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Se recentrer sur l’essentiel : le Christ, (ses souffrances, sa résurrection)

Se recentrer sur l’essentiel : le Christ, ses souffrances, sa résurrection

Se recentrer sur l’essentiel, c’est à dire le Christ, la puissance de sa résurrection, la communion à ses souffrances.

Ainsi je connaîtrai Christ, la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances en devenant conforme à lui dans sa mort.  Philippiens 3.10.

C’est l’expérience de l’apôtre Paul. Rattrapé par Dieu au moment-clé,  il lui a laissé recentrer toute sa vie sur le Christ souffrant et ressuscité.

Le verset dans son contexte

Pourtant, moi-même je pourrais mettre ma confiance dans ma condition. Si quelqu’un croit pouvoir se confier dans sa condition, je le peux plus encore.


J’ai été circoncis le huitième jour, je suis issu du peuple d’Israël, de la tribu de Benjamin, hébreu né d’Hébreux. En ce qui concerne la loi, j’étais pharisien. Du point de vue du zèle, j’étais persécuteur de l’Eglise. Par rapport à la justice de la loi, j’étais irréprochable.

Mais ces qualités qui étaient pour moi des gains, je les ai regardées comme une perte à cause de Christ.
Et je considère même tout comme une perte à cause du bien suprême qu’est la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur.

A cause de lui je me suis laissé dépouiller de tout et je considère tout cela comme des ordures afin de gagner Christ  et d’être trouvé en lui non avec ma justice, celle qui vient de la loi, mais avec celle qui s’obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu et qui est fondée sur la foi.

Ainsi je connaîtrai Christ, la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances en devenant conforme à lui dans sa mort  pour parvenir, d’une manière ou d’une autre, à la résurrection des morts. Philippiens 3.4-11

L’essentiel mais lequel ?

Facile à dire, mais pour se recentrer sur l’essentiel, il faut découvrir en quoi il consiste. Le but que l’on vise, ce qu’on veut atteindre, est-ce le vrai, le bon, ou conduit-il à une impasse ?  est-ce quelque chose d’inintéressant, d’inutile ou même de dangereux ?

Beaucoup d’argent pour satisfaire toutes les envies, quelques pièces pour finir le mois ?
Sport extrême ou « supporter » devant la télé ?
Hautes fonctions politiques, ou existence sans vagues ?
Indépendance assumée ou famille avec des responsabilités, des joies et des difficultés ?
Pâques, chasse aux œufs ou Pâques, résurrection du Christ ?
Moi au centre du monde ou Dieu qui règne en moi ?

L’essentiel, la réussite pour Saul de Tarse?

Un beau point de départ

Apôtre Paul. Mosaïque de l’Eglise byzantine Saint-Sauveur-in-Chora à Istanboul

Il était Juif, membre du peuple choisi par Dieu. Il était né dans la tribu de Benjamin, une tribu restée fidèle comme celle de Juda au Temple de Jérusalem. Pas devenue idolâtre comme les 10 autres tribus. (Philippiens 3.5)

Un parcours sans faute

Saul était fidèle à la loi de l’Ancien Testament, telle que la comprenaient les pharisiens.
Face à la justice de la loi, (aux exigences de la loi), j’étais irréprochable Philippiens 3.6

Pas tout à fait

Irréprochable ? Mais si zélé pour cette loi devenue le centre de sa vie qu’il se chargea lui-même de la défendre.
Pas avec des arguments comme ceux que lui avait enseignés son maître Gamaliel (Actes 22.3) mais avec des mandats d’arrêt.

Du point de vue du zèle, j’étais persécuteur de l’Eglise  Philippiens 3.6

Remarquons le bien : c’est lui a pris les devants.

Il demanda aux autorités juives des lettres l’autorisant à arrêter les nouveaux convertis
Il s’attaqua donc à ceux qui avaient mis leur confiance dans le Christ ressuscité.
Il chercha à détruire l’Eglise chrétienne à ses débuts.

C’était devenu sa raison de vivre,  menacer et tuer les disciples du Seigneur  (Actes 9.1), les arrêter, les amener à Jérusalem pour les faire condamner (9.2).

Le rapprochement entre zèle religieux et persécution n’est pas dû au hasard. Quand Dieu n’est pas à la première place, quand un mouvement humain, si religieux soit-il, met au centre les réalisations et les efforts de l’homme, il y a risque de conflits de valeurs donc tentation de persécuter.

Brusquement recentré

Mais Dieu avait décidé de le réorienter, de le recentrer sur un nouvel essentiel.

Une lumière éblouissante, éjecté du cheval….dans la poussière, aveugle, les yeux bouchés par les écailles de ses certitudes à lui, son assurance de pharisien fidèle, son bon droit de mandataire, d’agent de la religion officielle contre ce mouvement d’erreur.

Eh bien non, Saul, tu te trompes. Tu crois servir Dieu en poursuivant mes disciples mais c’est moi, Jésus, que tu persécutes. Actes 9.5

La suite, c’est la rencontre avec Ananias. Les écailles tombent, une nouvelle manière de voir, une nouvelle orientation donnée cette fois par Dieu lui-même, pas par les traditions d’une religion, une nouvelle feuille de route

J’ai choisi cet homme pour me servir  auprès des nations étrangères et des Juifs Actes 9.15
Je lui montrerai moi-même tout ce qu’il devra souffrir pour moi Actes 9.16.

Là Dieu est vraiment au centre.

Saul a bien compris. Il lui a laissé le gouvernail
Et Paul va passer tout le reste de sa vie au service du Seigneur, un vrai service centré sur le vrai essentiel, le service du Christ crucifié et ressuscité.

Assumer le passé pour repartir

Sa persécution de l’Église. Il en a honte. Il ne l’oubliera jamais, il l’assume sans se défausser, sans accuser les autres, les circonstances.

En effet, je suis le plus petit des apôtres et je ne mérite même pas d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu 1 Corinthiens 15.9

Mais l’essentiel pour lui, c’est de repartir. Affirmer la grâce de Dieu, son pardon, la direction nouvelle donnée à sa vie : devenir un fidèle serviteur de Dieu et de l’Église du Christ, en construction.

Mais par la grâce de Dieu je suis ce que je suis, et sa grâce envers moi n’a pas été sans résultat. Au contraire, j’ai travaillé plus qu’eux tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu [qui est] avec moi. 1 Corinthiens 15.10

Le grand ménage

Tout en progressant dans sa connaissance du Christ, Paul a fait le grand ménage de ses convictions : déblayer le terrain de ses ordures pour faire place nette.

