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Tous à Jérusalem pour la Pentecôte ! Des événements inoubliables

Tous à Jérusalem pour la Pentecôte, dans les années 30

Le premier jour de la semaine à Jérusalem dans les années 30 de notre ère. Un jour solennel du mois de mai, la Pentecôte, la fête de semaines ou la fête des récoltes. On offre à Dieu, en reconnaissance, les premiers grains de la moisson des céréales.

Rappel de l’alliance avec Dieu

Selon la tradition juive, on rappelle aussi la révélation de Dieu à Moïse au Mont Sinaï, avec la mise en place de l’alliance entre Dieu et Israël et le don de la Loi.

50 jours depuis la fête solennelle précédente, celle de la Pâque.

Une Pâque déroutante

Cette année là, La Pâque, a été particulièrement déroutante.

Un certain Jésus mis à mort sur la croix

Le vendredi, un certain Jésus, charpentier, de Nazareth en Galilée, a été condamné par le Conseil juif. Il avait dit qu’il était le fils de Dieu venant en gloire sur les nuées du ciel. Les Romains l’ont crucifié, sous prétexte de révolte politique.

Mais revenu à la vie

Mais le plus étonnant, c’est la suite. Ce Jésus, a-t-on dit, est revenu à la vie, il est sorti du tombeau. Il a rencontré plusieurs fois ses disciples pour les encourager.

Reparti au ciel

Il y a une dizaine de jours, devant ses amis, il s’est élevé vers le ciel dans un nuage.

Des centaines de témoins

Pas vraisemblable direz-vous. Mais un bon nombre de gens l’ont rencontré plusieurs fois, après sa résurrection. Pas seulement les apôtres, mais au moins 500 autres personnes en ville. (1 Corinthiens 15.6). Il a même offert un énorme pique nique à ses amis au bord du Lac de Tibériade.

Faux messies, fausses promesses

Encore une remarque. Il y a bien eu quelques faux Messies à l’époque, ils ont fait des promesses ahurissantes et des gens crédules les ont suivis. Après leur arrestation et leur mort, plus rien, pas de miracles, plus de suiveurs.

Disciples de Jésus ressuscité

Ce Jésus, ses disciples le déclarent vivant, ressuscité des morts. Une centaine d’entre eux, hommes femmes se rassemblent pour parler de lui dans une petite maison pas trop loin du Temple.

En foule vers le Temple pour la fête

Eh bien, aujourd’hui justement, dans les rues, les ruelles, les gens se pressent. Ils vont se rassembler dans les cours autour du Temple pour la fête de la Pentecôte.
Pas seulement les Juifs  d’Israël, mais aussi ceux qui viennent de tous les pays autour de la Méditerranée et plus loin.

Imaginons deux personnages dans cette foule

Le texte des Actes fait connaître les attitudes et les réactions provoquées par les  événements de la journée. Mais aucun détail ne permet  de connaître l’une ou l’autre des personnes présentes. Pour rendre le récit vivant et actuel, mêlons deux personnages fictifs mais vraisemblables à la réalité du texte biblique

Josaphat et Lucius

Parmi eux, un juif déjà âgé, Josaphat, ancien rabbin de la communauté juive de Cyrène en Libye. Avec lui son petit fils Lucius, un adolescent de 14 ans qu’il éduque dans la foi juive depuis la mort de ses parents. Ils sont descendants des juifs exilés en Egypte avec Jérémie après la destruction du Temple en 586 avant J.-C.. Ils n’ont pas suivi la majorité de leurs compatriotes en Babylonie. Ils se sont installés sur la côte libyenne.

Les voici tout près du Temple

Un drôle de bruit

Lucius lève les yeux au ciel. Un bruit de vent, de tempête, pire que celui d’une tornade du désert en Libye. (Actes 2.2)

Coucher de soleil

Des langues de flammes

Et tout à coup une centaine de personnes, hommes et femmes arrivent ensemble en courant. Sur chacune de leur tête, « des sortes de langues comme des petites flammes » (Actes 2.3).

Dialogue imaginaire mais vraisemblable

– Grand-père, qu’est ce que cela veut dire ?

– Approchons-nous pour voir de quoi il retourne

Ecoute, Lucius, comme c’est étonnant. Ces gens sont des Galiléens, du Nord du pays. Ils ont l’air de paysans ou de pêcheurs, pas très instruits, dit-on. Ils sont en train de rendre gloire à Dieu dans toutes sortes de langues étrangères pour eux.

– Oui, je comprends ce qu’ils disent. C’est du grec, comme chez nous, à Cyrène. A la synagogue, les rabbins lisent les livres sacrés hébreux traduits un jour en grec par les 70 savants.

Mais quelle langue parle-t-on habituellement ici à Jérusalem ?

– L’araméen, puisque c’est la langue courante en Israël depuis le retour de l’exil

– Bien sûr, toi tu connais l’araméen et aussi l’hébreu de la synagogue.

– et aussi le latin, le punique de Carthage et le libyque de Cyrène…

Attention aux réactions des gens

Fais attention. Regarde comme les gens réagissent autour de nous. Chacun les comprend dans sa langue. Oui, les disciples de Jésus louent Dieu en araméen et en grec… mais aussi en latin, en punique, en libyque. Ils le glorifient aussi dans toutes les langues des pays où notre peuple juif a été dispersé, tout autour la Méditerranée.

Feu et vent, est-ce un miracle ?

– Grand-Père, ce vent violent, ces langues en forme de flammes, est ce que c’est un miracle de Dieu ?

Oui, une manifestation de Dieu

– Oui, Lucius, cette scène me fait penser aux théophanies, aux apparitions de Dieu aux hommes. Quand Dieu se manifeste, il y a toujours du feu et du vent. Cela représente la gloire et le jugement. Rappelle-toi le prophète Esaïe.

Car l’Éternel interviendra en faveur de ses serviteurs, mais il s’irritera contre ses ennemis. Car l’Éternel va venir dans le feu et ses chars surviendront comme un vent d’ouragan pour verser sa colère avec fureur et pour accomplir ses menaces comme des flammes. (Esaïe 66.14b-15)

L’alliance promettant à Abraham une descendance et un pays s’est conclue dans un tourbillon de fumée et une torche de feu (Genèse 15.17)… l’apparition à Moïse, futur chef du peuple dans un buisson du désert qui brûlait sans s’éteindre (Exode 3.2). La Loi a été donnée au peuple d’Israël sur le mont Sinaï en feu (Exode 19.18).

