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Du Dieu unique à la Trinité des personnes

Le Dieu unique et les accidents de parcours du monothéisme dans l’Ancien Testament

Dans le premiers temps de l’Eglise chrétienne, toute personne qui se convertissait  à Jésus-Christ devait se conformer au principe de base du monothéisme, c’est à dire la foi en un Dieu unique. Le polythéisme, lui, croit en une multiplicité de dieux.

Pour le Juif, le monothéisme est le principe fondateur de la révélation de l’Ancien Testament. Mais en réalité, la pratique n’avait pas toujours suivi. On se conformait à à la Loi de Moïse qui garantissait le monothéisme,  mais en cachette on pratiquait l’idolâtrie . Certains rois et une grande partie de la population rendaient un culte à diverses divinités, malgré les sévères avertissements des prophètes.

Dans les dernières décennies des deux royaumes, d’abord Israël au Nord, ensuite Juda au Sud, des rois s’étaient  livrés à l’idolâtrie, par calcul politique. Il s’agissait de plaire ou surtout de ne pas déplaire aux puissants rois assyriens ou babyloniens qui les dominaient politiquement et les influençaient religieusement.  Cette idolâtrie avait été dénoncée à de nombreuses reprises par les prophètes, en particulier par Jérémie.

Les prophètes espéraient le retour à une adoration sincère et authentique du Dieu véritable. Mais le point de non retour dans la désobéissance idolâtre avait été atteint. Elle avait provoqué la destruction du Temple de Jérusalem et l’exil de la population vers Babylone en 586. Après les 70 ans d’exil, le monothéisme avait fini par s’ancrer dans la pratique.

A l’époque de Jésus-Christ, le monothéisme de l’Ancien-Testament était bien établi et revendiqué face à toute autre manière de percevoir le divin

Les divinités multiples des traditions païennes

Pour le païen, attiré par le christianisme, il s’agissait d’accepter et d’intérioriser une notion opposée à sa conception traditionnelle du divin. Pour les couches populaires, le monde était peuplé d’une multitude de divinités, comme Zeus, Apollon, Minerve etc.  Celles-ci reflétaient simplement les habitudes et les défauts des humains. Elles les multipliaient et  les exacerbaient au gré de leur puissance et souvent de leur malfaisance.

Les intellectuels, eux,  étaient partagés entre deux visions du monde.  Le dualisme platonicien présentait un monde spirituel réel et bon opposé à un monde matériel irréel et mauvais, qui aurait été créé par une divinité inférieure.   Pour le panthéisme stoïcien, il y avait un Dieu qui englobait tout l’univers. Donc plus de distance entre Dieu et l’homme qui possède une étincelle du divin.

Une équation difficile à résoudre :

  • Pour le Juif qui pratique un monothéisme exclusif,
  • Pour le païen qui prend des apôtres du Christ pour des divinités païennes, comme cela s’est passé à Lystre.

À Lystre se trouvait un homme paralysé des pieds : infirme de naissance, il n’avait jamais pu marcher.
Il écoutait les paroles de Paul. L’apôtre fixa les yeux sur lui et, voyant qu’il avait la foi pour être  sauvé, il lui commanda d’une voix forte :– Lève-toi et tiens-toi droit sur tes pieds ! D’un bond, il fut debout et se mit à marcher. Quand ils virent ce que Paul avait fait, les nombreux assistants crièrent dans leur langue, le lycaonien : – Les dieux ont pris forme humaine et ils sont descendus parmi nous.
Ils appelaient Barnabas Zeus, et Paul Hermès parce qu’il était le porte-parole.

(Actes 14.8-11)

Alors se pose une équation insoluble au premier abord :

Jésus-Christ = à la fois homme et Dieu ?

« Jésus est le Messie, le Seigneur ». Jésus, un Juif de Nazareth, un homme semblable aux autres, vivant dans une famille connue d’une petite ville, serait l’envoyé choisi par Dieu de toute éternité. Il serait « le Fils de l’Homme assis à la droite de la puissance de Dieu et venant sur les nuées du ciel » (Matthieu 26.64). Jésus serait Seigneur au même titre que Dieu. Jésus serait Dieu !

Le Saint-Esprit = Dieu ?

En même temps, le salut promis par Dieu, réalisé par Jésus Christ, s’inscrirait dans la vie du chrétien grâce à un troisième acteur, le Saint-Esprit, de même nature divine que les deux autres. Mais alors, qu’est ce qui permet de dire que Jésus-Christ, cet homme, appelé Dieu ou Seigneur, soit d’une nature totalement différente des divinités païennes ?

Monothéisme trinitaire et pluralité des personnes

Un double défi pour le juif et le païen

  • Faire comprendre au Juif que le monothéisme trinitaire est compatible avec une certaine notion de pluralité sans tomber dans le polythéisme
  • Montrer au païen, enclin à accepter une multiplicité de divinités, quelle est la spécificité de la Trinité biblique aussi bien dans son principe que dans ses personnes.

Une oeuvre de salut commune à trois personnes, mais conçue par un seul Dieu

Si l’oeuvre de salut opérée conjointement par les trois personnes peut être un indice fort de leur divinité commune, comment reconnaître que cette unité a son origine en un seul Dieu ?

Comment concilier alors cette pluralité de personnes et par conséquent d’actions avec un monothéisme de principe ?

Spécificité du monothéisme

– dans  l’Ancien-Testament

Il est nécessaire pour cela de retourner d’abord au monothéisme fondateur dans l’Ancien Testament.

« Ecoute Israël, l’Eternel, notre Dieu est l’unique Eternel » (Deutéronome 6.4), est repris par « c’est l’Eternel qui est Dieu. Il n’y en a pas d’autre» (Deutéronome 4.35 et 39) et par Ésaïe 46.9 « Car je suis Dieu, et il n’y en a point d’autre. Je suis Dieu, et nul n’est semblable à moi ».

Ces textes insistent sur le caractère unique et spécifique de Dieu face à la tentation du multiple.

Spécificité parce qu’il n’existe qu’un seul vrai Dieu, l’Eternel. Il a révélé son nom à Moïse. « Je suis celui qui suis ».

