Mois : août 2016

Je comme unique – La maturité dans les relations

Clés pour un comportement adulte

 Dans le livre de Jeanne Farmer, publié aux éditions Empreinte Temps Présent, en 2003.

Formée en  psychologie et spécialisée en thérapie familiale, Jeanne Farmer se rattache à « l’approche systémique de Murray Bowen », un des fondateurs de la thérapie familiale aux Etats-Unis (p.6).

Bowen préconise la responsabilisation de l’individu dans ses propres domaines et le respect de la « responsabilité chez les autres » (p. 7). Il définit « la différentiation de soi » (p.7) comme la capacité de rester soi-même dans des relations proches.

Jeanne Farmer complète l’approche de Bowen avec sa « compréhension de la pensée biblique ». Elle  la rend ainsi accessible aux lecteurs peu familiarisés avec les termes comme « différenciation de soi et « triangles ».

 Se conduire en adulte n’est pas toujours évident

La maturité dans les relations se manifeste dans la « sagesse, … la maîtrise de soi, la compassion ». Son absence se remarque souvent dans des comportements infantiles ou irrationnels.

On le voit en particulier chez les personnes qui manquent de hauteur de vue. Elles donnent des proportions exagérées au détail négatif ou choquant. Elles sont incapables d’apprécier la valeur d’une personne ou d’évaluer la relativité d’une situation.

Age et connaissance de la Bible ne procurent pas systématiquement la maturité spirituelle. Les conflits dans les Eglises et chez des couples chrétiens le montrent bien.

Pour Jeanne Farmer, « notre connaissance de Dieu grandit en proportion …de notre connaissance de nous-mêmes. Donc le côté émotionnel et le côté spirituel sont liés »… Ainsi « la vie spirituelle est une relation de personne à personne, non une pratique ».

Chapitre 1 : Qu’est-ce que la maturité?

Disciple du Christ entre vérité et amour

Devenir des disciples de Jésus-Christ incite à grandir dans la maturité, dans la ressemblance au Seigneur. Mais comment garder l’équilibre entre la vérité qui se partage sans s’imposer et l’amour qui se donne au dehors sans négliger les proches ?

Plus que dans « la pratique religieuse » ou « le style de vie » (p. 10), la maturité se manifeste dans une relation d’amour avec Dieu. Et cette relation est inséparable de celle avec les autres.

Responsabilité de soi et domaine d’application

La maturité est « fondée sur la responsabilité de soi » (p. 11). Adam et Eve avaient cette responsabilité avant la chute. Malheureusement, chacun d’eux l’a rejetée sur l’autre.

C’est une solution de facilité toujours pratiquée alors que chacun a un domaine de responsabilité à gérer, ne serait-ce que sa vie personnelle (Romains 14:12) .

Chacun a ainsi l’autorité et les capacités de gérer la création, comme dans la parabole des talents (Luc 19). Si ces qualités limitées sont bien exercées aujourd’hui, elles auront leur plein accomplissement dans l’administration du Royaume de Dieu.

Maturité pour le discernement

La maturité rend apte à discerner non seulement le bien et le mal. Elle aide aussi à choisir la meilleure conduite, la mieux motivée, pour nous et les autres. Elle permet en particulier de « réguler sa réactivité » (p. 13), c’est à dire d’avoir des réactions adéquates même dans les situations familiales sensibles qui nous touchent de près.

Ce rôle régulateur du « cerveau reptilien » contrôle « les fonctions automatiques du corps, la respiration… et les réflexes de survie » (p. 14). Il nous aide ainsi à éviter un accident de la route ou une situation gênante.

Conscience de soi et maîtrise des émotions

La conscience de soi est un privilège de l’être humain. Elle permet de dépasser  la réaction instinctive et l’émotion incontrôlée.  Ainsi la maîtrise de notre conduite dépendra de nos principes de vie et de notre réflexion.

Cette « différentiation de soi » (p. 15, selon Bowen) est une « autonomie émotionnelle » (p. 16). Elle permet de réfléchir par soi-même, surtout dans des relations proches qui impliquent souvent des comportements émotifs et des réactions plus instinctives qu’adaptées.

Elle tient compte de nos émotions mais elle apprend aussi à les discipliner, à choisir « une ligne de conduite …indépendante… des pressions et de nos réactions à ces pressions » (p. 16)

Chapitre 2 : Le royaume de ma vie

« Ce sont mes actes, mes paroles, mes pensées et mes émotions, ma vie spirituelle et toutes les relations qui me sont propres » (p. 19).