Et voici comment notre savant Philon d’Alexandrie a décrit la révélation de Dieu au Sinaï  «du milieu du feu qui ruisselait du ciel» comme une «voix». Cette voix était comme une «flamme» qui est devenue un dialecte.

Pourquoi aujourd’hui ?

– Oui, c’est exactement ce qui se passe en ce moment devant nous. Mais pourquoi justement aujourd’hui, avec tout ce monde venu de tous les pays ?

Juifs et païens de tous les pays venus adorer Dieu

– C’est encore Esaïe qu’il faut consulter. Ecoute bien, Lucius

Voici, je vais venir, rassembler toutes les nations et des gens de toutes langues. Ils viendront et verront ma gloire. (Esaïe 66.18)

Parmi les gens venus ici pour adorer Dieu, il y a des Juifs nés en Israël et aussi des Juifs nés, comme nous, dans les pays de la diaspora. Et aussi des païens « craignant Dieu » comme ceux qui se sont joints à notre synagogue à Cyrène.

Et même, parmi eux, j’en prendrai certains pour être des prêtres ou des lévites, dit l’Éternel. Esaïe 66.21

Dieu permettra à des non juifs, à des païens qui se tournent vers lui, de le glorifier, de l’aimer et aussi de le servir.

Discussions et réactions

Tiens, maintenant, ça devient un peu plus calme. Les gens commencent à discuter entre eux, à se poser des questions 

« Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? » Actes 2.12

– Tu as vu, quelques personnes là bas se tordent de rire en s’écriant « Ils ont bu un coup de trop » Actes 2.13

– Ne te préoccupe pas de ça. Ce sont des mécréants et des ignares. Un juif normal sait se conduire, surtout un jour de grande fête. On en est à la 6e heure, 9 h du matin et le jeûne s’arrête seulement à 10 h.

Pierre devant la foule

icone de l’apôtre Pierre au British Museum

Regarde plutôt le grand barbu, là-bas. Il s’appelle Pierre. C’est le chef du groupe de Jésus. Il va parler à la foule.

– Comment le connais-tu ?

– Pas directement. C’est Simon de Cyrene, mon cousin, qui m’a parlé de ce Pierre.
Sais-tu que les Romains ont forcé mon cousin Simon à porter la croix de Jésus pour monter au Golgotha avant la crucifixion. Le pauvre, ça lui a fait un coup. Il n’en a pas dormi pendant des nuits. Il s’est rapproché du groupe des amis de Jésus, mais il n’ose pas encore s’engager ouvertement pour lui. Il a peur…

– Et Pierre ?

– Lui, sur cette place, c’est déjà un miracle en soi.

Quand Jésus a été arrêté, Pierre a menti trois fois. Il a dit à une servante qu’il ne le connaissait pas.

Et aujourd’hui, il va témoigner en sa faveur devant tous ces gens réunis. cette transformation peut seulement venir de Dieu.
Ecoutons-le attentivement

« Mais maintenant se réalise ce qu’avait annoncé le prophète Joël :

Voici ce qui arrivera, dit Dieu, dans les jours de la fin des temps, je répandrai de mon Esprit sur toute personne. Vos fils, vos filles prophétiseront, vos jeunes gens, par des visions, vos vieillards, par des songes, recevront des révélations. Oui, sur mes serviteurs, comme sur mes servantes, en ces jours-là, je répandrai de mon Esprit : ils prophétiseront.

Je ferai des miracles et là-haut, dans le ciel, et ici-bas sur terre, des signes prodigieux : sang, feu, colonne de fumée. Et le soleil s’obscurcira, la lune deviendra de sang, avant la venue du jour du Seigneur, ce jour grand et glorieux.

Alors seront sauvés tous ceux qui feront appel au Seigneur. Actes 2.17-21

Prophétie de Joël actualisée

Tu as entendu, ce Pierre connaît le prophète Joël par cœur. Rappelle –toi :

A l’époque de Joël, une invasion de criquets a provoqué un grave famine. Le prophète a appelé le peuple à la repentance. Il a annoncé prophétiquement la venue du jour du Seigneur, où l’Esprit-Saint sera répandu sur tout Israël.

Une petite différence

Tu as bien écouté ? Maintenant, moi, je vais te redire exactement la prophétie de Joël. Fais attention à une petite différence au début

 

Après cela, je répandrai mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des songes, et vos jeunes gens des visions.

Même sur les serviteurs et sur les servantes, dans ces jours-là, je répandrai mon Esprit.

Je ferai paraître des prodiges dans les cieux et sur la terre, du sang, du feu, et des colonnes de fumée ; le soleil se changera en ténèbres, et la lune en sang, avant l’arrivée du jour de l’Eternel, de ce jour grand et terrible. Alors quiconque invoquera le nom de l’Eternel sera sauvé. (Joel 2.28-32a ou 3.1-5a selon les versions)

Alors, tu peux me dire ce qui était différent ?

– C’est presque pareil. Pierre a seulement un peu changé le texte de Joël. Au lieu de « après cela » Pierre dit « dans les jours de la fin des temps ». C’est plus précis

 Un souvenir d’Esaïe

– Le changement vient d’un souvenir d’Esaïe 2.2

Il arrivera, à la fin des temps, que la montagne de la Maison de l’Éternel
sera fondée sur le sommet des montagnes, qu’elle s’élèvera par-dessus les collines,
et que toutes les nations y afflueront.

Toutes les nations dans le projet de paix de Dieu

Pierre reprend Esaïe pour affirmer la gloire et la puissance de Dieu. L’Eternel attirera à lui toutes les nations du monde. Elles se soumettront à sa domination. Tous, juifs et non juifs, pourront participer à son projet de paix.

Prophétie réalisée

Pour Pierre la prophétie de Joël se réalise aujourd’hui. C’est tout ce que tu as vu et entendu en ce jour de Pentecôte. Les langues de feu, les diverses langues parlées, c’est la réalisation de l’annonce de Joël. Dieu vient de répandre son Saint-Esprit sur tous. Hommes et femmes, jeunes et vieux, serviteurs et servantes sont en train de prophétiser…

La condition, pour Pierre comme pour Joël : invoquer le nom de l’Eternel pour être sauvé

Pourquoi prophétiser ?

