Mois : septembre 2015

Parabole de la mauvaise herbe (ou ivraie) et de la bonne semence

Le sens des paraboles

Avant d’évoquer la parabole de la mauvaise herbe, écoutons ce que dit Jesus du sens des paraboles
Matthieu 13. 10 17;

Les disciples s’approchèrent, et lui dirent : pourquoi leur parles-tu en paraboles ? Jésus leur répondit : parce qu’il vous a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux, et que cela ne leur a pas été donné.

C’est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en entendant ils n’entendent ni ne comprennent. Et pour eux s’accomplit cette prophétie d’Esaïe :
« Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ; vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point. Car le coeur de ce peuple est devenu insensible ; ils ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, de peur qu’ils ne voient de leurs yeux, qu’ils n’entendent de leurs oreilles, qu’ils ne comprennent de leur coeur, qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse. »

Mais heureux sont vos yeux, parce qu’ils voient, et vos oreilles, parce qu’elles entendent! Je vous le dis en vérité, beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu.

La souveraineté de Dieu

La première chose à souligner c’est la souveraineté de Dieu dans la révélation de sa personne. Le moment et le moyen utilisés par Dieu pour parler au cœur d’un homme lui appartiennent ; ils ne sont donc pas de notre ressort, mais de celui de Dieu

Parabole à double effet

Selon Jesus la parabole a un double effet :

Pour ceux dans le cœur reste incrédule, elle reste voilée. Elle devient même une parole de jugement et un témoignage à charge contre eux. Mais pour celui ou celle qui est honnête et sincère dans sa recherche de vérité et de guérison, la parabole prend tout son sens. Elle permet d’avancer sur un chemin de restauration.

Endurcissement ou progrès dans la connaissance de Jésus-Christ

Les pharisiens remplis de préjugés défavorables à l’égard de Jésus ont endurci leur cœur et se sont détournés de la vérité. En revanche les disciples, désireux de mieux saisir l’enseignement du maître ont dans la connaissance et l’intimité de la personne de Jésus. Oui, bien sûr, il y a eu des maladresses, des ratés et des retours en arrière mais ils sont restés dans une dynamique de progression et d’obéissance.

De nos jours, il ne faut pas s’étonner des réactions des personnes à qui nous rendons témoignage. Parfois le courant passe bien mais pas toujours. C’est aussi le rejet ou l’écoute polie mais sans plus, ou l’incompréhension tout simplement et nous nous imaginons à tort que nous nous y prenons mal. Peut-être parfois, mais pas toujours. Nous sous-estimons la part de Dieu et sa décision souveraine de se révéler à qui il veut

Matthieu 13.24-30
Il leur proposa une autre parabole, et il dit : Le royaume des cieux est semblable à un homme qui a semé une bonne semence dans son champ. Mais, pendant que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de l’ivraie parmi le blé, et s’en alla.

Lorsque l’herbe eut poussé et donné du fruit, l’ivraie parut aussi. Les serviteurs du maître de la maison vinrent lui dire : Seigneur, n’as-tu pas semé une bonne semence dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?

Il leur répondit : C’est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui dirent : Veux-tu que nous allions l’arracher ? Non, dit-il, de peur qu’en arrachant l’ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé.Laissez croître ensemble l’un et l’autre jusqu’à la moisson, et, à l’époque de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Arrachez d’abord l’ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé dans mon grenier.

Explication de la parabole

Quelques versets plus loin, à la demande de ses disciples, Jésus donne l’explication de cette parabole :

Matthieu 13.36 -43
Alors il renvoya la foule, et entra dans la maison. Ses disciples s’approchèrent de lui, et dirent : Explique-nous la parabole de l’ivraie du champ.

Il répondit : Celui qui sème la bonne semence, c’est le Fils de l’homme ;le champ, c’est le monde ; la bonne semence, ce sont les fils du royaume ; l’ivraie, ce sont les fils du malin ;l’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ; la moisson, c’est la fin du monde ; les moissonneurs, ce sont les anges.

