Année : 2016

Manne, épreuves, fidélité de Dieu au désert

Manne dans le désert

Ce thème a été choisi pour deux raisons :

  • L’épisode de la nourriture miraculeusement accordée par Dieu au peuple d’Israël dans le désert
  • Une visite au « Musée du Désert » à Anduze, dans le Sud de la France.

Ce musée évoque la dramatique persécution vécue par les protestants huguenots suite à la révocation de l’Edit de Nantes par le roi de France Louis XIV.

Ecouter ce que Dieu dit

Soyons à l’écoute de ce que Dieu nous dit en Eglise, dans les échanges entre frères et sœurs, à travers les événements de la vie, les lectures bibliques etc.
Appliquons nous à discerner les convergences inspirées par l’Esprit Saint. C’est un facteur d’unité et de croissance pour l’Eglise.
Résistons à une pensée trop individualiste parfois, comme l’est la pensée ambiante. Soyons plutôt à l’écoute de ce que le Seigneur désire transmettre à son église.

Exode 16.1-8

Toute la communauté d’Israël quitta Élim ; le quinzième jour du deuxième mois après la sortie d’Égypte, ils arrivèrent au désert de Sin, situé entre Élim et le mont Sinaï. Là, dans le désert, les Israélites se remirent à protester contre Moïse et Aaron. 

Ils disaient : « Si seulement le Seigneur nous avait fait mourir en Égypte, quand nous nous réunissions autour des marmites de viande et que nous avions assez à manger ! Mais vous nous avez conduits dans ce désert pour nous y laisser tous mourir de faim ! »

 Le Seigneur dit à Moïse : « Du haut du ciel, je vais faire pleuvoir du pain sur vous. Chaque jour les gens iront ramasser leur ration de la journée. Je vous mettrai ainsi à l’épreuve pour savoir si vous obéissez ou non à mes ordres.  Le sixième jour, quand vous préparerez ce que vous aurez ramassé, vous en trouverez le double des autres jours. »  

Moïse et Aaron dirent à tous les Israélites : « Ce soir, le Seigneur vous donnera de la viande à manger, car il vous a entendus protester contre lui ; vous saurez alors que c’est lui qui vous a fait sortir d’Égypte.

Et demain matin, quand il vous donnera du pain en suffisance, vous verrez sa gloire. Quant à nous, nous ne sommes même pas dignes que vous protestiez contre nous. Et si vous le faites, en réalité, c’est le Seigneur que vous attaquez. »
La Bible en Français Courant (Nouvelle édition révisée 1997).

Un peuple difficile à conduire

Contestation et colère

– Moïse et Aaron chargés de conduire le peuple d’Israël travers le désert sont la cible de la contestation
– ils cristallisent la colère du peuple qui les accuse de les laisser mourir de faim dans le désert de Sin.

Pourtant au bénéfice de la puissance et de la bienveillance divines

Pourtant quelques semaines plus tôt, le peuple a été témoin et bénéficiaire de la puissance et de la bienveillance de Dieu lors de deux événements :

  • la traversée de la Mer des Roseaux à pied sec et l’anéantissement de l’armée du pharaon
    – la purification par le Seigneur des eaux amères et imbuvable de Mara. Le peuple a ainsi pu se désaltérer.

Mais regret du « bon vieux temps »

Pourtant, dans la déception et l’angoisse éprouvée, le peuple évoque avec regret la vie d’autrefois en Égypte et la trouve préférable (v.3)
Voilà des souvenirs bien trompeurs. En fait la réalité est très différente

Exode 3.7

Le Seigneur reprit : « J’ai vu comment on maltraite mon peuple en Égypte ; j’ai entendu les Israélites crier sous les coups de leurs oppresseurs. Oui, je connais leurs souffrances

Deux pièges dans nos réactions face aux difficultés

Cet argumentaire du peuple rend attentif à deux pièges qui peuvent se présenter quand nous rencontrons de nouvelles difficultés ou épreuves dans notre vie

