Étiquette : Fils de l’homme

Regards sur Jésus (identité imposée). Regards de Jésus (identité révélée)

Les regards de la foule et des autorités religieuses sur Jésus :
l’ identité imposée, présumée, rejetée.

Le regard de Jésus sur les autres et sur lui-même : l’identité révélée, proclamée.

Jean 6. 22-62

I. Regards sur Jésus

L’identité imposée, présumée, rejetée

1. l’enthousiasme éphémère de la foule : l’ identité imposée

Ceux qui ont bénéficié du miracle de la multiplication des pains se font conduire le lendemain en barque à Capernaüm pour rencontrer Jésus… Pourquoi ?

Pour remercier Jésus …pour se faire expliquer le sens du miracle ? …

Car le miracle des pains est l’un des « signes » de Jésus, qui révèle son identité.

Pas du tout… « rabbi quand es-tu venu ici ? » (24).

Un intérêt « alimentaire »… immédiat … seulement

La foule rassasiée hier voudrait que ça recommence aujourd’hui … et demain et …

Un désir de roi si évident que Jésus s’est éloigné (Jean 6.15)

Un événement merveilleux qui répond à des besoins concrets/immédiats… (solution définitive contre la faim, la maladie). Alors on veut faire de son auteur une célébrité. On veut lui imposer une identité …et le rôle qui va avec.

Jésus fuit une telle récupération.

Mettre tout l’accent sur les miracles de Jésus n’est pas le meilleur moyen de conduire à une foi authentique.

Le miracle est le signe de la compassion du Christ pour les nécessiteux.

Il indique qui est le Christ et qui il révèle, Dieu le Père. Ce n’est pas un moyen facile de nous attirer. .. un argument publicitaire !

L’identité de Jésus se banalise

Alors, de fait, l’identité qu’on reconnaît à Jésus, les titres qu’on lui donne se banalisent au rythme de l’espoir déçu.

D’abord « prophète qui devait venir dans le monde » second Moïse au v. 14 , puis « rabbi » le banal, « maître », donné aux simples enseignants itinérants juifs au v. 24

Jésus ne s’y trompe pas. Il sait quelle identité on lui attribue et quel rôle on voudrait lui voir jouer :

…roi –messie-guerrier qui rendrait sa gloire à la patrie, …distributeur officiel de nourriture gratuite :

Vous me cherchez, non parce que vous avez vu les signes mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été remplis (rassasiés) (v.26)

Jésus nous pousse toujours à examiner nos propres raisons de croire.

Et il est souvent difficile de discerner nos véritables motifs.

Notre tout premier contact avec lui : une maladie, une situation brûlante, la recherche d’une tranquillité d’esprit dans un monde de tracas, un appel à quelque chose… quelqu’un de plus profond, de plus authentique…

Alors qu’est-ce que la foi ?

Une confiance personnelle du croyant. Il se confie à la révélation de Dieu dans le Christ.
Pour beaucoup de nos contemporains, avoir la foi, c’est penser de manière positive et ne pas se décourager.

La foi en quoi ? ou plutôt en qui ?

La foi est clairement centrée sur le Christ, son identité et son origine. Une relation de confiance en lui. Elle nous permet d’affirmer que Jésus est le Christ, le Dieu unique, envoyé, incarné.

2. Le mépris des autorités religieuses : l’identité présumée

C’est moi qui suis le pain descendu du ciel

Non mais alors :

…N’est-ce pas Jésus, le fils de Joseph, dont nous, nous connaissons le père et la mère ? Comment peut-il dire maintenant : « Je suis descendu du ciel ! » 41-42

Il n’est que

Il n’est que Jésus le fils de Joseph, un villageois comme les autres, …alors comment peut-il… ?

Le « ne…que », le « alors comment ? » du mépris social et intellectuel. Ce mépris fossilise ; il impose un rôle préconçu, formaté d’avance, dont on ne peut sortir .

Les autorités religieuses ont sans doute compris l’explication spirituelle que Jésus a donnée au pain de vie.

Pour elles, pas possible …

pas imaginable qu’un fils d’ouvrier du bâtiment connu au village ait des prétentions théologiques… et surtout qu’il revendique une origine divine.

Tout le scandale de l’incarnation :

Ce Jésus peut-il être à la fois le pain du ciel et l’enfant au bout de la rue …dont nous connaissons très bien les parents ?

Ceux qui sont choqués par les paroles de Jésus pensent savoir qui il est et qui sont ses parents. En fait, ils ont tort. Ce sont des gens religieux… et leur religion les a aveuglés. Elle les a empêchés de voir Dieu en Jésus.

En fait, les Juifs de Jean 6 pourraient bien être n’importe lequel d’entre nous, ….dès le moment où nous pensons savoir exactement comment Dieu doit agir.

3. Du mépris au refus : l’identité rejetée

Les autorités religieuses s’obstinent à ne rien comprendre

Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger (v. 52) C’est du cannibalisme !

Les Juifs de l’époque avaient pourtant dans l’Ancien Testament des indices pour comprendre au delà du sens immédiat, matériel. … Non seulement la foule sans instruction, mais les autorités religieuses.

Ils ont pris tout ce que dit Jésus à la lettre.

Ils ont donné à ses paroles une signification scandaleuse et impossible moralement. …Ont-ils oublié que les prophètes parlaient souvent en images et même avec des objets représentatifs …comme la ceinture de Jérémie 13.4, la brique d’Ezéchiel 4.1

Avec de la rouspétance

ils murmuraient (v. 41), exactement comme leurs ancêtres qui suivaient Moïse dans le désert, … en ronchonnant…Ex 15.24, 16.2

Pas à cause des paroles de Jésus choquantes ou difficiles à comprendre

– sauf si on s’obstine à les prendre au sens absolument littéral –

« manger la chair, boire le sang, c’est du cannibalisme ». Mais Jésus vient d’en expliquer le sens profond.

Mais parce que c’est un enseignement difficile à accepter.