Il est le seul qui possède tous les attributs de la divinité. Ce n’est pas un dieu parmi les autres, le plus important peut-être, mais c’est « JE SUIS ». Et il revendique d’être le seul qui existe, à l’exclusion des autres.

– dans le Nouveau Testament

Ce principe est confirmé dans le Nouveau Testament.

Au scribe juif qui l’interroge à propos du plus grand des commandements, Jésus reprend la proclamation monothéiste de Deutéronome 6.4

« Ecoute Israël, l’Eternel, notre Dieu est l’unique Eternel ».

A trois reprises, en contexte païen, Paul affirme lui aussi « qu’il n’y a qu’un seul Dieu ».

  • face à la multiplicité des idoles de Corinthe :

Nous savons qu’il n’y a point d’idole dans le monde, et qu’il n’y a qu’un seul Dieu. (1 Corinthiens 8.4)

  • quand il exhorte les croyants d’Ephèse à l’unité :

Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous qui règne sur tous, qui agit par tous et qui est en tous. (Ephésiens 4.5-6)

  • quand il recommande à Timothée de prier pour tous les hommes :

Car il (Dieu) veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. En effet, il y a un seul Dieu, et de même aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, un homme : Jésus-Christ
(1 Timothée 2.4-5)

Monothéisme et pluralité interne à la divinité

Jésus Christ « seul Seigneur » associé à égalité avec Dieu le Père :

Pour nous il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous sommes.1 Corinthiens 8.6.

Médiateur entre Dieu et les hommes :

En effet, il y a un seul Dieu, et de même aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, un homme : Jésus-Christ.1 Timothée 2.5.

A la fois Dieu et homme

Jésus Christ est à la fois Dieu et homme. Cette affirmation fondamentale a dû prendre racine dans la foi du converti d’origine païenne. Ill lui faut désormais exclure toute allusion à des demi-dieux, mélanges hétéroclites entre hommes et dieux, c’est-à-dire entre êtres de nature différente.

La Trinité des personnes : unité possible entre personnes de même essence divine

Si l’unité dans la Trinité n’est possible qu’entre des personnes de même essence, et si l’une de ces personnes est Dieu, il s’ensuit nécessairement que les autres personnes possèdent à égalité cette même essence divine.

Le défi posé au Grec concerne aussi le Juif

Comment concilier le monothéisme avec une pluralité interne à la divinité ? Peut-on en trouver des indices dans les textes de l’Ancien Testament ?

Les pluriels de Genèse vont dans ce sens

Et Dieu dit :– Faisons l’homme (l’être humain) à notre image, selon notre ressemblance. Genèse 1.26

Puis il dit :– Voici que l’homme est devenu comme l’un de nous pour le choix entre le bien et le mal. Genèse 3.22

Eh bien, descendons et brouillons leur langage pour qu’ils ne se comprennent plus entre eux ! Genèse11.7

Ces pluriels indiquent une certaine délibération en Dieu.

Mais comme Dieu est parfaitement un, cet échange dans la réflexion divine n’est possible que si son unité inclut aussi une pluralité. Et dans un être absolu, la seule pluralité possible est une pluralité de personnes.

Cette pluralité se retrouve dans les expressions doubles :

celle du Psaume 110.1 :

Parole de l’Eternel YHVH à mon Seigneur ADONAÏ: Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied.YHVH, Eternel, le nom propre de Dieu répond à ADONAÏ, Seigneur, la manière courante de désigner Dieu;

celle plus précise encore du Psaume 45.7

Tu aimes la justice, et tu hais la méchanceté : C’est pourquoi, ô Dieu ELOHIM, ton Dieu ELOHEIKHA t’a oint D’une huile de joie, par privilège sur tes collègues.

Dieu ELOHIM répond exactement à Dieu, ton Dieu,  ELOHEIKHA.

De même au  Psaume 33.6

Les cieux ont été faits par la parole de l’Eternel, DEVAR ADONAÏ  Et toute leur armée par le souffle de sa bouche BERUKH PIO

La  parole de Dieu  (DEVAR ADONAÏ) est associée à  souffle, esprit de sa bouche (BERUKH PIO.

L’esprit (ou le souffle) de Dieu est actif dans la création et dans la Rédemption

Ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche: Elle ne retourne point à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli mes desseins. Esaïe 55.11.

Enfin, la Sagesse de Proverbes 8, préexistante à la création du monde, est collaboratrice de Dieu. Elle participe à l’œuvre de la création engendrée par Dieu.

Les indices, vont par deux, Parole avec Esprit, Sagesse avec Dieu.

De la pluralité à la Trinité dès l’Ancien Testament ?

Pourrait-on préciser plus encore et passer de la pluralité à la Trinité dès l’Ancien Testament ? Plusieurs érudits ont tenté de le faire au cours des siècles, en particulier Philon d’Alexandrie dans ses spéculations mathématiques sur le chiffre 3.

Les Pères de l’Eglise  voyaient la Trinité dans les trois visiteurs d’Abraham de Genèse 18 

L’Éternel lui apparut parmi les chênes de Mamré, comme il était assis à l’entrée de sa tente, pendant la chaleur du jour. Il leva les yeux, et regarda: et voici, trois hommes étaient debout près de lui. Quand il les vit, il courut au-devant d’eux, depuis l’entrée de sa tente, et se prosterna à terre. Et il dit: Seigneur, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe point, je te prie, loin de ton serviteur. (Genèse 18:1-3 ),

Le triple « Saint, Saint, Saint » d’EsaÏe 6.3

Un autre texte de l’Ancien-Testament peut aussi suggérer  la Trinité : le triple Saint, Saint, Saint, de la vision d’Ésaïe 6.3

Ils (les séraphins) criaient l’un à l’autre, et disaient: Saint, saint, saint est l’Éternel des armées !
Toute la terre est pleine de sa gloire

Cette louange appelée le Trisagion (du grec tris=3 fois , hagios=saint ) exprime cette triple réalité.