– La mémoire sélective

Elle gomme les interventions inattendues et miraculeuses de Dieu dans notre vie, celle de nos proches, dans notre communauté.
Cela s’appelle l’ingratitude oublieuse ou la nostalgie du bon vieux temps. C’est l’embellissement du passé.le déni de la réalité

– Le déni de la réalité

Le déni de la réalité de notre condition humaine avant de connaître le Christ et de goûter à sa bonté
Autrefois nous vivions nous aussi dans la servitude du péché gouverné par nos passions et en situation d’oppression.
Que serions-nous devenus si sa grâce providentielle et son amour n’avaient pas touché notre cœur ?

Regarder en arrière, un leurre

Au moment de l’épreuve, gardons-nous de regarder en arrière avec d’éventuels regrets. C’est un leurre, une tromperie.

Fidélité constante de Dieu

Face à cette requête amère du peuple et à cette contestation faite de mauvaise foi, le seigneur reste fidèle à ses engagements de conduire son peuple et de prendre soin de lui au désert. Quel amour !

La manne, une nourriture miraculeuse

Pendant les 40 années passées au désert, le seigneur va nourrir miraculeusement la foule au moyen de la manne.
Le mot traduit de l’hébreu signifie : qu’est-ce que cela ? C’est la question suscitée par son apparition dans le désert de Sin.
La descente de la manne est comparé à une pluie de pain céleste.

Lorsque la rosée s’évapora, quelque chose de granuleux, fin comme du givre, restait par terre.  Les Israélites le virent, mais ne savaient pas ce que c’était, et ils se demandèrent les uns aux autres : « Qu’est-ce que c’est ? » Moïse leur répondit : « C’est le pain que le Seigneur vous donne à manger»

Une mise à l’épreuve quotidienne

Mais il est important de le préciser. Face à ce besoin fondamental et légitime du pain quotidien, la réponse du seigneur est conditionnelle et bien encadrée.

 

Le Seigneur dit à Moïse : « Du haut du ciel, je vais faire pleuvoir du pain sur vous. Chaque jour les gens iront ramasser leur ration de la journée. Je vous mettrai ainsi à l’épreuve pour savoir si vous obéissez ou non à mes ordres V.4 

Pour éduquer le peuple

Cette période de 40 années vécues dans le désert était voulue par Dieu pour éduquer, former tout le peuple qu’il s’était choisi. D’où l’expression mettre à l’épreuve

Deutéronome 8.3-5

Après ces difficultés, après vous avoir fait souffrir de la faim, il vous a donné la manne, une nourriture inconnue de vous et de vos ancêtres. De cette manière, il vous a montré que l’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole que Dieu prononce.  Vos vêtements ne se sont pas usés, vos pieds n’ont pas enflé durant ces quarante ans.  Comprenez donc bien que le Seigneur votre Dieu veut vous éduquer comme un père éduque son fils

Avec des instructions claires et précises

Il fallait ramasser seulement la quantité nécessaire «au pain de ce jour » soit 3 à 4 l par personne. Le sixième jour, veille du sabbat, on pouvait ramasser le double

Un test d’obéissance, pas toujours réussi

À travers ces directives précises le seigneur désirait tester l’obéissance du peuple.
En lisant le reste du chapitre, nous constatons qu’évidemment des personnes ont désobéi. Elles ont ramassé plus que ce qui était précisé. Ou elles en ont ramassé le septième jour.

La manne, signe miraculeux de relation et de solidarité

La manne était le signe quotidien et miraculeux de la bonté du seigneur envers Israël.
Elle est donc le symbole de la relation de dépendance privilégié entre Dieu et son peuple. Elle est aussi le symbole de la solidarité et du partage à l’intérieur (au sein) du peuple lui-même.

Ramassage avec redistribution

C’était un ramassage par tente, par maisonnée. Les petits-enfants, les personnes âgées, les malades, les handicapés, n’étaient pas oubliés. Le partage, la redistribution étaient nécessaires et permises. Les personnes solides et bien portantes ramassaient plus que leur part.