Il exige le renouvellement de l’intelligence, …un engagement personnel, un changement de comportement… D’où la défection, le départ de plusieurs disciples (Jn 6.66)

II Le regard  de Jésus sur lui-même et sur les autres

L’identité révélée, proclamée

1. L’identité révélée :

Une présentation progressive et imagée de l’identité divine du Fils de l’Homme

Pour corriger cette compréhension partielle et erronée de son identité, donc de sa personne et de son message, …Jésus va s’engager dans un développement imagé, progressif, de son identité et de son message

a. Les paroles à la foule : chercher Jésus pour de vrai v. 26-40

Une communication difficile : la foule comprend mal ou refuse de comprendre.

– Chercher ce qui dure éternellement v.26-34

Vous me cherchez, non parce que vous avez vu les signes mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été remplis. Travaillez, non pour la nourriture qui se détruit mais pour la nourriture qui reste pour la vie éternelle, que le Fils de l’Homme vous donnera, celui que le Père, Dieu, a scellé – a marqué de son sceau  Nouvelle Bible Segond
ou
car Dieu le Père lui en a accordé le pouvoir en le marquant de son sceau  Semeur

« Non pas … mais » : un contraste entre deux attitudes, l’une à éviter, … l’autre à rechercher.

La mauvaise manière de chercher Jésus

C’est se borner à des buts matériels intéressés, à des motifs uniquement centrés sur soi : vous avez mangé des pains et vous avez été remplis

Mais sans chercher à aller plus loin dans le sens profond du miracle : non parce que vous avez vu les signes.
Sans essayer de comprendre quelque chose de son message ou de sa personne

Pour avancer dans la compréhension

Rechercher ce qui est durable

Travailler – s’appliquer, c’est rechercher … pas le résultat immédiat, superficiel, éphémère, la nourriture qui se détruit, … pas la satisfaction immédiate. C’est rechercher ce qui est durable ….« la nourriture qui reste, qui dure » qui a des conséquences « pour la vie éternelle »

Comment chercher ?

Que ferons-nous pour que nous travaillions les oeuvres de Dieu ? v. 28

La foule pose une question importante. Mais elle reste dans le domaine du « faire » de l’œuvre à œuvrer, des œuvres de la loi.

Pas faire mais croire

Voici l’œuvre de Dieu : que vous croyiez en celui qu’il a envoyé  v.29

C’est l’œuvre de Dieu qui amène à la foi en Christ.
L’œuvre de Dieu, c’est l’initiative, l’effort divin pour recréer… refaire la relation perdue à la chute.

Il ne s’agit pas de « faire » mais de croire… Une question d’attitude et d’orientation de cœur.

Passer de l’œuvre de l’homme à l’œuvre de Dieu, c’est croire qu’il a envoyé Jésus.

C’est croire en Jésus, celui que Dieu a envoyé. ..Donc croire en l’ origine divine de Jésus confirmée par son envoi, son incarnation.

Qu’est-ce que cela signifie aujourd’hui ?

Certainement plus que l’évangélisation au sens étroit,… le billet pour le ciel…
Cela implique des préoccupations sociales, relationnelles et spirituelles, souvent à longue échéance.

Le nouveau converti est comme un bébé nouveau né. On ne l’abandonne pas dans la rue…

Une réaction déconcertante et décevante : Quel signe fais-tu ? ….

Le signe a été fait

Ils ont bénéficié du miracle des pains… Et ils ne se sont même pas demandé s’il avait une signification au delà du visible

Quel signe fais-tu pour que nous voyions et que nous te croyions.

Quelle œuvre fais-tu ? Nos pères ont mangé la manne dans le désert comme il est écrit : il leur donna à manger du pain venu du ciel  v.30-31

« Ce Jésus se présente comme l’envoyé de Dieu, le nouveau Moïse. Alors qu’il fasse un miracle exactement identique à celui de Moïse, qu’il fasse descendre, comme lui la manne directement du ciel ! »

Pour eux, le miracle des pains fait à partir d’éléments terrestres n’est pas un preuve valable ou suffisante.
Ailleurs, certains attribuent à Belzeebuth les guérisons. (Matthieu 9.34)… Et pourtant ils savent bien qu’elles ne peuvent venir que de Dieu

Ce n’est pas Moïse mais mon Père

Ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain du ciel mais c’est mon Père qui vous a donné le vrai pain du ciel. Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et donne sa vie au monde  v.32-33

Jésus fait porter l’accent non pas sur Moïse, l’intermédiaire mais sur Dieu. …
Sur son Père et sur la relation filiale avec lui…

Pas sur la manne, mais sur « le pain de Dieu venu du ciel pour donner la vie au monde »

Le pain de Dieu, c’est Jésus lui-même.

Jésus ne s’identifie pas directement
  • des expressions « celui qui.. ou que »
  •  des images « pain du ciel », « vie éternelle »
  • des termes-clés, c’est à dire des mots qui ajoutent à la compréhension
    font avancer pas à pas dans la révélation de sa personne.

27 Celui que le père a scellé …une relation profonde, particulière, d’appartenance à son Père, Dieu
29 Celui qu’il (Dieu) a envoyé … pour accomplir son œuvre :

lui, Jésus

33 Celui qui est descendu du ciel …puisqu’il a été envoyé et donne la vie au monde

Lui, Jésus le don du ciel : terme clé

Toutes ces précautions sont indispensables.
Jésus veut faire passer ses interlocuteurs d’une idée connue dans l’AT, … « le don du ciel » transmis par un prophète, à une révélation beaucoup plus choquante. Jésus, lui, est le don qui descend du ciel et y remonte

Seigneur, donne-nous toujours de ce pain v. 34

Comme le  donne moi cette eau de la Samaritaine : pour ne plus retourner chaque jour au puits Jean 4.15

  • Ou ils n’ont rien compris, ils en sont restés au plan matériel. Il leur faut du palpable et du durable, à leur échelle.
  • Ou ils ont compris, à peu près que ce pain spirituel donne la vie.

