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Contrer les fausses doctrines par le bon combat de la foi

Contrer les fausses doctrines : dès les débuts de l’Église

Peu de temps après les débuts de l’Église d’Éphèse, des fausses doctrines ont commencé à se répandre. Il fallait agir.
Dans trois passages du dernier chapitre de sa 1e lettre à Timothée, l’apôtre  Paul exhorte ce responsable de l’Église d’Éphèse à combattre le bon combat de la foi.

1 Timothée 6.3-5

Si quelqu’un enseigne de fausses doctrines, et ne s’attache pas aux saines paroles de notre Seigneur Jésus-Christ et à la doctrine qui est selon la piété, il est enflé d’orgueil, il ne sait rien; il a la maladie des questions oiseuses et des disputes de mots, d’où naissent l’envie, les querelles, les calomnies, les mauvais soupçons, les vaines discussions d’hommes corrompus d’entendement, privés de la vérité, et croyant que la piété est une source de gain.

1 Timothée 6.11-13

Pour toi, homme de Dieu, fuis ces choses, et recherche la justice, la piété, la foi, l’amour, la patience, la douceur. Combats le bon combat de la foi, saisis la vie éternelle, à laquelle tu as été appelé, et pour laquelle tu as fait une belle confession en présence d’un grand nombre de témoins, devant Dieu qui donne la vie à toutes choses, et devant Jésus-Christ qui fit une belle confession devant Ponce Pilate.

et les versets 20-21 qui concluent le chapitre 6 et la lettre.

O Timothée, garde le dépôt, en évitant les discours vains et profanes, et les disputes de la fausse science dont font profession quelques-uns, qui se sont ainsi détournés de la foi. Que la grâce soit avec vous !

 L’Église d’Éphèse

Éphèse était la capitale de la province romaine d’Asie Mineure (Turquie actuelle). Son Église a été fondée par Paul pendant son 3e voyage missionnaire. Il l’a enseignée pendant presque 3 ans.

Avant de s’embarquer pour Jérusalem, Paul rencontre les anciens de l’Église à Milet. Il leur recommande de prendre garde à eux-mêmes et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit les a établis évêques.( Ici, évêque a le sens de « surveillant »).

Paul les avertit ainsi :

Par la suite des loups cruels s’introduiront parmi eux et n’épargneront pas le troupeau. Des hommes parmi eux enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples après eux. Actes 20.28-29.

Quelques années plus tard, quand l’apôtre écrit sa première lettre à Timothée, les loups ravagent les Églises : ils s’attaquent à des points fondamentaux de la doctrine et de la vie chrétienne.

L’ambiance religieuse à Éphèse

Du côté de la ville

Le culte à l’empereur romain considéré comme un dieu permet de contrôler le loyalisme politique.
Les cultes traditionnels aux dieux païens (comme Jupiter, Apollon) sont liés à la politique et à l’économie de chaque ville.

A Éphèse en particulier, la Diane protectrice de la ville est un exemple de syncrétisme ou mélange religieux entre la mythologie grecque et un symbole oriental de fécondité. On vend au marché des statuettes qui la représentent. Cela procure la richesse à la ville mais surtout aux fabricants.

Dans les premiers temps du ministère de Paul, les nouveaux convertis à la foi chrétienne rejettent l’idolâtrie, donc les statuettes. Ils provoquent ainsi une « crise économique » pour les fabricants. S’en suit une manifestation qui se transforme en émeute dans toute la ville. Actes 19 23-40 le raconte avec un humour certain.

Du côté de l’Église

Deux ou peut-être même trois sortes d’origine pour les convertis
– des juifs en contact avec la pensée et la culture grecque,
– des prosélytes, des grecs en contact avec la foi juive
– des grecs venus directement du paganisme

Plusieurs des convertis ont gardé les préjugés de leur ancienne religion. La tentation du syncrétisme est bien présente. Aujourd’hui le supermarché des religions = on en prend un peu ici, un peu là pour se faire son propre mélange religieux.

Combats le bon combat de la foi

 I. Contre qui et quoi : les fausses doctrines de ceux qui se sont détournés de la foi (6.3-5)

Surtout des gens issus du judaïsme…(Tite 1.6 : de la circoncision )
Ils ont bien commencé dans la foi et dans la vie chrétienne. Ils ont même enseigné dans l’Église. Mais ils se sont ensuite détournés de la vérité.
Timothée doit les avertir de ne pas enseigner des doctrines étrangères à la foi (1 Timothée 1.3)
Les plus déviants d’entre eux sont cités, Hyménée et Alexandre (1 Timothée 1.20).

L’enseignement déviant est précisé dans 2 Timothée 2.17 : Hyménée et Philète prétendent que la résurrection a déjà eu lieu.

Un portrait percutant du faux enseignant

Paul fait un portrait percutant du faux enseignant , celui qui enseigne de fausses doctrines
Paul le définit comme un malade intellectuel, il a l’intelligence faussée. En fait, c’est un ignorant bouffi d’orgueil. Il se complait en disputes creuses et sans fin sur les mots. Il perd contact avec la vérité

il est enflé d’orgueil, il ne sait rien; il a la maladie des questions oiseuses et des disputes de mots, d’où naissent l’envie, les querelles, les calomnies, les mauvais soupçons, les vaines discussions d’hommes corrompus d’entendement, privés de la vérité, et croyant que la piété est une source de gain. 1 Timothée 6.4-5

Les faux enseignants ne sont pas intelligents car au fond, ils ne comprennent ni ce qu’ils disent, ni les sujets sur lesquels ils se montrent si sûrs d’eux-mêmes. 1 Timothée 1.7

A force de vouloir faire admirer leur prétendue connaissance (1 Timothée 6.20), et d’en tirer profit financièrement, ils se détournent de la foi (1 Timothée 6.21). Ils entraînent toute une suite avec eux. Ils renversent la foi de quelques uns (2 Timothée 2.18)

 Ce qui les a fait dévier: l’orgueil et l’appât du gain

L’orgueil d’abord

Celui de la position sociale, de la notoriété religieuse. A Éphèse, les Juifs étaient nombreux dans la haute société. Ils pouvaient briller devant des gens ignorants ou peu instruits. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois

L’appât du gain

croyant que la piété est une source de gain (1 Timothée 6. 5b)

Paul trouve normal qu’un responsable d’Église soit soutenu financièrement par la communauté (1 Timothée 5: 17-18).
Il n’accepte pas que l’annonce de la Parole soit un moyen de se faire de l’argent (1 Timothée 6.5). Les leçons particulières des faux enseignants données dans chaque maison sont loin d’être gratuites.