La manne, un symbole spirituel dans le Nouveau Testament

Solidarité dans l’Eglise et entre les Eglises

2 Corinthiens 8 14-15

En ce moment, vous êtes dans l’abondance et vous pouvez donc venir en aide à ceux qui sont dans le besoin. Puis, si vous êtes un jour dans le besoin et eux dans l’abondance, ils pourront vous venir en aide. C’est ainsi qu’il y aura égalité,  conformément à ce que l’Écriture déclare :

« Celui qui en avait beaucoup ramassé n’en avait pas trop, et celui qui en avait peu ramassé n’en manquait pas. »

L’apôtre Paul choisit l’exemple de la manne pour illustrer la répartition et la solidarité concrète qui doit exister entre les Eglises et les membres d’une même Eglise

Il mentionne ce principe dans le cadre des collectes auprès des églises de Macédoine au profit des églises de Judée.

Jésus-Christ, le pain de vie donné aux hommes

À ce premier éclairage du Nouveau Testament s’ajoute un deuxième éclairage donné par Jésus-Christ dans Jean 6

Jean 6.35

Jésus leur déclara : « Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim et celui qui croit en moi n’aura jamais soif»

La conversation entre Jésus et ses disciples évoque le signe miraculeux de la manne vécu par leurs ancêtres. Avec cette question à la clé : «  Et toi Seigneur, Quel est le signe miraculeux qui atteste ton autorité ? »
Et Jésus de répondre : il est le fils de Dieu incarné parmi les hommes;  il donne la vie au monde.

Re-création de l’homme nouveau et quête de sens

Cette affirmation de Jésus fait passer du niveau physique et naturel de la faim au niveau spirituel des besoins de l’âme. Quête de sens pour notre vie, aspiration à retrouver une vraie relation avec le père céleste, à trouver la guérison de nos blessures.

La mort de Jésus à la croix et sa résurrection rendent possible cette re-création de l’homme nouveau. Le pain de vie apaise la faim et la source d’eau vive calme la soif. Alors il est bon d’y puiser fréquemment. Comme pour la manne, les provisions sont incertaines, improbables. C’est à notre portée, disponible 24 h sur 24. Comme pour la manne, il est nécessaire d’y appliquer notre volonté et de se bouger.

Marcher avec Dieu dans l’épreuve

La traversée du désert pendant 40 ans a été la mise à l’épreuve du peuple d’Israël dans le désert.
Les Huguenots l’ont aussi vécu dans la persécution pendant pratiquement un siècle, comme le rappelle le « Musée du Désert »
Il leur était interdit de se réunir librement, d’exercer un bon nombre de métiers, d’éduquer leurs enfants dans la foi protestante. Ils ont été pourchassés à travers le royaume, suppliciés, condamnés aux galères, pendus en public.
Ils ont nommé cette période « le temps du désert », c’est à dire de l’épreuve.
Un de leurs mots d’ordre : « sous la croix, le triomphe »
Certains ont fait semblant d’abjurer leur foi. D’autres non, et ils sont morts sous les coups, sous la croix.

Jacques 1.2

Mes frères, considérez-vous comme très heureux quand vous avez à passer par toutes sortes d’épreuves ;  car, vous le savez, si votre foi résiste à l’épreuve, celle-ci produit la persévérance

W. Kreis

Le juste vivra par la foi – la puissance de l’Evangile – Romains

Le juste vivra par la foi, la puissance de l’Evangile, Romains 1.17

Le juste vivra de foi / par la foi (Habacuc 2.4 – Romains 1.17 ; Galates 3.11 ; Hébreux 10.38).

Une courte phrase de l’Ancien-Testament reparait trois fois dans le Nouveau-Testament. Elle constitue un parfait concentré de tout l’enseignement de la Parole de Dieu et en particulier de l’Evangile prêché par Paul.

