Catégorie : Approfondir

Comprendre, vivre et approfondir la foi chrétienne

Vivre par sa foi, une mise au point d’Habaquq pour aujourd’hui

Vivre par sa foi : principe et application à la fin de la royauté en Israël

« Le juste vivra par sa foi »

Proclamation dont l’Éternel a donné la révélation à Habaquq le prophète.
Jusques à quand, ô Éternel, appellerai-je à l’aide
sans que tu entendes mon cri ?
Jusques à quand devrai-je crier vers toi : « À la violence ! » sans que tu nous délivres ?
Pourquoi me fais-tu voir de telles injustices ?
Peux-tu rester indifférent à nos tourments ?
Je ne vois devant moi que ravage et violence, il y a des querelles,
et des conflits surgissent.

À cause de cela, on ne respecte plus la loi, et le droit n’est pas garanti. Car les méchants empêchent les justes d’agir,
l es jugements qui sont rendus sont corrompus. Habaquq 1.1-4

Une situation bien compromise

Quand Habaquq prononce sa prophétie, il reste encore une vingtaine d’années  avant la fin du royaume de Juda. La prise de Jérusalem, et l’exil à Babylone auront lieu en 586 avant J.-C.

Le dernier bon roi d’Israël fidèle à Dieu, Josias est mort en 609. Ses descendants précipiteront la chute du royaume.

Sous le règne de Jehoiakim, la situation est déjà bien compromise. Le prophète dénonce l’injustice, les relations sociales gravement perturbées…

La prophétie d’Habaquq dans son contexte

Après la mort de Salomon, le royaume est divisé. Le royaume d’Israël au Nord, dirigé par des rois idolâtres sera détruit en 722 par l’Assyrie.

Le royaume de Juda au Sud déclinera jusqu’à la destruction de Jérusalem et l’exil à Babylone en 586.

Chute du royaume de Juda provoquée par de mauvais rois

La chute du royaume sera précipitée par des mauvais rois idolâtres, brutaux et sans scrupules comme Manassé, Amôn, et les successeurs de Josias, (2 R 21.1-9, 16, 20-22).

Alors Dieu décida « de faire subir à Jérusalem et à Juda le même sort qu’à Samarie » (2 Rois 21.13).

Un temps d’arrêt dans le jugement à cause de Josias

Josias s’est repenti en entendant la lecture du livre de la Loi (les livres de l’AT existant à son époque). Il a entrepris une réforme religieuse et politique, ce qui a entraîné un temps d’arrêt dans le jugement.

Il ne verrait pas, de son vivant, le malheur qui allait déferler sur le pays.
Mais sa réforme n’a pas réglé la situation en profondeur. Après sa mort ses successeurs se hâtent de la faire oublier.

Une époque charnière

Le royaume de Juda est un terrain d’affrontement politique et militaire  entre blocs politiques en conflit.

Le déclin de l’Assyrie a commencé en 612 avec la chute de Ninive.
La puissance montante, l’empire babylonien de Nabuchodonosor lui donnera le coup final en 609

L’Égypte, l’autre grande puissance, soutient d’abord l’Assyrie. Elle joue les arbitres en changeant de camp au profit du plus fort.

Alliances à géométrie variable

En 609, Jehoiakim fils de Josias, le nouveau roi  a été mis sur le trône de Juda par le pharaon Neko. Par conséquent, on impose à la population un lourd impôt en argent et en or pour le trésor royal de l’Egypte (2 Rois  23.34-37).

En 605 changement de programme.

En 605 Nabuchodonosor, vainqueur de l’Egypte, prend Jérusalem. Jehoiakim maintenu sur le trône devient alors vassal de Babylone (2 Rois 24.1-3). Cela implique des engagements à respecter. Encore un lourd impôt, cette fois-ci pour le trésor royal de Babylone.

C’est comme la crise des subprimes ou les Panama papers. Qui va payer ?

Pas le roi et son coffre fort personnel ni la caisse de l’Etat. Pas les banques, pas les plus riches. On taxe la population, les plus pauvres aussi.

Cette injustice organisée par le roi et ses partisans a brisé la solidarité mise en place par la réforme de Josias dans la société de Juda. Injustices, querelles, conflits se multiplient

Situation angoissante et désespérée

Habaquq pose ses question à Dieu dans ce contexte angoissant d’injustice et d’exactions.

Pas de solution, pas de délivrance ? :

Jusques à quand appeler à l’aide sans être entendu
Pourquoi… de telles injustices ?
sans que tu nous délivres,… indifférent à nos tourments.

Mépris pour la Parole de Dieu.

On ne respecte plus la loi… le droit n’est pas garanti (v.4)  Les méchants  empêchent les justes d’agir. Les jugements sont corrompus.

Injustices, menaces et assassinats politiques

Habaquq dénonce une  situation de dégradation morale et spirituelle, d’injustice criante. Israël devrait se comporter comme le peuple de Dieu. Il l’a oublié, roi et dirigeants en tête.

Jehoiakim est furieux de devoir se soumettre à Babylone. Il le fait payer à tous ceux qui ne sont pas d’accord avec lui.

Jérémie, qui vivait à la même époque,  recommande au roi de respecter ses engagements envers Babylone. Jehoiakim brûle le rouleau de ses premières prophéties et il menace Jérémie de mort. (Jérémie 36).

