Mois : janvier 2017

Le symbole des apôtres, une confession de foi chrétienne

Le symbole des Apôtres, ou credo, une confession de foi de l’Eglise ancienne

On a récité le Credo pendant des siècles. Aujourd’hui encore, on le proclame dans les Eglises catholiques et les Eglises issues de la Réforme protestante, dont aussi les Eglises évangéliques.

Le Credo, aurait-il été rédigé d’un commun accord par les apôtres de Jésus Christ lors du 1e Concile de Jérusalem ? Non, c’est une légende pieuse !

Qu’est ce que le Credo ?

C’est une confession de foi rédigée en latin. Elle contient les vérités nécessaires à la déclaration publique de la foi des nouveaux convertis le jour de leur baptême

Rufin a d’abord été écrit le Credo à la fin du 4e siècle. Il était originaire d’Aquilée, au nord de l’Italie, près de Venise.

Ensuite, après quelques étapes intermédiaires, le Credo a été complété au 8e siècle par Pirmin de Reichenau, près de Constance.

Enfin il a été « canonisé », c’est à dire rendu officiel au 9e siècle par Charlemagne à l’usage de toute l’Eglise de langue latine à l’ouest du bassin méditerranéen. Dans la partie orientale, la langue de l’Eglise était le grec.

Commentaire des termes du «Symbole des Apôtres »

Un commentaire des termes du  Symbole des Apôtres avec ses modifications et ses ajouts peut aider à comprendre comment la doctrine chrétienne s’est construite dans les premiers siècles de l’Eglise.

Il permettra de remarquer que les vérités doctrinales s’affirment souvent aussi par une réflexion d’opposition avec les courants hérétiques.
Sous forme suivie, chaque affirmation latine de cette confession de foi et sa traduction sera expliquée en détail

CREDO IN DEUM PATREM OMNIPOTENTEM
JE CROIS EN DIEU LE PERE TOUT PUISSANT

Une confession de foi individuelle

Comme dans tous les textes latins et grecs, le premier mot (incipit) donne le titre et le thème du texte qui suit, une confession de foi : « je crois ».

Les autres confessions de foi collectives comme le Symbole de Nicée Constantinople (en grec) et celui d’Athanase (en latin) étaient exprimées au pluriel.
Le « Symbole des Apôtres », est une confession de foi individuelle au moment du baptême, donc à la première personne du singulier.

Les autres religions de l’époque, y compris la religion juive, étaient liées à la nationalité ou à l’appartenance ethnique. Elles étaient acceptées globalement sans qu’une adhésion personnelle ne soit demandée. Le citoyen romain, lui aussi, n’avait pas besoin d’exprimer personnellement son accord avec la religion romaine traditionnelle héritée de ses ancêtres.

L’Église chrétienne a été reconnue officiellement par l’Empereur Théodose en 380 après plusieurs siècles de persécution. Alors le paganisme a été interdit et tous les citoyens romains ont été obligés d’adhérer à la foi chrétienne. Cependant, la distinction a toujours continué à se maintenir entre citoyenneté laïque et engagement religieux exprimé par le baptême. Cette différence s’est diluée par la suite dans certains pays.

Une affirmation du monothéisme

CREDO IN DEUM
JE CROIS EN DIEU 

Le monothéisme, croyance en un seul Dieu, une révolution culturelle

L’athéisme aujourd’hui c’est rejeter l’existence du Dieu biblique. Dans l’Antiquité gréco-latine, on était accusé d’athéisme quand on refusait de rendre un culte aux dieux nationaux.
La notion d’un Dieu personnel qui a créé l’univers et qui continue à en prendre soin (Ps 104. 24-30) est donc pour l’époque une révolution culturelle.

PATRUM OMNIPOTENTEM / LE PERE TOUT PUISSANT

Paternité divine en contexte juif et chrétien :

Dieu est d’abord défini à la fois comme Père, source de vie, ce qui implique une relation personnelle, et comme Tout Puissant. Dans la Bible, les deux notions sont distinctes.
La question de la paternité divine séparait les chrétiens des juifs : ces derniers reprochaient à Jésus d’appeler Dieu son père (Jean 5.18).

Omnipotence divine

Mais l’omnipotence (toute-puissance) divine était la preuve évidente de la supériorité du Dieu d’Israël sur toutes les autres divinités. C’était un élément essentiel de la foi. Elie en donne une preuve cinglante aux prophètes de Baal (1 Rois 18.20-40).

Paternité divine en contexte païen

Polythéisme et conflits de pouvoir entre  divinités rivales

En revanche, en milieu païen, la paternité divine fait partie de l’héritage culturel et religieux. Comme les humains, les divinités mythologiques grecques et romaines ont des ancêtres et des descendants. Par exemple Jupiter, issu de Saturne, a une nombreuse progéniture…

En même temps, partager la puissance spirituelle entre un grand nombre de dieux rend l’omnipotence impossible. Cela entraîne évidemment le polythéisme avec un conflit inévitable entre clans de dieux rivaux. On se croit obligé d’intégrer tous les dieux imaginables pour ne déplaire à aucun (le Dieu inconnu d’Actes 17) et être protégé contre tous en tous lieux (1 Rois 20.23).
On aurait pu expliciter commodément le mystère du mal par un conflit entre divinités ennemies. Ainsi le dualisme oppose le monde spirituel, de la lumière (= bien) et le monde corporel, matériel (= mal).

Foi chrétienne et confiance en Dieu tout puissant

Mais la foi chrétienne préfère placer sa confiance en Dieu, tout puissant, supérieur à toutes les autres forces spirituelles. Obéissantes ou rebelles, elles lui son de toute façon soumises (Esaïe 45.23, Philippiens 2.10). Ce Dieu tout puissant est parfaitement suffisant pour protéger celui qui l’adore.