Un enseignement concentré de la Parole de Dieu

C’est un véritable leitmotiv à travers toute la Bible. Méditons en l’importance fondamentale, dans la prédication de Paul et dans tout le Nouveau Testament.

Romains 1.16-17

C’est sans crainte que j’annonce la Bonne Nouvelle : elle est en effet la force dont Dieu se sert pour sauver tous ceux qui croient, les Juifs d’abord, mais aussi les non-Juifs.

En effet, la Bonne Nouvelle révèle comment Dieu rend les humains justes devant lui : c’est par la foi seule, du commencement à la fin, comme l’affirme l’Écriture :

« Celui qui est juste par la foi, vivra. »

Bible en Français Courant

1. L’Evangile, une puissance efficace

La puissance, une ambition ?

Le pouvoir, être puissant, voilà bien le rêve majeur, l’ambition ultime de beaucoup d’hommes. Certes chacun en rêve à son niveau, mais il est parfois recherché avec la dernière énergie.

Pour le Juif

Pour un pharisien juif, la puissance s’incarnait dans un Messie envoyé par Dieu. Il rétablirait avec gloire et fracas l’ancienne royauté de David, sur les nations du monde, en donnant ainsi aux Juifs la position d’être les favoris de leur Dieu.

Pour le Romain

Un Romain concevait le pouvoir sous la figure d’un chef militaire distingué par ses nombreuses victoires et admiré pour son art de gouverner le pays avec sagesse et autorité.

Pour le Grec

Un Grec situait plutôt cet idéal de puissance  sur le terrain de l’esprit. Un philosophe familier de toute la sagesse séculaire,  proposait un système de pensée original et clairement supérieur.

Pour l’apôtre Paul : la puissance, c’est L’Evangile

Et en face de ces trois imposants modèles de puissance, spirituelle, politique et intellectuelle, voilà notre petit Paul (sens de son nom) qui balaie tout ça comme futile et illusoire. Et il le remplace avec hardiesse et fierté par son Evangile !

L’Evangile, ni un système religieux, ni un idéal inaccessible

Eh bien, oui, l’Evangile, c’est bien autre chose qu’un système religieux, vieux de deux mille ans auquel s’accrochent encore quelques chrétiens attardés.
Ce n’est pas non plus seulement un texte admirable, mais considéré comme trop idéal pour avoir un impact pratique sur une vie d’homme.

Un dépôt de puissance divine

Non, l’Evangile, c’est tout autre chose. C’est un dépôt caché au cœur de l’histoire des hommes, au centre de la Création de Dieu.  Un dépôt inouï de puissance divine, même s’il est quasiment ignoré. Ce n’est pas une nouvelle technique, un catéchisme inédit, inventé par un homme et donc décevant au final.

Une dynamique divine

L’Evangile, c’est une dynamique divine, élaborée par les trois personnes de la Trinité créatrice. Elles reprennent ainsi en main leur créature pour faire toute chose nouvelle dans son existence. Cette dynamique attaque à sa racine le problème fondamental de l’humanité : la présence du mal dans le cœur de l’homme.

Libération, vie éternelle, peuple nouveau attaché à Dieu

Et le résultat obtenu est triple.

  1. Elle libère l’homme de son plus grand malheur, sa perdition éternelle.
  2. Elle lui apporte un bienfait magnifique, la vie éternelle dans la communion avec son Créateur
  3. . Elle donne naissance à un peuple d’un nouveau genre, un peuple attaché à Dieu non sur un critère social, matériel ou national, mais par une confiance et un amour qui constituent la gloire de Dieu.
  4. Encore ajouter un 4e effet. Elle donne au chrétien une vision et des armes pour travailler dans l’humanité à la gloire de Dieu.

Un message qui suscite la fierté

Comment ne pas être fier d’un tel message ? Il met dans l’ombre n’importe quel autre sur le plan pratique des bienfaits qu’il veut et peut répandre sur l’humanité ?
Malgré nos faiblesses nous pouvons nous aussi rendre témoignage à ce message, sans avoir honte. Existe-t-il dans le monde un autre message plus sûr, plus fiable ?