Mais ils voient ce pain spirituel comme quelque chose d’extérieur à Jésus, …pas comme Jésus lui-même…

Jésus, le vrai pain de vie 35-40

Jésus va préciser plus directement son identité

C’est moi qui suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, celui qui croit en moi n’aura jamais soif  v.35

Ici, Jésus affirme directement son identité et sa messianité divines.

C’est moi qui suis le pain de vie.
Mais il a d’abord essayé de faire comprendre les différentes significations de pain, nourriture

26 pain matériel = la nourriture
27 pain du ciel,
32 vrai pain du ciel
33a pain de Dieu précisé par
33b qui descend du ciel et donne la vie au monde

35 Je suis le pain de (la) vie = terme clé

Réponse précise à la demande de la foule :
Donne nous toujours de ce pain v. 34.

Le pain de la vie : pas un avantage spirituel, une personne

Le pain de la vie n’est pas un « avantage spirituel » qu’on recevrait comme le pain dans la bouche. C’est une personne divine et humaine, Jésus. Il demande qu’on vienne à lui… c’est à dire qu’on croie en lui.

Et pourtant

Vous avez vu: vous avez vu les miracles et vous ne croyez pas  v.36
« Croyez du moins à cause de ces œuvres » Jean 14.11

Vous m’avez vu et vous ne croyez pas : Jésus a la capacité divine de lire les pensées : les vérités que je suis en train de vous révéler ne pénètrent pas en vous. Vous y êtes imperméables

Alors, venir à Jésus, croire en lui, qu’est ce que c’est ?

Chacun que me donne le Père viendra à moi et je ne jetterai pas dehors celui qui vient à moi  v. 37

La foi en Jésus n’est pas une décision simplement humaine.

Seule l’action de Dieu peut la produire et l’expliquer. C’est lui qui donne, … c’est à dire choisit ceux qui croiront

Venir à Jésus, croire en lui, permet d’être absolument sûr de sa présence, …en tout temps…  je ne jetterai pas dehors

Les versets 38 et 39 s’enchaînent pour donner une explication

38a Je suis descendu du ciel
38b Pour faire la volonté de celui qui m’a envoyé
39a, 37 Tous ceux qu’il m’a donnés, que je n’en perde aucun 

« Mais » introduit la notion essentielle : la promesse de la résurrection

39b mais je le ressusciterai au dernier jour 

Promesse résumée au v. 40
La volonté de mon père Pour faire la volonté de celui qui m’a envoyé 38b
Que celui qui voit le fils et croit en lui  Vous avez vu et vous ne croyez pas 36
Ait la vie éternelle que je ne perde aucun 39 a
Et je le ressusciterai au dernier jour que je le ressuscite 39b et 33b

 

Termes clés : vie éternelle, résurrection

La vie éternelle : aujourd’hui, (Jean 3.16 ) ou au delà de la mort :

Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle Jean 12.25.

Le »dernier jour », c’est le jour de la résurrection des morts
Mais le « dernier jour » pourrait bien être aussi le moment où on rencontre le Christ dans cette vie

La résurrection ne serait-elle pas aussi la transformation qui se produit quand on passe de l’incrédulité à la foi, quand on se nourrit de ce pain de vie

b. La réponse aux murmures des autorités juives 43-59

Le pain de vie 43-51

Personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire v. 44

Ne maugréez pas entre vous. Personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ; et moi, je le relèverai au dernier jour. Il est écrit dans les Prophètes : Ils seront tous instruits de Dieu.
Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. Non pas que quelqu’un ait vu le Père, sinon celui qui est issu de Dieu ; lui a vu le Père. 43-46

Jésus insiste sur l’action de Dieu lui-même.

Elle est indispensable pour attirer ceux qui viendront à lui. Cela rappelle le v. 37  je ne jetterai pas dehors  et  tout ce que le Père m’a donné vient à moi.

Ils seront tous instruits de Dieu

Selon Esaïe 54.13 : Tous tes fils seront disciples du Seigneur.
Cette attraction vers Dieu se fait par l’enseignement de la Parole de Dieu qui s’adresse à tous.
Tous sont invités par grâce à écouter cette Parole… donc à y obéir et à recevoir l’enseignement – à être disciples – de Dieu le Père

Non que quelqu’un ait vu le Père, sinon celui qui est près du Père, celui-ci a vu le Père (v.46

Ce verset souligne la profonde et unique unité divine entre Jésus et son Père.

Une reprise du thème du pain de vie qui donne la vie éternelle

Celui qui croit a la vie éternelle. Moi, je suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert et ils sont morts. Voici (celui-ci est ) le pain descendu du ciel afin que celui qui mange de ce pain-là ne meure pas. C’est moi qui suis le pain de vie qui descend du ciel.

Si quelqu’un mange de ce pain-là il vivra pour l’éternité. Et le pain que moi, je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde v. 47-51

Jésus reprend presque dans les mêmes termes …mais dans l’ordre inverse le thème des versets 32-40  : le pain de vie descend du ciel et donne la vie éternelle. La manne, elle, n’empêche personne de mourir spirituellement.

47 Celui qui croit a la vie éternelle 40 a la vie éternelle
48 Je suis le pain de vie 35 Moi je suis le pain de la vie
50 Celui-ci est le pain descendant du ciel
51a Je suis le pain vivant
51b Qui est descendu du ciel
32 le pain venu du ciel, le vrai
51c Si quelqu’un mange de ce pain, il sera sauvé pour l’éternité 40 Et je le relèverai au dernier jour
51d Le pain que je donne, c’est ma chair pour la vie du monde 33a le pain de Dieu qui est descendu du ciel et qui donne la vie au monde

 

Terme clé : le pain de Dieu qui est descendu du ciel et qui donne la vie au monde 33a

Avec un élément nouveau, une précision essentielle au v. 51 :

le pain du ciel, c’est le Christ incarné.

Ce qui rend possible le salut, la vie éternelle, c’est l’incarnation. 
Venir dans la chair conduira Jésus à la mort sur la croix : ma chair – en sacrifice – pour la vie du monde.