Or, comme on arrache l’ivraie et qu’on la jette au feu, il en sera de même à la fin du monde. Le Fils de l’homme enverra ses anges, qui arracheront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité : et ils les jetteront dans la fournaise ardente, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.

Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.

Reprenons les différents éléments de ce tableau agricole

L’agriculteur : Jésus-Christ

Voici un agriculteur qui décide de semer du blé dans sa parcelle. Cette personne, c’est le Fils de l’homme c’est-à-dire Jésus-Christ lui-même. C’est lui qui prend l’initiative de semer en fonction de l’époque de l’année, de la météo. Il est souverain dans sa décision.

La bonne semence : la parole de Dieu et le fruit qu’elle produit

La bonne semence, c’est d’abord la parole de Dieu qui transforme et communique la vie. Elle représente «ceux qui appartiennent au royaume». Ce sont tous ceux qui aiment et suivent le Christ, qui cherchent à vivre selon les règles du royaume.

Ce sont aussi ceux auxquels s’adresse Jésus en leur disant vous êtes « sel et lumière ». Chaque chrétien est donc une bonne semence plantée ici ou là dans la société, dans des conditions très diverses. C’est une semence de vie qui meurt puis donne du fruit «les uns 100, d’autres 60, d’autres 30 »(Matthieu 13.23)

Ainsi la semence a une double identité ; c’est la parole de Dieu et le fruit qu’elle produit dans l’humanité. Nous ne parlons pas de notre propre autorité mais nous nous appuyons autant qu’il se peut sur la parole de vie.

Faut-il rappeler que l’action du semeur, le Fils de l’homme, donc Jésus est déterminante dans le développement de la plante et dans le succès de la moisson : semis régulier, au bon moment, sur un terrain bien préparé. La part de Dieu est incontournable, indispensable. La part de l’homme est de porter du fruit après un bon enracinement et une croissance régulière.

Le semeur de la nuit : le diable

Malheureusement, alors que le semis vient être effectué, survient de nuit un autre semeur, qui sème de la semence de mauvaise herbe . Cet autre semeur qui intervient, agit dans l’obscurité, c’est le diable.

La semence du diable est mortifère ; elle produit de la division et de la mésentente parmi les couples, dans les familles, dans l’Eglise. Elle se manifeste par la corruption, le vice et la violence.

Deux plantes très similaires, représentatives de la confusion entre le vrai et le faux

 

La parole de Jésus dans Matthieu 7. 15 à 17 reste d’actualité.

Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtement de brebis, mais au-dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits.

Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons ? Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits

Impossible d’arracher l’une sans abîmer l’autre

Il y a lutte, concurrence entre ces deux plantes de nature très différente que sont le blé et l’ivraie.Les serviteurs du maître proposent à ce stade une solution radicale mais logique : arracher la mauvaise herbe.
Mais voilà, les racines de l’une et de l’autre sont enchevêtrées. C’est une opération risquée, dangereuse qui va causer du tort au blé.

Laissez croître ensemble l’un et l’autre jusqu’à la moisson, et, à l’époque de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Arrachez d’abord l’ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé dans mon grenier.

Ce conseil est plein de sens et admirable à plus d’un titre

La patience de Dieu

Dieu attend patiemment jusqu’au tout dernier stade, c’est à dire la moisson. Le Seigneur ne désire pas la mort du pécheur mais son salut. Aujourd’hui c’est encore un jour favorable pour recevoir le pardon des péchés et accueillir une nouvelle vie en Christ.

En se laissant clouer à la croix, Jésus a satisfait la justice de Dieu et a manifesté son amour sans limite pour l’humanité. C’était la seule solution à la gangrène du péché, à cette semence de mort. Et la patience de Dieu dure depuis ce jour-là.

Trier, mais comment ?

