Catégorie : Approfondir

Comprendre, vivre et approfondir la foi chrétienne

Jésus face à Pilate, la pièce maitresse du récit de la passion

Le procès de Jésus devant Pilate qui se déroule au prétoire, le tribunal romain,  est la pièce maîtresse du récit  de la Passion du Christ.

Une certaine autonomie juive sous administration romaine

Depuis l’an 6, Judée, Samarie et Idumée sont administrées par un procurateur romain. Il exerce le commandement militaire dans le cadre d’une juridiction autonome avec toutefois une certaine dépendance à l’égard du légat gouvernant la province de Syrie Le procurateur possède un pouvoir presque absolu sur les juifs et il est directement responsable devant l’empereur. Mais aussi longtemps que l’autorité impériale est maintenue et les impôts romains acquittés, les Juifs jouissent d’une relative autonomie. La religion juive est reconnue comme culte officiel de la région ; les décisions juridiques du sanhédrin ont force de loi, sauf pour la peine de mort qui doit être ratifiée par le procurateur.

Inscription de Pilate à Césarée Maritime

Pilate, indécis ou plutôt brutal et obstiné

Depuis dix ans, cinquième procurateur de Judée, le Romain apparaît dans les Évangiles comme un homme indécis, cherchant à sauver Jésus mais dépassé par les événements. Il semble plutôt, d’après les témoignages de Flavius Josèphe dans Guerres juives (p. 169-177), et Philon d’Alexandrie dans delegatione ad Gaium qu’il était brutal et obstiné, « un homme naturellement rigide, têtu dans sa dureté, plein de ressentiments, excessivement colérique ». Il méprisait les Juifs et leurs coutumes et n’était pas disposé à leur accorder des faveurs.

Impopulaire par ses provocations

Il se rend très impopulaire par une série de provocations qui suscitent une résistance unanime dont il ne sort finalement jamais vainqueur.

Le défilé des drapeaux romains à Jérusalem, et plus tard les boucliers avec portraits et effigies de l’empereur suspendus sur le palais d’Hérode heurtent le sentiment monothéiste qui interdisait les images. Quant à la construction d’un aqueduc aux frais du trésor du Temple, elle donne lieu à une manifestation violemment réprimée, avec plusieurs morts. Voir aussi Luc 13.1.Pilate finit toujours par céder, soit à la pression de la foule, soit aux ordres de l’empereur à la suite de plaintes des notables juifs.

Cet homme qui représente le pouvoir quasi absolu de Rome a créé un tel précédent par son manque de diplomatie antérieur qu’il s’est en quelque sorte lié les mains d’avance. Les dirigeants juifs sauront en profiter.

Des dirigeants juifs décidés à faire mourir Jésus

Non seulement ils exigent d’être reçus en audience aux premières heures du matin, mais ils refusent d’entrer dans le prétoire de peur de se souiller par scrupules religieux. Ils craignent une contamination rituelle qui les aurait empêchés de célébrer la Pâque le soir venu . Quant à des scrupules moraux ou juridiques, cela semble ne pas même les effleurer. Jean a fait cette remarque avec une note d’ironie  caustique. Ceux qui mettent tout en œuvre pour  faire mourir Jésus sont pointilleux en matière de loi. Ils prennent garde à ne pas “ se souiller ” du point de vue rituel mais le font certainement du point de vue moral et juridique.

Sentence de mort à confirmer

En effet, ils espèrent que l’affaire se conclura vite. En effet, la procédure d’exequatur rend exécutoire un jugement prononcé par une autre juridiction. Le Romain devrait donc, à leur avis, confirmer la sentence qu’ils ont préparée par leur interrogatoire.

Devant le Sanhédrin, Jésus a été reconnu coupable de blasphème pour s’être proclamé Fils de Dieu. C’est bien ce que les chefs religieux réaffirment en disant au procurateur romain que Jésus  doit mourir “selon la Loi” (Jean 9.17).

Mais ils savent aussi que, pour le pouvoir romain, le blasphème est d’ordre religieux et ne constitue pas un chef d’accusation recevable.

Motif d’accusation modifié pour le rendre recevable

Ils modifient donc le motif d’accusation. Passant du religieux au politique, ils accusent Jésus d’être un dangereux agitateur, un de ces « messies » guerriers qui soulèvent le peuple et l’excitent à la révolte (Jean 18.30, Luc 23.22). En fait, dans leur pensée, les deux griefs sont indissociables : une perturbation dans la sphère religieuse pouvait provoquer des désordres sociaux, politiques et amener  le pouvoir romain à réagir.

En effet la période de la Pâque avec son afflux de pèlerins, son effervescence des jours de fête est favorable à ce type de manifestation. La troupe venue en renfort de Césarée Maritime est en place et on vient  d’arrêter quelques zélotes ou sympathisants coupables de meurtre au cours d’une sédition (Marc 15.7) Quelle occasion rêvée pour les chefs religieux et les sadducéens de se rendre le pouvoir romain favorable en livrant un agitateur de plus.

Mais Pilate décide d’un procès selon les règles

Mais le procurateur refuse et décide d’ouvrir un procès conforme aux procédures romaines légales. En effet, le zèle des chefs sadducéens, favorables aux Romains à dénoncer un compatriote qui n’avait pas encore attiré l’attention des troupes romaines lui paraissait suspect.

Gouverneur d’une province sénatoriale, il avait une compétence juridique particulière. … Le procès, surtout quand la peine capitale était en jeu, n’était pas conduit par un juge indépendant avec un jury local, mais par le représentant de l’empereur exerçant à la fois les fonctions de magistrat et de juge. Celui-ci pouvait donc organiser et mener les débats à sa guise. Les représentants de l’empereur étaient tenus de respecter les règles essentielles de droit, sinon ils risquaient d’être dénoncés à Rome par les pouvoirs locaux

En déclarant  “ Prenez-le, vous, jugez-le selon votre loi ” (v. 31b), Pilate veut les obliger à dévoiler leurs  intentions.

Il les renvoie à leur propre loi, sachant très bien qu’elle n’a plus d’effet exécutoire : ils n’ont pas la possibilité d’exécuter un condamnation à mort. De plus, il se moque d’eux et il les humilie en les forçant en quelque sorte à déclarer eux-mêmes devant lui qu’ils n’ont plus d’indépendance politique ni juridique (Jean 8.6-7) :

“ Il ne nous est pas permis de mettre quiconque à mort ” (v. 31d).

Jésus face à Pilate

Il interroge ensuite Jésus sur le thème du pouvoir et du royaume : es-tu le roi des Juifs? (Jean 18.33)

Le procurateur sait que Jésus n’est pas roi puisque la royauté n’existe plus depuis que les procurateurs préfets romains ont remplacé les rois tels Hérode autrefois reconnus par les Romains.

Si Jésus répond affirmativement, il se placerait d’emblée dans l’illégalité en ajoutant son nom à la liste des contestataires issus de mouvements politico-messianiques, Athrongès, par exemple, le berger qui se déclara roi quelque temps après la mort d’Hérode. Il serait coupable, selon la loi Julia du crime de lèse-majesté, commis contre le peuple romain et sa souveraineté (Digeste 48.4.4).

Jésus innocent

La réponse de Jésus ne laisse aucun doute sur son innocence. Ses affirmations sur « une royauté qui n’est pas de ce monde » montrent au procurateur qu’il  n’a aucune visée politique pouvant présenter un quelconque danger pour le pouvoir en place. Ce dernier serait donc prêt, comme le fit un de ses successeurs dans des circonstances similaires, à le déclarer irresponsable et à le laisser partir

Peur du mécontentement des Juifs

Mais le procurateur craint que cette décision opposée à leurs exigences ne provoque le mécontentement des chefs juifs. Il les sait capables d’agir comme ils l’ont déjà fait à d’autres occasions :  avertir les autorités supérieures, disant qu’il a libéré un dangereux activiste, provoquer une manifestation de protestation parmi la foule qui viendrait s’opposer au verdict d’innocence ou les deux à la fois.