– Pourquoi cette promesse de Joël et aujourd’hui de Pierre que tous pourraient recevoir l’Esprit Saint ? Pourquoi prophétiser ? A quoi cela sert-il ?

Dieu avec Moïse au Sinaï

– Revenons à Moïse, au pied du Mont Sinaï. Je vais te rappeler ce qui s’est passé et tu vas essayer de comprendre.

Le peuple d’Israël n’arrête pas de se plaindre. Moïse demande à Dieu de l’aider à le diriger.

Je ne suis pas capable, dit-il, de porter, à moi seul, la responsabilité de tout ce peuple. C’est trop lourd pour moi ! Nombres 11.14

Dieu lui dit alors de réunir 70 hommes à la tente de la rencontre :

Je prendrai de l’Esprit qui est sur toi et je le leur donnerai, pour qu’ils portent avec toi la charge de ce peuple, de sorte que tu n’auras plus à la porter seul

Une fois les anciens réunis,

L’Éternel descendit dans la nuée et parla à Moïse ; il prit de l’Esprit qui reposait sur lui et le donna à ces 70 responsables. Quand l’Esprit se fut posé sur eux, ils se mirent à parler sous son inspiration, comme des prophètes – c’est l’unique fois que cela leur arriva.

Mais deux anciens, à un autre endroit, continuent à prophétiser. Josué demande à Moïse de les faire arrêter mais Moïse refuse :

Que l’Éternel, au contraire, accorde son Esprit à tous les membres de son peuple pour qu’ils deviennent tous des prophètes !

– As-tu compris ?

– A peu près. Dieu a aussi donné l’Esprit Saint aux 70 anciens pour qu’ils puissent aider Moïse à conduire le peuple.

La prophétie : direction de Dieu par le Saint Esprit

– Oui, parce que la prophétie, c’est la direction que Dieu donne par le Saint Esprit. Quand on prophétise, on annonce par l’Esprit ce que Dieu veut qu’on sache.

Tout cela t’étonne, Lucius ? Mais ce n’est pas si surprenant. Et si aujourd’hui c’était la répétition de ce qui s’était passé avec Moïse et que Joël a complété ?

Les langues de feu, les hommes et les femmes remplis du Saint-Esprit, le parler en d’autres langues, la prophétie, c’est comme avec Moïse et les 70 anciens.

La Tora nous dit : quand l’esprit reposa sur eux ils prophétisèrent (Nombres 11.25)

Autrefois réservée à quelques uns, aujourd’hui offerte à tous

Mais tu peux voir la différence. Autrefois le Saint-Esprit était seulement accordé aux dirigeants, aux prêtres et aux rois d’Israël pour un service particulier.

Aujourd’hui, comme le souhaitait Moïse, le Saint-Esprit est offert à tous. A tous ceux et celles qui se tournent vers Dieu pour l’aimer et le servir, et cela dans tous les peuples et dans tous les pays.

Annonce du jugement

– Je ne comprends pas bien pourquoi Pierre parle aussi de sang, de feu, et de fumée ; du soleil changé en ténèbres, de l’arrivée du jour de l’Eternel, comme d’un jour grand et terrible.

– Oui, Lucius, à la fin des temps il y aura un jour de jugement pour ceux qui auront refusé ou négligé de se tourner vers Dieu. On m’a aussi dit qu’au moment de la crucifixion de Jésus, brusquement on n’y voyait plus rien pendant plusieurs heures…

Et aussi annonce du salut

-Mais n’oublie surtout pas le plus important

Alors seront sauvés tous ceux qui feront appel au Seigneur (Actes 2.21

Pierre a beaucoup parlé de l’Esprit Saint. C’est juste et je te l’ai rappelé : l’Esprit a toujours agi puissamment dans l’histoire de notre peuple.

Relation entre l’Esprit Saint, Jésus et Dieu

Maintenant, écoutons la suite. Comment Pierre va-t-il continuer ? Comment mettra-t-il en relation l’Esprit Saint, Dieu le Créateur et ce Jésus qui est dit Fils de Dieu, c’est à dire égal à Dieu, de la même nature que lui ?

Le souci de Pierre, c’est que ses auditeurs identifient Jésus-Christ comme Seigneur. Il compte sur l’Esprit Saint pour qu’ils se tournent vers lui

Jésus, manifestation de Dieu

– Oui, mais si ce Jésus est Seigneur, il est égal à Dieu. Comment le prouver ? Pour nous, Juifs, il n’y a qu’un seul Dieu, le Seigneur Dieu d’Abraham, Isaac et Jacob. Comment expliquer alors que Dieu s’est manifesté en tant qu’homme, en Jésus de Nazareth.

Une prophétie de David

– Tiens, écoute bien. Pierre est en train de citer des paroles du roi David

David dit de lui :
Je voyais constamment le Seigneur
devant moi,
Parce qu’il est à ma droite, afin que je ne sois point ébranlé.
Aussi mon cœur est dans la joie,
et ma langue dans l’allégresse ;
même ma chair reposera avec espérance,
Car tu n’abandonneras pas mon âme
dans le séjour des morts,
Et tu ne permettras pas que ton Saint voie la corruption.
Tu m’as fait connaître les sentiers de la vie,
Tu me rempliras de joie par ta présence. Actes 2.25-28

 à propos de quelqu’un qui a survécu à la mort – Psaume 16

C’est mot pour mot le Psaume 16. Il concerne quelqu’un qui a survécu à la mort

Car tu n’abandonneras pas mon âme dans le séjour des morts,
Et tu ne permettras pas que ton Saint voie la corruption. Psaume 16.10

Comme David est mort, ses paroles s’appliquent forcément à une autre personne que lui, une personne toujours restée vivante.

Un descendant de David

Il faut aussi que cette personne soit un descendant de David.