La chair et le sang qui donnent la vie

Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’Homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous-mêmes. Celui qui mange (mâche) ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. Car la chair est une vraie nourriture et mon sang est une vraie boisson.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. Comme le Père, qui est vivant m’a envoyé, et comme moi, je vis par le Père, celui qui me mange (mâche) vivra aussi pas moi v. 53-57

Avancer dans la compréhension, s’engager

Ces versets permettent d’avancer dans la compréhension, donc demandent qu’on s’engage envers Dieu, envers le Christ.

Si on comprend, on ne peut rester indifférent… Encore faut-il bien comprendre.

Comprendre au sens littéral (eucharistie catholique) ou comme un métaphore, une image ?

« Manger » et « boire » pris littéralement, au mot, conduisent à l’eucharistie de type catholique.

Deux objections : la vie éternelle serait dépendante du partage du pain et du vin de l’eucharistie. En fait, elle est reçue par la foi en Jésus.

Le « manger » et boire » de Jean 6 ne se répète pas comme dans la célébration de l’eucharistie…

C’est l’apaisement, … une fois pour toutes … de la faim et de la soif spirituelles. Il s’agit de croire ce que Jésus dit, de la part de Dieu

53a Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’Homme et ne buvez pas son sang
53b Vous n’avez pas la vie en vous-mêmes
51 le pain que je lui donnerai, c’est ma chair

Passage du pain à la chair

54 Celui qui mange (mâchant) ma chair et qui boit mon sang

A la vie éternelle
Et je le ressusciterai au dernier jour

Mâcher reprend manger. insistance sur l’image représentée

47 celui qui croit a la vie éternelle
cf 39a que je ne perde rien
39b que je le relève
40  Je le relèverai

55 Car ma chair est une véritable nourriture 27 nourriture pour la vie éternelle
56 Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang
demeure en moi et moi en lui
Termes clés : communion, relation profonde avec le Christ 

 

Le pain qui fait vivre spirituellement, c’est le Christ

57 comme le Père, le vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, celui qui me mange vivra aussi par moi = terme-clé, élément nouveau :

Le v. 57 explique la métaphore, l’image du pain. Le pain qui fait vivre spirituellement, … c’est le Christ

Manger la chair et boire le sang, c’est « assimiler » au sens figuré.

C’est avoir une relation de communion profondément intime… comme celle de Jésus avec son Père

Voici le pain qui est descendu du ciel. Ce n’est pas comme celui qui les pères ont mangé et ils sont morts. Celui qui mange de ce pain-là vivra pour l’éternité  v.58

Le v. 58 est un résumé. Il rappelle le pain descendu du ciel pour nourrir spirituellement.

La manne, elle, n’empêche pas de mourir. Le verset souligne la nécessité de manger ce pain spirituel, c’est à dire d’établir une relation profonde avec le Christ pour avoir la vie.

« Manger » et « boire » au sens d’assimiler le pain spirituel…

La Parole de Dieu  qui sort de sa bouche,  un texte de l’Ancien Testament (Deutéronome 8.3) est en phase avec le thème central du discours de Jésus sur « le pain descendu du ciel »

2. L’identité proclamée : La conscience de soi et de sa mission

Si donc vous voyiez le Fils de l’homme monter où il était auparavant

Le v. 62 introduit une notion nouvelle : Jésus, le Fils de l’Homme n’est pas seulement descendu du ciel. …Il y remontera.

Le Pain de vie / Fils de l’Homme qui descend du ciel, donne la vie et remonte au ciel

Echos dans l’Ancien Testament

Le « pain de vie » à « manger », à assimiler pour être nourri spirituellement et recevoir la vie éternelle a plusieurs échos dans L’Ancien Testament. L’homme ne vivra pas de pain seulement…

Mais surtout Esaïe 55. 10-11.

La Parole de Dieu est comparée à la pluie ou à la neige qui descend du ciel, donne du pain à manger puis revient au ciel.

Un parallèle évident avec le Fils de l’homme…qui descend du ciel, donne le pain de vie à manger… et s’élève ensuite là où il était auparavant.

Le Fils de l’homme est donc identifié avec la Parole de Dieu descendant et remontant.

La descente de Jésus, le fils de l’homme comme le pain du ciel, (6.33, 38, 41, 42, 50, 51, 58) qui donne du pain (6.27), qui est le pain (6.59),

– une parole vivante qui donne la vie éternelle
– est nécessairement suivie de son ascension (6.62)

L’identité de Jésus, son message, c’est l’affirmation de sa descente du ciel  et de sa remontée au ciel.  C’est la revendication de sa relation avec Dieu.

Jésus sait d’où il vient et où il va. Sa relation unique avec son Père céleste donne toute sa force, toute sa valeur à son témoignage prophétique.

Il est conscient de la mission qui lui a été confiée dès avant son incarnation :

  • participer à la création, …
  • ôter le péché du monde …
  • réconcilier les êtres humains avec Dieu

en leur proposant une véritable chemin de vie qui les conduira à un accomplissement éternel.

Jésus le proclame. Il le revendique comme une évidence, une nécessité.

Il est si réellement l’envoyé du Père, …sa mission sur terre accomplit si parfaitement la volonté, le but de Dieu qui l’a envoyé … que tout l’oriente vers Dieu. Il ne peut que retourner à lui.

C. Streng

Vivre en disciple du Christ selon l’Evangile de Marc

Disciple du Christ, un thème central de l’Evangile de Marc

Marc, son Evangile et les chrétiens de Rome

Marc n’est pas l’un des douze apôtres, qui ont suivi Jésus pendant son ministère terrestre. Il a écrit son Evangile d’après les indications de Pierre, son père spirituel (1 Pierre 5.13) entre 64 et 67.

Il s’adresse à une Eglise à Rome, d’origine païenne surtout, socialement pauvre. Il encourage ces chrétiens à garder un témoignage fidèle et courageux au Christ dans un temps de persécution et de souffrances.

Le 19 juillet 64, Néron avait incendié Rome pour faire place nette et embellir la ville par de nouvelles constructions. Il en avait accusé les chrétiens. Plusieurs centaines furent livrés aux bêtes ou transformés en torches vivantes sur des croix. Paul et Pierre furent mis à mort dans les années suivantes.

