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Théologie de la création dans l’Ancien Testament

La théologie de la création à travers l’Ancien Testament

La Création au début de la Genèse

Entre le récit de la Genèse et la pensée scientifique moderne, la lecture est décalée. Genèse 1-11 n’est pas un document scientifique, mais pré-scientifique. L’ordre de la création est vu du point de vue d’un observateur terrestre, expérimenté à partir des cinq sens.

Le peuple hébreu face aux visions du monde des autres peuples

Genèse a été écrit et communiqué au peuple hébreu par Moïse entre la sortie d’Égypte et l’entrée dans la terre promise. Il voulait dénoncer la peur de la puissance politique et celle des dieux de l’Égypte et de Canaan.
Dieu a promis de délivrer son peuple esclave en Égypte. Les dieux païens sont remis à leur place. Ils sont réduits au rang de créatures : soleil et lune ne sont pas nommés (Genèse 1.16).
La puissance de Dieu est supérieure à celle des pharaons et des dieux.

Ainsi le montrent les 10 plaies d’Égypte;

  • la 9e plaie contre Ra, le dieu soleil Exode 10.21-22,
  • la 10e plaie contre le pharaon divinisé; Exode 12.29.

Ces puissants dieux païens ne sont que des luminaires faits par Dieu. Pourquoi avoir peur ?

Le récit de la création tel qu’il doit être compris par Israël

La création bonne a été faite par Dieu, absolument bon et souverain

Dieu seul est créateur

Branche chargée de pommes

Dieu seul a créé le monde. Il l’a fait à partir de rien (ex nihilo) Genèse 1.1 et Hébreux 11.3.
Il n’existe ni matière éternelle, ni dualisme comme dans les autres visions du monde.

Une autre forme d’existence ou de force comme celle des Tablettes babyloniennes s’opposerait à Dieu et échapperait à son contrôle.

La création est un acte libre, décidé par Dieu, seulement ainsi Dieu peut être le Seigneur. (Actes 17.24-25).

Dieu est transcendant (au-dessus, distinct du monde créé) et immanent (dans le monde créé)

« Un seul Dieu et Père de tous qui règne sur tous, qui agit par tous et qui est en tous » Ephésiens 4.6.
Il est aussi un Dieu immanent dont tout dépend.
« Tout subsiste en lui » Colossiens 1.17,
« C’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être ». Actes 17.28

La création par les trois personnes de la Trinité

1. Dieu le Père dans Genèse 1:1, Psaume 33.6-7
2. Dieu l’Esprit dans Genèse 1:2
3. Dieu le Fils dans le NT. Jean 1.3, Colossiens 1.16.

Le pluriel reflète la nature trinitaire de Dieu : « Faisons l’homme à notre image » Genèse 1.26.
La création de l’humanité est liée à l’Esprit Genèse 1.2.
«L’homme est devenu comme l’un de nous pour connaître le bien et le mal » Genèse 3:22

Le Fils dans la création, Hébreux 1.2-3

Hébreux 1.2b attribue au Fils la création du monde Jean 1.3, Colossiens 1.16.
Hébreux 3a l’identifie comme image et gloire de Dieu, comme la révélation de la gloire du créateur Gn 1.2b

Rôle du Fils dans la création

Il est présent dans l’Esprit de Genèse 1.2, il a créé l’humanité à sa propre image de Fils.
Il est présent aussi dans la re-création, la nouvelle création Jean 20.22, 1 Corinthiens 15.49

L’Esprit dans la Création

Au commencement, l’Esprit intervient dans la création des choses visibles et invisibles. Genèse 1.2a

L’Esprit de Dieu planait au dessus des eaux Genèse 1:2b.

Création par la gloire et pour la gloire de Dieu

La création est théocentrique (centrée sur Dieu). « L’univers entier doit son existence et sa création à ta volonté » Apocalypse 4.11

Une théophanie de gloire

Dans un royaume invisible à l’homme, Dieu est vu surnaturellement par les prophètes. Il est entouré d’un nuage de gloire, Ezéchiel 1.4, 28.

