Étiquette : multiplication des pains

Disciple du Christ ou suiveur ? – Jean 6. 60-71

Succès populaire… puis… défection

Lors d’un meeting, pendant une campagne électorale, un candidat à l’élection rassemble autour de lui, de son projet, une dizaine de milliers de supporter.
Et quelques jours plus tard …on ne compte plus qu’une douzaine de soutiens.
Est-ce imaginable ? Que s’est-il passé ? Qu’est ce qui a fait fuir les gens ?

C’est exactement ce qui s’est produit à propos de Jésus.

Au début du chapitre 6 de Jean, un immense succès populaire provoqué par la multiplication des pains. Et à la fin du chapitre, la défection, le départ de la majorité.

On le constate souvent. Quand un projet se précise, qu’il demande un véritable engagement pour être mis en œuvre, le tri se fait entre ceux qui voient seulement les bénéfices personnels, immédiats qu’ils pourraient en tirer et ceux qui s’engagent vraiment, de toute leur personne à le faire réussir.

Un projet de vie éternelle.. à accueillir

Le projet, le projet de Jésus, c’est la vie éternelle. Il l’offre à quiconque croit, à qui se nourrit symboliquement du corps et du sang du Christ, en ayant une relation de communion intime avec lui.
Il l’offre à celui qui assimile le pain spirituel descendu du ciel  en se nourrissant de sa parole vivante.
Encore faut-il accueillir cette offre et s’engager à sa suite.

Jean 6.60-71

60 Après l’avoir entendu, beaucoup de ses disciples dirent : Cette parole est dure ; qui peut l’entendre ? 61 Jésus, sachant que ses disciples maugréaient à ce sujet, leur dit : Est-ce là pour vous une cause de chute ? 62 Et si vous voyiez le Fils de l’homme monter où il était auparavant ? 63 C’est l’Esprit qui fait vivre. La chair ne sert de rien. Les paroles que, moi, je vous ai dites sont Esprit et sont vie. 64 Mais il en est parmi vous quelques-uns qui ne croient pas. Car Jésus savait depuis le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient pas et qui était celui qui le livrerait. 65 Et il disait : C’est pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi, si cela ne lui est donné par le Père. 66 Dès lors, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent ; ils ne marchaient plus avec lui. 67 Jésus dit donc aux Douze : Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ? 68 Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle. 69 Nous, nous sommes convaincus, nous savons que c’est toi qui es le Saint de Dieu. 70 Jésus leur répondit : N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les Douze ? Pourtant l’un de vous est un diable ! 71 Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote ; car c’était lui qui allait le livrer, lui, l’un des Douze !

 

1. Disciple de Jésus… ou suiveur comme la foule

Cette parole est dure ; qui peut l’entendre ?

ou plus précisément l’accepter: le tri entre disciple et suiveur.

Disciple au temps de Jésus

Au temps de Jésus, un disciple c’est quelqu’un qui suit un enseignant itinérant. Il se joint au groupe qui l’accompagne d’un endroit à l’autre.
Un disciple, c’est aussi quelqu’un qui considère cet enseignant comme un maître faisant autorité. Donc il en tire les conséquences  et il engage sa vie sous cette autorité.

Suiveur … ou engagé ?

Donc deux niveaux d’engagement bien distincts vis à vis du Seigneur : les disciples suiveurs, les disciples engagés

Tout comme il y a la foi, la vraie  et celle auquel Jésus ne fait pas confiance parce qu’il les connaissait tous (Jean 2.23-25), il y a disciple …et… suiveur. Et un suiveur n’est pas nécessairement un chrétien qui fait confiance à Jésus et engage toute sa vie à sa suite.

La foi chrétienne est un engagement personnel. Ce n’est pas simplement le sentiment d’appartenance à un groupe, l’adhésion à la pensée majoritaire du groupe.

Le suiveur suit la majorité

Le suiveur suit Jésus tant que la majorité du groupe le suit aussi. C’est à dire il est d’accord avec le Christ … tant qu’il n’y a rien à redire.

Le pain multiplié qui nourrit, … la solution à tous les problèmes.
Il s’intéresse uniquement à la nourriture (v. 26), au messianisme politique (v. 14-15) et aux miracles qu’il tente d’exiger ou de provoquer (v. 30-31).
En somme il recherche plutôt des avantages personnels que les réalités spirituelles derrière le miracle.

Dans certains pays, combien de gens se disent « chrétiens évangéliques » parce que c’est la religion de la majorité ou d’une importante minorité, ou parce que c’est la religion déclarée de certains leaders politiques.