Le baptême dans l’Eglise ancienne

Dans l’Eglise ancienne qui a suivi celle du Nouveau Testament, toute personne qui demande le baptême doit d’abord suivre un enseignement de deux ou trois années. Il donnera, pendant ce temps, des preuves de sa fidélité à la foi chrétienne véritable.
On en a le témoignage dans la Didachè, ou « doctrine du Seigneur transmise aux nations par les douze apôtres ». C’est un catéchisme très ancien qui s’appuie sur l’enseignement du Christ,. Il est d’autant plus utile qu’à ce moment-là tous les livres du Nouveau Testament n’étaient pas encore rassemblés.

Pas un texte à réciter, une confession de foi à vivre

Le Symbole des Apôtres n’est pas un texte à réciter par cœur, comme une formule, mais une véritable confession de foi . On montre qu’on a compris les grands points de la vérité biblique et qu’on a été averti contre le paganisme et ses dérives hérétiques.
Ainsi, le jour de Pâques, devant l’Eglise réunie, le futur baptisé déclare que Dieu le créateur de l’univers est son père et aussi son protecteur. Aucun pouvoir étranger n’est capable de le toucher ou de lui nuire contre la volonté divine.

Dieu créateur ex nihilo, à partir de rien, par sa parole

CREATOREM COELI ET TERRAE
CREATEUR DU CIEL ET DE LA TERRE

Cette qualification de créateur n’est pas nouvelle. Personne dans l’Eglise de l’époque ne contestait que Dieu, Tout-puissant, avait créé le ciel et la terre. Mais le credo apporte quelques précisions

Création sans matière pré-existante

Quand Dieu a créé le ciel et la terre, il les a créés par sa Parole, ex nihilo, à partir de rien. Il n’a pas arrangé une matière qui existerait déjà, comme le potier qui façonne des vases à partir d’argile ou le peintre qui exprime son art sur une toile avec des couleurs. Une matière préexistante rendrait nécessaire une puissance créatrice antérieure, donc le dualisme.

Ciel et terre, réalités physiques et symboles spirituels

Le ciel et la terre sont des réalités physiques mais aussi des symboles spirituels. Ils représentent la demeure de Dieu et le monde en rébellion contre lui. Mais il y a risque d’insister sur l’opposition entre monde spirituel bon et monde matériel mauvais. Lier le pouvoir créateur de Dieu à son omnipotence exclut de fait qu’un Dieu inférieur (appelé démiurge) ait créé la matière déclarée mauvaise comme dans le dualisme manichéen ou gnostique.

« Créateur, ciel et terre » : complémentarité entre spirituel et matériel

Réunir dans la même expression « créateur, ciel et terre » exprime la complémentarité entre spirituel et matériel, visible et invisible. Tous deux ont été créés par le même Dieu unique.

Le spirituel n’est pas forcément bon et le matériel n’est pas obligatoirement mauvais. Le conflit entre le bien et le mal a d’abord lieu dans les sphères spirituelles avant d’avoir des conséquences sur le monde matériel.

La perfection divine peut se manifester dans la matière. L’incarnation du Fils de Dieu est donc concevable.

Un credo sur Jésus Christ dans la Trinité

Et in Jesum Christum Filium ejus unicum, Dominum Nostrum

Et en Jésus-Christ son Fils unique Notre Seigneur

Jésus-Christ, Seigneur, d’essence identique à Dieu dans la Trinité

 

Jésus-Christ, Fils unique de Dieu le Père a le statut particulier d’héritier de tout. Il est le seul chemin possible pour conduire à Dieu.

 

Seigneur, DOMINUM, qui traduit YHWH, le nom propre de Dieu dans l’Ancien Testament, lui donne une essence (un être) identique à celle de Dieu dans la Trinité. La foi en Jésus-Christ, Sauveur ne peut être séparée de l’obéissance à Jésus-Christ Seigneur.

Exclusion de deux hérésies : adoptianisme et arianisme

Cela exclut deux hérésies des premiers siècles.

adoptianisme

Jésus aurait été un homme adopté par Dieu comme fils lors de son baptême ou de sa résurrection. Il aurait ainsi acquis un statut céleste.

arianisme

Cette hérésie lui refuse une divinité égale à celle du Père sous prétexte que son engendrement par le Père lui confère une position seconde.

Distinction entre la conception par le Saint Esprit et la  naissance par Marie

Qui conceptus est de Spiritu Sancto, natus ex Maria Virgine 

qui a été conçu du Saint-Esprit, et est né de la vierge Marie 

Le texte de Firmin, plus récent, modifie et complète celui de Rufin  qui disait

 

qui natus est de Spiritu Sancto et Maria Virgine

qui est né du Saint-Esprit et de la Vierge Marie 

En séparant plus nettement la conception par le Saint Esprit et la naissance par Marie, il apporte des précisions fondamentales.

Le Saint Esprit n’est pas le partenaire de Marie dans une sorte d’union spirituelle qui aurait abouti à la conception miraculeuse, virginale du corps de Jésus.

Confession de foi sur l’oeuvre « extérieure » de la Trinité

Une oeuvre commune aux trois personnes

L’œuvre « extérieure » de la Trinité est commune aux trois personnes

« au Père, le pouvoir de créer – Tu m’as préparé un corps – , au Fils celui d’organiser, au Saint Esprit, celui de rendre parfait ».

C’est  la formule d’Abraham Kuyper, un théologien chrétien réformé hollandais du 19e s dans son ouvrage « L’œuvre du Saint Esprit ».

Divinité du Fils par les trois personnes de la Trinité

Ce n’est pas l’Esprit seul qui donne au Fils sa divinité, mais c’est l’ensemble de la Trinité dans ses trois personnes.

Humanité par Marie

Pour son humanité Jésus dépend de Marie. Il tire d’elle sa nature humaine. Elle est unie à sa nature divine, en une seule personne à la fois totalement divine et totalement humaine.

Nature humaine entachée par le péché originel

Mais cette nature humaine, a-t-on dit, est entachée par le péché depuis l’origine. C’est comme une tache congénitale sur l’âme héritée dès la conception et transmise aux générations successives ?