Garanti par la vie du Fils de Dieu

Pour l’Evangile, Dieu a fourni la garantie de sérieux la plus inimaginable. Il y a engagé la vie de son propre Fils ! Vu cette garantie énorme, l’humanité aurait depuis longtemps dû se ruer dans les Eglises et on devait avoir le plus grand mal pour trouver encore quelque part un perdu.

Un message pourtant négligé

Or innombrables sont ceux qui disent ne pas avoir besoin de Dieu ou même se trouver au moins aussi bien dans telle ou telle religion.
Et en face de ce formidable sérieux, la multiplicité des religions, sont autant d’insultes lancées à Dieu. Elles lui disent en quelque sorte : « Regarde, le sacrifice de Jésus n’était pas nécessaire. Il y a bien d’autres voies, belles elles aussi et bien moins coûteuses ! »

2. S’agit-il d’un nouvel enseignement ?

En un sens, oui. Paul dit que c’est la révélation de la justice de Dieu? C’est Dieu qui se sert de Paul pour remettre en pleine lumière un plan de salut conçu et communiqué depuis longtemps, mais largement oublié.

Un message déjà proclamé au 7e s av. JC

Lorsque Habacuc a proclamé ce message à la fin du 7e s av. JC, il avait déjà dû le dégager du fatras idolâtre qui l’avait masqué au cours des siècles d’abandon de la Parole de Dieu.
Il lui a alors redonné sa force, tout comme Paul quand il écrit aux Romains et remet au centre la pensée de Dieu débarrassée des voiles des traditions juives.
Au 7e s déjà, devant la menace babylonienne, Habacuc avait rappelé que le recours, ce ne sont pas les combinaisons humaines. Si un juste voulait survivre à cette situation bloquée, c’était par une sincère confiance en Dieu seul. Le juste vivra de foi, = en démontrant qu’il n’espère de salut que de Dieu.

Le salut, un fil rouge à travers la Bible

Mais cette déclaration même d’Habacuc au 7e s, montre bien que l’Evangile prêché par Paul dans le même sens n’est pas une innovation.
Le salut par la foi seule est un fil rouge qui traverse toute la Bible. Il ne fait que s’épaissir et se préciser au fur et à mesure qu’on y avance.

En Romains 4 Paul rappelle ce principe. Il caractérise clairement l’origine du peuple juif, c’est à dire la conclusion de l’alliance par Dieu avec Abraham.
Et aux chrétiens galates,  Paul rappelle que seule la mort de Jésus à la croix paie à notre place la dette de nos péchés. C’est donc notre confiance en cette mort de Christ à notre place qui nous assure la libération de notre dette et une vie nouvelle en Christ : Galates 2.16.

L’erreur juive à propos des oeuvres

L’erreur juive à propos des œuvres peut se comprendre de deux façons voisines.

  • Soit le salut s’obtient en faisant certains actes moraux demandés par la Loi,
  • soit on veille à respecter fidèlement les caractéristiques de l’alliance de la Loi : la circoncision, le sabbat, les règles du pur / impur…

La justification par la grâce

Comme les Réformateurs le redécouvriront 15 siècles après Paul, le pécheur est justifié par la grâce seule, en réponse à la foi seule, sur la seule base de la justice de Christ.

15 siècles de poussière religieuse avaient masqué et défiguré l’Evangile en une théorie du salut selon les conceptions humaines, une voie que l’homme peut trouver en lui-même, dans la nature ou dans telle religion ancienne.

L’Évangile prêché par Paul ne vient pas de l’homme, c’est une révélation de Dieu. C’est le salut selon les normes de Dieu. Ou comme dit Luther, c’est la justice qui vaut ( a de la valeur) devant Dieu.
Cette voie du salut n’est pas une option parmi bien d’autres, c’est la seule possible. S’il en existait d’autres, pourquoi Dieu le Père aurait-il accepté que son Fils meure sur une croix.