Les serviteurs du maître de la moisson proposent une solution radicale au mal : Arracher la mauvaise herbe. Trier, d’accord mais d’après quel critère ? Est-ce que la distinction est toujours aussi facile et évidente ? Et qui peut lancer la première pierre de la condamnation ? Voilà une action délicate à mener , en tout cas pour les hommes et les apprentis du maître que nous sommes.

Seul, le Fils de l’homme, Jésus lui-même, indemne de tout péché, peut effectuer le tri au moment de la moisson. Et pourtant, parfois avec arrogance et sûrs de la légitimité de nos critères, nous entreprenons facilement ce tri.

Alors rappelons-nous que le maître de la moisson, lui, patiente jusqu’à la dernière heure, supportant le péché des hommes. À quel titre serions-nous supérieurs ou mieux inspirés. Faisons confiance à Dieu et au temps qu’il a fixé pour moissonner la terre et mettre fin à l’injustice et à l’oppression du péché.

Le tri de Dieu, avec sagesse et amour

La parabole de la mauvaise herbe nous rappelle quelle est notre place dans la société : une bonne semence qui meurt puis germe, se développe et fructifie. Le maître de la moisson choisit le moment et le lieu où est plantée cette semence. Au moment de la moisson, c’est toujours lui qui fera le tri selon sa sagesse parfaite et son amour sans faille pour le pécheur que je suis.

Romains 9.19-23

Tu me diras : Pourquoi blâme-t-il encore ? Car qui est-ce qui résiste à sa volonté ? O homme, toi plutôt, qui es-tu pour contester avec Dieu ? Le vase d’argile dira-t-il à celui qui l’a formé : Pourquoi m’as-tu fait ainsi ? Le potier n’est-il pas maître de l’argile, pour faire avec la même masse un vase d’honneur et un vase d’un usage vil ? 

Et que dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère formés pour la perdition, et s’il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour la gloire ?

W. Kreis

Mort et résurrection de Lazare – Jean 11

Jésus face à la mort de Lazare

De tous les incidents qui ont rempli le quotidien de Jésus, les évangélistes n’ont retenu qu’un petit nombre, les plus significatifs de la condition humaine. Ainsi, Jésus fait face au scandale suprême, à la mort. Et c’est la mort de Lazare, un de ses rares vrais amis.

Cet évènement marque d’autant plus Jésus qu’il le place aussi face à l’immense douleur des deux sœurs de son ami, qu’il aime tout autant. Si Jean consacre un long chapitre à cet épisode, c’est qu’il y a là beaucoup d’aspects à nous faire méditer.

Lire  Jean  11

1. Jésus et ses amis

On n’a peut-être pas vraiment mesuré l’importance de cette maison des trois frère et sœurs, à Béthanie, un village à 3 km à l’Est de Jérusalem. Dans tout le pays c’était peut-être le seul endroit où Jésus était franchement bienvenu, sans arrière-pensée, et même aimé. Un havre de paix où il pouvait respirer un air pur, libre de toute menace et de toute haine, où il pouvait se détendre.

A son contact Marie avait un jour fait une expérience spirituelle décisive et elle va en exprimer sa reconnaissance d’une manière bouleversante, lors d’une visite de Jésus chez un voisin (11.2 ; 12.1-8). C’est aussi à Béthanie que Jésus passe ses dernières soirées et nuits de liberté avant son arrestation ; il y arrive le vendredi avant la Passion et y revient chaque soir jusqu’à mardi. (Notre épisode a eu lieu un peu plus tôt.)

Un cercle intérieur d’amis

Malgré la masse de ses contacts et malgré tout le bien qu’il leur a fait, Jésus a eu très peu de vrais amis : surtout Lazare et ses deux sœurs.

Nous aussi, nous avons quelques relations plus proches avec certains. L’amour choisit et n’exclut pas la préférence, sans pour autant négliger les côtés positifs des autres. C’est le fonctionnement normal des hommes et femmes : même parmi les disciples il y avait une sorte de cercle intérieur avec des relations privilégiées entre Jésus et trois disciples : Pierre et les deux frères Jacques et Jean.