Les auteurs du Nouveau Testament ont lié le Trisagion aux trois personnes de la Trinité

  • au Père par l’expression « l’Eternel des armées »,
  • à Jésus Christ par « il vit sa gloire et parla de lui »

Esaïe dit ces choses, lorsqu’il vit sa gloire, et qu’il parla de lui. Jean 12.41)

  • au Saint-Esprit par l’allusion de Paul avertissant les Juifs de Rome qui contestaient son enseignement à propos de Jésus-Christ :

C’est avec raison que le Saint -Esprit, parlant à vos pères par le prophète Esaïe, a dit. Va vers ce peuple, et dis: Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point. Vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point.
Actes 28:25-26.

Selon Didyme l’Aveugle, un théologien du 3e s en Egypte, on peut voir en celui qui parle le Père, le Fils et le Saint-Esprit, d’après les textes bibliques eux-mêmes.

Indices d’un monothéisme trinitaire dans le Nouveau Testament

Sur quelles bases s’appuyer pour chercher des indices d’un monothéisme trinitaire dans les témoignages du Nouveau Testament ?  Dans l’Eglise primitive, l’expression « Trinité » n’apparaît pas jusqu’à Tertullien en 215. La notion elle-même est étrangère à la  vision du monde  juive et païenne de l’époque.

Difficulté d’une réflexion sortant d’une vision fermée du monde

Avant toute spéculation, il faut au moins une idée, même vague, même ténue qui serve de point de départ et d’appui à la réflexion. Et c’est encore plus difficile si la vision du monde est tellement fermée sur une notion déterminée qu’elle en exclut à priori toute autre.

Bref, comment faire entrer dans la tête d’un juif attaché au monothéisme strict, absolu, l’idée qu’il pourrait exister non trois divinités mais un seul être divin capable de penser et agir sans confusion en trois personnes distinctes. Les autres modes de pensée, le paganisme, la religion naturelle ou la philosophie, dépasseront sans doute, du moins pour certaines, le polythéisme élémentaire, les triades de divinités. Elles n’atteindront jamais une conception plus élevée que celle d’un Dieu unique.

Les miracles de Jésus à l’origine d’évaluations opposées

L’étonnement devant les miracles de Jésus, devant ses pouvoirs surnaturels a sans doute été le point de départ de ces évaluations. Mais elles aboutissent souvent à des appréciations diamétralement opposées selon la position adoptée.  Ainsi le même fait est rapporté dans les évangiles synoptiques, Jésus chasse un démon :

Comme ils s’en allaient, voici, on amena à Jésus un démoniaque muet. Le démon ayant été chassé, le muet parla. Et la foule étonnée disait: Jamais pareille chose ne s’est vue en Israël. Mais les pharisiens dirent: C’est par le prince des démons qu’il chasse les démons. Matthieu 9:32-34

Cela suscite deux réactions franchement opposées. La foule est étonnée, intriguée,
Jamais pareille chose ne s’est vue en Israël  Matthieu 9.33.

Elle est aussi pleine d’admiration devant son enseignement pendant la fête des Tabernacles,
Le Christ, quand il viendra, fera-t-il plus de miracles que n’en a fait celui -ci? Jean 7.31.

En revanche les autorités sont méprisantes et accusatrices. Elles veulent se débarrasser de l’évidence du miracle en prétendant que c’est par le prince des démons qu’il chasse les démons. Matthieu 9.34.

Au-delà de l’apparence, des suppositions construites par l’esprit humain, il faut que Dieu se révèle lui-même dans sa dimension trinitaire. C’est ce que Jésus, explique à Pierre qui l’avait déclaré Messie, Fils du Dieu vivant. Cette révélation que tu exprimes là n’est pas du domaine naturel (la chair et le sang) mais elle est d’origine divine, elle t’est donnée par mon Père qui est dans les cieux. Matthieu 16.16-17.

Jésus-Christ « Fils de Dieu, Messie »

« Fils de Dieu ». Les rois d’Israël avaient le droit de revendiquer ce titre de fils de Dieu« Messie » ou Oint. Les prêtres et les rois qui recevaient l’onction d’huile étaient de véritables oints. Il y en avait aussi pas mal de faux.Ces deux titres accordés à des personnes différentes, le roi et le prêtre, sont réunis en Jésus-Christ. Il  est à la fois roi, prêtre et aussi prophète.

Une revendication de l’égalité avec Dieu

Revendiquer l’égalité avec Dieu, comme le fait Jésus, c’est inconcevable pour un Juif. Non seulement Jésus l’a fait mais il en avait le droit, car il l’a démontré. Il a proclamé le pardon des péchés, prérogative appartenant à Dieu seul

Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés: Lève -toi, dit -il au paralytique, prends ton lit, et va dans ta maison. Matthieu 9:6.

Il a affirmé sa préexistence, « avant Abraham ». Jésus leur dit: En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, je suis. Jean 8:58. Il s’est déclaré source de l’eau vive, origine de toute vie véritable

Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus, se tenant debout, s’écria: Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Écriture. Jean 7.37-38.

Il est descendu du ciel, porteur des attributs de Dieu, en particulier de son autorité.

 Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel. Jean 3.13.

Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous; celui qui est de la terre est de la terre, et il parle comme étant de la terre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous, il rend témoignage de ce qu’il a vu et entendu, et personne ne reçoit son témoignage. Celui qui a reçu son témoignage a certifié que Dieu est vrai.

Car celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, parce que Dieu ne lui donne pas l’Esprit avec mesure. Le Père aime le Fils, et il a remis toutes choses entre ses mains. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle. Celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. Jean 3:31-36

Il s’est dit Fils de Dieu, dans une relation intime et profonde avec Celui qu’il appelle son Père. Il est seul à le connaître intimement et seul capable de le faire connaître

Toutes choses m’ont été données par mon Père, et personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père. Personne non plus ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. Matthieu 11.27.

Pendant son procès, lorsqu’il comparait devant le grand prêtre d’Israël, Jésus revendique son égalité avec Dieu, son origine divine,

Vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel. Matthieu 26.64.

Le grand prêtre d’Israël se trompe donc lourdement lorsqu’il crie au blasphème.