Au milieu d’une multitude d’êtres célestes ailés( Ezéchiel 1.5, 13, 14) il se déplace en même temps qu’un trône –chariot formé de roues (Ezéchiel 1.15-17 ; 11.22), animé et propulsé par l’Esprit (Ezéchiel.19 -21).

Dieu révèle sa présence comme roi de gloire (Ezéchiel 1.26 27).

Dans ce royaume, le Fils de l’homme de l’Ancien Testament (Daniel 7.12-14), le Christ glorifié à l’Ascension recevra une souveraineté éternelle, dans la lumière du feu ou du soleil (Psaume 104.2), comme un arc en ciel qui resplendit (Ezéchiel 1.28).

Il exécutera les jugements divins (Daniel 7.10, Jérémie 1.9-10, Apocalypse 4.4s).

Vie née de la lumière

La vie est née de la lumière (Genèse 1.3), elle continue par la génération biologique (Genèse 1.11, 20, 21).

La création se fait par différenciation Genèse 1. 4, 10, 12, 18, 21, 25 et 31, avec alternance lumière, ténèbres pour la succession du temps

Dieu maintient le monde en existence

Tous ces animaux espèrent en toi, pour que tu leur donnes la nourriture en son temps.
Tu la leur donnes, et ils la recueillent.

Tu ouvres ta main, et ils se rassasient de biens.
Tu caches ta face: ils sont tremblants.
Tu leur retires le souffle: ils expirent, Et retournent dans leur poussière.
Tu envoies ton Esprit: ils sont créés.

Et tu renouvelles la face de la terre.
Psaume 104. 27-30

Création par la Parole de Dieu

Et Dieu dit (v.3, 6, 9, 11, 14, 20, 24, 26)

Dieu appelle les choses à l’existence, leur donne des ordres, les évalue, et passe au jour suivant. Dieu est intelligent, puissant, ordonné et absolument souverain, Psaume 33.6

Divisions schématiques du récit de la création

Il y a une construction littéraire soignée en  Genèse 1 et 2 :
avec 5 formules pour chaque jour

  • Annonce : « et Dieu dit»,
  • Commande : « Qu’il y ait »,
  • Rapport : «et c’était ainsi » ou « et Dieu a fait »,
  • Évaluation : « c’était très bon »
  • Cadre temporel : « ce fut le 1e jour… »

10 fois : « Dieu a dit » : comparer avec les 10 commandements

Création en 7 jours

V.1 : 7 mots en hébreu
V 2 : 14 mots (2 X 7).
Elohim 35 fois (5 X 7)

6 jours de travail, 1 jour de repos, modèle pour Israël

Création écrite sur deux tablettes

Dieu créa les cieux et la terre (Genèse 1.1)
Telle est l’histoire de ce qui est issu des cieux et de la terre, quand elles firent créées (Genèse 2.4).

Le  premier récit de création est repris et complété par un deuxième : une technique littéraire de type oriental

La 1ère tablette montre Dieu au-dessus de la création, mettant en place des cieux et de la terre
Les trois premiers jours et les trois derniers se correspondent:
Dieu crée la forme les jours 1-3. Il le remplit par une matière qui correspond à la forme les jours 4-6

 CREER REMPLIR
 A: jour 1 (1:3–5) A´: jour 4 (1:14–19)
Lumière séparée des ténèbres  Porteurs de lumière: soleil, lune et étoiles
 B: jour 2 (1:6–8)  B´: Jour 5 (1:20–23)
Firmament /ciel  Poissons et oiseaux
C: Jour 3- (1:9–13)  C´: Jour 6 (1:24–30)
 Terre et végétation  Animaux terrestres et êtres humains.
 Jour 7-Dieu se repose (2.3)

La 1e tablette fait ressortir le 7ème jour que Dieu bénit et sanctifie.
« Le repos de sabbat pour le peuple de Dieu » Hébreux 4.8-11 et Matthieu 11.28-30

La 2ème tablette montre Dieu présent dans la création
Il pétrit de la boue, souffle dans les narines de l’homme pour lui insuffler la vie

La 1ère tablette est centrée sur Dieu, la 2ème sur l’humanité, la 2ème tablette présuppose la 1ère et les 2 se complètent.