Ouriyahou, prophète opposant a fui en Egypte. Il est ramené par les hommes de main du roi et assassiné (Jérémie 26)

Un procédé toujours bien connu aujourd’hui dans certaines hautes sphères pour faire disparaître les opposants : parapluie bulgare, polonium ou accidents sans explication.

Réponse de Dieu : une intervention inattendue

Regardez, traîtres et observez ! Vous serez stupéfaits, vous serez ébahis, car je vais accomplir en votre temps une œuvre : vous ne le croiriez pas si on vous en parlait.

Je vais faire venir les Chaldéens peuple féroce et déchaîné, qui parcourt les étendues de la terre pour prendre possession des demeures d’autrui.. Habaquq  1.5-6

Trahison et illusions. La situation va empirer.

En 603-602, Jehoiakim s’allie avec l’Egypte. Il se révolte contre Babylone et refuse de payer l’impôt exigé.
Jérémie décrit Jehoiakim comme un homme sans scrupules, brutal et criminel, sans aucun respect pour la parole donnée (Jérémie 22.17).

Mais pour le moment, pas d’inquiétude. A l’abri dans son palais embelli aux frais du contribuable (Jérémie 22) le roi se bouche les yeux et les oreilles. Il ne sait rien, il ne veut rien savoir

L’armée babylonienne est encore loin, on compte sur l’alliance avec l’Égypte. Le rôle du Temple est de les protéger comme un lieu magique.
Ils se l’imaginent en répétant « le temple de l’Eternel, le temple de l’Eternel » (Jérémie 7)

…  L’illusion ne durera guère.
La révolte du roi Jehoiakim est le prélude au siège de Jérusalem de 597 pendant lequel il mourra.

Qui sème le vent récoltera la tempête. Dieu laisse les choses suivre leur cours

N’es-tu pas depuis l’origine, ô Éternel? Tu es mon Dieu, mon Saint, tu ne meurs pas. O Éternel, toi le rocher, c’est pour exécuter le jugement que tu as suscité ce peuple, et tu l’as rendu fort pour qu’il soit l’instrument du châtiment. 

Tes yeux sont bien trop purs pour accepter de voir le mal, tu ne peux supporter la vue de l’affliction. Pourquoi supportes-tu la vue des traîtres? Pourquoi gardes-tu le silence quand l’impie engloutit un plus juste que lui?…Habaquq 1.12 et 13

Les Babyloniens instruments du châtiment

Choisis par Dieu pour exercer son jugement

C’est pour exécuter le jugement  que tu as suscité ce peuple, et tu l’as rendu fort pour qu’il soit l’instrument du châtiment.(v.12)

Difficile à accepter.

Habaquq a de la peine à comprendre : Pourquoi gardes-tu le silence quand l’impie engloutit un plus juste que lui (v.13)

Pourquoi le Dieu très saint utilise-t-il  une nation païenne, brutale  pour régler ses comptes à son propre peuple. Ce peuple, il l’a choisi, il a fait alliance avec lui.
Dieu, le protecteur d’Israël va-t-il laisser  détruire son peuple ?

Pourquoi ne fait-il pas de différence entre le juste et le méchant, entre Jehoiakim le roi impie et brutal, et des juifs fidèles qui souffrent et meurent ?

Ce peuple  idolâtre (Babylone)  offre à son filet des sacrifices, brûle de l’encens en l’honneur de sa nasse (v. 16). Va-t-il continuer toujours à dégainer son glaive pour égorger d’autres nations sans aucune pitié?(v.17)

Alliance avec Dieu manifestée par l’obéissance

La relation d’Israël avec Dieu est fondée sur l’alliance que Dieu a faite avec son peuple.
Le respect de l’alliance se manifeste par l’obéissance à la Loi de Dieu.

Maintenant, si vous m’obéissez et si vous restez fidèles à mon alliance, vous serez pour moi un peuple précieux parmi tous les peuples, bien que toute la terre m’appartienne. Mais vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte.  Exode 19.5-6

Rupture de l’alliance – idolâtrie : invasions et déportation

Israël a rompu l’alliance. Il s’est séparé de la Loi de Dieu. Et cela s’est manifesté en particulier par l’idolâtrie. L‘idolâtrie, c’est le choix d’un autre Dieu et en même temps d’un autre système de valeurs. Le pouvoir, l’argent, le sexe…

L’Éternel vous exilera ….chez une nation que ni vous, ni vos ancêtres n’auront connue; et là, vous serez asservis à d’autres dieux. Deutéronome 28.36

Système de valeurs imposé par la force

Il lancera contre vous, une nation lointaine dont vous ne comprendrez pas la langue. Deutéronome 28.49

Vous ne comprendrez pas non plus leurs valeurs de morale et de justice. Mais vous les subirez

Les Babyloniens que Dieu envoie contre Israël ont des valeurs morales et des normes de justice tout à fait différents des siens. Ils les imposeront par la force.

Si la Parole de Dieu n’est pas la norme, des valeurs arbitraires et contraignantes prennent la place

La justice a besoin d’une base éthique. Si la Parole de Dieu n’est pas la norme de la justice alors c’est une autre norme qui prend la place.

C’est le risque couru aujourd’hui. Certains modifient la législation des Etats pour en retirer les références à la morale biblique, tout en prétendant en conserver les valeurs.