Leurs méthodes

Des leçons particulières très bien payées

Pour éviter d’être contrôlés par l’Eglise, ils s’introduisent dans les maisons pour donner des leçons particulières très bien payées. Ainsi ils perturbent les familles.

En se parant du titre de docteurs de la loi sans être à la hauteur de leur ambition

Ils forment leurs petites Églises personnelles en se faisant appeler docteurs de la loi connaisseurs et spécialistes.

En fait ils ne comprennent ni ce qu’ils disent, ni ce qu’ils affirment. (1 Timothée 1.7)

Le jeu cruel de la concurrence

Quand plusieurs de ces « docteurs » se trouvent confrontés, la jalousie éclate au grand jour. Chacun est pour l’autre un concurrent à abattre parce qu’il lui fait de l’ombre et lui « pique » sa clientèle donc sa source de gain.

Tous les moyens sont bons :

  • discussions interminables,
  • diatribes, c’est à dire conflits en paroles qui se répètent ou se prolongent. Cela provoque de l’irritation et des friction
  • logomachie qui consiste à discutailler sur de petites différences entre les mots, à parler plus fort et plus vite que les autres
  • dénigrements réciproques et soupçons malveillants.(1 Timothée 6.4)

Et de nos jours : comment devenir riche ?

Les 11 et 12 mai 2013 à Rouen, Benny Hinn, du mouvement Word and Faith, connu aussi sous le nom de 3e vague, demandait aux gens de répéter : « Dieu fait de moi un millionnaire, Dieu fait de moi un millionnaire ». Mais pour arriver à cette « bénédiction » (entre « » note du rédacteur), il faut semer, mettre de l’argent dans une enveloppe pour l’œuvre. Et prétendent-ils, Dieu le rendra au centuple.
« J’espère que vous n’allez pas demander une enveloppe pour donner 10 euros… pour donner 50 euros… Donnez au moins 100 euros ».

Cette application des principes de l’Evangile de prospérité est scandaleuse. C’est ré particulièrement révoltant dans les pays pauvres d’Amérique latine, dAsie et d’Afrique. Les gens se démunissent du nécessaire.

Celui qui reçoit au centuple et s’enrichit indument, c’est en réalité seulement le prédicateur. C’est celui qui lance toute l’affaire, celui qui est au sommet de la pyramide. Il reçoit l’ensemble des collectes et s’en attribue la plus grande partie… voitures de luxe, jets privés etc.

Une drôle de manière de se croire appelé par Dieu

Un membre d’une Église dit un jour à son pasteur : « Je veux faire des prédications ».
Le pasteur ne répond pas tout de suite, il lui faut réfléchir.
Par la suite, la personne en question profère des menaces,  crée un nouveau groupe avec des personnes détachées de l’ancienne Église. Le voilà devenu  pasteur/gourou auto proclamé.

Les activités des faux enseignants

D’abord ils complètent l’enseignement de la Parole

Les faux enseignants commencent d’abord par ajouter leurs idées à l’enseignement de la Bible. Il faut la rendre attrayante, disent-ils pour les gens venus du paganisme grec.

Ainsi on interprète allégoriquement des passages de l’Ancien Testament (Philon d’Alexandrie). On révise les généalogies juives en ajoutant des héros grecs aux patriarches hébreux. D’après un historien juif (Malchus), une petite-fille d’Abraham, (Aphra cherchez-la dans la Bible !!!) serait devenue femme d’Hercule. On invente les histoires les plus rocambolesques pour servir d’illustration. (Livre des Jubilés dans les Récits intertestamentaires).

Paul recommande de ne pas s’attacher à des fables et des généalogies sans fin  (1 Timothée 1.4)

Ensuite ils dénaturent l’enseignement de la Parole par une philosophie dualiste, une connaissance spéciale présentée comme un plus

La philosophie dualiste, gnostique d’origine grecque considère l’esprit, le monde des idées, comme bon. Elle méprise le monde des sens, la matière est mauvaise et méprisable.
Cette philosophie recommande donc soit de réprimer les besoins physiques normaux et légitimes soit de les laisser se défouler sans frein.

Dans le premier cas des prescriptions légalistes à propos de la nourriture, du mariage et de la sexualité ont trouvé des promoteurs et des adeptes de l’Antiquité à nos jours.

Ils prescrivent de ne pas se marier, et de s’abstenir d’aliments que Dieu a créés. 1Timothée 4.3

On trouve des exemples dans Colossiens 2.20 ‘ne touche pas, ne prends pas… ‘
Ou alors c’est le désordre sexuel cité dans 1 Corinthiens 5.

Des recommandations particulières bien sûr présentées comme un « plus ».

On recommande une connaissance spéciale, une gnose qui va améliorer la qualité de la relation avec Dieu. Cette connaissance spéciale va faire évoluer l’âme dans les sphères supérieures en la débarrassant des contraintes inférieures, matérielles.

Mais un « plus » qui éloigne du Christ

Ce n’est pas un « plus » inoffensif. Au contraire, c’est bien s’éloigner de la vérité fondamentale.

Jésus-Christ est suffisant pour le salut. Il n’y a rien à rajouter, ni lois, ni interdictions humaines au salut par la foi seule. S’éloigner de ce centre de gravité fait diverger vers des erreurs et parfois vers des énormités théologiques et morales. Ergoter sur des détails conduit à oublier l’essentiel.

Dualisme d’aujourd’hui

Le mouvement Word and Faith a des accents dualistes.
Son promoteur Kenyon était influencé par une secte, la Science chrétienne de Mary Baker Eddy. Kenyon sépare la connaissance de la révélation et la connaissance des sens. Selon son enseignement la connaissance de la révélation vient de l’esprit de Dieu, elle est supérieure. La connaissance des sens vient du monde, elle est inférieure, limitée à l’environnement physique. Elle handicape le développement de la première.

Une autre énormité : la connaissance de la révélation serait venue seulement avec les écrits de Paul. Pierre et Jean ne connaissaient pas tous les détails de la vie éternelle.