Mais ces qualités qui étaient pour moi des gains, je les ai regardées comme une perte à cause de Christ. Et je considère même tout comme une perte à cause du bien suprême qu’est la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur. A cause de lui je me suis laissé dépouiller de tout et je considère tout cela comme des ordures afin de gagner Christ. Philippiens 3.7-8

Mettre en lumière

Quand la lumière vive du soleil entre dans une pièce, on voit nettement la poussière qu’on ne remarquait pas dans l’ombre.

Faire le tri

Quand on se prépare à déménager, on a du mal à imaginer le nombre de choses à trier et à déblayer,  Mais il faut faire un choix :, jeter, donner, retenir l’essentiel

Quand le Christ entre dans une vie, celle de Paul, la nôtre aussi, il faut aussi faire le tri. Et si on confie à Dieu ce tri, dans la réflexion et la prière, pas mal de choses se classent d’elles-mêmes : à mettre dans les déchets.

Évidemment, certains péchés ou mauvaises habitudes d’avant la conversion pratiqués ou caressés dans l’imagination (émissions télé, sites internet).

Plus difficile à classer dans la colonne « perte «
Pas le « pédigrée », mais la valeur qu’on lui attache

Juif, pharisien, zélé pour la loi… d’une famille évangélique connue, d’une lignée de pasteurs … , fils ou fille de missionnaires…

Pas les réalisations personnelles, elles ont permis d’avancer dans la vie, mais l’importance qu’on leur donne, en se comparant aux autres, en les faisant remarquer.

Il suffit de regarder, d’écouter les déclarations des candidats aux élections
« Moi..je… ceci… cela…

Que reste-il encore à déblayer ?

Déblayons aussi notre bonne volonté, nos efforts, nos méthodes à nous pour nous approcher de Dieu.

Avant de pouvoir s’orienter vers une nouvelle vie, un peu de comptabilité

Dans la colonne « perte », les efforts religieux
Dans la colonne « profit », la foi en Jésus Christ seul

Un concentré de la justification par la foi.

Afin de gagner Christ et d’être trouvé en lui non avec ma justice, celle qui vient de la loi, mais avec celle qui s’obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu et qui est fondée sur la foi. Philippiens 3.9

A cause du péché, il y a rupture de la relation entre Dieu et nous.

Impossible de la rétablir nous-mêmes malgré tous les efforts. Nous sommes tous incapables de respecter la loi dans tous ses détails comme Dieu le demande. Quand on réussit d’un côté, on rate de l’autre et tout est à refaire.

De fait, la personne qui obéit à toute la loi, mais qui pèche contre un seul commandement, est en faute vis-à-vis de l’ensemble. Jacques 2.10

La loi sert à rendre conscient du péché. Comme l’arbitre qui distribue les cartons rouges. Mais elle ne donne pas de solution véritable contre le péché.

Carton rouge, « suspendu », séparé de Dieu.

Dieu prend l’initiative de rétablir la relation.

Jésus Christ, Dieu le Fils, est mort sur la croix. Il a payé à la place des humains le prix du péché, c’est à dire la mort.
Il est ressuscité. C’est la preuve de sa victoire sur le péché. C’est le seul moyen donné par Dieu pour que le pécheur qui se repent soit déclaré juste

En effet, Dieu était en Christ: il réconciliait le monde avec lui-même en ne chargeant pas les hommes de leurs fautes, et il a mis en nous la parole de la réconciliation 2 Corinthiens 5.19

Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous afin qu’en lui, nous devenions justice de Dieu. 2 Corinthiens 5.21

Au moment de la mort, inutile de se présenter devant Dieu le juge avec la justice gagnée en respectant la loi. En fait on n’arrive pas vraiment à la respecter
Mais seulement avec la justice de Dieu donnée par la foi en Christ

Le Christ crucifié et ressuscité au centre de la prédication de Paul

C’est l’axe central de sa prédication.. Il le fait toujours valoir face à ceux qui essaient d’imposer une autre et prétendue meilleure façon de servir Dieu – un autre Evangile.

Face aux judaïsants : ils enseignaient aux nouveau convertis qu’ils pouvaient atteindre la perfection devant Dieu en étant circoncis et en suivant tous les préceptes de la loi

Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus Christ et Jésus Christ crucifié. 1 Corinthiens 2.2

O Galates, dépourvus de sens ! Qui vous a fascinés, vous, aux yeux de qui Jésus Christ a été peint comme crucifié. Galates 3.1

Face aussi à la gnose, « la connaissance », du monde grec et romain, la recherche d’informations religieuses et philosophiques privilégiées, hors de la portée du commun des mortels, pour atteindre soi-disant les plus hauts niveaux de spiritualité

Au centre de la vraie connaissance, une vie orientée sur l’essentiel

Connaître le Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances  Philippiens 3.10

Connaître le Christ : pas seulement comme un personnage historique, en lisant le récit de sa vie. Pas de manière seulement humaine.

Ainsi, désormais, nous ne percevons plus personne de manière humaine; et si nous avons connu Christ de manière purement humaine, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. 2 Corinthiens 5.16

Profondément, personnellement, comme le Seigneur vivant, ressuscité

Le connaître dans la puissance de sa résurrection et en même temps dans la communion de ses souffrances

En expérimentant dans la transformation de nos vies la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances

Puissance de la résurrection et communion des souffrances sont liées. Un seul article pour les deux dans l’original grec. Le Christ les a vécues toutes les deux. On ne peut les séparer, choisir l’une et pas l’autre.

La puissance de la résurrection, c’est la puissance de Dieu qui a ressuscité Jésus de la mort le matin de Pâques

Cette puissance, il l’a déployée en Christ quand il l’a ressuscité et l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes. Ephésiens 1.20

Paul désire la puissance de résurrection. Pas pour devenir lui-même puissant. Mais pour être rendu conforme à la volonté de Dieu, en accord avec la volonté de Dieu dans sa vie.
Cette puissance spirituelle commence à la conversion.

Elle continue à agir de manière progressive dans la vie physique, morale et spirituelle dans le combat contre le péché au cours de la sanctification.

Elle transforme peu à peu à l’image du Christ

Nous tous qui, le visage découvert, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire comme par le Seigneur, l’Esprit. 2 Corinthiens 3.18

Jusqu’à la transformation de nos corps mortels en corps glorieux

Il (Dieu) transformera notre corps de misère pour le rendre conforme à son corps glorieux par le pouvoir qu’il a de tout soumettre à son autorité. Philippiens 3.21

Quand Christ, notre vie, apparaîtra, alors vous apparaîtrez aussi avec lui dans la gloire. Colossiens 3.4

Pas de puissance de résurrection sans communion aux souffrances du Christ.

les souffrances du Christ

Lui, le Christ a vécu les deux. Ce sont les phases d’une même expérience

Il ne s’agit pas de mourir sur la croix comme le Christ rédempteur, pour expier les péchés du monde. Lui seul le pouvait, puisqu’il était à la fois Dieu et homme, sans péché.