Exprimer nos besoins sans jouer aux devinettes

Donc je dois les gérer en exprimant mes besoins à bon escient, sans imaginer que les autres sont capables de lire dans mes pensées.

Ne pas nous croire responsable des réactions de l’autre

Devant la souffrance de l’autre, nous nous sentons souvent ou parfois coupables de ne pas parvenir à la soulager malgré nos efforts. Cependant, « notre responsabilité vis à vis d’un proche se limite à ce que nous faisons pour lui » (p. 20).

Mais nous ne sommes pas responsables de son bonheur  ni de sa réaction aux événements de la vie, ni de ses reproches injustifiés à cause de son irritation pour des motifs futiles.

Rester maître de nos émotions

En effet, rester maîtres de nos émotions est difficile, surtout dans des situations de stress où les « états d’âme » (p. 21) des autres déteignent sur nous. Nous avons la responsabilité de vivre en paix dans notre champ des relations, dans la mesure où cela dépend de nous (p. 21, Romains 2.18), mais nous ne pouvons forcer une réconciliation refusée.

Ne pas nous mêler des relations entre les autres personnes

« Les relations dont nous ne faisons pas partie ne nous appartiennent pas ». Donc nous n’avons pas à nous mêler « des relations entre deux autres personnes » (p. 22).

Les limites entre les domaines de responsabilité permettent de savoir qui est responsable ou non et de quoi. Dieu nous a donné les forces suffisantes pour gérer notre royaume, « nous occuper de nos affaires » mais pas pour nous mêler « de la façon dont quelqu’un d’autre gère sa vie » (p. 22).

S’il s’agit d’un enfant mineur, la responsabilité des parents consiste à « structurer son environnement (p. 23), à l’encadrer …efficacement ». Ils imposeront des limites à respecter sous peine de punitions qui décourageront les mauvaises actions.

Ni responsables de tout, ni irresponsables

Nous ne sommes pas responsables de tout et de tout le monde. L’image du joug (Matthieu 11:28-30) nous montre que Dieu ne nous demande pas de porter une responsabilité trop grande pour nous.

En revanche, si nous renonçons à notre autorité, si nous trouvons des échappatoires pour avoir la paix à bas prix, nous sommes dans l’irresponsabilité et non dans la maturité.

Classer par importance les éléments de notre vie

« Bien gérer notre royaume » (p. 24), c’est classer selon leur importance les différents éléments, engagements et relations, en mettant le plus important en premier pour avoir encore du temps pour le reste.

C’est l’image du verre rempli d’abord avec les plus grosses pierres, le gravier, le sable et à la fin l’eau. L’auteur propose de placer nos engagements et nos relations selon des cercles concentriques.

  • D’abord l’écoute de Dieu. Elle est prioritaire pour mettre « de l’ordre dans tout le reste de notre vie » (p. 26) mais n’est pas de l’activisme religieux.
  • Puis la relation avec notre corps, à maintenir en bon état et avec notre psychisme qui a besoin « d’amour… et de relations saines » (p. 28).
  • Ensuite la relation avec nos proches, couple et enfants, les frères et sœurs en Christ et les autres (p. 28). Notre responsabilité, va du plus intime au plus étendu selon les injonctions de la Parole (1 Timothée 5:8 et Galates 6:10). Celle-ci nous aide à gérer notre temps et à trouver plus « d’ ordre et d’équilibre » (p. 29).

Chapitre 3 : Les relations à deux, le défi de la tolérance

Dire la vérité avec amour

Le principe de base des relations entre deux personnes, consiste à « dire la vérité avec amour (p. 29). Vérité et amour, les deux à la fois, mais sans réaction de colère en assénant la vérité ou lâcheté en fuyant la réaction d’un proche à une vérité difficile à entendre.

Pour guérir les blessures émotionnelles

« L’amour et la vérité permettent d’absorber et de guérir les blessures émotionnelles » (p. 31). La vérité permet de repartir sur des bases saines, dans une relation blessée. L’amour « protège, nourrit et répare ».

Dire la vérité avec amour est difficile à cause de la crainte de blesser ceux dont nous dépendons. C’est un souvenir de « la petite enfance où notre survie » (p. 32) est entièrement liée à nos parents.

La chute, paradigme des difficultés relationnelles

La chute d’Adam et Eve « contient en germe toutes nos difficultés relationnelles ».

Elle éloigne de la dépendance de Dieu qui enrichit par les différences et la responsabilisation de soi.