Partie de ping-pong  coupable/innocent

On assiste alors tout au long de ce procès à une partie de ping-pong entre le procurateur et les chefs religieux sur le thème « coupable, non coupable », avec des solutions de traverse pour se débarrasser du problème.

Un premier essai de fuite, ou manœuvre juridique et politique bien comprise : il  envoie le prévenu à Hérode (Luc 23.6-12) Jésus est Galiléen ; quoi de plus normal que de transmettre son cas à la juridiction dont il dépend. Mais Hérode ne se charge pas de l’affaire et lui renvoie Jésus.

Deuxième tentative pour  mettre la balle dans le camp de l’adversaire : il propose , selon la tradition, de libérer un prisonnier de leur choix. Il est au courant des acclamations de la foule quelques jours auparavant. Peut-être vont-ils à nouveau choisir Jésus ? Il pourrait donc le libérer sans prendre le risque de s’engager personnellement.

C’est bien Barabbas qu’ils réclament ! 

Un brigand , un voleur mais aussi selon Flavius Josèphe un séditieux, c’est à dire un terroriste de la révolte antiromaine (Marc 15.7 et Luc(23.19). Ironie grinçante : les Juifs réclament la libération d’un rebelle antiromain, eux qui ne tarderont pas à professer une fidélité inconditionnelle envers l’empereur.

Jésus flagellé pour attirer la pitié des Juifs

Enfin, il fait battre Jésus de verges et le présente au public en piteux état. La flagellation est la première étape avant l’exécution capitale, un châtiment, certes cruel et humiliant, mais qui prouve que le chef romain  n’a trouvé dans le prisonnier aucun crime passible de peine capitale. Il estime suffisant de l’avoir ainsi traité et il n’y a  pas de raison d’aller plus loin en le condamnant à mort comme ses adversaires le réclament (18, 31).

Il pense ainsi attirer la pitié des Juifs qui se contenteraient de ce châtiment. :Voici votre roi. Cela échoue encore. Poussés par les chefs, ils rejettent Jésus (crucifie, crucifie) et déclarent leur préférence pour le pouvoir romain (Jean 19.14-15).

Pilate les amène, pour finir, à renier leur souveraineté nationale, c’est-à-dire en réalité celle de Dieu sur son peuple.

Pilate abandonne la partie

Finalement, il abandonne totalement la partie quand la menace le concerne personnellement : si tu le relâches, tu n’es pas ami de César (Jean 19.12).

Par cet argument politique, les Juifs veulent frapper un grand coup susceptible d’abattre toutes les résistances du juge. Le Romain veut  relâcher Jésus. Qu’il le fasse, mais dans ce cas il ne se comportera pas en ami de César. Il rompt de ce fait avec l’empereur. D’“ ami ” il devient ennemi.

Menaces de dénonciation

Ils ne se contentent pas de convaincre le procurateur de  trahison s’il remet Jésus en liberté.  Il y a dans leurs paroles une menace voilée de dénonciation auprès des instances supérieures de l’Empire.

…Et contre sa conscience et sa conviction profonde que Jésus était innocent, il le leur livra pour être crucifié (Jean 19.6).

Un échec inévitable ?

Cet échec du chef romain à « sauver Jésus » , à éviter de le condamner à mort était-il inévitable ?

A-t-il agi de la manière la plus sensée ?

On peut en douter en observant la manière dont il s’adresse à la foule : comme c’est parmi vous une coutume  que je vous relâche quelqu’un à la fête de Pâque , voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? (Jean 18.39)

Cette coutume est un privilège accordé aux Juifs. La libération doit correspondre à un désir de leur part. Or, non seulement les juifs n’ont pas demandé qu’on leur relâche Jésus, mais ils sont là uniquement pour qu’on le condamne.

Celui que le procurateur cherche apparemment à remettre en liberté est désigné par lui du titre de “ roi des Juifs ”. C’est là l’expression même de sa mauvaise volonté. Il n’a aucune chance d’aboutir et fait tout pour échouer.

Comment en effet supposer que les Juifs, fermement décidés à obtenir la mort de Jésus, aient pu changer d’attitude en l’entendant paré d’un titre qu’ils contestent, titre chargé en outre d’un mépris qui les offense?

A-t-il été le jouet d’une collusion  entre les chefs religieux et la foule ?

Comment retourner une foule et l’utiliser pour forcer la main à un magistrat ? Que sont devenus les admirateurs de la semaine précédente ? Étaient-ils Galiléens alors que devant le prétoire, il s’agirait de  Judéens, moins favorables à Jésus ? Quoi qu’il en soit, ces gens venus là pour demander la libération d’un prisonnier. Il est facile de les influencer pour qu’ils paraissent faire un choix spontané, mais déjà induit par les autorités.

Menace d’une agitation populaire

La foule est donc utilisée par les chefs religieux pour forcer la main au Romain. S’y ajoute la menace implicite d’une agitation populaire s’il ne lui accorde pas ce qu’elle demande, c’est à dire  Barabbas. Il y a déjà eu des précédents, cités par Flavius Josèphe et Philon. Les autorités seules n’auraient pas suffi à obliger le chef romain à condamner Jésus parce que entre le procurateur et eux,  la discussion se situe au plan juridique.  Et là elles  n’ont aucune chance même si elles tentent de présenter Jésus comme une menace pour le pouvoir. Il est préférable que ce soit la  foule qui intervienne parce que là, on ne se situe plus sur le plan juridique ou rationnel mais seulement émotionnel avec la menace que tout devienne  incontrôlable à un moment particulièrement délicat. Le procurateur alors se verrait  précipité dans une situation qu’il ne pourrait pas contrôler  vu le petit nombre de ses soldats par rapport à la foule. Ou alors, serait-il contraint de faire agir la troupe, comme il l’avait déjà fait, avec des conséquences désastreuses, pour lui en particulier ?

Complice d’un activiste ou dénoncé pour ses exactions

Avec la menace de le dénoncer à l’empereur comme soutien d’un activiste rival du pouvoir en place, donc complice d’un coupable du crime de lèse-majesté qu’il aurait libéré au lieu de le punir comme il se doit, ou alors en dévoilant les exactions commises pendant son mandat, l’échec du préfet de Judée est évident et inévitable.

Ponce Pilate, le préfet de Judée a érigé un bâtiment dédié à l’empereur Tibère. L’inscription originale, trouvée dans les fouilles du théâtre de Césarée Maritime, est conservée au Musée d’Israël à Jérusalem

Lors de l’affaire des boucliers, rapportée par Philon d’Alexandrie, il a été  violemment désavoué par Tibère… Le paragraphe 302 est une rétrospective de ses activités :

“ Il tremble que si effectivement ils députaient une ambassade, ils n’allassent fournir des preuves de sa culpabilité pour tout le reste de son administration en donnant le détail de ses concussions, de ses violences, de ses rapines, de ses brutalités, de ses tortures, de la série de ses exécutions sans jugement, de sa cruauté épouvantable et sans fin ”

En disant à Pilate que s’il relâchait Jésus, il n’était pas “ ami de César, “ les juifs ont utilisé  leur argument le plus efficace. Le procurateur n’avait certainement aucune envie que l’empereur Tibère, alors sur l’île de Capri, malade d’une maladie répugnante, rempli de suspicion et plein de colère et de désir de vengeance, apprenne qu’il a pris parti pour un prisonnier accusé de crime de lèse majesté. La punition risquée était la confiscation des biens, la révocation de la fonction officielle, l’exil ou parfois pire. Le procurateur était sûr que le sanhédrin juif aimerait envoyer un tel rapport à l’empereur. Il a perdu courage avant que la menace ne se précise. ” .” J.W. Shepard, The Christ of the Gospels (Grand Rapids: Eerdmans, 1939), p. 591.