Une mort au péché et à soi-même

La communion avec Christ dans ses souffrances et sa mort, c’est une prise de conscience spirituelle, une lutte contre le péché, une mort au péché et à soi-même dans la vie quotidienne.

Christ est mort, et c’est pour le péché qu’il est mort une fois pour toutes; maintenant qu’il est vivant, c’est pour Dieu qu’il vit. De la même manière, vous aussi, considérez-vous comme morts pour le péché et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ [notre Seigneur]. Romains 6.10-11

Une souffrance pour la cause du Christ

C’est aussi une souffrance à cause du Christ, une souffrance pour le bien des autres, une souffrance parce qu’on avertit et que ce n’est pas accepté.

Paul l’a vécue et soufferte de plusieurs manières :

– certains Juifs s’opposaient brutalement à la proclamation de l’Évangile,
– d’autres venaient dans les Églises pour perturber les chrétiens avec un autre Évangile
– certains chrétiens (à Corinthe) se conduisaient d’une manière indigne, pire que les païens.

Il le résume ainsi

Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous et je supplée dans ma vie à ce qui manque aux peines infligées à Christ pour son corps, c’est-à-dire l’Église. Colossiens 1.24

C’est l’avertissement que Jésus donnait à ses disciples :

Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite: ‘Le serviteur n’est pas plus grand que son seigneur.’ S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. Jean 15.20

Réflexion à poursuivre et à s’approprier

De nos jours, en Occident, la persécution est assez légère : railleries, une certaine mise à l’écart de la société, des refus pas toujours justifiés de locaux pour le culte ou pour des réunions.

Mais ailleurs et récemment, des chrétiens sont morts en martyrs. Pensons aux coptes d’Égypte massacrés récemment et aux chrétiens d’Orient persécutés à mort.
N’oublions pas non plus les martyrs protestants du 16e s. en Europe. Ils sont morts parce qu’ils suivaient le Seigneur, ils conformaient toute leur vie à son appel.

Dans les pays d’Occident encore relativement protégés, les chrétiens ne se sentent pas prêts (et moi non plus) au martyre, à la communion aux souffrances du Christ en devenant conforme à lui dans sa mort.

Quant à la puissance de la résurrection, il ne faudrait pas se tromper à son sujet. Cette puissance appartient au  Seigneur. C’est une arme qu’il  accorde au chrétien pour le combat spirituel, pour la lutte contre les mauvais esprits dans les lieux célestes.

Contrairement à ce que  prétendent certains mouvements chrétiens, et les paroles de certains chants,  ce n’est pas l’arme absolue dont l’homme pourrait disposer, sans limites et à sa guise  contre ses adversaires ici, sur terre.

Car nous n’avons pas à lutter contre des êtres humains, mais contre les puissances spirituelles mauvaises du monde céleste, les autorités, les pouvoirs et les maîtres de ce monde obscur. Ephésiens 6.12

Ce que le Seigneur demande de nous :

Si ce n’est pas encore fait, tournons nous vers Jésus dans la repentance.

Il est mort sur la croix à cause de nos péchés. La justice qu’il a reçue de Dieu par la résurrection est la seule qui sauve, qui justifie. Et il nous la donne gratuitement

Si nous sommes chrétiens, avançons dans la sanctification.

Si nous participons aux souffrances et à la mort du Christ, par la lutte contre le péché, la mort au péché, par une vie humble de service comme la sienne sur terre, Dieu exercera dans nos vies, dans l’Église, corps du Christ, sa puissance de résurrection.

C.Streng

De la justification à la sanctification – lettre aux Romains

De la justification à la sanctification

La rose de Luther, un résumé de sa théologie

  • La croix noire, symbole de la croix de Jésus-Christ.
  • Au centre de la rose, elle rappelle l’importance centrale de la mort du Christ. En effet, c’est la foi en la mort de Jésus sur la croix et en sa résurrection qui justifie et sauve.
  • Le cœur rouge, symbole du cœur des chrétiens.Car la croix donne la vie au chrétien, qui à son tour doit aimer comme Jésus l’a aimé.
  • La rose blanche, symbole de la joie et de la paix. La foi procure joie, consolation, et paix du cœur.
  • Les flammes dorées, symboles du Saint-Esprit. L’Esprit éclaire le chrétien, et le pousse à aimer son sauveur et témoigner de sa foi.
  • L’arrière-plan bleu, symbole du ciel.La joie issue de la foi est le début d’une nouvelle vie qui continue au ciel. Il s’agit de l’idée chère à Luther du « déjà et pas encore ».
  • L’anneau d’or, symbole de l’éternité.Comme l’or qui ne rouille pas et qui est le plus précieux des métaux, il montre l’éternité de la vie céleste qui attend le chrétien.

D’après Wikipédia

Justification et sanctification au centre de la lettre aux Romains

Justification et sanctification sont deux réalités centrales de la lettre aux Romains et d’une vie chrétienne conséquente. Les deux notions sont étroitement liées. Après un rappel de ce qu’est la justification, le sujet de la sanctification sera développé, avec ses difficultés et ses applications pratiques.

En effet, si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection, sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit réduit à l’impuissance, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché ; car celui qui est mort est libre du péché.

Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui, sachant que Christ ressuscité des morts ne meurt plus ; la mort n’a plus de pouvoir sur lui. Car il est mort, et c’est pour le péché qu’il est mort une fois pour toutes ; il est revenu à la vie, et c’est pour Dieu qu’il vit. Ainsi vous-mêmes, regardez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus Christ. Romains 6.5-11

1.  La justification

Le péché entraîne la peine capitale exigée par la justice de Dieu en vertu de sa loi sainte Le salaire du péché, c’est la mort. Romains 6.23

Culpabilité expiée par Jésus-Christ

Aucun homme ne peut affronter lui-même, expier cette culpabilité, payer cette dette devant la justice du Dieu trois fois saint. Jésus-Christ, Dieu fait homme, mais sans péché, a effectué cette expiation à la place du coupable.