3. Comment cette puissance agit-elle ?

Ou pour formuler la question autrement :
comment l’Evangile peut-il changer le cœur, comment comprendre cette justice de Dieu ?

  Luther et Romains 1.18

Un verset très facile à comprendre, c’est Romains 1.18. Mais il est terrifiant. Dieu a raison, c’est certain mais moi, je n’ai aucune solution, aucune issue en moi-même.
Martin Luther s’est débattu dans ce blocage dramatique 7 ans durant dans son couvent.

Puis, en préparant un cours de théologie, il a eu une illumination.
La justice du v. 17,  déterminante pour le salut, ce n’est pas la justice punitive que Dieu inflige au pécheur et que celui-ci ne pourra jamais satisfaire.
C’est la justice de la foi que Jésus a parfaitement accomplie. Dieu l’offre gratuitement au pécheur qui croit qu’en l’accueillant, Dieu lui fait grâce. Autrement dit, le pécheur n’a pas à chercher désespérément ce qu’il pourrait offrir à Dieu en paiement pour ses péchés.
Il s’agit au contraire de saisir avec confiance, comme une bouée vitale, un vêtement qui le couvre. Dieu le lui offre gratuitement par amour. C’est le paiement que Jésus lui offre pour satisfaire à sa place la justice et la sainteté divines : 3.21-25.

Luther libéré

Voilà ce qui a libéré Luther, ce qui a déclenché le formidable mouvement de la Réforme. Le pécheur perdu peut devenir juste devant Dieu en accueillant avec confiance la justice de Jésus, sans autre contrepartie de sa part que la foi.
Il peut donc être sûr de son salut. Il ne dépend pas de quelque chose qu’il fait, lui, qui vient de lui, mais de la fidélité de Dieu à tenir ses promesses. Il s’agit donc de placer sa confiance dans cette fidélité. La certitude, la garantie d’être sauvé n’est pas fondée en l’homme, mais en Dieu.

La puissance de Dieu qui libère

Quand on entre dans cette magnifique réalité, on mesure qu’il s’agit effectivement d’une puissance. Ce n’est pas simplement une belle idée, un souhait irréalisable. C’est la puissance de Dieu, car elle est capable de libérer la vie la plus bloquée, de guérir les situations les plus perverties, de redonner la joie de vivre à qui ne voyait plus que la mort. Il s’agit d’une vraie recréation dont seul le Créateur est capable, d’une régénération accessible à quiconque y croit. Elle est gratuite, puisque seule la foi est demandée. Et la foi elle-même est suscitée, donnée par l’Evangile qui annonce cette grâce. Le point de départ de cette nouvelle création est donc la foi. Elle se concrétise, s’épanouit, se développe pendant toute la vie, toujours par la foi : par la foi et pour la foi.

Croire et vivre sa foi

Dans notre contexte croire, ce n’est pas seulement être d’accord qu’une chose est vraie, fiable, efficace. C’est aussi faire place nette pour ce qu’on reconnaît comme vrai. C’est rejeter tous les préjugés, les idées fausses, même si elles sont acceptées par la majorité de nos semblables. Avant de construire, il faut nettoyer l’emplacement prévu pour la nouvelle maison. Pour cela aussi l’Evangile est indispensable : Romains 12.2 ; Hébreux 5.14. Et dans le quotidien du chrétien, il y a ce que Dieu fait et moi qui le reçois dans la confiance :
Point de départ : mort de Jésus en croix -–- confiance en cette substitution ;
Acquisition : don gratuit de Dieu — repentance et confiance
Permanence : fidélité de Dieu à sa Parole — attachement confiant à Dieu.

J.J. Streng

Marche avec Dieu, marche en montagne, enjeux spirituels

Marche avec Dieu, randonnée en montagne

Un petit groupe familial a fait une marche de quatre jours, une belle randonnée dans les Alpes vaudoises. Chargés de sacs à dos, heureusement pas trop lourds, ils dormaient dans des  refuges à la fin de chaque journée d’étape.