Jésus condamné par pression politique

Pilate ne pouvait donc qu’échouer et il s’en lave les mains, c’est à dire en rejette la responsabilité sur les Juifs. Dans son esprit, il a fait ce qu’il a pu mais certainement pas ce qu’il a dû. Il n’a pu assurer la justice contre des gens qui n’en ont pas envie et ont beau jeu de lui rappeler des injustices antérieures. Il cède à la pression et condamne Jésus pour motif politique de rébellion et lèse majesté  selon ce qui est écrit sur  le titulus : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs ». L’écriteau n’exprime pas le fond de sa pensée  : Je l’ai échappé belle, j’ai éliminé un dangereux rival de l’empereur, il  peut m’en être reconnaissant !

Les Juifs se torpillent eux-mêmes

En effet, l’idée de royauté est un faux argument auquel personne n’attache une véritable importance. Et même pire, cela amène les autorités juives à se torpiller en déclarant nous n’avons pas d’autre roi que César et que son sang retombe sur nous et sur nos enfants (Matthieu 27.25) Ils ont commis l’erreur la plus monumentale qui soit en condamnant toute leur descendance pour se tirer d’affaire. Pourtant c’est Jésus lui-même qui dira sur la croix, Père, pardonne leur, car ils ne savent pas ce qu’il font (Luc 23.34).

Jésus crucifié comme séditieux

Jésus fut donc crucifié par le pouvoir romain occupant comme “séditieux”; sur l’ordre du préfet romain. Le préfet de Judée mettra en application une disposition que l’on trouve dans le Digeste – connu également sous le mot grec de Pandectes -, sous la plume du juriste Paul. Si la publication officielle du digeste est du 16 décembre 533, sur ordre de l’empereur Justinien, les textes réunis sont anciens et, pour ce qui concerne les dispositions pénales, elles étaient d’une particulière stabilité dans le monde romain. Le texte sur lequel se fondera donc le chef romain, même si aucune sentence écrite ou prononcée n’a été mentionnée, doit être le suivant: “ Les auteurs de sédition ou de troubles en excitant le peuple ou bien sont portés en croix, ou sont jetés aux bêtes, ou sont déportés dans une île, suivant la classe sociale à laquelle ils appartiennent ”

Pilate, responsable devant l »histoire

Pilate porte donc devant l’histoire la responsabilité de la condamnation à mort de Jésus. Cette responsabilité n’est atténuée ni par les manœuvres des chefs des juifs pour l’y contraindre – car le préfet de Rome avait pour lui la majesté du droit et la force des armes – ni par les vociférations de la foule, malgré son étrange pouvoir sur les esprits faibles qu’une attitude résolue eût fait taire. Sa responsabilité est une responsabilité entière dans le procès historique de Jésus.

Quelques semaines après les événements de la semaine pascale, Pierre et Jean s’adressent à la foule étonnée par la guérison d’un homme boiteux de naissance. Il  lui rappellent  encore  sa culpabilité à propos de la mort de Jésus , comme ils l’avaient déjà fait à la Pentecôte quelque temps auparavant.

Mais victoire du Christ

Mais ils proclament en même temps à nouveau la victoire du Christ déclaré Seigneur, victoire démontrée par sa résurrection, victoire sur tous ses accusateurs, sur les calomniateurs, les faux témoins, les pouvoirs politiques et religieux, sur les puissances qui tentent de dominer le monde.

…le Dieu de nos pères, a glorifié son serviteur Jésus, que vous avez livré et renié devant Pilate, qui était d’avis qu’on le relâche. Vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier. Vous avez fait mourir le Prince de la vie que Dieu a ressuscité des morts; nous en sommes témoins.

Et  en déclarant :

Et maintenant, frères, je sais que vous avez agi par ignorance, ainsi que vos chefs. Mais Dieu a accompli de la sorte ce qu’il avait annoncé d’avance par la bouche de tous ses prophètes, que son Christ devait souffrir,

ils soulignent que la perspective de Dieu, infiniment au delà des actions négatives ou même destructrices des hommes pouvait même aller jusqu’à relativiser cette culpabilité en faisant passer au premier plan  la nécessité des souffrances et de la mort de Jésus en vue du salut.

On peut dire globalement que tous ceux qui d’une manière ou d’une autre rejettent le Christ le font par ignorance, même ceux qui directement ont provoqué sa mort. Mais il faudrait aussi ajouter que c’est une méconnaissance du plan éternel de Dieu et non une ignorance dans le domaine de la morale et de la justice.

C’est Jésus seul qui connaissait vraiment le plan de Dieu pour lui. Il a vécu selon ce plan, en toute connaissance de cause, conscient des moindres intentions des hommes, pressentant leurs calculs, leurs complicités, leurs ambitions religieuses et politiques. Mais il leur annonce toujours la possibilité du pardon et de la grâce, la proximité du Royaume de Dieu  en sa personne et par ses actes de puissance et de libération.

Il est allé au supplice de la croix,  sans pratiquement prononcer une parole, sans se défendre devant un tribunal inique, sans protester devant la lâcheté et l’étalage des intérêts personnels et des inquiétudes politiques. Il a refusé de s’abaisser au niveau des tactiques humaines et a choisi d’avancer jusqu’au bout dans la voie de l’obéissance, disant :

Voici, je viens (Dans le rouleau du livre il est question de moi) Pour faire, ô Dieu, ta volonté (Hébreux 10.7).

Sa Passion est l’aboutissement d’un conflit qui l’oppose à l’incrédulité d’un monde qui le rejette, mais elle est surtout victoire sur ce monde et sur ses dirigeants, visibles ou occultes. Et paradoxalement, ceux qui ont le plus visiblement contribué à cette victoire, sont les juifs de Jérusalem, les chefs religieux et le procurateur romain. Leur rôle dépasse leur position historique et finalement rejoint, sans qu’ils en aient été conscients, le plan éternel de Dieu. Ils ont concouru, par leur refus et leur hostilité destructrice, à la gloire du crucifié, qui pourtant n’accepte pas la gloire venant des hommes, mais seulement celle qui vient de Dieu (Jean 5.41,44) ;

C’est ce que Paul rappellera plus tard aux Corinthiens :

Nous prêchons la sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée, que Dieu, avant les siècles, avait prédestinée pour notre gloire, sagesse qu’aucun des chefs de ce siècle n’a connue, car, s’ils l’avaient connue, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire (1 Corinthiens 2.8).

C.Streng

 

Vivre par la foi et ne pas dévier

Vivre par la foi, un principe de foi chrétienne à vivre

Cette proclamation d’Habaquq est le principe de base de la vie chrétienne.
Paul la cite et l’explique à deux reprises dans la lettre aux Romains 1.17 et dans celle aux Galates 3.11.

Le juste vivra par la foi» Hébreux 10.32-39

un défi pour des chrétiens tentés par la régression, le retour en arrière, l’isolement.