La révélation de l’Esprit Saint dans le Nouveau Testament

La révélation de l’ Esprit Saint dans le Nouveau Testament dépasse le  niveau de la simple déduction. Elle est plus difficile à comprendre que celle des deux autres personnes de la Trinité.  En effet,  le Saint-Esprit manifeste souvent un seul de ses attributs en même temps que les deux autres personnes de la Trinité agissent.

Une révélation indirecte et imagée pendant la vie de Jésus-Christ

Ce que les gens voient, dans un miracle par exemple, c’est la puissance de Dieu s’exerçant à travers les paroles ou les actions de Jésus-Christ. Mais le Saint-Esprit n’apparaît pas directement.
Au baptême du Christ, où les trois personnes apparaissent simultanément, l’Esprit n’est pas cité directement, en tant que personne. Il est cité  de manière imagée, « comme une colombe ».

Dès que Jésus eut été baptisé, il sortit de l’eau. Et voici, les cieux s’ouvrirent, et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici, une voix fit entendre des cieux ces paroles: Celui -ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection. Matthieu 3.16 et parallèles.

A la transfiguration l’Esprit Saint apparaît sous la forme d’une nuée

Comme il parlait encore, une nuée lumineuse les couvrit. Et voici, une voix fit entendre de la nuée ces paroles: Celui -ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection: écoutez -le ! Matthieu 17.5.

Une révélation directe après l’Ascension

Jésus explique à ses disciples que l’Esprit-Saint ne viendra de manière directe et manifeste qu’après son Ascension. Il va envoyer  l’Esprit venu du Père comme son remplaçant, pour les guider, les soutenir

Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous. Jean 14.16.Mais le consolateur, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. Jean 14,26.

Cet Esprit de Dieu le glorifiera, lui, Jésus le Fils, comme le Fils glorifie le Père

Il me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera. Jean 16.14

La déclaration du baptême chrétien, monothéiste et trinitaire

De là vient la formule donnée par Jésus lui-même pour le baptême chrétien, une déclaration à la fois monothéiste, « au nom de » au singulier, et trinitaire « du Père, du Fils et du Saint-Esprit »

Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Matthieu 28.19.

L’Esprit Saint compris comme une personne divine

C’est seulement après la Pentecôte, dans les Actes et les lettres des Apôtres que le Saint-Esprit sera peu à peu compris plus précisément comme une personne divine, connaissant les pensées de Dieu.

Nous prêchons la sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée, que Dieu, avant les siècles, avait prédestinée pour notre gloire, sagesse qu’aucun des chefs de ce siècle n’a connue, car, s ‘ils l’avaient connue, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire. Mais, comme il est écrit, ce sont des choses que l’oeil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues, et qui ne sont point montées au coeur de l’homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l ‘aiment. Dieu nous les a révélées par l’Esprit. Car l’Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu. Qui donc, parmi des hommes, connaît les choses de l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme qui est en lui ? De même, personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu.1 Corinthiens 2.7-11.

L’Esprit Saint  communique la vérité aux disciples :

Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Jean 16.13.

Il possède, de par son nom même « Saint-Esprit de Dieu »,  les attributs de la sainteté divine :

N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption. Ephésiens 4.30.

Il intervient, à l’égal de Jésus-Christ, dans la purification, la justification et la sanctification :

Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus -Christ, et par l’Esprit de notre Dieu. 1 Corinthiens 6.11.

Enfin, il est l’auteur de la résurrection du Christ et au dernier jour de celle de ses rachetés :

Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Christ d’entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. Romains 8.11.

Ainsi apparaissent les formulations qui réunissent à égalité les trois personnes divines :

Que la grâce du Seigneur Jésus -Christ, l’amour de Dieu, et la communion du Saint -Esprit, soient avec vous tous ! 2 Corinthiens 13.14.Pierre, apôtre de Jésus -Christ, à ceux qui sont étrangers et dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie, et qui sont élus selon la prescience de Dieu le Père, par la sanctification de l’Esprit, afin qu’ils deviennent obéissants, et qu’ils participent à l’aspersion du sang de Jésus -Christ: que la grâce et la paix vous soient multipliées ! 1 Pierre 1.1-2.

Concilier l’unité de la divinité et la distinction des personnes

Il n’a pas été évident pour l’Eglise primitive de comprendre que dans l’être de Dieu résident à la fois l’unité de la divinité et la distinction des personnes.

D’où les tâtonnements successifs et les hérésies jusqu’à ce qu’en 325 le concile de Nicée fixe la doctrine de la Trinité. Celle-ci sera précisé en 381au Concile de Chalcédoine, en ce qui concerne la personne du Saint-Esprit.

Deux hérésies antitrinitaires

Le modalisme

Croyant concilier la foi en un seul Dieu avec la divinité du Christ et de l’Esprit, le modalisme prétend que Dieu agit dans l’histoire  selon trois manifestations successives: Père comme créateur et législateur dans l’Ancien Testament, Fils comme rédempteur pendant sa vie terrestre, Esprit pour la sanctification de l’Eglise jusqu’à la fin des temps.

L’ arianisme

L’arianisme, lui, a des racines dans le platonisme, et aussi chez deux Pères de l’Eglise, Tertullien et Origène qui subordonnent le Fils au Père du point de vue de son essence. L’arianisme exclut à la fois la préexistence de Jésus et sa divinité à l’égal du Père.

Définition de la doctrine de la Trinité

Avant d’être établie comme vérité dogmatique par les Conciles de Nicée et Constantinople, la doctrine de la Trinité est définie ainsi :« C’est l’union de trois personnes ou hypostases, Père, Fils et Saint-Esprit en une seule essence divine (Ousia), trois personnes aux individualités, co-éternelles, égales, inséparables interdépendantes, éternellement unies et cependant distinctes ».

Origine de la doctrine de la Trinité

La doctrine de la Trinité prend d’abord racine dans les affirmations des Apôtres

la préexistence du Christ avec, sous l’angle divin, la prééminence de son œuvre dans la création

Le Fils est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. Colossiens 1.15-16

la plénitude de sa divinité sous forme corporelle

Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. Colossiens 2.9

l’égalité d’essence avec Dieu et, du point de vue humain, son œuvre particulière en faveur des pécheurs

Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus -Christ.
Existant en forme de Dieu, il n’a point regardé son égalité avec Dieu comme une proie à arracher. Mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes
Et il a paru comme un vrai homme. Il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix. 
C’est pourquoi aussi Dieu l ‘a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus -Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. Philippiens 2:5-11.