Cela crée un appel d’air vers des normes beaucoup plus arbitraires, violentes et contraignantes, franchement païennes. Par exemple le caprice de l’opinion de la rue, la politique d’un dictateur etc…

Dieu interviendra au temps prévu

L’Éternel répondit : « Écris cette révélation, et grave-la sur les tablettes, écris-la clairement pour que chaque lecteur la lise couramment.
Car c’est une révélation qui porte sur un temps fixé, qui parle de la fin et n’est pas mensongère.

Si même il faut attendre que vienne l’Éternel, attends-le patiemment, car il vient sûrement, il ne tardera pas.
Si quelqu’un flanche, il n’est pas droit de cœur mais le juste vivra grâce à sa foi. Habaquq 2.2-4

Attendre le temps de Dieu

Littéralement, Car la vision est encore pour un temps fixé. Elle halète vers la fin et elle ne sera pas trompeuse. Si elle tarde, attends-la, car elle vient sûrement, elle ne sera pas différée

Dieu a fixé un temps pour intervenir. Il ne révèle pas tout de suite le contenu de la prophétie…

Il avertit d’abord : elle aura l’air de tarder. Les événements désastreux de l’invasion babylonienne dureront longtemps, il faudra donc de la patience.

Décider de lui faire confiance

Dans les jours difficiles, quand tout va mal, quand le méchant l’emporte, quand Dieu semble loin ou indifférent, une seule solution. Se rappeler les promesses de Dieu et de décider de lui faire confiance. « Le juste vivra par la foi »

Prophétie accomplie dans un temps et à la fin des temps

Cette prophétie qui halète vers la fin, sera accomplie par la chute de Babylone, en 539 et par le retour des Israélites dans leur pays.

En un temps : retour d’un reste du peuple exilé

Dieu l’Éternel promet de préserver un reste de son  peuple, de ramener ses brebis dispersées, selon la prophéties de Jérémie 23.3

Et je rassemblerai le reste de mes brebis de tous les pays où je les ai chassées ;
Je les ramènerai dans leur pâturage ; Elles seront fécondes et multiplieront.

Jugement de Babylone

Le succès militaire de Babylone la conduira à l’arrogance. Elle se laissera séduire par l’illusion trompeuse d’une puissance sans limites.

Babylone n’est pas souveraine. Dieu l’est. La puissance de Babylone prendra fin brutalement avec la conquête perse en 539. L’instrument du jugement est jugé à son tour.

A la fin des temps : jugement de tout pouvoir opposé à Dieu

Elle concerne aussi les temps de la fin. Alors tout orgueil humain, tout pouvoir du monde qui s’opposent à Dieu, et dont Babylone est l’image seront détruits.

Alors il ne restera plus que l’Église triomphante réunie autour du Seigneur glorieux, la Jérusalem céleste, la Cité de Dieu fondée sur l’humilité, selon le beau livre de S. Augustin.

Enflé d’orgueil ou dégonflé de peur ? deux attitudes pas si contradictoires

Au v. 4 on a deux traductions différentes.

La traduction des versions Segond et Darby

Voici, son âme s’est enflée, elle n’est pas droite en lui; mais le juste vivra par sa foi.

Celle de la version Semeur et de la Bible en Français Courant

Si quelqu’un flanche (se dégonfle), il n’est pas droit de cœur, mais le juste vivra grâce à sa foi.

Deux consonnes en hébreu ont changé de place : afal = enfler et alaf = défaillir, flancher, se dégonfler

Voici, enflée, (ou défaillante), pas droite son âme en lui, mais juste dans (ou par) sa foi (ou fidélité) vivra. Traduction littérale

Enflé aujourd’hui, dégonflé demain : deux attitudes pas si contradictoires que ça dans le fond.

Pensons à l’actualité du Brexit. Certains s’étaient enflés en paroles, attirés par le pouvoir. Mais ils se sont vite dégonflés quand il a fallu envisager de l’exercer dans des conditions plus du tout idéales. Bien au contraire.

Enflé d’orgueil fait penser aux Babyloniens et à leur armée puissante qui détruit tout sur son passage. Ou peut-être au mauvais roi Jehoiakim et à ses conseillers. Ils se croient forts parce qu’ils comptent sur leur alliance avec l’Égypte. L’orgueilleux, c’est celui qui s’appuie sur ses propres œuvres, sur ses réalisations personnelles pour se passer de Dieu.

Flancher, se dégonfler  convient sans doute mieux au contexte :

Habaquq …parle aux Israélites, aux habitants de Jérusalem en particulier.
Ils ont vécu la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor en 605. Et on peut s’attendre au pire…avec la révolte de Jehoiakim.

Le prophète n’appelle plus à la repentance nationale pour éviter la catastrophe. C’est trop tard. Les Babyloniens seront les instruments de la justice de Dieu. Depuis les abominations du roi Manassé, la destruction de la nation est décidée.

Jehoiakim aussi, le roi orgueilleux et révolté sera dégonflé et lamentable au moment de sa mort. Jérémie a prophétisé qu’il aurait la sépulture d’un âne.

Tout laisser tomber. NON « Le juste vivra par sa foi ! »

Des gens fidèles à Dieu mourront en même temps que les impies et les idolâtres pendant un nouveau siège en 597. Plus encore pendant la destruction de la ville et du Temple en 586 avant J.C..