Création du vivant

Ours dans un parc au Québec

C’est une création « seconde » à partir de la poussière Genèse 2.7

Les animaux sont façonnés du sol (Genèse 2.9) par génération biologique.

L’homme est une âme vivante par insufflation divine (Genèse 2.7)

Le sixième jour, Dieu crée la vie humaine et « bénit » l’homme et la femme afin qu’eux aussi procréent (Genèse 1.26-28).

Homme créé à l’image de Dieu Genèse 1.26-27

L’homme est image de Dieu par la réflexion, la relation et la communication orale avec Dieu, par la  bénédiction qu’il reçoit de Dieu.
L’autorité et la responsabilité lui sont données comme représentant de Dieu sur la terre.

Le règne de Dieu est délégué au couple humain qui domine la terre (Genèse 1.26-28; Psaume 115.16b).

Il est représentant du Créateur, vice –roi de la terre (Psaume  8.4-7),

  • dans le jardin d’Eden (Genèse 2.15),
  • quand il donne des noms aux animaux (Genèse 2.19),
  • dans la création de la femme, aide (ezer) semblable à lui (Genèse 2.18)

Ève, type de l’Église reçoit une autorité et une responsabilité à l’imitation de celle de Dieu

La gloire de Dieu comme image de Dieu reflétée dans l’homme

Dans la gloire, le Dieu trois fois saint siège comme roi et comme juge (Ezéchiel 1, Esaie 6.3).

Les bases de son trône voilé de nuages sont la justice et la droiture et la fidélité.(Psaume 97.2) .

Le Fils est le modèle pour l’aspect filial de l’image de Dieu en l’homme (Hébreux 1.2)

L’homme est créé à la ressemblance de la gloire de Dieu (Psaume  8.5-6, Hébreux 2.7) pour être un temple spirituel de Dieu dans l’Esprit, Ephésiens 2.22, Psaume 104:29-31, Ezéchiel 37. 1,10.14, Luc 1.35

Création bonne et bénie

La création est déclarée 6 fois “bonne », 1 fois “très bonne”

Le don de la vie se manifeste par la création, la procréation et la prospérité Genèse 1.11-12 ; 1.29.
La prospérité de toutes les formes de vie (1.22, 28) est un signe de la faveur de Dieu qui se manifeste dans une abondante reproduction (1.21)

Création, anti-création (destruction), nouvelle création

La foi en la création est manifeste dans de nombreux textes de l’Ancien Testament

La création, Genèse 1-2

Arrière plan : informe et vide.
Séparation des eaux : amas des eaux réuni en un seul lieu, Genèse 1.9

Le déluge, Genèse 7-9

Chutes du Niagara

 

Une anti-création, (destruction), inverse de la création du monde, suivie d’une nouvelle création.
La distinction entre les eaux est annulée, Genèse 7.11.

 

Ordre de destruction de la vie, Genèse 7.21

Après le déluge, une nouvelle création, Genèse 8.1

Après le déluge, Dieu bénit Noé. Genèse 9.7 La terre se repeuple;

Devant la mer et dans le désert, une nouvelle création

Le vent d’est d’Exode 14.21
Le souffle d’Exode 15.8-10
Dieu, présent dans la colonne de nuée et de feu, protège et dirige son peuple, Exode 19.4

La création du monde et la création du peuple de Dieu chez les prophètes

Ésaïe 39-48

Le peuple d’Israël dévasté par l’invasion assyrienne est tenté de servir les dieux babyloniens, Esaïe 39.
Le peuple est découragé.