Identification de l’Esprit

L’identification du Saint-Esprit parmi les trois personnes a été plus lente à établir.

Mais le Saint-Esprit était déjà reconnu comme une personnalité distincte du Père

De même aussi l’Esprit nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables. Et celui qui sonde les coeurs connaît la pensée de l’Esprit, parce que c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints. Romains 8.26-27.

et distincte du Fils

Cet homme, livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous l’avez crucifié. Vous l’avez fait mourir par la main des impies. Dieu l ‘a ressuscité, en le délivrant des liens de la mort, parce qu’il n’était pas possible qu’il soit retenu par elle. Actes 2:23-24

Consubstantialité des personnes

Il a cependant fallu attendre S. Augustin et son De Trinitate pour que soit confirmée la consubstantialité des personnes, c’est à dire leur égalité et leur unité du substance, de nature.
Ainsi la théorie des relations a établi à la fois l’unité d’essence et la diversité des actions particulières à chacune des personnes.

C.Streng

De Trinitate – Égalité des personnes divines dans la Trinité

Dans le De Trinitate, S. Augustin explicite et développe les notions des relations et de l’égalité des personnes divines dans la Trinité. Il part du principe de base de l’immutabilité de l’essence divine (Livre V, chapitres I et II) et de la consubstantialité des personnes divines.

Livre V : Réfutation des Ariens par la théorie des relations

L’erreur fondamentale de l’arianisme

Il rappelle l’erreur fondamentale des Ariens.

Selon ces derniers, « tout ce qui se peut énoncer, ou penser de Dieu, se rapporte non aux accidents, mais à la substance même« .  A leur avis, le Père et le Fils ne peuvent être consubstantiels car  » le Père est non-engendré selon sa substance, et le Fils est engendré selon la sienne, car n’être pas engendré, et être engendré sont deux choses toutes différentes. » (Livre V, chapitre IV)

Il  réfute ce raisonnement par la notion d’accident (Livre V, chapitre V). C’est « ce qu’on peut perdre par changement, ou par altération ». Mais cela est impossible à Dieu « parce qu’en lui il n’y a rien de muable, rien d’amissible. »

La notion de relation entre les personnes du Père et du Fils

Il le rejette aussi par la notion de relation entre les personnes du Père et du Fils. Cette relation n’est pas un accident parce que « la paternité et la filiation sont éternelles et immuables »  (Livre V, chapitre VI)

Le raisonnement des Ariens sur « engendré et non engendré« 

Il résume ensuite le raisonnement des Ariens sur les mots « engendré et non engendré« 
« Les mots Père et Fils supposent une relation entre les personnes divines, tandis que ceux de non engendré et d’engendré tombent sur la personnalité elle-même, et s’entendent de la substance. Or être engendré et n’être pas engendré sont deux choses absolument différentes; donc en Dieu il y a diversité de substance » (Livre V, chapitre VI)

Égalité des personnes divines dans la Trinité

Il argumente que les relations diverses existant entre les personnes divines, n’altèrent aucunement en elles la substance, ou nature. Il règne entre elles une égalité parfaite. (Livre V, chapitres VI et VII)

Car « Tout ce qui se dit de la nature divine s’affirme de la substance même de Dieu. Et  tout ce qui se dit des relations, ne tombe que sur la personne, et non sur l’essence de l’Etre divin. » (Livre V, chapitre VIII)

Difficulté à expliquer le mystère de la Trinité

Il affirme qu’il y a trois personnes en Dieu. Cependant à cause de la difficulté de préciser les nuances entre essence, hypostase, substance, personnes, le langage humain est impuissant pour expliquer le mystère de la Trinité . (Livre V, chapitre IX)

Son argumentation continue dans les chapitres suivants. Elle est illustrée par l’explication de divers passages des Ecritures et par quelques comparaisons empruntées aux créatures.

Les opérations propres à chaque personne ne touchent pas à la nature de Dieu. Elles n’affectent que les relations (Livre V, chapitre XI).

Le Père et le Fils sont les principes de l’Esprit Saint. (Livre V, chapitre XIV)

« A propos des opérations propres à chacune des trois personnes divines, nous disons qu’ici ces opérations ne touchent pas à la nature même de Dieu. Elles n’affectent que les relations des trois personnes entre elles, ou leurs rapports avec les créatures » (Livre V, chapitre XI)

« Tout ce qui s’affirme alors de Dieu (y compris par rapport au temps) tombe sur les relations divines, et non sur la nature ou essence divine« . (Livre V, chapitres XI et XVI)

Livre VI: égalité des personnes divines

Les deux premiers chapitres explicitent les appellations communes au Père et au Fils.

« On ne dit du Père considéré en lui-même que ce qu’il est par rapport à son Fils, c’est-à-dire son Père. Le Père n’est donc pas Dieu sans le Fils, ni le Fils Dieu sans le Père, mais les deux ensemble sont Dieu. (Livre VI chapitre II)

Le Fils est la vertu et la sagesse de Dieu. S. Augustin demande alors si le Père n’est pas lui-même Sagesse, mais seulement Père de la Sagesse.

Les chapitres III et IV concernent l’égalité totale du Père et du Fils, leur unité d’essence, ainsi que l’égalité totale du Saint Esprit avec le Père et le Fils.

L’Esprit Saint est donc, quel qu’il soit, commun au Père et au Fils. Mais cette communauté est consubstantielle et coéternelle. (Livre VI, chapitre VI)

Les chapitres suivants, VI à X, traitent de la multiplicité au sein de la simplicité de la substance divine.

Dieu est Trinité mais n’est pas triple (Livre VI, chapitre VII). Rien ne s’ajoute à la nature divine (Livre VI, chapitre VIII).
Dans le chapitre IX, Augustin demande si c’est une seule personne ou les trois personnes ensemble que l’on appelle un seul Dieu.