A l’origine, l’homme créé par Dieu est bon naturellement. S’il n’avait pas cédé à la tentation, s’il avait continué à ne pas pécher, il serait resté naturellement fils de Dieu. Il a perdu cette nature bonne à cause du péché originel. Ce dernier n’est pas une tare congénitale mais la rupture de la relation établie par Dieu à la création.

Mais Jésus est sans père humain, donc sans péché

Jésus, lui, n’a jamais péché, car la chaîne de transmission a été rompue. Lhéritage du péché passe par le père et Jésus n’a pas eu de père humain.

Chercher à résoudre la question de la purification du péché chez Marie a conduit à l’idée d’une purification préparatoire au moment de la conception de Jésus puis au dogme relativement tardif de « l’immaculée conception » de Marie elle-même, en 1854.

Une proclamation sur la passion, la mort en croix, la résurrection et l’ascension de Jésus-Christ

La crucifixion ancrée dans l’histoire

Rufin :
QUI SUB PONTIO PILATO CRUCIFIXUS EST ET SEPULTUS

QUI A ÉTÉ CRUCIFIÉ ET ENSEVELI SOUS PONCE PILATE
Pirmin :

QUI PASSUS SUB PONTIO PILATO, CRUCIFIXUS, MORTUS ET SEPULTUS EST 

QUI A SOUFFERT SOUS PONCE PILATE, A ÉTÉ CRUCIFIÉ EST MORT ET A ÉTÉ ENSEVELI

Ponce Pilate, est le seul païen cité dans une confession de foi chrétienne.

Preuve archéologique de l’existence de Pilate


Des fouilles archéologiques en 1961 ont permis de découvrir une pierre avec quatre lignes partiellement effacées.

Elles portent l’inscription de son nom : « Tiberium (empereur de ce moment-là)… Ponce Pilate…préfet de Judée ».

Les événements de la crucifixion sont ancrés dans un contexte historique extérieur à l’Église, ce qui les confirme de fait.

Le texte de Pirmin ajoute des précisions au texte de Rufin, plus ancien Jésus « a souffert, a été crucifié, est mort et a été enseveli ».

Jésus-Christ est réel (contre le docétisme)

Il est évident que Jésus est mort parce que la mort est la conséquence inévitable d’une crucifixion. Mais ce n’était pas admis par tous

Pour le docétisme, Jésus un être céleste sous l’aspect d’un homme

Dès les premiers temps de l’Église, le docétisme (du grec dokeo « sembler ou paraître »), niait que Jésus soit venu sur terre comme un homme véritable.

Selon cette hérésie, c’était un être céleste qui avait pris l’aspect d’un homme. Son incarnation et sa crucifixion n’étaient qu’une apparence. C’est cette hérésie que Jean combat déjà quand il déclare :

« Tout esprit qui reconnaît que Jésus Christ est véritablement devenu un homme vient de Dieu. Tout esprit, au contraire, qui ne reconnaît pas ce Jésus là, ne vient pas de Dieu »

Quelques siècles plus tard, l’islam a prétendu qu’au moment de la crucifixion, il y a eu substitution de personnes et que ce n’est pas Jésus mais un autre qui serait mort sur la croix.

Par ses souffrances et sa mort, identification avec l’humanité

Les précisions sont données aussi pour montrer que par sa souffrance, Jésus a obéi à la volonté du Père. Dans sa mort, il a accompli une identification totale avec l’humanité.

Jésus Christ n’a pas seulement payé la dette du péché, comme le bon samaritain a payé la dette des soins donnés à l’homme qu’il avait secouru.

Devenant lui-même péché par substitution, Jésus a entièrement enlevé par sa mort la dette du péché.

Le texte classique ajoute DESCENDIT AD INFERNA / EST DESCENDU AUX ENFERS

Pas de 2e chance de salut mais la proclamation de la victoire du Christ sur Satan

Cette précision, absente chez Rufin, est l’essai d’interprétation d’un verset difficile, 1 Pierre 3.18, selon lequel Jésus est allé « prêcher aux esprits en prison …qui avaient été incrédules au temps de Noé ».

Littéralement, cette prédication en enfer concernerait seulement ceux qui étaient morts jusqu’à l’époque de Noé mais pas ceux d’après, ce qui pourrait être compris comme une injustice.

Ce verset a été utilisé pour rassurer des chrétiens dans des civilisations du Proche-Orient où le culte des ancêtres avait une forte influence. On ne pouvait envisager qu’un parent décédé puisse être perdu sans avoir eu l’occasion d’entendre de son vivant la prédication de l’Évangile.

Mais ce verset risque aussi de créer un précédent. Jésus aurait prêché après leur mort à des gens qui n’ont pas eu pendant leur vie l’occasion d’entendre l’Évangile, il pourrait donc y avoir une deuxième chance de salut après la mort, comme le prétendent certaines sectes.

Rien ne garantit que ce message « en enfer » soit un message annonçant le salut. C’est plutôt une proclamation de victoire du Christ face à Satan). Rien ne dit non plus que les personnes concernées aient accepté ce message de salut si c’en était un.

Jésus descendant aux enfers est venu signifier sa défaite à Satan définitivement vaincu sur son propre territoire. Le Fils de Dieu s’identifie avec l’humanité. Il choisit d’assumer jusqu’au bout la destinée humaine, jusqu’au passage par l’enfer et jusqu’à la délivrance de l’enfer.

Une véritable résurrection après une mort réelle

Rufin : TERTIA DIE RESSURREXIT A MORTUIS ASCENDIT IN CAELOS SEDET AD DEXTERAM PATRIS

LE TROISIÈME JOUR EST RESSUSCITÉ DES MORTS, EST MONTE AU CIEL, SIÈGE À LA DROITE DU PÈRE

Pirmin précise : DEI PATRIS OMNIPOTENTIS
DE DIEU LE PÈRE TOUT PUISSANT

Toute puissance de Dieu dans la résurrection et la session du Fils à la droite du Père

Pirmin insiste sur la toute puissance de Dieu le Père. La Toute-Puissance est liée à la paternité divine dans la création du monde et l’engendrement du Fils.