Alors si c’est comme ça, si le jugement de Dieu est certain, s’il n’y a plus rien à faire, si le malheur, l’invasion, la destruction sont inévitables, pourquoi ne pas tout laisser tomber… ?
NON ! Quand le jugement est certain, que la seule question est : « comment sauver ma vie, comment échapper à la colère de Dieu ? « , Habaquq répond : « Le juste vivra par sa foi ! »

La seule attitude juste : c’est la foi – la confiance en Dieu malgré la situation difficile ou désespérée.

La foi, c’est la fidélité, la foi qui dure. Elle résiste aux circonstances opposées, à l’usure du temps.

Le juste, c’est celui qui garde foi et confiance. Dieu lui accordera le salut, la vie,  pour l’éternité. Ce n’est pas l’obéissance à la Loi de Moïse, en fin de compte impossible à réaliser.

Mais cette foi dépasse la vue, elle ne se limite pas au résultat immédiat. C’est une confiance qui regarde au delà des apparences, une espérance qui s’appuie fermement sur les promesses de Dieu.

Le juste a la foi et sa foi le sauve

Un message de salut

Le message d’Habaquq est tout proche de l’Évangile : le juste a la foi et sa foi le sauve.

vécu par Abraham

Un homme de l’Ancien Testament l’a déjà vécu.
Abraham fit confiance à l’Éternel et l’Éternel le déclara juste (Genèse 15.6).

accompli par le Christ

Cependant, la mort du Christ seule établit un véritable lien entre justice et foi.

Justice parce que Jésus est mort pour nous à cause de nos péchés. Il a payé notre dette envers Dieu.

Foi parce si nous mettons toute notre confiance dans le Christ qui nous a libérés de la dette de notre péché, Dieu nous considère comme justes.

Le juste vivra par la foi : le principe de base de la vie chrétienne.

L’apôtre Paul le cite et l’explique deux fois dans la lettre aux Romains 1:17; et dans celle aux Galates 3:11. Nous en trouverons une application dans la lettre aux Hébreux.

A vivre en tout temps

Si ça ne va plus du tout, surtout, ne pas laisser tomber Dieu. Ce serait une catastrophe. Mieux vaut se souvenir d »Habaquq et de son appel à la confiance: « le juste vivra par sa foi ».

Prendre le temps de réfléchir, peut-être dans un endroit tranquille pour éviter d’être dérangé dans sa réflexion. Se rappeler le bien que Dieu nous fait dans diverses circonstances. Et puis, prendre la décision de croire, de faire confiance, malgré tout.

Prier Dieu pour qu’il nous soutienne dans notre décision de rester fidèle. Alors sa paix viendra sur nous, une paix peut-être sans éclat mais durable et solide

Et pour les événements dans le monde actuel, ne croyons pas que la solution viendra de telle décision politique, de l‘intervention de telle personne providentielle. C’est Dieu le maître des événements. Il tient toujours et encore le monde dans sa main.

C. Streng

Manne, épreuves, fidélité de Dieu au désert

Manne dans le désert

Ce thème a été choisi pour deux raisons :

  • L’épisode de la nourriture miraculeusement accordée par Dieu au peuple d’Israël dans le désert
  • Une visite au « Musée du Désert » à Anduze, dans le Sud de la France.

Ce musée évoque la dramatique persécution vécue par les protestants huguenots suite à la révocation de l’Edit de Nantes par le roi de France Louis XIV.

Ecouter ce que Dieu dit

Soyons à l’écoute de ce que Dieu nous dit en Eglise, dans les échanges entre frères et sœurs, à travers les événements de la vie, les lectures bibliques etc.
Appliquons nous à discerner les convergences inspirées par l’Esprit Saint. C’est un facteur d’unité et de croissance pour l’Eglise.
Résistons à une pensée trop individualiste parfois, comme l’est la pensée ambiante. Soyons plutôt à l’écoute de ce que le Seigneur désire transmettre à son église.

Exode 16.1-8

Toute la communauté d’Israël quitta Élim ; le quinzième jour du deuxième mois après la sortie d’Égypte, ils arrivèrent au désert de Sin, situé entre Élim et le mont Sinaï. Là, dans le désert, les Israélites se remirent à protester contre Moïse et Aaron. 

Ils disaient : « Si seulement le Seigneur nous avait fait mourir en Égypte, quand nous nous réunissions autour des marmites de viande et que nous avions assez à manger ! Mais vous nous avez conduits dans ce désert pour nous y laisser tous mourir de faim ! »

 Le Seigneur dit à Moïse : « Du haut du ciel, je vais faire pleuvoir du pain sur vous. Chaque jour les gens iront ramasser leur ration de la journée. Je vous mettrai ainsi à l’épreuve pour savoir si vous obéissez ou non à mes ordres.  Le sixième jour, quand vous préparerez ce que vous aurez ramassé, vous en trouverez le double des autres jours. »  

Moïse et Aaron dirent à tous les Israélites : « Ce soir, le Seigneur vous donnera de la viande à manger, car il vous a entendus protester contre lui ; vous saurez alors que c’est lui qui vous a fait sortir d’Égypte.

