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Bonhoeffer en prison à Tegel

Vie en commun limitée mais efficace

Quelques privilèges mais peu d’illusions

Bonhoeffer en prison à TegelQuand on se rendit compte, après quelques jours, des relations de famille de Bonhoeffer, sa situation en prison à Tegel s’améliora : une cellule plus spacieuse, des rations plus abondantes qu’il refuse par solidarité avec les autres détenus, une promenade quotidienne avec le capitaine de la prison.
Il fait remarquer l’obséquiosité de ceux qui l’insultaient peu avant : Je n’en fus pas moins honteux pour les autres, ce fut pénible (p. 56).
Avec un certain humour d’ailleurs, il évoque la visite de son oncle Paul (1).

Il peut recevoir des visites, des colis, des livres, écrire du courrier, parfois non censuré (4e dimanche de l’Avent, p. 85). Il passe du temps à l’infirmerie non seulement pour des soins qu’on lui accorde (le 31 octobre 1943, p. 46 et le 20 novembre 1943, p. 68). Mais, après le bombardement de la fin novembre 1943 sur Borsig le 27 novembre 1943, (p. 71), il y apporte son aide.

Situation désastreuse des prisonniers

Il est autorisé à faire un rapport sur la situation désastreuse où ont été laissés les prisonniers:

Une fusée a éclaté à vingt-cinq mètres d’ici; les vitres ont sauté ; l’infirmerie a été privée de lumière; à part nous, qui y étions, personne ne s’occupait des détenus qui appelaient au secours ; mais nous étions peu efficaces dans l’obscurité.
Dans ce récit, je montre la nécessité de prendre des mesures sanitaires lors des alertes. J’espère obtenir quelque chose, car je serais heureux d’être utile d’une manière quelconque en m’adressant au service compétent( Résistance et Soumission, 28 novembre 1943 p. 73).

Discussions sympathiques

Il est amené à avoir des entretiens, des discussions sympathiques (Résistance et Soumission, 28 novembre 1943, p. 72 et 73)

Les détenus qui travaillent à la cuisine ou dehors l’après-midi se transmettent la nouvelle que je suis à l’infirmerie et ils cherchent alors quelque prétexte pour monter, parce qu’ils trouvent agréable de s’entretenir avec moi. Cela n’est naturellement pas autorisé, mais j’ai eu du plaisir à l’apprendre

Il est même traité parfois avec considération :
Le sous-officier, qui m’a ramené dans ma cellule; m’a dit en me faisant ses adieux, avec un sourire gêné…: Priez donc, monsieur le pasteur, pour que nous n’ayons pas d’alerte aujourd’hui(Résistance et Soumission, 2° dimanche de l’Avent, p. 75).

Et il sait se faire respecter, même par ceux qui n’en auraient pas eu envie(Résistance et Soumission 22 novembre 1943, p. 70).

Bonheur d’une conversation avec son ami et futur biographe Eberhardt Bethge

Quelques moments forts – un entretien seul à seul avec Eberhardt Bethge, au-delà du temps réglementaire – lui procurent  un grand bonheur.

Ta visite continue de me soutenir sans cesse. Que n’avons-nous pas évoqué et appris l’un de l’autre, pendant ces quatre-vingt-dix minutes. Je te remercie encore d’avoir réussi à obtenir cette autorisation (Résistance et Soumission, Jour de Noël 1943, p. 83).

Combat pour sa vie et la vie des autres

Il mène un combat toujours renouvelé pour préserver sa vie et ne pas compromettre celle des autres, en particulier celle de son beau frère Hans Dohnanyi, arrêté aussi le 5 avril 1943 et gravement malade (Résistance et Soumission 27 juillet 1944, p. 173)

Roeder(12) aurait bien voulu ma tête, au début, maintenant, il doit se contenter d’une accusation parfaitement ridicule, qui lui vaudra peu de gloire (Résistance et Soumission, 29 novembre 1943, p. 74).
Ces jours derniers, j’ai été de nouveau en ville (pour les interrogatoires) une ou deux fois résultat très satisfaisant! Mais comme la question du délai reste sans réponse, je cesse au fond de m’intéresser à mon affaire (Résistance et Soumission, 6 mai 1944, p.126).

Entre résistance et soumission

D’où la prise de position suivante…dont l’issue ne laisse pas de doute : Bonhoeffer ne penchera jamais du côté des lâches.

Je me préoccupe souvent de savoir où est la limite entre la résistance nécessaire contre « le destin » et la soumission. Don Quichotte est le symbole de l’obstination dans la résistance jusqu’à l’absurde, même jusqu’à la folie. Sancho Pança est le représentant de ceux qui s’accommodent adroitement et béatement d’une situation donnée. La foi exige cette attitude souple et vivante. Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons supporter et rendre féconde chaque situation qui se présente à nous (Résistance et Soumission, 21 février 1944, p. 101 et 102)

Dans le camp des ennemis

Son cadre de vie illustre ainsi celui qu’il décrit dans De la vie communautaire: Pas la solitude d’un cloître, mais le camp même des ennemis (De la Vie communautaire, p. 122)·
On ne lui accorde ni aumônier (Résistance et Soumission,18 novembre 1943, p. 61), ni culte dans une communauté chrétienne visible; mais il vit ainsi cette situation :

la fraternité chrétienne n’est pas un idéal humain mais une réalité donnée par Dieu ; elle est d’ordre spirituel et non pas psychique … C’est une réalité créée par Dieu à laquelle il nous est permis d’avoir part (De la vie communautaire, p. 21 et 26).

Résistance allemande au nazisme

A suivre

Notes 
(1) Résistance et Soumission, p. 155 : le général von Hase, commandant de la place de Berlin dont dépendait la prison de Tegel. Condamné à mort et exécuté pour sa participation à la conjuration contre Hitler
(12) Conseiller du tribunal militaire, chef de l’instruction du procès

C.Streng

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