Une interprétation déviante de la résurrection

Hyménée a été exclu de l’Église (1 Timothée 1.20). Avec Philète, il prétend que la résurrection a déjà eu lieu et il détourne des gens de la foi (2 Timothée 2.17-18).

A propos de résurrection, il faut se reporter à 1 Corinthiens 15. Paul développe une argumentation détaillée contre ceux qui disent qu’il n’y pas de résurrection des morts (1 Cor 15. 12 ss)

Confusion entre conversion et résurrection

Pour les hérétiques d’Éphèse, c’est un peu différent. Ils confondaient la conversion et la résurrection. Pour eux, la résurrection avait déjà eu lieu. On trouve une trace, peut-être le point de départ de la déviation à Corinthe, dans le reproche fait par Paul à des Corinthiens enflés d’orgueil. 1 Corinthiens  4.6

Déjà vous êtes rassasiés, déjà vous êtes riches, sans nous vous avez commencé à régner. Et puissiez -vous régner en effet, afin que nous aussi nous régnions avec vous ! 1Corinthiens 4.8

Il y avait probablement une mauvaise compréhension de l’enseignement de Paul. En fait les chrétiens convertis ont été ressuscités avec le Christ (Romains 6.8-9), ils partagent son règne glorieux dans les lieux célestes (Éphésiens 2.6 ; Colossiens 2.12). La promesse de « régner avec Christ » prendra effet à la fin des temps, pas avant.

Les faux docteurs prétendent que le chrétien expérimente déjà tout de suite les bienfaits promis à la résurrection : « Déjà …vous avez commencé à régner »

Pour cette déviation, la vie du monde à venir, c’est pour aujourd’hui. Les réalités du monde physique, maladies, mort, pauvreté, on les ignore…

Des petits dieux toujours riches et bien portants. Mais…

Selon l’enseignement de Word and Faith, l’homme avait une nature divine, car il a été créé comme dieu de la terre. A la chute, il a reçu la nature pécheresse du diable, il est devenu comme Satan. A la conversion, il regagne les attributs de sa divinité, il doit donc être « toujours riche et bien portant »

Tilton « Vous êtes des créatures divines, vous êtes des dieux »
Autre affirmation : « La prospérité matérielle est la volonté de Dieu pour tous les croyants »

Une manière spéciale de comprendre Marc 10.30 : « Donnez une maison et recevez une centaine de maisons ou une maison d’une valeur de cent fois autant. Donnez un avion et recevez une centaine de fois la valeur de l’avion. Donnez une voiture et le retour serait vous fournir une vie entière avec des voitures. En bref Marc 10:30 est un très bon deal » (G Copeland)

Et si un agriculteur donne une vache, il en recevra donc cent d’un coup. Que va-t-il en faire ?

Paul : une vie chrétienne entre le « déjà », et le » pas encore »

Paul dénonce cette interprétation mensongère : c’est vrai, le chrétien est déjà sauvé, mais il n’est pas encore au ciel.

Entre les deux,  le « déjà » et le « pas encore » il s’agit de vivre la vie chrétienne dans une bonne perspective, avec fidélité et endurance

Si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui; 12 si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui; si nous le renions, lui aussi nous reniera; 13 si nous sommes infidèles, il demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même (2 Timothée 2. 11-13)

 II. Combattre de quelle manière ?

Il faut parfois prendre du recul pour réfléchir et prier

Pour toi, homme de Dieu, fuis ces choses  (1 Timothée 6.11)

Ne pas se mêler automatiquement de toutes les querelles mais réfléchir avant d’intervenir

Intervenir dans une dispute de mots, où tout s’envenime, essayer de glisser un mot entre des paroles si violentes que personne ne s’entend plus, c’est comme « saisir un chien par les oreilles. Ainsi est un passant qui s’irrite pour une querelle où il n’a que faire. (Proverbes 26:17)

Ces discussions interminables sont parties d’une base fausse, c’est à dire d’un autre Evangile, d’un enseignement éloigné de la vérité. Timothée se gardera d’intervenir directement dans ces controverses. Elles ne servent à rien sinon à perturber l’Église.

Cela ne veut pas dire qu’il ferme les yeux. Il se réserve le droit de réfléchir, de prier. Il pourra ainsi recevoir la direction de Dieu. Il pourra agir par son enseignement, ensuite, si nécessaire par une action disciplinaire dans l’Église.

Se distinguer des faux enseignants en prenant une position saine sur l’argent

C’est, en effet, une grande source de gain que la piété avec le contentement (1 Timothée 6.6)

Un chrétien fidèle n’est pas automatiquement à l’aise du point de vue matériel. Il est vrai que Dieu a promis de ne pas nous laisser manquer du nécessaire (Matthieu 6:25-34). Mais il se sert aussi des besoins matériels pour exercer notre foi. Il nous a avertis du danger de perdition que les richesses peuvent provoquer pour celui qui en a beaucoup (Matthieu 19:23).

On ne devient pas chrétien pour devenir riche. On devient chrétien par amour du Seigneur, pour le glorifier comme son Créateur, son Dieu et son Seigneur. La vie chrétienne consiste à le servir selon sa volonté, peut-être même dans la pauvreté. Ni Jésus ni Paul n’étaient « prospères » et ils ne cherchaient pas à le devenir.

Eviter les mauvais combats

les discours vains et profanes, et les disputes de la fausse science. 1 Timothée 6.20

Cela consiste à refuser de mettre au premier plan des particularités qui passent avant Jésus-Christ le point central de la foi.

Pour certains, ce sont des restrictions alimentaires (pas de vin, de café, de thé), pour d’autres les hommes doivent porter la barbe (lu dans une revue chrétienne, il y a quelques années), d’autres débattent sur le style ou l’ordre du culte…

 Le bon combat, le combat utile dans l’existence d’un chrétien c’est le témoignage rendu à Jésus-Christ

Combats le bon combat de la foi, saisis la vie éternelle, à laquelle tu as été appelé, et pour laquelle tu as fait une belle confession en présence d’un grand nombre de témoins. (1 Timothée 6.12)

Il s’agit de la proclamation faite en public par Timothée lors de son baptême : Jésus-Christ est Seigneur. Ce n’est pas l’empereur romain qui est Seigneur.

