux royaumes et les pays voisins et il trace l’évolution qui conduit à la ruine de l’un puis de l’autre royaume.
La chute de Samarie et la déportation des Israélites du Nord est célébrée par les inscriptions de Sargon V.

Ostraca et poteries de Lakish

La destruction de Jérusalem en 586 est attestée par « une série de lettres sur ostraca (tessons de poterie), provenant des ruines de Lakish (p. 175).

Prophètes et prophétisme

Prophètes bibliques : alliance et promesses

Kitchen rappelle d’abord que les prophètes, selon la Bible, ne cessaient d’insister sur l’alliance de Dieu avec son peuple, avec des promesses de bénédiction et des menaces de malédiction. Ils invitaient à une adoration véritable et pas seulement formelle.

Prophètes du Proche-Orient : divination

Il constate ensuite que les autres peuples du Proche-Orient communiquaient aussi avec leurs dieux surtout par « la divination, les oracles, la magie. On a retrouvé des manuels entiers consacrés aux différents types d’augures et à leurs interprétations (p. 177).
Les prophètes des autres peuples recevaient le message de la divinité dans des transes ou dans des rêves. Ils s’adressaient surtout au roi pour lui rappeler ses devoirs envers les dieux. Mais à la différence des prophètes de la Bible, aucun ne lui reprochait ses péchés personnels ou l’injustice sociale. Cependant, en Egypte, au 2e millénaire avant J.-C. on trouve des plaidoyers en faveur de la justice comme le ‘paysan éloquent cité p. 179.

Variété du prophétisme biblique

L’auteur signale enfin la variété du prophétisme biblique. Le prophète porte-parole de Dieu était aussi compositeur, chanteur. A partir du 8e siècle avant J.-C., il écrit les révélations reçues. Kitchen fait aussi remarquer que la rivalité supposée entre les prêtres rendant un culte au Temple et les prophètes est forcée. Ce n’est pas la condamnation de tous les cultes mais celle des cultes formels, sans engagement personnel.

Archéologie et histoire

Les derniers chapitres de Traces d’un monde, Bible et archéologie, passent en revue les événements vécus par le peuple juif du 6e s avant J.C au 1e s. de notre ère.

Liens avec l’histoire

De nombreux témoignages provenant de divers sources montrent l’existence de liens plus ou moins forts entre archéologie et histoire. Leur traitement, par l’auteur témoigne d’un regard fidèle et impartial sur le monde antique

L’exil et le retour.

Le déplacement de populations, une arme économique et politique

Dans le chapitre VIII, l’exil et le retour, Kitchen signale des déportations de peuples dès le 13e s. par les souverains d’Assyrie et d’Egypte. L’exil, le déplacement de populations vaincues est un procédé relativement courant.

C’est une arme économique et politique (p. 184). L’exil des Israélites à Babylone n’est qu’un exemple parmi d’autres.

Rejet de la théorie d’une création littéraire a postériori

L’auteur  rejette aussi la théorie prétendant que les avertissements du Lévitique et du Deutéronome ont été écrits seulement après l’exil.
Selon certains théologiens, cette période de 70 ans aurait été, « l’âge d’or de la création littéraire de l’Ancien Testament où presque tout aurait été recueilli, inventé, écrit pour la première fois ». (p. 185).

Retour au passé, un procédé littéraire pour faire revivre les souvenirs

Kitchen l’explique ainsi. Ce retour au passé n’est qu’une manière extérieure de faire revivre des souvenirs.

A Babylone on utilisait une graphie archaïque sur des monuments ou des textes commémoratifs. Mais dans l’administration, on pratiquait l’écriture courante.

Code d’Hamourapi

A cette époque-là, on n’invente pas. On conserve et on recopie. Ainsi, « en Mésopotamie, des œuvres akkadiennes classiques et même le code d’Hammourapi, depuis longtemps périmé« . (p. 186). La mode n’est donc pas à la création mais à la conservation.

Peuple vaincu mais littérature originale

Comment expliquer alors qu’un peuple vaincu et asservi ait pu produire une œuvre littéraire d’une telle originalité ?

Il y a eu des œuvres littéraires hébraïques au 8e s. avant J.-C., d’une qualité certaine, mais en nombre limité.