Ésaïe 40.1-27

Ésaïe utilise les thèmes de la création pour corriger et exhorter les gens de son époque pour former, ou reformer (réformer) le peuple de Dieu en une nation sainte.

Il souligne la grandeur et la souveraineté de Dieu, Es 40.12-31

Dieu ne peut pas oublier Israël, Il est le créateur, celui qui a étendu les cieux et la terre, Es 40.12.

Ayant fait les nations, Dieu décide de leur importance ou de leur peu d’importance, Es 40.15-17

Dieu qui commande les étoiles dans le ciel, est capable de mobiliser des forces pour l’amour d’Israël, Es 40.26

Ésaïe insiste sur la nécessité d’éliminer les autres dieux (les idoles) de la pensée même d’Israël, Es  43.1-11

Le Seigneur, le créateur a formé Israël, Es 43.1.

Israël devrait faire confiance à Dieu à cause du passé, Es 43.1-7.

En effet Dieu a toujours été présent avec lui jusqu’à présent, Es 43.2.

Donc Israël ne doit pas avoir peur, Es 43.5-6.

Car le Seigneur va restaurer tous ceux qu’il a créés pour sa gloire, Es 43.7.

Dieu est Seigneur. Il n’y a pas d’autre Dieu, Es 43.10.

Donc il n’y a pas d’autre sauveur, Es 43.11.

Dieu, le Seigneur est le seul et l’unique capable d’annoncer l’avenir

En 538 avant Jésus Christ, Dieu promet d’envoyer Cyrus, roi des Perses, qui n’est pas encore né, pour libérer Israël de l’esclavage, Es 44.28, 45.1.

Dieu connaît tous les événements futurs, et il est prêt à révéler certains d’entre eux pour encourager Israël à se tourner vers le créateur plutôt que vers la créature

Dieu dirige l’avenir pour sa propre gloire, Ésaïe 44.9-48.16.

Choisir Dieu, pas les idoles, Es 46.9 I

Israël a été un rebelle depuis sa naissance, Es 48.8,

Dieu va le re (ré)-former pour sa gloire, Es 48.10-11

Celui qui a fondé la terre, peut faire que cette promesse s’accomplisse, Es 48.12-13

Dieu va sauver Israël de Babylone et faire de son peuple un témoin pour les nations, Es 48.14.

Ainsi Dieu sera reconnu comme le souverain de toute la création.

À la fin des temps le créateur va «créer de nouveaux cieux et une terre nouvelle» Esaïe 65.17-25.

Pleurs et maladies cesseront, Esaïe 65.19-20.

La paix entre toutes les créatures sera restaurée, Es 65.24-25.

Ésaïe applique les vérités de la création à la situation de son époque qui est très différente de celle de Moïse dans Genèse 1.

Création, adoration et sagesse de Dieu dans Job et les Psaumes

La théologie biblique de la création affirme la sagesse et la souveraineté absolue de Dieu sur l’ordre créé.

Psaume 90

Dieu est le protecteur d’Israël à travers toutes les générations, Ps 90.1

Comme créateur, Dieu n’a ni commencement ni fin, Ps 90.2

Dieu est le Seigneur, il a le pouvoir de donner et de prendre la vie, Ps 90.3-6

Il faut le prier pour être libérés du péché et pardonnés, Ps 90.7-17

Psaumes 95, 96

Israël doit adorer celui qui l’a fait, Psaume 95.1-7.

C’est un roi « au-dessus de tous les dieux», Ps 95.3.

Le Seigneur est «redoutable par-dessus tous les dieux» Ps 96.4.

«Tous les dieux des peuples sont des idoles» Ps 96.5.

Ces textes encouragent Israël à rejeter toutes les autres soi-disant divinités en faveur du créateur qui règne sur la création. Il est digne de louange, d’obéissance, et d’adoration

Comment le créateur a dirigé la création, Job 38-42

Dieu contrôle l’univers avec bienveillance et joue son rôle comme seul Dieu et unique créateur (Job 38-41)

Dieu a jeté les bases de tout ce qui est créé sur la terre, Job 38.4-7

à la fois l’inanimé et l’animé, Job 38.39-39.30.