En suivant l’exemple du Christ devant Pilate

C’est un témoignage à l’exemple de Jésus-Christ lui-même. Il a proclamé sa royauté devant Pilate, le représentant du pouvoir absolu romain

Mon royaume n’est pas de ce monde … je suis roi. Jean 18: 36-37.

C’était une proclamation dangereuse. L’approuver a coûté la vie à beaucoup de chrétiens, au 1e siècle, dans les siècles suivants et aujourd’hui encore dans certains pays.

Dans les années 40, des chrétiens allemands de l’Église confessante se sont opposés à Adolf Hitler. Dietrich Bonhoeffer, Karl Barth, et Martin Niemöller ont fait une «bonne confession» du Christ. Cela leur a coûté leur emploi, leur liberté, et pour Bonhoeffer sa vie.
Selon le livre de Bonhoeffer «Vivre en disciple : Le prix de la grâce», la vie de disciple peut coûter cher. Il n’y a pas de grâce à bon marché, elle a coûté  à Jésus-Christ sa vie.

 III. Combattre dans quelle intention

Garder ce qui lui a été confié

O Timothée, garde le dépôt.(1 Timothée 6.20)

Vincent de Lérins, écrivait au Ve siècle :

Qu’entend-on par le dépôt? Ce qui t’a été confié, pas ce qui est inventé par toi; ce que tu as reçu, non pas ce que tu as imaginé … Une chose apportée à toi, qui n’est pas sortie de toi; où tu ne doit pas être un auteur, mais un gardien; pas un leader mais un suiveur. Garde le depôt.

La bonne nouvelle de Jésus-Christ, résumée ainsi

Dieu a été manifesté en chair, justifié par l’Esprit, vu des anges, prêché aux nations, cru dans le monde, élevé dans la gloire.. 1 Timothée 3.16

Ce dépôt, cette bonne nouvelle a été confiée à Paul (2 Timothée 1.12). Paul a transmis à Timothée le bien précieux qui lui a été confié. (2 Timothée 1.14).

Le transmettre fidèlement

Timothée est invité à transmettre correctement la parole de vérité

Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un homme éprouvé, un ouvrier qui n’a point à rougir, qui dispense droitement la parole de la vérité (2 Timothée 2.15)
…à résister à des enseignements attrayants qui sont en réalité trompeurs et destructeurs.

Conclusion

Personne n’est libre de modifier l’Evangile pour plaire à d’éventuels adhérents. Nous gardons toute notre liberté face à la dernière prise de position à la mode, comme ce qui s’est décidé dernièrement sur le mariage en France.

Les adhérents arrivent dans l’Église quand ça leur plaît, ils s’en vont quand ça ne leur convient plus. Les vrais convertis restent. Ils sont fidèles à Jésus-Christ et à son enseignement et progressent dans la vie chrétienne.

Les déviations qui viennent d’être citées n’ont pas seulement sévi dans les premiers temps de l’Église. On les retrouve aujourd’hui multipliées et amplifiées par les médias. Ce n’est pas le message simple mais profond de l’Evangile qui intéresse, mais l’exceptionnel, le grand rassemblement de milliers de personnes avec des orateurs ou oratrices en vue.

Ainsi, on annoncera, par exemple, la venue dans une capitale ou une grande ville d’un prédicateur à la mode qui promettra guérison et richesse à coup sûr… Même si l’éloignement ou le prix du voyage peuvent être dissuasifs, ces manifestations sont souvent à la première ligne dans des moteurs de recherche Internet.
Les ouvrages déviants sont présents aussi dans des maisons d’édition chrétienne non liées aux mouvements sectaires. Il faut donc faire le tri et avertir. Et surtout remettre au centre la bonne nouvelle de l’Evangile
Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. (1 Corinthiens 2.2)

Offrons un témoignage de vie digne de confiance qui donne envie d’en savoir plus, mais sans franchir les limites.

C.Streng

Le symbole des apôtres, une confession de foi chrétienne

Le symbole des Apôtres, ou Credo, une confession de foi de l’Eglise ancienne

On a récité le Credo pendant des siècles.

Aujourd’hui encore, on le proclame dans les Eglises catholiques et les Eglises issues de la Réforme protestante, dont font partie aussi aussi les Eglises évangéliques.

En fait, on le récite rarement dans les Églises évangéliques.

Peut-être,  diront certains, pour éviter « les vaines redites ». Mais on l’exprime parfois sous la forme d’un cantique

Pourquoi ne pas réfléchir à ce texte ?

Au-delà de la récitation ou de l’ignorance, ne serait-il pas judicieux  de réfléchir une fois  à la raison d’être  et à la signification de ce texte
Pourquoi ne pas aller plus loin que la simple récitation des mots ? Pourquoi ne pas chercher le sens profond,  l’explication qui ouvre à la mise en pratique ?
Nous avons sans doute entendu des prédications qui commentent le Notre Père.  Alors, pourquoi pas une explication du « je crois en Dieu »
Avec ses modifications et ses ajouts ce texte peut aider à comprendre  comment la doctrine chrétienne s’est construite

Le Credo, aurait-il été rédigé d’un commun accord par les apôtres de Jésus Christ lors du 1e Concile de Jérusalem ? Non, c’est une légende pieuse !

Qu’est ce que le Credo ?

C’est une confession de foi rédigée en latin. Elle contient les vérités nécessaires à la déclaration publique de la foi des nouveaux convertis le jour de leur baptême

Rufin a d’abord été écrit le Credo à la fin du 4e siècle. Il était originaire d’Aquilée, au nord de l’Italie, près de Venise.

Ensuite, après quelques étapes intermédiaires, le Credo a été complété au 8e siècle par Pirmin de Reichenau, près de Constance.

Enfin il a été « canonisé », c’est à dire rendu officiel au 9e siècle par Charlemagne à l’usage de toute l’Eglise de langue latine à l’ouest du bassin méditerranéen. Dans la partie orientale, la langue de l’Eglise était le grec.

Commentaire des termes du «Symbole des Apôtres »

Un commentaire des termes du  Symbole des Apôtres avec ses modifications et ses ajouts peut aider à comprendre comment la doctrine chrétienne s’est construite dans les premiers siècles de l’Eglise.