Comme Pierre vient de le rappeler

David était prophète, et il savait que Dieu lui avait promis avec serment de faire asseoir un de ses descendants sur son trône (Actes 2.30)

Et il proclame aussi devant tous la résurrection du Christ

La promesse de Dieu à David

– Oui, grand-père, la promesse à David, c‘est dans le 2e livre du prophète Samuel

J‘établirai après toi l’un de tes propres descendants pour te succéder comme roi, et j’affermirai son autorité royale. C’est lui qui construira un temple en mon honneur et je maintiendrai à toujours son trône royal  2 Samuel 7.12-13

Le premier descendant de David, c’est Salomon. Il a construit le Temple, mais plus tard, il n’y a plus eu de rois fidèles à Dieu en Israël…

Alors, un roi éternel sur un trône royal qui dure toujours, ça fait penser à un Seigneur qui serait égal à Dieu.

– Tiens, justement, Pierre vient de citer le début d’un autre Psaume de David

 Un Seigneur à la droite de Dieu – Psaume 110

Déclaration de l’Éternel. Il dit à mon Seigneur : « Viens siéger à ma droite jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis comme un escabeau sous tes pieds…Psaume 110.1

Dieu l‘Eternel parle à une autre personne qu’il nomme Seigneur. Il l’appelle à venir s’asseoir à sa droite.

Jésus-Christ à la droite de Dieu ?

Qui à part Jésus Christ, qui est en même temps homme et Dieu serait digne de s’installer à la droite de Dieu ?

Il a été crucifié !

– Ce serait super, mais il y a un énorme obstacle : Jésus a été crucifié et dans notre Loi, un pendu est un objet de malédiction divine (Dt 21.23). Quelqu’un de maudit ne peut être le Messie. Quel dommage !

– C’est loin d’être perdu. Je vais te répéter ce que Pierre a dit au début. Il a réglé ta question de façon magistrale.

Dieu l’a ressuscité

Hommes Israélites, écoutez ces paroles ! Jésus de Nazareth, cet homme à qui Dieu a rendu témoignage devant vous par les miracles, les prodiges et les signes qu’il a opérés par lui au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes ; cet homme, livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous l’avez crucifié, vous l’avez fait mourir par la main des impies. Dieu l’a ressuscité, en le délivrant des liens de la mort, parce qu’il n’était pas possible qu’il soit retenu par elle. Actes 2.22-24

D’abord Dieu a approuvé Jésus par les miracles et les signes qu’il a opérés par lui au vu et au su de tout le monde.

Remarque bien, Pierre insiste : ce sont des miracles qui ont bénéficié à des personnes réelles, peut-être présentes près de nous.

Condamnation pas valable

Ensuite Pierre enfonce le clou : Votre accusation est mensongère. Vous avez livré un innocent à des impies pour le faire mourir. Donc sa condamnation à mort n’est pas valable devant Dieu. Pour lui elle est nulle. Et la malédiction ne tient pas non plus.

La preuve

Dieu l’a ressuscité, en le délivrant des liens de la mort, parce qu’il n’était pas possible qu’il soit retenu par elle  Actes 2. 24

Jésus est donc bien le roi éternel annoncé qui a vaincu la mort.

Dieu a ressuscité des morts ce Jésus dont je parle : nous en sommes tous témoins. Ensuite, il a été élevé pour siéger à la droite de Dieu. Et maintenant, comme Dieu l’a promis, il a reçu du Père l’Esprit Saint et il l’a répandu sur nous. C’est là ce que vous voyez et entendez. Actes 2.32-33

.. Dieu a fait Seigneur et Messie ce Jésus que vous avez crucifié. Actes 2.36

Démonstration guidée par l’Esprit Saint

Alors là, je suis stupéfait. C’est du raisonnement de haute volée, pour un artisan pêcheur qu’on croit sans instruction. Toute cette démonstration n’est possible qu’après les trois années passées avec Jésus et surtout grâce à l’intervention de l’Esprit Saint.

Mise en relation convaincante entre Dieu, Jésus et l’Esprit Saint.

Pierre a démontré que Jésus est Seigneur, l’égal de Dieu. Il est Messie, l’Oint, envoyé de Dieu. Il est  venu pour mourir pour les péchés des hommes. Dieu l’a ressuscité par l’Esprit Saint afin que les hommes soient rendus justes devant Dieu.

Fin inventée mais possible à vivre

– Regarde, quelques personnes s’en vont en secouant la tête. Mais il y en a aussi beaucoup qui se dirigent vers Pierre.

– Allons y, nous aussi, pour en savoir encore un peu plus…

Lucius et son grand-père se sont tous deux convertis à Jésus-Christ, en toute connaissance de cause. Ils ont suivi attentivement les indications de Pierre. Ils se sont repentis, ils ont été baptisés au nom de Jésus-Christ à cause du pardon du péché et ils ont reçu le don du Saint-Esprit.

Le jeune homme a fait un apprentissage de tailleur dans un famille chrétienne de Béthanie, chez Lazare, que Jésus avait ressuscité et chez ses sœurs. Et en même temps il a suivi une formation théologique auprès du rabbin Gamaliel, celui qui a aussi été le maître de l’apôtre Paul.
Comme le lui a expliqué son grand père, quand on est solidement ancré dans la foi chrétienne, on n’a pas peur d’être confronté avec des opinions différentes, surtout que les enseignements de livres sacrés du judaïsme sont à l’arrière plan de la foi chrétienne.

Quelques années tard, après la mort du vieux Josaphat, Lucius a quitté Jérusalem.

Le vrai Lucius retrouvé !

On retrouve le nom d’un Lucius de Cyrène cité au début d’Actes 13 parmi les responsables de l’Eglise d’Antioche :

Il y avait alors, dans l’Église d’Antioche, des prophètes et des enseignants : Barnabas, Siméon surnommé le Noir, Lucius, originaire de Cyrène, Manaën, qui avait été élevé avec Hérode le gouverneur, et Saul qui s’appellera Paul.

C.Streng

Du Dieu unique à la Trinité des personnes

Le Dieu unique et les accidents de parcours du monothéisme dans l’Ancien Testament

Dans le premiers temps de l’Eglise chrétienne, toute personne qui se convertissait  à Jésus-Christ devait se conformer au principe de base du monothéisme, c’est à dire la foi en un Dieu unique. Le polythéisme, lui, croit en une multiplicité de dieux.

Pour le Juif, le monothéisme est le principe fondateur de la révélation de l’Ancien Testament. Mais en réalité, la pratique n’avait pas toujours suivi. On se conformait à à la Loi de Moïse qui garantissait le monothéisme,  mais en cachette on pratiquait l’idolâtrie . Certains rois et une grande partie de la population rendaient un culte à diverses divinités, malgré les sévères avertissements des prophètes.