Elle se manifeste ici à nouveau pour la résurrection et pour la session céleste du Fils ressuscité à la droite de Dieu le Père.

Pas de mort apparente

Ce véritable retour à la vie a lieu après une mort réelle de trois jours, mais pas plus pour que le corps ne risque pas de disparaître. Ce fait ferme la bouche de ceux qui prétendent que la mort de Jésus ne serait qu’un évanouissement prolongé, une mort apparente.

L’Ascension : le ministère céleste d’intercession et de jugement du Christ

AD DEXTERAM DEI PATRIS OMIPOTENTIS
À LA DROITE DE DIEU LE PÈRE TOUT PUISSANT

Ce sont les paroles de Jésus au grand prêtre lors de sa comparution devant le Grand Conseil juif :

« Vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu…».
L’élévation de Jésus Christ au ciel à l’Ascension est l’accomplissement de la prophétie de Daniel 7. 13 et 14.

Jésus-Christ à la droite de Dieu : ministère d’intercession et règne sur l’univers jusqu’au jugement dernier

L’œuvre du Christ payant pour les péchés de l’humanité ne s’achève pas à la croix. Elle prend sa signification complète au moment de l’Ascension. Le Fils a apporté à son Père le sacrifice qui autorise le pécheur pardonné à entrer dans la présence de Dieu.

Le Fils siège à la droite du Père pour exercer son ministère céleste d’intercession (Romains 8.34).

Il régnera sur l’univers entier jusqu’au jugement dernier « où il remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père » (1 Corinthiens 15.24)

Tout jugement remis au Fils

UNDE VENTURUS EST IUDICARE VIVOS ET MORTUOS
D’OÙ IL VIENDRA POUR JUGER LES VIVANTS ET LES MORTS

C’est le Christ qui vient pour juger :
« Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils » (Jean 5.22)

Ce jugement concerne tous les humains, les vivants aussi bien que les morts.
« A la dernière trompette, les morts ressusciteront, incorruptibles…et les vivants (nous) seront changés» 1 Corinthiens 15.51-52,

Puis tous seront jugés et seront sauvés dans la présence de Dieu ou perdus loin de lui.

L’affirmation des doctrines sur l’Esprit Saint et la Trinité

CREDO IN SPIRITUM SANCTUM / JE CROIS EN L’ESPRIT SAINT

En répétant « CREDO/JE CROIS, le futur baptisé insiste sur l’affirmation de sa foi dans les trois personnes de la Trinité, le Père, le Fils, l’Esprit Saint.

L’icône de la Trinité

représentation de trois personnes de la Trinité. Icone d’Andrei Rublev

 

La Trinité est illustrée par l’icône dite de la Trinité d’Andrei Roublev. Il s’agit des trois hommes apparus à Abraham au Chêne de Mamré (Genèse 18).Roublev, à la suite des Pères de l’Église, l’interprète comme une figure du mystère de la Trinité indivisible.

La doctrine de l’Esprit-Saint

La doctrine de l’Esprit est affirmée dès les débuts de l’Église. Mais elle sera développée seulement au 4e siècle.

Selon Grégoire de Nysse, un théologien de l’Église ancienne, « il a fallu résoudre la question du Fils avant d’aborder celle de l’Esprit, d’abord expliquer qui est le Fils puis qui est l’Esprit, car l’Esprit est « ambassadeur du Père et du Fils ».

La doctrine du « filioque » (et du Fils)

Le Saint-Esprit procède du Père et du Fils

L’affirmation de Grégoire – « ambassadeur du Père et du Fils » –  annonce la doctrine du « filioque » (« et du Fils »). Elle sera ajoutée au 6e s à la version occidentale du Symbole de Nicée Constantinople, une profession de foi rédigée en grec.

Elle est commune aux trois grandes confessions chrétiennes, le catholicisme, l’orthodoxie et le protestantisme :

Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie.

Il procède du Père et du Fils. Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire; il a parlé par les prophètes.

Doctrine acceptée par les Eglises catholiques et protestantes, rejetée par l’Eglise orthodoxe

La doctrine du « filioque », double procession de l’Esprit, qui émane à la fois du Père et du Fils a été acceptée par l’Église latine (et protestante). Elle a été rejetée par l’Église orientale pour laquelle l’Esprit procède (émane) du Père seul. Ce refus est l’une des causes du grand schisme de 1054 entre l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe.

Croire en l’Esprit saint signifie aussi croire en son oeuvre

Pour le catholicisme, à travers le magistère de l’Église

Pour le catholicisme, l’Esprit agit objectivement à travers le magistère de l’Église, même sans participation consciente ou sans approbation de la personne concernée. Ainsi, le baptême administré à un nourrisson ferait de lui un chrétien. Et si un non croyant participait à l’eucharistie, il recevrait le corps et le sang du Christ par la transformation du pain et du vin opérée par les paroles de consécration.

Pour le protestantisme, dans la transformation du coeur

En revanche, pour le protestantisme, l’œuvre de l’Esprit ne réside pas dans des actes extérieurs mais dans la transformation du cœur.

Entre protestants de diverses obédiences, cette œuvre de l’Esprit est aussi interprétée différemment. Pour les uns, elle se manifeste par des œuvres de puissance, des dons spirituels extraordinaires. Pour les autres, c’est par une conduite et une fidélité dignes de la Parole de Dieu, même sans éclat particulier.

La catholicité de l’Église: la foi universelle « pratiquée partout, par tout le monde dans tous les temps »

Rufin :

SANCTAM ECCLESIAM
LA SAINTE EGLISE

REMISSIONEM PECCATORUM
LA RÉMISSION DES PÉCHÉS

CARNIS RESURRECTIONEM
LA RÉSURRECTION DE LA CHAIR

Pirmin ajoute un développement théologique important

SANCTAM ECCLESIAM CATHOLICAM
LA SAINTE EGLISE UNIVERSELLE

SANCTORUM COMMUNIONEM
LA COMMUNION DES SAINTS

Catholique = universel (pas catholique romain)

Dans le contexte de ce credo complété au 8e s, « catholique » ne signifie pas catholique romain. C’est un mot grec courant, qui veut dire « universel ».