Ainsi la justice de Dieu est satisfaite, puisque la culpabilité est expiée. Elle l’est pour quiconque croit cela, c’est à dire se saisit du bénéfice de cette substitution, pour être acquitté. Dans cet acte de foi il y a en fait plusieurs prises de position successives :

  • je reconnais que le verdict du Juge divin sur le péché est juste ;
  • je considère que la mort subie par Jésus à ma place est aussi ma mort au péché,
  • je me solidarise avec Jésus dans cette mort qu’il a subie volontairement pour moi;
  • cette solidarité avec la mort de Jésus m’entraîne dans la résurrection de Jésus, qui devient également réalité pour moi : Romains 6.11

Croire ce que Dieu dit de l’œuvre de Jésus au point d’en faire dépendre mon existence, c’est honorer Dieu, alors Dieu honore à son tour ma foi en lui donnant ce qu’elle croit :

  • il m’acquitte de ma culpabilité et me déclare juste ;
  • il me ressuscite spirituellement avec Jésus ;
  • il me donne ainsi une nouvelle vie et me fait changer d’identité (rebelle – enfant de Dieu) et de statut (coupable – déclaré juste).

Ainsi le péché est surmonté sur le plan légal par l’œuvre de Jésus et une décision juste de Dieu. Ce sont deux évènements fondamentaux auxquels j’accroche en quelque sorte ma vie par la foi. Dieu me fait la grâce de me considérer comme juste (sans culpabilité) et même comme saint (séparé du péché), c’est à dire  tel que je serai, quand il me prendra auprès de lui, alors que je sais, et lui aussi sait, que je chute encore. Quelle immense grâce !

2. La sanctification

Parvenu à ce point l’idée absolument évidente s’impose : ce nouveau statut extraordinaire que Dieu veut bien m’accorder par principe, il faut le faire entrer concrètement dans mon quotidien :

Nous qui sommes morts au péché, comment pourrions-nous encore vivre en lui ? …Romains 6.2

Vous êtes morts avec Christ, faites donc mourir …Colossiens  3.5.

Si donc vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses d’en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu.Attachez-vous aux choses d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. Quand Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire. Faites donc mourir ce qui, dans vos membres, est terrestre, la débauche, l’impureté, les passions, les mauvais désirs, et la cupidité, qui est une idolâtrie.  Colossiens 3.1-5

Ces derniers versets identifient clairement un premier champ moral d’application de la sanctification : le développement d’un caractère, d’un mode de penser et d’agir qui honore et reflète notre Sauveur.

Et là il faut être clair : beaucoup de systèmes moraux demandent d’abandonner les péchés connus, de pratiquer une discipline de l’âme et du corps, d’adopter une mentalité, un comportement corrects ; beaucoup de religions appellent à se consacrer à Dieu et au service de nos semblables.

Paul prononce des exhortations analogues, mais il n’abandonne pas ensuite son lecteur dans le dilemme de devoir réaliser une chose dont il sait qu’il n’a pas les moyens en lui-même.

D’abord première différence dans la motivation  : la gratitude

il ne s’agit pas d’obéir à des ordres, à un code moral froids et extérieurs à nous ; c’est le désir intérieur d’exprimer notre gratitude à notre Sauveur qui a payé de sa vie notre vie nouvelle. Ça, c’est le principe de base.

Puis une deuxième différence : de la domination du péché à l’autorité du Seigneur

Paul explique que par la foi en la mort de Christ pour nous, celui-ci a vaincu le péché comme puissance dominatrice. Ainsi nous sommes passés, par la foi toujours, de la domination du péché sous l’autorité de notre Seigneur qui nous aime.

Bien sûr, cela ne se voit et ne se sent pas, mais c’est un fait proposé à notre foi et alors nous partons au combat sur le terrain de la victoire : Romains 6.7,11.

La troisième différence : la présence du Saint-Esprit

Pour ce combat nous avons comme arme, en plus de notre sérieux et notre persévérance, la présence, la direction et les forces du Saint-Esprit. Une de ses missions est justement d’opérer notre sanctification avec nous 

Que le Dieu de paix vous rende lui-même entièrement saints et qu’il vous garde parfaitement esprit, âme et corps pour que vous soyez irréprochables lors de la venue de notre Seigneur Jésus-Christ.
1 Thessaloniciens 5.23-24

Qui accusera les élus de Dieu ? C’est Dieu qui justifie ! Qui les condamnera ? Christ est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous ! Romains 8.33-34

Le quatrième atout : le pardon

Si nous chutons tout de même, il n’y a pas de raison de nous désespérer, nous pouvons demander et recevoir le pardon pour l’échec et un nouveau départ avec ses forces pour reprendre le même combat : 

Que le méchant abandonne sa voie, et l’homme d’iniquité ses pensées ; qu’il retourne à l’Éternel, qui aura pitié de lui, à notre Dieu, qui ne se lasse pas de pardonner. Esaïe 55.7

Réorientation de l’activité

Parallèlement au développement d’un caractère chrétien il y a un autre domaine par lequel le croyant exprime sa reconnaissance à son Sauveur, c’est une réorientation partielle ou totale de son activité. Il est devenu membre de toute une nouvelle famille qui, même localement est plus grande que sa famille naturelle et qui a une dimension mondiale : la famille de Dieu, l’Église.

Comme partie de cette nouvelle famille le chrétien redistribue ses activités, en abandonne certaines, en entreprend d’autres ou en change totalement. Notre Seigneur n’est pas venu se faire servir, mais pour servir lui-même. C’est donc un honneur que de pouvoir lui emboiter le pas dans le même esprit, nous sommes sauvés pour servir.

La sanctification, mon désir de remercier le Seigneur et de lui plaire, va donc dans ces deux directions : vers l’intérieur, développer une mentalité qui honore mon Sauveur ; vers l’extérieur placer Dieu au centre de ce que je fais et réviser ou compléter le programme dans cette nouvelle optique. C’est à cela que pensait Paul en disant que la justice reçue de Dieu vient de la foi et s’épanouit ensuite dans la foi 

Car je n’ai point honte (je suis fier) de l’Évangile : c’est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec. Romains 1.16

3. Des difficultés

La plus grande, c’est certainement que de tous les atouts énumérés tout à l’heure, aucun n’est visible. Je ne vois pas que Christ a vaincu le péché pour moi, que je ne suis plus esclave du péché, que le Saint-Esprit veut surmonter le péché dans ma vie.

Cette difficulté est normale et nous rappelle une réalité de base de la vie chrétienne : nous vivons guidés par la foi, non par la vue (2 Corinthiens 5.7) ou pour reprendre Romains 1.17 : la justice vient de la foi et s’épanouit dans la foi (Version Maredsous) ou encore plus clair : tout cela c’est par la foi seule, du commencement à la fin (Version Bonne Nouvelle Aujourd’hui).