L’auteur de la lettre aux Hébreux reprend le texte d’Habaquq « Le juste vivra par la foi » avec l’inspiration d’un auteur du Nouveau Testament.<

Quelques précisions sur l’auteur

L’identité de l’auteur de la Lettre aux Hébreux n’est pas établie, ni dans la lettre, ni dans les écrits les plus anciens de l’Eglise, après le Nouveau Testament. Il faisait certainement partie de l’entourage de Paul puisque l’auteur de la lettre aux Hébreux  cite Timothée (13.23).
Mais ce n’est pas Paul lui-même : le style du grec utilisé est nettement différent.
Paul indique toujours son identité au début et souvent à la fin de ses lettres. L’auteur de la lettre aux Hébreux reste anonyme, même s’il est connu par l’Eglise à laquelle il écrit (13.19)

Rappelez-vous au contraire les premiers temps où, après avoir reçu la lumière de Dieu, vous avez enduré les souffrances d’un rude combat. Car tantôt vous avez été exposés publiquement aux injures et aux mauvais traitements, tantôt vous vous êtes rendus solidaires de ceux qui étaient traités de la même manière.

Oui, vous avez pris part à la souffrance des prisonniers et vous avez accepté avec joie d’être dépouillés de vos biens, car vous vous saviez en possession de richesses plus précieuses, et qui durent toujours.

N’abandonnez donc pas votre assurance: une grande récompense lui appartient. Car il vous faut de la persévérance, afin qu’après avoir accompli la volonté de Dieu vous obteniez ce qu’il a promis.
Encore un peu de temps, un tout petit peu de temps, et celui qui doit venir viendra, il ne tardera pas. Celui qui est juste à mes yeux vivra par la foi, mais s’il retourne en arrière, je ne prends pas plaisir en lui.

Quant à nous, nous ne sommes pas de ceux qui retournent en arrière pour aller se perdre, mais de ceux qui ont la foi pour être sauvés.
Hébreux 10.32-39

Gérer une situation de crise

Des chrétiens de Rome, d’arrière plan juif persécutés, risquant d’abandonner la foi

Rome, la grande cité

L’auteur s’adresse à des chrétiens romains d’arrière plan juif, en situation de persécution.
Face à l’hostilité, ils sont tentés de revenir en arrière dans la zone de sécurité de leur judaïsme d’origine.

Ou alors ils n’ont plus de contact ni avec  leur communauté chrétienne, ni avec les non chrétiens. Ils risquent donc dans tous les cas d’abandonner la foi.

Un appel à réfléchir, à se souvenir

L’auteur les appelle à réfléchir, à se souvenir de l’exemple qu’ils ont eux-mêmes donné dans le passé

  • Souvenez-vous. Il rappelle d’abord la fidélité passée de la communauté (v. 32)
  • N’abandonnez pas. Il invite ensuite  à la persévérance (35-39) –

A ces chrétiens en crise est promise la réalisation de la grande promesse d’Habaquq. « Le juste vivra par la foi »

 Le judaïsme, une zone de sécurité… provisoire.

Sous l’empire romain, le judaïsme est une religion permise

L’aigle, symbole du pouvoir romain

Ces chrétiens persécutés sont des juifs convertis. Ils sont assimilés socialement à la colonie juive qui vit à Rome.

Il était tentant pour un chrétien d’origine juive de se replier sur son judaïsme d’origine en cas de persécution.

Pendant le premier siècle de notre ère, sous l’empire romain, on ne faisait pas encore la différence entre juifs et chrétiens La loi romaine accordait aux Juifs un statut juridique assez favorable. Le judaïsme était une religion licite – permise.

Mais remise en cause à cause des troubles  entre Juifs et chrétiens

 Les Juifs chassés de Rome

Temple de l’empereur Claude

Suétone, un auteur latin témoigne : «Comme les Juifs provoquaient constamment des troubles à l’instigation de Chrestus – probablement une référence au Christ, – l’empereur Claude les chassa de Rome » en 49.

Aquilas et Priscilla, les collaborateurs de l’apôtre Paul étaient de leur nombre (Actes 18.2)

Juifs chrétiens et juifs non chrétiens, c’est la même chose pour le pouvoir romain. Ils sont donc mis dans le même panier et chassés de Rome

Il y a sans doute eu de l’agitation et des troubles entre des Juifs qui se convertissaient à la foi chrétienne et des Juifs qui s’opposaient violemment à ceux-ci. Il ne faut pas s’en étonner. Plusieurs passages du livre des Actes racontent des attaques provoquées par des Juifs contre Paul et les nouveaux convertis.

Courage dans la persécution

Les restrictions, les tracasseries commencent : on interdit les réunions, les chrétiens d’origine juive continuent quand même. On les jette en prison, on confisque leurs biens.

Exposés publiquement, offerts en spectacle aux injures, aux mauvais traitements

Rome, le tribunal Basilica Julia

Les païens les accusent de vices et de pratiques épouvantables. Comme l’inceste (C’est comme ça qu’ils voient la communion fraternelle) et l’anthropophagie (C’est comme ça qu’il comprennent la cène).

Les autres Juifs les accusent aussi d’être les responsables de leur expulsion de Rome.

Non seulement ces chrétiens tiennent bon, mais ils rendent un bon témoignage de solidarité avec ceux qui sont persécutés. Ils ont de la compassion – certainement pratique – pour ceux qui sont jetés en prison.

Donnés en spectacle sur le forum, place publique de Rome

Rome, le forum

Ils sont dépouillés de leur biens : habitations confisquées par les magistrats, ou alors squattées ou même vandalisées après leur emprisonnement ou leur départ en exil. Meubles et objets personnels sont volés, éparpillés dans la rue, détruits… ou vendus sur la place publique, le forum

Mais ces chrétiens dépouillés de leurs propriétés, de leurs biens terrestres (34b), savent qu’ils ont de meilleures possessions (34c), des richesses plus précieuses qui durent toujours, sur la base de leur relation avec Dieu à travers le Christ

A force d’épreuves, découragement et tentation de repli

La lassitude, le découragement finissent par s’installer et font leur ravage.

  •  Retour au judaïsme pour échapper à la persécution ? Ce n’est plus si sûr avec l’expulsion des Juifs ordonnée par l’empereur ?
  • Faire profil bas, s’isoler, se retirer ? Est-ce vraiment une solution à long terme ?

Avertissements et encouragements

L’auteur de la lettre les avertit et les encourage

N’abandonnez pas votre assurance. Une grande récompense lui appartient

Cette assurance, cette hardiesse, le chrétien les développe en se confiant dans la grâce de Dieu qui l’aide à vivre pratiquement son salut. Au-delà des difficultés il peut diriger sa pensée, son espérance vers les récompenses éternelles promises.

Vivre l’Evangile dans un contexte hostile ou indifférent

Mais il ne s’agit pas de rêver, d’attendre la vie au ciel en restant passif sur terre… Non, il faut de la persévérance, de l’endurance, le courage de continuer malgré tout, de ne pas tout laisser tomber. Il faut de la hardiesse pour suivre l’exemple du Christ, pour continuer à annoncer la Parole, à vivre l’Évangile dans un contexte hostile ou indifférent.

Persécutions passées et présentes

Cirque de Rome à l’époque, dragonnades contre les Huguenots en France au 17e s, et aujourd’hui génocides, emprisonnements, assassinats, persécution des chrétiens, attaques terroristes au Moyen Orient et en Occident ..

Ambiance actuelle

Mais aussi l’ambiance du monde occidental actuel : toutes les formes de spiritualité se valent, « tu as ta vérité, j’ai la mienne ». « Toutes les religions sont bonnes, pourvu qu’on les pratique… Mais surtout pas trop et le plus discrètement possible ! : « la religion appartient à la sphère privée »…

Exigence de hardiesse et de persévérance

Pourquoi la hardiesse et la persévérance sont-elles demandées à la communauté qui attend la réalisation de la promesse divine ?