Vivre en disciple du Christ, le suivre est un thème central, particulièrement brûlant dans ce contexte. Marc le traite avec réalisme, sans en atténuer les difficultés et les risques.

Plan de l’Evangile de Marc

La première moitié de l’Evangile de Marc (1-8.26) raconte le ministère itinérant de Jésus en Galilée. Elle souligne ses miracles, en particulier au bénéfice des gens.

La deuxième partie (8.27-16.8), sur la route vers Jérusalem, se concentre sur la formation des disciples, avec l’annonce de la passion.

Au centre des 16 chapitres, Marc 8.27-38 est un point tournant du récit.

Jésus s’en alla, avec ses disciples, dans les villages de Césarée de Philippe, et il leur posa en chemin cette question : Qui suis-je aux dires des hommes ?

Ils répondirent : Jean-Baptiste ; les autres, Elie, les autres, l’un des prophètes.Et vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis ? Pierre lui répondit : Tu es le Christ. Jésus leur recommanda sévèrement de ne dire cela de lui à personne.

Alors il commença à leur apprendre qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite trois jours après.

Il leur disait ces choses ouvertement. Et Pierre, l’ayant pris à part, se mit à le reprendre.  Mais Jésus, se retournant et regardant ses disciples, réprimanda Pierre, et dit : Arrière de moi, Satan ! car tu ne conçois pas les choses de Dieu, tu n’as que des pensées humaines.

Puis, ayant appelé la foule avec ses disciples, il leur dit : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera.  

Et que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perd son âme ? Que donnerait-il un homme en échange de son âme ? Car quiconque aura honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aura aussi honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père, avec les saints anges.

Comprendre qui est le Christ et le but de sa venue sur terre

Pour la première fois, Jésus interroge ses disciples sur sa personne (8.27). Pierre confesse clairement la dignité messianique du Seigneur (8.29). Le Christ annonce alors le but de sa venue sur terre – ses souffrances sa mort et sa résurrection (Mc 8.31).

Il corrige la fausse compréhension de Pierre, (8.32-33). Il précise ce que signifie et à quoi conduit l’engagement à le suivre (8.34-38).

Modèle « Annonce de la passion, incompréhension des disciples, précisions par Jésus » répété trois fois

Ce modèle « Annonce de la passion, incompréhension des disciples, précisions par Jésus » va se répéter deux fois encore, c’est à dire trois fois dans les chapitres 8 à 10.

Au début de la section, (8.22-26) l’aveugle de Bethsaïda en Galilée est guéri en deux temps ; à la fin (10.46-52), Bartimée de Jericho suit Jésus vers Jérusalem.

Deux symboles. Comme l’aveugle de Bethsaïda, les disciples ont les yeux ouverts sur la vérité, mais pas entièrement. Il comprendront en partie seulement jusqu’à la résurrection. Bartimée, lui, représente le disciple fidèle, aux yeux bien ouverts.

Au centre, trois annonces de plus en plus précises de la passion

– A Césarée de Philippe, 1e annonce de la passion (Mc 8.31), incompréhension de Pierre remis à sa place par Jésus (8.32-33). Précisions de Jésus, être disciple (8.34-38)

– A Capernaüm, 2e annonce de la passion (9.31-32), manque de compréhension des disciples « qui est le plus grand » (9.33-34), précisions de Jésus, être le dernier, le serviteur (9. 35-37)

Vers Jérusalem, près de Jericho, 3e annonce (10.33-34), manque de compréhension des disciples : « avoir les meilleures places dans le royaume  » (10. 35-36), précisions de Jésus, « servir et pas se faire servir » comme les puissants de ce monde 10.42-45

Déclaré Christ, Messie, dans une région païenne

Jésus s’en alla, accompagné de ses disciples, et se rendit dans les villages autour de Césarée de Philippe (v. 27)

La région de Césarée de Philippe ou Banias était païenne, avec un temple consacré au Dieu Pan. Elle avait fait allégeance à l’empereur romain.

Jésus a été déclaré Christ, c’et à dire Messie, dans une région qui reconnaissait l’empereur romain (César) comme Seigneur.

 Ce qu’on pense de Jésus ?

En chemin, il interrogea ses disciples : Que disent les gens à mon sujet ? Qui suis-je d’après eux ?

Jésus s’intéresse à ce que pensent de lui les gens ordinaires. Ses disciples font partie du peuple, ils ont des contacts directs et entendent les opinions diverses. Pas d’informations inconnues, Jésus connaît le cœur et les pensées des gens. Mais cette question amènera la suivante, essentielle, adressée aux disciples.

Et les disciples ?

 Ils lui répondirent : Pour les uns, tu es Jean-Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, l’un des prophètes. (v. 28)

Opinions populaires

Ces opinions populaires reprennent celles du ch. 6.14-15

Jean-Baptiste avait été tué par Hérode Antipas quelques mois auparavant. Le roi, impressionné par le récit des miracles de Jésus, croyait que celui-ci était Jean-Baptiste, ressuscité. Le bruit s’était répandu dans la population.

Elie : à cause de la prophétie de Malachie 3.23 (Bible du Semeur) ou 4.5 (Segond) « Voici, je vous envoie Elie, le prophète« 

L’un des prophètes ; une réponse vague, les gens n’ont pas d’idée précise.

Jésus apprécié à cause des miracles

Les gens avaient une bonne opinion de Jésus à cause de ses miracles. On le considérait comme un homme bon, un envoyé de Dieu comme Jean-Baptiste ou un prophète du passé. Mais sans le reconnaître comme une personne divine

. D’origine modeste, d’une famille connue, rien ne montrait qu’il était le Messie qui pourrait les délivrer du pouvoir romain et établir un royaume terrestre florissant.

La véritable question

Alors il leur demanda :– Et vous, qui dites-vous que je suis ? (v. 29)

C’est la véritable question, Jésus veut entendre la réponse personnelle des disciples. Ils l’ont suivi, ils ont vécu avec lui, ils le connaissent.