La catholicité de l’Église est définie au 5e s par Vincent de Lérins comme la foi universelle « pratiquée partout, par tout le monde dans tous les temps ».

Elle se manifeste dans l’espace, le temps, et l’histoire.

– dans l’espace :

Les chrétiens convertis de tous les pays sont unis spirituellement par la foi en un même Seigneur. Rassemblés ou non en communautés locales, y compris les chrétiens isolés dans les pays où sévit la persécution, ils participent à la communion des saints de l’église universelle visible et invisible

– dans l’histoire :

La doctrine de la foi repose sur Jésus-Christ, pierre angulaire. Il fonde la foi et unit les croyants. La vie de l’Église se construit sur la base de l’enseignement des apôtres et prophètes (Ephésiens 2.20).

Cela exclut donc l’ajout de dogmes ou systèmes particuliers aux sectes. Cela devrait aussi empêcher le détournement de vérités qui pourraient être gênantes pour la raison ou la sensibilité de l’homme moderne. Ainsi  l’enfer, séparation éternelle d’avec Dieu remplacé par l’anéantissement des âmes condamnées.

– dans le temps :

La rédaction de la Bible s’est achevée dans les premiers siècles de notre ère. Elle reste toujours pertinente aujourd’hui. Dans ses principes et ses vérités illustrés par des exemples, elle répond aux interrogations universelles de l’homme sur son origine et sa destinée : qui je suis, d’où je viens, quelle sera ma destinée ?

La rémission des péchés, au centre de la vie chrétienne.

REMISSIONEM PECCATORUM
LA REMISSION DES PECHES

Toute nouvelle naissance, début de la vie chrétienne doit passer par cette étape. Reconnaître que l’on est pécheur, y compris dans la pensée et l’intention (les paroles de colère qui « tuent »), et que l’on mérite la mort que Jésus a subie à notre place.

Jésus-Christ a non seulement acquitté la dette juridique du péché, pour satisfaire à la justice divine. Il a aussi réconcilié avec Dieu ceux qui se savent pécheurs et lui demandent pardon et réconciliation (2 Co 5.18-19).

En conséquence, la parole du pardon doit être proclamée dans l’Église. Il faut en informer en particulier ceux qui croient avoir commis le péché impardonnable ou ceux que la mort de parents a privés de la possibilité d’apurer les conflits.

La résurrection de la chair: celle des corps dans le royaume céleste

CARNIS RESURRECTIONEM ET VITAM AETERNAM
LA RESURRECTION DE LA CHAIR ET LA VIE ETERNELLE

Le symbole des Apôtres se termine par une confession de foi en la vie éternelle

La résurrection de la chair, c’est celle des corps (faits de matière) dans le royaume céleste. Ce n’est pas le corps tel quel, corruptible, incapable d’hériter le Royaume de Dieu (1 Cor 15.50. C’est le corps mystérieusement transformé et rendu capable d’entrer et de séjourner dans la vie éternelle (2 Co 3.18).

C. Streng

Maturité émotionnelle dans les relations

 La maturité émotionnelle

Elle se manifeste dans la différentiation du soi, la capacité de rester soi-même dans ses relations avec les autres. Elle permet d’éviter la triangulation,  l’intervention intempestive dans les affaires des autres.

La différentiation : Soi solide et pseudo-soi

C’est le thème du chapitre 4, du livre de Jeanne Farmer : Je comme unique : Jésus, notre exemple

A propos de la différentiation, Murray Bowen distingue « soi solide et « pseudo-soi ».

Le soi-solide

« Le soi solide est constitué de croyances, d’opinions et de principes de vie clairement définis. …Ils sont incorporés selon les expériences et la réflexion de l’individu ». Le soi solide reste stable et non négociable même dans des situations d’angoisse et de pression … » (p. 48).

Le pseudo-soi

« Le pseudo-soi, est un « soi de vitrine », un soi que les autres peuvent percevoir. Il est constitué …de croyances …et de connaissances importants pour le groupe et le couple »…Il peut varier sous la pression émotive.

Une modification durable de la relation, par exemple si un conjoint dominant l’autre ou un enfant, déresponsabilise, et rend incapable d’un fonctionnement adéquat. L’un « paraît plus compétent … mieux différencié » (p. 49) que l’autre.

En réalité, l’un a «perdu du soi». Il a sacrifié l’exercice de ses compétences pour stabiliser la relation. L’autre en a gagné en exerçant ses compétences aux dépens de l’autre. (p. 49).

L’échelle de différentiation, un concept théorique

« L’échelle de différentiation », est un concept théorique ». Il va de 0 à 100.

– « en bas, …les psychotiques et schizophrènes,… qui n’ont pas de contact avec la réalité »,

– puis les « névrosés »,

– ensuite entre 35 et 50, le niveau « normal »,

-en haut, « les meneurs et modèles », exceptionnellement équilibrés et productifs » p. 50

De 0 à 25, « trouver du bien-être dans les relations » prend tellement d’énergie … « qu’il n’en reste plus pour des projets et une direction de vie » (p. 51). On se limite au soulagement immédiat.

De 25 à 50, la majorité. La plus grande partie du soi, est un « pseudo-soi ». Il dépend des autres et de soutiens  rigides comme « on dit que, la Bible dit que ».

De 50 à 75, « le système intellectuel et le système émotif » sont mieux différenciés. Ils permettent un fonctionnement équilibré, même en cas d’angoisse.
Le raisonnement aide à « prendre des distances par rapport à des pressions émotionnelles. Il permet de poursuivre des buts personnels » (p. 51), à exprimer calmement son avis sans attaquer ni se défendre.