L’auteur va l’expliquer. Comme tous les écrivains du Nouveau Testament il cite Habaquq dans sa version grecque avec quelques modifications inspirées…

Habaquq revisité

Encore un peu, un peu de temps, et celui qui doit venir viendra, et il ne tardera pas. Celui qui est juste à mes yeux, vivra par la foi; mais s’il retourne en arrière, je ne prends pas plaisir en lui (Hébreux 10.37-38)

 « Encore un peu, un peu de temps » Esaïe 26.21, prétexte au repli

L’auteur de la lettre aux Hébreux rappelle d’abord Esaïe 26.20-21qui disait :

Va, ô mon peuple, et entre dans ta chambre, sur toi ferme la porte, cache-toi un instant, le temps que passe la colère. Car l’Éternel va sortir de sa résidence pour faire payer leurs péchés aux habitants du monde, et, ce jour-là, la terre mettra à jour le sang versé sur elle et ne cachera plus les victimes qu’elle dissimulait.

On lisait ce passage d’Esaïe dans les prières du matin et du soir de l’Eglise primitive. Les chrétiens persécutés de Rome l’ont sans doute utilisé pour justifier le repli sur soi, l’isolement.

Appel à la fidélité

L’auteur de la lettre aux Hébreux rejette cette attitude de repli. Il cite Habaquq qui recommande la fidélité et avertit contre le repli, la régression.

Attendre avec assurance et patience

Habaquq 2.3-4 permet deux interprétations complémentaires

– attendre l’accomplissement de la vision

Car c’est encore une vision pour le temps fixé, elle aspire à son terme, elle ne mentira pas.

Si elle tarde, attends-la, car elle se réalisera bel et bien, elle ne sera pas différée.

– attendre l’Eternel qui viendra sûrement, même s’il faut patienter

Si même il faut attendre que vienne l’Éternel, attends-le patiemment, car il vient sûrement, il ne tardera pas. (Bible du Semeur)

La lettre aux Hébreux précise la vision d’Habaquq

Celui qui doit venir viendra et il ne tardera pas.

« Celui qui doit venir» (« Ho erkomenos») est un titre messianique du Christ. Il annonce un événement absolument certain : le retour glorieux du Seigneur à la parousie (la 2e venue)

Fidélité, marche en avant ou retour en arrière ?

Deux attitudes mises en opposition : la fidélité, la marche en avant ou la défection, le retour en arrière

La fidélité : Mon juste vivra par la foi

La foi commence à la conversion. Face aux difficultés, aux souffrances, elle continue dans la durée.

Elle tient bon même quand il n’y a pas de délivrance, comme pour plusieurs des héros de la foi à la fin du chapitre 11.

La défection : Mais s’il se retire, (retour en arrière), je ne prends pas plaisir en lui

Celui qui se retire, c’est « celui qui flanche, qui défaille »

 Le risque mortel du repli

L’auteur avertit ceux qui seraient tentés d’échapper à la souffrance et à la déception en se repliant sur eux-mêmes, en se cachant, en s’isolant de la communauté. Pour lui, c’est la voie ouverte vers la trahison, l’apostasie.

<Nous ne sommes pas de ceux qui retournent en arrière pour aller se perdre, mais de ceux qui ont la foi pour être sauvés.

Nous : L’auteur de la lettre se solidarise avec ces chrétiens en difficulté. Il veut les pousser  à manifester leur fidélité au Christ, à garantir ainsi la solidité de leur foi

Il n’est pas question ici de l’aspect juridique de la justification par la foi (Galates et Romains) mais de son application pratique

Avoir la foi pour être sauvé

Comment un chrétien peut-il être sûr de son salut final, sur quelle base peut-il espérer atteindre ce but ?

Ceux qui ont la foi pour être sauvés 

Ici il ne s’agit pas de la foi exprimée à la conversion. C’est la manifestation continuelle de la foi suivant l’engagement pris à la conversion. C’est une fidélité en tension dans toutes les situations, faciles ou difficiles de la vie.

L’avertissement semble sévère pour des chrétiens en situation de crise…Mais l’auteur proclame sa certitude qu’ils persévéreront malgré tout en gardant la foi, la fidélité persistante, jusqu’à leur réunion avec le Seigneur.

Une fidélité en tension qui prend des risques

Les risques de l’honnêteté qui ne se fait pas d’illusions sur soi

Continuer à vivre sa vie chrétienne dans une fidélité constante exige une honnêteté bien consciente qui ne se fait pas d’illusion sur elle-même. Il faut se rendre compte du danger de se relâcher et même de tout lâcher à cause des difficultés, des pressions trop fortes, ou simplement à la suite de certaines circonstances de la vie. Ainsi, des chrétiens consacrés et prometteurs  ont disparu de la circulation.

La foi se manifeste dans la fidélité au jour le jour, dans la solidité, l’endurance. Elle s’accompagne de la ferme confiance dans les promesses de Dieu malgré l’adversité et les désillusions.

Les risques face à la mentalité ambiante

Et elle sait aussi le risque à courir quand on ne se laisse pas entraîner par les automatismes imposés par l’opinion publique. Mais qu’on utilise son intelligence, sa réflexion pour prendre une position de chrétien face à la mentalité ambiante.

Foi et solidarité dans un monde en souffrance

Cascade près du lac St Jean, Québec

En quoi l’appel à la foi d’Habaquq repris par Hébreux nous concerne-il aujourd’hui ?

Choc inégal entre deux civilisations de l’Antiquité lointaine, conflit des valeurs d’une Église chrétienne face au monde païen du 1e siècle ? Drames de l’histoire et conflits de valeurs continuent depuis des siècles. Et encore aujourd’hui…

Ces textes peuvent nous parler personnellement. Ces situations tragiques, les auteurs bibliques ne les ont pas seulement décrites, ils les ont aussi subies avec ceux qui souffraient.

Ce monde en souffrance dans toute l’horreur de son drame, il a collé à la peau d’Habaquq jusqu’à lui arracher des cris d’incompréhension, de détresse.

Qui a changé de comportement en écoutant sa prophétie, qui a choisi la foi, la fidélité à Dieu ? On pensait s’en tirer sans repentance et sans mal. Lui savait la destruction inévitable et il allait y passer lui aussi. Il interroge Dieu, mais jamais il ne l’accuse.

Cris de souffrance mais surtout cris de foi et d’espérance qui résonnent à la face de tous les désespoirs, de toutes les lâchetés, de toutes les compromissions, un cri qui fait vibrer : « Le juste vivra par la foi »!

Être chrétien ne donne pas la garantie d’échapper aux problèmes et malheurs de la vie. Le chrétien dans le monde, fait aussi partie de ceux qui peuvent subir, qui subissent crises économiques, épidémies, guerres, tremblements de terre, et attaques terroristes, même si certains sont parfois protégés de manière providentielle.

Toutes ces catastrophes, toutes ces souffrances, ce sont des appels à l’aide auxquels nous avons le devoir de répondre. Non la vie chrétienne n’est pas un îlot sécuritaire…

Le chrétien n’est pas dans un train qui roule vers l’au-delà, ignorant le monde en crise qu’il traverse! Se dissocier de ceux qui souffrent, les classer dans la catégorie « non convertis » ou « réfugiés pour leur refuser de l’aide est scandaleux. Soyons attentifs aux besoins de soutien matériel, moral, de solidarité près de nous et au loin. Nous pouvons au moins prier, dire une parole d’encouragement, nous pouvons aussi nous engager dans l’action pratique. Il y a assez d’œuvres caritatives chrétiennes et autres où nous pouvons apporter notre contribution.

Appel à une repentance constructive

C’est aussi un appel à la repentance, mais pas la repentance de ceux qui ne connaissent pas Dieu et ont besoin de se tourner vers lui pour être sauvés

C’est un appel à notre repentance, à la repentance de chacun de nous, à ma repentance aussi si je ne suis pas fidèle dans mon espérance, si je défaille dans ma foi parce Dieu n’a pas répondu selon mes idées et mes attentes.