Il permettra de remarquer que les vérités doctrinales s’affirment souvent aussi par une réflexion d’opposition avec les courants hérétiques.
Sous forme suivie, chaque affirmation latine de cette confession de foi et sa traduction sera expliquée en détail

CREDO IN DEUM PATREM OMNIPOTENTEM
JE CROIS EN DIEU LE PERE TOUT PUISSANT

Une confession de foi individuelle

Comme dans tous les textes latins et grecs, le premier mot (incipit) donne le titre et le thème du texte qui suit, une confession de foi : « je crois ».

Les autres confessions de foi collectives comme le Symbole de Nicée Constantinople (en grec) et celui d’Athanase (en latin) étaient exprimées au pluriel.
Le « Symbole des Apôtres », est une confession de foi individuelle au moment du baptême, donc à la première personne du singulier.

Les autres religions de l’époque, y compris la religion juive, étaient liées à la nationalité ou à l’appartenance ethnique. Elles étaient acceptées globalement sans qu’une adhésion personnelle ne soit demandée. Le citoyen romain, lui aussi, n’avait pas besoin d’exprimer personnellement son accord avec la religion romaine traditionnelle héritée de ses ancêtres.

L’Église chrétienne a été reconnue officiellement par l’Empereur Théodose en 380 après plusieurs siècles de persécution. Alors le paganisme a été interdit et tous les citoyens romains ont été obligés d’adhérer à la foi chrétienne. Cependant, la distinction a toujours continué à se maintenir entre citoyenneté laïque et engagement religieux exprimé par le baptême. Cette différence s’est diluée par la suite dans certains pays.

Une affirmation du monothéisme

CREDO IN DEUM
JE CROIS EN DIEU 

Le monothéisme, croyance en un seul Dieu, une révolution culturelle

L’athéisme aujourd’hui c’est rejeter l’existence du Dieu biblique. Dans l’Antiquité gréco-latine, on était accusé d’athéisme quand on refusait de rendre un culte aux dieux nationaux.
La notion d’un Dieu personnel qui a créé l’univers et qui continue à en prendre soin (Ps 104. 24-30) est donc pour l’époque une révolution culturelle.

PATRUM OMNIPOTENTEM / LE PERE TOUT PUISSANT

Paternité divine en contexte juif et chrétien :

Dieu est d’abord défini à la fois comme Père, source de vie, ce qui implique une relation personnelle, et comme Tout Puissant. Dans la Bible, les deux notions sont distinctes.
La question de la paternité divine séparait les chrétiens des juifs : ces derniers reprochaient à Jésus d’appeler Dieu son père (Jean 5.18).

Omnipotence divine

Mais l’omnipotence (toute-puissance) divine était la preuve évidente de la supériorité du Dieu d’Israël sur toutes les autres divinités. C’était un élément essentiel de la foi. Elie en donne une preuve cinglante aux prophètes de Baal (1 Rois 18.20-40).

Paternité divine en contexte païen

Polythéisme et conflits de pouvoir entre  divinités rivales

En revanche, en milieu païen, la paternité divine fait partie de l’héritage culturel et religieux. Comme les humains, les divinités mythologiques grecques et romaines ont des ancêtres et des descendants. Par exemple Jupiter, issu de Saturne, a une nombreuse progéniture…

En même temps, partager la puissance spirituelle entre un grand nombre de dieux rend l’omnipotence impossible. Cela entraîne évidemment le polythéisme avec un conflit inévitable entre clans de dieux rivaux. On se croit obligé d’intégrer tous les dieux imaginables pour ne déplaire à aucun (le Dieu inconnu d’Actes 17) et être protégé contre tous en tous lieux (1 Rois 20.23).
On aurait pu expliciter commodément le mystère du mal par un conflit entre divinités ennemies. Ainsi le dualisme oppose le monde spirituel, de la lumière (= bien) et le monde corporel, matériel (= mal).

Foi chrétienne et confiance en Dieu tout puissant

Mais la foi chrétienne préfère placer sa confiance en Dieu, tout puissant, supérieur à toutes les autres forces spirituelles. Obéissantes ou rebelles, elles lui son de toute façon soumises (Esaïe 45.23, Philippiens 2.10). Ce Dieu tout puissant est parfaitement suffisant pour protéger celui qui l’adore.

Le baptême dans l’Eglise ancienne

Dans l’Eglise ancienne qui a suivi celle du Nouveau Testament, toute personne qui demande le baptême doit d’abord suivre un enseignement de deux ou trois années. Il donnera, pendant ce temps, des preuves de sa fidélité à la foi chrétienne véritable.
On en a le témoignage dans la Didachè, ou « doctrine du Seigneur transmise aux nations par les douze apôtres ». C’est un catéchisme très ancien qui s’appuie sur l’enseignement du Christ,. Il est d’autant plus utile qu’à ce moment-là tous les livres du Nouveau Testament n’étaient pas encore rassemblés.

Pas un texte à réciter, une confession de foi à vivre

Le Symbole des Apôtres n’est pas un texte à réciter par cœur, comme une formule, mais une véritable confession de foi . On montre qu’on a compris les grands points de la vérité biblique et qu’on a été averti contre le paganisme et ses dérives hérétiques.
Ainsi, le jour de Pâques, devant l’Eglise réunie, le futur baptisé déclare que Dieu le créateur de l’univers est son père et aussi son protecteur. Aucun pouvoir étranger n’est capable de le toucher ou de lui nuire contre la volonté divine.

Dieu créateur ex nihilo, à partir de rien, par sa parole

CREATOREM COELI ET TERRAE
CREATEUR DU CIEL ET DE LA TERRE

Cette qualification de créateur n’est pas nouvelle. Personne dans l’Eglise de l’époque ne contestait que Dieu, Tout-puissant, avait créé le ciel et la terre. Mais le credo apporte quelques précisions

Création sans matière pré-existante

Quand Dieu a créé le ciel et la terre, il les a créés par sa Parole, ex nihilo, à partir de rien. Il n’a pas arrangé une matière qui existerait déjà, comme le potier qui façonne des vases à partir d’argile ou le peintre qui exprime son art sur une toile avec des couleurs. Une matière préexistante rendrait nécessaire une puissance créatrice antérieure, donc le dualisme.

Ciel et terre, réalités physiques et symboles spirituels

Le ciel et la terre sont des réalités physiques mais aussi des symboles spirituels. Ils représentent la demeure de Dieu et le monde en rébellion contre lui. Mais il y a risque d’insister sur l’opposition entre monde spirituel bon et monde matériel mauvais. Lier le pouvoir créateur de Dieu à son omnipotence exclut de fait qu’un Dieu inférieur (appelé démiurge) ait créé la matière déclarée mauvaise comme dans le dualisme manichéen ou gnostique.