Quelle joie de marcher ensemble en contemplant les magnifiques montagnes créées par Dieu notre créateur. Elles témoignent de sa puissance, de sa sagesse infinie et variée. La marche en montagne peut être vue comme une image de la marche avec Dieu

Marcher avec Dieu dans la Bible

Cette tranche de vie  a inspiré le thème de cette prédication. En effet, dans la Bible on parle aussi de marche.

Genèse 5. 22 «Hénoc marcha avec Dieu 300 ans » ou  selon une autre traduction :«Hénoc vécut 300 ans en communion avec Dieu ».

Voici résumée en quelques mots l’expression de toute une vie. C’est  la meilleure conclusion et le meilleur souvenir que le chrétien peut laisser de sa vie ici-bas sur terre.

Mais le terme « Marcher» ou encore «cheminer » recouvre bien des expériences et situations différentes.

La marche et ses enjeux spirituels

Que signifie concrètement le fait de marcher et quelles leçons spirituelles peuvent en découler pour nous ?

1. Une  action dynamique, un mouvement

Partis d’un point A, nous allons, à la fin de la journée, finir l’étape à un point b.

Pour réaliser l’itinéraire projeté, il faut se mettre en mouvement, puis un pas après l’autre, arriver à l’objectif fixé.

L’effort à fournir est variable et dépend de la difficulté du terrain :

  • sol rocailleux ou glissant,
  • chemin doux et ombragé…,
  • descente périlleuse de pente raide,
  • chemin régulier à travers l’alpage…

La météo est un élément non maîtrisable mais déterminant dans la marche en montagne

Marcher avec Dieu, c’est aussi se mettre en route, s’engager, sans trop savoir ce qui nous attend

Par la foi, Abraham a obéi à l’appel de Dieu qui lui ordonnait de partir pour un pays qu’il devait recevoir plus tard en héritage. Il est parti sans savoir où il allait (Hébreux 11.8)

Ce qui importe, c’est de se mettre mouvement dans une dynamique de marche et de confiance.

Là, tout au long de notre vie, le Seigneur nous invite à prendre des chemins à difficulté variable. Il est toujours là, nous le croyons, bien sûr, mais les obstacles font partie de la réalité de cette marche. Nous sommes obligés de les franchir, avec son aide, heureusement, pour pouvoir dire finalement : « Nous te reconnaissons dans toutes nos voies ».

2. Au cours de la marche : pause boisson, pause casse-croûte, instant photo, magie du paysage

Impossible de continuer dans l’effort sans ces petites pauses salutaires. Il est nécessaire de  boire,  de manger quelques fruits secs pour retrouver de l’énergie.

Contempler le paysage et  mesurer tout le chemin déjà parcouru nous encourage pour la suite. Les photos resteront de bons souvenirs, un peu plus tard.

Marcher avec Dieu, les pauses dans la vie spirituelle.

Nous arrêter pour méditer sa parole et boire à longs traits à la source éternelle de la vie. Adorer et louer le seigneur, contempler sa face,  et faire nos délices de ses perfections invisibles et éternelles.

Nous rappeler aussi les autels dressés par Dieu dans notre vie, c’est à dire ces moments forts où Dieu s’est approché de nous.

3. Pas uniquement en solo mais à plusieurs

La marche peut se faire en solo dans la montagne. C’est une version difficile dans laquelle il nous faut puiser les ressources en nous-mêmes seulement. Pas le droit de flancher car il n’y a personne.

La marche à plusieurs offre plus de ressources : les paroles ou gestes  d’encouragement, marcher dans même pas (régularité). S’attendre l’un l’autre  permet de se dépasser et d’aller au-delà de ce qu’on peut imaginer.

Aussi l’expérience commune en Eglise

Porter les fardeaux les uns des autres,  dépasser les points critiques difficiles dans notre expérience de vie, discerner les dons  et les mettre au service de tous  pour  atteindre une plus grand maturité spirituelle.