Messie guerrier ou  personne divine malgré son abaissement sur terre

Les disciples sont juifs. Eux aussi sont hantés par l’idéal juif d’un Messie royal, guerrier et victorieux. En même temps, ils ont vécu presque 3 ans avec Jésus, l’homme humble qui ne cherchait aucune forme de pouvoir.

Jésus sait ce que pensent ses disciples. Il voudrait le leur faire dire ouvertement. En sont-ils restés à l’opinion populaire qui classe Jésus parmi les hommes exceptionnels ou le perçoivent –ils comme une personne divine malgré son abaissement sur terre ? Ont-ils perçu sa gloire divine à travers sa vie humble ?

Qu’avez-vous à dire de moi ? Êtes-vous capables de parler de moi aux autres.

Les disciples sont appelés à annoncer l’Evangile parmi les Juifs et les païens. A ce point du récit, Pierre, porte-parole des autres a la bonne réponse : Tu es le Messie. Matthieu ajoute le fils de Dieu (Matthieu 16.16)

Attente du Messie au 1e siècle

Le Messie (Massiah en hébreu, Christos en grec) signifie oint d’huile pour être consacré à un service (le prêtre, le prophète et le roi de l’Ancien Testament)

Au 1e siècle, au temps de Jésus l’attente du Messie était une notion forte et répandue. On la retrouve dans des rouleaux de la Mer Morte un temps où le ciel et la terre obéiront au Messie de Dieu, proclamant l’Evangile au pauvre, le guérison et même la résurrection des morts.

Le Messie sera un chef militaire, vainqueur des ennemis d’Israël qui seront livrés à l’épée à la venue du Messie d’Aaron et d’Israël. D’après d’autres textes, l’empereur romain serait tué dans la bataille.

Le Messie de Pierre

Pierre a la bonne réponse, la seule juste. Jésus n’est pas seulement un prophète comme le pensent beaucoup mais le Messie promis.

Mais réponse insuffisante, orientée par l’attente du Messie courante à l’époque. Comme beaucoup d’autres, les disciples aussi, Pierre a placé son espoir dans un Messie qui accomplira le programme politico-militaire de libération attendu des Juifs.

Ne rien dire mais pourquoi ?

Il leur ordonna de ne le dire à personne (v.30) Jésus veut préparer ses disciples à une définition plus exacte de ce qu’est véritablement le Messie.

Le Messie, oui, mais pas un Messie politique

Jésus est bien le Messie mais pas au sens politique. Aller dans ce sens politique risque de provoquer un soulèvement populaire contre le pouvoir romain, donc une répression. Ses ennemis politiques et religieux juifs auraient une bonne occasion de le faire mettre à mort avant le temps prévu par Dieu.

Il refusait qu’on le proclame roi des Juifs. Il avait déjà repoussé quelques tentatives. En attendant qu’il aient compris le plan de Dieu, il leur interdit provisoirement d’en parler

Comprendre le rôle du Messie

Jésus veut faire comprendre exactement ce qu’est vraiment le rôle du Messie de Dieu.

Et il commença à leur enseigner que le Fils de l’homme devait beaucoup souffrir, être rejeté par les responsables du peuple, les chefs des prêtres et les spécialistes de la Loi ; il devait être mis à mort et ressusciter trois jours après. Il leur dit tout cela très clairement. (v. 31-32)

Le tournant du récit : il commença à leur enseigner

L’annonce de la passion

Le fils de l’homme va souffrir,… être rejeté, …être mis à mort puis ressusciter.

Le fils de l’homme souffrant : une conception différente, qui corrige la compréhension insuffisante du Messie triomphant de Pierre. « Le Messie que tu viens de confesser, toi, Pierre, n’est pas exactement ce que je suis, je dois aussi souffrir et mourir ».

Liens entre Messie, Fils de l’homme, service et souffrance

Jésus cherche à donner une image exacte du Messie, alors à quoi se réfère-t-il pour faire cette correction ? Et pour montrer que le Fils de l’homme doit souffrir, mourir puis ressusciter ?

Le lien entre Fils de l’homme, service et souffrance ressort de plusieurs textes clés de l’AT repris dans l’Evangile.

Les textes d’Esaïe sur le serviteur de l’Eternel  repris dans l’Evangile de Marc

Le premier poème du serviteur de l’Eternel,  Mon élu en qui mon âme prend plaisir (Esaïe 42.1) est cité par Dieu lui-même au baptême de Jésus, Tu es mon fils bien aimé, tu fais toute ma joie  » (Marc 1.11)

Le serviteur d’Esaïe 42 qui établira la justice pour les nations (v.1), le droit, la vérité (v.3) et la justice sur terre (v.4), c’est Jésus lui-même, venu pour servir (Marc 10.45)

Les souffrances du serviteur d’Esaïe 53.7-8 prennent tout leur sens dans les paroles de Jésus lors de la Cène, mon sang versé pour beaucoup d’hommes  (Marc 14.24)

Esaïe 52.13 annonce la glorification finale du Serviteur Mon Serviteur sera haut placé, très élevé, grandement exalté (Esaie 52.13) et il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges (Marc 8.38)

Jésus, Fils de l’homme

Jésus choisit de se désigner par « Fils de l’homme » pour parler de lui-même et de sa mission sur terre. Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu (Marc 10.45)

Un être humain soumis à la faiblesse

« Fils de l’homme » désigne habituellement l’être humain avec une connotation de faiblesse, dépendance et mortalité. Qu’est ce que l’homme pour que tu en prennes soin et qu’est ce qu’un être humain pour qu’à lui tu t’intéresses (Psaume 8.5). C’est l’opinion habituelle

Mais les miracles, l’annonce de la mort et de la résurrection ?

Mais est elle suffisante pour évaluer Jésus si on considère les miracles, les guérisons, les résurrections, la domination sur les éléments naturels (la tempête apaisée), l’annonce de sa mort et de sa résurrection pour le salut des êtres humains.