Dans les dernières décennies des deux royaumes, d’abord Israël au Nord, ensuite Juda au Sud, des rois s’étaient  livrés à l’idolâtrie, par calcul politique. Il s’agissait de plaire ou surtout de ne pas déplaire aux puissants rois assyriens ou babyloniens qui les dominaient politiquement et les influençaient religieusement.  Cette idolâtrie avait été dénoncée à de nombreuses reprises par les prophètes, en particulier par Jérémie.

Les prophètes espéraient le retour à une adoration sincère et authentique du Dieu véritable. Mais le point de non retour dans la désobéissance idolâtre avait été atteint. Elle avait provoqué la destruction du Temple de Jérusalem et l’exil de la population vers Babylone en 586. Après les 70 ans d’exil, le monothéisme avait fini par s’ancrer dans la pratique.

A l’époque de Jésus-Christ, le monothéisme de l’Ancien-Testament était bien établi et revendiqué face à toute autre manière de percevoir le divin

Les divinités multiples des traditions païennes

Pour le païen, attiré par le christianisme, il s’agissait d’accepter et d’intérioriser une notion opposée à sa conception traditionnelle du divin. Pour les couches populaires, le monde était peuplé d’une multitude de divinités, comme Zeus, Apollon, Minerve etc.  Celles-ci reflétaient simplement les habitudes et les défauts des humains. Elles les multipliaient et  les exacerbaient au gré de leur puissance et souvent de leur malfaisance.

Les intellectuels, eux,  étaient partagés entre deux visions du monde.  Le dualisme platonicien présentait un monde spirituel réel et bon opposé à un monde matériel irréel et mauvais, qui aurait été créé par une divinité inférieure.   Pour le panthéisme stoïcien, il y avait un Dieu qui englobait tout l’univers. Donc plus de distance entre Dieu et l’homme qui possède une étincelle du divin.

Une équation difficile à résoudre :

  • Pour le Juif qui pratique un monothéisme exclusif,
  • Pour le païen qui prend des apôtres du Christ pour des divinités païennes, comme cela s’est passé à Lystre.

À Lystre se trouvait un homme paralysé des pieds : infirme de naissance, il n’avait jamais pu marcher.
Il écoutait les paroles de Paul. L’apôtre fixa les yeux sur lui et, voyant qu’il avait la foi pour être  sauvé, il lui commanda d’une voix forte :– Lève-toi et tiens-toi droit sur tes pieds ! D’un bond, il fut debout et se mit à marcher. Quand ils virent ce que Paul avait fait, les nombreux assistants crièrent dans leur langue, le lycaonien : – Les dieux ont pris forme humaine et ils sont descendus parmi nous.
Ils appelaient Barnabas Zeus, et Paul Hermès parce qu’il était le porte-parole.

(Actes 14.8-11)

Alors se pose une équation insoluble au premier abord :

Jésus-Christ = à la fois homme et Dieu ?

« Jésus est le Messie, le Seigneur ». Jésus, un Juif de Nazareth, un homme semblable aux autres, vivant dans une famille connue d’une petite ville, serait l’envoyé choisi par Dieu de toute éternité. Il serait « le Fils de l’Homme assis à la droite de la puissance de Dieu et venant sur les nuées du ciel » (Matthieu 26.64). Jésus serait Seigneur au même titre que Dieu. Jésus serait Dieu !

Le Saint-Esprit = Dieu ?

En même temps, le salut promis par Dieu, réalisé par Jésus Christ, s’inscrirait dans la vie du chrétien grâce à un troisième acteur, le Saint-Esprit, de même nature divine que les deux autres. Mais alors, qu’est ce qui permet de dire que Jésus-Christ, cet homme, appelé Dieu ou Seigneur, soit d’une nature totalement différente des divinités païennes ?

Monothéisme trinitaire et pluralité des personnes

Un double défi pour le juif et le païen

  • Faire comprendre au Juif que le monothéisme trinitaire est compatible avec une certaine notion de pluralité sans tomber dans le polythéisme
  • Montrer au païen, enclin à accepter une multiplicité de divinités, quelle est la spécificité de la Trinité biblique aussi bien dans son principe que dans ses personnes.

Une oeuvre de salut commune à trois personnes, mais conçue par un seul Dieu

Si l’oeuvre de salut opérée conjointement par les trois personnes peut être un indice fort de leur divinité commune, comment reconnaître que cette unité a son origine en un seul Dieu ?

Comment concilier alors cette pluralité de personnes et par conséquent d’actions avec un monothéisme de principe ?

Spécificité du monothéisme

– dans  l’Ancien-Testament

Il est nécessaire pour cela de retourner d’abord au monothéisme fondateur dans l’Ancien Testament.

« Ecoute Israël, l’Eternel, notre Dieu est l’unique Eternel » (Deutéronome 6.4), est repris par « c’est l’Eternel qui est Dieu. Il n’y en a pas d’autre» (Deutéronome 4.35 et 39) et par Ésaïe 46.9 « Car je suis Dieu, et il n’y en a point d’autre. Je suis Dieu, et nul n’est semblable à moi ».

Ces textes insistent sur le caractère unique et spécifique de Dieu face à la tentation du multiple.

Spécificité parce qu’il n’existe qu’un seul vrai Dieu, l’Eternel. Il a révélé son nom à Moïse. « Je suis celui qui suis ».

Il est le seul qui possède tous les attributs de la divinité. Ce n’est pas un dieu parmi les autres, le plus important peut-être, mais c’est « JE SUIS ». Et il revendique d’être le seul qui existe, à l’exclusion des autres.

– dans le Nouveau Testament

Ce principe est confirmé dans le Nouveau Testament.

Au scribe juif qui l’interroge à propos du plus grand des commandements, Jésus reprend la proclamation monothéiste de Deutéronome 6.4

« Ecoute Israël, l’Eternel, notre Dieu est l’unique Eternel ».

A trois reprises, en contexte païen, Paul affirme lui aussi « qu’il n’y a qu’un seul Dieu ».