Il est le créateur qui soutient tout ce qui a été fait, Job 38.25-41.

Job avoue qu’il ne sait rien l’organisation de l’univers et promet de se taire devant le Créateur, Es 40.3-5.

Le Créateur manifeste sa puissance. Il est seul capable de dompter les grandes créatures marines qui terrifient les marins, Job 40.6-41.34.

Job est satisfait de la réponse de Dieu Job 42.1-6

Le créateur est digne d’être servi parce qu’on peut lui faire confiance

C.Streng

L’idolâtrie, une relation faussée avec Dieu. Les remèdes ?

Avertissement contre l’idolâtrie dans la première lettre de Jean

La première lettre de Jean frappe le lecteur par le ton d’affection de l’auteur envers ses correspondants. Il s’adresse à eux par des expressions comme « mes petits enfants, mes bien-aimés, mes chers enfants ».

Sa conclusion revêt une force particulière. Il répète trois fois « nous savons » pour rappeler quelques fondements de l’assurance chrétienne en Jésus. Et puis tout à la fin vient un avertissement surprenant contre l’idolâtrie qui a l’air de n’être pas du tout à sa place là.

1 Jean 5 : 17-21

Toute désobéissance à la Loi est un péché, certes, mais tous les péchés ne mènent pas à la mort. Nous savons que celui qui est né de Dieu ne commet pas le péché qui mène à la mort, car le Fils de Dieu le protège. Aussi le diable ne peut-il rien contre lui.  

Nous savons que nous appartenons à Dieu, alors que le monde entier est sous la coupe du diable. Mais nous savons aussi que le Fils de Dieu est venu et qu’il nous a donné l’intelligence pour que nous connaissions le Dieu véritable.

Ainsi, nous appartenons au Dieu véritable par notre union à son Fils Jésus-Christ. Ce Fils est lui-même le Dieu véritable et la vie éternelle. Mes chers enfants, gardez-vous des idoles

1. Adam dans la création

Dans le vaste domaine d’Eden, avant l’irruption du péché, les deux êtres humains jouissaient d’une double relation bienfaisante :

–  envers la création : Dieu les a bénis comme gérants de tout ce qu’il a créé ; ils en reçoivent la maîtrise, la gestion sous l’autorité du Créateur ;
–  envers le Créateur : il entreprend avec eux une relation directe spontanée d’affection et de confiance réciproques. Ils regardent à lui comme celui qui les aime, qui soutient et maintient tout le créé. Et ils lui rendent naturellement compte de leur gestion.

Cette gestion est leur occupation quotidienne, leur métier. Elle donne pratiquement un sens à leur vie, parce que c’est une activité intéressante dont ils voient l’utilité. Et la relation régulière, habituelle avec leur Créateur donne un sens spirituel, moral à leur vie, une raison d’être, une motivation, une joie de vivre et d’agir.

Cette activité est un moyen d’exprimer au Créateur leur attachement, leur joie de travailler sous son autorité. Elle est source d’épanouissement pour les trois dimensions de leur personne :

– matérielle : ils font un travail intéressant, varié. Ils en voient le résultat et en profitent.
– morale : ça a un sens d’entretenir toute cette création que Dieu leur a confiée. Elle en devient plus belle, plus productive. C’est gratifiant et ça donne envie de continuer encore mieux.
– spirituelle : se voir confier par le Créateur lui-même une si belle et grande responsabilité donne un riche sens à la vie. Cela inspire l’adoration et la consécration.

Ce statut épanouissant comporte deux aspects majeurs.

Leur position d’autorité de gérants de la création et leur relation de confiance dans le Créateur donne un sens à leur vie. Mais tout cela n’est pas seulement un beau souvenir d’un paradis perdu qui remplit de nostalgie, de douleur de ne pas pouvoir y revenir.