Et demain matin, quand il vous donnera du pain en suffisance, vous verrez sa gloire. Quant à nous, nous ne sommes même pas dignes que vous protestiez contre nous. Et si vous le faites, en réalité, c’est le Seigneur que vous attaquez. »
La Bible en Français Courant (Nouvelle édition révisée 1997).

Un peuple difficile à conduire

Contestation et colère

– Moïse et Aaron chargés de conduire le peuple d’Israël travers le désert sont la cible de la contestation
– ils cristallisent la colère du peuple qui les accuse de les laisser mourir de faim dans le désert de Sin.

Pourtant au bénéfice de la puissance et de la bienveillance divines

Pourtant quelques semaines plus tôt, le peuple a été témoin et bénéficiaire de la puissance et de la bienveillance de Dieu lors de deux événements :

  • la traversée de la Mer des Roseaux à pied sec et l’anéantissement de l’armée du pharaon
    – la purification par le Seigneur des eaux amères et imbuvable de Mara. Le peuple a ainsi pu se désaltérer.

Mais regret du « bon vieux temps »

Pourtant, dans la déception et l’angoisse éprouvée, le peuple évoque avec regret la vie d’autrefois en Égypte et la trouve préférable (v.3)
Voilà des souvenirs bien trompeurs. En fait la réalité est très différente

Exode 3.7

Le Seigneur reprit : « J’ai vu comment on maltraite mon peuple en Égypte ; j’ai entendu les Israélites crier sous les coups de leurs oppresseurs. Oui, je connais leurs souffrances

Deux pièges dans nos réactions face aux difficultés

Cet argumentaire du peuple rend attentif à deux pièges qui peuvent se présenter quand nous rencontrons de nouvelles difficultés ou épreuves dans notre vie

– La mémoire sélective

Elle gomme les interventions inattendues et miraculeuses de Dieu dans notre vie, celle de nos proches, dans notre communauté.
Cela s’appelle l’ingratitude oublieuse ou la nostalgie du bon vieux temps. C’est l’embellissement du passé.le déni de la réalité

– Le déni de la réalité

Le déni de la réalité de notre condition humaine avant de connaître le Christ et de goûter à sa bonté
Autrefois nous vivions nous aussi dans la servitude du péché gouverné par nos passions et en situation d’oppression.
Que serions-nous devenus si sa grâce providentielle et son amour n’avaient pas touché notre cœur ?

Regarder en arrière, un leurre

Au moment de l’épreuve, gardons-nous de regarder en arrière avec d’éventuels regrets. C’est un leurre, une tromperie.

Fidélité constante de Dieu

Face à cette requête amère du peuple et à cette contestation faite de mauvaise foi, le seigneur reste fidèle à ses engagements de conduire son peuple et de prendre soin de lui au désert. Quel amour !

La manne, une nourriture miraculeuse

Pendant les 40 années passées au désert, le seigneur va nourrir miraculeusement la foule au moyen de la manne.
Le mot traduit de l’hébreu signifie : qu’est-ce que cela ? C’est la question suscitée par son apparition dans le désert de Sin.
La descente de la manne est comparé à une pluie de pain céleste.

Lorsque la rosée s’évapora, quelque chose de granuleux, fin comme du givre, restait par terre.  Les Israélites le virent, mais ne savaient pas ce que c’était, et ils se demandèrent les uns aux autres : « Qu’est-ce que c’est ? » Moïse leur répondit : « C’est le pain que le Seigneur vous donne à manger»

Une mise à l’épreuve quotidienne

Mais il est important de le préciser. Face à ce besoin fondamental et légitime du pain quotidien, la réponse du seigneur est conditionnelle et bien encadrée.

 

Le Seigneur dit à Moïse : « Du haut du ciel, je vais faire pleuvoir du pain sur vous. Chaque jour les gens iront ramasser leur ration de la journée. Je vous mettrai ainsi à l’épreuve pour savoir si vous obéissez ou non à mes ordres V.4 

Pour éduquer le peuple

Cette période de 40 années vécues dans le désert était voulue par Dieu pour éduquer, former tout le peuple qu’il s’était choisi. D’où l’expression mettre à l’épreuve

Deutéronome 8.3-5

Après ces difficultés, après vous avoir fait souffrir de la faim, il vous a donné la manne, une nourriture inconnue de vous et de vos ancêtres. De cette manière, il vous a montré que l’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole que Dieu prononce.  Vos vêtements ne se sont pas usés, vos pieds n’ont pas enflé durant ces quarante ans.  Comprenez donc bien que le Seigneur votre Dieu veut vous éduquer comme un père éduque son fils

Avec des instructions claires et précises

Il fallait ramasser seulement la quantité nécessaire «au pain de ce jour » soit 3 à 4 l par personne. Le sixième jour, veille du sabbat, on pouvait ramasser le double

Un test d’obéissance, pas toujours réussi

À travers ces directives précises le seigneur désirait tester l’obéissance du peuple.
En lisant le reste du chapitre, nous constatons qu’évidemment des personnes ont désobéi. Elles ont ramassé plus que ce qui était précisé. Ou elles en ont ramassé le septième jour.

La manne, signe miraculeux de relation et de solidarité

La manne était le signe quotidien et miraculeux de la bonté du seigneur envers Israël.
Elle est donc le symbole de la relation de dépendance privilégié entre Dieu et son peuple. Elle est aussi le symbole de la solidarité et du partage à l’intérieur (au sein) du peuple lui-même.