« Créateur, ciel et terre » : complémentarité entre spirituel et matériel

Réunir dans la même expression « créateur, ciel et terre » exprime la complémentarité entre spirituel et matériel, visible et invisible. Tous deux ont été créés par le même Dieu unique.

Le spirituel n’est pas forcément bon et le matériel n’est pas obligatoirement mauvais. Le conflit entre le bien et le mal a d’abord lieu dans les sphères spirituelles avant d’avoir des conséquences sur le monde matériel.

La perfection divine peut se manifester dans la matière. L’incarnation du Fils de Dieu est donc concevable.

Un credo sur Jésus Christ dans la Trinité

Et in Jesum Christum Filium ejus unicum, Dominum Nostrum

Et en Jésus-Christ son Fils unique Notre Seigneur

Jésus-Christ, Seigneur, d’essence identique à Dieu dans la Trinité

 

Jésus-Christ, Fils unique de Dieu le Père a le statut particulier d’héritier de tout. Il est le seul chemin possible pour conduire à Dieu.

 

Seigneur, DOMINUM, qui traduit YHWH, le nom propre de Dieu dans l’Ancien Testament, lui donne une essence (un être) identique à celle de Dieu dans la Trinité. La foi en Jésus-Christ, Sauveur ne peut être séparée de l’obéissance à Jésus-Christ Seigneur.

Exclusion de deux hérésies : adoptianisme et arianisme

Cela exclut deux hérésies des premiers siècles.

adoptianisme

Jésus aurait été un homme adopté par Dieu comme fils lors de son baptême ou de sa résurrection. Il aurait ainsi acquis un statut céleste.

arianisme

Cette hérésie lui refuse une divinité égale à celle du Père sous prétexte que son engendrement par le Père lui confère une position seconde.

Distinction entre la conception par le Saint Esprit et la  naissance par Marie

Qui conceptus est de Spiritu Sancto, natus ex Maria Virgine 

qui a été conçu du Saint-Esprit, et est né de la vierge Marie 

Le texte de Firmin, plus récent, modifie et complète celui de Rufin  qui disait

 

qui natus est de Spiritu Sancto et Maria Virgine

qui est né du Saint-Esprit et de la Vierge Marie 

En séparant plus nettement la conception par le Saint Esprit et la naissance par Marie, il apporte des précisions fondamentales.

Le Saint Esprit n’est pas le partenaire de Marie dans une sorte d’union spirituelle qui aurait abouti à la conception miraculeuse, virginale du corps de Jésus.

Confession de foi sur l’oeuvre « extérieure » de la Trinité

Une oeuvre commune aux trois personnes

L’œuvre « extérieure » de la Trinité est commune aux trois personnes

« au Père, le pouvoir de créer – Tu m’as préparé un corps – , au Fils celui d’organiser, au Saint Esprit, celui de rendre parfait ».

C’est  la formule d’Abraham Kuyper, un théologien chrétien réformé hollandais du 19e s dans son ouvrage « L’œuvre du Saint Esprit ».

Divinité du Fils par les trois personnes de la Trinité

Ce n’est pas l’Esprit seul qui donne au Fils sa divinité, mais c’est l’ensemble de la Trinité dans ses trois personnes.

Humanité par Marie

Pour son humanité Jésus dépend de Marie. Il tire d’elle sa nature humaine. Elle est unie à sa nature divine, en une seule personne à la fois totalement divine et totalement humaine.

Nature humaine entachée par le péché originel

Mais cette nature humaine, a-t-on dit, est entachée par le péché depuis l’origine. C’est comme une tache congénitale sur l’âme héritée dès la conception et transmise aux générations successives ?

A l’origine, l’homme créé par Dieu est bon naturellement. S’il n’avait pas cédé à la tentation, s’il avait continué à ne pas pécher, il serait resté naturellement fils de Dieu. Il a perdu cette nature bonne à cause du péché originel. Ce dernier n’est pas une tare congénitale mais la rupture de la relation établie par Dieu à la création.

Mais Jésus est sans père humain, donc sans péché

Jésus, lui, n’a jamais péché, car la chaîne de transmission a été rompue. Lhéritage du péché passe par le père et Jésus n’a pas eu de père humain.

Chercher à résoudre la question de la purification du péché chez Marie a conduit à l’idée d’une purification préparatoire au moment de la conception de Jésus puis au dogme relativement tardif de « l’immaculée conception » de Marie elle-même, en 1854.

Une proclamation sur la passion, la mort en croix, la résurrection et l’ascension de Jésus-Christ

La crucifixion ancrée dans l’histoire

Rufin :
QUI SUB PONTIO PILATO CRUCIFIXUS EST ET SEPULTUS

QUI A ÉTÉ CRUCIFIÉ ET ENSEVELI SOUS PONCE PILATE
Pirmin :

QUI PASSUS SUB PONTIO PILATO, CRUCIFIXUS, MORTUS ET SEPULTUS EST 

QUI A SOUFFERT SOUS PONCE PILATE, A ÉTÉ CRUCIFIÉ EST MORT ET A ÉTÉ ENSEVELI

Ponce Pilate, est le seul païen cité dans une confession de foi chrétienne.

Preuve archéologique de l’existence de Pilate


Des fouilles archéologiques en 1961 ont permis de découvrir une pierre avec quatre lignes partiellement effacées.

Elles portent l’inscription de son nom : « Tiberium (empereur de ce moment-là)… Ponce Pilate…préfet de Judée ».

Les événements de la crucifixion sont ancrés dans un contexte historique extérieur à l’Église, ce qui les confirme de fait.

Le texte de Pirmin ajoute des précisions au texte de Rufin, plus ancien Jésus « a souffert, a été crucifié, est mort et a été enseveli ».

Jésus-Christ est réel (contre le docétisme)

Il est évident que Jésus est mort parce que la mort est la conséquence inévitable d’une crucifixion. Mais ce n’était pas admis par tous

Pour le docétisme, Jésus un être céleste sous l’aspect d’un homme

Dès les premiers temps de l’Église, le docétisme (du grec dokeo « sembler ou paraître »), niait que Jésus soit venu sur terre comme un homme véritable.