Un regard vers le long terme, un appel, un engagement à se réjouir en l’Eternel, à louer Dieu plutôt que de se plaindre.

 La lettre aux Hébreux, une voie étroite entre conformisme et isolement

Conformisme ?

Retour au judaïsme, à la religion (encore) officiellement reconnue mais de moins en moins tolérée

Que reste-t-il encore de la zone de confort ? Oui, vous pouvez pratiquer votre religion mais… Et si vous manifestez un peu trop vos convictions, vos voisins païens se chargeront de vous ramener à la raison en pillant vos biens ou pire…

Conformisme : dilution, noyade dans la masse des « – ismes »…Mettez ce que vous voulez devant -isme. Changement d’-isme sans changement de vie…Du paganisme au christianisme majoritaire de Constantin et de Clovis. Tout le monde devient chrétien ou est forcé de le devenir sans conversion au Christ… On naît dans un -isme, on y reste et on y meurt sans même se demander pourquoi.

Conformité aux valeurs majoritaires, pluralistes, du monde actuel ! On dit beaucoup moins aujourd’hui « je ne crois qu’au progrès de l’humanité » Mais plutôt : « Prenez une pincée de spiritualité chrétienne par ci, hindoue par là, ajoutez un peu d’ésotérisme, diluez dans une petite sauce de pratique religieuse … »

Isolement, mentalité de forteresse assiégée ?

Pas de relations sociales avec « les gens du monde » comme le disent certains. Comme si le chrétien vivait sur une planète à part et pas dans le monde que Jésus a aimé jusqu’à mourir pour le sauver. Cet isolement évite d’être confronté à des valeurs qu’on désapprouve, qui ne sont pas les nôtres. Mais alors comment faire part d’une foi personnelle à cette masse indifférenciée « des gens du monde »

Ne soyons pas dupes. Les traités chrétiens dans les boites aux lettres, mélangés aux publicités n’ont plus guère d’impact, en particulier dans les pays occidentaux. Les calendriers chrétiens, les gens les lisent sans aller plus loin. Les sites Internet donnent l’occasion de s’informer mais laissent libre de rester en retrait.

Alors comment témoigner véritablement avec une mentalité de forteresse assiégée ? Asséner des versets bibliques… à des gens qu’on ne cherche pas à vraiment connaître.

Pas d’évangélisation sans contact direct. Plutôt témoignage de vie

L’évangélisation sans contact direct ni suivi avec les personnes a peu de chances d’aboutir. Seul un témoignage de vie chrétienne qui fait l’effort de se mettre en relation avec les gens, qui montre qu’il comprend leurs intérêts, leurs soucis, leurs inquiétudes leur donne envie d’en savoir plus.

Ce témoignage de vie est possible pour chacun et pour tous selon ses capacités et ses disponibilités.

Quelques relations amicales sincères dans le quartier, le village, ou la ville. Participation à des activités qui favorisent le contact avec les non chrétiens, comme des rencontres récréatives ou sportives ou des séjours de vacances…

Bien poser pour soi les bases de la foi chrétienne : incarnation, mort et résurrection du Christ en premier lieu. Savoir pourquoi on a choisi d’être chrétien.

Et approfondir … Pouvoir expliquer sa foi dans un langage clair et naturel. Cela aide à avoir un véritable témoignage actif, inventif, qui engage dans la durée, qui respecte la personne. Les idoles du pluralisme ne tiennent pas devant la croix du Christ, mais il faut souvent de longues heures de patience et d’amitié pour le faire admettre. Et des années peuvent parfois passer sans qu’on voie de changement apparent. Un risque à prendre, un défi lancé à chacun de nous, à moi d’abord.

C.Streng

La croix une folie ou la sagesse de Dieu ?

La croix du Christ, une folie ou une sagesse ?

Déraisonnable  pour les Grecs  de Corinthe qui préfèrent la sagesse du monde. Mais en fait la croix est la véritable sagesse de Dieu.
Paul l’explique dans le contexte de la Grèce antique dans 1 Corinthiens 1.18-31.

En quoi  cela concerne-t-il notre société aujourd’hui ?

Corinthe et la naissance de l’Eglise

Corinthe, une ville en croissance

Une ville commerciale moderne de plus de 500 000 habitants, reconstruite par Jules César, après sa destruction en 146 avant J.-C. .
A 73 km d’Athènes, deux ports pour le commerce maritime à l’entrée d’un isthme. C’est une bande de terre étroite, de 6 km5 entre le Péloponèse au sud et la Grèce continentale au nord
Pour éviter un trajet de 400 km par le sud de la Grèce, les marins faisaient rouler les bateaux sur un chemin en pierres à travers l’isthme.

Le canal de Corinthe

le canal de Corinthe

Depuis, à la fin du 19e s, on a creusé un canal… mais trop étroit pour les gros navires actuels. Pour se moquer, les Athéniens aujourd’hui l’appellent « la rigole »

Les jeux isthmiques

Des Jeux isthmiques ont lieu tous les deux ans, tout près de Corinthe. Du sport comme les jeux olympiques de nos jours mais aussi des concours de discours et de rhétorique. C’est l’art de persuader au moyen du langage.

La ville est célèbre pour ses orateurs et pour sa littérature. On attache plus d’importance au style qu’au contenu. Parfois du grand vide bien dit.

Trafic, prospérité … et … immoralité

Quelques grandes fortunes à côté de la misère du plus grand nombre
Une vie trépidante dans les temples, les bains, l’agora, (la place du marché) les théâtres.
Une immoralité proverbiale . « Vivre à la corinthienne » signifie vivre dans la débauche
12 temples de divinités diverses, le plus célèbre, celui d’Aphrodite avec plus de 1000 prostituées sacrées.
Des écoles philosophiques (Platon, Aristote, stoïciens) et les religions à mystères (avec secrets et initiation) attirent une nombreuse clientèle
Tout de même une synagogue avec un communauté juive florissante.

La prédication de Paul dans les Actes

C’est là, à la synagogue, parmi les Juifs que Paul commence à prêcher. C’est raconté dans le chapitre 18. Il annonce Jésus le Messie… (Actes 18.1) …. Jusqu’à ce que l’opposition juive le force à se tourner vers les païens. (Actes 18.4-7)
Il y reste 18 mois : Beaucoup, en écoutant Paul, devenaient croyants et demandaient le baptême  (Actes 18,8).
Une vision le confirme dans sa mission : Dans cette ville, un peuple nombreux m’était destiné Actes 18.9)
Des juifs et des Grecs se convertissent. L’Eglise commence à grandir

Qu’est ce qui déclenche le cheminement vers la foi chrétienne ?

Quel est l’élément qui pousse quelqu’un à faire un premier pas en direction de la foi chrétienne ?

Ce n’est pas encore se convertir – La conversion, c’est l’œuvre du Saint-Esprit à travers les paroles de la prédication…

A partir de quel arrière plan ?

Paul l’a bien caractérisé : aussi bien pour les Juifs que pour les Grecs

Les Juifs recherchent les signes miraculeux, les Grecs, la sagesse… la philosophie (1 Corinthiens 1.22)

Un arrière-plan connu

On a toujours besoin d’un arrière plan, d’un point d’appui connu, familier, avant de se lancer dans l’inconnu.

Pour le Juif, l’arrière plan, c’est l’Ancien Testament, l’alliance avec Dieu, l’attente du Messie. Pourtant, beaucoup n’ont rien compris et ont rejeté, crucifié un Messie inattendu

Pour le Grec, un arrière plan païen

Des tas de dieux tous plus folkloriques et franchement immoraux les uns que les autres. La mythologie ne répond plus aux aspirations de nombreux Corinthiens. La religion juive et sa rigueur morale en attire certains.