Mais, …s’il n’y a de Dieu que les trois ensemble, comment Dieu est il le chef du Christ ? C’est-à-dire comment la Trinité est-elle le chef du Christ, alors que le Christ doit être dans la Trinité pour qu’elle soit Trinité? (Livre VI, chapitre IX)

Le chapitre X explique la parole d’Hilaire de Poitiers : « Eternité dans le Père, Beauté dans l’image, Usage dans le don »

En cette Trinité est l’origine première de toutes choses, la beauté la plus parfaite, le bonheur le plus complet…Ces trois personnes semblent se déterminer mutuellement et sont infinies en elles-mêmes.

Dans cette souveraine Trinité une personne est autant que trois ensemble, et deux ne sont pas plus qu’une. Et elles sont infinies en elles-mêmes. ( Livre VI, chapitre X)

Livre VII : Unité de substance et terminologie trinitaire

Chapitres I à III : identité des personnes et attributs essentiels

La première partie, de chapitres I à III traite de l’identité des personnes et des attributs essentiels.
Chacune des trois personnes de la Trinité est-elle sagesse par elle-même?

Cette discussion est occasionnée par ces paroles : « Le Christ est la vertu de Dieu et la « sagesse de Dieu »

Comment donc le Fils sera-t-il de la même essence que le Père, si le Père par lui-même n’est pas l’essence, qu’il n’existe point par lui-même, mais ne possède l’être que par rapport à son Fils? ( Livre VII, chapitre I)

Le Père et le Fils sont ensemble une seule sagesse, comme une seule essence, bien qu’ils ne soient pas ensemble un seul verbe. (Livre VII, chapitre II)

Comment le Verbe est-il sagesse de Dieu ? Et pourquoi les Ecritures attribuent-elles particulièrement au Fils la sagesse, bien que le Père et le Saint Esprit soient aussi sagesse. (Livre VII, chapitre III)

Dieu le Père, qui a engendré le Fils, ou la vertu et la sagesse est non seulement est le Père de la vertu et de la sagesse, mais il est lui-même vertu et sagesse, et également le Saint-Esprit. Cependant il n’y a pas trois vertus ou trois sagesses, mais une seule vertu et une seule sagesse, comme il n’y a qu’un Dieu et une essence

Chapitres IV à VI : explication de la formule trinitaire

Dans la deuxième partie (Chapitres IV à VI) Augustin explicite les terminologies latine et grecque de la formule trinitaire

Chapitres IV et V : essence, personnes, substances ou hypostases

Aux chapitres IV et V, il critique et justifie le terme « personne » et demande pourquoi les Latins disent une essence et trois personnes, et les Grecs une essence et trois substances ou hypostases
Il pense que ces expressions sont nécessaires pour signifier ce que sont le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

L’indigence humaine s’est servie de ces mots hypostases ou personnes, entendant par là, non une diversité, mais une distinction, de manière à laisser subsister, non seulement l’unité, puisqu’on ne parle que d’une seule essence, mais aussi la Trinité, puisqu’on distingue trois hypostases ou personnes. (Livre VII, chapitre IV)

Il précise le sens des termes
Le mot substance s’applique aux choses changeantes et qui ne sont pas simples.
Il désigne en Dieu ce qu’exprime le mot essence, qui est plus usité. Dieu seul doit être appelé essence. Il existe vraiment seul, parce que seul il est immuable. (Livre VII, chapitre V)

Chapitre VI : Pourquoi une essence et trois personnes

Au chapitre VI, il approfondit la manière de comprendre les termes trinitaires. Il examine
pourquoi dans la Trinité on ne dit pas une personne et trois essences, mais une essence et trois personnes

Donc, quand nous disons de la Trinité qu’elle consiste en trois personnes ou substances, qu’elle est une seule essence et un seul Dieu, nous n’entendons pas dire que ces trois personnes soient en quelque sorte d’une même matière. (Livre VII, chapitre VI)

Parfois l’unité d’essence n’est pas exprimée, comme dans l’expression « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance (Gen 1.26 ) ».
En effet, il ne s’agit pas de dieux se proposant de faire l’homme à leur image et à leur ressemblance; mais du Père, du Fils et du Saint-Esprit créant l’homme à l’image du Père, du Fils et du Saint-Esprit, afin que l’homme soit l’image de Dieu. (Livre VII, chapitre VI)

Le livre VIII : l’intelligence du mystère, comprendre ce qu’on croit

« Le livre VIII marque une étape dans le De Trinitate. Dans les sept premiers livres, Augustin s’appuie sur l’Ecriture pour établir le dogme (I-IV) et le défendre contre les interprétations des hérétiques (V-VII).
A partir du livre VIII, il s’efforce d’entrer dans l’intelligence du mystère et de comprendre ce qu’il croit » (Introduction à De La Trinité, Vol II les Images, texte de l’Edition bénédictine p. 7)

Grâce à ses dons psychologiques, il analyse la vie de l’âme humaine. Il y découvre, à l’aide d’ éléments tirés de l’Ecriture et de la dialectique des relations lointaines mais réelles avec la vie intime de Dieu.

Livre VIII : La nature de Dieu. L’intelligence de la foi

Prologue : un résumé de ce qui précède

Dans le prologue, Augustin fait un résumé de ce qu’il a dit plus haut :

Les attributs qui déterminent les rapports des personnes entre elles, sont ceux qui distinguent ces personnes dans la Trinité et leur appartiennent en propre, comme la qualité de Père, de Fils et de présent des deux, qui est le Saint-Esprit car le Père n’est pas la Trinité, ni le Fils la Trinité, ni le Don la Trinité.
Ce qu’ils sont eux-mêmes, n’est point au pluriel, mais ils sont une seule chose, la Trinité elle-même. (Livre VIII, prologue)

Chapitre I. Non seulement le Père n’est pas plus grand que le Fils, mais les deux ensemble ne sont pas plus grands que le Saint-Esprit.

Chapitres II et III : Dieu comme souveraine vérité et souverain bien

Le chapitre II explique que pour comprendre comment Dieu est vérité, il faut écarter de son esprit toute image matérielle.