  • face à la multiplicité des idoles de Corinthe :

Nous savons qu’il n’y a point d’idole dans le monde, et qu’il n’y a qu’un seul Dieu. (1 Corinthiens 8.4)

  • quand il exhorte les croyants d’Ephèse à l’unité :

Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous qui règne sur tous, qui agit par tous et qui est en tous. (Ephésiens 4.5-6)

  • quand il recommande à Timothée de prier pour tous les hommes :

Car il (Dieu) veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. En effet, il y a un seul Dieu, et de même aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, un homme : Jésus-Christ
(1 Timothée 2.4-5)

Monothéisme et pluralité interne à la divinité

Jésus Christ « seul Seigneur » associé à égalité avec Dieu le Père :

Pour nous il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous sommes.1 Corinthiens 8.6.

Médiateur entre Dieu et les hommes :

En effet, il y a un seul Dieu, et de même aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, un homme : Jésus-Christ.1 Timothée 2.5.

A la fois Dieu et homme

Jésus Christ est à la fois Dieu et homme. Cette affirmation fondamentale a dû prendre racine dans la foi du converti d’origine païenne. Ill lui faut désormais exclure toute allusion à des demi-dieux, mélanges hétéroclites entre hommes et dieux, c’est-à-dire entre êtres de nature différente.

La Trinité des personnes : unité possible entre personnes de même essence divine

Si l’unité dans la Trinité n’est possible qu’entre des personnes de même essence, et si l’une de ces personnes est Dieu, il s’ensuit nécessairement que les autres personnes possèdent à égalité cette même essence divine.

Le défi posé au Grec concerne aussi le Juif

Comment concilier le monothéisme avec une pluralité interne à la divinité ? Peut-on en trouver des indices dans les textes de l’Ancien Testament ?

Les pluriels de Genèse vont dans ce sens

Et Dieu dit :– Faisons l’homme (l’être humain) à notre image, selon notre ressemblance. Genèse 1.26

Puis il dit :– Voici que l’homme est devenu comme l’un de nous pour le choix entre le bien et le mal. Genèse 3.22

Eh bien, descendons et brouillons leur langage pour qu’ils ne se comprennent plus entre eux ! Genèse11.7

Ces pluriels indiquent une certaine délibération en Dieu.

Mais comme Dieu est parfaitement un, cet échange dans la réflexion divine n’est possible que si son unité inclut aussi une pluralité. Et dans un être absolu, la seule pluralité possible est une pluralité de personnes.

Cette pluralité se retrouve dans les expressions doubles :

celle du Psaume 110.1 :

Parole de l’Eternel YHVH à mon Seigneur ADONAÏ: Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied.YHVH, Eternel, le nom propre de Dieu répond à ADONAÏ, Seigneur, la manière courante de désigner Dieu;

celle plus précise encore du Psaume 45.7

Tu aimes la justice, et tu hais la méchanceté : C’est pourquoi, ô Dieu ELOHIM, ton Dieu ELOHEIKHA t’a oint D’une huile de joie, par privilège sur tes collègues.

Dieu ELOHIM répond exactement à Dieu, ton Dieu,  ELOHEIKHA.

De même au  Psaume 33.6

Les cieux ont été faits par la parole de l’Eternel, DEVAR ADONAÏ  Et toute leur armée par le souffle de sa bouche BERUKH PIO

La  parole de Dieu  (DEVAR ADONAÏ) est associée à  souffle, esprit de sa bouche (BERUKH PIO.

L’esprit (ou le souffle) de Dieu est actif dans la création et dans la Rédemption

Ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche: Elle ne retourne point à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli mes desseins. Esaïe 55.11.

Enfin, la Sagesse de Proverbes 8, préexistante à la création du monde, est collaboratrice de Dieu. Elle participe à l’œuvre de la création engendrée par Dieu.

Les indices, vont par deux, Parole avec Esprit, Sagesse avec Dieu.

De la pluralité à la Trinité dès l’Ancien Testament ?

Pourrait-on préciser plus encore et passer de la pluralité à la Trinité dès l’Ancien Testament ? Plusieurs érudits ont tenté de le faire au cours des siècles, en particulier Philon d’Alexandrie dans ses spéculations mathématiques sur le chiffre 3.

Les Pères de l’Eglise  voyaient la Trinité dans les trois visiteurs d’Abraham de Genèse 18 

L’Éternel lui apparut parmi les chênes de Mamré, comme il était assis à l’entrée de sa tente, pendant la chaleur du jour. Il leva les yeux, et regarda: et voici, trois hommes étaient debout près de lui. Quand il les vit, il courut au-devant d’eux, depuis l’entrée de sa tente, et se prosterna à terre. Et il dit: Seigneur, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe point, je te prie, loin de ton serviteur. (Genèse 18:1-3 ),

Le triple « Saint, Saint, Saint » d’EsaÏe 6.3

Un autre texte de l’Ancien-Testament peut aussi suggérer  la Trinité : le triple Saint, Saint, Saint, de la vision d’Ésaïe 6.3

Ils (les séraphins) criaient l’un à l’autre, et disaient: Saint, saint, saint est l’Éternel des armées !
Toute la terre est pleine de sa gloire

Cette louange appelée le Trisagion (du grec tris=3 fois , hagios=saint ) exprime cette triple réalité.

Les auteurs du Nouveau Testament ont lié le Trisagion aux trois personnes de la Trinité

  • au Père par l’expression « l’Eternel des armées »,
  • à Jésus Christ par « il vit sa gloire et parla de lui »

Esaïe dit ces choses, lorsqu’il vit sa gloire, et qu’il parla de lui. Jean 12.41)

  • au Saint-Esprit par l’allusion de Paul avertissant les Juifs de Rome qui contestaient son enseignement à propos de Jésus-Christ :

C’est avec raison que le Saint -Esprit, parlant à vos pères par le prophète Esaïe, a dit. Va vers ce peuple, et dis: Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point. Vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point.
Actes 28:25-26.

Selon Didyme l’Aveugle, un théologien du 3e s en Egypte, on peut voir en celui qui parle le Père, le Fils et le Saint-Esprit, d’après les textes bibliques eux-mêmes.

Indices d’un monothéisme trinitaire dans le Nouveau Testament

Sur quelles bases s’appuyer pour chercher des indices d’un monothéisme trinitaire dans les témoignages du Nouveau Testament ?  Dans l’Eglise primitive, l’expression « Trinité » n’apparaît pas jusqu’à Tertullien en 215. La notion elle-même est étrangère à la  vision du monde  juive et païenne de l’époque.