Paul a bien prévenu : le juste vivra par la foi, de foi. Nous avons commencé par la foi en honorant la Parole de Dieu par notre foi et nous avons effectivement été sauvés, radicalement changés.

Eh bien, continuons ainsi, par la foi seule, du commencement à la fin, sachant que Dieu est fidèle à sa Parole. Il ne s’agit pas de  minimiser le problème , les chrétiens y butent autant les uns que les autres  et il est de taille.

C’est ce qu’on appelle parfois le problème  du déjà, et du pas encore.Paul nous dit :

Par notre union avec Jésus-Christ, Dieu nous a ressuscités ensemble et nous a fait siéger ensemble dans le monde céleste. Il l’a fait afin de démontrer pour tous les âges à venir, l’extraordinaire richesse de sa grâce qu’il a manifestée en Jésus-Christ par sa bonté envers nous. Ephésiens 2.6-7

Voilà pourquoi vous n’êtes plus des étrangers ou des résidents temporaires, vous êtes concitoyens des membres du peuple de Dieu, vous faites partie de la famille de Dieu. Dieu vous a intégrés à l’édifice qu’il construit sur le fondement que sont les apôtres, ses prophètes, et dont Jésus-Christ lui-même est la pierre principale.

En lui toute la construction s’élève, bien coordonnée, afin d’être un temple saint dans le Seigneur, et, unis au Christ, vous avez été intégrés ensemble à cette construction pour former une demeure où Dieu habite par l’Esprit. Éphésiens  2.19-21

Quant à nous, nous sommes citoyens du royaume des cieux : de là, nous attendons ardemment la venue du Seigneur Jésus-Christ pour nous sauver. Car il transformera notre corps misérable pour le rendre conforme à son corps glorieux par la puissance qui lui permet de tout soumettre à son autorité. Philippiens  3.20-21

Entre le « déjà » et le « pas encore »

Voilà des réalités fantastiques, quelques aspects de notre nouveau statut obtenu par le Crucifié. Et il ne faut pas les lire comme un rêve inaccessible, comme tous les rêves, Paul emploie le présent et même le passé, à côté de quelques  futurs. Voilà un aperçu du déjà réalisé par le Seigneur, de ce qui sera un jour notre seule réalité formidablement vraie, aussi certaine que notre salut aujourd’hui .

Mais si nous avons déjà réellement notre place dans ce monde (Jésus lui-même a dit qu’il allait nous la préparer en Jean 14.3 et viendra ensuite nous prendre avec lui), il est vrai aussi que nous sommes encore dans l’ancien monde. Et celui-là fonctionne comme s’il était impensable qu’il puisse un jour disparaître pour laisser place au nouveau.

Ce nouveau, ce « pas encore » est encore caché, il n’est présent que dans notre cœur et un peu visible que dans le rassemblement de ses citoyens. Mais si vous luttez contre l’influence que l’ancien monde veut exercer sur vous, ce combat démontre que le nouveau est déjà un peu là. Et si dans ce combat nous nous plaçons sur le terrain de la victoire remportée par le Seigneur, comme il nous y invite, nous croyons ainsi et nous annonçons qu’un jour seul le royaume de Dieu existera sur cette terre.

Déjà spirituel mais encore charnel

Une autre difficulté plus douloureuse, c’est que même si nous sommes d’accord avec Paul quand il dit« Nous qui sommes morts au péché, comment pourrions-nous encore vivre dans le péché ? » (Romains 6.2), nous nous retrouvons aussi dans cet autre constat de Paul :

Nous savons, en effet, que la loi est spirituelle ; mais moi, je suis charnel, vendu au péché. Car je ne sais pas ce que je fais : je ne fais point ce que je veux, et je fais ce que je hais. Or, si je fais ce que je ne veux pas, je reconnais par là que la loi est bonne. Et maintenant ce n’est plus moi qui le fais, mais c’est le péché qui habite en moi. Ce qui est bon, je le sais, n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair : j’ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien. Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. Romains 7.15-19

Dieu notre Père nous éduque avec amour et patience

Là il est précieux de savoir que notre Dieu est aussi notre Père. Un père qui apprend à son enfant à marcher ne le rejette pas, parce qu’il ne l’a pas écouté et est tombé. Il le relève, lui donne d’autres indications et reprend son instruction. Et Dieu a une patience dont nous sommes bien incapables, parce que le but qu’il s’est fixé il veut et va l’atteindre avec nous, si nous lui gardons notre confiance.

Voyez, c’est encore par la foi seule, du commencement à la fin ! Et heureusement il a promis : Mes petits enfants, je vous écris ces choses afin que vous ne péchiez point. Et si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste.  1 Jean 2.1

a. Imaginez ce tableau :

un enfant vient de naître, faible et démuni de tout, comme tous les nouveau-nés.

«Ouf, enfin la longue claustration de neuf mois est terminée, le but est atteint, vite, mettez moi dehors dans la rue, je n’ai plus besoin de vous, ni de votre nourriture invariable, ni de vos soins envahissants, vous parents et frères et sœurs, ni même de votre toit ».

C’est d’une absurdité rare. Mais ce qui est beaucoup moins rare, ce sont les gens qui se comportent ainsi : moi, je me suis converti, j’ai mis ma vie en règle avec Dieu, mon avenir est assuré, je n’irai pas en enfer. Qu’est-ce que j’ai à faire d’une Église, d’ailleurs il y a là des gens que je préfère ne pas rencontrer. Pourquoi voulez-vous que je lise ce gros livre dont vous me parlez toujours ? Déjà je n’aime pas lire et n’en ai pas le temps, mais, bon, donnez-moi votre calendrier, je vais faire un effort pour vous faire plaisir.

b. Une autre absurdité qui n’est pas rare non plus ?

Je m’appelle Baptiste, vous savez, c’est cette grande famille qui habite dans la ville voisine, pas loin d’une autre famille assez vaste, appelée Pentecôte. C’est dans cette famille que je suis né, mais je n’y vais plus qu’une fois par semaine, le dimanche matin, quand je n’ai rien d’autre. Comment, y prendre ma place pour que ma vie serve à quelque chose  ? D’abord soyez poli. Moi, je fais mon travail correctement à l’entreprise, cela prend déjà l’essentiel de mon temps. Et puis les services dont on m’a parlé là-bas, je n’ai pas de don pour ça et il y a là des gens plus capables que moi et formés pour ça. Ensuite, ça risque de me prendre les quelques loisirs que j’ai.