Un simple homme, même un homme idéal pourrait-il accomplir de tels miracles, avoir une telle puissance ou faire de telles déclarations s’il n’est pas quelqu’un de particulier, au delà des normes humaines ?

Un autre éclairage dans Daniel 7

L’expression « Fils de l’homme » s’éclaire d’un autre aspect dans Daniel 7.13-14

Je regardai encore dans mes visions nocturnes : Sur les nuées du ciel, je vis venir quelqu’un semblable à un fils d’homme. Il s’avança jusqu’au vieillard âgé de nombreux jours et on le fit approcher devant lui

.On lui donna la souveraineté, et la gloire et la royauté, et tous les peuples, toutes les nations, les hommes de toutes les langues lui apportèrent leurs hommages. Sa souveraineté est éternelle, elle ne passera jamais, et quant à son royaume, il ne sera jamais détruit

Jésus s’identifie à ce Fils de l’homme glorieux

L’expression « Fils de l’homme » a été reprise par Jésus. Pendant son procès devant le grand prêtre, il s’identifie à ce fils d’homme glorieux

À partir de maintenant, vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir en gloire sur les nuées du ciel. Matthieu 26.64

Dans cette vision, Jésus est le Christ, le Messie, désigné pour prendre la tête de la race humaine. Il est l’homme parfait, agissant en faveur de tout le genre humain.

Des éclats de la gloire du Fils de l’homme céleste

Mais dès son passage sur la terre, Jésus a manifesté des éclats de la gloire du Fils de l’homme céleste. Le Fils de l’homme a reçu la souveraineté du ciel (Daniel 7.14),

Jésus possède donc l’autorité sur la terre, en particulier celle de pardonner les péchés. Vous saurez que le Fils de l’homme a, sur la terre, le pouvoir de pardonner les péchés. Marc 2.10

Conscient de réaliser le plan de Dieu

Le plan de Dieu prévu dès l’Ancien Testament s’imposait à Jésus. Il était conscient d’être là pour le réaliser.

Quelques verbes du récit le montrent :

doit, il faut, il est nécessaire (grec, dei) Marc 8.31 (devait souffrir) Il est écrit, l’Ecriture Marc 9.12, 14.21, 27 Il est venu pour Marc 10.45

Le Nouveau Testament confirme l’Ancien. Jésus a bien accompli l’Ecriture.

Intervention intempestive de Pierre

Alors Pierre le prit à part et se mit à lui faire des reproches (v. 32) Venons en maintenant à Pierre et à son intervention intempestive

Réaction contre l’idée de la souffrance et de la mort du Christ.

Pierre ne peut pas supporter la pensée de la mort de son maître. Il espère encore que Jésus va devenir roi. Et Jésus annonce qu’en tant que Fils de l’homme, il va souffrir, mourir…

Pour lui ce n’est pas possible. Il ne comprend pas que le Messie puisse être traité ainsi. Il est bouleversé par ce passage de la notoriété à la souffrance et à la mise à mort Il réprimande Jésus parce qu’il ne peut concevoir que son maitre prenne un tel chemin de souffrance et de mort.

On peut le comprendre, vu les conceptions courantes à l’époque.

Etouffer l’erreur dans l’oeuf

Mais Jésus se retourna, regarda ses disciples et reprit Pierre sévèrement : – Arrière, «Satan » ! Éloigne-toi de moi ! Car tes pensées ne sont pas celles de Dieu ; ce sont des pensées tout humaines. (v. 33)

Jésus se tourne maintenant vers le groupe des disciples. Eux aussi sans doute voyaient les choses comme Pierre. Mais ils ne l’exprimaient pas ouvertement. Il fallait mettre les choses au point, étouffer l’erreur dans l’œuf.

Le royaume de Dieu sans  la croix = la tentation par Satan au désert

Pierre voulait dissuader Jésus d’aller à la croix.

C’est exactement la même tentation que celle soufflée par Satan au désert : que Jésus prenne un raccourci, pour obtenir la gloire du royaume sans passer par la croix. C’est à dire qu’il choisisse délibérément la révolte contre Dieu.

Et comme Jésus est vraiment homme, c’était une véritable tentation.

Même tentation, même réaction de Jésus

Cela fait deux tentations similaires, alors Jésus régit de la même façon et avec la même énergie.

A Pierre, « arrière, Satan (Marc 33), à l’autre, « va-t-en Satan » (Matthieu 4.10)

Il regarde Pierre et s’adresse bien à lui, mais derrière lui, il reconnaît les méthodes de l’autre. Tes pensées ne sont pas celles de Dieu.

Les pensées de Dieu, son plan, ce sont les souffrances et la mort du Christ, annoncées par les prophètes de l’Ancien Testament.

Une foi mal informée, incapable de relier Messie et mort

Ce passage de Marc souligne la faiblesse de la foi de Pierre, mal informée.

On peut confesser le Christ sans en tirer les conséquences pour soi-même. Comme beaucoup de Juifs, Pierre n’arrive pas à mettre ensemble les deux idées Messie et mort. Ce fut la principale difficulté de la prédication chrétienne au 1er siècle.

Une conception  humaine seulement du Messie  ?

Un Messie politique qui ne souffre ni ne meurt. Un Messie qui procure à ses disciples la grandeur, la richesse, les premières places dans un royaume terrestre.

Pour un Juif et peut-être pour beaucoup d’hommes, les deux concepts “ Messie ” et “ souffrance ” sont incompatibles. Le Messie que Pierre et beaucoup de Juifs attendent ne règle donc pas le problème du péché.

Jésus à la mode ou vrai Jésus ?

Homme exemplaire, conducteur spirituel, prophète même, cela peut susciter un certain intérêt, des réaction polies, mais sans grandes conséquences.

Certains se souviennent peut-être du Jésus des médias des années 1960-70, le Jésus Superstar, le Jésus hippie chanté par Johnny Halliday, qui a failli provoquer son excommunication.

Entré dans les Eglises par la petite porte ?