Délicatesse et confiance

Remarquez la délicatesse des deux sœurs envers Jésus. Juste une information, aucune demande ni appel au secours angoissé. La confiance est totale : leur ami Jésus saura que faire, comment le faire et il le fera forcément.

Mais remarquons aussi la position difficile de Jésus. Il est homme et ses sentiments le portent à partir aussitôt auprès de ses amis très éprouvés. Mais il est aussi l’Envoyé de Dieu parmi les hommes pour glorifier Dieu (v.4). Pour cela il va devoir attendre que Lazare soit mort et vraiment mort (quatre jours). Il est donc obligé de blesser cette amitié confiante, de plonger ses amis dans la douleur et la déception.

Ne disons pas que ce n’est pas si grave, puisque le deuil ne durera que quatre jours. Un deuil est toujours pour toujours ! Leur douleur très profonde le bouleverse jusqu’aux larmes. Notre Dieu Tout-puissant, incarné en un homme comme nous, souffre comme nous, à nos côtés, de ce qui nous angoisse, nous déchire.

2. Le dialogue entre Jésus et Marthe

C’est de cette douleur qu’il va se charger tout d’abord. Et il s’agit là d’un aspect important, même fondamental et pourtant rarement relevé dans les commentaires.

Notons d’abord l’optique dans laquelle Jésus se place : v.4. Pas un mot sur la maladie, la cause de la mort, aucun regard en arrière. Il est entièrement tourné en avant, vers ce qui vient , de la part de Dieu et pour sa gloire. Une leçon pour nous.

Marthe aussi regarde en avant : v. 21, 24. Avec cette ferme assurance elle a une longueur d’avance sur nos contemporains. Au v.21 elle dit à son ami Jésus toute sa souffrance, mais aussi sa confiance intacte, malgré la déception. Jésus lui répond par la phrase un peu ambiguë du v.23 pour la conduire plus loin. Une phrase que nous employons aussi, mais sans pouvoir aller au-delà.

Et alors Marthe affirme cette certitude du v. 24, une réalité pour elle, mais hors de portée, au dernier jour, lors de la résurrection des morts. Seulement, en attendant, aujourd’hui, la place de Lazare est vide, le cœur des deux sœurs est vide et elles pleurent. C’est pour aujourd’hui qu’elles ont besoin de quelque chose de fort, tout de suite.

Pour Marthe la résurrection est une chose qu’elle sait bien, mais ça n’atténue guère sa peine d’aujourd’hui, c’est un savoir pour un temps si lointain qu’il reste abstrait et surtout sans conséquence vivante, sans effet concret sur l’aujourd’hui douloureux. Une Parole de Dieu est toujours donnée maintenant pour être entendue, pour être obéie maintenant et avoir son effet aujourd’hui.

C’est alors que Jésus fait un pas de plus. V. 25 : « Tu souffres de l’absence de ton frère que tu ne retrouveras que bien plus tard. Mais moi, je suis là dès aujourd’hui : la résurrection, la puissance de vie, le dernier jour, la vie qui jaillira de la mort, sont déjà là, devant toi, en ma personne ».

Quand on vient se placer devant Jésus, le temps se télescope : l’avenir le plus éloigné, devient présent maintenant, la résurrection commence aujourd’hui. Si je me place devant lui, la puissance de vie qui agira au dernier jour, commence aujourd’hui déjà, avec lui, par lui.

Il est la résurrection finale dès maintenant : Crois-tu cela ? Veux-tu recevoir dès cet instant la vie qui triomphe de la mort, bénéficier dès aujourd’hui de la puissance vivifiante du dernier jour… jusqu’au dernier jour (et encore plus ensuite) ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu.