Ramassage avec redistribution

C’était un ramassage par tente, par maisonnée. Les petits-enfants, les personnes âgées, les malades, les handicapés, n’étaient pas oubliés. Le partage, la redistribution étaient nécessaires et permises. Les personnes solides et bien portantes ramassaient plus que leur part.

La manne, un symbole spirituel dans le Nouveau Testament

Solidarité dans l’Eglise et entre les Eglises

2 Corinthiens 8 14-15

En ce moment, vous êtes dans l’abondance et vous pouvez donc venir en aide à ceux qui sont dans le besoin. Puis, si vous êtes un jour dans le besoin et eux dans l’abondance, ils pourront vous venir en aide. C’est ainsi qu’il y aura égalité,  conformément à ce que l’Écriture déclare :

« Celui qui en avait beaucoup ramassé n’en avait pas trop, et celui qui en avait peu ramassé n’en manquait pas. »

L’apôtre Paul choisit l’exemple de la manne pour illustrer la répartition et la solidarité concrète qui doit exister entre les Eglises et les membres d’une même Eglise

Il mentionne ce principe dans le cadre des collectes auprès des églises de Macédoine au profit des églises de Judée.

Jésus-Christ, le pain de vie donné aux hommes

À ce premier éclairage du Nouveau Testament s’ajoute un deuxième éclairage donné par Jésus-Christ dans Jean 6

Jean 6.35

Jésus leur déclara : « Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim et celui qui croit en moi n’aura jamais soif»

La conversation entre Jésus et ses disciples évoque le signe miraculeux de la manne vécu par leurs ancêtres. Avec cette question à la clé : «  Et toi Seigneur, Quel est le signe miraculeux qui atteste ton autorité ? »
Et Jésus de répondre : il est le fils de Dieu incarné parmi les hommes;  il donne la vie au monde.

Re-création de l’homme nouveau et quête de sens

Cette affirmation de Jésus fait passer du niveau physique et naturel de la faim au niveau spirituel des besoins de l’âme. Quête de sens pour notre vie, aspiration à retrouver une vraie relation avec le père céleste, à trouver la guérison de nos blessures.

La mort de Jésus à la croix et sa résurrection rendent possible cette re-création de l’homme nouveau. Le pain de vie apaise la faim et la source d’eau vive calme la soif. Alors il est bon d’y puiser fréquemment. Comme pour la manne, les provisions sont incertaines, improbables. C’est à notre portée, disponible 24 h sur 24. Comme pour la manne, il est nécessaire d’y appliquer notre volonté et de se bouger.

Marcher avec Dieu dans l’épreuve

La traversée du désert pendant 40 ans a été la mise à l’épreuve du peuple d’Israël dans le désert.
Les Huguenots l’ont aussi vécu dans la persécution pendant pratiquement un siècle, comme le rappelle le « Musée du Désert »
Il leur était interdit de se réunir librement, d’exercer un bon nombre de métiers, d’éduquer leurs enfants dans la foi protestante. Ils ont été pourchassés à travers le royaume, suppliciés, condamnés aux galères, pendus en public.
Ils ont nommé cette période « le temps du désert », c’est à dire de l’épreuve.
Un de leurs mots d’ordre : « sous la croix, le triomphe »
Certains ont fait semblant d’abjurer leur foi. D’autres non, et ils sont morts sous les coups, sous la croix.

Jacques 1.2

Mes frères, considérez-vous comme très heureux quand vous avez à passer par toutes sortes d’épreuves ;  car, vous le savez, si votre foi résiste à l’épreuve, celle-ci produit la persévérance

W. Kreis

Le juste vivra par la foi – la puissance de l’Evangile – Romains

Le juste vivra par la foi, la puissance de l’Evangile, Romains 1.17

Le juste vivra de foi / par la foi (Habacuc 2.4 – Romains 1.17 ; Galates 3.11 ; Hébreux 10.38).

Une courte phrase de l’Ancien-Testament reparait trois fois dans le Nouveau-Testament. Elle constitue un parfait concentré de tout l’enseignement de la Parole de Dieu et en particulier de l’Evangile prêché par Paul.

Un enseignement concentré de la Parole de Dieu

C’est un véritable leitmotiv à travers toute la Bible. Méditons en l’importance fondamentale, dans la prédication de Paul et dans tout le Nouveau Testament.

Romains 1.16-17

C’est sans crainte que j’annonce la Bonne Nouvelle : elle est en effet la force dont Dieu se sert pour sauver tous ceux qui croient, les Juifs d’abord, mais aussi les non-Juifs.

En effet, la Bonne Nouvelle révèle comment Dieu rend les humains justes devant lui : c’est par la foi seule, du commencement à la fin, comme l’affirme l’Écriture :

« Celui qui est juste par la foi, vivra. »

Bible en Français Courant

1. L’Evangile, une puissance efficace

La puissance, une ambition ?

Le pouvoir, être puissant, voilà bien le rêve majeur, l’ambition ultime de beaucoup d’hommes. Certes chacun en rêve à son niveau, mais il est parfois recherché avec la dernière énergie.