Elle provoque une crainte de la différence à cause de la relation rompue avec Dieu et entre l’homme et la femme. Ainsi on rejette ses responsabilités sur l’autre, tout en l’utilisant à ses propres fins.

Rejeter sa responsabilité sur l’autre : une idolâtrie

Cette sorte d’idolâtrie demande aux autres ce que Dieu seul peut donner : « acceptation totale, sens à notre vie, sécurité, direction, validation de nos opinions » …

Elle se met à « la place de Dieu en prenant la responsabilité du bonheur de l’autre » (p. 35) ou en rejetant la responsabilité de sa propre émotion sur lui. Cette dépendance ou fusion émotionnelle perturbe certaines familles.

Le processus de la différenciation enfant/mère

Différenciation vers la  responsabilité

L’auteur explique ensuite le processus de la différenciation de l’enfant et de la mère dès avant un an et jusqu’à l’âge adulte.

Si la différentiation est réussie, elle devrait permettre « d’être responsable de sa propre vie et de laisser les autres prendre la responsabilité de la leur » (p. 36).

Cette différenciation de soi, « capacité d’être nous mêmes dans nos relations » (p. 37) dépend du degré de séparation de l’enfant avec les parents et des époux entre eux.
Les différences de niveau de différenciation déterminent les relations du couple et des parents avec les enfants.

La différenciation est contraire à la fusion où l’on croit qu’être proches, c’est être semblables » (p. 37). Ce n’est pas la vraie intimité où l’on « s’accepte les uns les autres » (p. 37).

Différentiation et acceptation des différences

Selon le degré de différenciation, on sera plus ou moins capable d’accepter des différences chez les proches.

Certains le gèrent par la distance intérieure (psychologique) ou physique ». On opte soit pour la paix (« famille cohésive ») soit pour la vérité (« famille explosive ») (p. 39). Ce n’est pas le meilleur choix.

L’indifférenciation provoque « la plupart des difficultés de relations entre deux personnes proches » (p. 40). La réactivité dépend de la dépendance émotionnelle vis à vis de l’autre et provoque le stress. Celui-ci augmente avec la dépendance et se manifeste par divers troubles dans le couple : mauvaise santé psychologique ou physique… anxiété malsaine vis à vis d’un enfant

Sur et sous fonctionnement dans le couple

« L’anxiété du couple se manifeste par un jeu de sur et sous fonctionnement » : l’un agit et prend des responsabilités « à la place de son conjoint » (p. 42).

Sur ou sous fonctionner provoque le ressentiment d’en faire trop ou pas assez pour l’autre… Galates 6.2 et 5 montrent la différence entre le fardeau – une difficulté particulière que nous devons aider à soulager et la charge –la responsabilité normale – que chacun doit porter.

Dans le jeu « poursuite/distance », plus l’un (« le pot de colle ») cherche la proximité pour gérer son inquiétude, plus l’autre (« l’allergique » (p. 44) prend de la distance, pour les mêmes raisons.

Arrêter d’être « collant » aiderait à ré égaliser la distance. Le stress d’un couple se manifeste aussi par divers dysfonctionnements : l’un sous fonctionne et l’autre sur fonctionne pour compenser.

Sous fonctionnement chez l’enfant

Cette indifférenciation se fixe aussi chez l’enfant. L’échec scolaire, les troubles de comportement ou de santé focalisent l’attention des parents dans un mécanisme « qui stabilise la famille aux dépens de l’enfant » (p. 46).

Celui-ci ne trouve pas alors de raison de s’assumer correctement puisqu’on le fait pour lui. Parfois, l’enfant né dans une période de stress du couple devient le « bouc émissaire, critiqué pour tout » (p. 46). Il réussit alors moins bien que les autres.

A suivre

C.Streng

De Trinitate – Égalité des personnes divines dans la Trinité

Dans le De Trinitate, S. Augustin explicite et développe les notions des relations et de l’égalité des personnes divines dans la Trinité. Il part du principe de base de l’immutabilité de l’essence divine (Livre V, chapitres I et II) et de la consubstantialité des personnes divines.

Livre V : Réfutation des Ariens par la théorie des relations

L’erreur fondamentale de l’arianisme

Il rappelle l’erreur fondamentale des Ariens.