L’âge d’argent. Le retour d’exil

L’âge d’argent retrace les péripéties du retour des exilés juifs dans leur pays.

L’auteur ajoute des détails intéressants aux récits d’Esdras et Néhémie.

Ces précisions proviennent de documents archéologiques. Ils citent des ennemis de Néhémie, comme Sânballat, Tobiya, et Guèshem « l’Arabe».

Une revendication d’identité

A la fin du chapitre, Kitchen établit des parallèles entre le livre des Rois et le Livre des Chroniques, écrit pendant l’exil.

Il définit ce dernier ouvrage comme un témoignage d’espérance et de foi. Un peuple privé d’indépendance a voulu continuer à affirmer son identité.

De même en Mésopotamie et en Egypte, des compilations permettent de conserver des traditions politiques et religieuses très anciennes.

Lorsque les temps furent accomplis.

Un survol de plusieurs siècles

Le chapitre IX, Lorsque les temps furent accomplis, évoque en moins de deux pages les conquêtes d’Alexandre le Grand, les royaumes hellénistiques, la résistance des Macchabées, enfin la domination romaine sur tout le Proche-Orient.

Les manuscrits de la Mer Morte

Le reste du chapitre est presque totalement consacré aux Manuscrits découverts à Qumram. L’auteur cite rapidement la traduction des LXX, en grec. Il signale aussi l’émergence de plusieurs partis rivaux dans le Judaïsme.

Les Esséniens et Qumran

Grotte de Qumram

Il consacre le développement le plus important aux Esséniens retirés au nord ouest de la Mer Morte. Au moment de la guerre avec les Romains, (66 –67 après J.-C.) les membres de la secte cachèrent dans des grottes à Qumran de nombreux manuscrits. On les a retrouvés seulement en 1947.

Il classe les manuscrits de Qumram en quatre catégories. Les deux premières concernent plus particulièrement l’Ancien Testament, et les deux dernières sont relatives au mouvement essénien lui-même.

Une confirmation de la fidélité du texte hébreu

Les Manuscrits de la Mer Morte ont apporté une contribution importante à l’étude de la Bible. Ils ont confirmé  la fidélité du texte hébreu, due au soin dans la recopie  des manuscrits.

L’auteur reconnaît la supériorité du texte hébreu sur les Manuscrits mais il souligne l’importance de ceux-ci pour l’interprétation.

Le judaïsme avait un contexte culturel et religieux commun. Mais les comparaisons hâtives entre les Manuscrits et le Nouveau Testament ne résistent pas à un examen sérieux.

Une confirmation de la fiabilité du Nouveau Testament

La découverte de manuscrits anciens et de nombreux autres témoignages confirment la fiabilité du contenu et des dates du Nouveau Testament.
Ce sont les écrits les mieux attestés de toutes les œuvres classiques grecques et latines. On compte environ 5000 manuscrits entiers ou partiels, dont l’auteur donne quelques exemples.

Il cite ensuite les découvertes de Sir William Ramsay en Asie Mineure,  les fouilles archéologiques à Jérusalem et à d’autres emplacements aussi bien en Judée qu’en Grèce. Ces documents renforcent la valeur historique des écrits du Nouveau Testament, en particulier ceux de Luc dans son Evangile et dans les Actes des apôtres.

Un voyage à travers les siècles et les civilisations

A la fin de son ouvrage Kitchen évoque l’étendue de son entreprise : faire voyager le lecteur à travers des siècles, des millénaires même, dans une dizaine de civilisations au contact de celle des Hébreux.
Il souligne plusieurs points importants.  En particulier la nécessité d’une confirmation réciproque du document écrit et du document muet.
Il insiste aussi sur la nécessité de tenir compte de toutes les sources anciennes, y compris les Ecritures. Elles ont aussi le titre de « documents »

Le but de l’archéologie, une présentation fidèle et impartiale du monde antique

Sa conclusion rappelle que le but de l’archéologie, n’est pas de prendre parti pour ou contre un document, en particulier la Bible.

Il s’agit plutôt de fournir au chercheur une représentation la plus fidèle possible du monde antique. Enfin, il faudrait traiter de manière impartiale toutes les données archéologiques, bibliques ou autres. Cela demande un esprit critique véritable, qui évite de tirer à tout prix des conclusions définitives.

C. Streng