La recherche de la sagesse.

Pour le Grec, c’est une démarche spirituelle guidée par des maîtres de sagesse. Le but : ne pas souffrir et obtenir pour les initiés, les « parfaits », une bienheureuse immortalité
Du mépris pour l’humilité, c’est de la faiblesse et un manque de dignité

Comment faire un premier pas vers le Christ ?

Alors, comment inciter un Grec à faire un premier pas vers le Christ, vers la foi chrétienne. Il paraît si éloigné…Sur quel point de départ familier peut-il s’appuyer ?

« Retour » vers la Grèce ancienne

le théâtre de Delphes

 

La visite de plusieurs théâtres grecs antiques, en particulier celui de Delphes ouvre la voie à la réflexion

Le théâtre grec, modèle ouvert à tous

En Grèce, le théâtre est ouvert à tous. Toute la population y assiste, y compris les esclaves. C’est une institution politique. La fréquentation quasi obligatoire tient lieu de propagande. Les pièces jouées devant le public présentent des modèles de comportement à suivre… ou à éviter…

Le héros grec : transgression et châtiment

Il arrive que le héros, poussé par le destin, transgresse la règle, la limite imposée. 

Antigone est la fille d’Œdipe de Jocaste, un couple incestueux. Œdipe a tué son père et épousé sa mère, Jocaste, sans le savoir. Ses deux frères , dans deux camps opposés, meurent par la main l’un de l’autre. Créon, le roi de Thèbes, représentant de la loi, de l’équilibre ordonne des funérailles solennelles pour l’un et refuse que l’autre soit enterré.

L’ hubris, une violente déraison, on pourrait dire aussi « un élan du cœur »  pousse le héros grec (ici Antigone) à dépasser sa condition. Elle rompt l’équilibre en outrepassant la loi divine ou humaine. Elle s’expose ainsi aux châtiments du ciel ou du pouvoir. Antigone refuse de se soumettre

Erreur fatale/péché … châtiment/purification

Le déclencheur, c’est  l’erreur fatale, l’hamartia. Dans le vocabulaire du NT, c’est le péché. Antigone brave les ordres de Créon en donnant à son frère un sépulture

Le héros commet alors l’erreur fatale, qui le fait basculer dans le malheur. C’est le coup de théâtre. C’est la première poignée de terre qu’Antigone jette sur le corps de son frère. 

Il ne peut alors éviter le châtiment inexorable d’une puissance justicière, la nemesis.

Pour sa désobéissance, Antigone est condamnée par Créon à être enterrée vivante dans un tombeau
Mais ce châtiment est aussi le moyen de sa purification, la catharsis.

Dans la tragédie de Sophocle, Créon est du côté de la limite, de la loi.

Antigone refuse la limite fixée par les lois de la Cité, mais c’est au nom d’autres lois, non écrites. Elle va jusqu’au sacrifice de soi. Et si elle transgresse, ce n’est pas pour son propre compte.

Le héros grec et le Christ : rapprochements possibles ?

Le Grec du temps de Paul a vu jouer plusieurs fois peut-être l’Antigone de Sophocle. Cette pièce met en scène cette conception de la vie. Il entend aussi parler de la vie du Christ. Et il se demande peut-être si des rapprochements sont possibles
Il le remarque bien. Comme le héros grec, Jésus a osé transgresser la loi du sabbat. Ce faisant Jésus semble dépasser les limites permises puisqu’il scandalise les pharisiens.

Puissance transgressive de la Parole

Paul souligne aussi une certaine puissance transgressive de la Parole. En effet, la Parole de Dieu ne soucie pas de respecter la sagesse humaine. Elle n’hésite pas à lui opposer comme unique voie de salut la folie de la croix. C’est elle qui est la vraie sagesse de Dieu (1 Corinthiens 2.4-7).

Eveiller l’attention des indifférents

Aujourd’hui, les moyens ne manquent pas non plus pour éveiller l’attention des indifférents. Un film, un chanteur, un repas communautaire sympathique et chaleureux, une discussion sur un sujet d’actualité … un service rendu.

Ce premier contact ne suffit pourtant pas.

Comment l’intéressé, le curieux sera-t-il transformé en converti, en disciple du Seigneur ?

Par la prédication de la Parole

Par le message de la croix lu dans la Bible et/ou entendu dans une prédication.

Il faut avoir écouté, compris, accepté la Parole dans sa vie pour qu’on puisse en arriver à une conversion, une nouvelle naissance, un début de vie chrétienne

Mais comment feront-ils appel à lui s’ils n’ont pas cru en lui ? Et comment croiront-ils en lui s’ils ne l’ont pas entendu ? Et comment entendront-ils s’il n’y a personne pour le leur annoncer ? (Romains 10.14)

A Corinthe, Paul annonce la Parole… Il témoigne que Jésus est le Messie. (Actes 18.5)… Beaucoup de Corinthiens qui écoutaient Paul crurent et furent baptisés (Actes 18.8)

C’est la puissance de Dieu, pas la sagesse humaine, qui a fait naître l’Eglise de Corinthe

une Eglise comblée de dons dans la Parole et la connaissance…

Mais une Eglise divisée

Les vieilles habitudes ont la vie dure. La communauté chrétienne n’a pas rompu avec les tendances à la mode en ville. Les diverses écoles philosophiques rivalisent et les combats de mots sont parfois violents.

Et dans l’Eglise de Corinthe : Moi, je suis de Paul,moi j’aime mieux Pierre…. C’est Apollos le meilleur, les autres n’existent pas à côté de lui…
Ou alors, « dans cette Eglise-là, il n’y a pas l’Esprit » dans celle-là, c’est la « foire »

Déchirure et combat pour le pouvoir

Ce n’est pas seulement l’expression d’une préférence pour telle ou telle dénomination qui nous convient mieux. C’est la déchirure, l’irruption de groupes antagonistes qui se combattent pour décrocher le pouvoir. Comme dans certaines campagnes électorales…

Recentrer sur l’essentiel

Il est temps d’agir. Paul remet les pendules à l’heure.

Ce n’est pas moi, Paul, qui a été crucifié pour vous (1 Corinthiens 1.13)
Car, je n’ai pas estimé devoir vous apporter autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié (1 Corinthiens 2.2).

La croix, une folie

En effet, la prédication de la mort du Christ sur une croix est une folie aux yeux de ceux qui se perdent. (1 Corinthiens 1.18)

quelque chose de fou … pour ceux qui se perdent

Un Dieu puissant qui s’abaisse dans la faiblesse du Christ crucifié, c’est un scandale pour les Juifs, une absurdité pour les païens (v. 25)

Pour les Juifs, un Messie humble et inconnu, c’est un non sens.
Un Messie qui meurt en croix, c’est une malédiction scandaleuse (Deuteronome 21.33). Le Messie qu’ils attendent est un guerrier puissant. Il libérera Israël, dirigera le monde et vivra éternellement.

Quant aux Grecs, il avaient bien l’idée d’un Dieu suprême au dessus de tout, comme bien des gens aujourd’hui.
Ce Dieu, c’était une sorte de bloc immuable et immobile. Que ce Dieu puissant puisse agir, intervenir sur terre, se faire lui-même homme, et finalement se laisse même mettre à mort par les hommes, cela n’avait aucun sens.
La résurrection du Christ, racontée aux Athéniens, une stupidité qui les a fait rire (Actes 17.32)

Pour qu’une doctrine religieuse soit bien accueillie, il faut qu’elle soit acceptée par beaucoup de gens et qu’elle soit déjà ancienne. Or la foi chrétienne est une nouveauté…
Et en plus les chrétiens ne participent pas à la vie sociale. Ils n’offrent pas de libations (de cadeaux ) aux divinités. Ils se réunissent à l’écart, entre eux, c’est louche…Alors le soupçon conduit au mépris, à la haine et à la détestation.