Selon ces derniers, « tout ce qui se peut énoncer, ou penser de Dieu, se rapporte non aux accidents, mais à la substance même« .  A leur avis, le Père et le Fils ne peuvent être consubstantiels car  » le Père est non-engendré selon sa substance, et le Fils est engendré selon la sienne, car n’être pas engendré, et être engendré sont deux choses toutes différentes. » (Livre V, chapitre IV)

Il  réfute ce raisonnement par la notion d’accident (Livre V, chapitre V). C’est « ce qu’on peut perdre par changement, ou par altération ». Mais cela est impossible à Dieu « parce qu’en lui il n’y a rien de muable, rien d’amissible. »

La notion de relation entre les personnes du Père et du Fils

Il le rejette aussi par la notion de relation entre les personnes du Père et du Fils. Cette relation n’est pas un accident parce que « la paternité et la filiation sont éternelles et immuables »  (Livre V, chapitre VI)

Le raisonnement des Ariens sur « engendré et non engendré« 

Il résume ensuite le raisonnement des Ariens sur les mots « engendré et non engendré« 
« Les mots Père et Fils supposent une relation entre les personnes divines, tandis que ceux de non engendré et d’engendré tombent sur la personnalité elle-même, et s’entendent de la substance. Or être engendré et n’être pas engendré sont deux choses absolument différentes; donc en Dieu il y a diversité de substance » (Livre V, chapitre VI)

Égalité des personnes divines dans la Trinité

Il argumente que les relations diverses existant entre les personnes divines, n’altèrent aucunement en elles la substance, ou nature. Il règne entre elles une égalité parfaite. (Livre V, chapitres VI et VII)

Car « Tout ce qui se dit de la nature divine s’affirme de la substance même de Dieu. Et  tout ce qui se dit des relations, ne tombe que sur la personne, et non sur l’essence de l’Etre divin. » (Livre V, chapitre VIII)

Difficulté à expliquer le mystère de la Trinité

Il affirme qu’il y a trois personnes en Dieu. Cependant à cause de la difficulté de préciser les nuances entre essence, hypostase, substance, personnes, le langage humain est impuissant pour expliquer le mystère de la Trinité . (Livre V, chapitre IX)

Son argumentation continue dans les chapitres suivants. Elle est illustrée par l’explication de divers passages des Ecritures et par quelques comparaisons empruntées aux créatures.

Les opérations propres à chaque personne ne touchent pas à la nature de Dieu. Elles n’affectent que les relations (Livre V, chapitre XI).

Le Père et le Fils sont les principes de l’Esprit Saint. (Livre V, chapitre XIV)

« A propos des opérations propres à chacune des trois personnes divines, nous disons qu’ici ces opérations ne touchent pas à la nature même de Dieu. Elles n’affectent que les relations des trois personnes entre elles, ou leurs rapports avec les créatures » (Livre V, chapitre XI)

« Tout ce qui s’affirme alors de Dieu (y compris par rapport au temps) tombe sur les relations divines, et non sur la nature ou essence divine« . (Livre V, chapitres XI et XVI)

Livre VI: égalité des personnes divines

Les deux premiers chapitres explicitent les appellations communes au Père et au Fils.

« On ne dit du Père considéré en lui-même que ce qu’il est par rapport à son Fils, c’est-à-dire son Père. Le Père n’est donc pas Dieu sans le Fils, ni le Fils Dieu sans le Père, mais les deux ensemble sont Dieu. (Livre VI chapitre II)

Le Fils est la vertu et la sagesse de Dieu. S. Augustin demande alors si le Père n’est pas lui-même Sagesse, mais seulement Père de la Sagesse.

Les chapitres III et IV concernent l’égalité totale du Père et du Fils, leur unité d’essence, ainsi que l’égalité totale du Saint Esprit avec le Père et le Fils.

L’Esprit Saint est donc, quel qu’il soit, commun au Père et au Fils. Mais cette communauté est consubstantielle et coéternelle. (Livre VI, chapitre VI)

Les chapitres suivants, VI à X, traitent de la multiplicité au sein de la simplicité de la substance divine.

Dieu est Trinité mais n’est pas triple (Livre VI, chapitre VII). Rien ne s’ajoute à la nature divine (Livre VI, chapitre VIII).
Dans le chapitre IX, Augustin demande si c’est une seule personne ou les trois personnes ensemble que l’on appelle un seul Dieu.

Mais, …s’il n’y a de Dieu que les trois ensemble, comment Dieu est il le chef du Christ ? C’est-à-dire comment la Trinité est-elle le chef du Christ, alors que le Christ doit être dans la Trinité pour qu’elle soit Trinité? (Livre VI, chapitre IX)

Le chapitre X explique la parole d’Hilaire de Poitiers : « Eternité dans le Père, Beauté dans l’image, Usage dans le don »

En cette Trinité est l’origine première de toutes choses, la beauté la plus parfaite, le bonheur le plus complet…Ces trois personnes semblent se déterminer mutuellement et sont infinies en elles-mêmes.