Attirés par le spectaculaire

Combien aussi sont attirés par des mouvements qui leur promettent des miracles … à coup sûr en leur faveur… à grand renfort de spectacle.

Comme je le disais il y a pas mal d’années à une famille adepte de cette tendance : « en somme, votre nourriture spirituelle, c’est caviar, homard et dessert de luxe tous les jours. Ne faudrait-il pas quelque chose de moins spectaculaire, …une nourriture spirituelle plus consistante …
Pour d’autres aussi, ce qui est déterminant, c’est ceux qui sont déjà dans l’Eglise : la famille, les copains, et aussi l’ambiance sympa, la musique entraînante. Mais cela ne suffit certainement pas à construire une vie.

Incapable de supporter une parole exigeante

Mais ce disciple ne reste pas longtemps disciple. Quand la parole de Jésus devient exigeante,  « intolérable », il ne peut la supporter, alors il s’en va, avec plus ou moins de fracas.

« les Juifs maugréaient (41), les disciples aussi (61)

Dès que la parole devient exigeante,  quand tout ne marche pas comme on aurait voulu, ces disciples se mettent à rouspéter.
Et ils s’en vont voir ailleurs, là où l’herbe est plus verte… « là où ça remue….pas comme ici » … comme je l’ai entendu dire dans une autre communauté.

Et pourtant, Jésus ne fait rien pour les retenir. Au contraire, il en rajoute :
« Et si vous voyiez le Fils de l’homme monter où il était auparavant »
« Manger la chair et boire le sang », un scandale si on s’obstine à le comprendre au sens littéral, si on refuse de s’ouvrir au sens spirituel qui engagerait toute la vie.

Une crucifixion offensante, mais prélude à la gloire du Messie.

Elle est cause de chute pour les Juifs et folie pour les païens (1 Corinthiens 1.23)
Et pourtant, l’heure où Jésus, le serviteur souffrant, est méprisé et rejeté par les hommes, l’heure où il est transpercé pour nos transgressions, nos péchés et écrasé pour nos iniquités nos injustices (Esaïe 53.3-5), cette heure justement ouvre la porte au temps où  Il sera ressuscité, élevé, … hautement élevé (Esaïe 52.13).

La réaction à cet événement scandaleux détermine le destin de chacun

On peut comprendre les paroles de Jésus comme des paroles produites par l’Esprit qui donne la vie (6.63), comme des paroles qui donnent la vie

Celui qui entend ma parole et qui croit celui qui m’a envoyé a la vie éternelle. Jean 5.24

On peut aussi décider de ne pas croire et Jésus ne s’en étonne pas. Il est omniscient.

Il en est parmi vous quelques-uns qui ne croient pas  (64)

2. Choisir Dieu ?

« Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ? » « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » « Tu es le saint de Dieu »

Personne ne peut s’attacher au Christ si Dieu ne l’a pas rendu possible

Tout ce que le père me donne viendra à moi (37),
Personne ne peut venir à moi si le Père ne l’attire (44)
Personne ne peut venir à moi, si cela ne lui est donné par le Père (65)

Rien du côté de Jésus pour retenir ceux qui veulent partir.

Pas de concessions, de facilitations, de compromis. L’annonce scandaleuse de la croix, de l’expiation des péchés par la croix du Christ.

Un certain enseignement biblique édulcoré

Et pourtant, combien de mouvements au cours des siècles ont édulcoré l’enseignement biblique.
On ne voit plus la mort de Jésus, mais son exemple.
On ne montre plus Jésus seul médiateur, mais d’autres intermédiaires plus faciles.
On ne dénonce plus le péché, mais les contraintes, les blocages de la société….

Pierre et les disciples décident de rester-

« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle », « Tu es le Saint de Dieu »

Ils ont compris le sens profond des paroles de Jésus qui éclairent son identité divine. La révélation de Dieu dans le Christ est la seule source de vie authentique.
Et ils sauront bientôt aussi à quoi cela les engage de les accepter dans leur cœur … et de les manifester dans leur vie.
C’est la suivance du disciple, du véritable disciple.

A qui irions-nous ? Une décision claire de suivre Jésus, une question essentielle à se poser aujourd’hui aussi

Que choisir, qui choisir comme axe de notre vie ?

Spiritualité bizarre, matérialisme, indifférence ?

Pour beaucoup de nos contemporains, les multiples cultes bizarres pseudo-chrétiens,  les fausses religions à la spiritualité dévoyée,

(Petite parenthèse : ce qui est dit spirituel ou surnaturel n’est pas forcément divin)

les idéologies matérialistes.
Ou alors l’indifférence, qui rejette toujours à plus tard, à trop tard le moment où il faudrait se poser la question de sa vie éternelle, la sienne, sa vie future, éternelle loin de Dieu ….ou avec Dieu.