Tacite, un historien latin écrit à propos de l’incendie de Rome : les chrétiens sont « détestés pour leurs abominations » et « reconnus coupables, moins du crime d’incendie qu’en raison de leur haine pour le genre humain » (Annales XV 44.3-4)

Le christianisme, une innovation difficile à accepter.

Le fondateur a été crucifié. C’est donc un malfaiteur de la pire espèce. Et en plus, les chrétiens sont presque tous la lie de la société, des pauvres, des esclaves. Pas des sages qui ont suivi l’enseignement de philosophes….

Signes miraculeux, sagesse du monde ?

Les Juifs réclament des signes miraculeux,… les Grecs recherchent « la sagesse » 1.22

Du temps de Jésus, les Juifs réclamaient déjà des signes. Le Christ les renvoie au signe de Jonas, resté trois jours dans le ventre du poisson (Mt 12.38-42).

Le signe, c’est Jésus crucifié.

Les Grecs à la recherche d’un système rationnel.

Il est absurde que quelqu’un qui meurt puisse être le Sauveur du monde

Un moyen de se passer de Dieu

En fin de compte, miracles et sagesse, c’est la même chose. Une protection, une sécurité contre Dieu. On a une petite connaissance limitée de Dieu. Et on l’utilise comme critère de notre logique humaine contre lui.
La culture, les « valeurs », les rites, la raison, les miracles : tout peut devenir un moyen de se passer de Dieu ou de le mettre à notre service. Selon Karl Barth,

Karl Barth — Wikipédia

Karl Barth (Bâle, 10 mai 1886 – Bâle, 10 décembre 1968 ) est un pasteur réformé et professeur de théologie suisse, considéré comme l’une des personnalités …

un théologien protestant, la religion est même l’outil le plus performant inventé par les hommes pour se débarrasser de Dieu.

Ou un moyen de se passer du Christ

Accéder à Dieu par ses mérites (la loi, la pratique religieuse), échapper au mal, à la souffrance, à la mort (être sauvé) – sans passer par le Christ crucifié.

La pseudo sagesse du monde, une folie incapable de reconnaître la sagesse de Dieu

En effet, là où la sagesse divine s’est manifestée, le monde n’a pas reconnu Dieu par le moyen de la sagesse (1 Corinthiens 1.21)

Cette sagesse du monde est utilisée pour se détourner de Dieu.

La connaissance naturelle qu’on peut avoir de Dieu a été tordue, détournée (Romains 1.18-19).
Au lieu d‘adorer Dieu, ils se sont tournés vers les idoles (Romains 1.21-23).
En réduisant ainsi Dieu au niveau de la créature, ils s’imaginent le domestiquer, le mettre à leur service. Et ils se prétendent même intelligents … Mais ils sont devenus fous (Romains 1.22)

Une sagesse temporaire

Où est le sage ? Où est le spécialiste de la Loi ? Où est le raisonneur de ce monde ? 1 Corinthiens 1.19-20

Ils ont sombré dans l’oubli, avec leur raisonnement trompeur qui les a détournés de la vraie connaissance de Dieu. On n’en parle plus.
Mais l’Eglise de Corinthe, avec ses quelques riches et ses nombreux pauvres ? Ils ont reçu la Parole, la vraie connaissance de Dieu par la croix du Christ. Malgré leurs erreurs, la Bible parle de l’Eglise de Corinthe.

Une sagesse fermée sur elle-même, pas ouverte à l’imprévu, à la révélation de Dieu, autrement dit, une folie

Cela peut s’appliquer à la science et à la philosophie actuelles. Pour certains scientifiques, il n’y a pas de place pour Dieu. Leur vision du monde est fermée sur elle-même.
La sagesse humaine, fermée sur elle-même est incapable de comprendre la moindre chose de Dieu.
Alors ouvrons-nous à la Parole et à l’Esprit de Dieu

Une sagesse centrée sur soi

Aujourd’hui, la sagesse, c’est le développement personnel…. « une recherche de paix et de sécurité qui nous conduirait à l’accomplissement personnel et au bonheur » (selon un philosophe chrétien, il en existe tout de même).
Les gens veulent bien d’un Dieu. A condition qu’il ne se mêle pas trop de leurs affaires, sauf quand ils ont besoin de lui. Pourvu qu’il se plie à leurs calculs et à leurs prévisions

La croix, une puissance

Mais pour nous qui sommes sauvés, elle est la puissance même de Dieu (1 Corinthiens 1.18)

La vraie sagesse selon Dieu

La sagesse de Dieu « ne provient pas de l’observation de ce qui arrive le plus souvent, mais d’un événement unique et inimaginable pour la sagesse du monde : l’incarnation du Verbe, de la Parole, de Jésus Christ » (Karl Barth). Le Christ, c’est lui qui est la vraie sagesse de Dieu.

Une sagesse d’abord mystérieuse et cachée

Non, nous exposons la sagesse de Dieu, secrète jusqu’à présent, et qui demeure cachée au monde. Dieu l’avait préparée avant le commencement du monde en vue de notre gloire (1 Corinthiens 2.7

Le mot grec musterion, traduit par mystère dans certaines version, ne se réfère pas à quelque chose de secret mais à quelque chose qui est maintenant clairement révélé. Cela peut décrire un puzzle, quand toutes les pièces enfin réunies permettent de voir l’image.
Une meilleure traduction serait « stratégie ou plan »
Dans sa sagesse, Dieu a mis ensemble toutes les pièces du puzzle de la vie et leur a donné du sens. La dernière pièce, c’est la venue de Jésus-Christ. Sa mort et sa résurrection pour le salut de l’homme, c’est la dernière pièce du plan de Dieu pour lui pardonner le passé et lui donner un présent et un avenir nouveaux

Une sagesse révélée par l’Esprit

Or, Dieu nous l’a révélé par son Esprit (v. 10)

Elle se manifeste par l’amour, par une relation juste avec Dieu et avec les autres.
Car pour ceux qui sont unis à Jésus-Christ, ce qui importe, ce n’est pas d’être circoncis ou incirconcis, c’est à dire juifs ou païens, c’est d’avoir la foi, une foi qui se traduit par des actes inspirés par l’amour. Galates 5.6

La croix, une vraie sagesse, une puissance qui transforme

Donner sa vie par amour, est-ce vraiment si absurde ?
La résurrection du Christ, est-ce vraiment une absurdité ? Non, c’est la source de vie, qui fait passer le croyant de la mort à la vie
L’homme qui pense de manière purement humaine n’accueille pas ce qui vient de l’Esprit de Dieu, car c’est une folie pour lui; il ne peut pas le comprendre. (1 Corinthiens 2.14)

En fin de compte, pas une absurdité, mais la vraie sagesse, celle qui a la puissance de transformer une existence
Si quelqu’un parmi vous pense être un sage, qu’il devienne fou pour être sage ! (3,18)

Dépasser ses préjugés, laisser la Parole de la croix juger et transformer les vies, c’est l’expérience de plusieurs Corinthiens de la pire espèce : débauchés, idolâtres, adultères… ivrognes, calomniateurs, malhonnêtes, Voilà bien ce que vous étiez, certains d’entre vous. Mais vous avez été lavés, vous avez été purifiés du péché, vous en avez été déclarés justes au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu. ( 1 Corinthiens 6.11-12)

Au yeux de Dieu, la sagesse n’est pas une pure affaire intellectuelle, théorique, coupée de la vraie vie. C’est sa puissance qui a un impact transformateur sur l’existence. Elle donne les moyens d’engager sa vie au service de Dieu et à celui des autres.

C. Streng