Il ne s’agit plus de SAVOIR, mais de CROIRE. Marthe est passée d’un savoir sincère, mais abstrait à un croire personnel, centré sur le Messie qui vient ainsi changer profondément sa perspective. Et un quart d’heure après elle commence à voir la gloire de Dieu comme jamais encore : v. 43-44.

Est-ce aller trop loin, si je dis que ce jour-là il y eut deux résurrections, une physique qui couvre deux versets, 43,44 et une spirituelle qui s’étend sur sept,20-27. Et à votre avis laquelle est la plus importante, c’est à dire  laquelle a le plus de conséquences ?

Et nous-mêmes, comment voyons-nous la résurrection ? Est-ce une chose extérieure à nous qui est loin dans l’avenir et ne concerne que les morts en Christ ? Quelque chose d’assez confus qui ne peut donc pas avoir d’impact sur ma vie actuelle ? Mais à quoi m’avance une croyance qui reste sans effet sur mon vécu actuel ?

La résurrection ne devrait-elle pas plutôt être une révolution actuelle qui a pris son élan depuis quelque temps déjà et qui se poursuit toujours ? Un puissant renouveau de vie actuel, qui continue jusque dans l’éternité par la présence transformatrice de celui qui seul est la Vie. Alors Résurrection et Vie éternelle sont une seule et même expérience

Le grand malentendu

Les choses se déroulent ce jour-là largement comme ce qui s’est passé quand on a amené à Jésus un paralytique du haut d’un toit. Tout le monde et ses quatre porteurs attendaient sa guérison et voilà que Jésus commence par lui pardonner ses péchés !

Laquelle des deux libérations a entraîné le plus de conséquence heureuses ? Il y a là, entre Jésus et les gens un malentendu auquel Jésus a toujours à nouveau buté tout au long de son ministère et qui existait aussi dans la tête des disciples et même des deux sœurs : v. 21, 32. Mais il vient d’en libérer Marthe.

Quel est l’objectif du ministère de Jésus ?

Ou, plutôt, qu’est ce  qui y retient le plus notre attention ? C’est une question-piège ! N’est-ce pas la foule de ses actes miraculeux, si nombreux qu’on pourrait remplir la terre des livres qu’on en écrirait Jn 21.25 ?

Voilà le point de départ de l’erreur, car, enfin, si Jean fait cette déclaration dithyrambique, pourquoi lui-même ne présente-t-il que sept miracles sur 21 chapitres ? N’est-ce pas la preuve que l’objectif de Jésus était ailleurs que là où tout le monde croyait le voir et cela jusqu’à la fin.Si tu es le Fils de Dieu, descends et nous croirons.

Jésus n’est pas venu rendre le monde plus humain, plus vivable. Il n’est pas venu comme médecin infaillible pour supprimer hôpitaux et médecins. Il voulait signifier que le mal n’est pas souverain, que Satan n’a qu’une latitude d’action limitée et pas d’avenir. Jésus n’était pas un super révolutionnaire qui élimine toute injustice et tout crime et instaure la paix, la liberté, l’égalité….

En fait ces deux domaines sont de la responsabilité de l’homme qui devrait leur donner la priorité absolue, au lieu de tant d’autres choses qui encombrent la vie politique.

Jésus n’est même pas venu empêcher les gens de mourir (v.21, 25), prolonger indéfiniment la vie naturelle.

Il est venu, par sa mort et sa résurrection, nous faire accéder à un type de vie nouvelle, éternelle. Nouvelle parce que  libérée du contentieux du péché et recentrée sur lui, le Créateur de toute vie. Nouvelle, parce que c’est dès à présent une vie de résurrection qui n’aura pas de fin, même si elle s’interrompt sur cette terre.

Seul Dieu est capable de donner cette qualité de vie et c’est pour y attirer notre attention et notre espoir par ses miracles-signes, pour nous en ouvrir l’accès que Jésus est venu vivre parmi les hommes, assumant notre condition et ses drames, même le pire : la perte d’un être cher.