Les chapitres II et III définissent Dieu comme souveraine vérité et souverain bien.
Dieu est le souverain bien, l’âme ne devient bonne qu’en se tournant vers lui.

Chapitres IV à VI : Foi en la Trinité possible par la vraie foi

Les chapitres IV à VI expliquent comment la foi en la Trinité est possible. Pour pouvoir aimer Dieu, il faut le connaître par la vraie foi.

Mais avant de pouvoir connaître et percevoir Dieu, il faut que le cœur soit purifié. Et il ne peut être purifié qu’en aimant par la foi

Chapitre V : Croire pour comprendre

C’est pourquoi, désirant comprendre, autant que possible l’éternité, l’égalité et l’unité de la Trinité, nous devons d’abord croire avant de comprendre, et veiller à ce que notre foi ne soit pas feinte.

Chapitre VI : Aimer sans connaître

Comment donc pouvons-nous aimer par la foi la Trinité que nous ne connaissons pas? (Livre VIII chapitre VI)

Dans le chapitre VI Augustin analyse comment l’homme qui n’est pas encore juste connait le juste qu’il aime. Il définit d’après l’idée de la vérité, la nature même de Dieu, la notion du souverain bien, et l’amour inné de la justice, qui fait aimer l’âme juste par l’âme qui n’est pas encore juste.

Chapitres VII à IX : la connaissance de Dieu dans l’amour fraternel

Le thème des chapitre VII à X est la connaissance de Dieu impliquée dans l’amour fraternel, du véritable amour par lequel on parvient a la connaissance de la Trinité.

Ainsi, dans la question de la Trinité et de la connaissance de Dieu, qui nous occupe, le point principal est de savoir ce que c’est que le véritable amour, ou même ce que c’est que l’amour. (Livre VIII chapitre VII)

Chapitre VIII : Aimer son frère, c’est aimer Dieu

Et qu’on ne demande pas combien d’amour nous devons à un frère et combien à Dieu. Nous en devons incomparablement plus à Dieu qu’à nous, et autant à un frère qu’à nous-mêmes. Mais nous nous aimons d’autant plus nous-mêmes, que nous aimons Dieu davantage. (Livre VIII chapitre VIII)

Chapitre IX : l’amour de la justice est le principe de notre amour pour les justes.

Plus notre amour pour Dieu est ardent, plus notre vue acquiert de certitude et de clarté. Parce que nous voyons en Dieu même le type immuable de justice selon lequel nous pensons que l’homme doit vivre. (Livre VIII chapitre IX)

Chapitre X et conclusion

On doit chercher la connaissance de Dieu par l’amour. D’après les Ecritures, Dieu est amour, et l’amour porte une certaine empreinte de la Trinité. (Livre VIII chapitre X)

Il y a, dans l’amour, trois caractères qui sont comme une empreinte de la Trinité.

Qu’est-ce que l’âme aime dans l’être aimé, sinon une âme? Il y a donc là trois choses : le sujet de l’amour, l’objet de l’amour et l’amour.
Rien n’est trouvé encore, mais nous savons où chercher. Que ceci suffise et serve comme d’exorde à ce que nous avons à dire ensuite (Livre VIII chapitre X)

Fin

C.Streng

De Trinitate – Unité en Dieu, Trinité, incarnation

Unité en Dieu, trinité des personnes : Livres I à III

I. Consubstantialité ou même substance des personnes.

A partir des Ecritures S. Augustin se propose d’établir

  • comment en un seul et vrai Dieu existe la Trinité des personnes.
  • Comment ces trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, n’ont qu’une seule et même nature, une seule et même substance. (Livre I chapitre 2).

Ils sont parfaitement égaux entre eux, pas trois Dieux mais un seul et même Dieu.
Il n’y a aucune confusion entre les personnes, l’une étant le Père l’autre le Fils, la troisième, le Saint Esprit. Celui-ci n’est ni le Père, ni le Fils; mais l’Esprit du Père et du Fils. Il est égal au Père et au Fils, complétant l’unité de la Trinité« . (Livre I, chapitre 4).

Jésus-Christ de la même nature que Dieu

Citant le prologue de l’Evangile de Jean, il déduit que Jésus-Christ n’est pas une créature. Il est  de la même substance ou nature que le Dieu Père (Jean 1.13). Jésus-Christ est non seulement Dieu mais le vrai Dieu, possédant l’immortalité et la vie éternelle. (1 Timothée 6.14-16).

Jésus-Christ à la fois homme et Dieu

Le Fils est égal au Père en tant que Jésus-Christ est Dieu. Le Père est plus grand que le Fils en tant que Jésus-Christ est homme. (Livre I chapitre 7). Mais son humanité ne sera pas absorbée par la divinité. (Livre I chapitre 8).

Unité des personnes de la Trinité

L’Esprit Saint ne peut être séparé du Père ni du Fils. Il en est de même du Père, parce qu’il est inséparablement uni au Fils et au Saint-Esprit. Il en est de même du Fils, parce qu’il est inséparablement uni au Père et au Saint-Esprit. (Livre I chapitre 9)

Les deux natures, divine et humaine, du Christ

Il faut donc souvent appliquer à toutes les personnes ce que l’Ecriture dit de l’une d’entre elles. Selon ses deux natures, le Christ agit, soit en tant que Dieu, soit en tant qu’homme. (Jean 1.3 ; Galates 4.4; 1Jean 5.20 ; Philippiens 2.8, Livre I Chapitre 11.

Au jour du jugement dernier, Il apparaîtra comme homme et non comme Dieu. Le Père ne jugera pas; car il a donné au Fils tout jugement. (Jean 5.22).

Il lui a aussi donné d’avoir la vie en soi (Jean 5.26), c’est à dire la divinité et la génération éternelle. (Chapitre I, livre 13).

II. Egalité et unité de substance dans les trois personnes de la Trinité dans le Nouveau Testament.

Celui qui est envoyé (le Fils) n’est pas inférieur à celui qui l’envoie (le Père).

Lorsque des passages disent du Fils qu’il est inférieur au Père, cela se rapporte à son incarnation. Quant aux passages où il apparaît comme égal au Père, il faut les comprendre de sa nature divine.