C’est notre avenir, lorsque le Seigneur nous prendra avec lui. En fonction du service accompli sur terre, chacun se verra alors confier une responsabilité dans la nouvelle création, une tâche qui aura les trois caractéristiques vues à l’instant.

2. La perturbation par le péché

Le péché, ce n’est pas d’abord faire tel acte interdit par Dieu. L’homme fait des choses qui déplaisent à Dieu parce qu’il a une relation inexistante / faussée avec Dieu.

Le péché, c’est d’abord la manifestation pratique d’une relation faussée, tordue par la rébellion envers lui, le refus de lui faire confiance et de lui donner la place centrale qui revient logiquement au Créateur dans la vie d’une créature.

Cette distorsion introduite par le péché frappe les deux relations de l’homme : avec la création et avec le Créateur :

La position de maîtrise, de responsabilité donnée par le Créateur, l’homme rebelle à Dieu la coupe de Dieu ; il se l’accapare par une volonté d’indépendance qui ne rend de comptes à personne. Ainsi la maîtrise est dégénérée en domination, la gestion s’avilit en exploitation à outrance de la création.

Sur le plan matériel le travail devient pénible, fatigant et même inutile, d’où la frustration, la déception morales dans une activité qui n’est plus épanouissante mais devient une charge qui perd son sens.

Sur le plan spirituel le travail n’a plus le noble but de glorifier le Créateur et l’homme détourne la recherche de sens vers lui-même. Il se met au centre de son activité et son autorité devient contrôle oppresseur et tyrannique. Les relations interpersonnelles sont avilies, même entre l’homme et son vis-à-vis le plus proche, sa femme : ton mari dominera sur toi (Genèse 3.16).

Tout cela concerne la création, les choses proches. Pour atténuer l’anxiété due à la frustration, à l’insécurité du lendemain, l’homme se rassure en dominant, contrôlant ce qu’il peut de la création : l’argent et les biens, les sources de plaisir. Il espère l’aide, la protection de certains objets (soleil, lune, astres, arbres, forces de la nature…).

Il se fait ainsi quantité d’idoles matérielles, tangibles, proches, chargées de lui fournir un bien-être physique et moral, substitut et contrefaçon de la paix avec Dieu. Ces idoles proches, matérielles s’accompagnent aussi de gestes symboliques (toucher du bois contre le malheur), d’actes religieux ou magiques pour forcer le destin (des rites pour obtenir la pluie, demander à un astrologue le meilleur jour pour une importante décision)

Le rapport au Créateur est inexistant ou refusé. Même l’homme qui se déclare athée a tout de même besoin de donner à sa vie une assise solide, fiable, une raison d’être et une légitimité à son activité. Il va donc rechercher ce que le chrétien reçoit de sa relation verticale de communion avec Dieu.

Là se profilent des idoles d’autre type, parallèles aux premières : beaucoup moins tangibles et contrôlables, mais immatérielles, lointaines, comme la politique, la science, l’économie, l’univers des psy, etc. Il leur confie le fondement même de sa vie, il leur accorde une confiance qu’elles ne méritent absolument pas et qu’elles trahiront inévitablement. C’est une dépendance imméritée, donc une sur-dépendance qui sera forcément déçue tôt ou tard.

A l’origine il y avait maîtrise et confiance, maîtrise de la création, confiance dépendante du Créateur. Maintenant c’est la domination, le souci de contrôler la création jusqu’à l’extrême et la sur-dépendance envers une idole de qui on attend infiniment plus qu’elle ne peut donner.

La domination cherche à compenser les frustrations et la peur du lendemain, la sur-dépendance veut masquer l’absurdité de ce genre d’existence, l’absence de sens d’une vie sans le Créateur.