Dans cette souveraine Trinité une personne est autant que trois ensemble, et deux ne sont pas plus qu’une. Et elles sont infinies en elles-mêmes. ( Livre VI, chapitre X)

Livre VII : Unité de substance et terminologie trinitaire

Chapitres I à III : identité des personnes et attributs essentiels

La première partie, de chapitres I à III traite de l’identité des personnes et des attributs essentiels.
Chacune des trois personnes de la Trinité est-elle sagesse par elle-même?

Cette discussion est occasionnée par ces paroles : « Le Christ est la vertu de Dieu et la « sagesse de Dieu »

Comment donc le Fils sera-t-il de la même essence que le Père, si le Père par lui-même n’est pas l’essence, qu’il n’existe point par lui-même, mais ne possède l’être que par rapport à son Fils? ( Livre VII, chapitre I)

Le Père et le Fils sont ensemble une seule sagesse, comme une seule essence, bien qu’ils ne soient pas ensemble un seul verbe. (Livre VII, chapitre II)

Comment le Verbe est-il sagesse de Dieu ? Et pourquoi les Ecritures attribuent-elles particulièrement au Fils la sagesse, bien que le Père et le Saint Esprit soient aussi sagesse. (Livre VII, chapitre III)

Dieu le Père, qui a engendré le Fils, ou la vertu et la sagesse est non seulement est le Père de la vertu et de la sagesse, mais il est lui-même vertu et sagesse, et également le Saint-Esprit. Cependant il n’y a pas trois vertus ou trois sagesses, mais une seule vertu et une seule sagesse, comme il n’y a qu’un Dieu et une essence

Chapitres IV à VI : explication de la formule trinitaire

Dans la deuxième partie (Chapitres IV à VI) Augustin explicite les terminologies latine et grecque de la formule trinitaire

Chapitres IV et V : essence, personnes, substances ou hypostases

Aux chapitres IV et V, il critique et justifie le terme « personne » et demande pourquoi les Latins disent une essence et trois personnes, et les Grecs une essence et trois substances ou hypostases
Il pense que ces expressions sont nécessaires pour signifier ce que sont le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

L’indigence humaine s’est servie de ces mots hypostases ou personnes, entendant par là, non une diversité, mais une distinction, de manière à laisser subsister, non seulement l’unité, puisqu’on ne parle que d’une seule essence, mais aussi la Trinité, puisqu’on distingue trois hypostases ou personnes. (Livre VII, chapitre IV)

Il précise le sens des termes
Le mot substance s’applique aux choses changeantes et qui ne sont pas simples.
Il désigne en Dieu ce qu’exprime le mot essence, qui est plus usité. Dieu seul doit être appelé essence. Il existe vraiment seul, parce que seul il est immuable. (Livre VII, chapitre V)

Chapitre VI : Pourquoi une essence et trois personnes

Au chapitre VI, il approfondit la manière de comprendre les termes trinitaires. Il examine
pourquoi dans la Trinité on ne dit pas une personne et trois essences, mais une essence et trois personnes

Donc, quand nous disons de la Trinité qu’elle consiste en trois personnes ou substances, qu’elle est une seule essence et un seul Dieu, nous n’entendons pas dire que ces trois personnes soient en quelque sorte d’une même matière. (Livre VII, chapitre VI)

Parfois l’unité d’essence n’est pas exprimée, comme dans l’expression « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance (Gen 1.26 ) ».
En effet, il ne s’agit pas de dieux se proposant de faire l’homme à leur image et à leur ressemblance; mais du Père, du Fils et du Saint-Esprit créant l’homme à l’image du Père, du Fils et du Saint-Esprit, afin que l’homme soit l’image de Dieu. (Livre VII, chapitre VI)

Le livre VIII : l’intelligence du mystère, comprendre ce qu’on croit

« Le livre VIII marque une étape dans le De Trinitate. Dans les sept premiers livres, Augustin s’appuie sur l’Ecriture pour établir le dogme (I-IV) et le défendre contre les interprétations des hérétiques (V-VII).
A partir du livre VIII, il s’efforce d’entrer dans l’intelligence du mystère et de comprendre ce qu’il croit » (Introduction à De La Trinité, Vol II les Images, texte de l’Edition bénédictine p. 7)

Grâce à ses dons psychologiques, il analyse la vie de l’âme humaine. Il y découvre, à l’aide d’ éléments tirés de l’Ecriture et de la dialectique des relations lointaines mais réelles avec la vie intime de Dieu.