Selon cette hérésie, c’était un être céleste qui avait pris l’aspect d’un homme. Son incarnation et sa crucifixion n’étaient qu’une apparence. C’est cette hérésie que Jean combat déjà quand il déclare :

« Tout esprit qui reconnaît que Jésus Christ est véritablement devenu un homme vient de Dieu. Tout esprit, au contraire, qui ne reconnaît pas ce Jésus là, ne vient pas de Dieu »

Quelques siècles plus tard, l’islam a prétendu qu’au moment de la crucifixion, il y a eu substitution de personnes et que ce n’est pas Jésus mais un autre qui serait mort sur la croix.

Par ses souffrances et sa mort, identification avec l’humanité

Les précisions sont données aussi pour montrer que par sa souffrance, Jésus a obéi à la volonté du Père. Dans sa mort, il a accompli une identification totale avec l’humanité.

Jésus Christ n’a pas seulement payé la dette du péché, comme le bon samaritain a payé la dette des soins donnés à l’homme qu’il avait secouru.

Devenant lui-même péché par substitution, Jésus a entièrement enlevé par sa mort la dette du péché.

Le texte classique ajoute DESCENDIT AD INFERNA / EST DESCENDU AUX ENFERS

Pas de 2e chance de salut mais la proclamation de la victoire du Christ sur Satan

Cette précision, absente chez Rufin, est l’essai d’interprétation d’un verset difficile, 1 Pierre 3.18, selon lequel Jésus est allé « prêcher aux esprits en prison …qui avaient été incrédules au temps de Noé ».

Littéralement, cette prédication en enfer concernerait seulement ceux qui étaient morts jusqu’à l’époque de Noé mais pas ceux d’après, ce qui pourrait être compris comme une injustice.

Ce verset a été utilisé pour rassurer des chrétiens dans des civilisations du Proche-Orient où le culte des ancêtres avait une forte influence. On ne pouvait envisager qu’un parent décédé puisse être perdu sans avoir eu l’occasion d’entendre de son vivant la prédication de l’Évangile.

Mais ce verset risque aussi de créer un précédent. Jésus aurait prêché après leur mort à des gens qui n’ont pas eu pendant leur vie l’occasion d’entendre l’Évangile, il pourrait donc y avoir une deuxième chance de salut après la mort, comme le prétendent certaines sectes.

Rien ne garantit que ce message « en enfer » soit un message annonçant le salut. C’est plutôt une proclamation de victoire du Christ face à Satan). Rien ne dit non plus que les personnes concernées aient accepté ce message de salut si c’en était un.

Jésus descendant aux enfers est venu signifier sa défaite à Satan définitivement vaincu sur son propre territoire. Le Fils de Dieu s’identifie avec l’humanité. Il choisit d’assumer jusqu’au bout la destinée humaine, jusqu’au passage par l’enfer et jusqu’à la délivrance de l’enfer.

Une véritable résurrection après une mort réelle

Rufin : TERTIA DIE RESSURREXIT A MORTUIS ASCENDIT IN CAELOS SEDET AD DEXTERAM PATRIS

LE TROISIÈME JOUR EST RESSUSCITÉ DES MORTS, EST MONTE AU CIEL, SIÈGE À LA DROITE DU PÈRE

Pirmin précise : DEI PATRIS OMNIPOTENTIS
DE DIEU LE PÈRE TOUT PUISSANT

Toute puissance de Dieu dans la résurrection et la session du Fils à la droite du Père

Pirmin insiste sur la toute puissance de Dieu le Père. La Toute-Puissance est liée à la paternité divine dans la création du monde et l’engendrement du Fils.

Elle se manifeste ici à nouveau pour la résurrection et pour la session céleste du Fils ressuscité à la droite de Dieu le Père.

Pas de mort apparente

Ce véritable retour à la vie a lieu après une mort réelle de trois jours, mais pas plus pour que le corps ne risque pas de disparaître. Ce fait ferme la bouche de ceux qui prétendent que la mort de Jésus ne serait qu’un évanouissement prolongé, une mort apparente.

L’Ascension : le ministère céleste d’intercession et de jugement du Christ

AD DEXTERAM DEI PATRIS OMIPOTENTIS
À LA DROITE DE DIEU LE PÈRE TOUT PUISSANT

Ce sont les paroles de Jésus au grand prêtre lors de sa comparution devant le Grand Conseil juif :

« Vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu…».
L’élévation de Jésus Christ au ciel à l’Ascension est l’accomplissement de la prophétie de Daniel 7. 13 et 14.

Jésus-Christ à la droite de Dieu : ministère d’intercession et règne sur l’univers jusqu’au jugement dernier

L’œuvre du Christ payant pour les péchés de l’humanité ne s’achève pas à la croix. Elle prend sa signification complète au moment de l’Ascension. Le Fils a apporté à son Père le sacrifice qui autorise le pécheur pardonné à entrer dans la présence de Dieu.

Le Fils siège à la droite du Père pour exercer son ministère céleste d’intercession (Romains 8.34).

Il régnera sur l’univers entier jusqu’au jugement dernier « où il remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père » (1 Corinthiens 15.24)

Tout jugement remis au Fils

UNDE VENTURUS EST IUDICARE VIVOS ET MORTUOS
D’OÙ IL VIENDRA POUR JUGER LES VIVANTS ET LES MORTS

C’est le Christ qui vient pour juger :
« Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils » (Jean 5.22)

Ce jugement concerne tous les humains, les vivants aussi bien que les morts.
« A la dernière trompette, les morts ressusciteront, incorruptibles…et les vivants (nous) seront changés» 1 Corinthiens 15.51-52,

Puis tous seront jugés et seront sauvés dans la présence de Dieu ou perdus loin de lui.

L’affirmation des doctrines sur l’Esprit Saint et la Trinité

CREDO IN SPIRITUM SANCTUM / JE CROIS EN L’ESPRIT SAINT

En répétant « CREDO/JE CROIS, le futur baptisé insiste sur l’affirmation de sa foi dans les trois personnes de la Trinité, le Père, le Fils, l’Esprit Saint.

L’icône de la Trinité

représentation de trois personnes de la Trinité. Icone d’Andrei Rublev

 

La Trinité est illustrée par l’icône dite de la Trinité d’Andrei Roublev. Il s’agit des trois hommes apparus à Abraham au Chêne de Mamré (Genèse 18).Roublev, à la suite des Pères de l’Église, l’interprète comme une figure du mystère de la Trinité indivisible.