Se trouver enrichi par l’expérience des autres et ainsi encouragé pour aller de l’avant.

Israël à travers le désert

A la suite de ces illustrations de la marche en montagne,  considérons une autre marche relatée dans le livre de l’Exode, celle du peuple d’Israël à travers le désert avec pour objectif le pays promis.

Moïse dit à l’Eternel : Voici, tu me dis : Fais monter ce peuple ! Et tu ne me fais pas connaître qui tu enverras avec moi. Cependant, tu as dit : Je te connais par ton nom, et tu as trouvé grâce à mes yeux. Maintenant, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, fais-moi connaître tes voies ; alors je te connaîtrai, et je trouverai encore grâce à tes yeux. Considère que cette nation est ton peuple.

L’Eternel répondit : Je marcherai moi-même avec toi, et je te donnerai du repos. Moïse lui dit : Si tu ne marches pas toi-même avec nous, ne nous fais point partir d’ici. Comment sera-t-il donc certain que j’ai trouvé grâce à tes yeux, moi et ton peuple ? Ne sera-ce pas quand tu marcheras avec nous, et quand nous serons distingués, moi et ton peuple, de tous les peuples qui sont sur la face de la terre ? 

L’Eternel dit à Moïse : Je ferai ce que tu me demandes, car tu as trouvé grâce à mes yeux, et je te connais par ton nom. Exode 33 12 à 17 

Le péché d’Israël : le veau d’or

Moïse  sur  le monde Sinaï recevait de la part de Dieu les paroles qui devaient conduire le peuple. Mais celui-ci lassé d’attendre le retour de Moïse désobéit gravement en construisant un veau d’or, une idole chargée de les conduire dans le pays promis.

La colère de Dieu s’enflamme vis-à-vis des Israélites et Moïse plaide leur cause pardonne maintenant… Exode 32.32

La solitude de Moïse

Dans le dialogue entre Dieu et Moïse, nous pouvons ressentir la solitude éprouvé par ce dernier.  Tous ont désobéi et même son propre frère Aaron l’a abandonné.

Moïse s’accroche aux promesses de Dieu autant qu’il peut. Mais il a besoin d’un assistant, d’une aide

«qui enverras tu avec moi ? »

Engagement de Dieu avec Moïse et avec son peuple

Et voici la réponse de Dieu à un Moïse découragé, fatigué :

Je marcherai moi-même avec toi et je te donnerai du repos Exode 33.14

Dieu en personne s’engage à conduire le peuple et à se tenir au côté de Moïse. Il va le soutenir et lui procurer le repos donc il a besoin quand la charge est trop fatigante.

Le  peuple est changeant et désobéissant. Pourtant  Dieu fait alliance avec son peuple  et s’engage à marcher avec lui. Tous les peuples le remarqueront:  «Dieu Emmanuel, Dieu avec nous»

Sans la présence de Dieu à nos cotés,  la marche est impossible

Avancer en suivant les balises de Dieu

Ainsi donc, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui, étant enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi, d’après les instructions qui vous ont été données, et abondez en actions de grâces. Colossiens 2.6-7 

Souvenons-nous de notre premier amour, de notre empressement à suivre le maitre. jésus est notre modèle,  la balise sûre, (le petit signe indiquant le bon itinéraire)  pour notre vie.

La joie, la reconnaissance donne de l’allant à notre marche. Nous trouvons dans la Parole  un solide équipement pour la marche et le combat

« Marchez sous  la direction de l’esprit »

Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chairGalates 5.16 

Le seigneur a déposé dans nos cœurs son Esprit Saint.  C’est la meilleure boussole et le meilleur accompagnateur qui soit.

Attention aux chemins sans issue et aux détours. Apprenons à discerner sa voix  pour nous attacher à ce qui est invisible et à exercer notre foi dans notre marche quotidienne. Même si le chemin devient ardu, resserré et pénible, Dieu est là et marche lui-même avec nous.

W. Kreis