De 75 à 100, c’est un « niveau hypothétique ». La différentiation, est la « capacité de rester soi-même dans ses relations ». Elle donne « la liberté de parler et d’agir pour le bien des autres » (p. 52-53) et le sien.

Différentiation dans la vie de Jésus

La différentiation est très développée dans la vie de Jésus. Il côtoie facilement des gens très différents de lui, sans être choqué ni avoir le « besoin compulsif de les changer ».

Distinguant pécheur et péché, il pardonne sur la croix à ses bourreaux. Il est indépendant, émotionnellement vis à vis de sa famille et de ses proches.

Au Temple à 12 ans, il refuse d’assumer l’état émotionnel de sa mère tout en se soumettant à l’autorité de ses parents. Il résiste à la pression de sa famille (Marc 3.20-21), à celle de Marthe et Marie au moment de la maladie de Lazare (Jean 11), à Pierre qui croit bien faire en le détournant de sa mission (Matthieu 16.21-25).

Il est capable de faire passer ses principes avant ses réflexes de survie (p. 56). Lors de sa tentation, pendant son ministère et à Gethsémané, le spirituel passe avant le matériel ; la prière est prioritaire. L’amour pour son Père l’emporte sur son émotion devant l’épreuve.

Différentiation liée à l’écoute de Dieu

Pour Jésus, la différentiation de soi est « étroitement liée à l’écoute de Dieu… Cela s’explique par sa « communion unique avec son Père céleste ». De même une communion plus intime de Dieu nous aidera à lui obéir au lieu «  de nous plier aux attentes des autres » (p. 58)

La triangulation 

La triangulation, est le sujet du chapitre 5, les triangles 

Dans une relation tendue entre deux personnes, une troisième personne intervient. L’un des partenaires l’appelle à la rescousse ou la troisième prend elle-même l’initiative de prendre parti en faveur de l’une ou l’autre. C’est une triangulation

Exemples de triangulation

Deux contre un : Dans un conflit entre B et C, A prend parti pour B. Cela crée une relation distante ou un conflit entre A et C. Ou A et B parlent entre elles de C sans l’en informer.

Le partage de « secrets » provoque une relation faussée. Elle est construite non sur une intimité réciproque mais sur des informations excluant la personne d’abord concernée.

Dans le triangle « médiateur » (p. 61), quelqu’un intervient pour empêcher ou favoriser la relation entre deux autres. Cela aboutit au résultat inverse : cela fait grandir une relation qu’on voudrait éviter ; cela empêche une relation qu’on voudrait encourager.

Le « bouc émissaire » (Edwin Friedman (1985), c’est celui sur qui se défoule quelqu’un de stressé. Il y a disproportion entre la cause limitée du reproche (un oubli, un retard) et la réaction explosive.

La triangulation est difficile à éviter. On prend souvent parti pour le premier qui a parlé. On essaie aussi de calmer un conflit qui « a des retombées pour nous »

Conséquences de la triangulation

Stress dans les relations

« La personne triangulée …subit le stress de la relation » entre les deux autres. L’intervenant, en stabilisant les relations empêche la résolution de la difficulté ». La durée du triangle peut dépasser celle des individus.

La tierce personne subit le stress de la relation : « elle se sent responsable de ce qu’elle ne peut contrôler, ou la relation ou colère des autres.

Conflit installé dans la durée

Le triangle stabilise la relation dans son état de conflit. La présence ou les tentatives de la troisième empêchent les deux autres de s’impliquer directement.

Enfin, le conflit a tendance à durer encore plus longtemps que les personnes qui le composent. Ainsi d’une génération à l’autre se transmettent des triangles. Quelqu’un de la génération suivante prend la place laissée libre dans la génération précédent.
Ainsi la vendetta corse ou les conflits de famille ou de voisinage. On est fâché pour quelque chose depuis plusieurs générations mais on ne sait plus pourquoi.

Cela pourrait être un exemple de la punition « des fautes des pères sur les enfants jusqu’à …la quatrième génération » (p. 67). Ainsi, des conflits entre clans dans des Églises usent les pasteurs les uns après les autres.

Se confier pour réfléchir

Nous avons parfois besoin de nous confier à quelqu’un qui nous aide « à réfléchir avec… efficacité » (p. 67) . Mais il vaut mieux plutôt avec quelqu’un qui ne connaît pas la personne en cause.

Limites à respecter

Se plaindre auprès du pasteur d’une personne qu’il connaît en lui demandant de garder le secret l’enferme dans la triangulation. Ce n’est pas une confession de péchés mais une affaire de relations personnelles.

Il devrait alors signaler qu’il refuse de garder le secret et en parlera à la personne mise en cause. Il acceptera cependant une discussion menée avec calme.

Dé trianguler, cesser d’intervenir

Dé trianguler, c’est dire aux deux autres notre position sur la situation et cesser d’intervenir dans leur conflit. On les laissera régler seuls ce conflit, sauf en cas de « traitement abusif » (p. 71), physique ou psychologique.

Nous n’avons pas besoin d’intervenir pour des personnes capables de se défendre elles-mêmes. Si nous sommes l’un des deux protagonistes, nous pouvons « casser le triangle » (p. 71) en renonçant à faire intervenir la tierce personne.

Gérer la confidence

On peut aussi avertir, comme le fit un pasteur, que la confidence est un « colis destiné » à la personne incriminée. Il nous a été remis « par erreur » (p. 71),

Donc on le lui transmettra, et il faut le faire effectivement. Cela provoque d’abord du « remue- ménage » (p. 73) puis la fin des critiques (camouflées) dans l’Église.

Danger des triangles dans l’Église

Les triangles formés dans l’Église à propos d’un frère, d’une sœur, ou du responsable contribuent à créer des triangles « aussi néfastes que la médisance » (p. 75) C’est en contradiction avec le processus expliqué dans Matthieu 18, où ces personnes sont mises au courant de ce qui les concerne.