Salut gratuit mais pas grâce à bon marché

Les deux cas sont un peu brutaux et excessifs, mais je crois que vous en avez saisi la leçon. Le remède pour chacune de ces dérives pourrait être d’essayer de mesurer une bonne fois et vraiment ce que c’est que ce salut gratuit qui n’est surtout pas une grâce bon marché.

Réfléchir à ce que cela veut dire tant aimer le monde pour lui donner, non pas le coup de grâce qui met fin une bonne fois à tous ces scandales, mais son Fils unique, et cela pour sauver, non pas les quelques uns qui en valent encore la peine, mais quiconque, non pas quiconque s’en montre digne, mais simplement quiconque croit, met sa confiance en ce Dieu qu’il connaît pourtant si peu.

La vraie motivation de la sanctification

La vraie motivation de l’aventure de toute une existence qu’est la sanctification, c’est la reconnaissance pour l’amour dispensé sans limite, pour l’incroyable libération reçue, pour la paix qui vous est alors tombée dessus et qui a transformé votre vie.

Pas de légalisme mais une relation personnelle avec le Sauveur

Quand j’ai fait mes premiers pas de chrétien, soucieux de bien faire, j’ai demandé à un de mes aînés spirituels ce que désormais je devrai éviter et ce que j’aurai encore le droit de faire. Et je n’ai pas été peu décontenancé quand il a souri en secouant la tête : « Non, ce n’est pas de ce côté, du côté d’un code de conduite qu’il te faut chercher. Approfondis plutôt ta relation personnelle avec ton Sauveur et c’est lui qui te guidera. Si tu l’aimes et veux lui faire plaisir, tu trouveras par toi-même le comportement qui l’honorera ! »

Cela m’est d’abord apparu comme une difficulté supplémentaire. C’est tellement plus rassurant d’avancer en territoire inconnu avec un itinéraire détaillé où tout est précisé. Mais j’ai quand même suivi ce conseil. J’y ai trouvé non seulement la direction fidèle du Seigneur, mais aussi la magnifique liberté de tout chrétien par rapport à tous les « il faut », « ne fais pas », « c’est pas normal »…

Votre conjoint ne vous a sans doute jamais remis une liste de tout ce que vous devez faire et ce que vous devez éviter. Il vous a simplement dit : « Je t’aime et je t’aimerai toujours ». C’est étonnant ce qu’une telle certitude peut donner comme idées pratiques !
Et, par dessus tout, revêtez-vous de l’amour qui est le lien par excellence ! 
Colossiens 3.14

J.J.Streng

Justice et justification par la foi

Sens biblique de justice et justification

Justice et justification, deux mots-clés de la lettre aux Romains et de la vie chrétienne, sont des notions qu’il vaut mieux ne pas chercher dans le dictionnaire pour en saisir le sens biblique. Cette remarque s’impose encore plus pour le dérivé justification que pour justice.

Paul emploie le mot justice pour la première fois dans Romains 1.16-17 qui est l’exposé du thème principal de l’épître, puis on le retrouve souvent dans la suite.

Car je n’ai point honte (je suis fier) de l’Évangile : c’est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec, parce qu’en lui est révélée la justice de Dieu par la foi et pour la foi ; selon qu’il est écrit : Le juste vivra par la foi. Romains 1.16-17.

Mais maintenant, sans la loi est manifestée la justice de Dieu, à laquelle rendent témoignage la loi et les prophètes, justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ pour tous ceux qui croient. Il n’y a point de distinction. Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ.

C’est lui que Dieu a destiné à être par son sang pour ceux qui croiraient victime propitiatoire, afin de montrer sa justice, parce qu’il avait laissé impunis les péchés commis auparavant, au temps de sa patience ; il montre ainsi sa justice dans le temps présent, de manière à être juste tout en justifiant celui qui a la foi en Jésus.

Où donc est le sujet de se glorifier ? Il est exclu. Par quelle loi ? Par la loi des œuvres ? Non, mais par la loi de la foi. Car nous pensons que l’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi.

Ou bien Dieu est-il seulement le Dieu des Juifs ? Ne l’est-il pas aussi des païens ? Oui, il l’est aussi des païens, puisqu’il y a un seul Dieu, qui justifiera par la foi les circoncis (les juifs) , et par la foi les incirconcis (les non juifs). Annulons-nous donc la loi par la foi ? Loin de là ! Au contraire, nous confirmons la loi. Romains 3.21-31

1. Le besoin de justification

Comment se justifier devant un Dieu saint ?

Quelqu’un qui réfléchit à ce qu’il est et à ce qu’il fait, sait qu’il en est responsable devant lui-même, ses proches , la société et surtout devant son Créateur. Or s’il est déjà parfois difficile de se justifier devant ses semblables, comment le faire devant un Dieu absolument saint et juste ?

Surtout que … Romains 1.19-20 ! Le remède qui vient spontanément à l’esprit : tâcher de compenser ses fautes par des actions bonnes pour restaurer un semblant d’équilibre. C’est la base de nombreux systèmes moraux et d’un nombre infini de religions. Et s’il en est qui ne demandent pas grand effort, d’autres écrasent l’homme sous leur rigueur.

Martin Luther et sa découverte de la justification par la foi

Martin Luther

C’est ce qui a dérouté Martin Luther, le moine augustin dans son couvent à Erfurt dans les années 1510. 

Elle exigeait du pauvre moine tant de privations, de mortifications, de pénitences sévères et prolongées, mais il ne savait pas un jour s’il en avait assez fait ou assez enduré.

Cette discipline, à laquelle il s’est ajouté pour se rassurer, lui a donné l’impression qu’il devait payer non seulement pour tous ses péchés, mais aussi pour la mort que Jésus a subie pour ces péchés.

Luther était devenu professeur de théologie à la faculté de Wittenberg, ce qui lui donna le droit de lire la Bible.

Dans la lettre aux Romains il est retombé encore sur ces expressions terribles de justice de Dieu et la loi de Dieu. Mais l’exposé de Paul ne soufflait mot de l’obligation catholique d’expier soi-même ses péchés.

Des déclaration fracassantes !

Le chapitre 3 contient une série de déclarations qui font exploser le judaïsme des anciens pharisiens et le catholicisme qui a été inculqué à Luther et enseigné par lui-même:

Dieu nous déclare justes sans faire intervenir la Loi ; nous sommes déclarés justes par la foi et  par la grâce ; c’est un don de Dieu. Dieu est juste tout en déclarant juste celui qui croit en Jésus ;

et puis surtout ce v. 28. Or tout cela n’est pas destiné à abolir la Loi, mais à la confirmer (v.31).