La doctrine de l’Esprit-Saint

La doctrine de l’Esprit est affirmée dès les débuts de l’Église. Mais elle sera développée seulement au 4e siècle.

Selon Grégoire de Nysse, un théologien de l’Église ancienne, « il a fallu résoudre la question du Fils avant d’aborder celle de l’Esprit, d’abord expliquer qui est le Fils puis qui est l’Esprit, car l’Esprit est « ambassadeur du Père et du Fils ».

La doctrine du « filioque » (et du Fils)

Le Saint-Esprit procède du Père et du Fils

L’affirmation de Grégoire – « ambassadeur du Père et du Fils » –  annonce la doctrine du « filioque » (« et du Fils »). Elle sera ajoutée au 6e s à la version occidentale du Symbole de Nicée Constantinople, une profession de foi rédigée en grec.

Elle est commune aux trois grandes confessions chrétiennes, le catholicisme, l’orthodoxie et le protestantisme :

Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie.

Il procède du Père et du Fils. Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire; il a parlé par les prophètes.

Doctrine acceptée par les Eglises catholiques et protestantes, rejetée par l’Eglise orthodoxe

La doctrine du « filioque », double procession de l’Esprit, qui émane à la fois du Père et du Fils a été acceptée par l’Église latine (et protestante). Elle a été rejetée par l’Église orientale pour laquelle l’Esprit procède (émane) du Père seul. Ce refus est l’une des causes du grand schisme de 1054 entre l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe.

Croire en l’Esprit saint signifie aussi croire en son oeuvre

Pour le catholicisme, à travers le magistère de l’Église

Pour le catholicisme, l’Esprit agit objectivement à travers le magistère de l’Église, même sans participation consciente ou sans approbation de la personne concernée. Ainsi, le baptême administré à un nourrisson ferait de lui un chrétien. Et si un non croyant participait à l’eucharistie, il recevrait le corps et le sang du Christ par la transformation du pain et du vin opérée par les paroles de consécration.

Pour le protestantisme, dans la transformation du coeur

En revanche, pour le protestantisme, l’œuvre de l’Esprit ne réside pas dans des actes extérieurs mais dans la transformation du cœur.

Entre protestants de diverses obédiences, cette œuvre de l’Esprit est aussi interprétée différemment. Pour les uns, elle se manifeste par des œuvres de puissance, des dons spirituels extraordinaires. Pour les autres, c’est par une conduite et une fidélité dignes de la Parole de Dieu, même sans éclat particulier.

La catholicité de l’Église: la foi universelle « pratiquée partout, par tout le monde dans tous les temps »

Rufin :

SANCTAM ECCLESIAM
LA SAINTE EGLISE

REMISSIONEM PECCATORUM
LA RÉMISSION DES PÉCHÉS

CARNIS RESURRECTIONEM
LA RÉSURRECTION DE LA CHAIR

Pirmin ajoute un développement théologique important

SANCTAM ECCLESIAM CATHOLICAM
LA SAINTE EGLISE UNIVERSELLE

SANCTORUM COMMUNIONEM
LA COMMUNION DES SAINTS

Catholique = universel (pas catholique romain)

Dans le contexte de ce credo complété au 8e s, « catholique » ne signifie pas catholique romain. C’est un mot grec courant, qui veut dire « universel ».

La catholicité de l’Église est définie au 5e s par Vincent de Lérins comme la foi universelle « pratiquée partout, par tout le monde dans tous les temps ».

Elle se manifeste dans l’espace, le temps, et l’histoire.

– dans l’espace :

Les chrétiens convertis de tous les pays sont unis spirituellement par la foi en un même Seigneur. Rassemblés ou non en communautés locales, y compris les chrétiens isolés dans les pays où sévit la persécution, ils participent à la communion des saints de l’église universelle visible et invisible

– dans l’histoire :

La doctrine de la foi repose sur Jésus-Christ, pierre angulaire. Il fonde la foi et unit les croyants. La vie de l’Église se construit sur la base de l’enseignement des apôtres et prophètes (Ephésiens 2.20).

Cela exclut donc l’ajout de dogmes ou systèmes particuliers aux sectes. Cela devrait aussi empêcher le détournement de vérités qui pourraient être gênantes pour la raison ou la sensibilité de l’homme moderne. Ainsi  l’enfer, séparation éternelle d’avec Dieu remplacé par l’anéantissement des âmes condamnées.

– dans le temps :

La rédaction de la Bible s’est achevée dans les premiers siècles de notre ère. Elle reste toujours pertinente aujourd’hui. Dans ses principes et ses vérités illustrés par des exemples, elle répond aux interrogations universelles de l’homme sur son origine et sa destinée : qui je suis, d’où je viens, quelle sera ma destinée ?

La rémission des péchés, au centre de la vie chrétienne.

REMISSIONEM PECCATORUM
LA REMISSION DES PECHES

Toute nouvelle naissance, début de la vie chrétienne doit passer par cette étape. Reconnaître que l’on est pécheur, y compris dans la pensée et l’intention (les paroles de colère qui « tuent »), et que l’on mérite la mort que Jésus a subie à notre place.

Jésus-Christ a non seulement acquitté la dette juridique du péché, pour satisfaire à la justice divine. Il a aussi réconcilié avec Dieu ceux qui se savent pécheurs et lui demandent pardon et réconciliation (2 Co 5.18-19).

En conséquence, la parole du pardon doit être proclamée dans l’Église. Il faut en informer en particulier ceux qui croient avoir commis le péché impardonnable ou ceux que la mort de parents a privés de la possibilité d’apurer les conflits.

La résurrection de la chair: celle des corps dans le royaume céleste

CARNIS RESURRECTIONEM ET VITAM AETERNAM
LA RESURRECTION DE LA CHAIR ET LA VIE ETERNELLE

Le symbole des Apôtres se termine par une confession de foi en la vie éternelle

La résurrection de la chair, c’est celle des corps (faits de matière) dans le royaume céleste. Ce n’est pas le corps tel quel, corruptible, incapable d’hériter le Royaume de Dieu (1 Cor 15.50. C’est le corps mystérieusement transformé et rendu capable d’entrer et de séjourner dans la vie éternelle (2 Co 3.18).

C. Streng