Il n’est pas un simple réparateur de gaffes et de catastrophes, encore qu’il le fasse souvent. Mais il veut nous faire vivre sur un autre niveau malgré et à travers les catastrophes, jusqu’au jour où c’en sera fini des souffrances , auprès de lui.

Et son action doit être un signe de ce qu’il est, de sa suffisance, de sa puissance aimante, de sa victoire finale pour introduire dans sa présence éternelle. Un signe donnant un clair espoir et même la certitude que le mal, et donc la mort seront un jour éliminés dans un univers et une humanité recentrés sur le Créateur

Miracle et foi

Un miracle n’a vraiment pas sa raison d’être en soi. Il n’est pas fait pour épater, ni pour convaincre, ni même seulement pour glorifier Jésus. Lui, il fuit la publicité, interdit qu’on parle de ce qu’il a fait et quand on lui désobéit, il reste hors des localités, dans la solitude, alors que tous ne parlent que de lui et le cherchent.

La raison d’être du miracle est d’attirer l’attention sur ses déclarations concernant le royaume de Dieu, de démontrer l’origine divine de ce message et de le faire accueillir comme tel.

A plusieurs reprises les évangélistes disent que beaucoup de gens ont cru en voyant les libérations opérées par Jésus. Mais Jésus ne se fiait pas à ce genre de foi.

C’est une foi fondée sur le spectacle de la puissance, sur le sensationnel, l’exceptionnel et donc aussi un peu sur la peur de voir disparaître tout cela. Elle n’est pas fondée sur un amour véritable pour Jésus, tout au plus de l’admiration. Mais elle a surtout besoin de sa ration régulière de miracles, elle ne vit surtout de miracles. S’ils cessent pour une raison quelconque, la foi s’évanouit avec eux. Et l’Église où on ne trouve pas ce quotidien merveilleux est déclarée morte et on la quitte pour une autre, réputée plus vivante.

Il y a aussi des gens que le miracle endurcit. Et ceux-ci sont les derniers qu’on soupçonnerait d’incrédulité : les autorités religieuses. Et la raison n’est pas qu’eux n’ont rien vu des actes de Jésus, au contraire, c’est justement à cause d’eux : v.47b-48.

A la différence de beaucoup de gens, eux ne se demandent pas si Jésus ne serait pas le Messie : ils savent qu’il l’est et leur préoccupation est bien ailleurs : Si nous le laissons faire, tout le monde va croire en lui, le suivre lui et donc se détourner de nous ! Et alors adieu notre pouvoir, nos postes de dirigeants, notre raison d’être ! Voilà ce qui les panique, mais ils ne peuvent pas avouer les choses aussi crûment, alors ils avancent un beau prétexte politique typique. Mais c’est ce jour-là, v. 53 ! Et ils prennent toutes les mesures pratiques pour assassiner leur Messie, v. 57.

Mêlée à la foi, la politique pourrit toujours la foi et la foi n’est plus qu’un pauvre mensonge quand on la prend en renfort pour faire passer des intérêts politiques ou bassement intéressés. Les Romains ont bon dos : en fait ils évitent par principe de se mêler des questions religieuses en Israël.

Ce que Jésus veut signifier ce jour-là, ce n’est pas seulement qu’il est le Maître de la vie : il l’a déjà démontré deux autres fois. Ce qu’il offre, ce n’est pas une simple prolongation ou reprise de l’existence actuelle, mais une vie d’une toute autre qualité, marquée par la libération de toute culpabilité et une paix définitive dans la communion avec Dieu .

Et surtout cette vie nouvelle commence aujourd’hui même, au moment où je place ma confiance en Jésus qui est la résurrection et la vie. Dès ce moment-là ma vie est éternelle, même s’il reste devant moi un passage difficile et mystérieux à franchir. Mais ce n’est qu’un passage vers la pleine expérience de ce dont Jésus m’a déjà donné des arrhes : 2 Corinthiens  5.17-18.

J.J. Streng