Ici sont réunies en quelques phrases la foi, la grâce, la primauté de la Parole de Dieu

Trois principes fondateurs de la Réforme : sola fide, (foi seule) sola gratia (grâce seule) , sola scriptura (Écriture (Bible) seule)

Une libération radicale

C’était un message tellement nouveau, pas du tout enseigné à la faculté de Wittenberg, insoupçonné du professeur de théologie M. Luther, un message qui a fait sauter toute la chape d’erreurs qui le désespérait.

Cela lui a apporté une libération, un renouveau radical, le vrai début de sa vie chrétienne et l’ouverture de l’Évangile à son pays, à l’Europe et au monde, un bienfait dont nous bénéficions encore aujourd’hui.

2. Qu’est ce que la justification par la foi ?

Quand quelqu’un se pose la question de sa situation devant Dieu, il se trouve face à deux réalités fondamentales :

Le péché face à la sainteté de Dieu

Sa bonne volonté se heurte à ses failles et défauts moraux : « le péché ». La loi de Dieu est aussi rigoureuse que la sainteté de Dieu est absolue et l’homme ne peut absolument pas y satisfaire. Son avenir est irrémédiablement bloqué par la sentence de mort qui frappe le péché. On se trouve dans une impasse spirituelle désespérante.

Un remède radical

Dieu a pris l’initiative de remédier radicalement à ce drame, en total accord avec Jésus. Devenu homme, Jésus a vécu une vie d’homme juste, sans péché et a sacrifié cette vie pure à la sentence de mort sur le péché.

Cette substitution opérée par Jésus entraîne l’expiation, le paiement de la dette morale de l’homme, donc l’effacement de tout obstacle entre Dieu et sa créature. L’impasse s’ouvre sur une route nouvelle sans obstacle.

Un remède efficace et suffisant

Puisque ce remède est accepté comme efficace et suffisant par le divin Juge, ce salut devient réalité vécue pour celui qui y croit, qui le veut pour sa vie, qui fait confiance à Dieu pour son salut.

Par cet acte de foi il déclare juste et méritée la sentence de mort prononcée sur lui comme pécheur et il saisit pour lui l’efficacité de l’expiation opérée par Jésus. C’est se rendre spirituellement solidaire de Jésus dans cette mort méritée par le péché et expiée par Jésus.

Sa dette se trouve ainsi payée par Jésus à sa place et lui en est déchargé. Il n’est pas juste ou innocent en lui-même, mais Dieu le traite comme tel, le déclare juste par sa foi en Jésus-Christ (v.22), l’homme est déclaré juste par la foi, sans qu’il ait à accomplir les œuvres qu’exige la Loi  (v. 28).

Dieu ne nous fait pas voir la réalité autrement, il fait que notre réalité devient autre, il nous transpose dans une autre réalité. L’homme qui s’est solidarisé par la foi avec Jésus dans sa mort, est entraîné par lui dans sa résurrection. Il n’est plus le même : il ressuscite à une vie spirituelle toute nouvelle. De rebelle il devient enfant de Dieu et même frère de Jésus-Christ

 Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. 2 Corinthiens 5.17. 17

Dans son expérience tout ce processus a comme point de départ la foi et tout ce qui va suivre sera également reçu et vécu dans la foi et donné par Dieu en cadeau à la foi.

La justice de Dieu vient de la foi et s’épanouit dans la foi. Romains 1.17.traduction Maredsous.

Un remède contesté et choquant

Pour un juif cet Évangile est doublement choquant :

– Dieu justifie le pécheur !! N’est-ce pas annuler la loi par la foi ? (31) n’est-ce pas encourager à persister dans le péché pour que la grâce abonde ? (6.1) Ce sont là deux reproches lancés par les juifs à Paul. Mais quelle œuvre humaine serait assez méritante pour équivaloir, au moins un peu, au sacrifice de Jésus en croix ?
– Personne ne sera déclaré juste devant Dieu parce qu’il aura accompli les œuvres de la Loi (20). Que deviennent alors tous les efforts des pharisiens et les mortifications catholiques et autres ? Ne vous a-t-on jamais objecté que cet Évangile est trop facile ?

Un remède offert par Dieu à la foi seule

Cette justice révélée par l’Évangile, c’est celle d’un Dieu à l’œuvre pour sauver l’homme de ses péchés et des mensonges qui l’égarent.

C’est Dieu qui a décidé de tout offrir à la foi et seulement à la foi, sans le moindre ménagement pour la susceptibilité, l’orgueil naturel des gens ou pour la volonté de dominer des hiérarchies religieuses qui se sont emparées de la révélation pour imposer leur tutelle.

Encore une fois il ne s’agit pas de voir la réalité autrement, c’est Dieu qui crée une réalité nouvelle faite de son amour, de son désir de communion qui libère et sanctifie.

Une relation nouvelle avec Jésus-Christ

D’un côté cette justification est l’aboutissement de la longue quête du salut par l’homme. S’il accueille cette justice par la foi, il a trouvé rien de moins qu’une vie nouvelle marquée par une relation toute nouvelle avec Jésus, la personne la plus extraordinaire qui soit. Et tout cela sans aucune contrepartie.

Une nouvelle naissance et un nouveau départ

D’un autre côté une nouvelle naissance est un nouveau départ ; il y a là une relation à découvrir et épanouir, Il y a ce cadeau de la justice reçue en bloc qu’il s’agit de déballer et de mettre pratiquement en œuvre dans le quotidien. Là commence tout le voyage de la sanctification et du service pour notre Créateur qui nous a tout donné.

3. Aspects pratiques

Les bonnes œuvres, remède au péché : une illusion et une confusion

Pourquoi l’homme croit-il si spontanément que le remède au péché, ce sont de bonnes œuvres ?

Il y a bien sûr d’abord le souci et la fierté de ne pas être redevable d’un cadeau gratuit. On préfère que ça coûte, même si ça coûte beaucoup : on aura la satisfaction d’avoir fait ses devoirs religieux. Au prêtre de définir la dose et de voir si ça suffit.

Mais le problème est plus profond. Il y a une confusion que faisait déjà Luther entre le plan moral et le plan légal, c’est à dire une erreur dans l’ordre logique des choses. Confiant en ses capacités de s’améliorer soi-même, l’homme fait des efforts pour surmonter ses défauts. Par cette lutte il estime ou espère pouvoir se rapprocher d’un idéal de pureté morale, de sainteté. Ce faisant il oublie ou refuse qu’il y a d’abord entre lui et Dieu un grave problème de culpabilité légale face à la loi sainte de Dieu.