3. L’idolâtrie

Et nous voilà tombés en pleine idolâtrie ! Celle-ci consiste à chercher, comme le chrétien, une vie pleine, épanouissante, heureuse, mais sous la condition expresse de n’avoir jamais à justifier ses choix devant une autorité comme Dieu, à lui rendre compte de ses actes, à affronter ses exigences morales absolues.

Et là ça fourmille de substituts de Dieu, de contrefaçons, de divinités faites à l’image de l’homme. Ces faux-dieux sont supportables. Ou bien on peut les contrôler, ou bien on peut en obtenir des compensations pour les sacrifices consentis. En tout cas ils me laissent au centre de ma vie, ils me laissent gérer ma vie et mon avenir selon mes idées et mes goûts à moi.

Mosaïque de l‘Eglise St Anne de Beaupré (Québec) symbolisant l’amour du pouvoir

L’erreur serait de croire que l’idolâtrie est quelque chose de marginal, la pratique de « peuplades primitives » lointaines.

Elle commence dès que ma loyauté envers quelqu’un ou quelque chose repousse Dieu au deuxième rang, m’amène à lui désobéir et peut-être même à le remplacer.

N’importe qui ou quoi peut devenir une idole. Celle-ci accepte même d’exister à côté du Dieu véritable (mais l’inverse n’est pas possible). On s’y attache trop, cette personne ou cette chose chose se met entre Dieu et nous. Dieu devient de plus en plus lointain et ses paroles nous semblent de moins en moins pertinentes, applicables à notre situation.

Pour nous pousser dans cette direction, notre société nous propose quantité de filtres pour aseptiser la Parole de Dieu, lui enlever son mordant, son intransigeance. Et de ces filtres sort alors un dieu inoffensif, plus ou moins religieux, domestiqué, peu exigeant, contrôlable et dont on fera sa référence (à défaut de raison de vivre). Et revoilà les deux types d’idolâtrie : quelque chose qu’on contrôle et quelque chose dont on dépend indûment.

Par comparaison souvenons-nous de la rigueur de la révélation biblique

–  Dieu nous demande d’être saints, car il est saint, d’aimer notre prochain, d’appliquer ses commandements.
–  Mais il nous avertit aussi qu’à cause de notre nature pervertie par le péché nous ne le ferons pas, parce que nous n’en sommes pas capables.
–  Or cela ne nous excuse pas, puisque nous avons orgueilleusement prétendu nous débrouiller tout seuls.

En fait nous n’avons qu’un espoir, mais un vrai. La grâce de Dieu pardonne celui qui se repent au lieu de se chercher des excuses. Et il désire une entière dépendance de Dieu. C’est ainsi qu’on retrouvera la position originelle de l’homme envers son Créateur.

Nous revoilà face aux dures réalités de la nature humain que l’idolâtre tâche de contourner pour garder l’impression de contrôler les situations et de s’être donné une raison de vivre valable.

4.Les causes de l’idolâtrie et ses remèdes

Tout cela fait de l’idolâtrie une tentation ou même une réalité bien moins improbables qu’on le croirait à première vue. L’avertissement de Jean a bien sa raison d’être. Il nous oblige à prendre conscience qu’il y a des risques d’y tomber et à nous rappeler des fondamentaux qui nous éviteront de nous y égarer.

Qu’est-ce qui prépare le terrain à l’erreur et à l’idolâtrie ?

On voit aujourd’hui se développer un certain individualisme rampant.

« Moi, je ne veux pas toujours supporter les défauts des autres chrétiens, l’étroitesse de certains, les marottes d’autres encore.
« Moi, Internet me suffit. ». Oui, c’est vrai qu’il y a là une richesse colossale, précieuse particulièrement pour les isolés qui ne peuvent se joindre à une Église.
« Ce qui me plaît, je le prends, le reste j’y échappe ».

Et ça dispense aussi de certaines exigences incontournables pour le membre d’une Église locale. Se frotter aux autres, prendre conscience de ses propres défauts et avancer dans la sanctification, sans laquelle, nous dit Hébreux 12.14, nul ne verra le Seigneur.