Même si ce Jésus-là, au faite de la gloire mondaine, n’a pas eu un accès direct dans les Églises, il y est peut-être tout de même entré par la petite porte avec le Jésus, « copain », le Jésus « qui répond à tous les pourquoi » de certains chants aujourd’hui passés de mode.

Un Jésus facile, accessible, sans épaisseur, sans mystère… et peu divin. Et aujourd’hui, certains cantiques ne reflètent-ils pas une théologie, c’est à dire une doctrine seulement sentimentale…

Accueillir le Christ divin ? Pas sans le Saint-Esprit

Fils de Dieu, Dieu lui-même, 3e personne de la Trinité, de la même nature que le Père, mort sur la croix et ressuscité pour le péché des hommes, cela risque de provoquer l’incompréhension, la moquerie, le refus, parfois l’hostilité.

A moins que le Saint-Esprit n’ait conduit la personne à être bien disposée et prête à entendre.

Quels critères d’engagement ?

Et si nous présentons Jésus le mieux possible, quels critères peuvent pousser quelqu’un à s’engager envers lui ? La crainte de l’enfer, la disparition immédiate de tous les problèmes ?

Cela peut marcher jusqu’à un certain point… jusqu’au moment où, comme l’explique la Parabole du Semeur de Matthieu 13, la 2e sorte de semence, la Parole acceptée avec joie, périt faute de racines. La 3e est étouffée par les épines, c’est à dire les soucis et les richesses, les facilités du monde.

Comme le dit Spurgeon :

La conversion légaliste craint l’enfer, la conversion évangélique craint le péché…La repentance qui conduit au salut est produite par le Saint Esprit, non par la peur. La vraie conversion craint, non d’être puni en enfer mais de déplaire à Dieu parce qu’on l’aime et qu’on lui fait confiance

Comment vivre en disciple du Christ, pourquoi et à quels risques ?

Voici comment répond Jésus à la question des critères d’engagement. Lui même nous dit comment être son disciple, pourquoi, à quels risques ?

Là-dessus, Jésus appela la foule ainsi que ses disciples et leur dit :Si quelqu’un veut me suivre, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive.  En effet, celui qui est préoccupé de sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile, la sauvera. (v. 34-35)

Pour un juif, « suivre »  un maître, c’était appartenir à son groupe, écouter ses leçons, le servir.

Un engagement total lancé à tous

Ici, il ne s’agit pas de conseils à une élite qui voudrait se perfectionner. C’est l’appel à un engagement fort, profond, total, lancé à tous, et pas seulement aux disciples.

Vivre en disciple du Christ : renoncer à soi, porter sa croix

Renoncer à soi : ni un effort sur soi, ni la négation de soi, ni l’abandon des désirs. C’est placer la volonté de Dieu avant ses intérêts personnels.

« Porter sa croix » un engagement volontaire à risque mortel, pas une récrimination contre les difficultés de la vie

Dans le langage courant, porter sa croix a perdu son sens et sa valeur d’origine. Porter sa croix, était un moyen romain d’exécution. Le rebelle politique qui portait sa croix jusqu’au lieu du supplice montrait qu’on n’échappe pas à la justice impériale. L’expression galvaudée sert à se plaindre des difficultés générales de la vie. Mais ce n’est pas porter sa croix.

Porter sa croix est un engagement volontaire, quoi qu’il en coûte, en faveur de Jésus et de l’Evangile. La croix, c’est tous les points dans lesquels la volonté de Dieu et la mienne entrent en conflit.

Jésus au jardin de Gethsémané : « Pas ma volonté mais la tienne« .

Notre conflit n’est pas aussi sévère. Jésus s’adresse à des disciples qui le suivent déjà, mais sans bien savoir encore où les conduira leur engagement. Il attire leur attention sur le fait que leur maître va être rejeté. Pour rester fidèles à leur engagement, ils devront dangereusement se compromettre, peut-être jusqu’à la mort.

Suivre Jésus, c’est trouver un autre centre à sa propre vie, ne plus être soi-même sa raison d’être.

Si un homme parvenait à posséder le monde entier, à quoi cela lui servirait-il, s’il perd sa vie ? Et que peut-on donner pour racheter sa vie ? Si quelqu’un a honte de moi et de mes paroles au milieu des hommes de ce temps, qui sont infidèles à Dieu et qui transgressent sa Loi, le Fils de l’homme, à son tour, aura honte de lui quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges. (v. 36-38)

Perdre ou gagner, pour qui, pour quoi

Ni ascèse, ni détachement de soi. Perdre ou gagner est lié au fait de suivre  Jésus. « A cause de moi et de l’Evangile ».

Sauver sa vie ou la perdre : toujours un enjeu réel de tout temps et dans de plus en plus de pays.

Sauver sa vie en reniant le Christ en temps de persécution, mais perdre son éternité avec Dieu parce qu’on a eu honte de Jésus et de ses paroles.

Perdre sa vie, c’est la risquer pour rester fidèle au Christ, mais la gagner quand il viendra en gloire.

Miser sur le pouvoir, la richesse, ses propres intérêts, c’est s‘imaginer sauver sa vie Renoncer à des avantages incompatibles avec la vie chrétienne, ce n’est pas la perdre, mais la sauver nous dit Jésus

Choisir l’honneur et non la honte devant le Fils de l’homme glorieux.

Deux écueils : une mentalité matérialiste

Ce texte nous rend attentif à deux écueils. Le premier est relativement évident, c’est préférer le monde à Jésus, tomber dans une mentalité purement matérialiste sans se rendre compte qu’elle n’a pas d’avenir et qu’elle offense Dieu.

L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu

Une compréhension superficielle du plan de Dieu

Une autre, plus subtile, c’est de se contenter d’une compréhension seulement partiellement juste de la personne de Jésus et du plan de Dieu pour nous.

Connaître Dieu en Jésus Christ

Une raison d’être de notre vie, c’est apprendre à connaître Dieu, dans la personne de son Fils Jésus-Christ, à approfondir notre relation avec lui. Et ainsi participer au grand chœur universel d’Éphésiens 1 qui célèbre sa gloire.

C. Streng