« Écouter des plaintes sans le signaler à la personne concernée », favorise « la formation de clans », donc à posteriori, « de schismes » (p. 76). Cela entrave une communication normale dans l’Église.

Diseur de vérité, faiseur de paix

Familles explosives et familles cohésives

Dans le chapitre 6,l ’auteur reprend la distinction du chapitre 3 entre les familles « explosives » qui gèrent les tensions par la distance et les familles « cohésives » qui les gèrent par des « mécanismes intérieurs » (p. 77).

Dans les familles « explosives », on dit « la vérité même au risque de déplaire à l’autre » (p. 77).

Dans les familles « cohésives » on favorise l’harmonie plus que la vérité.

Les deux rôles, « diseurs de vérité » et « faiseurs de paix » (p. 78), sont nécessaires. En effet, les diseurs de vérité rendent conscient des problèmes. Les faiseurs de paix, eux, les empêchent de faire éclater l’unité de la famille. En retour ils risquent  l’agressivité et les malentendus et s’estiment mal compris. Les négociateurs ou faiseurs de paix, voient « leurs besoins plus souvent ignorés que ceux des diseurs de vérité » (p. 78).

Diseur de vérité et/ou faiseur de paix

Le couple formé d’un(e) diseur (se) de vérité et d’un(e) faiseur (se) de paix risque d’être conflictuel. Surtout s’il y a entre eux un faible niveau de différentiation.

Dans le milieu chrétien le couple qui ne se dispute pas passe pour idéal. Mais cela risque de provoquer une prise de « distance émotionnelle » (p. 78).

En général, la complémentarité stabilise le couple parce que l’un des deux, souvent le faiseur de paix « s’adapte plus que l’autre » (p. 78). Mais il a tendance à fixer en lui l’anxiété du couple et d’avoir des problèmes physiques, psychologiques ou sociaux.

Fonctionnement comme la famille ou différent

Si nous fonctionnons comme notre famille d’origine, nous agirons comme elle dans nos relations. Mais si notre fonctionnement est différent, notre comportement s’adaptera au type de relation rencontré.

Avec nos enfants, « nous reproduisons toujours le fonctionnement global de notre famille d’origine » (p. 81) surtout celle de la mère, plus proche des enfants.

Zones d’irresponsabilité et remèdes

Les deux styles de relations se valent, avec chacun leur « zone d’irresponsabilité » (p. 82).

Le diseur de vérité ne prend pas assez de précautions pour communiquer un message acceptable.

Le faiseur de paix ne dit pas assez clairement ce qu’il pense. Il accumule ainsi des ressentiments à cause de cette carence.

Donc le faiseur de vérité s’appliquera à être « plus à l’écoute de l’autre ». Il fera tout son possible pour rendre la vérité « digeste » (p. 81). « Il restera calme sans… essayer de changer l’autre, seul responsable de ses actes » (p. 83)

Fonctionnement dans l’Église

Dans une Église, le responsable a tendance à se comporter comme sa famille d’origine. Sa manière de fonctionner, « rigide ou souple » reflète son niveau de différentiation et le « stress du moment » (p. 84).

Dans un conseil d’Église composé de faiseurs de paix, le pasteur diseur de vérité aura beaucoup de liberté mais il risque de se retrouver tout seul devant.

Avec un conseil et un pasteur faiseurs de paix, il n’y a pas de conflits. Mais l’Église risque de ne pas avancer beaucoup. Si un ou plusieurs membres du conseil, diseurs de vérité, sont dans l’opposition, le pasteur sera en difficulté dans la confrontation.

La solution serait de rééquilibrer la situation en proposant l’élection de personnes mûres, diseuses de vérité et favorables au pasteur.

C.Streng

Le récit de l’annonciation à Marie

L’annonciation à Marie

Luc 1.26-38

Dans les temps de Noël,  nous aimons  relire les récits relatant la naissance de Jésus-Christ et aussi celui de l’annonce de cette naissance, faite à Marie.

«Jésus fait homme », l’accomplissement de la prophétie

Nous voici arrivés au temps de l’accomplissement de la prophétie biblique. Après une attente de près de 400 ans, Dieu  brise soudain le silence.

Ce n’est pas par l’intermédiaire d’un prophète mais par celui d’un ange, l’ange Gabriel que Dieu s’adresse à Marie. Il est porteur d’une bonne nouvelle et se veut rassurant, paisible :

«Réjouis toi ! Le seigneur t’a accorder une grande faveur, Il est avec toi » v.28

Quelle joie ! Le seigneur te considère favorablement… Marie !

Surprise et troublée

 Marie ne s’y attendait pas du tout. Elle est surprise est profondément troublée. il lui faut du temps temps pour comprendre ce qui lui arrive, pour dépasser sa peur et surmonter le tumulte dans son cœur.

La parole de Dieu est merveilleusement réaliste. Elle n’enjolive pas le déroulement des événements majeurs mais elle les restitue avec exactitude et vérité.
C’est plutôt le  lecteur qui oublier les détails et altère parfois involontairement le récit biblique.La routine et l’habitude  nous jouent parfois des tours.

Pourquoi Marie est-elle troublée à ce point ?

Premièrement, l’ange lui annonce qu’elle va devenir mère. Elle est vierge et n’a pas encore été mariée à son fiancé joseph.

Sa question est immédiate : «Comment cela sera-t-il possible ? »

Deuxièmement, la description du fils qu’elle va enfanter est extraordinaire, inimaginable.

Les trois titres du Christ

L’ange Gabriel lui révèle les trois titres que portera son enfant. Et c’est du lourd, comme on dit.

1. Il doit être appelé Jésus, ce qui signifie Sauveur.

Il sera donc investi d’une mission de salut à l’égard du peuple d’Israël puis envers tous les hommes, de quelque race qu’il soient

2. « Il sera grand et on l’appellera le Fils du Dieu très haut »

Pour Marie particulièrement, cela signifiait qu’il serait le Messie, l’envoyé de Dieu tant attendu et annoncé par les prophètes.