L’Esprit Saint procède du Père et du Fils. Il glorifie le Fils que glorifie aussi le Père, sans être lui-même glorifié par le Père, ou par le Fils. Le Fils et le Saint Esprit qui lui, ne s’est pas incarné comme le Fils, sont envoyés par le Père.

Les théophanies de l’Ancien Testament

A partir du chapitre VII, Augustin entreprend une réflexion à propos des théophanies de l’A.T. Il la développera dans les chapitres XII à XVIII, à propos de plusieurs personnages bibliques, d’Adam à Moïse, puis Daniel.
La Trinité, immuable et invisible par nature, est présente en tout lieu. Les théophanies furent créées uniquement pour signifier l’opération du Saint-Esprit, et elles cessèrent ensuite d’exister. En effet, nul homme n’a contemplé de ses yeux l’essence divine. Par conséquent il n’a pu voir ni le Père, ni le Fils, ni l’Esprit Saint, si ce n’est par l’intermédiaire d’une créature sensible et corporelle. »

III. Action de Dieu et rôle des anges dans les théophanies de l’Ancien Testament

Dans la préface S. Augustin résume d’abord les livres précédents et rappelle sa dette envers ses devanciers. Il demande à ses lecteurs bienveillants, et surtout critiques libres et sincères …de noter dans leurs lectures les diverses solutions qu’on peut donner aux difficultés qu’ (il) propose….
Il pose la question des apparitions de Dieu aux hommes, en particulier celle de la différence entre l’envoi du Fils et du Saint Esprit avant et après l’incarnation.

Chapitres II, III et IV : action de Dieu sur le monde

Ces chapitres expliquent avec de nombreux exemples l’action de Dieu sur le monde selon que : toute transformation corporelle a pour premier principe la volonté de Dieu.

Les chapitres V et VI traitent du miracle.

Il est expliqué comme une intervention ponctuelle et souveraine, accélérant le cours normal des choses.

Chapitres VII et VIII : le pourquoi des miracles

Les chapitres VII et VIII expliquent le pourquoi des miracles : confirmer l’ennemi dans son erreur, faire triompher la vérité, exercer la vertu et éprouver la patience des justes. A Dieu seul le pouvoir de créer la vie et de la développer même s’il accorde parfois aux démons de se servir des créatures matérielles.

Chapitres IX et X : supériorité de la causalité divine

Les chapitres IX et X insistent sur la supériorité de la causalité divine. Le pouvoir de créer et de régir une créature quelconque, comme cause première et efficace de toute existence n’appartient qu’à Dieu.
Ces chapitres précisent que l’action des anges fait partie des causes secondes.

Chapitre X : les signes sacrés

Le chapitre X parle des différents signes sacrés et de l’eucharistie, symboles de Jésus-Christ.
Il se termine par l’affirmation que
ni Dieu le Père, ni son Verbe, ni l’Esprit Saint, qui sont un seul et même Dieu, ne sont en eux-mêmes, et en leur substance sujets à un changement quelconque, et surtout qu’ils ne peuvent être vus par l’homme en leur essence divine.
Ainsi, les apparitions divines sont produites par le ministère des anges .

Livre IV : mission et incarnation de Dieu le Fils

S. Augustin explique les raisons spirituelles de l’incarnation. Par le péché l’homme s’est éloigné de Dieu mais il n’a pas rompu toute relation, gardant toujours la nostalgie du ciel.
Si nous n’étions tombés du ciel, nous n’y chercherions pas le souverain bonheur.
Mais le sang du juste et l’humiliation d’un Dieu pouvaient seuls purifier l’homme pécheur et orgueilleux. C’est pourquoi le Verbe s’est fait homme comme nous, à l’exception du péché, afin de nous mériter la vision intuitive de Dieu dont notre nature nous distingue.

Chapitre III : utilité de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ

Nous avons été rachetés de la double mort corporelle et spirituelle et nous avons reçu le modèle et la certitude de notre double résurrection

Chapitres VII à X : rôle du médiateur et unité

Les chapitres VII à IX éclairent le rôle du médiateur dans la rédemption ainsi que l’unité que Jésus-Christ demande pour nous à son Père
Le Père et le Fils sont un par égalité de nature et conformité de volonté. (De même) les Chrétiens qui reconnaissent pour leur médiateur auprès de Dieu le Père, Jésus-Christ, Fils de Dieu doivent être unis entre eux bien moins par les liens de la chair et du sang que par les rapports de la charité.

Chapitres X à XII : prodiges trompeurs, principes de mort et de vie

Les chapitres X à XII parlent des prodiges trompeurs et du principe de mort selon le diable et du principe de vie selon Dieu.

Chapitres XII et XIV : victoire du Christ

La victoire du Christ par sa mort volontaire est expliquée et développée aux chapitres XIII et XIV.
Augustin stigmatise la présomption et l’aveuglement de ceux qui s’imaginent capables par eux mêmes de voir Dieu. Il dénonce l’étroitesse de philosophes qui se moquent de la résurrection.
Mais, en prenant l’infirmité de notre chair mortelle, Jésus-Christ) n’a point dépouillé son éternité.
La nature humaine a pris en Jésus-Christ possession de l’éternité. C’est pourquoi notre corps lui-même participera à cette éternité, lorsque notre foi sera transformée en la plénitude de la vérité

Chapitres XIX et XX : missions et révélations du Fils et du Saint-Esprit

Les missions et révélations du Fils et du Saint Esprit sont développées dans les chapitres XIX et XX :
Le terme de mission ou d’envoi doit s’entendre du corps humain qu’a pris le Verbe, et de la créature sous laquelle l’Esprit Saint s’est montré.
le Père est le principe des deux autres personnes, et il ne désigne dans la Trinité aucune inégalité de nature, ni aucune différence de perfection.

Bien que le Verbe ait été envoyé par le Père, et qu’il lui soit inférieur comme homme, il demeure toujours, selon sa nature divine, égal, coéternel et consubstantiel à son Père. C’est la même chose pour le Saint-Esprit, qui est Dieu comme le Père et le Fils.

A suivre

C.Streng