Un seul moyen de défense, la grâce de Dieu

Dieu balaie ces illusions : l’homme est radicalement perverti par le péché, moralement irrécupérable. Mais est-il capable et assez honnête pour avouer cela, c’est à dire pour reconnaître que cette évaluation du juge divin est juste, qu’elle correspond à la réalité ? Reconnaît-il donc que par lui-même il n’a pas de moyen de défense, de remède efficace et qu’il a besoin de celui que lui offre Dieu ?

Voilà deux questions concernant la vérité, l’aspect juridique, légal de sa situation et non le plan moral. Si la réponse à ces deux questions est oui, la personne donne raison à Dieu, le juge. Celui-ci applique alors son droit de grâce et déclare la personne juste, puisqu’un autre, un innocent, a payé à la place du coupable.

Cette décision de Dieu fait tomber toute séparation entre lui et la personne. Celle-ci se trouve réconciliée, en paix avec Dieu. Dieu a donc commencé par régler l’aspect légal du péché devant lui-même, le juge. Cette justification règle le problème légal de la culpabilité devant Dieu.

Les bonnes œuvres, oui, mais seulement après !

Reste le problème des bonnes œuvres : une affaire de chronologie, d’ordre logique. Doit-on commencer par faire d’abord des bonnes œuvres en espérant obtenir ainsi, ensuite le salut ?

Ne s’agit-il pas plutôt de recevoir d’abord par la foi le salut gratuit opéré par Jésus et de remercier ensuite le Sauveur par des bonnes œuvres pour lesquelles lui donnera et l’idée et les forces et la persévérance ?

On ne fait pas le bien pour être sauvé, mais après et parce qu’on a reçu un salut complet et gratuit. Cette nouvelle position accordée par Dieu pousse naturellement à lui plaire et à lui exprimer sa gratitude.

Autrement dit quand le problème est réglé sur le plan légal, vient très logiquement son règlement sur le plan moral. Cette nouvelle étape consiste en un nettoyage, une purification, une sanctification morale et spirituelle.

Une tension douloureuse : déclaré juste mais péchant encore

Reste alors la tension douloureuse exposée par Paul dans Romains 7.14-20. Dieu me fait au nom du Christ crucifié l’énorme cadeau de me considérer dès maintenant comme juste et même saint, alors que je sais que je chute encore souvent, bien que racheté. Comment faire concorder ma vie quotidienne souvent pécheresse avec ce statut de principe d’homme déclaré juste?

Luther répond par l’image d’une maladie grave qui exige la prise de médicaments et l’administration de soins adaptés. La guérison n’est pas acquise dès la première prise de médicament, mais si le traitement est suivi sérieusement la situation change.

La personne est d’une part malade en réalité, comme le croyant justifié commet encore effectivement des péchés. D’autre part elle est guérie en espérance et de plus en plus réellement, de même que le croyant avance progressivement dans la sanctification sous la conduite et avec les forces de Dieu. Il s’agit d’une tension normale qu’on peut résumer ainsi : deviens ce que tu es = fais devenir réalité quotidienne ce que tu es déjà en principe.

Une image de soi fondée sur la grâce et non sur les performances

Tout cela change aussi l’image que j’ai de moi-même. Celle-ci est désormais fondée sur la grâce de Dieu et non sur mes propres performances. J’ai reçu gratuitement un nouveau statut, une nouvelle identité que je n’ai pas construits moi-même. Ma règle de conduite sera donc très logiquement l’humilité. Et celle-ci ne sera pas un effort pour paraître plus petit que je ne suis, mais la conséquence du fait que je n’ai pu contribuer en rien à ma justification, à mon salut.

C’est vrai que Dieu m’accorde une identité magnifique : justifié, enfant de Dieu, membre de la famille de Dieu, mais c’est le résultat de l’œuvre de Christ et de rien d’autre.
Même chose pour le travail que je fais. Notre capacité vient du Christ (2 Co 3.5). La valeur du travail réalisé ne doit pas attirer les éloges sur moi qui l’ai fait, mais sur Dieu qui m’en a donné les moyens. Comme le dit Paul en prenant l’image de l’arbre : si tu es tenté par l’orgueil, souviens-toi que ce n’est pas toi qui portes la racine, c’est la racine, le Seigneur qui te porte (Romains 11.18).

L’homme participant au projet de Dieu

Quand l’homme communique quelque chose, il fait part d’une information, il transmet un enseignement, sa communication se situe au niveau souvent abstrait des paroles. Quand Dieu communique avec l’homme, il le fait bénéficier d’un projet concret dont l’homme sera le centre ou au moins partie prenante, c’est la mise en œuvre active, transformatrice, d’une volonté de Dieu au sujet de l’homme.

Comme exemples, pensons à la première rencontre de Dieu avec Abraham : ce que Dieu lui dit alors bouleverse toute son existence. Et même largement le monde. Quand l’ange Gabriel vient trouver Marie, c’est tout l’avenir de cette j. fille qui bascule, cette révélation inaugure carrément une nouvelle ère de l’humanité.

Nous savons tous que Dieu est sainteté, vérité, justice, amour, gloire. Eh bien, comme un vrai père il désire donner à ses enfants ce qu’il est, ce qu’il a. Pour toutes ces réalités de Dieu,  nous pouvons trouver des textes les expliquant, les promettant, parfois aussi longs que le Lévitique à propos de la sainteté et que Romains à propos de la justice.
Ou encore 1 Corinthiens  1.30.

Par lui, vous êtes unis au Christ, qui est devenu pour nous cette sagesse qui vient de Dieu : en Christ, en effet, se trouvent pour nous l’acquittement, la purification et la libération du péché.

Enfin les juifs espéraient être justifiés par Dieu à la fin des temps. L’Évangile annonce ce cadeau pour aujourd’hui , tout de suite et pas seulement pour les juifs, mais pour tout homme qui croit.

L’Évangile, une puissance de Dieu

C’est ainsi qu’il faut voir l’Évangile que Paul répand. Ses adversaires le soupçonnaient de ne pas oser présenter l’Évangile à Rome, ce centre culturel de haut niveau avec ses maîtres en philosophie et en rhétorique. Mais ça n’impressionne pas Paul : son message n’est en aucun de ses aspects quelque chose dont on aurait honte.

Bien loin de là, il sait que son Évangile est une puissance, c’est-à-dire justement ce que ces maîtres recherchent, une puissance de Dieu lui-même et une puissance capable d’opérer le salut et pas seulement pour les juifs, mais pour tout homme qui croit. Il sera donc logique que nous le voyions de la même façon.

J.J. Streng