Plutôt le Christ

A l’inverse de la foule déçue, à la différence des pseudo-disciples, des suiveurs  qui s’éloignent de Jésus, contre la majorité de nos contemporains qui néglige ou refuse le message de la croix, approchons nous du Christ.
Croyons, faisons lui confiance, car il a tout fait pour notre salut. Engageons notre vie pour le Christ, seul chemin vers le Père et seule source de vie.

3. Qui fait le choix ?…

« N’est-ce pas moi qui vous ai choisis ? »

Qui fait le choix ? Pierre ? celui ou celle qui se convertit ?

Pierre pourrait avoir l’impression qu’il fait une faveur à Jésus. Il continue à le suivre, alors que presque tous les autres l’ont abandonné.

La conversion, une sorte de marché entre égaux ?

Certains appels des campagnes d’évangélisation, certains cantiques donnent l’impression que la conversion est une sorte de donnant-donnant. Ils placent au même niveau Dieu et le pécheur repentant qui s’approche de lui pour être sauvé.

« Si tu veux le bonheur, le vrai bonheur, laisse entrer Jésus dans ton cœur »
« Dans mon cœur j’ai choisi, de suivre Jésus-Christ »
ou alors « Pour être sauvé, acceptez Jésus » 
une sorte de marché entre égaux…

N’est-ce pas moi qui vous ai choisis ?

Jésus corrige tout de suite le tir. Si les douze avec Pierre sont là, … s’ils sont restés, c’est bien parce que lui, Jésus, les a choisis

Qui est à l’origine de la foi  ? Qui prend l’initiative de la décision personnelle ?

Personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire

La foi, c’est une dépendance totale de Dieu. C’est renoncer à mettre en avant ses propres atouts, (appartenir au peuple de Dieu, à une famille chrétienne), ses propres mérites y compris la souffrance dite méritoire. C’est compter exclusivement sur la grâce et la miséricorde de Dieu

Si la foi ne dépend pas de nous, comment est-il possible pour nous de croire?

Uniquement parce que Dieu seul rend possible notre foi en Lui.
Alors, comment Dieu construit-il notre foi ? Comment nous attire-t-il au Christ ?

On trouve la réponse dans Jean 12.32

Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi.

« Elevé » dans l’évangile de Jean, c’est « crucifié »
Dans sa crucifixion Jésus nous attire à lui. Sa mort nous entraîne au pied de la croix et à la foi.

La foi est l’œuvre de Dieu, pas la nôtre

La seule foi possible est  une initiative de l’amour de Dieu manifesté dans la croix du Christ.

Glorifie ton Fils, pour que le Fils te glorifie, et qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés (Jean 17.1-2)

La décision pour le Christ …. déjà donnée par Dieu

Nous devons volontairement accepter l’amour de Dieu manifesté dans le Christ. Mais notre réponse est en fait donnée par Dieu.
La foi est une décision pour le Christ, mais elle serait impossible si elle n’était pas déjà donnée par Dieu.

Quand arrive l’offre, le moment de la décision personnelle, il s’agit que la personne l’accueille et le concrétise par une prise de position volontaire. La réponse à l’offre est essentielle mais c’est la réponse à une incitation de Dieu, ce n’est pas le point de départ de tout le cheminement.

Dans les étapes qui conduisent à se tourner vers Dieu, à accueillir le Christ dans sa vie, il y a un moment décisif à ne pas rater, un moment où Dieu nous souffle d’une manière ou d’une autre « Aujourd’hui, si tu entends sa voix, n’endurcis pas ton cœur »

La foi pour la vie éternelle

Aller au ciel, éviter l’enfer ?

Certaines tendances chrétiennes mettent surtout  l’accent sur la destinée éternelle après la mort : il s’agit d’aller au ciel et d’éviter l’enfer.

L’Evangile de Jean n’élude pas, …n’évite pas la question.
Celui qui ne croit pas , qui ne met pas sa confiance dans le Christ est déjà condamné  Jean 3.18

Judas est condamné. Il jouait un double rôle. Il ne s’en va pas, il ne proteste pas quand Pierre exprime sa confiance dans le Christ. Il reste pour trahir et Jésus le sait.

Une vie authentique, dans la relation avec Dieu

Mais l’Evangile met plutôt l’accent sur ce que cette vie éternelle signifie pour nous.
En Christ, Dieu nous sauve pour la Vie, pour une relation avec Dieu qui conduit à une vie authentique dans ce monde et dans le monde à venir.
Pour le croyant, pour le véritable disciple, l’éternité commence… aujourd’hui.

C. Streng