Difficulté d’une réflexion sortant d’une vision fermée du monde

Avant toute spéculation, il faut au moins une idée, même vague, même ténue qui serve de point de départ et d’appui à la réflexion. Et c’est encore plus difficile si la vision du monde est tellement fermée sur une notion déterminée qu’elle en exclut à priori toute autre.

Bref, comment faire entrer dans la tête d’un juif attaché au monothéisme strict, absolu, l’idée qu’il pourrait exister non trois divinités mais un seul être divin capable de penser et agir sans confusion en trois personnes distinctes. Les autres modes de pensée, le paganisme, la religion naturelle ou la philosophie, dépasseront sans doute, du moins pour certaines, le polythéisme élémentaire, les triades de divinités. Elles n’atteindront jamais une conception plus élevée que celle d’un Dieu unique.

Les miracles de Jésus à l’origine d’évaluations opposées

L’étonnement devant les miracles de Jésus, devant ses pouvoirs surnaturels a sans doute été le point de départ de ces évaluations. Mais elles aboutissent souvent à des appréciations diamétralement opposées selon la position adoptée.  Ainsi le même fait est rapporté dans les évangiles synoptiques, Jésus chasse un démon :

Comme ils s’en allaient, voici, on amena à Jésus un démoniaque muet. Le démon ayant été chassé, le muet parla. Et la foule étonnée disait: Jamais pareille chose ne s’est vue en Israël. Mais les pharisiens dirent: C’est par le prince des démons qu’il chasse les démons. Matthieu 9:32-34

Cela suscite deux réactions franchement opposées. La foule est étonnée, intriguée,
Jamais pareille chose ne s’est vue en Israël  Matthieu 9.33.

Elle est aussi pleine d’admiration devant son enseignement pendant la fête des Tabernacles,
Le Christ, quand il viendra, fera-t-il plus de miracles que n’en a fait celui -ci? Jean 7.31.

En revanche les autorités sont méprisantes et accusatrices. Elles veulent se débarrasser de l’évidence du miracle en prétendant que c’est par le prince des démons qu’il chasse les démons. Matthieu 9.34.

Au-delà de l’apparence, des suppositions construites par l’esprit humain, il faut que Dieu se révèle lui-même dans sa dimension trinitaire. C’est ce que Jésus, explique à Pierre qui l’avait déclaré Messie, Fils du Dieu vivant. Cette révélation que tu exprimes là n’est pas du domaine naturel (la chair et le sang) mais elle est d’origine divine, elle t’est donnée par mon Père qui est dans les cieux. Matthieu 16.16-17.

Jésus-Christ « Fils de Dieu, Messie »

« Fils de Dieu ». Les rois d’Israël avaient le droit de revendiquer ce titre de fils de Dieu« Messie » ou Oint. Les prêtres et les rois qui recevaient l’onction d’huile étaient de véritables oints. Il y en avait aussi pas mal de faux.Ces deux titres accordés à des personnes différentes, le roi et le prêtre, sont réunis en Jésus-Christ. Il  est à la fois roi, prêtre et aussi prophète.

Une revendication de l’égalité avec Dieu

Revendiquer l’égalité avec Dieu, comme le fait Jésus, c’est inconcevable pour un Juif. Non seulement Jésus l’a fait mais il en avait le droit, car il l’a démontré. Il a proclamé le pardon des péchés, prérogative appartenant à Dieu seul

Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés: Lève -toi, dit -il au paralytique, prends ton lit, et va dans ta maison. Matthieu 9:6.

Il a affirmé sa préexistence, « avant Abraham ». Jésus leur dit: En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, je suis. Jean 8:58. Il s’est déclaré source de l’eau vive, origine de toute vie véritable

Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus, se tenant debout, s’écria: Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Écriture. Jean 7.37-38.

Il est descendu du ciel, porteur des attributs de Dieu, en particulier de son autorité.

 Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel. Jean 3.13.

Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous; celui qui est de la terre est de la terre, et il parle comme étant de la terre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous, il rend témoignage de ce qu’il a vu et entendu, et personne ne reçoit son témoignage. Celui qui a reçu son témoignage a certifié que Dieu est vrai.

Car celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, parce que Dieu ne lui donne pas l’Esprit avec mesure. Le Père aime le Fils, et il a remis toutes choses entre ses mains. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle. Celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. Jean 3:31-36

Il s’est dit Fils de Dieu, dans une relation intime et profonde avec Celui qu’il appelle son Père. Il est seul à le connaître intimement et seul capable de le faire connaître

Toutes choses m’ont été données par mon Père, et personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père. Personne non plus ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. Matthieu 11.27.

Pendant son procès, lorsqu’il comparait devant le grand prêtre d’Israël, Jésus revendique son égalité avec Dieu, son origine divine,

Vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel. Matthieu 26.64.

Le grand prêtre d’Israël se trompe donc lourdement lorsqu’il crie au blasphème.

La révélation de l’Esprit Saint dans le Nouveau Testament

La révélation de l’ Esprit Saint dans le Nouveau Testament dépasse le  niveau de la simple déduction. Elle est plus difficile à comprendre que celle des deux autres personnes de la Trinité.  En effet,  le Saint-Esprit manifeste souvent un seul de ses attributs en même temps que les deux autres personnes de la Trinité agissent.

Une révélation indirecte et imagée pendant la vie de Jésus-Christ

Ce que les gens voient, dans un miracle par exemple, c’est la puissance de Dieu s’exerçant à travers les paroles ou les actions de Jésus-Christ. Mais le Saint-Esprit n’apparaît pas directement.
Au baptême du Christ, où les trois personnes apparaissent simultanément, l’Esprit n’est pas cité directement, en tant que personne. Il est cité  de manière imagée, « comme une colombe ».

Dès que Jésus eut été baptisé, il sortit de l’eau. Et voici, les cieux s’ouvrirent, et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici, une voix fit entendre des cieux ces paroles: Celui -ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection. Matthieu 3.16 et parallèles.

A la transfiguration l’Esprit Saint apparaît sous la forme d’une nuée

Comme il parlait encore, une nuée lumineuse les couvrit. Et voici, une voix fit entendre de la nuée ces paroles: Celui -ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection: écoutez -le ! Matthieu 17.5.