3. « Le Seigneur Dieu fera de lui un roi, comme le fut David son ancêtre »


– Il  est issu de la lignée de David, conformément à la promesse.

– « Sauveur, Messie et Roi éternel » sont les trois titres que l’ange Gabriel demande à Marie de lui donner.

-Ce bébé à naître aura une destinée exceptionnelle, unique, mais égalée dans le monde des humains.

Des événements d’une portée incomparable

Marie mais aussi Joseph n’ont pas pu saisir l’ampleur de l’identité exacte de Jésus.
Mais la succession des événements à venir,  l’enfance de Jésus, puis  sa vie publique, et enfin  la croix ont dévoilé la portée et la réalité de ces titres incomparables.
C’est pourquoi il nous est dit que « Marie gardait en elle le souvenir 
de tous ces événements. »

C’est aussi ce que nous constatons dans nos vies.

Un plan d’amour

Dieu a un plan, un projet d’amour proche de son cœur pour chaque personne qui se soumet à sa volonté. Dans l’instantané des épreuves, il est difficile d’en distinguer les sens et la direction. C’est un peu plus tard que nous réalisons la sagesse et la bonté de notre Dieu.
Marchons par la foi confiant dans ses promesses qui s’accompliront au temps fixé par Dieu.

Après le « pourquoi » de Marie, le « comment »

« Comment cela sera-t-il possible puisque je suis vierge ? »

La réponse de l’ange est majestueuse et presque trop facile

« Le Saint Esprit viendra sur toi et la puissance du Dieu très haut te couvrira comme d’un ombre ».

Luc l’évangéliste et Matthieu décrivent et soulignent un fait historique qui n’a rien d’un mythe ou d’un conte. La conception de Jésus s’est faite par l’opération du Saint Esprit, sans le secours d’un père humain.

La naissance de Jésus s’est faite naturellement au terme de la gestation naturelle d’une femme. Mais sa conception reste surnaturelle et demeure un fait historique avéré. Car « rien n’est impossible à Dieu », l’inventeur du monde et le créateur de la vie.

Pourquoi insister sur l’historicité de la naissance de Jésus ?

Pour deux motifs au moins

1. Premièrement, l’accent est mis sur la continuité par rapport  au passé

Nombre de prophéties de l’Ancien Testament  pointaient vers cet événement.
Le fils que Marie enfantera occupera le trône de son ancêtre David. Il hérite de sa mère à la fois son humanité et son ascendance royale.

2. Deuxièmement, nous sommes aussi face à une discontinuité par rapport au passé.

Le Saint-Esprit descendra sur Marie et la puissance créatrice de Dieu la couvrira de son ombre.

L’enfant sera unique puisque sans péché, saint et fils de Dieu.

Jésus a porté ce double patrimoine héréditaire :

  • Humain et messianique par sa mère Marie
  • Pur et divin, engendré par le Saint-Esprit

Le couple Marie et Joseph, la famille qui a accueilli la venue de Jésus

Le songe de Joseph

Dans Matthieu 1.18-25 nous lisons que Joseph a eu un songe dans lequel le Seigneur lui a parlé

A cette époque, la pression sociale était très forte : certaines conduites n’étaient pas acceptées, « cela ne se faisait pas ».

Marie était enceinte alors qu’elle était fiancée, pas encore mariée à Joseph.

Pour l’épargner et ne pas jeter le discrédit sur elle, il décide de rompre secrètement.

L’ange lui dévoile le plan de Dieu et lui recommande de prendre Marie pour femme.

Joseph qui était un homme droit et qui aimait le Seigneur obéit tout simplement.

Par la suite, un rumeur s’est répandue : il serait un enfant illégitime, conçu hors mariage. Nous la voyons surgir dans Jean 8.41

Face à certains Juifs non croyants, Jésus déclare qu’ils ont pour père le diable et non Abraham. Ils sont meurtriers dans leurs cœurs. Ceux-ci lui rétorquent : « Nous en sommes pas des enfants illégitimes », ce qui sous entendait que lui l’était.

L’appel adressé à Marie dans le cadre de l’Annonciation

Quelle a été sa réponse, son attitude face au projet du Seigneur ?

« Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu l’as dit. » (V.38).

Face au dessein de Dieu et à sa méthode, pas d’objections et une entière soumission.

Elle acceptait une lourde responsabilité. Avant le mariage elle s’exposait à la maternité et elle en subissait les conséquences : la honte et la souffrance de passer pour une femme immorale…

Elle a finalement renoncé à sa réputation pour faire la volonté de Dieu.

Notre vocation, notre appel

Cet appel particulier à Marie de devenir la mère de Jésus-Christ débouche sur une réflexion sur notre appel, notre vocation.

1 Pierre 2.9-10 : « Race choisie, prêtres du roi, nation sainte, peuple de Dieu, » des expressions prestigieuses mais pas prétentieuses.

C’est  un appel communautaire, transversal à servir Dieu. Nous appartenons d’abord à Dieu et faisons partie de ce peuple multi ethnique et multiculturel répandu à la surface de la terre.

Voilà de quoi prendre une certaine distance avec nos appartenances ecclésiastiques. Mais attention aux chrétiens « électrons libres » qui se désolidarisent volontairement du Corps de Christ, l’Église. Nous sommes appelés ensemble à le servir.

Un seul objectif : « Il nous a appelés… afin que nous proclamions ses œuvres, ses perfections magnifiques »

Nous sommes appelés à braquer le projecteur sur Jésus-Christ et l’œuvre parfaite accomplie à la croix. Nos paroles et nos actions témoignent de ce qu’il représente dans notre vie. Elles témoignent aussi de la possibilité de vivre des relations réconciliées les uns avec les autres, selon le ministère de la réconciliation.

Nous pouvons répondre à cet appel parce que la compassion de Dieu est première. Elle a bouleversé notre vie. Nous vivons quotidiennement de sa grâce, jour après jour et il veut déverser son amour dans nos cœurs.

W. Kreis