Pour le Juif

Pour un pharisien juif, la puissance s’incarnait dans un Messie envoyé par Dieu. Il rétablirait avec gloire et fracas l’ancienne royauté de David, sur les nations du monde, en donnant ainsi aux Juifs la position d’être les favoris de leur Dieu.

Pour le Romain

Un Romain concevait le pouvoir sous la figure d’un chef militaire distingué par ses nombreuses victoires et admiré pour son art de gouverner le pays avec sagesse et autorité.

Pour le Grec

Un Grec situait plutôt cet idéal de puissance  sur le terrain de l’esprit. Un philosophe familier de toute la sagesse séculaire,  proposait un système de pensée original et clairement supérieur.

Pour l’apôtre Paul : la puissance, c’est L’Evangile

Et en face de ces trois imposants modèles de puissance, spirituelle, politique et intellectuelle, voilà notre petit Paul (sens de son nom) qui balaie tout ça comme futile et illusoire. Et il le remplace avec hardiesse et fierté par son Evangile !

L’Evangile, ni un système religieux, ni un idéal inaccessible

Eh bien, oui, l’Evangile, c’est bien autre chose qu’un système religieux, vieux de deux mille ans auquel s’accrochent encore quelques chrétiens attardés.
Ce n’est pas non plus seulement un texte admirable, mais considéré comme trop idéal pour avoir un impact pratique sur une vie d’homme.

Un dépôt de puissance divine

Non, l’Evangile, c’est tout autre chose. C’est un dépôt caché au cœur de l’histoire des hommes, au centre de la Création de Dieu.  Un dépôt inouï de puissance divine, même s’il est quasiment ignoré. Ce n’est pas une nouvelle technique, un catéchisme inédit, inventé par un homme et donc décevant au final.

Une dynamique divine

L’Evangile, c’est une dynamique divine, élaborée par les trois personnes de la Trinité créatrice. Elles reprennent ainsi en main leur créature pour faire toute chose nouvelle dans son existence. Cette dynamique attaque à sa racine le problème fondamental de l’humanité : la présence du mal dans le cœur de l’homme.

Libération, vie éternelle, peuple nouveau attaché à Dieu

Et le résultat obtenu est triple.

  1. Elle libère l’homme de son plus grand malheur, sa perdition éternelle.
  2. Elle lui apporte un bienfait magnifique, la vie éternelle dans la communion avec son Créateur
  3. . Elle donne naissance à un peuple d’un nouveau genre, un peuple attaché à Dieu non sur un critère social, matériel ou national, mais par une confiance et un amour qui constituent la gloire de Dieu.
  4. Encore ajouter un 4e effet. Elle donne au chrétien une vision et des armes pour travailler dans l’humanité à la gloire de Dieu.

Un message qui suscite la fierté

Comment ne pas être fier d’un tel message ? Il met dans l’ombre n’importe quel autre sur le plan pratique des bienfaits qu’il veut et peut répandre sur l’humanité ?
Malgré nos faiblesses nous pouvons nous aussi rendre témoignage à ce message, sans avoir honte. Existe-t-il dans le monde un autre message plus sûr, plus fiable ?

Garanti par la vie du Fils de Dieu

Pour l’Evangile, Dieu a fourni la garantie de sérieux la plus inimaginable. Il y a engagé la vie de son propre Fils ! Vu cette garantie énorme, l’humanité aurait depuis longtemps dû se ruer dans les Eglises et on devait avoir le plus grand mal pour trouver encore quelque part un perdu.

Un message pourtant négligé

Or innombrables sont ceux qui disent ne pas avoir besoin de Dieu ou même se trouver au moins aussi bien dans telle ou telle religion.
Et en face de ce formidable sérieux, la multiplicité des religions, sont autant d’insultes lancées à Dieu. Elles lui disent en quelque sorte : « Regarde, le sacrifice de Jésus n’était pas nécessaire. Il y a bien d’autres voies, belles elles aussi et bien moins coûteuses ! »

2. S’agit-il d’un nouvel enseignement ?

En un sens, oui. Paul dit que c’est la révélation de la justice de Dieu? C’est Dieu qui se sert de Paul pour remettre en pleine lumière un plan de salut conçu et communiqué depuis longtemps, mais largement oublié.

Un message déjà proclamé au 7e s av. JC

Lorsque Habacuc a proclamé ce message à la fin du 7e s av. JC, il avait déjà dû le dégager du fatras idolâtre qui l’avait masqué au cours des siècles d’abandon de la Parole de Dieu.
Il lui a alors redonné sa force, tout comme Paul quand il écrit aux Romains et remet au centre la pensée de Dieu débarrassée des voiles des traditions juives.
Au 7e s déjà, devant la menace babylonienne, Habacuc avait rappelé que le recours, ce ne sont pas les combinaisons humaines. Si un juste voulait survivre à cette situation bloquée, c’était par une sincère confiance en Dieu seul. Le juste vivra de foi, = en démontrant qu’il n’espère de salut que de Dieu.

Le salut, un fil rouge à travers la Bible

Mais cette déclaration même d’Habacuc au 7e s, montre bien que l’Evangile prêché par Paul dans le même sens n’est pas une innovation.
Le salut par la foi seule est un fil rouge qui traverse toute la Bible. Il ne fait que s’épaissir et se préciser au fur et à mesure qu’on y avance.