Livre VIII : La nature de Dieu. L’intelligence de la foi

Prologue : un résumé de ce qui précède

Dans le prologue, Augustin fait un résumé de ce qu’il a dit plus haut :

Les attributs qui déterminent les rapports des personnes entre elles, sont ceux qui distinguent ces personnes dans la Trinité et leur appartiennent en propre, comme la qualité de Père, de Fils et de présent des deux, qui est le Saint-Esprit car le Père n’est pas la Trinité, ni le Fils la Trinité, ni le Don la Trinité.
Ce qu’ils sont eux-mêmes, n’est point au pluriel, mais ils sont une seule chose, la Trinité elle-même. (Livre VIII, prologue)

Chapitre I. Non seulement le Père n’est pas plus grand que le Fils, mais les deux ensemble ne sont pas plus grands que le Saint-Esprit.

Chapitres II et III : Dieu comme souveraine vérité et souverain bien

Le chapitre II explique que pour comprendre comment Dieu est vérité, il faut écarter de son esprit toute image matérielle.

Les chapitres II et III définissent Dieu comme souveraine vérité et souverain bien.
Dieu est le souverain bien, l’âme ne devient bonne qu’en se tournant vers lui.

Chapitres IV à VI : Foi en la Trinité possible par la vraie foi

Les chapitres IV à VI expliquent comment la foi en la Trinité est possible. Pour pouvoir aimer Dieu, il faut le connaître par la vraie foi.

Mais avant de pouvoir connaître et percevoir Dieu, il faut que le cœur soit purifié. Et il ne peut être purifié qu’en aimant par la foi

Chapitre V : Croire pour comprendre

C’est pourquoi, désirant comprendre, autant que possible l’éternité, l’égalité et l’unité de la Trinité, nous devons d’abord croire avant de comprendre, et veiller à ce que notre foi ne soit pas feinte.

Chapitre VI : Aimer sans connaître

Comment donc pouvons-nous aimer par la foi la Trinité que nous ne connaissons pas? (Livre VIII chapitre VI)

Dans le chapitre VI Augustin analyse comment l’homme qui n’est pas encore juste connait le juste qu’il aime. Il définit d’après l’idée de la vérité, la nature même de Dieu, la notion du souverain bien, et l’amour inné de la justice, qui fait aimer l’âme juste par l’âme qui n’est pas encore juste.

Chapitres VII à IX : la connaissance de Dieu dans l’amour fraternel

Le thème des chapitre VII à X est la connaissance de Dieu impliquée dans l’amour fraternel, du véritable amour par lequel on parvient a la connaissance de la Trinité.

Ainsi, dans la question de la Trinité et de la connaissance de Dieu, qui nous occupe, le point principal est de savoir ce que c’est que le véritable amour, ou même ce que c’est que l’amour. (Livre VIII chapitre VII)

Chapitre VIII : Aimer son frère, c’est aimer Dieu

Et qu’on ne demande pas combien d’amour nous devons à un frère et combien à Dieu. Nous en devons incomparablement plus à Dieu qu’à nous, et autant à un frère qu’à nous-mêmes. Mais nous nous aimons d’autant plus nous-mêmes, que nous aimons Dieu davantage. (Livre VIII chapitre VIII)

Chapitre IX : l’amour de la justice est le principe de notre amour pour les justes.

Plus notre amour pour Dieu est ardent, plus notre vue acquiert de certitude et de clarté. Parce que nous voyons en Dieu même le type immuable de justice selon lequel nous pensons que l’homme doit vivre. (Livre VIII chapitre IX)

Chapitre X et conclusion

On doit chercher la connaissance de Dieu par l’amour. D’après les Ecritures, Dieu est amour, et l’amour porte une certaine empreinte de la Trinité. (Livre VIII chapitre X)

Il y a, dans l’amour, trois caractères qui sont comme une empreinte de la Trinité.

Qu’est-ce que l’âme aime dans l’être aimé, sinon une âme? Il y a donc là trois choses : le sujet de l’amour, l’objet de l’amour et l’amour.
Rien n’est trouvé encore, mais nous savons où chercher. Que ceci suffise et serve comme d’exorde à ce que nous avons à dire ensuite (Livre VIII chapitre X)

Fin

C.Streng