Il y a le danger de se fabriquer son système individuel de spiritualité. On veut y trouver sa raison d’être et on pense parfaitement le contrôler ( !!) Mais qui tirera la sonnette d’alarme, s’il y a dérive ?

Une mauvaise compréhension de la liberté chrétienne

Un autre danger, c’est une fausse compréhension de la liberté en Christ qui conduit à la fragmentation. Pour l’un, la vraie interprétation des évènements de la fin, c’est le prémillénarisme, le prétribulationiste strict. Pour l’autre, la seule façon sérieuse d’être chrétien, c’est d’être baptiste…
C’est normal et nécessaire d’avoir des convictions et de les fonder sur la Bible.

Mais cela n’empêche pas d’avoir des frères et sœurs amillénaristes et de se sentir vraiment en communion avec eux sans les repousser, même si sur ce point on peut être d’avis différents. On peut aussi avoir des amis mennonites, libristes et même pentecôtistes même avec des opinions divergentes sur certains points.

Il serait grotesque de rejeter ici-bas des gens que l’on retrouvera auprès du Seigneur. Un attachement à un « isme » quelconque plus fort qu’à la Bible peut être idolâtre.
1 Corinthiens 1.12 n’a pas perdu de son actualité : « Moi, je suis de Paul, moi d’Apollos…»  Pour certains chrétiens il suffit de remplacer ces noms par d’autres plus actuels. La réponse de Paul est très simple et efface radicalement toutes ces distinctions. Celui qui compte réellement et uniquement, c’est le Christ et le Christ n’est sûrement pas divisé.

Quelques fondamentaux de la foi pour éviter les risques d’idolâtrie ou y remédier

Essayez de trouver quel est leur point commun. Comprenons le Royaume de Dieu comme l’autorité, la gouvernance de Dieu sur notre vie. Il met ou remet de l’ordre dans les priorités et les perspectives de notre vie.

– Concevons notre position de disciples comme un apprentissage de toute une vie sous la direction de Jésus. Il nous enseignera à vivre comme lui vivrait à notre place

–  Dieu adresse à chacun de nous un appel à le suivre, à le servir.
Cet appel doit déterminer notre vision de notre carrière et de notre position sur terre, de la discipline que nous nous fixons et de notre conscience de devoir des comptes dans tous les domaines de notre vie et à toute étape de notre existence.

– Développons une manière de penser et de réagir centrée sur le Christ. Et si nous voulons arriver à cela, le Seigneur nous l’accordera en transformant notre mentalité dans ce sens.

– Dans la ou les formes de témoignage qui nous sont le plus naturelles, demandons à Dieu une force de persuasion naturelle qui transmette à l’interlocuteur le message et la personnalité du Christ.

 

Peut-être avez-vous reconnu le trait commun à ces cinq caractéristiques d’une vie chrétienne conséquente. Ce que les Réformateurs au XVIe s. appelaient Sola Scriptura, l’Ecriture seule. C’est le fait de subordonner toute autorité humaine à celle de la Parole de Dieu. On accorde alors plus de poids et d’efficacité spirituels à la révélation biblique, plutôt qu’à un certain nombre d’idoles concurrentes.

Jean nous rappelle avec force trois certitudes de cette révélation

Nous savons que les gens nés de Dieu sont protégés par le Fils de Dieu contre le péché. Ils peuvent compter sur cette vigilance du Seigneur en leur faveur.
Nous savons que nous appartenons à Dieu et non au diable qui a perdu ses droits sur nous.
Nous savons que le Fils de Dieu incarné sur terre nous a donné l’intelligence, le discernement pour connaître de mieux en mieux son Père et reconnaître l’égalité divine du Père et du Fils.

Ces certitudes sont une petite partie de l’héritage céleste inaliénable que nous a apporté du ciel le Fils de Dieu. En comparaison le plus impressionnante des idoles sombre dans le ridicule.

J.J. Streng