En Romains 4 Paul rappelle ce principe. Il caractérise clairement l’origine du peuple juif, c’est à dire la conclusion de l’alliance par Dieu avec Abraham.
Et aux chrétiens galates,  Paul rappelle que seule la mort de Jésus à la croix paie à notre place la dette de nos péchés. C’est donc notre confiance en cette mort de Christ à notre place qui nous assure la libération de notre dette et une vie nouvelle en Christ : Galates 2.16.

L’erreur juive à propos des oeuvres

L’erreur juive à propos des œuvres peut se comprendre de deux façons voisines.

  • Soit le salut s’obtient en faisant certains actes moraux demandés par la Loi,
  • soit on veille à respecter fidèlement les caractéristiques de l’alliance de la Loi : la circoncision, le sabbat, les règles du pur / impur…

La justification par la grâce

Comme les Réformateurs le redécouvriront 15 siècles après Paul, le pécheur est justifié par la grâce seule, en réponse à la foi seule, sur la seule base de la justice de Christ.

15 siècles de poussière religieuse avaient masqué et défiguré l’Evangile en une théorie du salut selon les conceptions humaines, une voie que l’homme peut trouver en lui-même, dans la nature ou dans telle religion ancienne.

L’Évangile prêché par Paul ne vient pas de l’homme, c’est une révélation de Dieu. C’est le salut selon les normes de Dieu. Ou comme dit Luther, c’est la justice qui vaut ( a de la valeur) devant Dieu.
Cette voie du salut n’est pas une option parmi bien d’autres, c’est la seule possible. S’il en existait d’autres, pourquoi Dieu le Père aurait-il accepté que son Fils meure sur une croix.

3. Comment cette puissance agit-elle ?

Ou pour formuler la question autrement :
comment l’Evangile peut-il changer le cœur, comment comprendre cette justice de Dieu ?

  Luther et Romains 1.18

Un verset très facile à comprendre, c’est Romains 1.18. Mais il est terrifiant. Dieu a raison, c’est certain mais moi, je n’ai aucune solution, aucune issue en moi-même.
Martin Luther s’est débattu dans ce blocage dramatique 7 ans durant dans son couvent.

Puis, en préparant un cours de théologie, il a eu une illumination.
La justice du v. 17,  déterminante pour le salut, ce n’est pas la justice punitive que Dieu inflige au pécheur et que celui-ci ne pourra jamais satisfaire.
C’est la justice de la foi que Jésus a parfaitement accomplie. Dieu l’offre gratuitement au pécheur qui croit qu’en l’accueillant, Dieu lui fait grâce. Autrement dit, le pécheur n’a pas à chercher désespérément ce qu’il pourrait offrir à Dieu en paiement pour ses péchés.
Il s’agit au contraire de saisir avec confiance, comme une bouée vitale, un vêtement qui le couvre. Dieu le lui offre gratuitement par amour. C’est le paiement que Jésus lui offre pour satisfaire à sa place la justice et la sainteté divines : 3.21-25.

Luther libéré

Voilà ce qui a libéré Luther, ce qui a déclenché le formidable mouvement de la Réforme. Le pécheur perdu peut devenir juste devant Dieu en accueillant avec confiance la justice de Jésus, sans autre contrepartie de sa part que la foi.
Il peut donc être sûr de son salut. Il ne dépend pas de quelque chose qu’il fait, lui, qui vient de lui, mais de la fidélité de Dieu à tenir ses promesses. Il s’agit donc de placer sa confiance dans cette fidélité. La certitude, la garantie d’être sauvé n’est pas fondée en l’homme, mais en Dieu.

La puissance de Dieu qui libère

Quand on entre dans cette magnifique réalité, on mesure qu’il s’agit effectivement d’une puissance. Ce n’est pas simplement une belle idée, un souhait irréalisable. C’est la puissance de Dieu, car elle est capable de libérer la vie la plus bloquée, de guérir les situations les plus perverties, de redonner la joie de vivre à qui ne voyait plus que la mort. Il s’agit d’une vraie recréation dont seul le Créateur est capable, d’une régénération accessible à quiconque y croit. Elle est gratuite, puisque seule la foi est demandée. Et la foi elle-même est suscitée, donnée par l’Evangile qui annonce cette grâce. Le point de départ de cette nouvelle création est donc la foi. Elle se concrétise, s’épanouit, se développe pendant toute la vie, toujours par la foi : par la foi et pour la foi.

Croire et vivre sa foi

Dans notre contexte croire, ce n’est pas seulement être d’accord qu’une chose est vraie, fiable, efficace. C’est aussi faire place nette pour ce qu’on reconnaît comme vrai. C’est rejeter tous les préjugés, les idées fausses, même si elles sont acceptées par la majorité de nos semblables. Avant de construire, il faut nettoyer l’emplacement prévu pour la nouvelle maison. Pour cela aussi l’Evangile est indispensable : Romains 12.2 ; Hébreux 5.14. Et dans le quotidien du chrétien, il y a ce que Dieu fait et moi qui le reçois dans la confiance :
Point de départ : mort de Jésus en croix -–- confiance en cette substitution ;
Acquisition : don gratuit de Dieu — repentance et confiance
Permanence : fidélité de Dieu à sa Parole — attachement confiant à Dieu.

J.J. Streng