Une révélation directe après l’Ascension

Jésus explique à ses disciples que l’Esprit-Saint ne viendra de manière directe et manifeste qu’après son Ascension. Il va envoyer  l’Esprit venu du Père comme son remplaçant, pour les guider, les soutenir

Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous. Jean 14.16.Mais le consolateur, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. Jean 14,26.

Cet Esprit de Dieu le glorifiera, lui, Jésus le Fils, comme le Fils glorifie le Père

Il me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera. Jean 16.14

La déclaration du baptême chrétien, monothéiste et trinitaire

De là vient la formule donnée par Jésus lui-même pour le baptême chrétien, une déclaration à la fois monothéiste, « au nom de » au singulier, et trinitaire « du Père, du Fils et du Saint-Esprit »

Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Matthieu 28.19.

L’Esprit Saint compris comme une personne divine

C’est seulement après la Pentecôte, dans les Actes et les lettres des Apôtres que le Saint-Esprit sera peu à peu compris plus précisément comme une personne divine, connaissant les pensées de Dieu.

Nous prêchons la sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée, que Dieu, avant les siècles, avait prédestinée pour notre gloire, sagesse qu’aucun des chefs de ce siècle n’a connue, car, s ‘ils l’avaient connue, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire. Mais, comme il est écrit, ce sont des choses que l’oeil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues, et qui ne sont point montées au coeur de l’homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l ‘aiment. Dieu nous les a révélées par l’Esprit. Car l’Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu. Qui donc, parmi des hommes, connaît les choses de l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme qui est en lui ? De même, personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu.1 Corinthiens 2.7-11.

L’Esprit Saint  communique la vérité aux disciples :

Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Jean 16.13.

Il possède, de par son nom même « Saint-Esprit de Dieu »,  les attributs de la sainteté divine :

N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption. Ephésiens 4.30.

Il intervient, à l’égal de Jésus-Christ, dans la purification, la justification et la sanctification :

Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus -Christ, et par l’Esprit de notre Dieu. 1 Corinthiens 6.11.

Enfin, il est l’auteur de la résurrection du Christ et au dernier jour de celle de ses rachetés :

Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Christ d’entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. Romains 8.11.

Ainsi apparaissent les formulations qui réunissent à égalité les trois personnes divines :

Que la grâce du Seigneur Jésus -Christ, l’amour de Dieu, et la communion du Saint -Esprit, soient avec vous tous ! 2 Corinthiens 13.14.Pierre, apôtre de Jésus -Christ, à ceux qui sont étrangers et dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie, et qui sont élus selon la prescience de Dieu le Père, par la sanctification de l’Esprit, afin qu’ils deviennent obéissants, et qu’ils participent à l’aspersion du sang de Jésus -Christ: que la grâce et la paix vous soient multipliées ! 1 Pierre 1.1-2.

Concilier l’unité de la divinité et la distinction des personnes

Il n’a pas été évident pour l’Eglise primitive de comprendre que dans l’être de Dieu résident à la fois l’unité de la divinité et la distinction des personnes.

D’où les tâtonnements successifs et les hérésies jusqu’à ce qu’en 325 le concile de Nicée fixe la doctrine de la Trinité. Celle-ci sera précisé en 381au Concile de Chalcédoine, en ce qui concerne la personne du Saint-Esprit.

Deux hérésies antitrinitaires

Le modalisme

Croyant concilier la foi en un seul Dieu avec la divinité du Christ et de l’Esprit, le modalisme prétend que Dieu agit dans l’histoire  selon trois manifestations successives: Père comme créateur et législateur dans l’Ancien Testament, Fils comme rédempteur pendant sa vie terrestre, Esprit pour la sanctification de l’Eglise jusqu’à la fin des temps.

L’ arianisme

L’arianisme, lui, a des racines dans le platonisme, et aussi chez deux Pères de l’Eglise, Tertullien et Origène qui subordonnent le Fils au Père du point de vue de son essence. L’arianisme exclut à la fois la préexistence de Jésus et sa divinité à l’égal du Père.

Définition de la doctrine de la Trinité

Avant d’être établie comme vérité dogmatique par les Conciles de Nicée et Constantinople, la doctrine de la Trinité est définie ainsi :« C’est l’union de trois personnes ou hypostases, Père, Fils et Saint-Esprit en une seule essence divine (Ousia), trois personnes aux individualités, co-éternelles, égales, inséparables interdépendantes, éternellement unies et cependant distinctes ».

Origine de la doctrine de la Trinité

La doctrine de la Trinité prend d’abord racine dans les affirmations des Apôtres

la préexistence du Christ avec, sous l’angle divin, la prééminence de son œuvre dans la création

Le Fils est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. Colossiens 1.15-16

la plénitude de sa divinité sous forme corporelle

Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. Colossiens 2.9

l’égalité d’essence avec Dieu et, du point de vue humain, son œuvre particulière en faveur des pécheurs

Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus -Christ.
Existant en forme de Dieu, il n’a point regardé son égalité avec Dieu comme une proie à arracher. Mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes
Et il a paru comme un vrai homme. Il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix. 
C’est pourquoi aussi Dieu l ‘a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus -Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. Philippiens 2:5-11.

Identification de l’Esprit

L’identification du Saint-Esprit parmi les trois personnes a été plus lente à établir.

Mais le Saint-Esprit était déjà reconnu comme une personnalité distincte du Père

De même aussi l’Esprit nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables. Et celui qui sonde les coeurs connaît la pensée de l’Esprit, parce que c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints. Romains 8.26-27.

et distincte du Fils

Cet homme, livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous l’avez crucifié. Vous l’avez fait mourir par la main des impies. Dieu l ‘a ressuscité, en le délivrant des liens de la mort, parce qu’il n’était pas possible qu’il soit retenu par elle. Actes 2:23-24

Consubstantialité des personnes

Il a cependant fallu attendre S. Augustin et son De Trinitate pour que soit confirmée la consubstantialité des personnes, c’est à dire leur égalité et leur unité du substance, de nature.
Ainsi la théorie des relations a établi à la fois l’unité d’essence et la diversité des actions particulières à chacune des personnes.

C.Streng